Le spectacle commença alors, deux dresseurs accompagnés de leur bêtes venaient de se présenter et allaient faire une démonstration. Joe les regarda donc avec curiosité. C'était distrayant et à la fois impressionant. Comme la plupart de ce genre de spectacle, avec des bêtes aussi... sauvages. Joe sentit à un moment donné, qu'Ilyès s'approchait de lui, venant alors lui murmurer quelque chose à l'oreille. Il sourit et lança alors :
« Haha, t'inquiète, tu vas l'avoir ton sac à main, je sais que tu n'attends que ça ! »
Il se mit alors à rigoler doucement, continuant de regarder le spectacle. Les dresseurs expliquaient ensuite diverses choses à propos des crocodiles, leur façons de vivre, de se déplacer, leur longévité etc... Joe trouvait ça intéressant et était complètement captivé, comme la plupart des gens ici présents d'ailleurs. Puis, l'animateur annonça qu'ils allaient leur montrer à présent, comment se passait la chasse, pour ces animaux là. Joe fut alors tout ouïe et, armé observa l'homme muni d'un appât, agiter la friandise devant le reptile. La bête mit quelques secondes avant d'attaquer, ce qui agita alors la foule. Le jeune homme sourit, complètement sous le charme de ce spectacle.
La suite se déroula de la même façon, l'animateur intervenait pour dire ce qu'ils allaient faire, montrer etc... et puis les reptiles défilèrent, tous plus impressionnants les uns que les autres. Puis, ce fut au tour des serpents de faire leur entrée, passant par certains que Joe ne trouvait pas plus intéressants que ça, les gros arrivèrent très vite. Bien évidemment, l'animateur demanda à un moment donné si quelqu'un voulait venir, pour servir de "repose serpent" pour quelques instants. Pas mal de main se levèrent et celle de Joe également. Il n'était pas entièrement là pour faire potiche, autant profiter à fond du spectacle non? Et il n'avait pas vraiment peur. Mais jamais il ne se serait douté qu'il allait être choisit. Il sourit en regardant Ilyès, avant de sortir des gradins pour rejoindre l'animateur et les dresseurs de serpents. Ca allait être drôle !
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
Le repas se passa dans la bonne humeur. Joe fila dans la salle de bain pour se préparer à partir et Ilyès fit de même. Enfin, il n’avait presque rien à faire. Juste se brosser les dents, mettre son portable dans sa poche juste au cas où et prendre sa veste. Ils sortirent tous les deux de l’hôtel au milieu de la foule. Tout était bien indiqué, ils n’eurent aucun mal à trouver l’endroit du spectacle. Il n’aurait pas fallu qu’ils arrivent un peu après car la place commençait à manquer. Joe lui indiqua des sièges et ils montèrent pour s’installer. La vue était bien d’où ils étaient. On pouvait sentir une certaine impatience tout autour, venant d’un peu tout le monde. Les parents avaient du mal à tenir leurs enfants tandis que d’autres touristes attendaient en silence. Il y avait de la musique. Vous savez, celle qui est là pour faire patienter mais qui énerve plus qu’autre chose ceux qui sont pressés ...
- J'espère que ça va être chouette.
C’était l’une des attractions phare du parc, il n’y avait pas de raison que ça ne le soit pas. Ilyès sourit à son ami. Lui aussi, il l’espérait. Mais il ne s’en faisait pas pour ça. Le jeune homme vit que son compagnon balayait les lieux du regard. Il ne fit pas de même, il était concentré sur ce qu’il avait devant lui. Enfin, surtout ce qu’il n’y avait pas encore. Aussi, quand Joaquin lui prit la main et lui sourit, il crut que c’était de son entière volonté et pas comme une « réaction » à un autre couple qu’il venait de voir. Il lui retourna son sourire, éclatant. C’était tellement mieux quand ils gardaient un certain contact. Ils s’étaient mis d’accord dès le début, il ne fallait pas s’attendre à des papouilles toutes les trente secondes. Mais le lycéen constatait que plus le temps passait et plus son petit ami osait l’embrasser, lui prendre la main, caresser son visage. Et même à le faire devant un nombre indéfini de personne. Ça lui réchauffait le cœur et il ne pouvait pas demander plus. C’était parfait. Enfin, la musique cessa, les bruits du public diminuèrent. Il n’y avait que des murmures qui accueillaient l’homme qui venait de se placer devant eux. Visiblement, c’était le présentateur du spectacle. Avec son micro, il exposa le programme de la soirée et donna plusieurs informations sur le parc.
- Je vous demande d’applaudir comme il se doit, mesdames et messieurs, deux de nos dresseurs d’alligators. Ils vont ce soir vous montrer la technique indienne pour capturer ces bêtes énormes et dangereuses !
Un tonnerre d’applaudissements se fit entendre quand deux hommes arrivèrent, accompagnés d’un gros reptile à l’air pas commode. Il était attaché mais il y eut quand même un mouvement de recul dans le public. Normal, en même temps. Ce n’était pas un chat ou un chien. Cette chose-là pouvait vous arracher un bras en une seule pression de mâchoire. Ils commencèrent alors leur démonstration, ponctuée par les « ooh ! » et les « aah ! » des spectateurs. Les gradins vibraient. Ilyès était un peu impressionné. Effectivement, il fallait faire très attention dans ce genre de démonstration parce que même s’il y avait beaucoup de sécurité, un accident était vite arrivé. Les deux dresseurs semblaient avoir de l’expérience mais un geste de travers et ça pouvait être la catastrophe. Et puis, c’était un spectacle, il ne fallait pas l’oublier. Il y avait quand même un côté théâtrale, une volonté de faire peur aux gens en même temps que de les émerveiller. Ce qui fonctionnait plutôt bien, il fallait l’admettre. De plus, Ilyès avait entendu des murmures avant que ça ne commence. Certains disaient qu’à la fin, un bébé alligator circulerait dans le public pour des photos souvenirs. Muselé, bien entouré et surveillé, mais en « liberté » quand même. Le jeune homme approcha ses lèvres de l’oreille de son petit ami pour être sûr qu’il entende ce qu’il voulait lui dire. Il fallait avouer qu’il y avait pas mal d’agitation tout autour.
- Regarde bien comment ils font, ça pourrait te servir pour mon sac à main !
Simple boutade de sa part. Il était détendu et comme d’habitude, il avait envie de plaisanter et de partager la joie qui l’habitait.
Ilyès m'annonça alors qu'il se vengerait, ce qui me fit sourire. Je ne pensais pas craindre grand chose de sa part et puis, il ne me faisait pas vraiment peur. Je lui retourna alors son bon appétit et je me mis à déguster mon repas. Il se passa d'ailleurs sans encombres, plutôt assez joyeux même. L'ambiance qui nous habitait était vraiment particulière, peut-être venait-elle de ce lieu où nous nous trouvions, après tout, rien ne pouvait nous déranger ici. Après manger, je filais dans la salle de bain, me brosser les dents et enfiler une chemise afin de nous rendre au spectacle de reptile organisé sur l'un des forums dans le parc. Une fois prêts, nous quittâmes donc l'hôtel, entouré de pas mal de voyageurs qui avaient eu la même idée que nous. On ne tarda pas à trouver d'endroit, des gradins de pierres presque entièrement remplis de personne, une musique qui sortait d'on ne sait où et des torches allumées tout autour de l'étendue d'herbe qui s'étendait devant les gradins. Je trouvais rapidement un emplacement pour moi et mon petit ami et nous nous y installâmes. Je souris, j'étais content et j'avais hâte de voir ce spectacle.
« J'espère que ça va être chouette »
Lançais-je alors, attendant l'heure du spectacle, comme tous ces gens ici présents. J'observais alors la foule et mon regard se stoppa sur un couple. Comme nous. Sauf qu'eux, ils assumaient. Ils venaient tout juste de s'embrasser, ce qui m'avait interpellé et bien évidemment, j'observais les réactions autour. Je fus alors surpris de voir que personne n'y prêtait attention. Après tout à notre époque n'était-ce pas devenu quelque chose de banal? Nous connaissions tous plus ou moins au moins une personne homosexuelle, non? Alors qu'est-ce qu'il y avait de choquant là dedans? Ils avaient l'air heureux, à ne pas se soucier des autres. Ca me donna envie.
Je pris alors la main de mon petit ami, dans la mienne. Simplement. Je tournais alors mon regard vers le siens et lui souris. Il était mignon, avec ses cheveux encore un peu mouillés, qui lui tombaient dans les yeux. Son sourire était enfantin, ses yeux brillants. J'adorais nos moments passés ensemble. J'adorais sa personnalité qui me faisait alors, tout revivre plus fort, plus intensément. Puis, la musique diminua et un jeune homme entra sur la pelouse, munie d'un casque qui lui servait de micro, il nous souhaita la bienvenue et nous présenta un peu le parc, ses animaux et la soirée qui allait commencer.
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
A provocation, réaction immédiate. Il se sentit à nouveau soulevé. Heureusement, ça ne lui donnait pas la nausée ! Cette fois-ci, c’était la salle de bain qui était la destination. Décidemment, Joe avait envie de le taquiner ce soir ! Il le déposa dans la baignoire. Ok, là, Ilyès sentit qu’il ne s’en tirerait pas avec de simples baisers. Ça ne serait pas drôle sinon. En effet, le blond prit la pomme de douche et fit couler l’eau. Le lycéen posa une main pour vérifier que son portable n’était pas sur lui et heureusement, il l’avait laissé dans le salon. Parce que là, il n’avait plus aucune chance de s’en sortir indemne. Il sentit l’eau couler sur son torse toujours nu et dans ses cheveux. Il tenta bien de renvoyer quelques gouttes à son agresseur mort de rire, mais c’était peine perdue. Il ne fallut que quelques minutes pour que le jeune homme soit trempé, de la tête au pied. Lui qui n’avait pas prévu de prendre sa douche ! Il riait aussi et un énorme sourire ornait son visage. Ils étaient deux gamins en train de faire une bataille d’eau dans la salle de bain d’un hôtel. Ils avaient perdu dix ans en l’espace de quelques secondes. Joe s’accroupi et lui lança :
- Alors, c'est qui le plus fort?
Ilyès allait répondre qu’il capitulait quand on frappa à la porte. Hallelujah, il était sauvé ! Effectivement, Joe se leva pour aller ouvrir et il le laissa seul dans la baignoire. Le jeune homme se leva et sortit de sa « prison ». Il dégoulinait de partout, il ressemblait à une éponge vivante. Ou à rien du tout. Il avait voulu jouer, il avait perdu. Mais il n’était pas mauvais perdant. Il sortit de la pièce et alla dans le salon. Leurs repas étaient là, la table était mise. Et son petit ami le regardait d’un air satisfait. Là, il pouvait. C’était du bon travail. Ilyès fit une moue faussement vexé.
- Tu peux être fier ouais ! Si je suis malade, ça sera de ta faute !
Il passa une main dans ses cheveux, plus que mouillés. Il fallait qu’il aille se changer, il n’allait quand même pas rester comme ça ! Heureusement, il avait pris des affaires de rechanges, juste au cas où. Il récupéra sa valise et l’emmena dans la salle de bain. Il retourna prendre son t-shirt dans la chambre, qui avait eu la chance d’être épargné. Il alla donc dans la salle d’eau. Il passa quand même dans le salon pour dire une dernière phrase à son petit ami.
- Bon, je vais m’essuyer. Et hors de question que je nettoie tes bêtises !
Il lui tira la langue comme un enfant et alla se changer. Des serviettes étaient mises à disposition et heureusement. Il se sécha rapidement et enfila ses affaires de rechange. Un simple jean. Et son t-shirt. Cependant, il laissa sécher ses cheveux à l’air libre. Ils étaient courts de toute façon, ils n’allaient pas tarder à ne plus être mouillés. Il regagna le salon et s’installa là où Joe lui avait mis une assiette. Ils s’étaient bien amusés. Surtout le boxeur visiblement. Ilyès lui sourit. Il n’avait toujours pas répondu à la question posée avant que le charriot n’arrive. Ça ne le dérangeait pas d’admettre ses faiblesses mais il avait quand même un peu de fierté. D’accord, physiquement, c’était Joe le plus fort. Mentalement certainement aussi. Mais le jeune brun pouvait aussi avoir des atouts.
- Ok, tu as raison, c’est toi le plus fort. Mais je me vengerai …
Ce n’était pas une menace, du tout. Un avertissement gentillet. Et puis, il ne savait pas du tout comment mais il trouverait bien. Son esprit enfantin l’aiderait à trouver quelque chose pour rendre la pareille à son petit ami. Il allait falloir ruser parce qu’il venait de constater qu’il était loin de posséder la même force que le boxeur. Même s’il le savait déjà avant. L’odeur des repas réveilla son appétit. Faire les enfants donnait faim ! Il prit donc son plat et attendit que Joe fasse de même avant de commencer. Il lui lança alors joyeusement :
Il répondait à mes baisers, ne voulant pas s'échapper, ne voulant pas y échapper. Je souris, collant davantage mes lèvres aux siennes, ne voulant plus le quitter. J'aimais cette proximité soudaine, cette pulsion que j'avais eu vis à vis de lui. Celle de l'embrasser. Il vint néanmoins poser ses mains à plat sur mon torse, comme pour mettre une certaine distance entre lui et moi. Il me fit rire, il voulait jouer au dur. Je souris et ne tarda pas à me redresser sur les genoux et à le tirer par le bras et sous le genoux, le tenant alors de cette façon, musclant par ailleurs les muscles de mes bras, je le portais jusqu'à la salle de bain et l'installa dans la baignoire, avant que je ne m'empare du pommeau de douche et de commencer à l'arroser. Je me mettais à rire, comme un gamin content de sa connerie. Mon ami commençait a vraiment être totalement trempé et moi, je rigolais en continuant de l'asperger d'eau. Après quoi, je me mis accroupie au bord de la baignoire et lui lança :
« Alors, c'est qui le plus fort? »
Je souris et alors que je m'apprêtais à faire la deuxième manche de notre bataille, on frappa à notre porte. C'était sûrement le dîner. Je souris à Ilyès et le laissa se demmerder tout seul dans sa baignoire et j'avançais vers notre porte d'entrée afin d'ouvrir au serveur. Il nous apporta un petit chariot avec nos plats et notre bouteille. Je le remercia alors et alla chercher un billet de 20$ en guise de pourboire puis, j'installais le chariot près de la table. Des assiettes, couverts étaient à notre disposition, je mis donc la table en attendant que mon petit ami vienne me rejoindre. Je souris à sa vue, fier du résultat. Ca faisait du bien, des moments comme ça, j'aimais ça.
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
Joe eut une réaction à laquelle Ilyès ne s’attendait pas. Il se leva et le balança sur son épaule, comme un sac à patate. Le jeune homme tambourina le dos de son petit ami avec ses poings fermés, mais pas fort. Juste histoire de se débattre un peu et de protester. Il ne voyait pas où l’homme l’emmenait mais il le devinait. Il sourit, même si personne ne pouvait le voir. Il entendit Joe rire. Qu’avait-il décidé de faire de lui ? Il était à sa merci maintenant.
- Celui qui a le plus de force, décide.
Donc Joe estimait que c’était lui. Et visiblement, il avait décidé qu’ils ne mangeraient pas pour le moment. Ilyès sentit qu’il quittait les épaules du blond et rebondit sur le lit. Il n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit que son ami se trouvait déjà au-dessus de lui, à le regarder. Il y avait quelque chose dans ses yeux mais le lycéen ne sut dire quoi. De toute façon, il n’eut pas vraiment le temps de se le demander. Les deux hommes s’embrassaient à nouveau, mais sur le lit. C’était tellement bien. Sur ce coup, c’était sûr, Ilyès n’avait pas la force de s’opposer. Encore moins l’envie. Il avait juste envie de se laisser aller. Il était bien trop faible pour résister sous les baisers de Joe. Surtout qu’il était coincé entre lui et le matelas. Il répondit aux baisers avec passion. C’était soudain de la part de son petit ami, presque bizarre. Beaucoup de choses avaient été bizarres aujourd’hui. En fait, c’étaient les réactions de l’étudiant qui l’avaient été, parce qu’il s’était montré particulièrement tendre et qu’il avait osé s’afficher avec un autre mec en publique. Et maintenant, ça. Parfois, il ne fallait pas chercher à comprendre. Le jeune homme lui retira son t-shirt. Mais à quoi jouait-il ? Qu’est-ce qui le prenait ? Ilyès était dans l’incompréhension. Mais une douce incompréhension. Il sentit les lèvres brûlantes de Joe quitter les siennes et aller se poser dans son cou. Il frissonna automatiquement. Il allait dire quelque chose, sans trop savoir quoi, quand la bouche de son petit ami ne plaqua à nouveau contre la sienne. Joaquin était le diable en personne. Un démon de tentation. Auquel on ne pouvait pas dire non. Ilyès laissa donc le blond faire, ne protestant pas une seule seconde. De son côté, il ne fit rien de plus, il n’osait pas. Il y avait toujours certaines limites et il avait peur de les franchir. Il oubliait qu’il n’était pas seul. Surtout, il ne pouvait pas lire dans l’esprit de son meilleur ami, il ne pouvait pas savoir à quoi il pensait, ce qu’il cherchait. Ça le déstabilisait. Comme sur le canapé, il posa ses mains sur le torse du jeune homme. Pas pour mettre une distance entre eux, ni pour le repousser, loin de là. Comme ça, il pouvait sentir son cœur battre dans sa poitrine. Son cerveau avait cessé de fonctionner un instant mais il revint un peu à lui. Et il avait aussi envie de taquiner son ami. Il stoppa leurs baisers sans autre forme de procès et tourna la tête pour ne plus se trouver en face du visage de Joe. Il lui susurra malicieusement :
- Et t’es sûr d’être le plus fort ?
C’était de la provocation gentille et il savait d’avance qu’il avait perdu. Mais il était joueur et autant saisir la perche, non ?
Il posa ses mains à plat sur le torse du jeune homme, Joe aimait ce contact physique. Il retint son petit ami contre lui, avec son coude et lorsque celui-ci se détacha de lui, lui signalant qu'ils devraient manger un morceau, le jeune homme ne lui laissa pas le temps de se lever davantage. Il se leva plus rapidement que lui et prit Ilyès à la bascule sur son épaule. Les fesses de son petit ami près de son visage, l'avant de son corps dans son dos et ses jambes devant lui, Joe se mit à rire et a marcher vers leur chambre.
« Celui qui a le plus de force, décide. »
Il jeta alors Ilyès sur le lit, continuant de rigoler doucement et vint ensuite le rejoindre, passant au dessus de lui, il ne le quitta pas du regard. Plongeant ses yeux dans les siens, il vint vite retrouver ses lèvres, les goutant avec délice, il ne tarda pas à mélanger sa langue à celle de son petit ami. Il ne savait pas d'où lui venait cette soudaine pulsion. Cette envie de batifoler sagement avec lui, mais il aimait ça. Il avait envie de l'embrasser, pas d'aller forcément plus loin, juste de partager un moment à deux, sans se poser de questions sur quoi que ce soit d'autre. Parce qu'il avait remarqué ça, dès qu'ils se rapprochaient un peu trop physiquement, Ilyès avait tendance à trouver une excuse pour s'éloigner, partir faire autre chose etc... Au final, ce n'était sans doute pas Joe qui était le plus réservé à ce sujet là, loin de là même.
Alors il allait le tester, parce qu'aussi, il en avait envie. Manger ses lèvres, sentir sa peau, son souffle. Il ne tarda d'ailleurs pas à retirer le tee-shirt d'Ilyès. Il vint lui déposer de tendres baisers sur la peau de son cou, tout doucement. Venant alors retrouver ses lèvres pour ne plus les quitter.
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
- Ca commence dans deux heures, on a encore le temps de manger, on commande et on mange ici?
Ilyès hocha la tête positivement. Oui, rester tranquilles dans la chambre, ça le tentait bien. Ils commandèrent alors grâce au téléphone de l’hôtel. Ils allaient attendre quelques minutes, le temps que tout soit préparé et que Joe s’habille un peu. Ilyès s’installa sur le canapé en attendant qu’il aille ouvrir au serveur. Les repas arrivés, le jeune homme se laissa tomber dans le canapé, à côté de son petit ami. Celui-ci l’attira à lui et l’embrassa. Le brun se laissa aller contre lui, comme un pantin. Pas sans volonté, non, mais heureux de se laisser bercer. Après un long moment, il lui murmura une phrase.
- Ca me fait toujours aussi bizarre d'embrasser mon pote.
Il riait. Et lui donc ! Ilyès aussi était un peu déstabilisé par ça. C’était étrange, très étrange. Si on lui avait dit ça quelques semaines auparavant, il aurait éclaté de rire. Il l’aurait pris avec toute la bonne humeur qu’il possédait mais jamais il ne l’aurait cru.
- T’es bien plus qu’un pote …
Il eut à peine le temps de finir sa phrase que les lèvres des jeunes hommes se soudaient à nouveau. Joe dévoilait une tendresse que personne ne pouvait deviner en le voyant. Mais Ilyès commençait à le connaitre, à savoir qu’il fallait gratter un peu pour découvrir tout un tas de choses. Il fallait juste prendre la peine de le faire. Ça faisait déjà un certain temps qu’il s’était rendu compte que Joe était quelqu’un de bien, avant de voir qu’il était amoureux de lui. Le problème, c’est que le jeune homme s’était construit une carapace et qu’il était très difficile de la percer. Sans savoir pourquoi, il avait réussi une première fois en gagnant son amitié, puis une deuxième en lui volant une partie de son cœur. Enfin, il espérait y avoir une petite place en tout cas. En fait, cela faisait déjà un petit temps qu’il vivait en pensant que le bonheur venait de soi-même et un peu des autres. Il pensait que c’était surtout notre façon de réagir qui faisait que l’on était heureux ou non. Si on prenait mal les choses, il était évident qu’on ne pouvait pas vivre sans problème. En ne voyant que le positif, il s’était évité bien des tracas. Sauf que maintenant, plus il y repensait, plus il se disait qu’il n’avait pas complètement raison. Parce que dans les bras de Joe, il était fichtrement heureux. Il se pensait pas recevoir autant et ça lui donnait envie de donner tout ce qu’il possédait. Sa joie, sa bonne humeur, son espièglerie, sa douceur, son côté enfantin. Ses qualités comme ses défauts. Sa tendance à trop parler, à ne pas réfléchir parfois, à trop réfléchir d’autres fois, le fait qu’il soit faible et lâche sur les bords, le fait qu’il se place toujours en position de coupable. Même si ça allait un peu mieux sur ce point. Le jeune homme joua avec les lèvres de son petit ami, sa langue. Il y avait quelque chose chez lui qui le mettait sans dessus dessous. Il posa ses paumes de mains sur le torse du boxeur tout en continuant de l’embrasser. Il n’avait pas envie de se détacher de lui. Pourtant, il le fit quand même, à regret. L’heure tournait, il ne fallait pas l’oublier. Ça serait bête s’ils étaient en retard. Il plongea son regard chocolat dans celui, océan, de Joe.
- On devrait manger, non ? Avant que ça refroidisse !
Et puis, comme ça, une fois que ce serait fait, ils auraient tout le temps de faire ce qu’ils voulaient avant que le spectacle ne commence. Enfin, presque tout leur temps.
Ilyès lui répondit alors qu'il était plus intéressé par le spectacle de reptiles. Cool, c'était également ce qui le tentait le plus. Il sourit et lui répondit qu'il était tout à fait d'accord.
« Ca commence dans deux heures, on a encore le temps de manger, on commande et on mange ici? »
Joe n'avait pas très envie d'aller de nouveau au restaurant, une fois par jour ça suffisant amplement pour lui. Et puis, il aimait bien être ici avec son petit ami, l'ambiance était chouette. Il se leva alors et s'étira de tout son long avant de faire quelques pas dans la suite afin de trouver le téléphone pour commander à l'hôtel deux repas pour ce soir. On lui proposa diverses choses et il demande à son ami ce qui lui faisait envie, puis il raccrocha, ils seraient livrés d'ici une demie heure. Impeccable. Joe alla donc enfiler un jeans, afin d'accueillir le serveur dans une tenue un peu plus adéquat puis alla retrouver Ilyès. Il s'installa en mode grosse loque sur le canapé à côté de lui et l'observa presque de dos. Il était mignon mais ça perturbait Joe d'être aussi tendre. Il n'était à la base pas comment ça et il avait l'impression de changer au contact de son ami, ce qui le perturbait. Il ne voulait pas devenir tout mielleux comme tout ces autres couples là. Il voulait se préserver et préserver son couple de ça. Néanmoins, il attira le jeune homme contre lui et tout en souriant, posa son doigt sous le menton de son ami pour apporter ses lèvres aux siennes, l'embrassant alors. Après de longues secondes il lui murmura en rigolant :
« Ca me fait toujours aussi bizarre d'embrasser mon pote »
Mais ça ne l'empêcha pas de recommencer une nouvelle fois, doucement et tendrement.
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
Le silence était là, installé avec les deux hommes. Joe le rompit avec un seul mot, qui fit battre le cœur d’Ilyès un peu plus fort. Au même moment, il lui prit la main. Ces deux actions avaient un même but : l’attirer sur le même transat que lui. Le brun se leva avec plaisir, sourire sur le visage. Il vint s’installer entre les jambes de l’homme et se laissa aller en arrière pour venir se poser sur son torse. Il vint l’entourer de ses bras. C’était juste parfait. A bien y réfléchir, Ilyès ne s’était jamais senti aussi proche de quelqu’un, même d’une fille. Pas que physiquement bien sûr. Même s’il n’avait pas l’habitude d’être celui qu’on « chouchoute » et qu’on « protège », il aimait. Il ne fallait pas longtemps pour que la respiration de Joe devienne lente et régulière : il s’était endormi. Pendant un petit moment, Ilyès écouta les bruits alentours. Les bruits du beau temps qui s’installe. Et puis, il somnola, sans réellement dormir. Il était bien contre Joe mais ce n’était pas la position la plus confortable qu’il ait connu. Au bout d’un moment, il décida de se lever. Il ne voulait pas réveiller son petit ami. Il se dégagea donc le plus doucement possible, reposant les bras de Joe sur son propre corps. Il alla se passer un peu d’eau sur le visage et marcha un peu pour visiter la suite, ce qu’il n’avait pas encore fait. Ses jambes étaient engourdies mais il ne tarda pas à ne plus ressentir ce qu’on appelait « les fourmis ». C’était grand, comme ça pouvait se deviner sans problème. Il en profita pour passer aux toilettes et revint au salon. Il entendit un peu d’agitation sur la terrasse et vit que Joe ne dormait plus. L’avait-il réveillé en se levant ? Il ne l’espérait pas. L’homme vint le rejoindre.
- Tu aurai du me réveiller... J'ai dormi trop longtemps.
Ilyès lui sourit. Il regarda l’heure. Ah oui, il était assez tard, c’était vrai. Mais s’il avait dormi, c’était pour une bonne raison. Pas question de le tirer de son sommeil. Même si le jeune homme ne s’était pas rendu compte qu’autant de temps était passé.
- T’en avais besoin, je t’ai laissé.
Ce n’était pas une justification. Enfin, pas vraiment. Et puis, s’il l’avait fait, ça aurait changé quoi ? Il venait à peine de se lever aussi, ça n’aurait fait gagner que quelques minutes. Ça ne l’empêchait pas de toujours sourire à son meilleur ami. Il le regarda aller se désaltérer et prendre les pubs qui devaient se trouver dans toutes les chambres de l’hôtel. Il les consulta une fois revenu dans la salon.
- Tu veux faire quoi ce soir? Apparemment, y'a pas mal de truc, des piscines de nuit, un spectacle nocturnes avec des reptiles, une soirée dansante, une boite de nuit...
Il y avait du choix. Ilyès se gratta la tête. Qu’avait-il envie de faire ? Soirée dansante et boite de nuit, ce n’était pas vraiment son truc. Il aimait bien l’idée de la piscine mais ça, il pouvait aussi le faire à Miami. Tandis que les reptiles … La conversation qu’ils avaient eu dans la voiture lui revint en tête. Il rit légèrement, sans expliquer à Joe sa pensée. Le sac et les chaussures en peau de crocodile ! Là, ils allaient juste regarder tranquillement les reptiles, pas se battre avec eux. Et puis, c’était un peu l’attraction du lieu. Les fermes aux crocodiles étaient réputées aux Everglades, tous les touristes passaient en visiter au moins une. Juste pour voir ces grosses bêtes dangereuses. Ilyès avait entendu dire aussi qu’il y avait des pythons, même si ça ça n’était pas normal.
- Les reptiles me tentent bien. Et toi ?
Parce que oui, il n’était pas seul à décider. Ils étaient deux et c’était mieux s’ils se mettaient d’accord. Dans le cas contraire, le jeune homme était prêt à aller consulter les brochures aussi ou à accepter une autre activité. Même s’il estimait que c’était quand même mieux de faire quelque chose de « pas commun ». Après tout, pourquoi aller en vacances là où on pouvait aller tous les jours ? Ça n’avait pas vraiment d’intérêt pour lui. S’il fallait partir tout de suite, Ilyès était prêt. Il avait pris sa douche le matin même, avant de partir. Il avait sa veste à prendre, au cas où le temps se rafraichissait en soirée. Mais c’était tout. Il attendit donc l’avis de Joe avec son petit sourire d’ange.
Ilyès avait raison, ça faisait du bien de s'éxiler un peu. Rien que tout les deux. Loin de tout, de tout le monde. Comme s'ils étaient dans un monde où leur relation n'inquiétait personne. Mais au fond, c'était tellement lâche de faire ça. Partir et se sentir bien, plutôt que d'affronter la réalité. Ca ne ressemblerait pas à Joe et puis il pensait à ça et plus il avait envie d'assumer. Allait-il cependant, y parvenir une fois revenu à Wynwood? Il verrait bien. Ilyès s'était installé sur le transat' à côté du sien, il ne tarda pas à lui prendre la main, lui lançant alors un léger « Viens. » Il le fit alors asseoir entre ses jambes, le garçon s'allongea sur lui, sa tête sur son torse à lui. Joe sourit. Bien que cette position lui donne chaud, il n'était pas contre cette étrange et nouvelle proximité avec Ilyès. Il passa ses bras autour du visage de son petit ami, pour venir étendre ses mains sur son corps et laissa sa tête retomber un peu en arrière. Je crois que c'est à ce moment là, qu'il s'endormit comme une masse. Gardant Ilyès contre lui. Le soleil et sa chaleur les enveloppait, il entendait la nature vivre autour de lui, il sentait le coeur de son ami battre près du siens, il sentait sa présence, il sentait également le petit vent qui venait le raffraichir par vague. C'était juste : royal.
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Joe fnit par se réveiller, ouvrant alors difficilement les yeux, il n'y voyait plus rien. Normal, avec le soleil, ça faisait souvent ça. Il sentit une douleur dans son dos, il n'avait pas été dans la meilleure des positions pour s'endormir. Néanmoins, Ilyès n'était plus au creux de ses bras, il n'avait peut être pas réussi à dormir? Joe regarda sa montre à son poignet, il était dix neuf heures. Il avait dormi toute l'après midi ! Quel nase ! Il se redressa alors vivement et passa sa main sur son visage. Il regarda autour de lui, comme un enfant qui venait de se réveiller et aperçu Ilyès dans le salon. Il se leva alors et alla le rejoindre.
« Tu aurai du me réveiller... J'ai dormi trop longtemps »
Joe passa alors directement à la cuisine ou il bu un grand verre d'eau bien frais. Ah ! Ca faisait du bien. Après quoi, il prit les pubs qui étaient sur le comptoir et les regarda une fois installé sur l'un des sièges du salon.
« Tu veux faire quoi ce soir? Apparemment, y'a pas mal de truc, des piscines de nuit, un spectacle nocturnes avec des reptiles, une soirée dansante, une boite de nuit... »
Joe était de plus en plus surprit par ce qu'il lisait comme activité. C'était vraiment étrange comme endroit ici, mais c'était marrant. Il observa alors son petit ami, attendant une réaction de sa part.
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
Les deux jeunes hommes atteignirent l’hôtel toujours main dans la main. Ilyès ne faisait pas vraiment attention à ce qui se passait autour de lui. Aussi, il ne remarqua pas l’enfant qui les pointait tous les deux du doigt, ni le regard désolé de sa mère. Celui que beaucoup voulaient éviter parce que ce n’’était que le début et qu’il y en aurait forcément des plus méchants. Il ne sentit que la pression qu’exerçait la main de Joe sur la sienne. Enfin, quand ils arrivèrent au bâtiment, il la lâcha. C’était normal, il y avait beaucoup plus de monde ici, beaucoup plus d’agitation. Beaucoup plus d’ennuis potentiels. Ils remontèrent dans leur chambre tranquillement. Joe alla alors prendre une douche. Pendant ce temps, Ilyès en avait profité pour aller se servir un verre. Les rayons du soleil lui avaient donné chaud et de l’eau bien fraiche était plus qu’appréciée. Il regarda aussi son portable, aucun message. Il n’eut guère l’occasion d’en faire plus, Joaquin était déjà sorti, entouré d’une serviette. Diable, ce qu’il était beau comme ça ! Encore un peu mouillé, il était juste craquant. Le brun en profita pour le regarder passer dans un sens, puis dans l’autre. Entre temps, il avait mis un caleçon, juste ça. Il l’avait déjà vu torse nu ou pratiquement pas habillé mais là, c’était comme s’il le redécouvrait. L’étudiant alla s’installer sur la terrasse. Ilyès finit de boire son verre et fit de même. Il s’assit sur le transat voisin, regardant la vue. Il aimait déjà cet endroit. Ça ne faisait pas longtemps qu’il y était mais il s’y sentait bien. Il sourit, c’était sa meilleure arme. A côté, son meilleur ami avait l’air songeur. Le lycéen devait se faire des films, il avait tendance à soit trop réfléchir, soit à ne pas assez le faire. Ça lui avait déjà joué des tours. Il se tourna vers l’autre jeune homme, content.
- Je sais que je te l’ai déjà dit, mais je trouve que c’était vraiment une bonne idée de venir ici.
Remarque, peut lui importait le lieu, leur week-end aurait sensiblement le même but n’importe où. Mais il était vrai que l’endroit avait quelque chose de magique. Etait-ce vraiment le cas où plutôt une idée qu’Ilyès s’en faisait ? Peut-être un peu des deux. Le jeune homme hésita à dire ce qu’il voulait ensuite mais il se lança quand même.
- Merci. Ça fait du bien de se retrouver … tous les deux.
Oui, parce qu’ils étaient souvent tous les deux. A la confrérie, en sortie. Parce qu’ils étaient meilleurs amis. Aux yeux de tous en tous cas. Mais ce n’était pas vraiment ce qu’avait voulu dire Ilyès. Et puis, Ilyès aimait bien les autres, le contact. Il avait des amis et aimait se retrouver avec eux. Seulement, parfois, ça faisait du bien de pouvoir être tranquille, loin de tout. Loin de ceux qui nous sont si proches et qui pourtant peuvent nous faire si mal. De plus, il n’était pas parti pour des mois non plus. Ilyès se tut. Ce n’était que l’après-midi mais Joe voudrait peut-être se reposer un peu. Et même si lui n’était pas très fatiguée, resté au repos un peu ne lui ferait pas de mal. Il avait tendance à en demander trop à son corps et celui-ci ne lui rappelait que trop tard, quand il avait mal. Il y avait l’accident aussi, et ce qu’il s’était passé dans la rue. Il avait eu de la chance à chaque fois mais il ne fallait pas qu’il oublie. Parce qu’à trop pousser le bouchon, ça n’allait plus. D’ailleurs, il avait une petite douleur à sa jambe, comme souvent depuis un mois. Mais ce n’était pas très grave. Juste passager, rien d’important. Par contre, il y avait bien quelque chose qui tracassait Joe, ça se voyait légèrement. N’importe qui aurait pu ne rien remarquer. Mais Ilyès n’était pas n’importe qui pour l’ainé des Williams. Cependant, il ne dit rien. Il ne voulait pas embêter avec ses questions. Surtout qu’il pensait toujours que ce n’était qu’une fausse impression. Encore ce duel entre sa tête et son cœur. Ce que c’était chiant à la fin, si les deux pouvaient s’accorder, ça l’arrangerait ! Mais dans un cas comme le sien, la raison disait souvent que le cœur n’était pas naturel, qu’il avait tort. D’accord, sa raison était moins « problématique » sur ce point que beaucoup d’autres. Parce qu’il avait appris à être tolérant. Seulement, on ne change pas la nature humaine totalement. Pour éviter tout problème, Ilyès se disait qu’il était simplement amoureux, pas homo. C’était peut-être mieux de voir les choses sous cet angle après tout. Le jeune homme se calla bien au fond de son transat. Il n’attendait pas vraiment de réaction de la part de son petit ami. Parfois, seule une présence suffisait, il n’y avait pas besoin de milles paroles.
Ilyès accepta la proposition de Joe et les deux jeunes garçons se mirent alors en chemin pour leur suite. Ilyès gardait la main de Joe dans la sienne et Joe ne le quitta pas non plus. Ce n'était pas grand chose au fond n'est-ce pas? Et puis Ilyès devait en être heureux et Joe, c'était la seule chose qui comptait pour lui. Bien évidemment, à un moment donné, il fallait bien que quelque chose se passe. Se fut presque arrivé devant l'hôtel que ça se produisit. Un petit garçon les pointa du doigt et se tourna vivement vers son père pour signaler que deux garçons se tenaient la main. Joe le vit tout de suite, même si la mère du petit garçon fit tomber le bras de son fils, en lui disant sûrement qu'il ne fallait pas faire ça. Elle regarda ensuite Joe d'un air désolé. Ce dernier tourna alors la tête vers Ilyès, il n'avait rien vu. Il serra un peu plus la main de son compagnon avant de finalement la lacher, arrivant à l'hôtel. Pourquoi? Parce qu'il n'assumait pas encore et qu'il n'avait pas envie qu'on les regarde avec justement, cet air désolé. Comme s'il devait s'excuser d'être ce qu'il était. N'importe quoi.
Une fois arrivé dans leur suite, le jeune homme déposa ses affaires sur le comptoir de la cuisine. Il lança alors à son ami :
« Je vais prendre une douche. »
Il était l'après-midi mais ce n'était pas trop grave, il avait besoin de se décrasser un peu. Le jeune homme s'enferma donc dans la salle de bain et se déshabilla pour entrer dans la douche, juste un petit coup d'eau bien froide, ça lui fit du bien. Il adorait prendre des douches en fait. Il se gratta la tête et après seulement quelques minutes, sortit de la salle de bain, une serviette autour de la taille. Il passa par la chambre afin de prendre un caleçon et regagna le salon ainsi vêtu. Les fenêtres et les portes étaient ouvertes, il alla donc sur la terrasse, s'asseoir sur l'un des transat. Autant profiter quand même du beau temps, non? Il était bien, posé là. Mais il était vrai que l'épisode du garçon venait de lui laisser un goût amer.
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
Joe ne répondit pas tout de suite à sa question. Il lui sourit et caressa sa joue. Ilyès adorait quand il faisait ça. Il n’avait presque jamais eu d’affection dans sa jeunesse, à part celle de sa meilleure amie. Et c’était loin d’être pareil. De toute évidence, rien n’était pareil que ce qu’il vivait avec l’ainé des Williams, rien n’était comparable. Il n’y avait aucun repère, rien qui puisse l’aider à savoir comment agir. Juste son cœur et sa tête qui se battaient parfois. Comme un père, il l’embrassa sur le front. Ilyès sourit intérieurement. Il avait encore du mal à voir son petit-ami en protecteur parce qu’il ne l’avait jamais été, du moins, à sa connaissance. Peut-être avec son petit frère mais tout ce que le brun savait, c’est qu’ils avaient été fâchés, même si tout allait mieux maintenant. Joe le tira alors à lui et Ilyès se laissa faire sans rien dire. Il passa ses bras autour du corps musclé de l’homme qu’il aimait. Il sentit que ce dernier déposait son menton sur sa tête et il eut enfin la réponse à sa question. Seul lui pouvait l’entendre.
- Ici ça me semble plus facile. Pour Miami, il faudra attendre encore un peu...
Oui, il s’en doutait. Il n’était pas déçu, il le savait. Les choses avaient déjà beaucoup changées depuis qu’ils s’étaient avoué leurs sentiments. Il ne servait à rien de vouloir les brusquer. Profiter de ce qu’on avait, ne pas attendre ce que l’on n’avait pas. Ilyès suivait souvent cette phrase parce qu’elle lui semblait vraie. Le jeune homme ne répondit pas, il se contenta de serrer l’étudiant contre lui un peu plus. Tant qu’il avait Joe, il pouvait bien attendre une éternité, il s’en fichait. Leur étreinte se termina et ils reprirent leur place contre la rambarde. Toutefois, le blond vint prendre la main du brun. Ses doigts étaient chauds et doux. Ilyès était heureux qu’un contact soit gardé entre eux. Il supportait mal maintenant d’être loin de son ami parfois. Mais il savait se tenir.
- Ca te dérange si on rentre à l'hôtel? Je suis un peu crevé par la route.
- Non non, pas du tout, allons-y !
Ilyès regarda une dernière fois la vue du pont. A couper le souffle. Il s’éloigna alors du bord mais garda les doigts de Joe dans les siens. Il n’avait pas envie de le lâcher. Il était en quasi-pleine forme, peut-être un peu fatigué aussi. Mais son ami avait conduit et la route l’avait sans doute autant épuisé qu’Ilyès, qui avait fait la conversation tout seul sur la totalité du chemin. Ils prirent alors le chemin du retour vers l’hôtel. Ils marchèrent tranquillement parmi les autres. S’il le souhaitait, Joaquin pouvait se dégager à tout moment, jamais Ilyès ne lui imposerait de se tenir la main en publique. Il avait déjà fait beaucoup d’efforts pour aujourd’hui. Ilyès garda le silence, il ne voulait pas assommer un peu plus son petit ami. Il se sentait à la fois redevenir enfant à ses côtés, même s’il n’était pas encore adulte, et fort. Pas invincible, mais presque. Débordant d’énergie, ça c’était sûr. A l’intérieur, il était content, il avait limite envie de sauter partout. Les vacances, les paysages magnifiques, Joe, tout le rendait joyeux. Et en même temps, il était apaisé, calmé. Sur un petit nuage. Il finirait bien par en redescendre mais pour le moment, non. Ils ne tardèrent pas à apercevoir le bâtiment de loin, là où les attendait leur suite. Le week-end en amoureux commençait bien !
Ilyès avait répondu au baiser avec tendresse. Comme s'il se laissait transporté par ce moment, en tout cas pour Joe, c'était le cas. Il se disait que jamais il n'oserait faire de gestes tendres en public mais en fait, il avait finit par se dire qu'il valait mieux ne pas trop réfléchir et se laisser guider. Oui, se laisser transporter un peu plus que d'habitude. C'est ce qui l'avait poussé à embrasser son petit ami, ici, sur le pont, à la vue de tous. Bien qu'il ne connaissait personne, c'était un grand pas en avant pour lui. Et Ilyès le savait très bien. Il pensait même qu'il aurait eu besoin de plus de temps que ça, mais Joe avait eu envie, ici, maintenant. Leurs lèvres collées, leurs langues dansant ensemble, il ne pensait à rien d'autre. Pas que ça pourrait choquer quelqu'un, pas que ça pouvait déranger, parce que c'était comme si plus rien n'existait autour d'eux. Il avait son autre main sur la taille d'Ilyès et il sentait que même avec ça, c'était son petit ami qui venait se coller un peu plus contre lui. Il adorait quand il faisait ça, ça lui donnait l'impression de le protéger et il avait besoin de se sentir plus fort, plus rassurant, plus "viril" qu'Ilyès. Pourquoi? Parce que l'image de la tapette pourrait le faire partir en courant. Cependant, malgré toute la douceur de ce baiser, Ilyès y mit fin pour lui demander alors:
« Tu es prêt à … assumer ? »
La question qui tue. Joe fixait son petit ami droit dans les yeux, il voyait ses pupilles briller, comme s'il venait de réaliser un de ses rêves. Il sourit alors tendrement, tandis que sa main glissa jusqu'à sa joue, qu'il caressa de son pouce. Il vint alors lui déposer un baiser sur le front, en signe de protection. Il força alors le jeune homme à venir contre lui, à passer ses bras autour de lui. Il le prit également dans ses bras et posa son menton sur le côté de son crâne, il lui répondit alors d'une voix douce, juste pour lui et pour personne d'autre :
« Ici ça me semble plus facile. Pour Miami, il faudra attendre encore un peu... »
Il était sincère, il préférait l'être. A quoi bon lui mentir, lui dire que oui et au final, le jour j, lui mettre un vent devant tout le monde? Il ne pouvait pas lui faire ça, il préférait être honnête et puis bon, Ilyès se doutait bien de sa réponse et ça, il le savait. Il n'allait pas accepter tout ça du jour au lendemain, il avait simplement (ou pas) fait un effort, sur ce pont. Pour Ilyès. Puis, les deux hommes se décollèrent et se réinstallèrent comme tout à l'heure. Ilyès l'observait, il semblait heureux et de le voir ainsi, Joe se sentait vraiment bien. Très bien même. Après quelques secondes, le boxeur attrapa la main d'Ilyès, qui pendait dans le vide et entremêla ses doigts aux siens. Ca faisait bizarre, ses mains étaient quand même plus grosses que celles des filles avec qui il avait fait ça, mais c'était agréable. Il tourna alors la tête vers son petit ami et lui sourit avant de lui proposer :
« Ca te dérange si on rentre à l'hôtel? Je suis un peu crevé par la route »
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
- Tu le sais je pense. J'm'attendais pas à tout ça, c'est nouveau alors ça a un côté attrayant et puis un côté je pense, qui fait un peu peur. C'est surtout ça qui me perturbe. Sinon le reste, beh... c'est la première fois que je tombe amoureux, je découvre. On verra bien par la suite si on a eu raison ou tord, hein?
Oui, c’était ça. Une découverte. Mais ils étaient tous les deux, ils n’étaient pas seuls dans ce cas. Il n’y avait que le temps qui pouvait leur montrer s’ils s’étaient trompés. Ilyès espérait que non mais comment savoir ? L’amour était un sentiment bien compliqué et il menait souvent à l’erreur. Mais parfois, il pouvait être le plus beau des cadeaux que la vie pouvait nous offrir. Joe se tourna vers lui et lui sourit. Ilyès se mordit la lèvre. Il n’y avait pas à dire, il aimait vraiment se visage, encore plus quand ses lèvres étaient étirées. Le jeune homme se rapprocha alors, brisant le contact avec le pont. Comme d’habitude, il passa une main à l’arrière du cou d’Ilyès. Il savait ce que cela voulait dire. Mais là, au milieu de tout le monde ?! Non, ce n’était pas possible ! Et pourtant, si ! Joe l’embrassa, là, devant tous les regards des touristes. C’était juste … incroyable ! Le lycéen en profita. Il répondit à la tendresse de son petit-ami par la douceur qu’il avait en lui. Et sa passion aussi. C’était un peu une manière de remercier le jeune homme, pour les efforts qu’il faisait. Ça ne devait pas être simple pour lui, il le devinait. Mais là, à l’instant, il était juste heureux de pouvoir partager un peu de son bonheur avec Joe sans avoir à sa cacher. Il se pressa un peu contre son ami, sans toutefois en faire trop. C’était déjà un pas énorme qu’il venait de faire, chaque chose en son temps ! Ilyès coupa le baiser, pourtant si merveilleux. Il le regarda dans les yeux, se foutant royalement de ce qui pouvait se passer tout autour. Il ne parla pas très fort, c’était juste un murmure. Il hésitait aussi à parler parce qu’il gâchait toujours tout avec ses mots.
- Tu es prêt à … assumer ?
Il y avait quand même une différence entre le regard d’inconnus et le regard des élèves de Wynwood, de ceux qui le connaissaient. C’était le plus difficile à faire. Affronter ceux que nous croisons tous les jours, à qui nous parlons, qui savent certains passages de notre vie. En aucun cas il ne serait déçu si la réponse était négative. Il sentait déjà que son cœur était gonflé de joie, de tendresse. Il ne pouvait pas espérait mieux. Il aurait aimé lui dire combien il était bien, combien il l’aimait même ! Mais il ne pouvait pas parce que c’était encore un peu trop tôt à ses yeux, que ça paraitrait trop bizarre. Il se contenta de sourire niaisement. Oui, il ne fallait qu’un peu de temps et tout allait mieux. Il avait déjà oublié les doutes et les vieux démons qui l’avaient assailli quelques instants plutôt. Non, tout s’était envolé au simple contact des lèvres de Joe, comme s’il n’y avait que ça qui pouvait compter au monde. Ilyès se reconnecta un peu à la réalité. Il y avait quelques chuchotements autour mais il ne les écouta pas. Il regarda la superbe vue. Et à nouveau le visage de Joe. Il avait envie de caresser son visage mais son geste avait déjà été mal prit à l’hôtel, parce que le jeune homme estimait que c’était un geste protecteur et qu’il n’avait pas besoin de protection. Soit, Ilyès ne ferait rien, même s’il mourait d’envie de retrouver un contact avec l’homme qu’il aimait. Il laissait le blond décider, il lui laissait le temps d’être prêt. Parce que lui, il était pratiquement toujours et qu’il était capable de beaucoup de sacrifice –plus ou moins gros- pour que son ami se sente le plus à l’aise possible. Il n’y avait pas à dire, il était plus qu’amoureux. Totalement fou de Joe, de ses yeux clairs, de son sourire rare, bien qu’il le voyait plus souvent ces temps-ci. De son air parfois ronchon. De sa douceur et de sa force, qui se mélangeaient. De tout.
Les réponses du garçon lui semblait parfaites. Il sourit alors faiblement et était pratiquement sûr qu'il allait lui demander : et toi? Bingo. Joe frotta son sourcil avec son index et répondit alors :
« Tu le sais je pense. J'm'attendais pas à tout ça, c'est nouveau alors ça a un côté attrayant et puis un côté je pense, qui fait un peu peur. C'est surtout ça qui me perturbe. Sinon le reste, beh... c'est la première fois que je tombe amoureux, je découvre. On verra bien par la suite si on a eu raison ou tord, hein? »
Après tout, étaient-ils amoureux? Peut-être pas au final, qui pouvait le savoir? Pas Joe, il n'avait jamais connu l'amour, il ne pouvait pas comparer ! Il n'y avait en fait, que Jeff qui puisse lui dire si oui ou non il l'était, puisqu'il l'avait déjà été avec Leelah. Le jeune homme sourit, c'était son petit frère qui allait jouer le grand-frère : la honte. Le truc insupportable quoi. Il se tourna alors vers Ilyès, gardant un coude sur la rambarde. Il lui sourit. Il se sentait bien avec lui et ça, c'était chouette.
Alors là, sur ce pont, même s'il y avait des couples, des enfants et tout plein de gens, il allait l'embrasser. Il retira son coude de la rambarde et fit le pas qui allait le faire rejoindre son meilleur ami. Il passa sa main dans la nuque de son pote et approcha son visage du siens. Souriant alors, il croisa son regard. Le moment de complicité qui dévoilait un : tu vois, moi non plus j'ai pas peur des autres. C'était aussi un peu pour Ilyès oui. Mais aussi parce qu'il en avait envie. Il vint alors entrouvrir sa bouche et la plaquer sur celle de son petit ami. L'embrassant alors comme dans un film. Avec la vue, la nature, le bonheur il ne manquait plus que la petite musique en fond sonore. Joe l'embrassait avec toute sa tendresse. Il était raide dingue de lui. C'était un fait et même si pour la première fois de sa vie, il ne savait pas où il allait, il savait qu'il était là où il devait être. Il en était même plus que sûr.
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
- Oui, c'est magnifique ici...
C’est sûr, l’endroit n’avait pas été mal choisi. Ilyès était heureux de découvrir ce spectacle avec Joe. Il ne serait sans doute jamais venu sinon. L’étudiant semblait également perdu dans ses pensées. Ilyès aurait voulu savoir ce qui lui passait par la tête. Il avait toujours peur que quelque chose n’aille pas. Et à vrai dire, il se préoccupait plus de Joe que de lui-même. C’était ça l’amour après tout. Ne voir que l’autre, le faire passer devant tout, parce qu’il est devenu ce qu’il y a de plus important pour nous. Ça ne faisait pas longtemps qu’il était avec le blond mais le fait qu’ils étaient déjà amis avant renforçait les sentiments qu’il avait. Il n’aurait jamais cru que ça puisse lui arriver. Tomber amoureux d’une fille, d’accord. Il l’avait déjà fait. Mais de Joe ! Ils étaient vraiment l’opposé l’un de l’autre. C’était peut-être ça finalement qui les rapprochait. Joe rendait Ilyès plus fort, Ilyès rendait Joe plus doux. Enfin, c’était à peu près comme ça. Ils se sentaient si bien l’un avec l’autre. Pourtant, à les voir, comme ça, ce n’était pas forcément une évidence. Les apparences pouvaient être trompeuses et les vrais sentiments cachés. L’homme à côté de lui lui posa alors une question à laquelle il ne s’attendait pas vraiment. Il s’était accoudé sur le bord du pont et le temps qu’Ilyès réfléchisse, il avait ses yeux dans ceux de son petit-ami.
- Comment tu vis tout ça? Je veux dire, notre relation, vis à vis de tes amis? Tu en as parlé autour de toi?
Ilyès ne réfléchit pas trop cependant. Il voulait être honnête et la réflexion retirait souvent de l’authenticité à une réponse. Et puis, il pensait souvent à ça, depuis quelques temps.
- Pour l’instant, ça va. C’est assez … déstabilisant en fait. Je pense que c’est normal que ça le soit pour le moment.
Le jeune homme rejoignit son meilleur ami en se posant contre la rambarde aussi, s’approchant du bord par la même occasion. La vue était vraiment extraordinaire.
- Je n’en ai pas parlé pour le moment, tu m’as demandé de pas le faire. J’attendrai que tu sois prêt à ce que les autres le sachent. J’ai pas honte tu sais, j’ai pas peur du regard des autres. Je m’en fous. Je fais ma vie comme je veux. Si ça ne leur plait pas, tant pis. Je veux pas gâcher mon bonheur pour ça. Notre bonheur.
Oui, parce qu’il espérait quand même que ce bonheur était partagé. Il en avait l’impression mais il n’était pas tout à fait sûr. Joe était quelqu’un qui, d’ordinaire, ne s’étendait pas sur ce qu’il pensait ou ressentait. Ilyès aurait aimé qu’il lui parle de ce qui allait ou de ce qui n’allait pas plus souvent, qu’il s’ouvre un peu. Mais il ne pouvait pas trop en demandé. Il savait que ce n’était pas le genre de son ami et il ne pouvait –voulait- pas le changer. Il l’aimait comme il était, avec ses qualités et ses défauts. Il savait aussi que Joe n’en avait pas encore parlé à son frère mais qu’il comptait le faire. Un jour. Et comme il n’avait pas réellement d’autres personnes avec qui il était proche, il ne devait pas en avoir parlé à un ami. Le jeune brun voulait quand même savoir ce qu’il en était pour Joaquin. Il se risqua à retourner la question, escomptant ne pas le déranger.
- Et toi, comment tu le vis ?
Il savait que ça ne devait pas être facile pour lui. D’accepter, dans un premier temps. Et puis, de ne rien pouvoir dire, de craindre les regards, les jugements des autres. Celui, futur, de Jeffrey. De tout le lycée par la même occasion. Même en étant prudents, les rumeurs pouvaient courir. Elles étaient souvent dévastatrices pour qui en prenait compte. Ilyès espérait que Joe ne se braquerait pas, qu’il accepterait de parler un peu. Même s’il ne s’attendait pas à une réponse durant des heures. Il voulait plutôt une réponse sincère. Le jeune homme avait tendance à ne pas vouloir montrer ses faiblesses et c’était un peu frustrant parfois. Parce que tout le monde en avait. Et que les garder pour soi les pouvait les amplifier. Ilyès était bien placé pour le savoir, il en avait autrefois fait les frais. Il continua de regarder son meilleur ami dans les yeux et à lui sourire. Il se sentait mieux, rassuré. Une seule présence pouvait tout changer, il l’avait compris depuis longtemps. Mais là, c’était plus vrai que jamais.
Ils étaient sur le pont, se baladant comme deux amis, enfin, c'est ce qu'on pouvait croire. Ils ne laissaient rien transparaître sur leur relation. Joe ne s'était d'ailleurs pas encore entièrement fait à cette idée. Lui, en couple. La blague. Il ne s'était jamais dit qu'il finirait avec quelqu'un, il était trop solitaire et insuportable pour ça et pourtant. Surtout qu'il s'agissait d'un homme. Il ne digérait pas encore tous ces nouveaux changements, mais il savait qu'il avait fait le bon choix. Après tout, ne cherchons nous pas le bonheur? N'est-ce pas le principal but dans une vie normale? Si. Et ce bonheur, pour le moment, il s'appelait Ilyès. C'était tout ce qu'il y avait à penser. Le jeune homme sourit à son ami, lorsqu'il lui signala qu'heureusement pour lui, il n'avait pas le vertige. Il termina par dire que c'était beau, attendant une réponse de son meilleur ami.
« Oui, c'est magnifique ici... »
Joe laissa ses yeux vagabonder au travers des paysages qu'offrait les Everglades, perdu dans ses pensées. Il pensait à l'avenir, proche et lointain. Allait-il rester avec Ilyès? Allaient-ils avoir une relation stable et pereine? Allaient-ils finir l'Université (le lycée pour Ilyès) et puis rester ensemble par la suite? Cette vision laissait le boxeur perplexe. Se voyait-il adulte, avec un autre homme? Fonder une famille? Parce que oui, cette question arriverait sans doute une fois l'Université passée. Mais pour le moment, ils n'en n'étaient pas encore là. Pourquoi se posait-il ces questions maintenant? Ils étaient ensemble depuis peu ! Qui pouvaient être certain de l'avenir? Personne. Il s'accouda au bord du pont pour observer la vue et profiter de ce moment juste... incroyable. Il lança alors à son meilleur ami :
« Comment tu vis tout ça? Je veux dire, notre relation, vis à vis de tes amis? Tu en as parlé autour de toi? »
Joe lui, allait sans nul doute en parler à son frère. Mais comment aborder le sujet? Lui donner rendez-vous et lui présenter Ilyès et une fois qu'ils seraient amis lui dire : au fait, je suis amoureux de lui? Son frère allait le traquer jusqu'à la fin de ses jours, c'était évident ! Et puis... même s'il était ouvert d'esprit, il avait peur de le décevoir. Parce que c'était la première fois qu'il sortait des codes traditionnels et que ce n'était pas son genre tout ça, ça ne lui ressemblait pas. Penser à tout ça lui donnait une boule au ventre, aussi, il tourna bien vite la tête vers le visage de l'homme pour lequel il éprouvait des sentiments, cherchant alors du réconfort et une once de bonheur. Ce qu'il trouva une fois qu'il croisa son regard et son délicieux sourire.
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Sujet: Re: Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. | Ilyès Dim 17 Mar 2013 - 18:58
Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. Joe & Ilyès
- Ca me semble être une bonne idée tout ça, il faudra bosser dur. Tu sais, la vie après le lycée, ça n'a rien à voir avec ce que tu connais déjà. Même si avoir de l'argent rend tout plus simple, un diplôme ne peut pas s'acheter, ni même des compétences.
Ça, il le savait, qu’il fallait bosser dur. Qu’il aurait sans doute du mal. Mais de toute façon, il n’avait pas le choix, s’il voulait s’assurer un avenir. Il avait passé trop de temps à ne rien faire dans sa vie. Il n’en avait jamais vraiment parlé à Joe parce qu’il ne voulait pas paraître pour un faible à ses yeux. Même s’il l’avait été. Il s’était totalement laissé aller après la mort de sa meilleure amie et avait laissé sa vie de côté. Ça avait été une période très difficile. Aujourd’hui, il allait bien et il comptait se bouger, faire quelque chose. Même si les études n’étaient pas trop son truc, il pouvait au moins faire un effort, non ? Il fit quand même un sourire à son petit-ami. Il espérait bien que la vie serait différente de ce qu’il connaissait déjà ou de ce qu’il avait connu. Parce que même s’il retenait le positif à présent, il n’était quand même pas aveugle et il ne savait pas combien de temps ça allait durer.
Ils finirent leur repas dans le calme, sans que l’ambiance ne devienne pesante non plus. A la fin, quand ils s’en allèrent, Joaquin lui proposa d’aller visiter le parc qui se trouvait à côté de leur hôtel. Ilyès accepta avec plaisir. Il était heureux de pouvoir se balader aux côtés de son ami, même s’il ne pouvait pas en être très proche en public. Le savoir à quelques pas lui suffisait. Le soleil tapait assez fort, c’était signe de vacances. Ils arrivèrent sur un pont au bout de quelques minutes, dans les marais. Haut. Pas non plus extrêmement haut, mais assez pour mettre mal à l’aise ceux qui avaient le vertige. Ilyès n’en faisait pas parti. Il avait déjà connu bien pire, sans avoir peur, sans paniquer. Il ne voulait pas vraiment repenser à ça, il se concentra donc sur le paysage en retenant une grimace. La vue était splendide, on pouvait voir les marais s’étaler loin, très loin. En tous cas, Ilyès était sensible à cette beauté. Avant, il ne connaissait que les immeubles de New-York, le béton, les rues chargées. Là, à Miami et aux Everglades, il redécouvrait un peu la nature. Il ne savait pas s’il en était de même pour son petit-ami. Il se retourna quand même vers lui pour lui demander.
- Heureusement que j’ai pas le vertige ! C’est beau, non ?
Partout autour, il y avait des enfants qui couraient, des couples qui se baladaient, tout un tas de personnes qui s’agitait pour contempler la même chose qu’eux et profiter de l’après-midi qui venait de commencer. Ce moment aurait pu être parfait mais Ilyès était un peu perdu dans ses pensées. Ce n’était pas l’instant, il le savait, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. D’ordinaire, voir les gens heureux lui procurait un sentiment de joie. Mais là, il ne savait pas pourquoi, c’était différent. Il n’était pas triste non plus. Il avait juste comme l’impression que de vieux démons allaient resurgir. Il était pourtant bien avec Joe. c’était peut-être ça qui l’inquiétait. La dernière personne avec qui il avait été aussi bien, c’était Eléonore. Et elle n’était plus là. Après, il était devenu le meilleur ami de Joaquin. Et il y avait eu cet accident. Il commençait à croire qu’il portait la poisse. Il se surprit à avoir de telles pensées négatives. Que lui arrivait-il ? Il était en vacances avec l’homme dont il était amoureux, tout se passait bien et lui, il avait laissé s’échapper sa légendaire bonne humeur ? Il fallait qu’il se reprenne. Il inspira profondément, espérant que son meilleur ami, juste à côté, n’ait rien remarqué. Il ne voulait pas qu’il pense que ça n’allait pas et qu’il n’était pas heureux d’être ici. Ce n’était pas le cas. Sa baisse de morale n’était que passagère, sans doute. Il sourit donc, sans rien dire. Sa voix pouvait peut-être le trahir, il n’avait pas envie de le vérifier.
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Sujet: Re: Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. | Ilyès Dim 17 Mar 2013 - 16:26
Ilyès ne semblait pas forcément très sûr de son parcours à venir. Joe le regardait hésiter, sur la suite de sa carrière, sur ses projets. C'était comme s'il réfléchissait à la question, maintenant que la question lui soit posée. Pour Joaquin, ça n'avait pas du tout ressemblé à ça. Son père avait décidé pour lui, avant même qu'il ne soit né. Il n'avait pas eu le choix, on ne lui avait jamais posé la question, il n'avait jamais rien su répondre d'autre que : comme papa. Oui, il lui fallait reprendre l'entreprise familiale, reprendre les rennes. Il lui fallait reprendre tout ça, faire les études adéquats et surtout : ne pas poser de question. Au fil des années, il avait eu le sentiment que c'était aussi son choix. Que son père avait très bien choisit et que ça lui convenait au mieux. Evidemment, il n'avait jamais rien exploré d'autre. Peut-être que la voie scientifique, journalistique ou alors sportive lui aurait allé comme un gant? Mais ça, il ne le saurait jamais. Alea Jecta est. Les dés sont jetés. Et ce, depuis bien longtemps déjà.
Le social. Oui, ça pourrait coller avec la personnalité d'Ilyès. Il aimait aider les gens mais Joe ne le trouvait pas assez... fort ni charismatique pour ça. Peut-être pourrait-il l'aider au travers d'un sport ou d'une activité, à le rendre plus sûr de lui? Parce devant un adolescent balèze et en colère, s'il ne faisait pas le poids, il finirait dépressif et ça, Joaquin ne le voulait pas. Il bu un peu de son verre et répondit alors à son petit ami :
« Ca me semble être une bonne idée tout ça, il faudra bosser dur. Tu sais, la vie après le lycée, ça n'a rien à voir avec ce que tu connais déjà. Même si avoir de l'argent rend tout plus simple, un diplôme ne peut pas s'acheter, ni même des compétences. »
Joe se dit presque instantanément qu'il avait eu tord de dire ça. Aller hop, la réplique du vieux con. Et merde. Oui, ils avaient une sacrée différence d'âge et ça se ressentait plus souvent depuis qu'ils étaient en couple, mais il devait fait attention à ne pas brusquer son petit ami. Joe laissa donc un peu de répit à son compagnon, le temps de finir son assiette. Le temps passait vite, bientôt, ils eurent finit de manger. Joe proposa donc à Ilyès d'aller faire un tour dans le parc aménagé près de l'hôtel. Il avait entendu parlé d'un grand pont, autour des marécages, ce qui pourrait être très sympa. Il passa aux toilettes et paya lorsque son petit ami s'y rendit aussi. Une fois dehors, il remit ses lunettes de soleil. Il était à présent 14 heures 30, il faisait vraiment bien plus chaud que tout à l'heure. Les vacances commençaient bien, non? Joe sourit et avança dans le parc en compagnie d'Ilyès, parmi les couples, les familles et les divers gens également en séjour ici.
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Sujet: Re: Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. | Ilyès Ven 15 Mar 2013 - 18:41
Les entrées arrivèrent à la table. Enfin, ils allaient pouvoir manger. Joe semblait déçu par la remarque d’Ilyès quand celui-ci dit qu’il ne retiendrait pas. C’était vrai, même si c’était un cruel manque de tact de le dire ainsi. Bah, les garçons n’étaient pas réputés pour leur tact, tout le monde sait ça. Le blond répondit à la question de son meilleur ami.
- Non, jamais. Mais le plus souvent, on préfère faire je ne sais pas combien de kilomètres pour visiter des lieux et on ne prête pas attention à ceux qui sont prêts de nous. Demande qui a déjà été voir la Statue de la Liberté parmi les New Yorkais, les vrais de vrais.
Lui, il y avait été. Avec sa meilleure amie. Et il était un vrai New-Yorkais. C’était vrai aussi que sans elle, il n’y aurait jamais mis un pied. La remarque était donc valable, ce qui le fit rire. On regardait toujours ce qu’il y avait de beau chez le voisin sans vraiment remarquer qu’on avait peut-être mieux dans son jardin.
- Mais j'trouvais que c'était une bonne idée, après si tu n'aimes pas, on peut partir hein !
- Non non, c’est très bien !
Il n’y serait sans doute pas venu seul mais là, c’était différent. Il était content de pouvoir découvrir et il sentait qu’il n’allait pas être déçu. Il trouvait aussi que c’était une bonne idée. Le jeune homme s’attaqua aussi à son assiette, mangeant une bouchée ou deux avec appétit. Il ne faisait pas attention au monde autour, même si son meilleur ami semblait jeter quelques coups d’œil aux autres tables. Il se reconcentra sur Ilyès et lui posa une question.
- Tu prévois de faire quoi après le lycée?
A vrai dire, il n’y avait jamais vraiment pensé. Il était là parce qu’il n’avait pas le choix. Il faisait des études parce que c’était ce que ses parents voulaient qu’il fasse. Lui, il préférait aider les autres, donner de son temps pour eux. Il ne suivait pas réellement les cours. Ce qui était débile de sa part. S’il en manquait trop, ce serait le redoublement pour lui. Donc une année de plus coincé derrière une table. Tandis que s’il se mettait au travail, il pourrait sortir de cette école plus vite. Il n’avait pas choisi la meilleure stratégie.
- Je sais pas vraiment. Les études c’est pas mon truc. Déjà, je voulais pas partir de New-York. Mais mes parents m’ont dégagé de là-bas, j’ai pas vraiment choisi.
Il réfléchit un instant. Que pourrait-il faire après ? Déjà, pas de sciences. Math, physique et compagnie, très peu pour lui. Il détestait ça. Il préférait les choses concrètes, que l’on pouvait utiliser dans la vie de tous les jours. Il finit quand même par répondre.
- Je vais certainement partir dans le social.
Le social, ça lui allait bien. Etre au contact des autres, pouvoir les renseigner, les aider, s’occuper d’eux. Au moins, il se sentirait utile. Plus qu’assis à longueur de journée sur une chaise à écouter un professeur parler. Il se sentait quand même un peu minable de ne pas avoir de projet. C’était comme si il n’avait pas d’ambition. Alors que si, il comptait quand même faire quelque chose de sa vie. Même s’il ne savait pas encore où. Il voulait retourner à New-York aussi parce que c’était la ville où il était né et où il avait grandi. Il y avait tous ses souvenirs. Les bons comme les mauvais. Et c’était ce qui le poussait à se demander s’il ne devait pas aller voir autre part, découvrir un autre endroit. Le pays était grand, il trouverait bien une place sans problème. Il avait encore du temps devant lui, il était loin d’avoir son diplôme. Il se promit d’y réfléchir. Il sourit à son meilleur ami.
- Faudrait que je me mette au travail d’ailleurs. Je crois que je vais demander un peu d’aide de quelqu’un de ma classe. Y’en aura bien un de gentil !
Enfin, il l’espérait. Il pouvait toujours demander aux professeurs mais ça le tentait moins. Il verrait ça à la rentrée maintenant.
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Sujet: Re: Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. | Ilyès Ven 15 Mar 2013 - 15:19
Joe était assez déçu de la réponse de son meilleur ami. Comme quoi il allait tout oublier de ce qu'il venait de lui dire, tout simplement parce que ça n'était pas son domaine et que ça ne l'intéressait pas. Joe ne dit rien, préférant garder le silence. Il joua alors avec sa fourchette posée sur la table et écouta ce que son petit ami venait de lui dire. Il semblait apaisé par les paroles de Joaquin. Tant mieux. Il ne fallait pas penser à tout ça trop vite, pour l'instant, ils étaient ensemble, en vacances, encore sous le nuage de l'Amour et sans aucune ombre, mais lorsque celles-ci allaient arriver, ça ne serait pas la même ambiance. Est-ce que Joe parviendra à supporter la pression? Il faudra bien ou alors, New York sera sa nouvelle demeure et ce, définitivement. Le jeune homme sourit lorsque le serveur arriva pour leurs entrées. Il le remercia et lui tendit les Menus, avant de déplier sa serviette pour la mettre sur ses genoux et de s'apprêter à répondre à Ilyès.
« Non, jamais. Mais le plus souvent, on préfère faire je ne sais pas combien de kilomètres pour visiter des lieux et on ne prête pas attention à ceux qui sont prêts de nous. Demande qui a déjà été voir la Statue de la Liberté parmi les New Yorkais, les vrais de vrais. »
Joe sourit et prit ses couverts afin de commencer à manger son entrée. Il lança alors, après avoir terminé sa première bouchée :
« Mais j'trouvais que c'était une bonne idée, après si tu n'aimes pas, on peut partir hein ! » Le taquinait-il tranquillement.
Joe et Ilyès commencèrent à manger leurs entrées, pendant que leurs plats étaient en préparation en cuisine. Autour d'eux, il y avait pas mal de couple ou bien de famille. Maris, femme, enfant. Joe ne s'était jamais posé la question du futur. Pour lui, il serait seul jusqu'à sa mort, préférant sa carrière professionnelle à sa vie privée mais aujourd'hui... ça semblait avoir changer.
« Tu prévois de faire quoi après le lycée? » Demanda t-il alors pour en apprendre davantage sur son meilleur ami.
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Sujet: Re: Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. | Ilyès Jeu 14 Mar 2013 - 18:14
- Bah oui, armement. Je pensais t’en avoir déjà parlé …
Il haussa les épaules. Peut-être. Pourtant, ça l’étonnait d’avoir oublié un détail pareil. Enfin, maintenant, il était au courant. Joe rajouta qu’il était déjà diplômé et qu’il était à la tête de l’entreprise. Il expliqua son travail. Vente d’armes à l’étranger, recherches, fournisseurs de l’armée. Toutes les activités quoi ! Il finit en disant que ça ne devait pas intéresser son ami. Ba, ce n’était pas vraiment ça.
- C’est pas que ça m’intéresse pas, c’est que j’y connais rien et donc, j’y comprends pas grand-chose. J’aurais sans doute oublié ces détails d’ici la semaine prochaine !
Encore une fois, ce n’était pas par manque, d’intérêt mais surtout par incompréhension. Joaquin parla alors des problèmes de gestion à distance. Ça avait l’air d’être beaucoup de travail. Et puis, il avoua que la seule raison de sa présence à Miami était son frère. Maintenant que les deux hommes n’étaient plus fâchés, plus rien ne le retenait. Ilyès sentit son cœur rata un battement. Il allait en conclure qu’il n’avait aucune importance dans la vie de son petit-ami quand celui-ci se reprit. Ça avait été compliqué pour lui de quitter la ville où il avait tout. Ilyès comprit qu’il serait amené à retourner là-bas un jour. C’était inévitable.
- Non, c’est ton travail. Je comprends. Il n’y a pas de problème.
C’était vrai. Il savait maintenant que Joe n’avait pas beaucoup de temps pour lui. C’était normal, vu ce qu’il devait gérer. Il était perdu dans ses pensées quand le jeune homme en face de lui fit quelque chose d’improbable. Il posa sa main sur celle de son ami. Devant tous les gens autour. A la vue de tous ! C’était … tout simplement inimaginable. Mais ce contact rassura Ilyès. C’était le but aussi, non ? Il eut même droit à un sourire. Il trouvait que ça allait bien à son petit-ami mais c’était rare de le voir comme ça.
- Mais pour le moment je suis là. On est ensembles. C’est tout ce que tu dois retenir, ok ?
Ces paroles finirent de le rassurer. C’était vrai. Ils étaient tous les deux ensembles. Et en vacances en plus. Il ne leur restait plus qu’à en profiter, à s’amuser et à se détendre. Rien de plus simple. Il se sentait bien mieux et surtout, il s’en voulait un peu d’avoir douté ainsi de son meilleur ami. Il avait confiance en lui. Depuis le début. Il n’y avait pas de raison que ça change.
- Oui, tu as raison. On est ensembles. C’est tout ce qui compte.
Sourire d’ange sur visage d’ange. C’était souvent ce qu’il utilisait quand il était vraiment heureux. Ne pas poser de question, ne pas penser à l’avenir. Et tout serait pour le mieux. Il savait très bien que cette relation ne serait pas comme toutes celles qu’il avait connues jusque-là. Il lui fallait donc un peu de temps avant de s’adapter et de ne plus être maladroit. Ça viendrait sûrement. Un jour. Il avait retrouvé sa bonne humeur, celle qui ne le quittait presque pas. Il avait une autre question. S’il était payé à la question, il serait riche. Il l’était déjà, enfin, ses parents. Encore plus riche alors.
- Comment t’as eu l’idée des Everglades ? T’es déjà venu ici ?
Légèrement énervant, le gars. Il était toujours curieux de tout, même s’il ne forçait jamais personne à répondre à ses demandes. Il se souvenait de ce qu’il avait dit à Liberty le jour où il l’avait retrouvée à Miami. Qu’elle pouvait le taper s’il parlait trop. Il aurait pu faire la même proposition à Joaquin, mais il risquait d’avoir un peu plus mal. Même si, il l’espérait, ça ne serait pas volontaire de la part de son meilleur ami.
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Sujet: Re: Vivons heureux, vivons cachés. Exilés. | Ilyès Mer 13 Mar 2013 - 23:19
Ilyès ne semblait pas du tout satisfait de la réponse de Joe. Il semblait à la fois choqué et dégoûté. Joe ne savait pas très bien pourquoi, mais cela lui fit rappeler sa conversation avec Damon. Le garçon lui avait alors dit que son père l'avait "entraîné" à vivre de cette façon là et qu'à présent, c'était à lui d'écrire ses propres règles. Mais c'est vrai que c'est déstabilisant de se dire que, tout jusque là, est à revoir, refaire, reconstruire. Joaquin ne se sentait pas forcément en meilleure forme, devant la réaction de son petit ami. Alors lorsque celui-ci semblait tiquer sur le dernier mot qu'il avait prononcé, armement, Joe arqua un sourcil en buvant un peu de son apéritif. Il n'était pas au courant? Il le lui avait pourtant déjà dit, non? Il semblait pourtant... Le jeune homme finit alors par répondre :
« Beh oui armement. Je pensais t'en avoir déjà parlé... »
Puis Ilyès sembla s'intéresser un peu plus à l'entreprise et à son travail, ce qui lui fit plaisir. Il ne pouvait pas en parler ici et oui, ça lui manquait. Il avait énormément de choses à en dire, notamment sur son parcours, mais à côté de ça, les détails, il préférait les garder pour lui. Aussi, il lança à son petit ami d'une voix assurée :
« Pour faire cours, je vais te résumer la situation. J'ai déjà un diplôme, j'ai déjà été à l'Université. Quand j'ai été diplômé, j'ai été directement rejoindre la boite de mon père et seulement après quelques mois, il est décédé, je suis donc devenu l'actionnaire majoritaire et le dirigeant principal.
La boite consiste à armer nos troupes sur le pays, en toutes sortes d'équipements différents. On finance aussi pas mal de projets au sein de l'armée, des recherches etc... Et puis depuis peu... on vend nos produits à d'autres pays, m'enfin, ça ne doit pas être très intéressant pour toi tout ça. »
En effet, ce type de travail n'intéresse que les passionnés, que ceux du milieux généralement. Joe adorait son job et c'était d'ailleurs pour ça qu'il n'avait pas quitté son entreprise, il savait qu'il y retournerait et ce, très rapidement sans doute.
Il bu à nouveau dans son verre et tâcha de répondre plus précisément à son ami :
« Ce n'est pas évident de tout gérer à distance, surtout que bon... venir ici, n'avait que pour seul but de retrouver mes liens avec Jeffrey. Maintenant que c'est fait, je n'ai aucune raison de rester. Enfin. Je n'avais, pardon. Alors du coup, je ne me vois pas rentrer là-bas, je ne me vois pas rester ici trop longtemps. Je verrai comment se passe les choses dans le futur. Mais les cours me bouffent du temps et je dois bosser le soir et les week-end pour la boite quoi, vidéoconférence, rendez-vous, mail par dizaines, appels étrangers et j'en passe...
Je préfère te prévenir, je n'ai pas de vacances là-bas... Ils ont eu du mal à me laisser partir ici, mais ils n'avaient pas le choix... Alors si mon portable sonne ou que je doive répondre à quelques mails, j'espère que tu ne m'en voudras pas, j'essairai de le faire quand tu seras couché ou occupé à faire autre chose. »
Joaquin bu de nouveau son apéritif. Il se rappelait de son coup de pression sur le conseil et les actionnaires pour qu'ils acceptent de le laisser déménager à Miami sans piquer une crise de nerf. Le chantage, y'a que ça de vrai. Mais pour combien de temps cela pourra t-il durer?... Joe savait très bien que ses réponses n'allaient pas plaire à Ilyès, mais au moins, il était conscient que rien n'allait être facile. Même si ça, il le savait déjà. Joaquin leva les yeux vers son petit ami, qui semblait un peu sonné par tout ça. Il s'avança à nouveau et posa sa main sur celle de son petit ami. Premier geste de la sorte en public. Un grand pas pour lui alors. Il capta l'attention de son ami, il lui sourit, espérant le rassurer un peu et finit par ajouter :
« Mais pour le moment je suis là. On est ensemble. C'est tout ce que tu dois retenir, ok? »
Il ne voulait pas qu'il s'inquiète de l'avenir, si des décisions importantes devaient être prises, il en serait le premier concerné et il participerait sûrement au choix de cette décision. Joe voulait qu'il le sache.
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