[TERMINÉ] Discovering the object of the game is the object of the game. | Grace.

Je suis curieux d’entendre sa réponse. Pour ma part elle est très claire. Je ne suis pas une personne Belle. Mon âme a des choses à se reprocher. Tout être humain n’en a pas ? Nous faisons tous des erreurs. Après, il suffit de vouloir les rattraper ou non. Est-ce que l’on tend notre joue après avoir reçu une baffe ? Personnellement, non. Je ne suis pas un saint. Je l’avoue. J’admire ceux qui vouent un culte à n’importe quel dieu. Ceux qui purifient leurs âmes d’une manière ou d’une autre. Mais cela marche-t-il réellement ? N’est-ce pas que mental ? On se donne l’impression d’être bon. Mais ce n’est que pour calmer notre conscience. Alors quand Grace me répond qu’elle n’est pas la mieux placée pour répondre, j’hésite. Pour ma part, ceux qui m’entourent ont une vision faussée de mon être. Je suis le seul à me connaître. Personne ne me connaîtra mieux que moi. Car je suis le seul à me supporter toute la journée. Je me vois de l’intérieur, j’entends mes pensées. Je ne suis pas schizophrène pour autant ! Je ne sais pas si vous me suivez. Ça me rappel un sujet de philo tout ça. Se connait-on mieux soi-même qu’autrui ? Pour la jeune fille à parement, quelqu’un pouvait la connaître mieux. Pour moi l’inverse. Évidemment, il faut le juste milieu. L’un ne va pas sans l’autre. Mais arrêtons de rêvasser ! Nous ne sommes pas dans un cours. J’ai d’ailleurs l’habitude de colorier mes feuilles aux heures de philosophie. J’adore, c’est très intéressant. Mais… Il y a certaines limites. Et puis ma place dans le fond de la classe n’arrange rien. Je tiens à préciser que malgré ma discrétion et mon habitude à flâner en cours, j’ai une très bonne moyenne. J’étonne souvent les professeurs qui ne savent pas que je suis dans leur classe. Enfin… Bref !
Mademoiselle reprend la parole. Elle ajoute que l’âme n’est pas noire ou blanche. J’approuve. Rappelons que cette question n’est présente que pour la faire réfléchir. Je veux voir sa façon de raisonner. Est-elle du genre directe ou revient-elle sur ses décisions après y avoir réfléchit un peu plus. Pense-t-elle comme moi ? Arrive-t-elle à déduire certaines choses ? S’est-elle déjà plongée sur les âmes et ce qu’elles peuvent représenter ? Oui, oui tout ça ! Je réfléchis beaucoup ! Beaucoup trop ! J’ai un peu l’impression d’être aux échecs. Il faut prévoir nos propres coups et ceux de l’adversaire. Et ceux cinq coups à l’avance, minimum ! Je connaissais un champion qui arrivait à faire beaucoup plus. C’était comme s’il s’avait le déroulement de la partie dès le début. Sans était impressionnant. Je ne suis pas un joueur à cette hauteur. Je ne m’en donne pas la prétention en tout cas.
« Il a qui on paraît être… et qui on est vraiment… Puis ce que la vie et les autres font de nous…» Jusque-là je suis d’accord. Elle continue en ajoutant que dans ce cas, alors elle n’est pas Mademoiselle Parfaite. Ce n’est pas exactement ce à quoi je m’attendais. Mais quoi ? Je voulais une dissertation rédigée ? « Je suis plutôt d’accord avec ce que tu as dit. L’Homme n’est pas une machine fiable dans tous les cas. Tout dépend de ce qu’il fait, de la façon dont il est exploité… Enfin, je vais pas m’étendre sur ce genre de sujet. Je vais t’endormir ! Et puis, ce n’est pas à moi de parler. Pas vrai ? » Je lui offre un petit sourire en coin. J’aurais bien bu un peu. Histoire d’hydrater mon cerveau. Mais attendons un peu. Et puis ce n’est pas un verre de vodka qui m’aidera à retrouver des pensées normales !

Elle ne jure pas. J’aurais aimé qu’elle le fasse. Je ne l’aurais pas fait évidemment. Mais comme ça, j’aurais eu une avance. Même si une parole peut-être faussée parfois. Donc. Elle veut quand même mentir. C’est Mal. Mais bon, elle a fait son choix. Elle m’ouvre une nouvelle porte. Pas la meilleure. Cette fille est vraiment étrange. Elle doit avoir une personnalité complexe. Entre son envie d’avoir l’attention rivée sur elle, sa confiance, son envie de défier ce qui l’entoure. J’ai l’impression d’être un nouveau jouet qu’elle vient de déballer. Le cadeau de père noël ! Elle m’a déballé avec précaution. Elle avait fait attention à chacun de ses gestes, de peur de me froisser et de perdre une occupation. Et maintenant elle apprend ma notice. Elle me scanne pour savoir comme m’utiliser. Jude objet. Je n’accepte pas vraiment cette fonction. Mais je peux faire semblant.
Mademoiselle commence doucement. Elle montre Marissa et Joshua. Elle veut savoir qui ils sont. Ils ne sont pas venus me voir depuis un petit bout de temps. Ils s’amusent et ça me fait rire. C’est sans doute la dernière soirée de mon frère en ville. Et il a raison de profiter à fond de sa jumelle. Heureusement pour moi, la ressemblance n’est pas frappante. Enfin… Il faut savoir qu’ils sont jumeaux. Quand on apprend à les connaître c’est très distinctif. Mais là, l’inconnue ne peut rien voir. Elle ne peut pas constater qu’ils finissent les phrases de l’autre, que lorsque l’un fait quelque chose c’est pour l’autre. Ils ont aussi cette manie de préparer le sandwich de l’autre. Ils arrivent parfaitement à savoir ce qu’il désire et ce qui lui ferait plaisir. Ils aiment les mêmes choses et adorent chanter ensemble comme des petites stars. Mais tout ça, il n’y a que moi qui le vois. En privée, à la maison. Je les connais par cœur les jumeaux !
Je regarde un instant mon verre puis fixe mes yeux sur la jeune femme. Elle m’a observé depuis un bout de temps. Assez pour m’avoir vu parler avec eux. Elle m’a repéré. Je suis un peu étonné. Surpris. Flatté peut-être…
« Lui, c’est Joshua. Mon frère. Et celle qui l’accompagne c’est Marissa. Une fille que je garderai bien enfermée dans ma chambre.»
Rien que la vérité. Je ne veux jamais que ma sœur sorte trop. J’ai peur de ce qui peut lui arriver. Mais en ne disant que cela, je peux laisser un doute sur ma relation avec Marissa. C’est le but. Les mots sont traitres. Il faut toujours s’en méfier.
« A mon tour…»
Elle a voulu y aller doucement. Dois-je faire pareil ? Mmh… Je ne sais pas. Et puis chaque question peut être facile en soit. Et au contraire, sous chaque demande, il peut y avoir un piège. Voir une impasse. Je réserve les défis pour plus tard. Oh. J’ai d’ailleurs une nouvelle idée pour ce que je pourrais lui demander de faire. Mais pas tout de suite.
« Te considères-tu comme quelqu’un de Beau ? Je n’entends pas par là le sens plastique. Non, la beauté de l’âme.»
Question pourrie ? Oui. Un peu. J’ai juste besoin de temps. Me faire paraître inoffensif et sans idées tordues. J’ai des tas de questions en vrai. A-t-elle l’intention de danser comme ça dans le but de se faire un des gars ? A-t-elle eu un manque d’affection dans son enfance ? Pense-t-elle que l’argent faisait le bonheur ?
Mais sa réponse me parait intéressante à prendre en compte. Si elle pense être un monstre ou un ange. Si elle ose dire tout fort qu’elle est irréprochable. Alors j’aurais des doutes sur sa personnalité. Et en réalité, je lui trouverai un problème. Car chaque être humain à quelque chose à se reprocher. Nous ne sommes pas une race parfaite. Bien au contraire.

Elle accepte le bouteille, je ne m’attendais pas au contraire. Elle veut que je la suive avec ma Vodka. Pas de problème. Ce sont deux catégories totalement différentes. Mais ce ne sera pas ma première fois. Je suis un résistant, moi. Je n’ai rien bu d’autre avant et nous avons mangé copieusement dans un fast food avant de venir. Mon estomac est prêt à tout affronter. Bon. Je vais lui chercher sa bouteille. Un petit billet vert et hop ! Le serveur vint nous l’apporter. Deux coupes. Je ne lui dis pas que ça ne sert à rien. On ne sait jamais ce qui peut arriver ! Elle m’avait lancé un regard après sa première phrase. Les yeux ne trompent pas. Son sourire si. Elle veut en quelque sorte me charmer. Mais avant toute chose, elle désire me lancer des défis. Nous sommes en plein jeu. Même quand elle m’observe, une fois qu’elle s’est assise à côté de moi. Je fais mine de ne pas remarquer. J’aimerai bien savoir ce qu’elle pense. Si elle doute, si elle a peur, si elle est excitée à l’idée de commencer avec moi… Je le suis. Terriblement. Mais je dissimule bien profondément cette envie.

Elle me propose un jeu. La voilà qui attire mon attention. Je pose mon regard sur le sien et l’écoute attentivement.
« ...Je te pose des questions, ou te propose des défis, et à chaque fois que tu te défileras, tu devras boire un verre. »
Célèbre. Tu bois ou tu ne bois pas. Elle ne sait pas sur qui elle est tombée ! Je pourrais faire n’importe quoi ! Mais je peux également boire facilement. J’élabore à l’avance ma stratégie. Mensonges. Non, disons plutôt détournement de vérité. Je vais jouer sur les mots. Et chaque fois qu’il y aura quelque chose de trop personnel, je boirai. Oui. Ça me semble correct.
« J’accepte évidemment ! Tu ne sais pas sur qui tu es tombée…»
J’en profite pour remplir convenablement mon verre. Un cul sec à chaque fois. Ça va vraiment monter vite pour moi. Ce jeu n’est pas très juste. J’espère simplement qu’elle a bien bu avant ça. Sinon je pars avec un sérieux désavantage.
«Jures-tu de dire toute la vérité, rien que la vérité ? Si c’est le cas, je déclare la séance ouverte. »
Je tape légèrement mon verre sur la petite table. Histoire de faire comme dans un procès. Ça fait tout de suite plus sérieux, vous ne trouvez pas. Je lui fais signe de commencer. Gentleman jusqu’au bout des ongles ! Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire, je vous jure !

La brune vient à moi. Ahah. Ça a marché. Mais je sens qu’elle ne va pas agir comme je l’ai prévu. Non. Je suis certain qu’elle est imprévisible. Elle va agir de la manière à laquelle je m’y attends le moins. Donc, je ne sais pas ce qu’elle va faire, comment elle va agir. Elle marchait comme un félin. Je suis sûr que vous aussi vous avez déjà regardé ce genre de reportage. Vous savez, lorsque l’on a un plan sur un léopard, un guépard ou même une lionne. On les voit là, immobile. Puis un plan sur la gazelle qui broute tranquillement des hautes herbes. Ses oreilles bougent tout de même pour percevoir le moindre bruit suspect. Sauf que le félin se faufile avec la plus grande douceur. Un pas après l’autre. Souplesse. Il est prêt à sauter sur sa proie. On voit ses pattes arrière se replier… Et hop ! Comme un ressort. Sauf que là c’est différent. Nous sommes tous les deux des chasseurs aux dents aiguisés. Mais tous les deux nous nous sommes déguisés en proie. Notre instinct nous dit de sauter et manger l’autre d’une seule bouchée. Alors que nos apparences nous poussent à montrer et faire le contraire. J’en suis sûr. Elle est aussi mal intentionnée que moi. Ou alors, elle est simplement bizarre. Mais je ne peux pas arrêter de penser à sa façon de bouger sur la piste de danse. Une gazelle qui crie au monde entier qu’elle est là. Pour qu’on l’attaque. Elle le veut, elle le désire, elle le cherche. Alors qu’une vraie gazelle sans défense se mettrait à l’abri. Elle resterait discrète et ne ferait pas de bruit. Comme moi. Sauf que j’ai des armes. Nous ne sommes pas de la même espèce. J’en suis persuadé. Mais tous les deux, nous voulons quelque chose que l’on ne montre pas clairement. Des joueurs de poker. Je fais un tapis. Alors ma Belle, qu’en dis-tu ?
Elle s’est approchée. Elle se penche vers moi. La demoiselle joue avec ses attributs. Je suis bien une femme ! Voilà ce qu’elle me dit. Et si jamais les hommes, ma belle ? Tu serais déçue… Bon. Ce n’est pas le cas. Mais je ne regarde pas tant que ça son décolleté. Je n’ai pas besoin de voir la marchandise. Moi j’achète sur internet sans savoir à quoi ressemble le produit. Un grand fou. On y croit ?
Je préfère fixer ses yeux. Elle en fait de même. Elle m’a pris mon verre. Ah… Je sais déjà ce qu’elle va faire. Elle le termine d’une traite. Bien joué ma Belle ! Ton gosier vient certainement d’en prendre un sacré coup ! Moi j’y vais toujours en douceur. Histoire de me souvenir de mon voyage en Russie. Et là… Elle vient de finir un verre de vodka pure, comme ça. Au moins, elle a du cran. C’est pas mal. Impressionné ? Il me faut plus que ça. Elle n’a relevé qu’un défi qu’elle s’est lancé elle-même. Elle voulait simplement le défier. Mademoiselle n’avait pas du apprécier le fait que je le laisse sur le carreau. Tant mieux. J’aime bien embêté les inconnus. Je reste poli, mais vous avez compris ? Je m’apprête à lui dire quelque chose. Briser la glace. Lancer un discours de faux semblant. Et c’est parti
«Que dirais-tu d’une coupe de champagne ? Ou plutôt une bouteille. Je suis sûr que tu la préfèreras à ma vodka.» Quoi ? Moi, en train d’insinuer qu’elle n’est pas à la hauteur pour boire ça toute la soirée ? Non. Juste pour lui dire que ce n’est pas pour les fifilles comme elle. Et puis, le champagne ça fait plus festif. Bien que prétentieux… Il fallait que je me lève, que je glisse à Joshua de ne pas venir et de ne pas divulguer mon prénom. Et je compte sur lui pour qu’il passe le message à Marissa. Ma sœur ne comprendra peut-être pas. Mais tant pis. Je lui expliquerai plus tard, ce qui se passe entre moi et cette inconnue. Il se passe quoi d’ailleurs ? Un jeu ? Ouais… Sûrement. Du poker. On attend de voir ce que l’autre va faire. On mise sur nos capacités. On bluffe. On trompe. On ment. On joue. On essaye de chercher les faiblesses de l’autre. Qui gagnera la partie ?

Elle se contenta d’un merci. C’est tout. Rien à ajouter. Rien à dire. Bouarf. Ce n’est pas très drôle tout ça. Elle était fière, heureuse de mon compliment. C’était un compliment au moins ? Je n’aime pas ceux qui font tout pour qu’on les regarde. Ils ont généralement plus de choses à cacher que les autres. Ça prouve un problème. Un truc qui cloche. Mais elle, elle est différente. Il n’y a pas de doute, elle joue également. Ou bien je me fais des idées. C’est son regard. Il a capté mon attention quand je tournais les pieds pour retourner à ma place. Alors qu’elle n’avait dit que son petit merci. Il y a un truc qui se cache derrière tout ça. Ouais, j’en suis persuadé maintenant, elle joue. Elle fait exprès de ne pas reprendre la parole. Elle veut que je rajoute quelque chose. Elle veut que je continue et ça lui prouverait que je tiens à un dialogue. Est-ce que je le souhaite réellement ? Cette conversation pourrait très bien s’arrêter là. Je retourne à ma place. Elle retourne à la sienne. J’observe ma sœur et mon frère qui profite d’un instant entre eux. Je leur dis que je vais partir. Ils tenteront de me retenir. Je ferais un câlin à Marissa, histoire que l’inconnue le remarque. Et ainsi qu’elle se pose des questions. Je suis sûr que je deviendrais plus mystérieux à ses yeux si j’ai une fille dans ma vie. La brune doit être ce genre de femme. Elle doit sans doute tout prendre au défi. Une copine ? Pas de problème. On la lui fait oublier. On montre toutes nos capacités à surpasser cette vulgaire pouffe. Attention, je ne parle plus de ma sœur dans le rôle de ma petite-amie, là. Ma sœur c’est autre chose. Bref. Revenons à ce que je disais. J’imagine bien l’inconnue séduire un homme, le montrer à sa femme, attendre la dispute puis tout laisser comme ça. Elle détruit une relation, satisfait son égo et devient l’ennemie de son sexe. Alors que le sexe opposé la voudra.
Bon. Elle désire un mot, un acte de ma part. Elle n’aura rien. Je lui adresse un minuscule, infime sourire. Du genre poli mais forcé. Je me retourne. Je fais un pas, deux pas. Là, je pivote légèrement. Techniquement, Mademoiselle n’a pas eu le temps de partir. Je lui donne un splendide clin d’œil et m’assoit. Je prends mon verre, le remplit rapidement et boit une longue gorgée. Puah. J’ai bien fait de prendre une bouteille. Mon jeu en aurait été gâché. Je ne la lâche pas du regard. A part à quelques instants. Ça reste une invitation à me rejoindre. Une discrète invitation. Comme un code secret murmurait à son oreille. Comme si je m’immisçais dans son esprit et lui susurrait de me rejoindre. J’attends de voir si ça fonction. Et sinon, tant pis. Je n’ai pas de temps à perdre avec une inconnue. J’ai une vie bien plus intéressante qui m’attend ! Quoi que…

La demoiselle n’apprécie pas vraiment mon attention. Elle me répond que c’est une grande fille, qu’il ne faut pas s’inquiéter. Oui, elles disent toutes ça ! Si c’était vrai ! Pauvres petites. Au fond elles savent qu’elles prennent des risques mais elles aiment ça. Ça leur donne cette sensation de liberté, de force, de puissance. On a beau dire. Et je ne suis pas machiste. Une femme qui tombe sur un mec a beaucoup moins de chances de s’en sortir si elle est seule. Et sans spray au poivre… Je vois bien l’inconnue avec ce genre d’arme. Un truc pour faire fuir et se faire comprendre d’un seul coup. Après m’avoir offert un sourire de séductrice. Celui auquel on est persuadé de mal interprété les intentions qu’il cache. Elle avait dit cette deuxième phrase d’un ton beaucoup plus posé. Très calme, voir serein. Mademoiselle est une grande fille. Elle ne se laisse pas faire, elle garde son indépendance. Elle aime séduire et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Une femme de caractère, donc. Je note, je note. Il me reste de choix. Soit la provoquer un peu plus sur ce sujet ou bien… Ou bien je fais mon gentil toutou, j’acquiesce et la laisse gagner ce point. Autre solution ? Lui dire que j’aime les grandes filles. Quoi que. On va croire que je suis un homme aux goûts étranges qui le poussent vers les Couguars. L’expérience… Ce n’est pas mon genre. Bon, après tout dépend de la situation. Mais ne nous attardons pas là-dessus. Ce n’est pas l’objet de la question. Non. J’ai en face de moi, un nouveau jeu qui ne réclame qu’à être manipuler, tourner dans tous les sens, utilisés, compris et puis… Jeté. Ou je peux vite me lasser. Je remarque Marissa et Joshua à quelques mètres. Mon frère m’a vu et me sourit. Il fait un petit geste en direction de l’inconnue. Il aimerait bien savoir qui s’est. Mmh… Moi aussi ! Même si j’adore le mystère. Ça n’a d’ailleurs jamais fait de mal de se cacher derrière un masque de temps en temps. Je sais déjà qui je serais. Je sais ce que je dirais. C’est pourquoi je lui réponds : «J’étais certain que tu étais ce genre de filles. En tout cas une chose est sûre, on ne peut pas passer à côté de toi. » Je lui offre un léger sourire. Je me suis redressé. Je n’ai pas non plus envie de lui faire croire que je tente trop un rapprochement. Je m’apprête à retourner à ma place. Histoire de retrouver ma bouteille de vodka. J’adorerai qu’elle me suive. Mais il faut que j’entre dans son cerveau pour ça. Que je lui suggère l’idée.

Et le serpent m’attaque à la gorge. Violemment. Du moins c’est ce que j’imagine vu que je n’entends pas la moitié des mots qui me sont lancés. Des pics avec une sorte de méchanceté dans l’intonation. Je sens qu’il va falloir que je fasse profile bat. Mes yeux partent des pieds de la dite jeune femme pour remonter son corps et finir sur son visage. Mon regard n’avait pas détaillé les courbes ou quoi que ce soit. Ce n’était pas un de ces coups d’œil typiquement masculin pour savoir quelle marchandise nous fait face. Je déteste ça de toute façon. Et puis, j’ai un bien plus beau visage à observer. La belle brune de tout à l’heure. Mademoiselle la danseuse. Celle qui attire la lumière et la fait diverger en un feu d’artifice. Celle qui a attisé ma curiosité. J’ai envie de sourire mais je me retiens. Je ne veux pas montrer le moindre sentiment à son égard. Peut-être que j’aurais son intention. Elle est trop parfaite, je suis sûre qu’elle est habituée à des bégaiements et des remarques de machos. Je ne lui en offrirais pas. Je veux marquer ma différence. Je veux jouer. C’est mon jeu. Elle est mon objectif, ma pièce maitresse. Par quoi commencer ? Il faut une bonne entrée en matière. Un truc qui marque, qui ne la laisse pas indifférente. Il ne faut pas non plus que ça la fasse fuir. Lui plaire, la mettre dans ma poche. Le choix des mots est crucial… Je ne m’étais pas préparé à ça. «Il faut croire que nos chemins étaient fait pour se rencontrer. Je suis désolé d’avoir précipité les choses avec mes pieds.» Et hop, on offre un beau petit sourire en coin. Léger. Très léger. Un petit truc discret mais présent quand même. On ne peut pas passer à côté de lui. Il n’est pas forcément charmeur. Enfin, si, un peu quand même. Mais ce n’est pas grave. Si ça fonctionne c’est parfait ! «Tu ne devrais pas rester seule comme ça ! Des mecs lourds, un peu comme moi, pourraient venir te soûler !» Je me suis rapproché pour qu’elle entende mes mots. Je n’ai définitivement pas envie de perdre ma voix ce soir. Et puis, mon ton grave me permet de me faire entendre sans trop pousser. Du moment que la distance est raisonnable… Bon. Maintenant, les dès sont lancés. Le reste de la soirée peut en être changé.

Play the Game.
Grace & Jude

Petite soirée, tranquille, posée. J’aime sortir, faire la fête. J’aime surtout essayer de trouver des proies. Un chasseur, voilà ce que je suis. J’observe, j’analyse et je saute. Je tues d’une traite, sans que la victime n’ait le temps de réagir. Je suis un tueur. Le mal. Pas tout le temps. Parfois je peux être un véritable petit ange. Gentil, calme, honnête. Mais pas toujours. J’aime entretenir ma part d’obscurité. Un truc bien à moi que trois personnes reconnaissent. Même mon frère et ma sœur, ne me connaissent pas ainsi. Ils ne le sauront sans doute jamais. Je préfère les laisser entre jumeaux. Oui, aujourd’hui, je suis sorti en boite avec eux. Ils avaient besoin d’un chauffeur et surtout d’un alibi. Faire la fête toute la nuit passe beaucoup moins bien que d’aller au cinéma avec le grand frère. Ils m’ont fait rire quand ils m’ont demandé ce service. Je n’ai pas refusé. Non. D’abord parce que je ne passe jamais à côté l’occasion de sortir de l’interna. Et aussi parce que je les aime. Il faut qu’ils s’amusent un peu. Et puis, je veux garder un œil sur ma petite sœur. Pas envie qu’un gros lourd vienne la coller de trop près. Quoi que, Joshua s’occupera certainement d’elle avant moi. On l’aime notre sœur. C’est dingue. On a passé notre jeunesse à lui faire les pires coups. On torturait ses poupées, on lui tirait les cheveux, on l’insultait, on se cachait dans des endroits impossibles, on passait pour des fous au près des ses copines, on mangeait ses desserts avant qu’elle n’ait le temps de les goûter. Mais tout ça, ça n’a que renforcé notre amour pour elle. J’ai beau détester mes parents, les deux gamins sur qui je vais veiller ce soir, je les garde profondément incruster dans mon cœur. Mais ça, il ne faut pas le dire. Je n’ai pas envie que quelqu’un puisse découvrir ce point faible. Je n’ai pas de failles. Jamais. Jamais quelqu’un ne doit découvrir que j’en cache. Et même si tout être humain normalement constitué a des points faibles. Physiquement, mentalement… Mais je m’efforce à montrer une tout autre image. Et généralement, je m’invente une histoire pour faire croire que je crains autre chose. Autre chose que de perdre ces deux gamins, là. Je tiens à préciser que malgré le fait que nous n’avons que deux années d’écart, les jumeaux resteront des gamins à mes yeux. Bref.

On est entrés en boîte. J’avais une fausse carte d’identité et j’avais réussi à faire en sorte qu’on ne demande pas celle de mon frère et de ma sœur. C’est un endroit très branché. Très classe. Je sais comment les impressionner. Je porte un jean sombre et une chemise noire. Je me fonds facilement dans la masse. Mon but n’est pas non plus de sortir du lot. Je préfère jouer dans l’ombre. C’est bien plus intéressant. Joshua se commande un verre, Marissa danse déjà sur place. Je souris. Elle me chuchote, ou plutôt cris de façon discrète, de lui commander quelque chose. Elle n’y connait rien. La pauvre. Je lui prends un cosmopolitain et commande une bouteille de vodka. Oui, ça c’est pour moi. Hop ! Je vais m’asseoir dans un coin. Marissa veut absolument que je danse. Au secours ! Je refuse. Joshua a trouvé le bon plan, il reste assis et discute avec un ami qu’il connait déjà. Quelle coïncidence ! Du coup, je n’ai plus d’excuse. Ma princesse m’emmène sur la piste de danse. Je bouge un peu. Je croise le regard de certaine personne. Dont cette fille. Une brune. J’aime les brunes. Elle me regarde aussi. Je ne la lâche pas pendant un instant. Marissa me parle. Merde ! Qu’est-ce qu’elle vient de dire ? Je lui souris, m’excuse et retourne m’asseoir. Je bois une longue gorgée de vodka. Je dis à mon frère d’aller s’amuser. Il est déjà parti. Je suis seul. Je regarde rapidement ce qui se passe autour de moi. Il y a toujours cette fille. J’aperçois ses formes d’ici. Pas mal, vraiment.

Bon. Je fais quoi ? J’y vais ? Une nouvelle gorgée. Je n’aime pas m’incruster. Commencer une discussion, aller vers les gens. Non. Ce n’est pas mon truc. Même pour les beaux yeux de cette brunette. J’ai perdu son regard. Je ne sais plus où elle est. Tant mieux, elle ne me tentera. Je ne risquerai pas de la rejoindre. J’ai une soudaine envie de jouer tout de même. Nouvelle gorgée d’alcool, je finis mon verre. Bon. Je me lève. Il faut que je trouve mon jouet. Je fais un pas. Non. C’est nul. Je vais attendre. Je me retourne, m’apprête à revenir à ma place, quand je marche sur le pied de quelqu’un. Shit !