[FINI] Chuuut, tu vas réveiller les morts ! |Pv Keziah|

Chut, tu vas réveiller les morts.

Zacchary M. Durden & Keziah Cooper.

Pendant un instant, je doutais. Zac ne me suivait pas, il restait planté là, l’air hyper gêné. Avais-je abusé ? Peut être sa proposition était de la politesse pure, et que je n’aurais pas du l’accepter ? Ca ne ressemblait pas au peu que je connaissais de Zac.

Peut être, lui aussi, se perdait-il dans de belles idées ? Non, ça, c’était encore moi qui me faisait des films.

Je ne compris pas cet air, cette façon de rester en plein milieu du couloir, comme prostré. Puis il finit par me rattraper, sans un mot jusqu’à sa chambre.

Une fois devant, Zac ne souriait plus. Il avait été étonnamment concentré et sérieux sur le chemin, et le restait encore, ce qui ne m’aidait pas. J’avais beau retourner et décortiquer chacun de mes faits et gestes, chacun de mes mots, mais rien ne ma part ne pouvait expliquer un tel sérieux, si soudain.
A peine il ouvrit la porte que j’entendais les ronflements de son, ah non, ses colocataires. Et quel boucan. Pas étonnant que Zac s’attaque à la tequila avant de se coucher, j’avais rarement entendu des ronflements aussi sonores.. Vivement Zac m’attrapait. Son contact créa une drôle de sensation, là où mon coeur devait se trouver. Je me concentrais pour l’oublier, alors que Zac.. M’enfermait dans la salle de bain ?

Décidément, ce type était au moins aussi barré que moi apparemment. Et une nouvelle fois, il me demanda de lui faire confiance. Je lui souris, et je pensais avoir le temps de lui répondre quelque chose, mais il disparut dans la chambre, en fermant mal la porte qui la reliait à la salle de bain. Je me faufilais, doucement, et regardait par l’entrebaillement ce qui se passait de l’autre côté.
J’entendis Zac hurler, ses colocs se lever précipitamment. Je me mordis la lèvre pour retenir un éclat de rire, non sans peine. Les voir partir, l’un en courant, l’un à cloche pied avec ses béquilles à la main, était plus que comique.

Zac sortit quelque chose, le posa devant la porte. Cela m’intriguait, mais je me retournais, cessant mon espionnage pour me tourner vers le miroir.

J’avais, à mon habitude, les cheveux un peu ébourriffés, dans le genre coiffé/décoiffé. Mes joues étaient légèrement rougies, sans que j’identifie réellement la cause de ceci. Le pull de Zac, dix fois trop grand pour moi, retombant légèrement, découvrant une épaule droite nue. Je ne le remis pas en place. Je ressemblais à une fille qui venait de se réveiller, à côté d’un mec, et qui vérifiait si elle était aussi acceptable au réveil qu’au moment où il l’avait ramené chez lui.

J’avais fini mon inspection lorsque Zac revint me chercher.. Pour me faire une proposition aussi tentante que gênante. Et déconcertante.

Il se rendait compte de ce qu’il proposait ? Rester ici, seule, avec lui, toute la nuit ? En même temps, il est vrai que j’avais passé la majeure partie de ma nuit seule avec lui, outre l’épisode des gardiens. Mais dans une chambre.. Je secouais doucement la tête, baissant le menton, un petit sourire aux lèvres, amusée de ma bêtise. Une chambre ou un toit, ça ne changeait rien après tout.

J’avançais donc dans la pièce, tournant un peu sur moi même, détaillant la pièce. Des posters de mannequins en maillots, des ballons, des fringues qui avaient été rangés à la va vite. Je cessais cette demi inspection, ne voulant pas mettre Zac mal à l’aise. Après tout, ma chambre, elle n’était composée que de cartons actuellement..

Je m’assis, lourdement, sur le lit qui rebondissait légèrement. Je riais, comme une enfant, et restait là, assise en tailleur. Je saisissais un coussin que je serrais contre moi, posant mon menton dessus, fixant toujours Zac, à qui je fis un doux sourire.

Ben approche bêta, je mords pas. Sauf si tu me cherches, ajoutais-je avec un clin d’oeil.

Je regardais à nouveau autour de moi, un peu gênée. Après tout, j’avais beau faire la grande, je ne m’étais pas retrouvée souvent dans la chambre d’inconnus. Je ne m’étais pas souvent retrouvé dans la chambre de garçons tout court en fait. C’était trop intime, trop personnel. Je n’étais pas douée pour partager l’intimité des gens..

Perdue dans mes pensées, je finis par me rendre compte que je mourrais de chaud dans la chambre, bien mieux isolée et chauffée que le toit ou la cafétéria.
J’ôtais alors le pull de Zac, ce qui releva légèrement mon débardeur, dénudant une partie de mon ventre et de mon dos..

Chut, tu vas réveiller les morts.

Zacchary M. Durden & Keziah Cooper.

J’étais clairement beaucoup trop fière de mon incroyable talent d’actrice !

Puis c’était étonnant, un peu étrange, mais sentir le regard de Zac derrière moi était.. agréable. Je l’imaginais, au début se moquer de moi, et de ma piètre performance, bien qu’elle fut efficace. Puis je me surpris à songer à un autre regard, à une autre sensation. A son regard qui détayait chaque centimètre de mon être.
Et je rougis, bêtement, quand il sortit de sa cachette. Il s’était probablement juste caché, apparemment pas dans le recoin le plus propre de la pièce, et point. Rien d’autre.

Mini 006, sérieusement ? Pff, tu ne reconnais pas le talent quand tu le vois !

Je relevais le menton, faussement boudeuse. Puis je finis par le regarder, avec une petite moue, taquine, souriante. J’avais envie que mon jeu marche aussi bien que sur les gardes. Mais pas pour le faire partir. Oh non, je ne voulais pas faire partir Zac, jamais.

Le grand brun s’inclina, me faisant un clin d’oeil qui me fit rougir.

Alors qu’on sortait, en catimini, dans un couloir sombre et désert, il me proposait de passer par son dortoir. Ou de l’attendre là, toute seule.
Très sincèrement, l’idée de rester dans les couloirs de l’école, seule, la nuit, ne me plaisait pas. Tout autant que l’idée de le laisser partir sans moi à vrai dire.

Je me tournais vers lui, faisant semblant de le renifler.

C’est vrai que tu pues , tu pourrais même pousser jusqu’à une douche non ?

Je riais, doucement, bêtement fière de ma mauvaise blague. Après tout, si on ne pouvait plus se taquiner, on risquait de s’ennuyer sévèrement.
Je restais à bonne distance de lui, à contre coeur. L’huile de friture, ou la substance visqueuse qui s’était imprégné sur son tee shirt me calmait dans toute envie potentielle de me blottir contre lui. Je souris, contente d’avoir un garde fou, même un celui odorant que les tâches étranges qui constellaient Zac.
Je me surpris, de nouveau, à me faire des films. Zac et moi ? Dans son dortoir ?
Il avait probablement un coloc, et ne me ferait pas entrer. Non, évidemment, je resterais dans le couloir, attendant qu’il se change. Evidemment, je n’attendrais pas qu’il sorte de sa douche, assise sur son lit. Evidemment, je ne le verrais pas, les cheveux trempés, sortir torse nu de sa salle de bain. Evidemment que non.. Mais alors, pourquoi aller se changer ? Pourquoi ne pas se coucher ? Pourquoi ne pas se séparer maintenant ? Peut être, avec un peu de chance, qu’il n’en avait pas envie non plus. Cette pensée me ravie, je lui souriais derechef.

Tu pues bien trop pour que j’accepte que tu restes comme ça. Et même si je suis bien meilleure que toi pour jouer à 007.. Ces couloirs me collent la chair de poule, je te suis !

Je m’avançais dans le couloir, quelques mètres devant Zac, puis m’arrêtais. Je pivotais uniquement mes épaules et mon cou, tournant la tête vers mon compagnon, avec un sourire. J’étais fatiguée, et pourtant, l’adrénaline me faisait tenir debout comme pas deux. J’étais ravie de ma première nuit à l’école. Ravie aussi de la personne avec qui je la partageais..

Alors, tu viens ?, l’apostrophais-je, avant de me mordiller doucement la lèvre inférieure, en lui faisant un signe de la main.

Chut, tu vas réveiller les morts.

Zacchary M. Durden & Keziah Cooper.

L’inox froid sur ma peau n’avait pas tardé à se faire sentir. Désagréable sensation qui m’arracha un nouveau frisson.

Je ne devais pas être discrète, Zac, réagit instantanément. Il ôta son énorme sweat, et le passa autour de ma tête, sans plus de formalités. Je l’avais refusé quelques heures plus tôt, je m’y blottis sans modération. Porté par Zac, le sweat était doux, chaud, il s’en dégageait une odeur rassurante. J’enfilais les manches, et me levait. Le sweat était drôlement long, cachant mon short. On aurait pu croire que j’étais nue en dessous sans aucun problème.

Beurk, pas encore le sac à patate, ce n’est pas comme ça qu’on porte une dame comme moi très cher.

Je mimais une révérence, comme si le sweat était une robe de gala.
J’éclatais de rire, ravie de ma bêtise.

Sauf que l’inox, c’est une matière glaciale. Et l’inox , ça résonne. Beaucoup. 007, version bêta. Je m’arrêtais de rire, n’accordant plus d’importance à Zac, qui me dévisageait sans aucune retenue. C’était plaisant après tout, son regard, son sourire, sur moi, pour moi. Bref, passons. On avait un soucis un tout petit peu plus important.

Des bruits de pas vinrent vers nous. Rapides, sonores. Merde alors, les surveillants de couloirs nous avaient entendus.

Zac, baisse toi, chuchotais-je en appuyant sur l’épaule du grand brun. La porte s’ouvrit, en grand. Deux surveillants m’aveuglèrent avec leur lampe torche. Et merde. Bon, impro.

Je passais une main dans mes cheveux ébouriffés, en tirant le sweat vers le bas. Il me fallait avoir l’air d’une fille à demi endormie, sortie à peine du lit.

Qu’est ce que vous faites là mademoiselle ?

Je fis au premier surveillant un petit sourire, timide. Je restais à bonne distance de lui, qu’il ne sente pas une potentielle odeur de tequila. Relevant doucement les yeux, je fixais celui qui m’avait adressé la parole.

Je suis désolée, je me suis sentie mal. Je fais beaucoup d’hypoglycémie, et je ne savais pas trop où aller. Je cherchais juste un morceau de sucre, pour faire passer..

J’avais cette petite voix de femme enfant, mi innocente, mi charmeuse, accompagné de ce fameux sourire “s’il te plaît”, irrésistible. Je le savais, Zac se allait se foutre de moi, et copieusement, dès que les surveillants auraient quitté la pièce. Mais je m’efforçais de ne pas penser au grand brun, caché derrière la cuisinière, juste derrière moi. Je m’efforçais, comme depuis quelques heures, de ne pas trop le laisser entrer dans mes pensées. Allez vous en, pensais-je à l’encontre des surveillants.

Et vous avez trouvé mademoiselle ? Vous voulez qu’on vous accompagne à l’infirmerie ? Ou jusqu’à votre chambre ?

Haha, le numéro avait royalement marché. Top. Je refis un petit sourire, timide.

C’est adorable, mais ne vous embêtez pas, ma chambre est juste au dessus de la cafétéria, je ne risque rien. Encore merci messieurs.

Ils sortirent, avec un dernier regard à mon encontre, plus tournés vers mes jambes nues que vers mon visage, mais peu importe. Je laissais les bruits de pas s’éloigner avant de me retourner vers la cachette de Zac, tout sourire.

Allez, c’est qui 007 maintenant ?, lui demandais-je, fière comme un pou.

Chut, tu vas réveiller les morts.

Zacchary M. Durden & Keziah Cooper.

C’était une véritable expédition.
Je me retenais d’éclater de rire à chaque pas. Comprenez moi aussi !

Déjà, la nervosité. Oui, j’étais du genre insupportable qui rigole quand elle est sous pression. Du coup, ça peut donner des situations très étranges, mais c’est une autre histoire, passons.

Ensuite, l’alcool. Oui, alcool mauvais ou alcool joyeux, mais alcool quand même. Forcément, je perdais un peu de ma capacité à contrôler le moindre de mes faits et gestes.

Mais surtout.. Zac. Vous imaginez vous, un mec foutu comme Superman qui se prend pour James Bond, hyper sérieux, limite à faire des roulades dans les couloirs. A l’écouter, lorsqu’il m’a saisit pour qu’on se casse d’un des surveillants de couloirs, nous étions lui agent secret, moi pauvre damoiselle en détresse, poursuivi par un quelconque danger de mort. Non non, nous étions deux adolescents en état d’ébriété à la recherche d’une glace. Logique non ?

Bref, je m’amusais comme une folle. Je regrettais mes doutes précédents. Oui, Zac était un inconnu. Mais un inconnu drôlement marrant. Et puis.. craquant. Mais bon, ça, ça ne comptait pas hein ?

Ca n’avait pas été désagréable cependant. De me retrouver, plaquée contre un mur, par ce type.. marrant. Rien d’autre. Parce qu’il avait un corps de type.. marrant. Oh merde, j’y arrivais pas, tant pis, il était craquant, point. Et oui, je suis une faible femme, me retrouver, le visage presque collé au sien, nos corps serrés l’un contre l’autre, le mur froid dans mon dos, sa chaleur face à moi, ça ne me fait pas rien.

Il n’y a pas que les hommes qui ont de bas instincts. Les femmes aussi. Juste qu’on se contrôle un peu plus.

Je le suivais ensuite dans une salle de cours. Drôle d’idée. Je ne comprenais pas trop la démarche jusqu’à ce qu’il m’explique, en chuchotant, le lien. L’ancienne salle de réception, la porte entre les deux.. Il soulevait un tapis, découvrant une porte. Et là, je me suis vraiment cru dans un film. Mais peu importe. Youpi, nous voilà dans la cuisine !

Il m’emmena dans la chambre froide et là.. J’ai cru mourir de froid. Après tout, j’aurais peut être du lui rappeler que j’étais en short et en débardeur non ? Il semblait l’avoir oublié ! Hey ho, le malabar, tu me regardes deux minutes ? Je suis pas en tenue pour les grands froids.

Du coup, une fois le bac à glace en vue, je saisissais un pot à sundae, au chocolat évidemment, et bondissais hors de la chambre froide, tremblante. La chair de poule avait recouvert aussi bien mes bras que mes fines jambes. Je posais la glace sur un des nombreux meubles en inox et me frottais les mains. Aaaah, qui est l’idiot qui a dit que l’alcool réchauffait déjà ?

Zac sortir à son tour et s’adressa à moi. Vanille fraise ? Sérieusement ?

Non, la meilleure idée du monde, c’est un sundae au chocolat, sous une énooooooorme couette.

Je lui tirais la langue, taquine, et finit par poser mes deux mains sur le meuble en inox, pour prendre de l’impulsion et m’assoir dessus, doucement, sans bruit. J’attaquais ma glace. Mmm, quel délice, il avait bien raison mine de rien, c’était une des meilleures idées que j’avais jamais entendu. En même temps, je pense que là, c’était mon estomac qui parlait très clairement.

Je balançais mes jambes dans le vide, dégustant ma glace avec délice. J’étais une enfant, mais ce qui était rassurant c’est que ce soir, je n’étais pas la seule.
Je songeais alors à ma chambre, à mes cartons pleins, à mon lit même pas fait. Je n’étais même pas certaine d’avoir un matelas sur le sommier. Quel bordel. Cette pensée, qui, dans un premier temps me fatigua, ne fit en réalité que me donner un sursaut de motivation pour passer la nuit n’importe où sauf dans cette chambre.

L’internat m’avait paru comme la pire des punitions. En regardant Zac, je me surpris à penser qu’en réalité, il présentait bien des avantages..

Alors 007, c'est quoi ta prochaine idée de génie..?

Je le fixais à nouveau, songeuse. Sans m'en rendre vraiment compte, je laissais mon regard parcourir aussi bien son corps que son visage. Ce que j'avais sous les yeux me plaisait, sans aucun doute.