[TERMINÉ] Discovering the object of the game is the object of the game. | Grace.

Rien. Personne. Mon lit est entièrement vide. Ses vêtements ne sont plus par terre. Il y a bien la serviette… Mais rien de plus. Le dessin de son corps est toujours présent dans les draps. Je tourne la tête. J’observe les moindres recoins de la chambre. Rien. Personne. « Fait chi…» Je retourne dans le couloir et vais dans les douches des filles. « Grace ? » Là, je me reçois des tas d’insultes. Je suis un pervers. C’est bon je suis fiché dans mon bâtiment. Elle n’a pas répondu. Je n’ai pas entendu le son de sa voix. Elle n’est plus là. Je retourne à la chambre, je ne retrouve toujours pas sa trace. Je vais vers les toilettes. « Grace ? » Toujours rien. Je crois une fille. « Excuse-moi, tu n’aurais pas vu une fille ? Brune, plutôt fine. Elle a des yeux marron, quand elle parle une petite fossette se creuse dans sa joue. Tu… ?» J’ai comme toute réponse un signe négatif de la tête. Elle est partie. Elle n’est plus là. Je ferme la porte de ma chambre en soupirant. Je glisse le long du bois pour me retrouver assis par terre. Je pause mes cafés et muffins au sol. « P*tain de m*rde ! » Mon poing s’enfonce dans le sol. Ma mâchoire est crispée et je sens une certaine rage monter en moi. Pourquoi est-ce que j’ai oublié d’écrire un simple mot. Un tout petit mot. Rien de plus. Rien de moins. J’ai envie de crier ma rage. Ma tête vient frapper la porte derrière moi. J’ébouriffe mes cheveux dans tous les sens en secouant la tête. Je me relève et vais chercher mon portable. Il est dans la poche du jean que j’ai porté hier soir. Je le récupère. Pas de message. Elle n’a même pas mon numéro. Je n’en reviens pas. Comment est-ce que j’ai pu être aussi nul ? Je viens de tout faire foirer en essayant de lui faire plaisir. Je voulais juste que quand elle ouvre les yeux, elle soit encore… Je ne sais pas… Je voulais qu’elle ne regrette rien. Et qu’elle se dise que ce n’était pas une erreur. Je voulais qu’elle reste éblouie par ma personne. Qu’elle se dise que je ne suis pas comme tous ces mecs qui ne font ça que pour le sexe. Ce n’était pas que pour ça. « Bordel de m*rde !» Il n’y a que des insultes qui sortent de ma bouche. Que ça. Rien d’autre. J’ai trop la mort. Je shoot dans les muffins qui font tomber les gobelets de café. Du liquide noir se déverse sur le sol. J’avais fait exprès de prendre deux choix différents pour lui laisser celui qu’elle aime le plus. Je voulais juste lui faire plaisir. Pourquoi tout a foiré ? En quelques secondes… Si ça se trouve elle était encore là il y a cinq minutes… Juste cinq. Si j’avais couru. S’il n’y avait pas eu la queue au café… Tout ça n’aurait pas terminé comme ça. Tout aurait été parfait. Mais voilà, je foire tout. Je n’ai plus qu’à retrouver une certaine Grace, une jolie brune qui a un grain de beauté comme une larme et une fossette. Un sourire charmeur et une histoire de famille compliquée. Une Grace qui est à Wynwood et qui a un rire incroyable… Peut-être que si je me dépêche, je pourrais retourner sur le parking de la boîte de nuit et attendre qu’elle y revienne pour récupérer sa voiture. Peut-être qu’elle viendra. Et là, je pourrais tout lui expliquer. Et si elle ne voulait pas ? Peut-être que c’est plus simple ainsi… Je ne sais pas…
Mon portable sonne. « Allô ? » Je me suis empressé de répondre. Comme si ça pouvait être elle. « Joshua ? Oui… Aujourd’hui… Oui c’est vrai… Hier je vous ai laissé tomber… Oui évidemment on se voit aujourd’hui… A l’aéroport. Ok mais à quelle heure ?... Dans deux heures ?!!... Ok. Je serais là. » Il faut croire que je ne pourrais pas aller à la boîte de nuit pour l’attendre. C’est désormais impossible. Je dois accompagner mon frère à l’aéroport. Il part pour New-York. Aujourd’hui. Pas demain, ni ce soir. Mais dans deux heures…
Je soupire et me retrouve une nouvelle fois au sol. Tout est fini. Elle ne voudra plus jamais entendre parler de moi. Si jamais je retrouve sa trace !

Fin.

Je me suis enfoncé dans un sommeil réparateur et nécessaire. J’ai dormi. Il est difficile de savoir ce que j’ai ressenti, ce que j’ai vécu durant ces longues minutes. Mes paupières closes, mon souffle ralenti, mon corps se refroidissant… Je dors. Je ne rêve pas. Ou bien, je ne m’en rends pas compte. Mon seul souvenir est celui d’avoir fermé les yeux il y a quelques secondes. Dans mon esprit le temps est très peu espacé entre ce dernier instant et maintenant. Je suis là, le souffle court, réveillé. J’observe le plafond lisse et blanc. Je sens une main posée sur mon torse. C’est ainsi que j’arrive à progressivement me souvenir de tout. J’ai un sérieux mal de crâne. J’ai vraiment trop bu hier soir. Ma tête pivote sur le côté et je discerne le corps allongé de ma brunette. Grace. Elle a dû s’endormir. Voir même se rendormir. Je ne sais pas si elle a plongé dans le sommeil aussi rapidement que moi. Et je ne peux pas le savoir sans lui demander. Or, elle semble complètement endormie. Son visage est paisible. Je n’ose pas bouger par peur de la réveiller. Alors je la regarde un instant. Puis une idée me vient à l’esprit. Doucement, je me décolle d’elle et m’assois sur le matelas. Je prends un temps de pose pour vérifier que je ne l’ai pas sortie de son sommeil. Apparemment, non. Alors je me lève. Je passe rapidement à ma corbeille pour jeter un truc, j’attrape un boxer que j’enfile. Je frotte mes yeux un instant. Il fait jour dans la chambre et une odeur de renfermée parvient jusqu’à mes narines. Il est clair que nous n’avons pas seulement dormis. Ce n’est pas que je ne m’en souviens pas… C’est juste qu’il y a des signes qui ne trompent pas. Et si j’avais eu un colocataire, rien qu’en rentrant dans la chambre, il aurait su. J’enfile un jean et un t-shirt tâché. Je sors le plus discrètement possible, sans claquer la porte. Une fois dehors, je respire un grand coup et commence à courir. Ce que je pars faire ? Une petite surprise ! Je vais passer acheter de gobelet de café et des muffins. Un bon petit déjeuner au lit. Pourquoi pas une rose aussi… Mais pour ça il faudrait qu’il y ait un fleuriste sur mon chemin et ça… Ce n’est pas le cas. J’arrête ma course pour simplement marcher rapidement. Durant ce temps, je me demande pourquoi je fais tout ça pour elle. Qu’a-t-elle de plus pour mériter tant d’honneur ? Elle est spéciale. Grace. Je n’arrête pas de me répéter son prénom. Je ne cesse de ressasser les moments que l’on a vécu hier soir. Tout a été si merveilleux. A part une légère dispute… Mais tout ça s’est effacé. Elle me fait confiance. Nous nous sommes offert l’un à l’autre. Et j’ai vécu mon premier orgasme simultané. Quoi ? Soyons clairs et n’ayons pas peur des mots. De toute façon j’ai trop mal au crâne pour mâcher mes mots. Je continue d’avancer. Un fois sur place, je fais la queue. Évidemment ! C’est le seul matin où j’y vais et c’est le seul où il y a autant de monde ! Ah… Pourquoi ? Ce monde cruel s’acharne. Je sais qu’il ne faut pas que je m’absente trop longtemps. Elle pourrait se poser des questions et même douter. Heureusement qu’on est dans ma chambre, sinon elle penserait que je suis parti en douce. Elle comprendra ? J’espère qu’elle fera le rapprochement. Ou bien qu’elle n’ouvrira pas les yeux… Ce qui semble être la solution la plus favorable. Pourquoi je n’ai pas pensé à mettre en mot à côté du lit ? Je suis stupide ! Elle ne va pas comprendre… Comment pourrait-elle deviner ? Ce n’est pas écrit sur mon front que je suis du genre à acheter le déjeuner du lendemain… Je suis trop con. Franchement. C’est à mon tour. « Bonjour. Un capuccino, un espresso euh… deux muffins myrtilles et deux chocolat/vanille s’il vous plait.» On finit par m’apporter ma commande que je paye. Je vais pour regarder ma montre. Celle-ci aurait-pu m’indiquer depuis combien de temps j’étais parti. Et ainsi depuis combien de temps Grace était seule dans ma chambre. Mais évidemment je ne l’ai pas autour de mon poigner. Et, de toute façon, je ne sais pas à quelle heure j’ai quitté la chambre. Du coup je me presse. Cette fois-ci, j’essaye de courir un maximum. Je bouscule une personne. Les cafés, dans leurs tasses en carton, sont secoués dans tous les sens. J’en ai même renversé un peu au début. Sur mon t-shirt… Ça m’a brûlé légèrement mais ça à surtout créé une nouvelle tâche sur le tissu clair. Tant pis.
Je finis par arriver devant la porte de ma chambre. Je tourne la poignée et pousse la porte à l’aide de mon dos. Mes mains bien en évidence pour prouver que je suis allé acheter quelque chose. Je prépare mon plus grand sourire et me tourne vers le lit. C’est là que j’ai abandonné ma belle. J’espère que mon intention lui fera plaisir. C’est un peu le but en même temps. Mes yeux scrutent la pièce pour finir par tomber sur les draps. Il y aurait dû y avoir le corps nu de ma belle dedans… Alors que là…

Grace confirme ma crainte. J’ai été affreusement romantique. Ce n’était qu’un commentaire sans but précis à la base. Mais la tournure de mes mots et mon ton songeur en ont fait autre chose. Je ne suis pas comme ça normalement. Je ne suis pas le type de gars qui déclare ouvertement ses sentiments. Ni celui qui achète des millions de pétales de roses pour former un chemin écarlate qui mènera à lui. Je ne suis pas non plus le type qui fait une grande déclaration au clair de la lune. Je ne récite pas de poème. Je ne peux pas payer toujours l’addition. Je ne pense pas à faire sans arrêt des cadeaux. Je ne retiens pas toutes les dates importantes comme le premier cinéma à deux, le premier rendez-vous, le premier baiser… Je mémorise déjà l’anniversaire, pourquoi en demander plus ? J’ai généralement passé la Saint-Valentin seul à regarder des films jusqu’à tard dans la nuit. Des films qui sont en total décalage avec le romantisme de la fête, si vous voyez ce que je veux dire… Alors non, ça ne me ressemble pas. Le plus étonnant, c’est que je ne joue pas un rôle. Je peux me montrer comme un parfait prince charmant et charmeur quand je le décide. Mais c’était venu spontanément. Il va falloir que je me ressaisisse ! Jude la machine de guerre est brisée ! Et puis pourquoi jouer les romantiques ? Je ne vise en rien une romance ou une grande histoire d’amour. Ce n’est pas pour moi ce genre de truc. C’est bien trop dégoulinant. Trop lycéen ? Je me suis toujours moqué de ses couples qui se tiennent la mien. Et surtout de ceux qui crient leur amour. Celui avec le grand A. Je ne les comprends pas. C’est peut-être un manque de sentiments qui me fait ça, mais j’ai l’impression qu’ils se noient dans de douces illusions. Ce n’est qu’une légende. Personne n’est fait pour être avec un seul être en particulier. C’est un mythe pour nous donner bonne conscience, pour nous faire croire que tout est beau et léger. Et surtout que notre vie à un sens. Nous sommes des animaux. Oui notre cerveau a su se développer. Mais qu’est-ce que ça change ? Nous sommes instinctivement faits pour nous reproduire. Et chasser. L’amour est seulement une création pour nous faire croire que nous sommes plus élevés que de simples bêtes. Je ne crois pas en toutes ces conneries. Peut-être qu’un jour, quand je serais vieux, je contredirais tout ça. A mon mariage… Si je me maris… Mais voilà ce que je pense. Ce que j’ai toujours pensé jusqu’à présent. Et je suis convaincu que j’aurais toujours le même raisonnement pendant de longues et belles années. Il est désormais très simple de comprendre pourquoi j’ai tant de mal à dire « Je t’aime ». Ou bien est-ce pour autre chose dans le fond…. Je ne sais pas…
Me coupant dans mes plus profondes (et obscures) pensées, la jeune femme me lance qu’elle est également bien avec moi. Entendre mon nom dans sa bouche me fait sourire. Jude et Grace. Je m’imagine la présenter. Comment nous sommes-nous rencontrer ? Oh… En boîte de nuit. Est-ce qu’on a beaucoup discuter ? Pas vraiment… Disons que ça à tout de suite collé. Mon père désapprouverait littéralement ce genre de relation. Coucher le premier soir sans connaître le nom du partenaire. Mon père ne sait pas ce qu’il loupe ! L’excitation de l’inconnu, la rapidité du moment, l’oublie des règles, le laissé aller. C’est tellement mieux que n’importe lesquels des débuts d’histoires que j’ai pu vivre. Pas de longues présentations, pas de questions polies pour faire bonne figure, pas de personnes autour pour forcer notre rencontre. Rien que le naturel. Juste ça. Juste nous. Grace et Jude. Jude et Grace.
« Tu peux dormir si tu veux. Je ne vais pas disparaître... » Je la regarde un instant. Elle resserre immédiatement son étreinte. Sa main vient doucement caresser mon torse. C’est bien la première à me donner l’autorisation de dormir. Mais bizarrement je ne la crois pas. Vous savez, les filles disent tout le temps le contraire de ce qu’elle pense. Elles diront qu’elles vous détestent alors que c’est l’inverse. Elles insisteront sur le fait qu’elles n’ont pas froid alors qu’elles claquent des dents. Elles vous diront que ce n’est pas la peine de leur offrir un cadeau alors qu’elles seraient heureuses d’en avoir un par surprise. Et à chaque fois, elles veulent qu’on les comprenne. Elles désirent qu’on suive leurs mots à la lettre et en même temps, elles en disent qu’elles ne pensent pas. Comment voulez-vous qu’on ne soit pas perdus ? Il faut un mode d’emploi pour les comprendre. Et mon petit manuel, que je me suis créé petit à petit me dit qu’elle veut que je reste un peu plus longtemps avec elle. Sans dormir. « On sait jamais… Si jamais tu n’es qu’une illusion ou si tu décides de dessiner des choses sur mon visage pendant que je dors…» Ceci est une note d’humour à ma façon. Je tiens à le préciser, ce n’est pas forcément très clair pour la plupart des personnes que je côtoie. « Qui me dit que ce n’est pas tout l’alcool que j’ai bu qui me fait créer ta présence ? Vérification…» Je la serre encore un peu. Mes doigts appuient sur sa peau à différent endroit. Comme si je toucher à des boutons. « Mmh… Tu m’as l’air bien réelle.» J’acquiesce de la tête avec un sourire angélique sur le visage. Il est beaucoup plus de quatre heure du matin non ? Je me demande comme j’ai fait pour tenir aussi longtemps sans flancher… Mon lit, mes draps, mon oreiller et Grace… Je ne peux vraiment pas résister longtemps. Je n’arrête pas de cligner des paupières. Jusqu’à les fermer complètement sans avoir le courage de les ouvrir à nouveau. Et m'endormir brutalement, en silence

Elle m’a répondu qu’elle n’a besoin de rien. Je n’ai pas à la quitter. Je peux rester ainsi, immobile, avec dans mes bras son précieux corps nu. Sa remarque me fait doucement sourire. Je suis du même point de vue qu’elle. Rien en dehors de ce lit ne me satisfera. J’ai tout ce qu’il faut sous la main. Mon compliment semble agir en elle car la demoiselle bouge légèrement afin de se retrouver à mon niveau. Nos regards s’accrochent l’un à l’autre encore une fois. Ses yeux n’ont plus aucun maquillage mais je les trouve magnifiques. Je pourrais écrire des heures entières sur les nuances de couleur qui s’entremêlent dans ses deux pupilles. Un contour plus sombre, puis de pointes de verts et de gris. Ses yeux me font penser à un tas de feuilles. Non. C’est nul comme image… Je ne sais comment les décrire. Ou alors c’est une immense forêt. Comme celles du nord du pays. Des feuillages différents avec leur teinte de vert. Du bois et sa touche de marron qui donne une certaine chaleur. Ce qui m’ensorcèle le plus c’est ce grain de beauté qu’elle a sur la joue. Comme une larme cristallisée à jamais. Comme pour montrer à tous que sa beauté réside d’un passé douloureux… Juste pour prouver qu’elle aussi a vécu des choses. Ce n’est que mon imagination qui me fait voir sa sur cette petite tâche foncée. Je lui donne un sens avec le peu de ce que je sais de mon inconnue. Mais aussi ce que je ressens quand je suis avec elle. Ses lèvres viennent au contact des miennes. Une vague de bonheur m’envahit à nouveau. Ce n’est pas du désir. Juste un bien-être intense. « C'est toi... Tu es... » Elle ne finit pas sa phrase. Et je ne lui en demande pas temps. Je ne suis pas habitué à avoir des compliments. Loin de là… Généralement ce sont des mots sur-joués et dénués de tout sens. On les balance sur le ton de l’hypocrisie en pensant le contraire. J’ai toujours eu du mal à en recevoir. Peut-être que c’est à cause de mes parents qui ne m’ont jamais adressé un mot positif de toute mon enfance. Oui, c’est sans doute ce que me dirait un psychologue après avoir étudier mon comportement. Alors, je ne demande pas à ma brunette de terminer sa phrase. Je ne veux pas l’enfoncer. Je comprends ce qu’elle veut dire… Son sourire me l’avait fait comprendre. « ...C'était incroyable... » C’est un bon résumé. Oui, je dois l’avouer, nous avons vécu une expérience incroyable. Même si ce mot ne me semble pas assez énorme pour décrire avec précision ce qui s’est passé. Aucun ne le pourrait vraiment… Et je sais que certaines personnes pourraient dire que j’exagère les choses. Et pourtant ! Seul mon inconnue et moi-même le savons. Toute cette histoire, ces quelques heures… Tout notre parcours nous a rendus unique. Elle a fait naitre de notre rencontre un duo. Un couple ? Je ne sais quel serait le mot exact. Je sais que les filles attachent beaucoup plus d’importance aux mots. Comme si couple a une valeur supérieur à duo et encore plus à binôme. Pourtant, ce sont tous des mots qui signifient être une paire, deux individus ensemble… C’est comme ça que l’on foire généralement tout, nous les mecs. Parce qu’on ne dit pas la phrase qu’elles veulent entendre. Et je sais que c’est à mon tour de parler. Pour lui dire ce que j’ai pensé de tout ça, pour approuver. Mais c’est comme si j’avais perdu l’usage du langue, comme si j’allais bégayer à chaque mot. Je me sens terriblement bien mais j’ai peur. Peur que tout m’échappe. C’est la première fois que je ressens cette sensation. J’essaye de la faire disparaître en m’accrochant à cette belle étudiante. Mais rien y fait. C’est même un peu le contraire qui se produit. J’ai peur que cette nuit soit le début d’un attachement sincère. C’est possible, ça ? Enfin, je veux dire… De ma part ? J’humecte mes lèvres un instant tandis que mes bras entourent le corps de la jeune femme. Si je dois m’endormir, autant la garder le plus longtemps contre moi.

« Au fait... Je m'appelle Grace. » Tout bascule subitement. Cette unique phrase m’indique qu’elle ne veut pas me lâcher. Elle ne veut pas partir. Elle ne désire pas être à jamais l’Inconnue. Elle est désormais Grace. « Grace… La Grâce… Le charme, élégance d’une personne. Mais aussi faveur que l’on accorde à quelqu’un… Ton prénom donne encore plus de sens à tout ça…» Je reste songeur un instant. Grace. Grace. Je me répète inlassablement ces deux syllabes. J’essaye de l’ancrer en moi. C’est difficile d’imaginer le prénom que peut porter une personne. Quand on le découvre, c’est parfois difficile de l’intégrer. Et à contrario, c’est comme une évidence. Mon Inconnue. La grâce… Je n’y aurais jamais pensé. Ce qui semble logique mais… C’est Grace. Grace est dans mon lit. « Jude.» Pas besoin d’en faire un roman. « Mon nom est beaucoup moins cool !» Je souris et lui fais un clin d’œil avant de fermer les paupières quelques secondes. Mes doigts tapotent sa peau, la caressent, la frôle. J’ouvre un œil et souris. « Je suis bien, là, avec toi…» Je ne calcule même plus les mots. Je sens la fatigue m’emporter progressivement. Je voulais résister. Ne pas dormir comme un gros nul mais voilà… Mon corps s’enveloppe de la couverture du sommeil. Et il est difficile de lutter contre elle ! « Ce que j'ai dit sur ton prénom... C'était un peu niais et dégoulinant de romantisme, non ?» Un dernier murmure. Je ne peux pas en rester sur cette impression !

Plus je me retiens et plus mon plaisir augmente. Je sens l’excitation envahir chaque parcelle de mon corps. C’était déjà le cas. Mais plus notre union dure, plus les sensations s’intensifient. Mes mains ne la lâchent pas. Je la parcours jusqu’aux derniers recoins de sa peau. Je détecte son regard. Je m’y accroche. Je me bloque un instant pour ne pas venir trop tôt. Mais je remarque alors que ses mouvements s’accélèrent de plus en plus. Son corps s’est quelque peu raidi et sa respiration est parfois bloquée. Ça ne me laisse aucun doute. Je la sens partir. Et je veux l’accompagner. Je donne tout ce qui est en moi. Ma force, ma volonté, mon désir. Je suis subjugué. Elle m’a ensorcelée. Elle est ma muse, ma maitresse, mon héroïne. Je l’ai rien que pour moi. Nous nous possédons. J’ai l’impression de vivre la plus incroyable expérience de ma vie. Mes mouvements accélèrent toujours plus. Je ne me contrôle plus. Je sais qu’elle veut que je la suive. Je ne résiste pas. Je suis sur cet avion qui monte, qui monte, qui monte. Ça ne s’arrête pas. Un plaisir aigu vient envahir mon sexe et remonte même jusqu’à mes reins. J’ai l’impression que ce pourrait être infini. J’ai tellement envie que ce bonheur reste continuellement en moi. Mon corps est secoué de contractions. L’ensemble de mon corps se raidit. Que ce soit ma nuque, mes doigts, mes pieds, mes talons… Tout. J’atteins l’extase. Et elle aussi. En même temps. Je suis loin. Irradié de lumière. Je me sens si… Je ne sais plus quoi dire. J’ai l’impression de n’être qu’une poupée de chiffon. Un long bruit rauque s’est à nouveau échappé de ma bouche. De la sienne aussi. Je n’aurais jamais pu imaginer vivre ça. C’est tellement majestueux, incroyable, surprenant, bon, idéal, délivrant. C’est comme la dose de came dans les veines d’un drogué. J’ai ce sentiment que j’étais en manque. Comme si j’avais toujours eu ce besoin. Comme si j’avais toujours réclamé son corps pour être totalement satisfait. Je plane. Je ne distingue plus rien. Je suis ailleurs. Loin mais avec elle. Son corps chaud contre le mien. Nos perles de sueur qui se mélange. L’oxygène passant de mes poumons aux siens.
J’ai l’impression que son dernier cri revient à mes oreilles en continue. Elle a ressenti les mêmes choses que moi. En même temps. Je n’arrive pas à y croire. C’est possible ? Oui. C’est délicieux. C’est magique. C’est incroyable. Je me sens soulagé et léger à la voix. Je pourrais voler. Mes yeux captent à nouveau les siens. Les mots ne servent à rien. Je distingue dans ses pupilles son plaisir. Elle a cette étincelle qui en dit plus loin que n’importe quel mot. Je suppose que moi aussi. Car c’est sincère. Je n’ai jamais vécu une telle aventure avec une fille. Elle est si attentionnée, si douce et si violente à la fois. Elle s’est contrôler mais aussi se laisser aller. Elle est parfaite. C’est ma reine. Elle m’a mené jusqu’ici. Non. Nous en sommes là à cause de nous deux. Ou plutôt grâce… Je ne crois pas aux histoires d’âmes sœurs. C’est bien trop superficiel. Mais je ne peux m’empêcher de me demander si nous n’étions pas faits pour vivre ça. Vous savez, nous rencontrer de cette façon et vivre cette soirée. Pas seulement le sexe. Non, parce que ce n’est pas ce qui fait tout. Mais tout le reste aussi. Les regards, les sourires, les questions. On s’est cherchés. On s’est trouvés. On s’est énervés. On a vécu ce que d’autres ne parviendraient pas à atteindre en plusieurs mois.
Ma brunette s’est laissée tomber sur moi. Sa tête repose sur mon torse. J’essaye de calme progressivement ma respiration pour ne pas la secouer dans tous les sens. Là où elle est, elle doit entendre chacun des battements de mon cœur. Mon rythme cardiaque n’a pas encore ralenti. Je vais avoir besoin d’un certain temps pour revenir dans mon état normal, c’est certain !
« Oh mmh tu es...»«Ouawe...» J’étais justement en train de me demander si dire quelque chose de ce genre serait de mauvais goût ou non. Un léger sourire envahit mon visage. Ma main passe entre ses cheveux et je caresse ainsi sa tête un instant. Je me sens vraiment bien. Détendu. Mais je ne veux pas plonger dans le sommeil immédiatement. Et bien qu’à bout de force, je fais un effort pour lutter. Mes paupières restent ouvertes. Je relève la tête pour venir déposer un baiser sur le front de mon inconnue. La garder ainsi dans mes bras me donne l’impression d’être puissant, fort, de pouvoir la protéger… « Tu veux quelque chose ? De l’eau ?…» J’essaye de me montrer attentionné. Je ne veux qu’elle n’est rien à me reprocher. Et si mon absence de vantardise ou de « c’était génial » ne lui plait pas… Je lui expliquerai. Pour moi, il n’y avait pas à me justifier. Il est clair que cette expérience était incroyable. Et même plus que ça. Je n’ai pas envie de le crier sous les toits. Je pense qu’au fond, elle le sait très bien. Pas besoin de faire des chichis…
J'attends sa réponse pour savoir si je quitte ses bras pour un court instant ou si je reste ainsi plus longtemps encore. Je n'ai pas vraiment envie de bouger. Juste le temps de retirer le bout de latex, caresser son visage et m'endormir en ne la quittant pas des yeux. « Tu es une perle rare...» Les mots sont sortis sans que je le veuille réellement. Mes pensées ont été trop forte. C'est ce que j'avais voulu dire tout à l'heure...

Je me sens tellement bien. Ça me consume de l’intérieur. C’est plus fort que tout. C’est irréel. Nos regards s’accrochent l’un à l’autre. Nos âmes ne font qu’un. Il n’y a plus de mascarade, plus de maquillage, plus d’impression ou de sentiments refoulés. Tout est parfait. Je m’applique à ce que ça le soit également pour elle. Je sais que les femmes ne ressentent pas les choses de la même façon. Alors je ferais tout pour que ce bonheur intense soit réciproque. J’irais jusqu’au bout. Je dépasserai mes limites. Je continuerai sans lâcher. Mes mains s’agrippent à ce qui leur passe dessus. Je sens que mon inconnue passe les sienne sur mon corps. Ses caresses me poussent à continuer plus fortement. Son contact fait frissonner ma peau alors que je suis en sueur. Ma respiration est saccadée. Ses doigts viennent s’ancrer sur mes fesses. Elle me pousse. Elle dicte mes mouvements, si bien que nos hanches se tapent par moment. Lorsque nos lèvres se retrouvent, l’échange se fait plus intense que tous les autres. Nos langues se caressent, se mêlent et se démêlent. Nos nez se touchent. Nos yeux se déchiffrent. La belle brune finit par lâcher un léger gémissant qui m’excite plus que tout. Je me sens comme pousser des ailes. Je ferais tout pour en entendre d’autre. Je me donne au maximum en prenant soin par moment de faire de petites pauses pour que tout ne prenne pas fin brutalement. Enfin, notre union seulement… Et même si c’était le cas, je trouverai bien quelque chose à faire le temps de récupérer. Son corps sous le mien me rend complètement fou. Je n’aurais jamais pu me douter que nous étions faits pour être réunis. Et c’est désormais clair maintenant. Notre osmose est si intense que je me doute que quelqu’un puisse la comprendre. Nous ne formons qu’un et nous virevoltons au-dessus de tout. Les normes, les codes, les bonnes manières, le savoir-vivre, les multiples rendez-vous… On s’en foutait de tout ça. On est rapidement arrivé à la conclusion que ce n’était pas pour nous. Les actes qu’on nous dicte depuis toujours… A quoi bon ? Nos corps parlaient pour nous. Notre attirance physique comme mentale dépasse toutes mes espérances, mes rêves. Je n’aurais jamais pu imaginer tomber sur une telle perle. Je n’aurais jamais cru pouvoir me sentir si libre. C’est comme si elle venait d’enlever un poids sur mes épaules. Je me sens si bien avec elle. C’est magique. C’est plus fort que tout. Son corps qui vibre sous moi me fait tourner la tête.
Brusquement ma partenaire nous fait tourner. Je me retrouve dos contre le matelas. Notre union n’a pas été rompue et désormais j’ai une vue imprenable sur son corps et particulièrement… Son visage. Ce n’est pas forcément la première chose à laquelle je devrais penser et pourtant… Je ne vois que ça. Je l’observe. Elle. Rien qu’elle. Son sourire. Le baiser qu’elle m’offre et qui… Qui me fait tout oublier. Je ne sais plus parler. Je ne sais plus compter. Je ne connais plus mon nom. Je suis esclave. Esclave de sa volonté, de son corps, de son âme. Ma seule et unique connaissance et celle de son corps. Son anatomie à la portée de mes doigts. Mes mains viennent se poser sur les hanches de mon inconnue. J’accompagne ses mouvements. Elle décide de tout. Elle possède sa propre cadence. Quand elle désire accélérer elle peut le faire.
Mon désire ne cesse d’augmenter. Je me sens subjugué, submergé. Un son roc sort de ma bouche sans mon consentement. Je ne m’en suis pas vraiment aperçu. Mes paumes glissent sur sa peau douce. Je remonte en la frôlant. De légères caresses. Je remonte jusqu’à sa poitrine que je ne peux m’empêcher d’agripper. Je la malaxe, un peu comme elle l’avait fait avec mes fesses. Elle continue toujours de décider du rythme à suivre. Alors, à chaque fois qu’elle descend, je donne un coup de bassin pour accentuer le geste. Aller toujours plus loin. Je sens que je vais éclater. Je pourrais cependant faire ça toute la nuit si elle est à mes côtés. Un nouveau son sort de ma bouche. Un peu plus long cette fois-ci. Un peu plus fort aussi.

Elle me fait confiance. Elle me fait confiance ! Elle me fait confiance !! Elle me fait confiance, merde ! Elle me fait confiance, putain ! Elle me fait vraiment confiance. Elle me fait sincèrement confiance ! Elle me fait réellement confiance ! Elle me dit qu’elle me fait confiance. Elle a prononcé la phrase « Je te fais confiance. » rien de plus, rien de moins. Vous avez compris ? Elle me fait confiance ! Vous savez comme c’est bon ? Elle a baissé ses barrières. Définitivement. Elle croit en moi comme je peux croire en elle. Nous sommes un. Nous croyons en l’autre. Nous allons dans les mêmes directions. Nous sommes ensemble, jusqu’au bout. A jamais. Jamais. C’est ce que j’ai promis. Jamais, comme l’éternité. C’est peut-être long. Tant pis ! Je la supporterai à jamais. Même si ce à jamais prend fin plus tôt que prévu. Je ne l’abandonnerai pas sans une raison valable. Non, même avec une raison. Je ne veux pas l’abandonner. Là, tout de suite, c’est le bien le plus précieux qu’il m’est été donné d’avoir entre les mains. A la fois fragile, immense, minuscule, plein, lourd, léger, chaud, non, brûlant et tout plein d’adjectifs qu’on aurait jamais pu assembler pour qualifier un objet. Bref. Ça dépasse le réel. C’est magique.
Nos corps ne font qu’un. Enfin pas vraiment, pas encore mais… Chaque mouvement fait par l’un de nous correspond à celui que fait l’autre. Chaque décision est la bonne. Chaque initiative nous remplit d’une sensation incroyable. Je n’ai jamais autant eu de désire pour une femme. Ok, je suis jeune, je n’en ai pas connu des milliers et j’utilise beaucoup trop le mot « jamais ». Mais je m’en fous. Je peux même le crier sur les toits. C’est cette fille et rien que cette fille que je désire maintenant. Il n’y a qu’elle. Le lieu, l’heure, la date, la politique, les guerres, le manque de fric, la famille, la famine, le soleil… Plus rien n’existe. Il y son corps, sa peau, ses lèvres, son parfum, ses cheveux, son souffle, sa poitrine, ses jambes, ses caresses, ses mouvements, ses yeux, ses sourire, ses mains dans les miennes… Je n’ai jamais rien vécu de tel. Je me sens en osmose avec elle. Aucun mot n’est nécessaire. Même les regards sont vains. On sait comment agir avec l’autre, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Et même quand un geste est de travers, il est rapidement remplacé par un deux fois meilleur. C’est presque l’extase. Le rythme a pris une allure beaucoup moins frénétique ces dernières minutes. Depuis l’arrivée du préservatif même… Mais ce n’est pas désagréable. Au contraire. C’était justement… En fait je n’ai aucun mot. Je suis plutôt perdu. Nos doigts se croisent, se serrent. Mon cœur se gonfle. J’ai l’impression de pouvoir changer le monde si elle est à mes côtés. Comme si tout pouvait nous réussir. Mes jambes enlacent les siennes. Je la fais pivoter lentement. Tout en douceur et en délicatesse. Ce n’est pas que je veux reprendre ma position de mâle dominant mais juste… Je ne sais pas. L’instinct peut-être… Ma main lâche la sienne pour glisser le long de son corps. Mes doigts frôlent en douceur sa cuisse et je l’agrippe. Lentement, j’écarte sa jambe en la remontant sur le côté. Mes baisers sont tendres et envieux. Je sais que mon désire est papable. A l’aide d’un regard je me place correctement. Je la caresse d’une nouvelle manière. Mes pupilles pénètrent dans les siennes. Ma respiration se coupe. Alors le temps s’arrête. La Terre cesse de tourner. Nous sommes connectés. Et pour aller plus loin, je réalise un mouvement vif. Ma bouche s’entrouvre légèrement. Sa chaleur m’encercle. Nous sommes reliés. Instinctivement, mes hanches accomplissent des petits mouvements. Un début tout en douceur. Puis au fur et à mesure, le rythme s’accélère. Plus loin, plus rapidement. Mes yeux plongent dans les siens à la recherche d’une réaction.

Il paraît qu’un homme trouve un rencard parfait à partir du moment où il termine dans un lit. C’est peut-être vrai. Je dois avouer que ce moment est le plus intense et le plus magique qu’il m’est été donné de vivre. Je succombe entièrement à elle. Je ne réponds plus de rien. Ses lèvres occupent les miennes. L’humidité de nos corps se mélange. Nous ne sommes que tous les deux. Rien ni personne ne pourra nous séparer. Je joue avec sa langue. Je presse mes doigts contre son dos. Je joue avec ses cheveux. Je glisse mes mains sous ses reins. Il n’y a plus qu’elle. Le monde entier pourrait exploser. Ce moment est parfait. Mon désire ne va qu’en s’accumulant. J’ai l’impression d’avoir atteint mon maximum quand je me rends compte que non. Elle me guide. Elle est pressente. Comme si elle en voulait toujours plus. Comme si elle cherchait elle aussi à augmenter ce désir fou qui nous consume. Je ne suis que feu. Mes pensées ne sont dirigées que vers elle. Son corps. Son parfum. La douceur de ses lèvres. Sa peau. Ses sourires. Sa poitrine contre mon torse. Nous sommes si près l’un de l’autre que nous n’avons presque plus de secret. Plus aucune barrière. Nous rien que nous. A nu. Au sens propre comme au sens figuré. Ce n’est pas qu’un simple coup d’un soir. C’est tellement plus fort. C’est électrique. Ça nous détruit tout en nous rendant plus fort. Je me sens tomber en arrière. Je suis soudainement allongé sur mon lit. Elle m’y a poussé. Je n’en peux plus. Je suis à bout. Des mots sont prononcés. Je ne sais pas si c’est moi ou elle qui les a lancés. En tout cas, je ressens la même chose. Mon ventre me tire. Mes mains sont aventureuses. Mes baisers sont plus brûlants. « Promets-moi que tu ne m'oublieras pas après ça... » C’est comme une phobie chez elle. Elle ne veut pas que je l’abandonne. Elle est là, au-dessus de moi et elle a peur. Elle ne veut pas que je sois comme tous les autres mecs. Les abrutis. Les coups d’un soir. Mais je l’ai déjà dit, pour moi c’est plus que ça. Nous étions faits pour nous rencontrer. En bien comme en mal. Nos caractères sont trop similaires. Notre attirance est plus que forte. Elle est exceptionnelle. Elle est gigantesque. Il n’y a aucun mot pour la décrire. Nous étions faits pour être ensemble face à face. Pour nous parler. Nous toucher. Nous détruire. Nous faire du mal. Nous interroger. Nous embrasser. Nous sommes un duo contradictoire et complémentaire. Peut-être que ça ne mènera nulle part. Mais ce n’est pas ce qui compte. Il n’y a que cet instant présent. Ces minutes intenses et incroyables. Je ne pourrais jamais l’oublier. C’est mon inconnue. Ma brune mystérieuse, fragile et séductrice. C’est celle qui me charme par sa profondeur et son aptitude à tout cacher derrière des apparences. Manipulatrice. Secrète. Attirante. Curieuse. Joueuse. Je ne peux l’oublier. La seule à me laisser tomber mes plans tordus. La seule à parvenir à me faire arrêter de tout calculer à l’avance pour agir spontanément. Je ne suis peut-être pas censé être comme ça. Mais j’avais besoin de trouver quelqu’un qui me montre cette partie de moi. Et pour ça, je ne pourrais jamais l’oublier. Jamais. « Jamais.» Que pouvais-je dire de plus ? Nous sommes désormais sur un même pied d’égalité. Nous tenons tous les deux à l’autre. Nous ne voulons pas perdre notre magie après une seule et unique nuit. On ferait peut-être mieux d’agir dans le sens contraire. Mais tant pis. Il faut parfois prendre des risques.
Je continue de l’embrasser. Mes mains quittent son corps. Pendant un bref instant je stoppe mes caresses pour aller tapoter ma table de chevet. Je cherche à ouvrir le petit tiroir. Je galère un petit moment, comme quand j’essayais de refermer ma chemise tout à l’heure. C’est sans doute par la déconcentration de mon esprit. Je n’arrive à ma focalise uniquement sur elle. Je tire cependant le tiroir et tapote rapidement. Je cherche. Je cherche. Je ressors finalement un petit carré en plastique. J’essaye de le montrer à la demoiselle. Lui faire comprendre ce que je m’apprête à faire. Je cherche une approbation dans ses yeux. Ce n’est pas long à trouver. Je l’ai peut-être imaginée par peur de voir le contraire… Je ne pourrais pas m’arrêter sur ma lancée de toute manière. Je déchire l’emballage pour en sortir le morceau de latex. Il fut rapidement mis en place. Ce n’était pas une première fois… Je me demande un instant si c’est son cas. Si elle est vraiment la séductrice qu’elle prétend être ou si ce n’est qu’une mascarade pour cacher une peur de l’inconnu. Je me demande si nous faisons bien d’aller jusqu’au bout. Puis j’oublie rapidement mes questions pour reprendre mes baisers et coller mon corps contre le sien.

J’aime tellement cette situation. Ça m’amuse énormément. Je ne sais pas ce qui va se passer. Elle a le libre choix de faire ce qu’elle veut et moi de-même. La partie peut se renverser à tout moment. Rien ni personne ne peut prévoir l’avenir. Surtout pas moi, nu comme un ver. Elle accepte de me donner l’essuie. Je suis légèrement soulagé. Quoi que… J’aurais très bien pu aller la chercher tout seul comme un grand ! Mais c’est tellement mieux de se faire servir par une charmante demoiselle en serviette de bain. C’est délicieux même. A croquer. Je la regarde. Je ne la lâche pas. Je la possède et la dévore d’un simple contact visuel. Je devine ses courbes sous la serviette blanche. Je suis les gouttes qui roulent sur sa peau. J’aimerai les accompagner. J’adorerai en être une durant quelques minutes. Ma langue passe sur mes lèvres pour les humidifier. J’avale ma salive alors que mes dents mordent ma lèvre inférieure. La brune tend le bras. J’accompagne son mouvement de mes yeux. La serviette se décroche lentement. Vous savez comme dans les films où l’on a un gros plan sur une corde qui tient tout un groupe et qui est leur seule chance de survie. Petit à petit, on constate que la corde se casse. Fil après fil. On imagine la chute. Je vois la chute. Je la suis. Ma respiration s’accélère. Mon pouls en fait de même. J’entends mon sang battre dans mes oreilles. Mes pupilles glissent en même temps que la serviette. Je refais son lent trajet vers le sol. Je m’accroche aux longues mèches brunes et ondulées par l’eau. Je me jette sur sa colonne vertébrale pour glisser jusqu’à ses reins. Je fais un léger détour sur ses hanches. Je contourne les formes arrondies que je lui ai moi-même offert il y a quelques secondes. Je descends encore le long de ses jambes, je tourne autour de ses chevilles. Et finalement je gravite à nouveau cette montagne tandis qu’elle se retourne. Tout s’est fait rapidement mais j’ai pourtant l’impression d’avoir ralenti la vidéo. Mon cœur bat toujours plus fort. Ça en devient presque insupportable. J’ai l’impression qu’il peut exploser à n’importe quel moment. Mes mains vont rapidement ne plus rien cacher du tout. Il est difficile de masquer ce genre de sensations. Ou plutôt d’envie. J’aimerai penser à autre chose pour me calmer. J’aimerai revoir le visage de la vieille grand-mère. Mais ça ne marche plus. Son corps est trop fort. Il ensorcèle mon esprit. Il forme une barrière autour de moi et m’empêche de m’évader dans mon quartier d’origine. Cette grande maison jaune. Cette vieille… Quand j’ouvre mentalement la porte, c’est l’inconnue qui l’ouvre. Nue. Séduisante. Alléchante. Attirante. J’attrape la serviette qu’elle m’a tendue en se retournant. Mon geste est rapide et sec. J’ai chaud. Trop chaud. Je bouillonne. Je respire mal. Il n’y a plus d’oxygène dans cette pièce ou quoi ? Cette sorcière est en train de me tuer à petit feu. Elle m’empoissonne, me subjugue. J’ai envie de déplier la serviette et de l’entourer autour de nous deux. Sauf que si je fais ça, nos deux corps seront l’un contre l’autre. Et elle saura. Je… Je ne sais plus si c’est une bonne chose ou non. Ou je meurs d’envie de gouter à son corps. Mais après… Je ne sais pas. Tout pourrait tomber à l’eau, la magie, l’envie, le désire, la curiosité… Tout pourrait s’intensifier, on pourrait passer notre journée au lit sans pouvoir nous défaire l’un de l’autre. Ou bien, le charme tombe à plat. Je pourrais très bien m’endormir et elle repartira sans laisser un mot derrière elle. Peut-être un « Merci pour cette soirée ». Et c’est tout. Là, je ne la reverrais plus jamais. Quoi que, elle est à Wynwood… Donc on se reverra. Sera-t-on gênés ? Ou bien attirés l’un par l’autre encore une fois ? Apprendrons-nous à nous connaître. Ou serons-nous à jamais deux inconnus qui ne se connaissent que lors d’échanges de regards silencieux.

Pourquoi penser ? Pourquoi se poser des questions ? Pourquoi avoir peur du futur ? Pourquoi vouloir préserver notre relation ? Pourquoi prendre en compte les conséquences ? Parce que je tiens à tout ça… Parce que j’en veux plus… Parce que c’est spécial. Tellement spécial que je ne peux pas risquer de faire un faux pas. Oui mais si ce faux pas je le fais en ne faisant rien ? J’hésite un court instant. Puis tout revient à la normal. Les secondes recommencent à défiler normalement. Il n’y a plus de ralenti. Je m’approche d’elle sans un mot. J’entoure la serviette autour de nous deux. Nos tailles sont par conséquent obligées de se coller. La serviette semble inutile mais elle forme un peu comme un cocon. C’était comme si je nous cachais d’un regard extérieur. Comme si je protégeais ma proie pour que personne ne me la vole. Je souris doucement. « Bonjour… » C’est le seul mot qui a réussi à sortir de ma bouche. On se voit nus pour la première fois. Le jour de notre première rencontre… Mais l’instant où je lui ai marché sur les pieds est déjà loin dans ma tête.
Puis tout bascule. Je trouve ses lèvres. Nous nous embrassons. Le baiser le plus fougueux qu’il m’ait été donné de partager. La terre, le ciel, notre rencontre, les éléments naturelles, les lois, les merveilles du monde, les engueulades, les mensonges, les secrets, les sourires, les regards… Tout. Tout se mélange dans ma tête. Ce n’est qu’une bouillie d’évènements qui m’a menée à ce moment précis. Cet idéal. J’en oublie la serviette. J’en oublie notre nudité. Je ne fonctionne plus normalement. Il n’y a que le désire. L’envie de partager. Dans les moindres détails.

Elle répond à ma phrase par une sorte d’approbation. C’est bien ça ? Elle est d’accord. Ou bien est-ce de l’ironie ? Je n’arrive pas trop à savoir. Sans voir son visage il est difficile de décrypter ses émotions. Alors je laisse l’eau couler sur mon corps encore et encore. Je frotte énergiquement ma peau, histoire de me débarrasser de toutes les saletés de la plage et de l’océan. Cette douche me permet de me réveiller un peu. Le soleil pourrait presque bientôt se lever, ça ne m’étonnerait pas. Je suis allé tard en boîte avec les jumeaux et j’ai passé un long moment avec la belle brune. L’heure a vraiment dû tourner plus vite que je ne le pense. Mon corps en ressent les conséquences. Mes épaules sont nouées, mon dos me fait mal… Par chance, l’eau chaude vient décontracter mes muscles et apaiser les tensions qui pouvaient envahir mon être. Je me sens bien. Complètement détendu et serein.
J’entends alors l’eau se couper dans la cabine d’à côté. Je souris. La porte s’ouvre. Mes mouvements ont ralenti, je tends l’oreille pour suivre chacun de ses pas. « Comme tu l'as dit, je pense qu'une serviette ne sera pas suffisante pour deux... C'est vraiment bête pour toi que je sois sortie avant... » Je souris encore plus. Elle prend son air faussement innocent. Mon regard se plaque sur le sol, j’essaye de capter ce qui se passe de l’autre côté de ce morceau de bois. J’essaye de trouver une ombre qui pourrait me renseigner. J’en devine une. Ou bien je l’invente… Je ne sais pas trop… Ma main vient tourner l’arrivée d’eau. Je me retrouve nu devant la porte. Ma petite main lâche la tuyauterie pour en rejoindre une autre. Si vous voyez ce que je veux dire. Sa copine viendra l’aider à me cacher dès que j’aurais ouvert la porte. Ce que je ne tarde pas à faire. Là, nu comme un ver, face à la demoiselle restée devant ma cabine de douche, je n’ai que mes mains pour protéger mon intimité. En vrai, je m’en moque un peu, mais ça pourrait être mal pris. Et puis, il y aurait pu avoir une autre fille postée devant ma porte… Et là, je serais passé pour un fou. Un sourire en coin s’affiche sur mon visage. « Dommage pour moi… » Je hausse les épaules. La scène doit être assez drôle vue d’un point de vue extérieur à tout ça. Je fais un pas en avant. « Tu ne partageras pas avec moi ? » Je connais la réponse. A moins que soudainement elle veut jouer la carte de la facilité. Je fais un pas en avant, encore. Et je sors de la cabine. Je passe juste à côté d’elle. Je la frôle presque et je retourne dans ma chambre comme ça. Je bloque un peu pour ouvrir les portes. Je me mets de façon à ce qu’elle ne voit que mon dos… Ou plutôt mes fesses. C’est ce qu’elle regarde, non ? J’ai envie d’exploser de rire et je me sens en même temps affreusement ridicule ? Par chance la lumière des couloirs s’est éteinte et il n’y a personne. Une fois dans ma chambre, je pivote pour voir si elle m’a suivi. Mes mains ont une place et ne la quitte pas. « Tu pourrais me passer la serviette juste là, plié sur l’armoire ? » Simple demande. « S’il te plait. » J’utilise même de la politesse ! Si ce n’est pas incroyable ça ! Je suis trempé, nu, gelé, le tout dans ma chambre en face d’une super fille. Pensons et vénérons Sawyer la vieille voisine qui occupe majoritairement mes pensées. Elle me facilite la tâche ! Sans elle… Toute cette petite scène aurait rapidement tourné à je ne sais quoi… Je vous ai dit que la serviette que j’ai prêtée à la belle est légèrement courte ? Juste ce qu’il faut pour nourrir mon imagination….

Je continue d’ouvrir la porte, plutôt lentement. Je passe une épaule, je fixe le mur. Je ne voudrais pas tomber par inadvertance sur son corps nu. Enfin si, j’en ai réellement envie mais je préfère faire semblant du contraire. Quand un garçon montre ce qu’il a en tête, il peut rapidement passer pour un pervers. Quand il joue aux timides, il devient tout de suite mignon voir romantique. Donc, je joue cette carte. Dans le fond, ça ne sert sans doute à rien considérant notre passé à tous les deux. Mais il n’est pas trop tard pour se rattraper, si ? Ou pour donner une impression différente… Pour jouer un jeu peut-être. Ne pas aller droit au but. Histoire de se protéger. En fait, je sais que ce n’est pas ça. Dans le fond, je ne veux poser mes yeux sur elle sans son autorisation. J’ai une sorte de respect envers elle. Ce n’est pas n’importe quelle fille que je peux mater dans sa douche. Elle est beaucoup plus importante.
J’entends l’eau de la douche. Une vapeur sort de la cabine pour embrumer les miroirs fixés à l’opposé. La brune sort alors la tête de la douche. Elle se pense et me regarde. Ses cheveux retombent dans le vide. Des gouttes s’en échappent les unes après les autres. J’ai l’image de son corps en entier. Je la vois derrière ce pan de mur. Elle est humide. Terriblement mouillée comme un serpent qui vous glisse entre les mains. J’essaye de me ressaisir. Je pense à la pire image que je peux trouver à cette heure-ci de la nuit. Par chance Sawyer, la vieille du quartier est là pour me calmer. Mais parallèlement, la demoiselle ne fait rien pour. Elle me demande si je compte prendre une douche. A la base oui. Désormais se serait risqué. Ou bien, loin de la jolie étudiante. Cette dernière attrape le savon.

Sans prévenir, la jeune fille vient approcher le savon de mon nez. Un peu trop près. Je me retrouve avec du produit sur le pif. Ça sent fort. Elle me sourit comme une gamine fière d’une bêtise qu’elle vient de faire. Elle est irrésistible comme ça. Et alors qu’elle encoure déjà une mauvaise punition, la belle en rajoute encore plus. Elle me propose de rincer ce qu’elle vient de faire. Avec un petit oups, comme si ce n’était nullement préméditer. Mais oui ! On y croit tous…
Son plan est alors de sortir le pommeau de douche pour le planter dans ma direction. Par réflexe j’ai fait plusieurs pas en arrière, les bras en avant. Comme si mes mains pouvaient stopper l’eau… Et puis ma chance fut que le fil reliant le pommeau à l’arrivée d’eau ne fut pas assez long pour sortir. Je suis sain et sauf : Le sol ne peut pas en dire autant ! « Je comptais me doucher mais dans ce cas-là il va falloir que j’aille chercher une autre serviette… Parce qu’une pour deux ne sera pas suffisante…» Quoi ? On a pas le droit de jouer un peu ? Moi ça m’amuse particulièrement. Je retire ma chemise et tente de passer une main dans mes cheveux emmêlés. Je souris puis m’approche de la cabine de la belle. Seulement, je n’y vais pas. Au dernier moment je pivote et pénètre dans celle d’à côté. J’enlève mes chaussures et mon pantalon. Je les balance négligemment sur le haut de la porte, comme elle. Je le fais avec assez de mouvements pour qu’elle comprenne et suive chacun de mes mouvements. J’allume l’eau. « Mmh… J’en rêvais, presque ! » Je frotte mes cheveux et ferme les yeux un instant. L’eau est chaude. Elle m’apaise presque. Sawyer, il ne faut que je pense qu’à cette vieille grand-mère frippée.

La belle m’annonce qu’elle est habituée à voir des chambres dans cet état. Cette phrase me fait tiquer. Elle visite les chambres étudiantes de tous les garçons qu’elle croise ? J’ai compris qu’elle profité de sa jeunesse, qu’elle jouait les séductrices mais je n’avais pas imaginé que ça pouvait aller jusque-là ! Mais rapidement elle rajoute qu’elle a un grand frère même si elle nuance ce dire. Je l’avais compris lorsqu’elle m’avait faite cette remarque sur le mien. Comme quoi mes amis ne le feront pas revenir… J’avais pigé qu’elle utilisait ses propres expériences pour me donner ce conseil. C’est d’ailleurs pourquoi je lui ai demandé si sa famille comptait pour elle. Je suis heureux qu’elle fasse enfin le premier pas pour me parler d’eux. Je comprends qu’elle ne veut pas s’étendre sur ce sujet et qu’il est sans doute compliqué. La demoiselle détourne ses yeux pour scruter ma chambre. Et moi je l’observe elle. Son passé a l’air tellement enfoui en elle… Je me demande ce qui peut la faire souffrir au point de cacher cette partie de son histoire.
C’est à ce moment que je lui propose un vêtement pour qu’elle se réchauffe. Je pense qu’elle désirait changer de sujet et c’était la meilleure chose que j’ai trouvé. L’étudiante m’annonce qu’elle voudrait prendre une douche. Nous en avons clairement besoin ! Entre le sel de l’eau, le sable, la fumée de la boite de nuit, l’odeur des toilettes… Bref, ce charmant mélange d’odeur et de matière doit nous donner l’allure de deux baroudeurs. « ...Et là par contre, j'aurai peut-être besoin d'un guide... » Je pose mes yeux sur elle. Je ne m’étais pas attendu à cette fin de phrase. Il y a clairement un sous-entendu. Elle n’utilise que ce moyen d’expression, j’ai l’impression. Ça me fait légèrement sourire. J’hésite à entrer directement dans son jeu. « Je vais te montrer. » Les douches et toilettes ne se situent malheureusement pas dans chaque chambre. Nous n’avons le droit qu’à un lavabo, un miroir, un lit, une armoire et un bureau. Pas grand-chose. C’est même étonnant pour un pensionnat aussi cher ! Je me demande vraiment où ils mettent l’argent qu’on leur donne… De toute façon c’est toujours comme ça ! Plus on en a, moins on l’utilise pour le bien de ceux qui payent ! Bon, ok, ils ont investi énormément dans les équipements sportifs, le matériel scolaire et on fait peau neuve à la bibliothèque. Mais pour tous ceux qui ne font pas beaucoup de sport et qui ne sont pas plongés dans les bouquins, on y trouve pas grand intérêt !
J’ouvre la porte et mène la demoiselle jusqu’au bout du couloir. Je me retourne et lui montre la porte. « Voici les douches des filles… Je suis contraint de ne pas y rentrer. Tu dois sans doute savoir pourquoi. » Je fais mine d’être désolé. Je me pince les lèvres et laisse tomber mes bras le long de mes cuisses. Je soupire, secoue la tête et continue : « Je vais te chercher une serviette. Fais comme chez toi. » Je m’échappe rapidement de ses griffes pour ne pas qu’elle me plaque au mur et me force à faire des mauvaises choses… Ou plutôt avant qu’elle s’aperçoive que je l’imagine pleine de savon sous l’eau. Des gouttes qui glissent le long de sa peau. Qui glissent… Qui glissent… Qui… Bref ! Je retourne dans la chambre, souffle un coup et prend une serviette dans mon placard. J’efface certaines images de mon esprit tant bien que mal et retourne sur mes pas. Alors je frappe à la porte des douches… « J’ai du savon aussi… » Et merde ! Me voilà reparti à visualiser de la mousse. Bon, je respire un bon coup et ouvre lentement la porte. Je pivote la tête sur le côté. Ça ne me va pas de jouer les gêner....

Elle comprend et me répond qu’elle est également interne. Elle ne devrait pas rentrer le soir ? Et rendre visite à ses parents le week-end au lieu de faire la fête seule ? Elle a l’air d’être une fille spéciale dans la vie de tous les jours. La magnifique étudiante qui fait tomber tous les garçons sur son passage et ne passe pas un instant seule dans sa chambre.
Je prends la route en silence. J’ai allumé la radio. Pas très fort mais assez pour que l’on puisse écouter les chansons. A cette heure-ci de la nuit ce ne sont que des remix de techno. Pas des vraies chansons à proprement parlé selon moi. Quelques notes et beaucoup de basse pour faire bouger tout le monde sur un rythme qui est souvent le même. Je ne suis pas musicien, mais il y a certaines choses que l’on arrive à accepter et d’autre pas du tout… Je n’arrive pas à écouter ce genre de musique pour le plaisir. En soirée, j’accepte. Dans la vie de tous les jours, mes oreilles en saignent…

Quand je lui annonce qu’il ne vaudrait mieux pas que nous tombions malade, elle me relance sur ma chaleur de tout à l’heure. C’est sûr nous étions bien partis tous les deux… Qu’est-ce qui avait dérapé ? L’orage. A partir de l’énervante goutte sur mon dos, tout était retombé à plat. Je pense que c’est correct de dire ça…C’est le mot juste, celui qui convient le plus. Ce serait donc la faute à la météo. Je ne sais pas si c’est juste de faire d’un élément naturel le coupable de notre relation… Ce n’est pas ce qui est le plus mature. Mais je m’en fous royalement. L’orage serait le fautif, un point c’est tout.

Je continue de rouler. J’essaye de me souvenir de l’état dans lequel j’ai laissé ma chambre. Ça doit être un véritable bordel. J’appréhende un peu. Je ne suis pas bordélique mais je reste un mec. Je ne range pas forcément mes chaussettes sales. Ma bouteille de soda vide reste couchée à côté de mon lit. Mes cours s’emmêlent sur un semblant de bureau. Une jolie trace de café vient orner ma table de chevet… Bref, un ensemble de petites choses qui peuvent faire mauvaise impression. Je suis propre sur moi mais j’oublie simplement de ranger tous les jours. « Tu es Wynwood? » Sa voix vient me tirer de l’inspection mentale de ma chambre. Je tourne la tête. « Oui, j’y suis. » Sa question sous-entendant qu’elle connait l’endroit. Se pourrait-il qu’elle y soit aussi ? Comment se fait-il qu’on ne se soit pas croisés ? La brunette m’a dit qu’elle était aussi dans un internat… Je n’aurais jamais pu imaginer que nous aurions pu être dans le même. Je reste stupéfait mais n’ose pas lui retourner la question. Elle a compris, j’ai compris. Je la regarde par moment.

Nous arrivons enfin. Je sors de la voiture en même temps que la demoiselle. « Je suppose que tu n’as pas besoin de guide pour aller jusqu’aux chambres… » Je lui souris et la prend par la main. Tout à l’heure elle s’était accrochée à moi. Je pense qu’il est temps que je fasse un pas moi aussi. Non ? Dans tous les cas, ce n’est pas un geste significatif… Je m’efforce à ne pas lui donner de sens précis. Vous savez, pas de doigts entrelacés comme les amoureux. Non, plutôt « viens, je te tiens, je marche devant et je te tire pour que tu me suives ». Nous arrivons devant la porte de ma chambre que j’ouvre rapidement. Une fois rentré, j’allume la lumière avec une certaine appréhension.
Ma chambre est toujours la même, petite avec des murs blancs. Mon lit n’est pas fait, il y a une boite de pizza. C’était mon repas du soir avant de constater que les jumeaux m’invités à grignoter dans un fastfood. Du coup, il reste une moitié de pizza froide sur mon lit. Génial ! Comme je m’y attendais, mes pieds marches sur un tee-shirt en boule que je ramasse en vitesse et jette dans un coin. Je me retourne vers la belle étudiante. « Bienvenue dans mon antre ! Désolé pour la propreté et le rangement… Je suis très maniaque ! » Ceci est de l’humour. Je m’attends à recevoir un regard plein de débout ou je ne sais quoi d’autre… Du coup, je file débarasser mon lit, tendre la couverture. Les feuilles disposées sur mon bureau font rapidement plus qu’un seul tas. Tant pis si les sciences se mélangent avec l’histoire. Je ferme rapidement mon ordinateur portable. Une fois le tout fait, je me retourne à nouveau vers la demoiselle. « Bon… Voilà… Tu veux un pull ? Quelque chose pour te réchauffer ?»