Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. | Ilyès

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- Pourquoi poses-tu cette question? Enfin, comme ça, maintenant, aujourd'hui?

Ah, bonne question. Pourquoi ça le prenait comme ça ? Il y avait pensé plus d’une fois mais il n’avait jamais vraiment osé. Il y avait beaucoup de choses qu’il ne connaissait pas sur la vie de Joe. Il pouvait profiter pour en apprendre un peu plus. En restant raisonnable évidement. Il ne voulait pas donner l’impression que c’était une intrusion dans sa vie privée. Il haussa les épaules.

- Je sais pas trop. Comme ça. Je suppose que je n’avais jamais eu l’occasion avant.

- J'ai commencé à notre arrivée à NY, j'étais ado. Mon père voulait que je me forge, que je m'endurcisse et que j'apprenne à toujours me relever en cas de chute. Si je n'étais pas mort, je devais continuer à tout donner. Et au final, ça ne m'a apporté que des bonnes choses. J'ai fait pas mal de matchs, certains même très bien classés, j'ai même eu un article sur moi dans un magasine réputée de sport ! Mais malheureusement avec la boîte, je n'avais pas le temps et puis... arriver à un rendez-vous ou une réunion avec des bleus sur la gueule, on évite. Surtout dans l'armement.

Mais quel genre de père laisserait son fils mourir juste pour être fier de lui ? Décidément, il ne comprenait pas. C’était ce qui avait fait son caractère, ce qui l’avait rendu fort et certainement froid. Il avait appris à encaisser beaucoup de choses et à toujours se relever. Ilyès se dit que ça lui aurait été bien utile, à lui aussi. Parce qu’on faut, il se laissait beaucoup affecter par ce qui l’entourait et les chocs, il ne s’en relevait pas toujours facilement. En même temps, il ne s’imaginait pas distant avec les autres, évitant de s’attacher. Lors de sa période difficile, il avait reçu de l’aide d’un jeune homme de son âge. Celui-ci lui avait appris qu’il ne fallait pas forcément être dur comme le roc pour continuer à avancer. C’était de lui que lui venait sa bonne humeur continuelle. C’était lui qui lui avait appris qu’être positif pouvait aider à vivre.
Quand il entendit « armement », il fronça les sourcils, surpris. S’il avait été mis au courant de ça, il ne s’en souvenait plus. Effectivement, Joaquin avait une entreprise très sérieuse à gérer. Lui, il ne s’imaginait pas du tout prendre la relève de ses parents. Ceux-ci avaient une entreprise dans la pub. Ilyès n’en savait pas plus. Il ne s’y été jamais intéressé, même si son père l’aurait voulu. Il s’en fichait de ce qu’ils faisaient. En grandissant, il avait même détesté leur travail. Parce qu’il lui volait ses parents. Ils étaient tout le temps là-bas, ils ne s’occupaient jamais de lui. il s’était souvent demandé si ce n’était pas de sa faute, si ce n’était pas lui le problème pour que ses parents l’aiment si peu. Maintenant, il n’en avait plus rien à faire. La preuve, c’était même eux qui l’avaient éloigné de chez lui, de New-York. Ils s’efforçaient de se parler de temps en temps. Ça n’allait pas plus loin. D’ailleurs, il n’avait pas eu un seul message depuis son arrivée à Miami. A part un « J’espère que tu te mettras au boulot » de la part de son paternel.

- Armement ?

Il était étonné et regretta un peu de l’avoir montré. En fait, il ne voulait pas vraiment savoir. Ce n’était pas ses affaires et il ne comprenait rien à la gestion d’entreprise. Sauf qu’un nouveau détail était entré dans sa tête. Pour gérer un truc pareil, ça ne devait pas être facile de Miami. Et puis, il n’y avait que Joe qui s’en occupait ? Son frère ne faisait rien ? Ilyès sentit une boule dans son ventre. Son meilleur ami serait sans doute amené à retourner à New-York, pour cette industrie. Pour le moment, il était dans ses études. Mais après ? Parce qu’il était à l’université. Il allait bientôt recevoir son diplôme et pouvoir partir où il le souhaitait. Ilyès, lui, était encore au lycée. Il était plus jeune. Il était coincé ici. C’était trop tôt pour répondre à ses questions et il ne savait même pas s’il resterait avec Joe. Ce n’était pas la peine de se tracasser. Et pourtant, il ne pouvait s’en empêcher.

- Et c’est pas trop dur de s’en occuper d’ici ? Enfin, je veux dire, de Miami ?

Il espérait que ça passerait plus pour de la curiosité. il affichait quand même un visage plus ou moins détendu. L’habitude de toujours aller bien. Enfin, l’habitude de toujours montrer cette facette surtout. Joe pouvait aussi lui poser des questions. Il était prêt à y répondre. Il n'avait rien à cacher. Ou presque.

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Installés à la table d'un restaurant, Joe et Ilyès reçurent rapidement les cartes du Menu. L'adolescent proposa alors à son ami de prendre un apéritif avant de passer à table, ce qui pourraient les détendre et donner le ton des vacances qui commençaient tout juste. Après quoi, ils choisirent leurs plats. Et la, la différence se faisait ressentir même dans leurs assiettes ! Ilyès avait opté pour un menu typiquement américain, sans sortir de ses goûts, ne désirant pas goûter autre chose... Et Joe, il avait choisi un Filet de Crocodile avec une salade et des pommes de terre. Il opta aussi pour une bouteille de vin pour le repas. Le jeune homme était habitué à de nombreux rendez-vous d'affaire, il s'y connaissait donc en vin, c'était une façon d'impressionner son hôte. Parfois... il se posait la question s'il devait rentrer à New York. Après tout, sa société s'y trouvait, sa vie était là-bas, ici, c'était juste une période. Il n'allait pas rester ici et ça, personne ne le savait et encore moins le garçon en face de lui ! Comment allait-il réagir si jamais il le lui annonçait? Surtout qu'il n'y avait rien de définitif... Rien de sûr.

Ilyès le sortit alors de ses pensées, en demandant quelque chose auquel Joe ne s'y attendait pas du tout :

« Y’a un truc qui me travaille. C’était comment la boxe à New-York ? »

Le jeune homme arqua un sourcil alors que leurs boissons arrivèrent. Joe remercia le serveur et finit alors par répondre à son ami, un léger sourire aux lèvres. Il s'avança aussi, posant ses coudes sur la table, pliant alors ses bras vers l'intérieur.

« Pourquoi poses-tu cette question? Enfin, comme ça, maintenant, aujourd'hui? »

Il laissa son meilleur ami lui répondre puis finit par répondre à sa question.

« J'ai commencé à notre arrivée à NY, j'étais ado. Mon père voulait que je me forge, que je m'endurcisse et que j'apprenne à toujours me relever en cas de chute. Si je n'étais pas mort, je devais continuer à tout donner. Et au final, ça ne m'a apporté que des bonnes choses. J'ai fait pas mal de matchs, certains même très bien classés, j'ai même eu un article sur moi dans un magasine réputée de sport ! Mais malheureusement avec la boîte, je n'avais pas le temps et puis... arriver à un rendez-vous ou une réunion avec des bleus sur la gueule, on évite. Surtout dans l'armement. »

Joe ne savait même pas si Ilyès était au courant pour les activités de sa boite. Qu'il était le premier fabriquant d'armes du pays, au service de l'armée bien sûr, mais pas seulement... Il y a une face cachée, une face qui rapporte et ça, Joe l'avait découverte récemment, ce qui l'avait aussi poussé à se reculer de Williams Entreprise.

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- Ouais, on peut aller faire un tour dans l'hôtel et ce qu'il propose?

Bonne idée. Comme ça, ils ne s’éloignaient pas trop, tout en allant se promener. Ils se préparèrent alors à sortir, prenant leurs affaires, passant aux toilettes, buvant un dernier verre d’eau. Ilyès avait pris son portable mais il doutait qu’il allait s’en servir. Après tout, la personne avec qui il communiquait le plus était avec lui. Et il ne voulait pas trop être dérangé pendant quelques jours, il voulait mettre de côté sa vie à Miami. Il n’allait donc pas courir après les messages qu’il pourrait recevoir, ni répondre toutes les trente secondes. Ils fermèrent la porte et si dirigèrent vers l’extérieur de l’hôtel. Autour, il y avait un petit village, avec toutes les installations utiles aux touristes. Ou inutiles d’ailleurs. Des boutiques de souvenir, ok. Mais un spa ? Quel était l’utilité d’un endroit pareil aux Everglades ? Autant aller faire une thalasso ! Il y avait tout un tas de panneaux partout, proposant les activités disponibles, donnant des informations sur le parc. Il y avait aussi des restaurants, et beaucoup de touristes se pressaient un peu partout. C’était une véritable mini-ville, avec toute l’agitation que cela amenait. De plus, c’était l’heure du repas. Alors tout le monde cherchait un endroit pour se poser et se restaurer. Les deux jeunes hommes n’échappaient pas à la règle.

- On se trouve un petit restau?

Ilyès acquiesça. Il commençait à avoir faim. Il avait un peu retrouvé son appétit depuis quelques jours. Est-ce que ça avait un lien avec Joe ? Etait-ce parce qu’il était heureux ? Il n’en savait rien. Ce n’était pas non plus totalement revenu et de toute façon, c’était sans importance. Ils marchèrent quelques minutes dans les « rues », si on pouvait les appeler comme ça. Ils ne tardèrent pas à trouver ce qu’ils cherchaient. En même temps, ce n’était pas bien compliqué, il y en avait partout. Ils vérifièrent les menus et une fois qu’ils furent sûrs qu’ils étaient intéressés, ils entrèrent à l’intérieur du commerce. Ce n’était pas encore totalement bondé mais il y avait pas mal de monde. Ils s’installèrent à l’une des tables et un serveur vint leur donner la carte. Ilyès sourit à Joe. Là, assis l’un en face de l’autre, ils n’étaient que des amis. Enfin, en apparence. Personne ne savait. Ni ici, ni ailleurs. Personne ne savait à part eux. Pour l’instant, ça ne le dérangeait pas. Parce que c’était tout nouveau. Mais il avait peur que ça le gêne un jour. Et il avait surtout peur de trop en demander à Joe. Il ne le voulait pas. Il n’avait rien à attendre de lui, pas comme ça. Enfin. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas vraiment discuté. Même dans la voiture, la conversation avait été plutôt légère. Mais quels sujets pouvaient-ils aborder ici ? Même si personne ne les connaissait, ils ne pouvaient pas non plus dire n’importe quoi à côté d’inconnus. Le jeune homme savait que son ami était assez occupé par ses cours. Il ne lui demanda donc pas des nouvelles de l’école. Mais qu’en était-il du sport ? Avait-il toujours le temps, l’envie ? Et puis, c’était aussi un moyen de se renseigner sur sa santé. Joe n’aimait pas qu’on s’occupe de lui, il était trop fier pour ça. Mais Ilyès s’inquiétait quand même. Il n’avait pas besoin d’avoir le dossier complet, juste de savoir que tout allait bien. En apparence, ça allait. Mais il pouvait quand même avoir mal quelque part de temps en temps. Lui-même, ça lui arrivait que sa jambe le lance. Il ne le cachait pas vraiment mais il ne l’étalait pas. Et puis, il s’était toujours posé des questions sur la boxe. Quand son meilleur ami en faisait. Il entendait par-ci par-là que Joe n’était pas un tendre. Qu’il était capable de faire bien mal s’il le voulait. Sauf que lui, il ne l’avait presque j’avais vu comme ça. Ce n’était pas le plus gentil et le plus doux des hommes qu’il avait croisé mais Ilyès avait vraiment du mal à l’imaginer ainsi. Ni à le voir, déterminé et remplit de rage, lors d’un combat. De toute façon, il n’aurait sans doute pas supporté de le voir se prendre des coups. Même si ce sport avait des règles, ça pouvait vite se terminer mal. Oui, ils étaient vraiment différents tous les deux. C’est ce qui était étrange. Et c’était peut-être aussi ça qui faisait qu’ils étaient proches. Ils se complétaient. Il fit une petite grimace indécise. Il ne savait pas si son ami accepterait d’en parler. Ça faisait partie de son passé et sans doute des choses que son père avait voulu qu’il fasse pour le forger.

- Y’a un truc qui me travail. C’était comment la boxe à New-York ?

Il ne rajouta pas qu’il ne répondait que s’il le voulait. Pour lui, c’était évident. Il n’avait jamais forcé quelqu’un à parler. Entre temps, ils avaient commandé et leurs assiettes étaient arrivées. Il avait choisi quelque chose de simple. De la viande avec des frites. Repas light quoi. Il fit une moue amusée. Il repensa à l’accident, quand il était tombé sur Joe. Celui-ci lui avait dit d’arrêter les McDo. Tant pis pour lui ! Il repensa aussi à un autre moment de cette journée. Quand le blond avait pété un câble à l’hôpital, arrachant ses fils et partant de la chambre déboussolé. Ilyès se souvenait qu’il avait eu presque peur de lui, de sa violence. Non ! Quoi qu’il se passerait, quoi que les autres puissent dire, il n’avait pas peur. Joe était incapable de lui faire du mal. Physiquement en tous cas. Ce n’était pas une bête enragée. Ilyès l’aimait. Il ne le craindrait jamais. Il tâcha tout de même de garder un visage plutôt jovial. Comment avouer ses pensées à son meilleur ami ? Il ne comprendrait peut-être pas. Il ne connaissait pas la peur, il était fort. Tout allait bien pour le moment. Il n’y avait aucune raison de s’en faire. Il chassa ses idées négatives et se concentra à nouveau sur le visage en face de lui, attendant une réponse de sa part. Ou un refus de réponse.

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Ilyès accepta un verre d'eau et alla s'installer dans le coin cuisine alors qu'il lui proposait de bouger un peu au lieu de s'entasser dans la suite. Joe accepta bien évidemment, il n'était pas ici pour rester dans sa chambre, nénamoins ça ne servait à rien d'aller dans les Everglades à proprement dit aujourd'hui, il faudrait y aller toute une journée et non une demie journée.

« Ouais, on peut aller faire un tour dans l'hôtel et ce qu'il propose? »

Joe finit sa boisson et alla aux toilettes avant de retourner au salon, prendre son portefeuille, la clef et ses lunettes. Après quoi, il demanda à son ami s'il était prêt à partir et ils quittèrent la chambre. Joe avait été voir sur le site de l'hôtel pour voir ce qu'il proposait comme activité, mais il ne s'en souvenait pas tellement. Une fois à l'accueil, les deux jeunes gens quittèrent l'hôtel pour le petit village autour, avec des boutiques, un spa et encore bien d'autres choses. Marchant dehors, côte à côte, observant alors les lieux. Joe se demandait ce qu'ils pourraient bien faire cette après midi. Il aurait bien aimé aller dans une des forêts non loin afin de se poser dans un coin pour faire une petite sieste. Mais avant tout, il avait un peu faim, peut-être qu'il y aurait un restaurant non loin également. Le jeune homme proposa donc son idée à Ilyès :

« On se trouve un petit restau? »

Alors qu'ils marchaient dans les allées du village, les deux jeunes gens passèrent devant un restaurant justement, s'arrêtant pour lire la carte, ils finirent par y entrer afin de déjeuner. C'était toujours sympa et puis Joe était content d'être là avec Ilyès, ils pourraient sans doute parler de tout ce qu'ils ne pouvaient pas discuter à Miami. Ici, personne ne les connaissait ni même ne portait de jugement sur eux. De plus, l'ambiance nouvelle était toujours propice à de nouvelles choses et nouvelles discussions !

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C’était bien ça, Joe était gêné. L’amour rend aveugle dit-on mais Ilyès ne l’était pas complètement. Il était encore capable de voir quand il y avait un malaise. Son ami finit par partir, retournant sur le balcon. Cependant, il ne lui tourna pas le dos et le regarda pour lui parler.

- C'est pas une question d'envie. Mais on est tout juste ensemble. C'est pas comme si tu étais une de ces filles. Ca n'a rien à voir. Faut attendre pour faire ça. Faut être sûr. Faut être prêt, autant pour moi que pour toi.

Il avait raison, Ilyès partageait son avis. Ils le feraient quand ils seraient sûrs, tous les deux, qu’ils étaient prêt. Seulement à ce moment-là. Il ne fallait pas le prendre à la légère. Le brun vit son meilleur ami se déplacer pour visiter la suite. Lui, il resta dans le salon. Il ne voulait pas le suivre, ça faisait trop « toutou ». Et puis, il aurait tout le temps d’aller voir chaque pièce, ils venaient à peine d’arriver ! Déjà, rien qu’à voir la grandeur et le style du salon où il se trouvait, le jeune homme se doutait que le reste de la suite n’allait pas le décevoir. Il était curieux mais sur ce coup-là, il n’était pas nécessairement impatient. Le lycéen passa une main sur son visage et derrière sa tête. Il ne comprenait pas toujours tout et admettait qu’il lui arrivait d’être dépassé par les évènements. Ça avait failli être le cas. Il n’avait réussi à se contrôler que par une grande volonté. S’écarter de Joe avait été comme s’arracher de ses bras. Il n’avait plus été maître de lui-même l’espace de quelques minutes. Et ça le gênait un peu. Parce que même s’il était franc, joyeux, simple à longueur de temps, il réfléchissait beaucoup. A ses actes, à ceux des autres, à la meilleure façon de vivre sans problèmes, au moyen le plus adapté pour aider les autres. Son meilleur ami revint dans le salon et s’arrêta devant le mini-frigo.

- Tu veux boire un truc?

C’était vrai que la température était élevée et qu’il avait chaud. Encore plus avec ce qui venait de se passer entre eux. Ilyès sourit et s’approcha du bar.

- Je veux bien un verre d’eau, je vais finir par me dessécher là !

Une fois son verre en main, il alla s’installer sur l’une des chaises du coin cuisine. Il observa Joe du coin de l’œil. Ils étaient partis assez tôt dans la matinée, il leur rester donc un peu de temps avant de devoir manger. Même si ce n’était pas assez pour réellement comment la visite de quoi que ce soit. Il but son verre en entier. Ça faisait du bien de se rafraichir ! Il ne savait pas ce que lui réservait la suite. Joe lui avait déjà fait une surprise en réservant à l’hôtel plutôt qu’en l’emmenant camper. Avait-il prévu autre chose ? Ba, il suffisait de poser des questions pour savoir, non ?

- On reste ici comme des vieux ou on sort prendre l’air ?

Il prit un sourire innocent. C’était une question innocente. Déjà, il n’avait pas dit « couple de vieux ». Des fois, il était pire qu’un gamin. Là, il était resté assez sage. Il ne sautait pas partout, lui. Il savait se tenir. Et puis, c’était vraiment une question pour savoir, pas pour forcer à sortir, ni pour embêter son monde. Déjà, ils se rafraichissaient. On verrait ensuite ce qu’ils pourraient faire. Les vacances étaient aussi faites pour se détendre, même si ce n’était pas une raison pour jouer aux larves toute la journée.

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Ilyès finit par se reculer, alors que Joe ne s'en serait jamais senti capable. Il le regarda dans les yeux et lui caressa la joue. Geste certes affectif, mais que Joe n'affectionnait pas particulièrement sur lui. Ca lui faisait penser à sa mère, à son enfance, lorsqu'il était encore un môme faible. Ilyès lui lança alors, comme s'il avait pu lire au travers de son âme, de son esprit, de son corps :

« Je comprends. Ce n’est pas grave si tu ne veux pas. On est pas obligés. »

Joe arqua un sourcil, surprit de la perspicacité de son meilleur ami. Il semblait gêné, grattant l'arrière de son crâne tout en quittant sa place, pour la rambarde de bois, il s'accouda, dos au paysage, pour contempler son ami et lui répondre :

« C'est pas une question d'envie. Mais on est tout juste ensemble. C'est pas comme si tu étais une de ces filles. Ca n'a rien à voir. Faut attendre pour faire ça. Faut être sûr. Faut être prêt, autant pour moi que pour toi. »

Joe se souvint alors de la discussion avec Damon, sur Internet. Ils en avaient parlé de ça et Joe était resté sur ses positions, il le ferait vraiment quand il se sentirait prêt. Parce que c'était... une première fois importante et surtout, intimidante. Bon ok, Joe avait déjà fait ça avec des filles, mais là, il s'agissait d'un mec et qui plus est, de son meilleur ami. Du coup, les choses étaient totalement différentes. Il voulait que tout se passe bien et ce, dans les meilleurs conditions.

Joe regarda alors à l'intérieur de l'appartement et se décida à aller faire une petite visite quand même. Il y avait un petit salon, un coin bar-cuisine et une chambre ainsi qu'une salle de bain. C'était chic, classe, propre. Niquel quoi. Le jeune homme alla à la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage, se regardant dans la vitre, il n'avait plus la sensation de voir le même homme. Après quoi, l'adolescent revint vers le salon, s'arrêtant vers le bar, il ouvrit le mini frigo afin de boire quelque chose, lançant à Ilyès :

« Tu veux boire un truc? »

Il faisait une de ces chaleurs ! Pfiouu ! Un peu d'eau lui ferait du bien !

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Ils étaient toujours collés l’un à l’autre. Ils s’embrassaient et ça devenait de plus en plus sérieux. Ils étaient tellement proches, tellement bien ! Joe n’avait pas repris sa position de départ. Il riait même. Il avait l’air d’apprécier ce moment, tout autant qu’Ilyès. Ça se voyait sur son visage. Mais pas que ! Le brun sentit son excitation. Ils étaient très près en même temps, ça ne pouvait pas passer inaperçu. L’étudiant était mal à l’aise, ça se voyait. Il avait brisé le baiser et voulait que son ami s’éloigne un peu. Il obtempéra sans rien dire. Il sentait qu’il n’était pas prêt et il ne comptait pas le brusquer, l’obliger, ni le violer ! Il se sentait aussi un peu gêné. Ils avaient été emportés par leur fièvre et ils étaient arrivés à ce point sans vraiment s’y attendre. Il allait dire quelque chose mais Joe l’attirait vers lui à nouveau. Il ne l’embrassait plus de la même façon, c’était plus doux. Et sans doute un peu moins sérieux. Il avait ses mains sur les hanches d’Ilyès. Ce dernier savait que ce n’était sans doute pas le moment. Et même s’il avait aussi envie de Joe, il n’était pas sûr d’être prêt non plus. Il s’était toujours refusé de penser à ce moment. Il n’avait aucune idée de comment ça allait se passer et il ne s’attendait pas à ce que ça soit aussi rapide. Il n’avait eu aucune relation avec un homme et c’était encore moins facile avec celui qui se trouvait en face de lui. Cette fois-ci, ce fut lui qui recula. Ce fut difficile parce qu’il n’avait pas envie d’arrêter leurs baisers. Il le regarda dans les yeux, caressant sa joue, comme il l’avait fait pour lui quelques instants plus tôt. Il n’avait pas besoin de parler trop fort, il se contenta de murmurer.

- Je comprends. Ce n’est pas grave si tu ne veux pas. On est pas obligés.

Ensuite, il baissa la tête. Et puis, ils étaient là pour visiter, pour découvrir le parc ensemble. Ils pouvaient aller profiter du soleil dehors pendant qu’il était là. Ilyès voulait observer le visage de Joe, en attente une réponse de sa part. Ils n’en avaient jamais parlé, c’était normal que des problèmes se posent. Surtout qu’ils étaient deux hommes. Dont l’un toujours un peu homophobe. Et pas sûr de son orientation sexuelle. Ah, ce que c’était compliqué quand même ! Mais l’amour ne pouvait pas être simple, pas du premier coup. Il ne pouvait pas être vécu sans obstacle sur le chemin. Le bonheur ne venait pas seul. Il amenait avec lui son lot de tristesse et de désillusion. Ilyès sourit. Il n’aurait jamais pensé se retrouver dans une telle situation. Maintenant, il n’osait même plus gouter aux lèvres du garçon, craignant d’aller trop loin, de trop forcer les choses. Même si ce n’était pas volontaire de sa part. Ils attendraient alors, ce n’était pas grave. Ils avaient tout leur temps. Il ne fallait pas se poser de questions et laisser les choses se faire naturellement. C’était tout.

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La passion était le maître mot de cet instant, magique. Joe et Ilyès étaient comme un tout, comme un ensemble. Totalement différent ce qui avait pour but de les compléter et à la fois, à la même forme, ce qui leur permettait de s'unir. Un seul bloc. La tendresse, la volupté, la sensibilité, la douceur contre la brutalité, la force, la solitude et la froideur. Joe sourit lorsque son petit ami le fit basculer pour le mettre à son tour, contre le mur. Il rit même, le laissant faire son homme. Il ne pu s'empêcher de rire à nouveau, puis laissa son ami l'embrasser dans la nuque et sur les épaules. Une sensation particulière l'envahie alors. C'était la première fois qu'il allait aussi loin avec Ilyès mais tout simplement avec un homme et il fallait l'avouer : c'était étrange. Le jeune étudiant prit le visage d'Ilyès entre ses mains et l'embrassa encore. Malheureusement pour lui, ces sensations étant toutes nouvelles et aussi incroyablement fortes, quelque chose dans son pantalon se produisit assez rapidement. C'était bien la première fois que ça montait aussi rapidement ! Mais Joe ne voulait pas aller plus loin avec Ilyès. Non, il n'était pas prêt à... coucher avec son ami. Pas encore. Pas dans les prochains mois sûrement. C'était quelque chose d'important, comme si ça officialisait le fait qu'il était bel et bien... gay. Alors non, il n'était pas prêt pour ça. Je se sentis un peu gêné, surtout qu'Ilyès devait probablement sentir son érection, étant donné qu'il était collé à lui. Il finit alors par mettre fin au baiser, un peu maladroitement et baissa la tête, attendant qu'Ilyès se recule. Quand ce fut fait, Joe passa sa main au niveau de sa fermeture de pantalon, afin d'ouvrir un peu l'espace. Il sourit, gêné et finir par ressentir de nouveau l'envie d'embrasser Ilyès. Oh punaise. Alors plus il le faisait et plus il en avait envie? C'était comme ça que ça marchait? Beh il n'était pas rendu ! Joe voulait l'embrasser encore, mais sans aller plus loin. Cependant, il ne voulait pas le dire à Ilyès tout de suite. Pas comme ça, ça serait vraiment un manque de tact. Il finit alors par, comme un con, lui caresser la joue et approcher de nouveau ses lèvres des siennes pour l'embrasser beaucoup plus doucement cette fois-ci. Il se sentait tellement libre, tellement bien, tellement... normal. Et c'est la paradoxalité de la chose, qui rendait ce moment magnifique. Se sentir normal alors qu'il pensait jusqu'ici que rien de tout ça ne l'était...

Le jeune homme colla le corps d'Ilyès contre le sien, laissant sa main au niveau des hanches du garçon. Il colla son propre dos contre le mur, mais menait néanmoins la danse à nouveau. L'embrassant doucement, effleurant par moment seulement ses lèvres, laissant son souffle caresser les lèvres d'Ilyès. Il ne savait pas comment il faisait pour se retenir de lui sauter dessus. Il avait réellement envie de lui, mais ne voulait pas passer à l'acte. Hors de question. Mais il ne se contrôlait plus vraiment...

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Joe finit par aller vers les baies vitrées. C’était vrai que la lumières envahissait la pièce grâce à elles. Et comme le soleil était au rendez-vous, il faisait vraiment clair dans la suite. Après avoir ouvert les portes, son ami l’invita à le rejoindre sur le balcon. Ce qu’il ne tarda pas à faire, après s’être débarrassé lui aussi de ses lunettes. Il n’en avait plus besoin pour l’instant. Il s’accouda sur la rambarde, aux côtés du blond. Il profitait de la vue, qui était magnifique. Des arbres partout, le vert dominait. Le ciel, d’un bleu clair, était sans nuage. Le soleil brillait, rendant l’ensemble éblouissant. C’était un très bon choix de vacances il trouvait. Il n’était jamais venu ici et découvrir le parc le motivait. C’était un endroit, selon lui, parfait. A côté de lui, Joe finit par se redresser, quittant la barre de bois. Il s’était tourné complètement vers lui.

- J'espère que tu es content d'être ici...?

- Je pouvais pas espérer mieux …

Il ne parlait pas seulement du lieu, mais aussi de la personne avec qui il était. Joe l’observait en baissant les yeux. Y avait-il un problème ? Pas déjà ! Visiblement non puisqu’il finit par plonger son regard dans les yeux noisette d’Ilyès. Il s’approcha de lui et comme dans la voiture, plaça sa main derrière sa tête. Le brun savait ce que cela voulait dire. Son cœur se mit à battre plus rapidement. Leurs bouches se collèrent et le blond ne tarda pas à venir jouer avec sa langue. Ilyès se colla contre lui, répondant au baiser. Celui-ci devint plus sauvage. Ah, il n’en avait pas l’habitude. Ce n’était pas grave. La tendresse, c’était bien. Mais parfois, c’était mieux de pimenter un peu les choses. Il sentait que Joe ne voulait pas que ça s’arrête. Lui non plus. D’ailleurs, son meilleur ami avança, le forçant à reculer. Il sentit un mur contre son dos. Il était coincé entre ce mur et l’étudiant. Ce dernier le plaqua contre le mur. Ilyès en profita pour continuer de l’embrasser. C’était tellement bon, tellement bien. Il n’avait qu’une envie : continuer. Se laisser faire, profiter de ces moments qui étaient rares. Trop rares pour lui. Joe embrassait tellement bien ! Le brun oubliait souvent qu’il était plus vieux et qu’il avait eu beaucoup d’aventures sans lendemain avec des filles. Même si ce n’était pas comparable. Il n’était pas une fille. Il n’était pas une aventure sans lendemain. Enfin, il l’espérait ! Le jeune homme quitta ses lèvres pour aller embrasser son cou. Ilyès frissonna. Ce contact l’électrisa, faisant monter son envie que ça continue. Faisant monter son désir. Jamais ils n’avaient été aussi loin. Ils s’étaient toujours arrêtés avant ça. Le lycéen souhaitait s’abandonner dans les bras de l’homme qui l’embrassait. Il piquait d’ailleurs ! Mais il ne comptait pas lui faire la remarque. Il avait une légère tendance à tout gâcher en parlant. Ce n’était pas la première fois. Citons l’exemple de la plage. Alors il garda le silence pour prolonger l’instant. Il apprenait de ses erreurs. Il n’était pas passif pour autant. Il n’avait pas non plus envie de passer pour une plante verte et ses réflexes lui firent changer de position. Il bascula et se retrouva à la place de Joe, le plaquant aussi contre le mur. Il était un homme lui aussi et avec les filles, il avait plus l’habitude de mener la danse, pas de la suivre. Il se doutait bien qu’il n’allait pas rester comme ça longtemps, Joe était plus meneur que lui. Il plaça ses mains sur le mur en face, de chaque côté du corps de son petit-ami. Il voulait que celui-ci continue de l’embrasser. Sur les lèvres, dans le cou, où il voulait, il s’en fichait. Tant que ça lui faisait le même effet que quelques secondes auparavant. Mais il avait lui aussi besoin de communiquer son amour, de faire ressentir à Joe son plaisir d’être avec lui. Il l’embrassa à nouveau sur la bouche, jouant avec celle-ci. Puis, il descendit aussi. De doux baiser sur le menton, dans le cou, sur le haut du torse. Il avait oublié où il était, ses problèmes au lycée, ce qui l’entourait. Il ne voyait plus que les yeux clairs en face de lui, espérant y lire les mêmes émotions qui passaient dans son propre corps et dans son propre cœur.

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Arrivés à l'accueil de l'hôtel, Joe et Ilyès allèrent droit au comptoir pour réclamer leur clef. Une fois dans leur appartement, Ilyès lança son sac sur le canapé, tandis que Joe refermait la porte et posait son sac délicatement sur le sol de la pièce. C'était grand, lumineux et avec une vue splendide. Joe se sentait déjà chez lui ici et ce n'était pas forcément quelque chose de facile à la base ! Ilyès le regardait, en souriant. Attendait-il quelque chose de sa part? Sans doute. Joe savait très bien qu'il avait besoin de plus de calins / bisous que lui. Mais lui, ce n'était pas son genre. Il n'était pas habitué à ça et même, il trouvait ça tellement dégueulasse les couples qui s'embrassaient à pleine bouche devant tout le monde. Ce n'était pas ça, lui, l'amour. L'amour à ses yeux, c'était un vrai trésor dont il fallait prendre soin, qu'il fallait protéger et qu'il fallait savoir abordé avec grâce et subtilité. Tout le contraire de ce qu'il avait fait jusque là dans ses relations passées, bien qu'il ne fut jamais en couple avec qui que ce soit. Cependant, il savait qu'il devrait donner davantage à Ilyès. Il voulait son bonheur oui, pas à défaut du sien, égoïste comme il était, mais son bonheur quand même.

Le jeune homme s'avança vers les baies vitrées donnant sur le parc et ouvrit en grands les portes, avant d'aller sur le balcon, y invitant aussi son ami. Ilyès ne tarda pas à le rejoindre. En attendant, Joe retira ses lunettes de soleil, qui posa sur la table mise à leur disposition. Il étira ses bras vers le ciel et admira cette vue imprenable. C'était magnifique. C'était exactement le genre d'endroit où il aimait aller pour se reposer. Lorsqu'il bossait à New-York, dans son entreprise, il n'avait jamais prit de vacances. Alors venir en Floride et même ici, ça lui faisait du bien. Depuis New-York, les choses s'étaient accélérées pour énormément de choses et le jeune homme avait du mal à réaliser que sa vie avait changée. Alors qu'elle s'était plus ou moins arrêtée durant sa période à New York.

Son meilleur ami arriva près de lui, Joe s'était accoudé à la rambarde, vers l'extérieur lorsque son ami vint le rejoindre. Il se tourna alors légèrement vers lui pour observer ce délicieux sourire sur son visage. Il adorait le voir sourire. Car ça signifiait qu'il se sentait bien, heureux et en partie, grâce à lui. Après quelques instants, Joe se tourna complètement vers Ilyès et se redressa.

« J'espère que tu es content d'être ici...? »

Attendant sa réponse, il finit par ne cesser de l'observer. Son visage d'enfant, ses cheveux bruns, tout lisses. Ses yeux marrons, noisettes. Sa peau qui semblait si douce, si tentante à caresser. Joe baissa alors les yeux et les releva doucement pour tomber dans ceux de son ami. Il lui sourit alors et finit par rire, presque gêné. Il avait envie de l'embrasser, parce que c'était le moment opportun. Parce qu'ils n'étaient que tout les deux, parce qu'ils étaient loin de l'école, parce qu'ils étaient amoureux et que c'était normal, non?

Joe s'approcha alors de son ami, ne voulant pas faire n'importe quoi ou plutôt, quelque chose de vraiment Gay -comme lui prendre la main-. Avançant d'une démarche nonchalante, il passa sa main dans la nuque de son meilleur ami, ouvrant alors la bouche jusqu'à la poser sur cette d'Ilyès. Les sensations arrivèrent d'elles même. Toutes au galop. Joe sourit, jouant alors avec la bouche de son meilleur ami, il ne tarda pas à venir trouver sa langue. Jouant avec de façon passionnante, il sentit qu'Ilyès se serrait un peu plus contre lui. Joe serra un peu plus la nuque de son ami, comme pour le retenir contre lui, lui faire sentir son attirance certaine et forte pour lui. L'embrassant encore, de façon plutôt... bestiale, il sentit le désir envahir son corps comme un souffle chaud de canicule. Il se collait un peu plus contre son ami et fit quelques pas en avant -en arrière pour Ilyès- et y trouva un mur. Le plaquant contre ce dernier, il continua à l'embrasser avant de faire glisser ses lèvres dans la nuque d'Ilyès. Savourant avec passion et bonheur, le goût délicieux de sa peau, tout autant que sa douceur enfantine.

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- On en a pour moins d'une heure et demie maintenant, mais ne va pas me demander de m'arrêter pour que t'aille pisser ni me demander quand est-ce qu'on arrive toutes les 10 minutes !

Ilyès rigola aussi. Non, ce n’était pas son style. Il avait eu l’information qu’il voulait, une heure et demie ce n’était pas si long que ça. Surtout quand on discutait. Ce qu’ils firent pendant tout le trajet. Enfin, ce qu’il fit un peu tout seul. Ça ne le dérangeait pas, il avait l’habitude. Et puis, il savait que s’il parlait trop, Joe lui dirait de se taire. Les paysages défilaient, changeant au fur et à mesure. Ce que c’était bon ! Enfin, Ilyès vit ce qu’il attendait : la pancarte indiquant qu’ils étaient arrivés à destination. Super ! Ils entrèrent sur le parking, déjà bondé. La voiture s’arrêta et son conducteur coupa le contact. Ils sortirent de l’automobile. Ça faisait du bien de se dégourdir un peu les jambes après être resté assis.

- Content d'être arrivé? Bon par contre, tu m'as cru jusqu'au bout, mais j'allais pas te laisser dormir avec les crocodiles dans 10 cm de vase, tu m'en voudras pas, je nous ai choisi une suite !

Quoi ? Pas de camping ? Joe lui avait menti ? Ah, ça n’allait pas ça ! Pas de crocodiles ? Il était déçu ! Non, en fait, il trouvait quand même que la suite, c’était plus confortable. Il ne lui en voulait pas du tout. C’était vrai qu’il l’avait cru jusqu’au bout. Aurait-il eu des raisons de se méfier ? Non. Bien sûr que non. Joe récupéra les sacs dans le coffre et s’en alla pour rentrer dans l’hôtel. Ilyès n’avait pas encore réagit alors il courut un peu pour rattraper l’autre homme. Il fit attention quand même à ne pas se faire mal, il tenait à garder sa jambe en forme. Après tout, ça ne faisait pas si longtemps que ça qu’il n’avait plus rien, le médecin lui avait dit de ne pas trop forcer. Arrivé à la hauteur de son ami, il récupéra ses affaires et lança, faussement mécontent :

- Eh, je suis pas impotent, je peux me débrouiller avec ma valise !

Il plaisantait évidemment, même s’il préférait s’occuper lui-même de son sac. Joe avait déjà le sien, pas besoin de lui donner du travail en plus, même s’il était assez fort pour ça. Ils arrivèrent à la réception et attendirent qu’on leur donne la clé de la chambre. Ou le passe. Ou le code. Enfin, le truc qui permettrait de l’ouvrir quoi. C’était assez bruyant à l’accueil. Mais juste quelques minutes de patience et ils seraient seuls dans leur chambre, à l’abri du bruit et des gens qui se pressaient partout. Une fois leur passe en main, ils montèrent dans leur suite. Quand la porte se referma enfin sur les bruits extérieurs, Ilyès se sentit encore mieux qu’avant. Il balança -trèèès délicatement- son sac sur le canapé de la suite. C’était grand. Il se tourna vers Joe, sourire aux lèvres.

- Bon, je suis gentil, je prends le canapé, je te laisse le lit !

Il n’avait qu’une envie : embrasser l’homme qui se trouvait en face de lui. Pour lui dire à quel il était heureux d’être là et qu’il voulait profiter du temps qu’ils avaient. Ça n’allait sans doute pas se reproduire avant longtemps. Sauf qu’il n’osait pas vraiment. C’était bizarre mais Joe l’intimidait un peu sur ce coup. Il savait que l’étudiant avait un peu plus de mal que lui alors il ne le brusquait pas. Mais si ça ne tenait qu’à lui … Il se contentait donc de faire le plus beau sourire qu’il avait en stock. Comme si souvent depuis plus d’un an et surtout depuis qu’il était avec Joaquin. Il avait beaucoup changé par le passé et il continuait à le faire, même s’il ne s’en rendait pas trop compte. C’était plutôt positif, il aimait encore plus la vie qu’avant. Surtout depuis qu’il la partageait -plus ou moins- avec l’ainé des Williams.

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Ilyès semblait impatient d'arriver, cela tombait mal, ils venaient juste de partir ! Joe avait regardé le trajet à effectuer. Il aimait tout préparer comme il le fallait et pour ça, il fallait être au top. Il avait choisi un itinéraire et l'avait enregistré sur son GPS. Il lança alors à son ami, assis à ses côtés :

« On en a pour moins d'une heure et demie maintenant, mais ne va pas me demander de m'arrêter pour que t'aille pisser ni me demander quand est-ce qu'on arrive toutes les 10 minutes ! » Rigola t-il alors.

Les deux jeunes hommes discutèrent pendant presque tout le long du voyage. Enfin... Ilyès discutait et Joe l'écoutait, laissant échapper des réponses de temps en temps. D'habitude, il aimait le silence et surtout : n'était pas un grand bavard. Mais l'amour change un homme et ça, c'était bien connu. Joe ne s'en rendait pas compte, mais les choses qu'il n'aimait pas spécialement avant, devenaient plus facile à endurer maintenant. L'effet Ilyès apparemment. Le jeune homme sourit lorsqu'il vit, après une heure et demie de route, la pancarte des Everglades. Les paysages avaient changés depuis un bon moment déjà, en effet, cette région était très vastes et proposaient plusieurs parcs différents. Ils iraient tous les voir, même s'il fallait faire une heure ou plus, de route. Autant voir tout le coin, sinon, autant rester à Miami, non? Joe pu alors constater que pas mal de gens avaient eu la même idée qu'eux. Il y avait pas mal de voiture sur le parking du parc.

Les deux jeunes gens finirent donc par entrer dans le parc, en voiture, pour accéder à l'hôtel. Joe avait fait croire à Ilyès qu'ils iraient vraiment camper, d'où tout le matériel, mais bon... les marécages n'étaient pas très sécurisants mais Joe fut surprit de voir que son ami l'avait cru jusqu'au bout ! Il sourit alors, une fois la voiture garée et lança :

« Bon beh voilà ! »

Sortant de sa voiture, le jeune homme s'étira longuement, profitant alors de la vue et du soleil. C'était une magnifique journée et ça faisait du bien de se retrouver dans un nouvel endroit, avec la personne que l'on aimait. Joaquin sourit à son... petit-ami et lui demanda :

« Content d'être arrivé? Bon par contre, tu m'as cru jusqu'au bout, mais j'allais pas te laisser dormir avec les crocodiles dans 10 cm de vase, tu m'en voudras pas, je nous ai choisi une suite ! »

Il sourit à son meilleur ami, espérant ainsi, lui faire plaisir. Puis, il s'avança vers le coffre de sa voiture pour prendre les deux sacs. Refermant sa voiture au complet, il la verrouilla et se mit en marche de l'hôtel. Pas mal de monde était là, certains étaient même plutôt bruyants, ce qui l'interrogeait sur la suite de son petit voyage. Il espérait ne pas être trop perturbé par ces morveux.

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- Ouais, je chasserai le croco et je t'en ferai une paire de chaussures, ça te va?

Ilyès mima une petite moue déçue. Il ne se voyait pas du tout avec des chaussures en peau de croco. Et il ne voyait pas non plus Joe chasser ces bestioles !

- Ah non, ça me va pas. Je préfère un sac à main !

C’était encore pire. Déjà, les chaussures, ça ne faisait pas trop. Mais un sac ! Plus cliché, ça n’existait pas. Il rit aussi. Ça lui faisait du bien de voir que Joe était détendu, qu’il arrivait à rire sur ce sujet. Ce n’était pas vraiment son style. Ils arrivèrent bientôt sur l’autoroute. Le jeune homme roulait assez vite mais ça ne dérangeait pas vraiment Ilyès. Son ami savait ce qu’il faisait, le brun avait confiance en lui. Il ne s’inquiétait pas. Il sourit. Cette vitesse, sur une route où la circulation était bonne, le vent dans l’habitacle. Il avait l’impression d’être libre. Il n’avait pas eu cette impression depuis longtemps. Avec la rentrée, les cours, l’accident, la plage, les mecs devant le bar, il n’avait pas eu une minute de répit. Il avait toujours eu un truc pour l’embêter, que ce soit physique ou mental. Et puis, il n’y avait pas que ça. Il y avait aussi le fait qu’il était amoureux. C’était un sentiment tellement génial ! Même s’il ne pouvait pas en profiter à fond. Il trouvait que Joe était parfait. Il avait des défauts, bien sûr. Mais Ilyès les connaissait. Et il faisait avec. Déjà, son meilleur ami faisait des efforts avec lui. Parce qu’avec les autres, ce n’était pas toujours ça. Tant pis. Comme ça, il n’aurait pas à le partager. Il n’était pas vraiment du style jaloux mais il n’aimait pas trop voir ceux qu’il aimait trop proche d’inconnus ou même d’autres personnes tout simplement.

Le jeune homme ne s’était pas vraiment renseigné sur les Everglades. Il avait entendu des choses ici et là. Il savait que ce n’était pas très loin mais il n’avait aucune idée du temps qu’il fallait pour aller là-bas. Il se baissa pour ouvrir le sac à dos qu’il avait posé à ses pieds. Il en sortit une boite, qu’il ouvrit. Il récupéra ses lunettes de soleil et les posa sur son nez. Il se réinstalla et sourit.

- On arrive dans combien de temps déjà ?

Lui, pressé ? Non ! Pas du tout ! Lui, agissant comme un môme ? Non ! Pas du tout ! C’était une question tout à fait innocente de sa part. Il s’informait, c’était tout. Rien de plus. Ils étaient déjà tous les deux, seuls dans la voiture. Mais ils étaient toujours à proximité de Miami. Ils n’étaient pas encore assez loin pour vraiment dire qu’ils étaient tranquilles. Un peu de patience, ils y étaient presque. Enfin. Il espérait simplement que ça allait renforcer leur ... couple ? Il avait toujours du mal avec ce terme, rien à y faire. Il ne voulait pas que ça se termine là. Il était trop heureux pour ça. Il ne parlait pas de ses inquiétudes à Joe, même s’il avait promis de tout dire. Pour lui, c’était normal de douter un peu et pas la peine d’en informer son meilleur ami. C’était sans importance.

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« Emportés par la foule qui nous traîne / Nous entraîne / Écrasés l'un contre l'autre / Nous ne formons qu'un seul corps / Et le flot sans effort / Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre / Et nous laisse tous deux / Épanouis, enivrés et heureux. / Entraînés par la foule qui s'élance / Et qui danse / Une folle farandole / Nos deux mains restent soudées / Et parfois soulevés / Nos deux corps enlacés s'envolent / Et retombent tous deux / Épanouis, enivrés et heureux... »

Joe sourit lorsque son ami évoqua son oubli impardonnable. Il avait reprit la route, Joe avait la manie de rouler assez vite, il aimait bien ça. C'était un truc qui reliait -peut être même la seule chose- les garçons Williams entre eux. Son père et Jeffrey étaient pareils. Joe sourit, il avait prévenu Jeff qu'il ne serait pas là pendant quelques jours, mais sans lui donner de raison précise. En fait, Joe attendait de savoir comment allait se passer ce week-end avec Ilyès. Si tout se passait bien, s'il se rendait compte que c'était comme ça qu'il était vraiment heureux, alors il en parlerait à Jeff. Mais pas avant. Ilyès se mit ensuite à parler des crocodiles et des serpents qui régnaient sur les Everglades. Joe se mit à sourire et observa son ami, se retenant de rire. Il en laissa échapper un quand il lui demanda s'il allait le défendre au cas où. D'habitude, il n'aurait pas ri, parce qu'il était froid et difficilement porté à rire. Mais là, c'était Ilyès et même s'il pouvait faire des blagues nulles, il rigolerait. Tout simplement parce qu'il en était fou. Parce qu'il était heureux et que quoi qu'il dise, Joe trouverait toujours ça génial.

« Ouais, je chasserai le croco et je t'en ferai une paire de chaussures, ça te va? »

Histoire de faire bien Gay tiens. Joe sourit. Première fois qu'il réussissait à rire à ce sujet là. C'était un grand pas en avant, non? Le jeune homme avait rencontré un gars, sur le net. Il était gay et s'assumait depuis peu. Son ami, quant à lui, s'assumait complètement. Du coup, il lui avait posé énormément de questions, il avait réduit ses craintes et en fait, seul une conversation virtuelle, donc anonyme, pouvait répondre à ses attentes. Du coup, Joe aimait beaucoup parler avec ce gars-là. Il n'en n'avait pas parlé à Ilyès parce qu'il n'y avait rien à dire de plus. Il lui avait dit la phrase générale "J'ai été voir sur Internet" mais c'est tout. Il n'avait pas besoin de savoir que Joe avait un peu peur et qu'il cherchait ses réponses ailleurs.

Ils rejoignirent rapidement l'autoroute en direction de la sortie ouest de la ville. Joe pouvait accélérer, chose qu'il fit. Lunettes de soleil sur le pif, les cheveux blonds au vent, il se sentait bien. Il aimait bien les trajets en voiture, surtout que ça lui rappelait son petit voyage avec Jeff, y'a pas si longtemps...

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Son meilleur ami lui demanda s’il n’avait rien oublié. Pas à sa connaissance. Et puis, de toute façon, quand on oubliait quelque chose, on ne s’en rendait compte que lorsqu’on était arrivé autre part. Loin de préférence. Ce n’était pas drôle sinon ! Ils roulaient depuis quelques minutes quand Joe s’arrêta brusquement, sans prévenir. Au milieu de la route. Enfin, sur le bord, mais il devait quand même gêner.

- Ah merde ! J'ai oublié un truc moi !

Ilyès arqua un sourcil. Bon, il valait mieux s’en rendre compte maintenant, plutôt qu’après plus d’une heure de trajet. Il était toujours possible de faire demi-tour. Le jeune homme allait demander ce qui avait été oublié quand il vit que son ami approchait son visage du sien. Il passa une main derrière sa tête et il finit par l’embrasser tendrement. Le brun n’avait toujours pas l’habitude de ça et c’était vrai qu’il n’osait pas toujours. La preuve, il ne l’avait pas fait le matin même, quand Joe était rentré chez lui. C’était rare qu’ils s’embrassent comme ça mais c’était ce qui rendait l’instant meilleur. Quand le baiser se termina, Ilyès sourit un peu niaisement. Ça lui faisait toujours un peu cet effet.

- Bonjour...

Le blond l’embrassa à nouveau, moins longtemps cette fois-ci et se réinstalla pour reprendre sa route. Son ami retrouva un peu ses esprits et se tourna vers le conducteur alors que la voiture repartait. Il se sentait bien et il avait envie de taquinait un peu Joaquin.

- Mais c’est un oubli impardonnable ça !

Il sourit, amusé. Il fit aussi un petit clin d’œil. De toute façon, il était capable de tout pardonner au garçon assis sur le siège à côté de lui. Là, ils étaient vraiment partis. Leurs vacances devenaient concrètes. Fenêtre ouverte, soleil qui tapait, les Everglades au bout du chemin, il n’y avait aucun point noir. Ilyès avait le cœur léger. Ça faisait déjà deux minutes qu’il n’avait pas parlé. Exploit pour lui d’ailleurs ! C’était un vrai moulin à paroles et il plaisantait presque tout le temps. Surtout quand il se sentait bien, comme c’était le cas. Un nouveau sourire étira ses lèvres avant qu’il ne parle.

- T’es au courant qu’il y a des crocodiles là-bas ? Et des pythons aussi ?

Les crocodiles c’était normal. Mais les serpents, moins. Ils avaient été introduits par des particuliers et on en retrouvait de temps en temps. Il n’y en avait pas non plus des milliers mais ils étaient bien là. Oh, il doutait qu’ils en croisent mais on ne savait jamais.

- Tu me défendras, hein ?

Il savait aussi que le parc était sécurisé, qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter. S’ils avaient le droit de camper, c’est que ce n’était pas dangereux. Il éclata de rire devant sa bêtise. Joe ne devait jamais avoir boxé contre un reptile. C'était cette image qui l'avait fait rire plus que ses paroles. Des fois, il pensait qu’il valait mieux le bâillonner. Il reprit tout de même son sérieux, même s’il garda un demi-sourire et que ses yeux brillaient de malice.

- Bon, j’arrête de dire n’importe quoi, je vais finir par te déconcentrer !

Ça, il ne le voulait pas. Un accident était vite arrivé, il était bien placé pour le savoir. Il n’avait pas vraiment envie de retenter l’expérience. Il verrait bien si Joe avait besoin de beaucoup de calme ou non. Il était juste pressé d’arriver mais tant qu’il était dans la voiture à côté de son meilleur ami, il saurait être patient.

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Joe arriva devant l'immeuble de son ami et se gara juste devant l'entrée. Il entra alors à l'intérieur et monta à l'étage de son appartement. Une fois devant la porte, son ami l'invita à entrer. Joe retrouvait son sourire. Ilyès avait meilleur mine, il était beau. Joe retira ses lunettes de soleil et sourit à son ami. S'apprêtant à l'embrasser, il fut surprit de voir qu'Ilyès ne s'attendait tellement pas à ça, qu'il n'était pas resté plus longtemps avec lui. Allant régler ses dernières affaires et préparatifs alors que le jeune homme l'attendant assis sur un accoudoir de canapé, ils finirent néanmoins par quitter l'appartement. Joe grimpa au volant de sa voiture, après avoir mis la valise de son ami dans le coffre.

« T'as rien oublié, c'est bon? »

Il sourit alors et démarra sa voiture avant de commencer à rouler et de s'arrêter net, pilant sur le bord de la route. Il mima alors une mine embarrassé et lança alors :

« Ah merde ! J'ai oublié un truc moi ! »

Il se tourna alors vers son meilleur ami et lui sourit en coin, avant de s'approcher de lui. Sa main vint autour de sa nuque, caressant ses cheveux bruns et attirant son visage vers ses lèvres. Il observait les lèvres de son meilleur ami, souriant. Il vint alors l'embrasser doucement. Ils ne l'avaient pas souvent fait, si bien que c'était toujours un peu intimidant. Joe retrouvait cette sensation de bien être incroyable. Jouant tendrement avec la lèvre d'Ilyès, la prenant entre ses lèvres, il s'amusa avec son meilleur ami avant de clore le baiser, murmurant alors juste devant les lèvres d'Ilyès :

« Bonjour... »

L'embrassant à nouveau, mais beaucoup plus furtivement, il reprit sa place bien au fond de son siège, s'attachant alors et démarrant à nouveau sa voiture, un sourire aux lèvres, il commença a rouler en direction des Everglades.

« Aller hop ! C'est partit ! »

Les fenêtres ouvertes, la chaleur les entourant, l'amour les enivrant, tout ne pouvait être que parfait....

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Ah, les vacances ! Enfin ! Ilyès les attendait depuis la première seconde de cours dans cette école. Il serait enfin libre de ne pas aller au lycée, de ne pas suivre les classes ennuyantes. Et puis, c’était les beaux jours. Un peu trop beaux à Miami selon le jeune homme. Mais il n’allait pas s’en plaindre non plus. De plus, il avait des projets pour ses vacances. Il partait. Mais pas seul. Il allait passez quelques jours en tête à tête avec Joe. Pour camper, dans une réserve naturelle. Les Everglades. Il était pressé. De découvrir les beaux paysages que lui réservaient ce voyage mais surtout pour retrouver son meilleur ami. Qui était aussi la personne dont il était amoureux. Ça pouvait sembler bizarre mais c’était comme ça. Il n’avait pas vraiment eu l’occasion de le voir beaucoup, les études prenaient beaucoup de temps à l’étudiant. Et même s’ils se voyaient, c’était toujours caché. Ça ne le dérangeait pas, tant qu’il était avec Joaquin. Mais il avait besoin de ne pas se cacher, pour une fois. De pouvoir vivre tranquillement. Ça allait leur faire du bien, ces vacances. Enfin, il l’espérait. Il voulait se rapprocher un peu plus du jeune homme, si c’était possible. Joe n’était pas, comment dire, le plus … tendre des compagnons. Ilyès le savait et dans l’ensemble ça ne le dérangeait pas. Il fallait se contenter de ce qu’on avait. Tous les deux, ils avaient un secret. Ils réussissaient à le garder sans problème, pour l’instant, c’était bien aussi de pouvoir se relâcher de temps en temps et de ne plus s’inquiéter. Car la peur d’être découverts était quand même bien là.

Ilyès savait que Joe n’avait rien dit à son frère. Il lui fallait plus de temps et c’était tout à fait compréhensible. Il le ferait quand il se sentirait prêt. Le jeune homme entendit son portable vibrer. Il l’avait laissé sur son lit, au milieu de tout un tas d’affaires qu’il n’avait pas encore mis dans sa valise. Le message reçut disais « J’arrive ». Pas besoin de préciser de qui il venait. Vite, il enfouit ce qu’il manquait dans le grand sac et ferma celui-ci sans problème. Il ne partait pas non plus des mois, il n’avait pas tant de choses que ça ! Il n’avait jamais compris pourquoi les filles emmenaient tant de vêtements, d’objets, de trucs quoi. La plupart du temps, ça ne leur servait à rien et ça prenait de la place inutilement. Il était pressé. Il attendait impatiemment que Joe arrive. Enfin, au bout de quelques minutes, une dizaine à peine, il entendit une voiture se garer en bas de son appartement. Il alla voir à la fenêtre. Son cœur battait plus fort tandis qu’il souriait comme un con. Il avait parfois l’impression d’être un enfant. Il ne se lassait jamais de voir son ami arriver, il ne se lassait jamais de pouvoir plonger ses yeux dans ceux du blond. Ils n’avaient peut-être pas une relation des plus fusionnelles mais il était bien comme ça. Il savait se contentait de peu et il se disait qu’il y avait toujours pire que lui. Au moins, il pouvait quand même profiter. Il entendit frapper à sa porte. Il plaça son téléphone dans sa poche et se dirigea vers la porte. Il pouvait enfin marcher normalement, il était débarrassé de ses béquilles ! Il l’ouvrit et se retrouva face à la personne qu’il attendait. Comme à chaque fois, il sentit une douce vague de réconfort l’envahir. Là, c’était un sourire éclatant qui se dessinait sur son visage.

- Vas-y, rentre !

Joignant le geste à la parole, il laissa son meilleur ami investir l’appartement. Il avait encore deux-trois trucs à faire avant de pouvoir partir, comme fermer les volets et débrancher les appareils à risque. Oui, il était assez pointilleux sur ça, il avait assez peur des accidents domestiques qui pouvaient survenir. C’était devenu une habitude pour lui, dès qu’il quittait son appartement pour un temps assez long.

- Je suis presque prêt, on peut partir bientôt !

Il régla ses dernières affaires et alla chercher sa valise. Il la balança sur son épaule. Il était fin prêt. Ils sortirent tous deux de l’appartement et Ilyès le ferma à double tour, rangeant bien soigneusement les clés dans une poche de son sac de voyage. Ils s’installèrent dans la voiture, Joe au volant évidemment. Il s’était enfin décidé à s’acheter un véhicule ! Au moins, c’était plus de liberté, il pouvait aller où il voulait, quand il voulait. C’était une chance. Ilyès sentait l’excitation du voyage monter. Il n’était jamais vraiment parti en vacances. Ses parents étaient souvent radins, ils ne voulaient pas dépenser aussi inutilement. Et puis, ils étaient tout le temps occupés par leur boulot. Ils n’avaient jamais eu beaucoup de temps à consacrer à leur fils. Ni de tendresse d’ailleurs.

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Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. | Ilyès - Page 2 Tumblr_lzej2zc4ES1r278dio1_500

Nous étions déjà aux vacances de printemps. Celles du mois de Mars. J'aimais cette période, parce que c'était celle des beaux jours à New York. Le temps devenait plus beau, il cessait de pleuvoir, nous pouvions sortir sans forcément presque les manteaux. Quoique ici, à Miami, les termes manteau et éclaircis n'existaient pas. Il faisait toujours un temps estival, ce qui ne me plaisait pas forcément. Je m'étais habitué au climat de New York moi ! Enfin bref, avec les épisodes liés à Ilyès, j'avais loupé quelques cours, pas tellement au fond, mais à l'université, il faut énormément bosser à côté, du coup, je n'avais pas spécialement vu le jeune homme en dehors du lycée. Et là, c'était à la fois étrange et à la fois drôle. De lui sourire, de lui parler, en sachant, tout les deux, très bien qu'il y avait un secret entre nous mais que personne, ne se doutait de rien. On passait inaperçu et ça, c'était royal. Je trouvais ça même, génial. Je savais qu'Ilyès avait un peu plus de mal, qu'il aurait aimé un peu plus de tendresse de ma part, mais il me connaissait, je n'étais pas du genre gros nounours à qui on pouvait faire des calins à longueur de temps et encore moins dans notre... situation. Je n'avais encore rien dit à mon frère, je n'y arrivais pas à vrai dire. Et ça n'était pas quelque chose qui me dérangeait plus que ça. C'était mon secret avec Ilyès. Notre secret.

Là, j'étais dans mon appart' en train de faire ma valise. Pourquoi? Parce que j'avais proposé à Ilyès d'aller camper, quelques jours, en dehors de la ville. Durant les vacances, beaucoup de jeunes de notre école repartait chez eux ou alors en vacances entre amis. Je m'étais donc dit qu'il serait chouette pour nous, de faire de même. On se retrouverait un peu seul et j'espérais au fond, retrouver un peu de cet instant magique sur la plage. Et là où je prévoyais d'aller, personne ne viendrait nous faire chier !

Notre destination? Les Everglades, le grand parc naturel de Floride. Nous pourrions nous balader, visiter des réserves naturelles et surtout : camper au fond des bois, tranquillement. J'avais d'ailleurs loué tout le matériel qu'il nous fallait et je devais passer prendre Ilyès à son appartement d'ici... 10 minutes. Hop, je vérifiais tout, je bouclais ma valise, j'éteignis mes appareils éléctriques, je fermais mon appart' et me voilà descendu au sous sol pour prendre ma voiture. Oui, j'avais fini par en acheter une, au lieu d'en louer tout le temps ou de prendre un taxi, ça s'avérait nettement plus pratique. Surtout que sur mon bail, j'avais un emplacement que je payais, autant m'en servir non?

J'entrais dans la voiture après avoir mis tout ce que je devais dans le coffre puis je partis en direction de l'appart' de mon ami, lui envoyant un sms en même temps pour lui dire « J'arrive ».