[SUJET TERMINÉ.] Je serai ton Host... Hm.. Ton homme aussi! *O* [Apollo]

Quand je lui proposai de venir me voir au club de jazz, il en parut fort aise et accepta. Je tentai de l'imaginer en public et le mot "sérieux" ne fut absolument pas celui qui me vint à l'esprit. J'oserais même penser que May devait être une petite groupie excitée, mais efficace ! Avec lui dans la salle, pour sûr, on ne verrait plus que moi. Bon... Dans quoi est-ce que je m'étais embarqué, moi ?!

- C’est amusant… Keisuke travaillait déjà dans un Host Club à Tokyo ! Et Keisuke est bien payé !

Il se redressa un peu en disant cela, comme pour se donner un air important. A mon avis, cette réaction de sa part n'était pas de la vantardise. Plutôt... de la fierté ? Oui, c'est cela. J'avais l'impression que cela le rendait fier de gagner lui même son argent. Peut-être était-il un enfant de riche, au Japon ? Probablement, même, puisqu'il avait l'air d'avoir l'habitude que tout le monde lui passe ses quatre volontés. Être dépendant devait le rendre fier... Je ne savais rien à propos de May, je ne faisais qu'émettre des suppositions à son sujet, mais elles me semblaient plutôt correctes. Enfin, si ça se trouve, j'étais complètement à côté de la plaque, et c'était juste purement dans une optique cupide qu'il avouait ces quelques mots. Moi et ma sale manie de toujours chercher le meilleur chez les gens ! Qui me garantissait que May n'était pas un petit dépravé avide d'argent, hein ? En le regardant, je ne pus m'empêcher de me dire que c'était impossible.

- Apollo-san était déjà venu dans un Host Club ?

Nouvelle gorgée de whisky. Est-ce que j'avais une tête à venir dans ce genre d'endroit...? Bah, en fait, peut-être ! Je n'en savais rien, puisque je n'avais jamais mis les pieds dans un tel club... Je souris à May et étendis mes bras le long du dossier du canapé, passant ainsi mon bras droit derrière lui. J'étendis également les jambes, histoire de parfaire la position du mec "à l'aise".

- Non, jamais. Je ne sais même pas vraiment ce qu'on y fait ! C'est comme un club de streap-tease ?

May est toujours étonné pour un oui ou pour un non. C’était l’avantage avec lui. Rien n’est acquis après tout ! Pollo aurait pu lui dire n’importe quoi il aurait été surprit. Au moins, la vie lui réservait pleins de choses comme ça. Il ne pouvait pas s’ennuyer. Cependant, un May qui s’ennui est vraiment rare. Quand il n’a rien à faire, il somnole. Puisqu’il ne dort pas, il faut bien qu’il trouve le temps pour se reposer. Peut être qu’il devrait songer à voir un médecin à ce sujet. Ca devenait embêtant. Il allait finir par s’endormir n’ importe où et n’importe quoi à trop faire l’idiot. Mais était-ce vraiment faire l’idiot ou simplement retomber dans la dure réalité des choses ? May avait beau essayer, quand il fermait les yeux, ça finissait toujours en trop de souvenir. Trop de sentiments. Des sentiments qu’il ne savait pas exprimer. Qu’il avait oublié. Parce que parfois, il y a des choses qu’il vaut mieux enfouir. May devait être grand et fort maintenant. Il devait avancer, être prêt. Il n’était plus tout seul. Pas le temps de pleurer. Pas le temps de se mettre en colère. Pas le temps de dire si oui, ou non, il avait été blessé.

« Oui ! May sera content de venir ! »

Le souci c’est que du coup, les choses superficielles étaient devenues parti intégrante de son caractère. Exagérer les choses qui font moins mal. Être trop joyeux, trop gentil, trop possessif, trop jaloux. Trop colérique. Oui, Apollo avait peut être eut raison de ne pas lui dire qu’il avait trouvé l’amour. Plus que d’en rire parce que l’amour n’existe pas, May n’aurait pas aimé connaître l’existence d’une rivale ! Enfin, ça ne l’aurait pas vraiment arrêté. Seulement, May n’était pas non plus profondément méchant. Cette annonce l’aurait sans doute freiné, dans le fond. Ne lui enlevons pas une des raisons pour laquelle il aime Miami, à savoir courir après un Apollo totalement aveugle xD.
Le Japonais se répéta plusieurs fois le mot Aspen, remuant les lèvres, pour être sur de maîtriser la prononciation exacte du mot. Aspen, Aspen, Aspen. Il ne remarqua pas l’hésitation de l’autre qui finit par lui demander pourquoi il travaillait ici ! Le japonais sourit.

« C’est amusant… Keisuke travaillait déjà dans un Host Club à Tokyo ! » Dit-il en se redressant. « Et Keisuke est bien payé ! »

Voilà les raisons qu’il s’était promis de donner à n’importe qui lui posant la question. Je suis cupide et en plus ça me rappel mon pays. Rien d’autre. La véritable raison, il ne la donnerait jamais. C’était trop précieux. Il devait protéger son secret. Le protéger des autres. Le protéger de sa mère… May c’était entraîné longtemps à mentir à ce sujet. Son visage ne montrait rien. Mais ses yeux parfois, brillaient un peu moins d’innocence et beaucoup plus de maturité dans ces moments là. Soit, il changea de sujet à son tour.

« Apollo-san était déjà venu dans un Host Club ? »

May parut étonné quand je lui avouai que je jouais de la batterie. Contrairement à la plupart des gens, en fait ! Mon look collait plutôt bien à ce monde artistique un peu destroy, et le fait de dire que je jouais de la batterie n'étonnait pas grand monde dans mon entourage. C'était un peu comme si j'avais dit guitare électrique ou basse... Des instruments bien "métal rock & cie". Et dans compagnie, je ne reprend absolument pas le jazz. J'en joue parce que c'est le seul groupe qui voulait me payer, pourquoi cracher sur l'occasion, hein ? Enfin, soit, je n'avais pas toujours été ainsi, physiquement. Petit, j'étais blond, pour commencer. Ensuite, feu ma maman américaine expatriée m'habillait à la mode BCBG des jeunes américains. Une véritable horreur. Heureusement que le rock avait sauvé mon adolescence, pas vrai ?!

- Vraiment ? May espère pouvoir entendre Apollo jouer, alors !

Grand sourire ravi. Digne d'une publicité pour dentifrice... J'avalai une gorgée de whisky, avant de sourire à... Keisuke.

- Dans une semaine, tu peux venir avec moi. A 20 heures au Club de Jazz.

Il sourit et changea de sujet, pour me parler du voyage à Aspen où je m'étais si bien amusé... et où j'avais trouvé l'amour. Ah, c'était tellement cul-cul la praline, de dire ça ! L'amour, j'avais toujours pensé que c'était un sentiment qui rendait con. Niais, de surcroit. Je me méfiais de Cupidon comme de la peste, et pourtant je m'étais laissé avoir comme un bleu. Hop, une flèche direct dans les fesses ! Ah oui, il m'avait pris en traitre, ce truc à plumes ! J'étais heureux, bien entendu... Mais mon image de type gore et effrayant allait en prendre un coup ! Déjà que l'autre jour, je m'étais habillé avec un pull BEIGE et un jeans BLEU pour aller en cours... Dingue, non ? Auparavant, j'étais un type sombre, intérieur et extérieur compris. Et maintenant ? Toujours... mais un rayon de soleil avait transpercé les nuages noirs, et faisait peu à peu place à la lumière. Écœurant, je sais.

- Au fait Apollo était à A… As… Hm. Asupeno ? C’était bien ?

- Aspen..., dis-je en souriant. Oui, c'était vraiment très chouette. J'aime bien, le ski. Et puis...

J'hésitai un moment, est-ce que je devais dire à May que j'avais une petite amie ? Curieusement, j'avais l'impression qu'il le prendrait mal.

- Enfin, non, rien. Au fait Keisuke, pourquoi travailles-tu ici ?

Pollo, tu es un lâche, mon ami. Je ne connaissais pas encore vraiment May, mais j'avais l'impression qu'il risquait de me faire une scène... Autant ne prendre aucun risque, hein ?

Parfois Apollo se demandait si May était totalement hétéro ? Qu’il lui demande franchement, May n’avait aucune honte à répondre ce qu’il était ! May est gay, à tendance bi. Il ne veut plus des femmes pour les longues relations mais ça ne le dérange pas de les draguer voir plus si infinité. Il s’en fou, ce n’est qu’un jeu. L’amour, les relations, tout ça il n’y croyait plus depuis longtemps. Déjà avant que son père ne tombe malade, l’exemple de ses parents mariés par intérêt ne l’avait pas aidé. Et la suite, catastrophe. Catastrophe totale. May ne croit pas en l’amour, ni au mariage. Il ne croit pas à la sincérité du cœur… Alors peut-être que oui, il a l’air innocent et naïf, mais non, il ne l’est pas. Il ne l’a jamais été et ne le sera pas dans le futur. Ce n’était qu’un jeu, tout ça. Il ne restait pas grand-chose qui retenait May aux « choses sérieuses » de la vie. Il ne restait qu’une chose. La chose pour laquelle il travaillait ici. La chose pour laquelle il restait en vie. La seule chose présente dans son cœur même s’il ne l’avait pas désiré.

Le japonais avait, pour sur, toujours ce qu’il voulait. Il y travaillait doucement mais surement, et quand il le fallait, il retenait son impatience. Après tout, May restait un gosse de riche. Même si en contrepartie il avait du se plier à beaucoup de règles étant jeune, il avait aussi sut apprendre la manipulation pour gagner. Prend des cours de piano ! D’accord mais je veux un jacuzzi. Travaille ton violon ! Oui mais j’ai besoin de nouveaux vêtements. Apprend ton français… J’ai envie de faire un tour à Paris ! Même en étant renfermé, il avait vu beaucoup de choses. Même en subissant parfois les brimades de ses camarades. Mais maintenant qu’en plus il s’était ouvert au monde, alors là ! Cataclysme Meiji Nakagawa. Ouragan May Willis. Je veux j’ai. J’ai-je veux plus ! Et là, tout de suite, depuis quelques temps déjà, il faisait une légère fixation sur Apollo. Il ne savait pas trop ce qui lui plaisait autant. Le côté totalement opposé entre son caractère et son look ? Son originalité ? Aucune idée. Mais depuis qu’il l’avait vu et bien… May vous trouve très beau, n’est ce pas ! Peut-être que simplement, Apollo au look si sombre était plutôt gentil, très gentil. May à l’air si lumineux était très noir… Trop noir. Soit, Apollo lui dit qu’il jouait de la batterie.

« Vraiment ? » Nouveau grand sourire. « May espère pouvoir entendre Apollo jouer alors ! » Pff, il lui disait de l’appeler Keisuke mais il ne faisait même pas l’effort lui-même xD…

« Au fait Apollo était à A… As… Hm. Asupeno ? C’était bien ? » Bon, on repassera pour le nom hein.

Mon jeune ami nippon émit un charmant rire cristallin avant de me confirmer qu'il connaissait bien le Black Jack mais y perdait sans arrêt. Je ne l'imaginais pas dans jouer à ce genre de jeux où l'argent coule la plupart du temps à flots, réservé le plus souvent aux adultes. Sans doute à cause de son apparente innocence. Apparente, parce que quiconque travaillerait dans ce genre de club l'aurait perdue depuis longtemps... Je m'étais toujours imaginé May comme un petit garçonnet fragile, qu'il faudrait protéger du monde extérieur. Et après tout, n'était-ce pas là l'image qu'il donnait de lui, la plupart du temps ? Ses petites moues boudeuses, ses gestes enfantins, sa façon d'agir... Tout reflétait l'innocence chez lui. Innocence perdue. Tiens, justement, le voilà qui recommençait ! Il pencha la tête sur le côté, comme un petit animal malheureux que ses maîtres auraient abandonné derrière les barreaux de quelque refuge... Comment ne pas craquer, avec un bonhomme pareil ? May devait obtenir des gens un peu près ce qu'il voulait, avec des attitudes pareilles... Et moi ? Bah, j'essayerais de faire exception à la règle ! Quand je réalisai, qu'en fait, il venait de réussir à me trainer dans un Host Club, je soupirai. Super départ, Pollo ! Fail... Try again !

- Qu'est-ce que vous faites comme travail ?

Ses yeux noirs me fixaient intensément, si bien qu'on aurait pu penser qu'il allait se jeter sur moi et me dévorer tout cru. Je lui déconseillais fortement de faire ça, je devais avoir un goût horrible... un peu relevé par l'amour, peut-être ? Parfois, je me demandais si May-Keisuke était entièrement hétéro, vu comme il me regardait à certains moments. Soit... Comme travail ? Oh, ce n'était pas à proprement parler du travail, plutôt une passion lucrative.

- Je joue de la batterie dans un groupe de jazz...

J'avais commencé à pratiquer la batterie à l'âge de 6 ans, après avoir entendu un solo exceptionnel du batteur d'un vieux groupe finnois à la télé, avec mon père. Je m'étais tellement extasié qu'il avait décidé de m'offrir une batterie pour Noël. Un tel geste de sa part m'étonne encore aujourd'hui, quand j'y repense, mais c'est un des meilleurs souvenirs que j'ai de lui. Peut-être un des seuls que je veux bien garder de mon enfance. Quant au jazz... Bah, c'était à défaut d'autre chose d'un peu plus rock !

Mais il faut le comprendre ce pauvre barman ! Les gens avec qui May passait ses soirées n’était pas du tout comme Apollo jusque là. Il y avait principalement des femmes contrairement aux apparences. Des femmes riches, seules, abandonnées par leurs époux. Peut-être même des politiques, qui sait. May n’y connaissait rien. Il se contentait de leur sourire et de les traiter en princesse. C’est ce qu’elles venaient chercher en passant les portes du Host club. De la considération de la part d’un jeune homme, qui leur sourit et les écoutes parler. Qui les complimentes. Cette partie là du travail, May aimait bien. Ca l’amusait beaucoup. Il avait l’impression d’être un acteur et c’était très amusant. Le japonais n’avait vraiment aucune considération pour la femme cependant. Parfois, il avait des clients, hommes n’assumant pas leurs choix, mariés ou non. May trouvait ça très amusant aussi. Il y avait aussi de simples touristes très intrigués sur ce que pouvait être un Host Club. De tout. Mais pas des gens comme son camarade de classe. Jamais. Donc c’était surprenant.

Le japonais avait donc servit le verre du plus grand, ne quittant pas son sourire. Ca lui faisait plaisir. Il était content de passer du temps avec Apollo alors aucune raison de tirer la tronche ! Et oui, c’était aussi une phrase d’Host sauf que… ça l’intéressait vraiment ! Cette fois son « client » était un ami. Donc, ça ne se passait pas comme il en avait l’habitude. Apollo lui répondit en parlant de Black Jack. Là, May eut un petit rire amusé.

« Oui May connait bien. Mais May perd tout le temps à ces jeux là. »

Enfin, il le faisait peut être exprès. Il était bon en maths et il avait plutôt de la chance. Mais ce n’était pas marrant de gagner ! Surtout que lorsqu’il jouait c’était avec l’argent de sa mère. Donc, plus il perdait, plus c’était mauvais pour sa mère, plus May était content.

« Qu’est ce que vous faites comme travaille ? » demanda-t-il en penchant la tête, détaillant de ses orbes noirs Apollo. Limite il le dévorait xD... Dans ces moments là on comprenait bien que même si May parlait comme un enfant et souriait tout le temps, il était tout à fait adulte.

Décidément, le chemin jusqu'au bar était semé d'embuches, pour May ! Enfin... Keisuke. Je l'observais de loin, et je vis que le barman à qui il parlait me désignait du menton en lui disant quelque chose. Je n'aimais pas du tout quand les gens parlaient de moi aussi "discrètement", c'est un fait. Il fut un temps où ma colère l'aurait emporté sur ma raison et où je lui aurais sauté dessus sans plus de transition. Enfin, j'avais appris à me contrôler depuis ce funeste jour en Finlande... Pour éviter tout nouveau débordement. Donc, je ne bougeai pas, calme et patient. Une jolie demoiselle brune perchée sur des talons d'au moins 14-15 cm passa devant moi en remuant des hanches et me fit un clin d'œil charmeur. Je ne pus m'empêcher de lui sourire. Bah quoi ? C'est pas grave si je matte un peu, hein non ? Si...? NON. Oh Pollo arrête les dialogues schyzo, et concentre toi sur autre chose ! Justement, May revenait vers moi, le verre à la main. C'est alors qu'un gros type l'attrapa par la taille, bien décidé à me le "voler" pour la soirée. Il se dégagea comme un petit poisson se faufilerait hors des griffes de son prédateur - enfin, des mâchoires, en l'occurrence - et me rejoins sur le canapé. Le gros nous fixait d'un air fâché, et je soutins son regard d'un air mauvais jusqu'à ce qu'il s'en aille. Non mais ! May me tendit mon verre de whisky.

- Et voilà ! Alors qu’est-ce que vous faisiez ici avant d’arriver ?

Ça aussi, c'était une question de Host ? Parce qu'il avait drôlement bien dit ça, le petit May... Normalement, je ne pouvais pas répondre à sa question, étant donné que le club organisait ça en noir et seulement pour les initiés. Mais ce n'était pas May qui allait les dénoncer à la police, c'est pourquoi je décidai de lui dire.

- Moi aussi, je travaillais. Enfin, seulement deux heures. Puis j'ai joué au Black Jack dans le club où je bosse. Tu connais, le black Jack ?

Un pseudonyme pour se cacher ? Peut-être. En fait, quand il avait commencé trois ans plus tôt, on lui avait demandé de choisir un nom de scène. Il avait choisit Keisuke. Pour tout vous dire, il avait choisit Keisuke pour un personnage de manga qu’il aimait bien. Aucun rapport donc. Il aimait juste ce prénom. Keisuke, c’était joli. Il n’avait jamais pensé à avoir un pseudonyme pour s’imaginer que Meiji Nakagawa ne serait pas souillé par ce qu’il faisait. En fait ici, il aurait pu garder May. M’enfin, il avait tellement l’habitude de Keisuke. Mais en grandissant, il avait un peu comprit. Être Keisuke, c’était beaucoup plus simple vu ce qu’il faisait. Parce que les clients ne devaient pas savoir son prénom. Mais c’était con, May draguait tellement de gens en leur disant son vrai prénom… Ca revenait presque au même. Bref. Ils étaient donc installés sur le canapé.

Il n’avait pas vraiment menti à Apollo. Il ne savait pas du tout quel genre de client pouvait arriver. Des fois, certains commandaient mais aujourd’hui il était arrivé un peu en retard donc… Râté ! Ainsi, peut-être que quelqu’un de mauvais aurait pu le demander. Dire non c’était impossible. Pour coucher, oui, May pouvait dire non ce n’était pas dans son contrat d’Host, mais il ne contrôlait pas toujours tout. Soit, il demanda ce qu’Apollo voulait boire, il finit par enfin lui répondre, ajoutant que si il avait un problème il devait surtout ne pas hésiter à lui en parler. A lui demander de l’aide. May répondit par un sourire et un « Hai ! », signifiant oui, qu’il ne contrôla pas. Il fila ensuite. Sur son chemin, certains clients l’appelaient en effet, Ma y restait poli, souriant.

Il arriva finalement au bar où il commanda ce que voulait Apollo, le barman lui faisant remarquer que c’était un client inhabituel qu’il emmenait ce soir. « Oui, mais Apollo-san est très gentil ! May est content de l’avoir comme client ce soir… » Répondit-il simplement en prenant le verre et en faisant demi-tour. Il tomba nez à nez avec un client qui le choppa par la taille mais il s’enfuit avec une agilité impressionnante avant d’à nouveau se poser à côté d’Apollo. Tant pis pour le client. Surtout que vu comment il les fixait maintenant, il attendait juste que l'autre parte pour profiter de May.

« Et voilà ! Alors qu’est ce que vous faisiez ici avant d’arriver ? »

Alors que je lui demandais si sa "profession" n'était pas dangereuse, May posa son doigt sur mes lèvres afin de me faire taire.

- Ici, May est Keisuke.

Il m'adressa un sourire ravi et m'entraina par la main dans un coin plus calme. Keisuke ? Je me doutais que son nom de scène n'était pas là pour faire joli, je n'étais pas né de la dernière pluie. Peut-être faisait-il comme... les prostituées ? Il se donnait sans doute un autre nom pour avoir l'impression que sa vraie personne n'était pas souillée par ce travail, que May ne faisait rien de dégradant. Qui sait ce qu'il peut bien se passer dans la tête d'un jeune homme comme May, après tout ? J'essayai de me mettre à sa place un instant et me dis que moi aussi, je choisirais probablement un pseudonyme. Il avait probablement besoin d'argent, le mignon petit nippon. J'avais bien connu cette situation, en arrivant à Miami de mon pays européen nordique. Sauf que je m'étais contenté de jouer de la batterie dans un groupe et de bosser le soir dans un café de la ville. May me fit asseoir sur un canapé de velours à l'écart de la foule et s'installa à mes côtés, sans se départir de son sourire ravi.

- C'est pas dangereux, Apollo ne s'inquiète pas pour May ! Qu'est-ce que vous voulez boire, Apollo-san ?

Du début à la fin de sa phrase, son anglais avait évolué. C'est le métier qui rentre, comme me disait mon patron au bar... Je soupirai et décidai de rester. Je n'avais pas spécialement envie de passer la nuit ici à me saouler comme un vieux dégueulasse, mais la perspective de laisser May en compagnie des fameux "méchants clients" me répugnait. Je ne savais pas si c'était réel ou s'il avait dit ça pour me faire entrer, mais son coup avait marché à la perfection. Je regardai autour de moi, suivant des yeux une jeune femme en robe extra-courte, blanche et en cuir. Très... chic ? Ou pas. Mais sexy, ça oui.

- Bon... ben on va dire un whisky sur glace. Hé, May ! Surtout n'hésite pas à me demander mon aide, si un jour tu en as besoin... d'accord ?

Je le regardai s'éloigner vers le bar et enlevai ma veste. Autant me mettre à l'aise, si je voulais rester ici un moment. Des hommes d'âge mur apostrophaient May, comme s'il était leur chien ou à leur service, et cela m'énerva. J'avais envie de leur en coller une, de les secouer et pourquoi pas de les clouer au mur ?! Cependant, je ne voulais pas faire de tort à mon ami et ne bougeai pas de mon siège, patient. Je redressai distraitement ma crête, attendant le retour du jeune host.

May avait visiblement gagné ! Ahah ! Il était tout fier de lui en emmenant Apollo avec lui à l’intérieure. D’ailleurs les autres le regardait curieux, c’était pas du tout le genre de personne que May ramenait d’habitude. A l’entrée, des cadres avec les photos des hosts trônaient pour que les clients puissent choisir. Celle de May était suivit de l’indication « Host n° 1, Keisuke ». Il n’en était pas peu fier. Le numéro un gagnait beaucoup d’argent, en plus de ça, il portait le plus beau costume et ça voulait aussi dire qu’il était simplement le meilleur de sa catégorie. Ils arrivèrent dans le salon principal, c’était classe, sobre, dans un décor design noir, pourpre et blanc. Assez claire même si la lumière était tamisé. Rien d’effrayant. Mais Apollo lui demanda quand même. May se tourna vers lui et posa son indexe sur les lèvres de l’autre.

« Ici, May est Keisuke. » Lui fit-il savoir avant de sourire.

Il reprit alors sa route et se stoppa devant un canapé confortable, dans un coin calme. C’était aussi un « avantage » de sa position, surtout que normalement ses clients payaient pour passer beaucoup de temps avec lui. Donc buvait beaucoup, et devenaient rapidement bruyant. Puisque pour garder un host, il faut consommer. Bref, il s’assit finalement à côté du plus grand, son énorme sourire ne le quittant pas, il était vraiment, mais vraiment content de le voir !

« C’est pas dangereux. Apollo ne s’inquiète pas pour May ! Qu’est-ce que vous voulez boire Apollo-san ? »

Ah bah ça pour dire les phrases communes d’Host il avait fait de gros progrès ! Conjugaison et drague, ça sonnait pareil pour lui ! Même si son accent faisait qu’il plaisait particulièrement. Ou le côté petit asiatique adorable ? Ou le fait qu’il était le seul véritable Host, venu de Tokyo, ici ? Qu’est ce qui plaisait vraiment chez May Willis ? Tout, et rien, dirons nous.

May me regarda, l'air de ne pas trop comprendre ce que je disais. Ensuite, il pencha la tête sur la droite en m'adressant une moue boudeuse d'un enfant de 4 ans...

- Plaisante ? Non… Apollo ne veut pas boire un verre avec May ?

- Euh... Ce n'est pas ça, mais...

Je n'eus pas le temps de finir de protester qu'il me coupa, tout en me secouant la main qu'il avait prise dans les siennes. Curieusement, elles étaient beaucoup plus petites et fines que les miennes... Moi, j'étais en quelques sortes disproportionné, du haut de mes presque 2 mètres. May, à côté de moi, semblait minuscule.

- May n’a pas vu Apollo depuis longtemps ! May n’a pas envie d'aller avec les clients méchants !

Clients méchants...? J'étais sûr que ma tête valait tous les Oscars à elle toute seule, à cet instant précis ! May, sans prendre en compte davantage mon avis me traina à l'intérieur de son club. A l'intérieur, ce n'était pas aussi terrible que ce que j'avais imaginé. Pas de menottes au mur ni de jeunes hommes attachés à une chaine au milieu de la piste, hm ! Bon, je plaisante, mais ce n'était pas loin de ce que je m'imaginais... Or, le Host Club de Miami était en apparence un endroit tout à fait normal. Un bar, des hôtes et hôtesses charmants sous tous points de vue, plusieurs podiums, des canapés moelleux... Pour m'en assurer, je demandai tout de même des précisions à May, qui me tenait toujours par la main.

- Dis-moi, May-kun, est-ce que tu me le dirais si c'était... dangereux ? Je veux dire, de travailler ici ?

Apollo avait l’air totalement choqué que May travaille ici. Mais pour l’asiatique rien de grave. Non il n’était absolument pas majeure mais il faisait ce travail depuis trois ans maintenant il avait l’habitude ! Ca payait vraiment bien. On ne lui demandait pas grand-chose et ça lui faisait apprendre l’anglais : ses clientes adoraient apprendre l’anglais à leur adorable Keisuke. Donc ça avait de bons côtés n’est ce pas ? Bon, il y avait aussi le côté horrible. Se faire de l’argent sur son corps, pouvoir tomber sur des personnes violentes. May en avait connu ces côtés là aussi évidement. Mais au diable la raison. C’était un peu sa manière à lui de se sentir en vie. Qui avait dit que May Willis était quelqu’un de simple ? Bref, alors qu’il traînait doucement mais sûrement Apollo vers sa deuxième maison, ce dernier se stoppa totalement en lui demandant si il plaisantait.

« Plaisante ? Non… Apollo ne veut pas boire un verre avec May ? » demanda-t-il avec une petite moue en penchant la tête sur la droite.

Il lui tenait maintenant la main et on aurait dit un bébé. Après tout il n’était pas majeure non. Vacciné oui, majeure non. Mais sa mère se souciait bien peu de ce que faisait son fils et elle savait qu’elle avait plutôt intérêt à ne pas interférer. Et puis May faisait tout cela pour une bonne raison aussi. Il ne faudrait pas essayer de s’en prendre à son travail. Il jouait l’enfant innocent mais, il en était à des années lumières. En y réfléchissant bien, May n’avait jamais été cet enfant là. Bref, il se remit à tirer sur la main de son Fantasme préféré.

« May n’a pas vu Apollo depuis longtemps ! » Essayons la culpabilité... « May n’a pas envie d'aller avec les clients méchants ! »

Quand le petit May m'aperçut, un sourire éclaira son visage et il s'exclama, apparemment très content :

- Apollo-san !

Il me saisi le bras et détailla ma nouvelle coiffure. Je souris, repensant au barman du Pot Au Lait que May regardait d'un air horrifié. Si la vue des crânes rasés le dérangeait, il allait être servi... Mais il ne se détacha pas de son sourire engageant et répondis à ma question.

- Non non, May travaille ici. Apollo venez boire un verre avec May s’il vous plait !

J'hésitai entre rigoler et m'étrangler, mais déjà May me trainait vers le club, pas décidé à me laisser partir. Donc, il ne devait pas plaisanter... Hein ? Oh, pourvu qu'il plaisante ! Je l'aimais bien, moi, ce petit japonnais ! Je n'avais pas envie qu'il risque sa peau dans ce genre d'endroits bien trash ! Je freinai des quatre fers et lui demandai, horrifié :

- Quoi ? Tu plaisantes ? Mais... !!!

Oui, je sais très bien m'exprimer quand le besoin s'en fait ressentir. Mettre des mots sur ce que j'éprouvais n'était pas évident. J'avais envie de protéger May, mais bon, il était majeur et vacciné... Enfin... J'espère !!! AAAAAAAAAAAH !

A l’intérieur, en surface, il ne se passait rien. Rien de trop étonnant. Des canapés, un décor intimiste, des jeunes gens tenant compagnie à leur client. Les faisant boire, les complimentant, recevant des cadeaux. Les Host étaient un peu les petits-amis parfait dont ces clients rêvaient. Parfois, un client voulait aller plus loin, proposait beaucoup d’argent et là, si l’Host disait oui alors, ça allait beaucoup plus loin. May ne disait que très rarement non à ces clients là. Il avait besoin d’argent de toute façon et il refusait seulement quand la personne était vraiment trop moche ! Pour tout l’or du monde, il n’irait pas. Fallait pas pousser mémé dans les orties, comme on dit, hein ! Soit, il était dehors et regardait rapidement l’heure. Plus vite il trouverait un client le mieux ce sera… Et quelle ne fut pas sa surprise quand il entendit la voix de…

« Apollo-san ! » S’exclama-t-il tout content en venant vers lui.

Un énorme sourire aux lèvres, le nippons attrapa le bras de l’autre, observant sa nouvelle coupe de cheveux. Il l’avait rencontré avant qu’il parte en voyage alors il devait profiter de le revoir maintenant ! Ca lui allait plutôt bien ! Aussi étrange que ça puisse paraître, ce style là qui n’attirait pas forcément May lui plaisait particulièrement sur Apollo. Une idée commença à germer dans l’esprit de l’Host qui continua de sourire pleinement – après tout il était vraiment content de le voir là.

« Non non, May travaille ici. Apollo venez boire un verre avec May s’il vous plait ! »

Attaque des petits yeux adorables, le tout sans lâcher son bras. Bah non, il ne le lâcherait pas, il voulait qu’Apollo passe du temps avec lui ! Comme ça, il pourrait concilier travail et plaisir. Ils ne s’étaient pas vu depuis longtemps ce serait l’occasion de parler ! Il voulait vraiment qu’Apollo lui dise oui ! Il ne lui laissait pas le choix en plus, vu qu’il commençait déjà à le tirer, tranquillement, vers la porte xD.

Comme tous les mardis soir, j'étais en ville dans un club de jazz, qui organisait en douce des parties de Black Jack totalement illégales. J'y jouais de la batterie dans un groupe, histoire de me faire un peu d'argent à rejouer aux tables directement après. J'aimais le Black Jack, mais je ne gagnais pas souvent. J'étais intelligent, j'aurais très bien pu compter les cartes... mais gagner en trichant n'a jamais figuré au top de mes activités favorites. Soit, le "concert" débutait à 20 heures, et à 22 heures, notre groupe laissait la place à un blues-man, me laissant aller m'amuser. Cela faisait à peu près 1 heure et demi que je jouais à la table d'une vieille trop maquillée et d'un punk un peu louche - un peu comme moi, quoi... - et j'avais gagné pas mal, pour une fois. Je comptai mon argent fraichement gagné, l'empochai et fis un signe de la main au patron avant de déguerpir. Demain, il y avait cours... et pas question de les manquer - bah quoi ?! Les quartiers de Miami où je devais passer n'étaient pas forcément les plus fréquentés, mais ils l'étaient bien plus mal que les autres. Je ne me faisais personnellement pas de soucis, personne n'osait m'agresser, encore moins depuis que j'arborais ma longue crête relevée à la punk, mais je n'aurais pas aimé être une femme seule et devoir y aller. J'allumai une cigarette tout en marchant vers l'école. L'idée me vint à l'esprit que je fumais de plus en plus souvent, et qu'il allait falloir penser à diminuer si je ne voulais pas faire fuir Lena - mon adorable petite amie ♥ - à cause d'une haleine de tabac froid... Enfin, le mardi après partie, pas question d'y renoncer ! Je tournai à l'angle d'une rue malfamée et arrivai dans la rue du Host Club. J'aimais passer devant cet endroit en observant les clients, qui étaient pour la plupart des gens "respectables" qui venaient tromper leur femme à qui mieux mieux. Le mariage... tu parles d'un engagement ! Je trouvais ces types immondes, d'autant que l'on racontait que ce qu'il se passait à l'intérieur de ce club se passait parfois avec de jeunes hommes à peine majeurs. Pourquoi épouser une femme s'ils étaient branchés jeunes mecs, hein ? Je soufflai une bouffée de fumée quand j'aperçus devant l'entrée un jeune nippon qui ne m'était pas inconnu. Je réfléchis vite fait, histoire de remettre un nom sur son visage - ce qui n'était pas chose aisée, en ce qui me concernait - et l'abordai en souriant.

- Hey, salut May ! Ne me dis pas que tu es client ?

J'étais plutôt étonné de le voir là, le petit May. Avant de partir à Aspen, je l'avais croisé pendant un jogging, au parc, et il m'avait semblé plutôt "sain" d'esprit, bien dans ses pompes... Quoi que, venir s'amuser entre amis ici n'était pas de la déchéance à l'état pur, m'enfin. J'écrasai mon mégot contre la semelle de ma chaussure de sécurité - pompes de travail avec bout en fer en prime, on ne sait jamais ce qui peut vous tomber sur les orteils ! - et souris à May, attendant sa réponse.

Une nuit de plus pour travailler. Une nuit que May préparait comme toutes les autres. D’abord, il fallait prendre une douche. Ensuite, sélectionner le bon costume. Quelque chose de classe, mais de mode, sans oublier ensuite la coiffure. Le mieux était aussi de souligner ses yeux avec un peu de khol mais, May ayant des traits asiatique, et les autres Hosts étant européen, il n’était pas obligé. Tant mieux, un jour il finirait par se tuer à jouer les maquilleurs sur lui-même. Les autres ça allait, mais lui, il en était à se crever les yeux chaque soir, limite ! Mais pas ce soir, il en avait marre de risquer sa vie avec du crayon. Le brun soupira en ajustant sa cravate, vérifiant que tout était parfait le concernant. Après un sourire, il se confirma qu’il était parfait – bah oui. Et sortit de sa chambre pour glisser vers la sortie. Oui, glisser, on évite de faire du bruit quand on sort aussi tard, quand même, non ? Il finit par passer les grilles.

May aimait marcher avant d’arriver au travail. Il prenait toujours le temps pour ça. Malheureusement impossible d’allumer une cigarette : l’odeur ne devait pas entacher sa perfection n’est ce pas. Mais ça lui permettait de réfléchir à beaucoup de chose. A continuer à s’organiser. Il se disait que juste les dimanches, ce n’était pas assez pour Le voir… Mais, c’était très difficile de faire autrement lorsqu’on doit aussi passer pour un jeune normal. Soit, la ville se profila, les bas quartiers s’animant puisque la lune était maintenant haute dans le ciel. Il s’y était habitué, et May ne risquait plus grand-chose. Il tourna, une rue, un boulevard, puis les lumières de son club. Le seul Host Club de Miami n’avait pas mit beaucoup de temps avant de connaître son succès. Il y avait bien sur quelques hôtesses mais étrangement c’était les hommes qui marchaient le plus. May commençait même à avoir de plus en plus de client masculin.

Le seul souci avec eux, c’était qu’il était beaucoup moins objectif qu’avec les femmes. Bref, il entra, saluant ses congénères qui s’affairaient. Il y avait déjà du monde et son patron fonçant sur lui en criant lui fit penser que peut être il était en retard. Sa montre… Oui, il était en retard. Mais il était aussi le numéro 1 du club et le plus cher donc il avait bien le droit d’être en retard, na ! Le brun soupira et s’assit sur un canapé vide de client et de monde, il faisait toujours ça avant, pour repérer un peu les différents profils de la soirée. Sauf que cette fois son patron le mit de « corvée de ramassage » soit :

« May ! Puisque tu es en retard, va chercher du monde dehors. Ton premier client à annulé. Ca t’occupera. »

Ah, quelle tristesse. Pas grave. Le brun sortit prendre l’air frais qu’il avait quitté quelques minutes avant. Maintenant, l’exercice consistait à chopper un client et l’emmener boire à l’intérieure ! Go Go Go May ! Euh… Keisuke. Son nom d’host étant Keisuke. May, tu as trop de prénoms!