[FINI] Et si? Ilyès & Joe

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Joe comprit que son ami instaurait une barrière. En tout cas, c'était ce qu'il ressentait vis à vis de ses réponses. C'était comme s'il avait comprit où Joe voulait en venir, mais qu'il lui disait de ne pas continuer. Il coupait court à la conversation. Joe se sentit humilié et refroidit. Il fixait son ami, comme déçu. Il retomba donc dans le fond de son siège, gardant le silence. Au bout de quelques minutes, il finit par aller de nouveau dans son lit. Il avait mangé et il allait s'endormir d'ici peu de temps. Demain, il rentrerait chez lui et oublierait tout ce qu'il c'était passé. Enfin... il ne pourrait pas oublier l'accident, ni même certaines choses, mais il allait quand même essayer! Il était fort, c'était un Williams ! Un dirigeant d'entreprise, la plus grosse entreprise d'armement du pays ! Il n'allait quand même pas perdre ses moyens face à Ilyès ? Le jeune homme ne pensa pas davantage à tout ça, seulement quelques instants après s'être installé dans son lit, il tomba de fatigue. Dans un sommeil lourd. Beaucoup trop lourd pour entendre les allers et venus des infirmières, lorsqu'elles apportèrent le repas à son ami, lorsqu'elles vinrent presque toutes les heures voir comment ça se passait. Il ne se réveilla que vers les coups de 3 heures, en profita pour aller pisser et regagna de nouveau son lit. Sa tête lui faisait moins mal, il se sentait fatigué, mais moins dans le caletard.

C'est vers 9 heures qu'on les réveilla lentement, avec un petit déjeuner. Ilyès était toujours là, ils parlèrent de choses banales, sans entrer dans les conversations de la veille. Joe mangea, prit une douche et récupéra ses affaires. A 10 heures, le médecin vint faire sa visite et leur permettre donc, de sortir. Joe et Ilyès sortirent en même temps de l'hôpital et prirent aussi le même taxi. Joe descendait en premier. Il laissa donc sa part à son ami, pour la course et lui lança :

« Appelle moi quand tu seras remis et si tu as besoin ! Reposes toi bien ! »

Lui souriant alors il ouvrit la porte de son immeuble et entra dans l'ascenseur pour regagner son appartement. Une fois à l'intérieur, il se sentait déjà mieux. Il se sentait chez lui, en sécurité. Il alla vers le frigo, se prit une bière et alla brancher son téléphone. Il prit son ordi qui trainait sur le comptoir de la cuisine, il devait se mettre à jour au niveau de la boite, et vite. Il allait avoir du boulot. Mais même en se plongeant dans le travail, il n'arrivait pas à mettre de côté l'image d'Ilyès. Lui manquait-il déjà?...

the END.

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Un instant, il crut que Joe suivrait ce qu’il lui avait dit. Qu’il ne lui répondrait pas. Dans un sens, ça aurait été mieux. Il changea de position, se rapprochant encore. Ilyès le regardait faire sans rien dire. Il voyait que son meilleur ami était en pleine réflexion. Pour répondre à sa question ou pour dire autre chose ? Déjà, il n’était pas parti. Il prit longtemps pour réfléchir, à tel point qu’Ilyès se demandait s’il n’y avait pas un problème. Il le scrutait, cherchant à trouver. Joe semblait fatigué et affaibli. Ce n’était peut-être pas le moment des questions. Il aurait mieux fait de rester allongé et se reposer. Pourtant, il lui répondit quand même.

- Peut-être...

Peut-être ? C’était une réponse ça ! C’était un « peut-être, je ne sais pas » ou un « peut-être mais je ne te le dis pas » ? Il avait été maladroit. Ça ne lui arrivait jamais. Le jeune homme commençait à croire que c’était réellement les médicaments parce qu’avant, ils n’étaient pas comme ça. C’était comme si deux autres hommes se trouvaient là. Deux autres hommes qui, par chance, se reconnaitraient.

- Je ne sais pas ce qu'il se passe... Tout se mélange, j'y comprends plus rien. J'connais pas ça. Je ne sais pas... Je...

Il ne s’était pas fermé. Le brun avait eu peur de ça. Certaines personnes se braquent quand on leur pose des questions auxquelles ils ne veulent pas répondre. Là, Joe acceptait de répondre, de se livrer en quelques sortes. C’était si inhabituel de sa part. Ilyès en était plutôt content. Il était plutôt bien parti pour arriver à faire comprendre ce qu’il voulait. Il retenterait encore une fois, certainement, indirectement.

- Je ne voulais pas m'énerver tout à l'heure et ça n'était pas contre toi... Juste que... J'ai pensé à plein de trucs. J'trouve, qu'hormis l'accident, cette journée est... étrange.
Mais ça doit venir des médicaments parce que j'ai jamais ressenti tout ça avant. Jamais. Ca doit être sur le coup, tout rentrera dans l'ordre bientôt... enfin je l'espère parce que...

Oui. Cette journée était très étrange. Depuis le début. Ilyès avait eu l’irrésistible envie d’aller chez Joe cet après-midi-là, sans raison. Ils avaient plaisanté, comme d’habitude. Et il y avait eu le truc de la télévision, plutôt bizarre. Et enfin l’accident, l’hôpital et tout le tralala. A bien réfléchir, c’était étrange depuis le début. Le fait qu’ils soient amis et qu’ils s’entendent si bien. Le jeune homme se sentit aussi soulagé de ne pas être l’élément déclencheur de la colère de Joaquin. Le faire sortir de ses gonds était une chose qu’il ne voulait pas.

- Pour moi aussi.

Il repensa à tout à l’heure, quand le blond n’avait pas compris de quoi il parlait. Il préféra préciser sa pensée, on ne savait jamais.

- Tout ça me paraît étrange aussi, je veux dire.

Il s’appliquait à bien tout prononcer. Il y avait pourtant une chose qu’il ne précisait pas. Il avait une petite idée du pourquoi, pour sa part. Sauf qu’il ne voulait toujours pas en parler directement. Il avait ses raisons.

- Pas vrai?...

Ils étaient perdus tous les deux dans leur pensées. Ilyès comprenait quand même de quoi Joe parlait. Tout allait revenir à la normale parce que tout DEVAIT revenir à la normale. Il n’y avait pas d’autre choix. Le jeune homme abandonna donc l’idée de partager ce qu’il pensait avoir compris. De toute façon, ça n’avait sans doute pas d’importance. Il l’avait déjà pensé plusieurs fois, il n’était pas en forme, il fallait attendre avant de pouvoir avoir de vraies discussions. Parce que tout un tas de facteurs changeaient la donne. Il se contenta donc d’une réponse assez imprécise, il n’avait pas mieux. Il y avait presque une pointe de déception dans sa voix.

- Sans doute …

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« Tu es … sûr qu’il n’y a pas autre chose ?

Non, oublis ma question, ça n’a pas d’importance. »

Ilyès lui avait enfin parlé. Il lui avait enfin dit quelque chose. Sa voix était pas très claire, sûrement le sédatif ! Mais il avait un ton lent et calme, un peu comme celle d'une personne défoncée. Mais Joe fut quand même soulagé qu'il lui réponde aussi gentilement. Il ne lui en voulait donc pas, non? Williams était néanmoins perturbé par la première phrase ou plutôt question, de son meilleur ami. Lisait-il en lui? Avait-il ce pouvoir? Joe se semblait comme nu, face au regard de son meilleur ami. Il se sentait comme un animal sans carapace. Tellement fragile et ça... il ne le supportait pas, n'étant pas habitué. Joe se rapprocha du lit d'Ilyès, écartant les jambes et posant ses bras dessus, il pencha sa tête en avant. Il réfléchit à sa réponse, comme s'il avait le temps de répondre.

N'y avait-il pas autre chose? Joe se répétait cette phrase. C'était comme si toutes ses idées étaient en train de s'affoler d'un coup. Comme s'il s'agissait d'une machine à sous. Ca tournait, en boucle et ça allait sans doute s'arrêter sur la réponse qu'il devrait dire. L'écran dans sa tête affichait alors : amour. Quoi amour? Qu'est-ce que ça voulait dire amour? De l'amour pour quoi? Pour qui? Joe se creusait les méninges, essayant de traduire ce que son cerveau pensait tout seul. Il était perdu. Il prenait trop de temps pour répondre, Ilyès allait être mal à l'aise. Il fallait une réponse, claire et précise. Maintenant. Et sans doute sous le coup des médicaments, il lâcha un peu maladroitement :

« Peut-être... »

C'était la seule chose qui avait réussit à franchir le seuil de sa gorge. Peut être. Peut-être quoi?! Qu'il y avait autre chose? Mais quoi? Quoi exactement?! Qu'est-ce qu'il se passait ?!

« Je ne sais pas ce qu'il se passe... Tout se mélange, j'y comprends plus rien. J'connais pas ça. Je ne sais pas... Je... »

Il était totalement perdu. Les médicaments et la présence de son ami étaient en train d'abattre toutes ses barrières de sécurité, sa carapace de dur à cuir. Ils lui permettaient de s'ouvrir, tout simplement et ce n'était pas une chose à laquelle il était habitué.

« Je ne voulais pas m'énerver tout à l'heure et ça n'était pas contre toi... Juste que... J'ai pensé à plein de trucs. J'trouve, qu'hormis l'accident, cette journée est... étrange.

Mais ça doit venir des médicaments parce que j'ai jamais ressenti tout ça avant. Jamais. Ca doit être sur le coup, tout rentrera dans l'ordre bientôt... enfin je l'espère parce que... »

Il n'arrivait pas à terminer ses phrases, trop perdu dans ses pensées, trop instable face à ces nouvelles sensations et émotions. Il s'arrêtait toujours avant que les médicaments n'en disent trop. Son ami allait être dégoûté de lui, il serait distant, il ne voudrait même pas songer à tout ça. Joe se trompait. C'était l'accident et c'est tout. Juste ça. Rien d'autre...

« Pas vrai?... »

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Joe le regardait aussi. C’était comme s’il lisait dans ses yeux. Qu’il parlait aussi. Un dialogue visuel entre les deux hommes. Ils n’avaient pas besoin de mots. Un instant, Ilyès cru que Joe comprendrait … certaines choses. Au lieu de ça, il baissa les yeux. Pourquoi ? Le brun hésitait. Il était moins réticent à certaines idées mais il connaissait son ami et il craignait ses réactions. Il savait qu’elles ne seraient pas bonnes. Comme quelques instants plus tôt. Il voulait quand même faire part de ses doutes. Au point où il en était, dans la situation où il était, il était presque prêt à tout dire. Il ne savait juste pas comment.
Joe se leva alors pour le rejoindre et s’installer dans le fauteuil, comme il l’avait déjà fait plusieurs fois. Il avait encore la force de marcher ?! Ilyès le regardait faire silencieusement. Il se méfiait un peu parce qu’il ne savait pas ce qui allait se passer.

- Désolé d'être partit... Je crois que l'accident et les médocs ont des effets étranges sur moi. Je n'ai jamais eu... de telles réactions.

Ilyès eut un pincement au cœur. Il sentit que ce n’était pas exactement la vérité. Joe lui mentait ? Il devait avoir une bonne raison pour le faire. Le jeune homme voulait quand même savoir. En même temps, lui aussi réagissait bizarrement. Et celle explication ne lui convenait pas. Il y avait sans doute une part de vérité. Mais il n’y avait pas que ça. Il se demandait ce qu’il devait faire. Se justifier lui aussi ? Ne rien ajouter ? Pousser Joe à en dire un peu plus ? La première option, il ne pouvait pas. Jamais il n’oserait. La deuxième ne lui semblait pas la bonne non plus. Quant à la troisième, il doutait que ce soit sage. Il ne voulait pas forcer son meilleur ami. Pourtant, il la choisit quand même.

- Tu es … sûr qu’il n’y a pas autre chose ?

C’était aussi une manière détourné d’avouer que pour lui, c’était sans doute le cas. Comme un aveux informulé. Son instinct lui cria alors qu’il n’aurait pas dû, que ça n’arrangerait surtout pas ses affaires. Une partie regrettait, l’autre non. La réponse était redoutée et pourtant attendue. Tout dépendait d’elle en fait. C’était trop direct, il n’y avait aucun tact. Joe pouvait ne pas comprendre aussi. Ilyès devrait lui expliquer sa pensée. Ce qu’il ne voulait pas vraiment. Enfin, c’était surtout qu’il ne s’en sentait pas capable. Il ne voulait pas revoir ce regard froid, ni cette bête sauvage ressortir. Tout simplement parce que ce n’était pas comme ça qu’il connaissait son ami. Avant que Joe n’ait eu le temps de répondre, il se reprit. Il avait cherché ses mots pour ne pas paraître trop étrange.

- Non, oublis ma question, ça n’a pas d’importance.

Il parlait lentement et avait l’impression de parler en yaourt (si si !). Mais au moins, il pouvait s’exprimer. Le cas contraire l’aurait contrarié. Même s’il ne pouvait pas dire ce qu’il voulait. Il avait pris l’habitude de le faire avec Joaquin et il pensait que ce serait toujours le cas. Si on pense qu’il n’y a pas de limite, c’est juste qu’on ne la voit pas. Il y a toujours une barrière quelque part qu’on ne peut pas contourner. Ilyès craignait que ce ne soit le cas ici.

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Soudain, Ilyès bougea. Son corps bougea lentement, ses bras, ses pieds, son visage. Joe ne le quittait pas des yeux. In ne l'avait d'ailleurs pas quitté du regard depuis son arrivée. Il l'observait attentivement, comme pour y découvrir tous ses secrets. Son meilleur ami tourna alors le visage vers lui, l'observant à son tour. Et là, il se passa quelque chose d'étrange. C'était comme si son regard était égal à un éléctrochoc, comme si juste avec un battement de cils, il le réveillait au plus profond de lui. Comme si les vannes, installées depuis 22 ans dans son coeur, dans son corps, venaient de lâcher, laissant alors couler le flots de sentiments reclus. Il lu dans son regard, de l'incompréhension et une paix douteuse. Il y lu un sentiment presque de peur. Une peur amoindrie par quelque chose qu'il n'arrivait pas à déterminer (l'amour?). Joe ne disait rien, Ilyès non plus. Ils s'observaient communément, comme si leur conversation silencieuse menait à un réel dialogue. Comme si tout était en train de se régler. Comme si leurs deux corps n'avaient pas besoin du langage pour communiquer, pour se comprendre, pour s'unir. Comment ça s'unir?! Joe lacha le regard. Il baissa les yeux. Ses mains étaient posées sur lui, il se tenait assis, les jambes allongées. Il ne disait rien du tout. Les machines ne faisaient plus de bruits, étant mises en silencieux. Il n'y avait pas un bruit et il pouvait même entendre leurs deux respirations lentes.

Soudain, Joe retira la couverture sur son corps, pour poser ses jambes sur le sol de l'hôpital. Il marcha vers le fauteuil qu'il avait élu trône un peu plus tôt et s'y installa silencieusement. Ilyès le regardait faire, sans rien dire. Il ne ferait pas le premier pas, c'était évident. Il semblait trop perturbé par ce qu'il venait de se passer. Tout autant que Joe... ou en fait non, pas du tout autant. Joe ne comprenait pas tout ce qu'il se passait. Il hésitait à en parler à Ilyès. Ne fallait-il pas attendre? Si. Sûrement.

« Désolé d'être partit... Je crois que l'accident et les médocs ont des effets étranges sur moi. Je n'ai jamais eu... de telles réactions. »

Il leva alors les yeux vers son meilleur ami pour lui sourire doucement, en coin. Il ne voulait pas qu'il lui en veuille. Il ne voulait pas qu'il soit fâché ou déçu. Il ne supporterait pas ça. C'était comme si son avis était le plus important, comme si tout ce qu'il pouvait bien penser de lui était la seule chose qui avait une importance aux yeux de Joe. Il ne voulait qu'une seule chose : qu'Ilyès le voit comme ce qu'il était vraiment et rien de plus ni rien de moins. Il attendit alors patiemment que son ami lui réponde enfin. Il espérait qu'il allait quand même bien et que sa chute ne l'avait pas blessé davantage. Il se demandait simplement : pourquoi? Pourquoi avoir quitté son lit aussi violemment? Pourquoi avoir eu une telle réaction de panique à son départ? Ce n'était pas normal ça...

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Ilyès ne dormait pas. Le sédatif n’était pas fait pour ça, mais juste pour le détendre. Pour éviter qu’il ne pète un câble, comme il avait failli le faire. Les effets finiraient bien par se dissiper, même si ça pouvait prendre du temps. Pour l’instant, il était perdu dans son esprit. Dans un monde qu’il ne reconnaissait plus comme étant li sien. Les visages étaient bien les mêmes. Il voyait ses parents, les gens qu’il avait croisés à Wynwood, les amis qu’il s’était fait. Ce qui le déroutait, c’était les sentiments que son cerveau au ralenti associait à ces images. Il n’y en avait presque pas pour ses parents, à peine un peu de reconnaissance pour eux. C’était au niveau de ses relations que ça n’allait pas. C’était comme si l’affection qu’il avait pour ses amis était amoindrie. Sauf pour Joe. Là, elle avait pris trop de proportions. C’était à n’y rien comprendre. Mais ce n’était qu’un espèce de rêve, non ? Dû aux médicaments certainement. Ou au fait qu’ils avaient vécu l’accident tous les deux. Il divaguait totalement. Il ne savait plus où il était, ce qu’il pouvait faire. A mi-chemin entre conscience et inconscience, il ne remarquait même pas ce qui se passait autour de lui. Joe était de retour. Forcé apparemment. Il était accompagné de médecins et d’infirmières qui voulaient le résonner pour qu’il retourne dans sa chambre sans protester.

- Vous lui avez fait quoi putain??

Ilyès n’entendit que vaguement des paroles. Il n’était même pas en état de reconnaitre la voix, c’est pour dire ! Sinon, il se serait vraiment posé des questions. Joe avait péter un câble, il était parti. C’était pour ça qu’Ilyès avait réagi comme ça et qu’on avait eu besoin de le calmer. Le blond revenait et demander ce que les autre lui avaient fait ? Sauf que c’était lui qui l’avait mis dans cet état. Pourquoi s’en aller sans rien prendre en compte et revenir en s’inquiétant ? Quel changement radical de comportement ! Comme lorsqu’il s’était mis en colère. Ilyès ne l’avait pas reconnu. Il savait qu’il ne fallait pas chercher des ennuis à son meilleur ami sous peine de le regretter. Mais il ne l’avait jamais vu sortir de ses gonds. Il avait presque eu … peur de lui. Il ne devait pas. Joe ne lui ferait jamais de mal, si ? Il n’en restait pas moins effrayant, bâti comme il l’était.

Ilyès resta un bon moment allongé sans bouger. Joaquin le regardait, sans vraiment penser. Le calme était revenu. Quand le brun serait réveillé, tout recommencerait ? L’instant « douceur », le froid, les confidences, la colère ? Y avait-il une autre solution ? Pouvaient-ils éviter tout ça ? Le jeune homme revenait petit à petit à lui. Il sentit qu’il n’était pas seul. Sauf qu’il ne savait plus comment réagir. Devait-il rester à ne pas bouger ou montrer qu’il était de nouveau là, bien que toujours sonné ? Il ne savait pas quoi dire non plus. Certaines choses étaient plus claires dans sa tête. Il avait peur d’en parler. Il se disait qu’il ne devait pas. Mais se taire n’était pas une meilleure option. Un jour ou l’autre tout finissait pas se savoir. Limité dans ses mouvements, il décida quand même à ne pas jouer le mort. Il ouvrit les yeux avant de tourner la tête en direction du deuxième lit de la chambre. Qu’il constata de nouveau occupé, pour son plus grand bonheur.

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Le visage fermé, le regard dur. Un regard semblable au Cyclope dans X-men, prêt à tout détruire en un seul regard, à la première contrariété. Pourtant il lui en fallait pour le mettre dans un tel état. Même lors de sa dispute / retrouvailles avec Jeff, il n'avait pas eu une réaction aussi violente. Il ne courait pas vite, il était même plutôt à la traine, mais les infirmières n'osèrent pas s'en approcher. En même temps, lorsqu'on voit un boulet de canon haut comme une montagne et fort comme un boeuf arriver vers nous, on préfère se pousser afin de le laisser passer. Se disant qu'il allait finir sa course dans le décors... Et ce ne fut pas le cas pour Joaquin. Les agents de sécurité de l'étage avaient été alerté et venaient tout juste de le saisir à la taille. Tout le monde regardait cette scène digne d'un vrai film. On le prenait pour un fou. Une bête. C'était ce qu'il était. Il avait toujours vécu sa vie comme une bête enragée. Un lion en cage. Un chien que l'on dresse. Il avait toujours obéis et exécuté les ordres de son père, sans jamais se poser de question. Mais aujourd'hui, c'était comme si cette journée de merde envoyait promener 22 ans de vie austère et solitaire. C'était comme si le monde antique dans lequel il avait vu le jour, grandit, venait de disparaître à coup de bombardements. A coup d'armée victorieuse et sanguinaire. A coup d'Amour. Cette chose abstraite qu'il ne connaissait pas le moins du monde. Il ne connaissait que l'admiration pour son père. L'affection pour sa mère. La tendresse pour Jeffrey. Mais c'était déjà de l'amour, sauf qu'il l'ignorait tout simplement. On a toujours dit que ce qui différenciait les animaux des humains était cette notion de ressentir des sentiments. Sauf que pour Joe, c'était tellement rare qu'on pouvait vraiment le comparer à une bête.

Les agents le tournèrent face au couloir, ils reçurent l'ordre de le conduire dans sa chambre. Joe ne supportait pas d'être aidé à marcher, d'être traité comme un enfant. Aussi il finit par gronder :

« Je sais marcher ! »

Ils refusèrent cependant de le laisser libre, sûrement par peur de devoir lui courir après. Un médecin arriva et commença à le consulter sur place, vérifiant les signes vitaux, il finit par parler avec d'autres infirmières. Joe ne l'écoutait même pas. Son regard était figé sur autre chose. La porte de sa chambre était ouverte. Il vit le corps inerte d'Ilyès sur le sol, porté ensuite par des infirmières afin de le conduire dans son lit. Que faisait-il par terre? Qu'est-ce qu'il lui était arrivé? Joe se débattit comme il le pouvait afin de s'extraire de ces deux colosses. Mais rien n'y faisait ils ne cédaient pas. Le médecin vint demander de l'aide infirmière alors qu'il essayait de raisonner Joaquin.

« Vous lui avez fait quoi putain?? »

Gueula t-il alors, parlant bien évidemment de son ami. Le médecin se tourna pour regarder sa chambre, vit le corps d'Ilyès et demanda des explications aux infirmières.

« Il est tombé de son lit, il rampait par terre, il devenait incontrôlable, on lui a administré un sédatif »

Joe la regardait effaré. C'était la conséquence de son départ précipité de la chambre? Pourquoi avait-il fait ça? Pourquoi tout se passait-il comme ça? Le jeune homme n'était plus qu'un pantin, dirigé par les agents de sécurité. Son esprit était perdu ailleurs. Le médecin ne tarda alors pas à dire :

« Mr Williams, si vous nous refaîtes un coup dans le genre, on vous envoie à l'HP, c'est clair? Mesdemoiselles, conduisez le à sa chambre. »

C'est ainsi qu'il fut conduis à son lit, rebranché et laissé là. Il fixait de ses yeux vide de sens, vide de raison, le corps d'Yliès, allongé juste devant lui. Il le scrutait dans les moindres détails. C'était comme si c'était viscéral. Comme s'il devait le connaître par coeur. Pourquoi? Parce que c'était le seul médicament qui agissait sur ses douleurs...

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Ilyès voulut lui répondre mais il voyait que de toute façon, Joe n’écoutait pas. Il était encore dans ses pensées. Mais ça avait l’air beaucoup plus troublant cette fois. C’était inquiétant car il pâlit. Il avait une tête de zombie. Enfin, encore plus qu’avant.

- Hey ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Mais ça ne servait à rien. Il était comme devenu fou. Ilyès ne le reconnaissait pas. Il avait l’air d’une bête. Sauvage, froid, inconscient de monde autour. Il était affolé. Il n’était vraiment pas bien. Le brun s’en inquiéta. Il ne savait toujours pas ce qu’il se passait.

- Joe ? Joe ?

Mais toujours pas de réponse. Pire, il arracha violemment ses fils après s’être levé difficilement. Ilyès compris ce qui allait se passer. Il allait partir. Il allait le laisser seul ici. Qu’avait-il fait ? Il en était certain : c’était à cause de lui. Joe passa la porte et disparut totalement de la vue de son meilleur ami. A ce moment, ce fut la fin. Alors qu’il ne comprenait comment Joe avait pu être si violent, il céda à son tour. C’était comme un déchirement. Il avait mal, il ne pouvait pas le supporter. Il ne voulait pas rester là, sur son lit, sans savoir où son ami était parti. C’était intolérable. Il sentit sa raison s’en aller, l’abandonner elle aussi. Il devait le rattraper.

- NON ! JOE ! Me laisse pas seul ici ! Je t’en supplie ! Joe !

Il hurlait à s’en arracher la gorge. Tout l’hôpital devait l’entendre. Mais il s’en fichait. Il se débattait dans ses draps. Il voulait se lever. Mais c’était impossible pour lui, pas dans son état. Sauf qu’il ne s’en rendait pas compte. Au lieu de se mettre sur ses jambes, il tomba violemment sur le sol, arrachant certains fils au passage. Les machines s’affolaient, il y avait un bruit infernal. Il voulut ramper, comme lorsqu’il était sorti de la voiture. Sortir de cet enfer au plus vite, sortir de cette chambre. Sauf que Joe n’était pas là pour l’aider. Sans qu’il s’en rende compte, les larmes s’étaient mises à couler. Pourquoi se mettre dans un état pareil ? Cela n’avait absolument aucun sens. Il n’accordait aucune importance au mal extérieur. On aurait pu lui couper un bras qu’il ne l’aurait même pas sentit. C’était la douleur à l’intérieur qui le rendait dingue. Elle était si vive ! Elle était si anormale !

Tout autour, les infirmières s’affolaient dans les couloirs. Certaines tentaient de retenir le fuyard, sans succès. Où trouvait-il la force de courir ainsi ? D’autres rentraient dans la chambre qu’il venait de quitter. Elles trouvèrent Ilyès par terre, gesticulant dans tous les sens. Il prononçait toujours le même nom, encore et encore. Elles tentèrent bien de le calmer mais même à trois, elles n’arrivaient pas à le canaliser. Il était bien trop perturbé pour les écouter. Elles n’eurent d’ailleurs pas le choix. Elles lui injectèrent une substance pour l’endormir. Au bout de quelques instants, il s’immobilisa enfin. Il ferma les yeux et elles le réinstallèrent correctement dans son lit. Il ne pensait plus à rien, même plus à Joe. Il ne se rendit même pas compte de l’évidence : il l’aimait trop. Il n’en avait pas le droit. Il était à présent calmé. Pour le moment. Car certaines solutions ne durent qu’un temps …

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« Moi aussi tu sais... »
« De quoi toi aussi? »

Avait alors répondu instinctivement Joe. Et c'était vrai, de quoi parlait-il? Qu'ils s'en soient sortis vivants? Encore heureux qu'il était content et du même avis que Joe ! Sinon c'était vraiment grave et révélateur d'un sérieux soucis ! Le jeune homme attendit patiemment la réponse de son meilleur ami. Mais c'était comme si sa tête bouillonnait. Il y avait comme des dizaines de phrase, d'interrogation, d'hypothèse qui venaient dans son esprit, qui passaient, tels des trains à toute vitesse, faisant résonner leur fumée et leur sifflement dans son crâne. Ca en était presque douloureux. Il y avait tellement de choses qui se bousculaient dans sa tête. Tellement de sensation. Par exemple lorsqu'il tenait la main à Ilyès. Ou alors lorsqu'il était en sa présence et que plus rien autour de comptait. Ou bien encore lorsqu'il l'avait vu dans cette voiture, inconscient, la mine en sang. Il avait cru hurler de peine, il avait cru devenir une bête prête à tout pour le tirer de là. Pourquoi ressentir ça pour son pote? Il n'y avait rien de normal ! N'est-ce pas? Mais cependant, Joe ne pouvait pas voir Ilyès comme autre chose. Dans son esprit c'était clair : il n'était pas gay. Il ne pouvait pas aimer un autre garçon. Mais ça, ça ne lui venait même pas à l'idée. Non, il ne réfléchissait même pas à l'hypothèse qu'il pouvait être gay ou alors du moins, ressentir des sentiments pour quelqu'un du même sexe. C'était impossible, donc, son cerveau bloquait littéralement cette idée. Soudain, alors qu'il était en proie à de grandes réfléxions, une phrase s'écrivit dans sa tête. C'était comme un tableau d'école, ou une bande de film en noir et blanc. Les mots s'écrivaient tout seuls et laissaient alors cette phrase en suspens:

« Je ne pensais pas être gay, mais c'était avant de rencontrer Joey. Je ne pense pas être gay, mais juste amoureux de cet homme... »

D'où sortait cette phrase au juste? Il l'avait déjà entendu. Cherchant dans sa mémoire, il réussit à se souvenir du moment à l'appart', avant de prendre le taxi ! Oui ! L'émission sur les Homo... sexuels.

Ce dernier mot eut le même effet que l'accident. Joe aurait été un immeuble, les vitres auraient alors toutes explosées en même temps. Les étages se seraient cassés la gueule les uns sur les autres, pour ne laisser sur un sol chaotique, que des restes, des chutes, des débris : en somme : plus grand chose. Non. Non ce n'était pas possible. Ce n'était pas ça. C'était IMPOSSIBLE BORDEL DE MERDE! Le jeune homme se leva alors avec une rapidité effarante. Il manqua d'ailleurs de tomber et dû se rattraper au lit d'Ilyès, devant lui. Il avait le regard dur, froid et fixant les draps. Il entendait son meilleur ami l'appeler, mais c'était comme si un barrage avait été créé entre le monde et lui. Il n'y avait que son corps, les battements rapides de son coeur, sa respiration sacadée. Il n'existait rien d'autre. Il entendait la voix d'Ilyès, comme un bruit de fond. Perdu dans ses pensées, perdu dans cette révélation totalement désastreuse et impardonnable et surtout : inimaginable pour lui, Joe préféra quitter la pièce, après s'être lui même décroché les fils de perfusion. Il tira dessus comme un fou et regagna la porte afin de sortir dans le couloir. Là, alors que son corps semblait si fatigué et totalement épuisé, il se mit à courir. Les infirmières essayèrent de le rattraper mais c'était trop tard, Joe était déjà partit loin. Il ne voulait pas penser à ce qu'il avait pensé il y a encore quelques secondes. Non, ce n'était tout simplement : pas possible. Il n'était pas une tantouze. Il n'était pas une pédale. Il n'était pas gay. Mais il ne se posait simplement pas la bonne question...

était-il amoureux d'Ilyès?...

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Joe semblait réfléchir à tout un tas de choses. A sa réponse d’abord. Il était un peu mal à l’aise. Il toussa d’ailleurs, ce qui le prouva. Il n’était pas dans son état normal. Ilyès n’était pas sûr de la réponse. A quoi cela servait-il de discuter s’ils n’étaient pas sûrs de ce qu’ils disaient ?

- Je ne sais pas quoi te répondre en fait... Ca peut venir de l'accident, des médocs ou encore autre chose... Je suis peut être encore sonné par l'accident. Mais je suis content qu'on soit sain et sauf. On est trop forts pour se faire laminer par un putain de taxi enfoncé dans un camion.

Ilyès rigola. Il le regretta un peu puisque que ça lui faisait mal. Même la mort ne voulait pas d’eux ! Joe était fort, c’était vrai. Mais Ilyès non. Il avait eu de la chance d’avoir son ami. Il y aurait sans doute laissé sa peau s’il ne l’avait pas sortie de la carcasse. Et puis, il n’était pas sûr de s’en remettre totalement. Enfin, dans sa tête. Ça avait quand même été très choquant pour lui. Il avait eu juste le temps d’apercevoir le chauffeur de taxi. C’était déjà une vision d’horreur pour lui, heureusement qu’il n’avait pas vu tous les détails ! La peur de perdre son meilleur ami et celle aussi de mourir. Il n’était pas fait pour vivre des expériences comme celui-là. Ce qui ne tue pas nous rend plus fort. Il n’était pas sûr de ce proverbe. Parfois, il se disait qu’il n’était qu’une mauviette, qu’il ne méritait que des baffes pour se réveiller. Il n’y parvenait pas. Il n’était qu’un faible !
Il était un peu déçu de la réponse de Joe. Un instant, il avait cru que … Non, ce n’était pas possible. Ce n’était pas bien, pas normal. Son ami avait sans doute raison. C’était l’accident. Et ils étaient vivants. Ils étaient restés ensemble et ils s’en étaient sorti ensemble. Ils avaient été plus forts qu’un camion bon sang ! Ilyès voulait quand même lui dire que lui aussi, il avait quelque chose dans le ventre. Si Joe avait réussi, avec son habitude de ne jamais montrer ses faiblesses, lui aussi pouvait le faire.

- Moi aussi tu sais …

Il espérait que le jeune homme comprenne qu’il parlait de sa première remarque, pas de la réponse à sa question. Lui aussi se posait beaucoup de question. Sur tout ce qu’il ressentait, tout ce qu’il vivait. Joe l’avait sauvé, c’était sans doute normal que ses sentiments soient renforcés envers lui. Cependant, quelque chose lui disait que c’était bien plus que ça, que c’était plus compliqué. Il craignait que tout ce qui se passait là, dans cette chambre, ne soit erroné, faussé par l’accident et toutes les conséquences de celui-ci. Tant pis, il fallait laisser faire et avoir confiance pour la suite. Ils n’avaient pas le choix parce que la situation n’était plus la même que quelques heures plus tôt. Elle reviendrait comme avant d’ici quelques temps, non ?

Invité

Son ami lui demanda alors s'il savait d'où ça venait. Il y avait tellement d'hypothèse possible à vrai dire. L'accident, les médicaments, le stress de cette journée où bien encore autre chose... Toute personne extérieure aurait pu comprendre que ça pouvait aussi venir de sentiments spéciaux mais Joe n'y connaissait rien et cette idée ne lui venait pas à l'esprit. Il n'avait jamais rien ressenti de tel dans sa vie. Pourtant du stress, il avait connu et des accidents également... Ce qui le troublait davantage d'ailleurs. En définitive, il pouvait juste affirmer une chose : ça venait d'Ilyès. Ca dépendait de lui, ses humeurs, son bien être, sa présence. Joe se sentait bien, comme apaisé d'une couverture douce et chaude en présence de son meilleur ami et ça, est-ce que c'était normal? Non. Et ressentir autant d'affection pour son meilleur ami le troublait et il se refusait surtout de l'admettre. Il ne pouvait pas accorder plus d'importance que ça à son meilleur ami sans que ça en devienne malsain. Il n'était alors pas très à l'aise face à cette question. Que pouvait-il répondre? Il n'avouerait jamais ses pensées. Ca pouvait être tellement mal interprété. Joe était sûr de lui, il était un homme, un vrai et ces sentiments en lui commençaient vraiment à le perturber. Il ne voulait pas en savoir davantage. Il ne le pouvait pas. Car c'était totalement contraire à ce qu'il était : un dur à cuir. Il ne pouvait pas s'attacher autant à quelqu'un. Déjà qu'il avait reprit une relation presque "normale" avec son frère et que c'était déjà du "nouveau" pour lui. Il ne s'était jamais attaché à quelqu'un comme ça. Même pas une fille avec qui il avait eu une relation -purement sexuelle-. Il ne pouvait pas admettre ce qu'il ressentait pour Ilyès : quelque chose de fort. Même si c'était de l'amitié. Il ne voulait pas dire à voix haute à son ami à quel point il s'était inquiété pour lui, à quel point il avait eu peur lors de l'accident, à quel point il se sentait bien à ses côtés.

Le jeune homme toussa quelque peu, ce qui le fit grimacer de douleur. Que pouvait-il lui répondre? Etre honnête? Lui mentir? Amoindrir les faits? Les médicaments lui faisaient tourner la tête, il était perdu. Il se sentait faible, comme si les médicaments effaçaient sa protection de fer d'autant d'années. Joe ne savait pas quoi répondre aussi, il essaya de dire :

« Je ne sais pas quoi te répondre en fait... Ca peut venir de l'accident, des médocs ou encore autre chose... Je suis peut être encore sonné par l'accident. Mais je suis content qu'on soit sain et sauf. On est trop forts pour se faire laminer par un putain de taxi enfoncé dans un camion. »

A l'évocation de l'accident, le jeune homme eu la vision du chauffard. Cet homme qui n'avait absolument pas eu leur chance. Il revoyait son corps en piteux état. La nausée lui reprit. Joe allait être marqué par ses visions pour encore un bout de temps, il allait devoir apprendre à gérer ça. En temps normal, il aurait été courir et là, il ressemblait à un lion en cage, qui essaie de se contrôler face à toutes ces émotions nouvelles. Il n'avait pas envie de devenir un homme faible, qui était l'inverse de ce qu'il avait alors, toujours été. Il devait rester fidèle à ce qu'il était. Solide. Il avait tellement envie de prendre la main de son meilleur ami, il l'observait d'ailleurs. Le souvenir de cette sensation reçue lors de ce contact vint donner un coup de pied dans les fourmillements de son ventre. Mais c'était tellement mal de penser à ça. C'était tellement... anormal de ressentir ça pour un ami. Il devait arrêter d'y pense, ça devenait n'importe quoi. C'était totalement absurde.

Invité

- T'inquiète, ça doit venir de l'accident.

Il lui donnait une excuse. C’était sans doute vrai parce qu’il n’était jamais comme ça d’habitude. D’ici quelques jours, il pourrait redevenir comme avant. Joe ne lui en voulait pas puisqu’il lui sourit et qu’il le servit. Il avait du mal à se déplacer. Ilyès s’en voulait aussi, de le forcer à se lever alors qu’il n’allait pas bien. Après tout, il y avait bien des infirmières dans cet hôpital. C’était leur travail, de s’occuper des patient. Pourtant, le jeune homme préférait que ce soit son meilleur ami qui le fasse. Il avait confiance en lui. Les aides-soignantes, il ne les connaissait pas. Et puis, Joe était doux avec lui. Il l’aida à boire. Il avait encore des bras ! Mais il laissa faire. Jamais personne n’avait fait ça avec lui. Même pas sa mère. Même pas quand il en avait eu besoin. Il n’avait besoin de rien d’autre à ce moment. Il fit comprendre à son ami que c’était bon, qu’il pouvait reposer le verre. En espérant qu’il reste quand même dans le fauteuil à côté de lui. Il se sentit soulagé quand il constata qu’il n’avait pas l’intention de le laisser.

- Je lui ai laissé un message.

Jeff n’avait même pas répondu au téléphone. Il allait avoir l’information quand même, c’était l’important. Ilyès sentit le regard de Joe sur lui. Il se demanda alors qu’elle tête il avait. Il pouvait voir un certain nombre de blessures sur le corps, mais que des choses superficielles. Des petites coupures, des bleus. Ça guérissait vite et ce n’était pas extrêmement douloureux. Le jeune homme remarqua que son meilleur ami était perdu dans ses pensées. Que pouvait-il bien se dire ? Souffrait-il ? Ilyès n’en savait rien. Il se contenta de le regardait. Comme s’il allait disparaître si jamais il ne le voyait plus. Il allait lui demander si quelque chose n’allait pas quand Joe parla.

- J'ai des sensations étranges dans le ventre... depuis tout à l'heure...

C’était un aveu. Il ne s’y attendait pas du tout. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Etait-ce plutôt bien ? Ou mal ? Il n’y avait sans doute de raison de s’inquiéter, sinon Joe ne l’aurait pas dit comme ça, si ? A vrai dire, lui aussi avait une boule au ventre. Ce n’était pas la faim, il en était sûr. Ça ne faisait pas mal. Il n’avait jamais ressenti ça, il ne s’en souvenait pas. C’était plutôt chaud et agréable. Un médicament ? Possible. Ou tout autre chose.

- Et tu sais ce que c’est ?

Il attendait la réponse, le cœur battant. Il ne réalisait pas l’importance de celle-ci. Pour tous les deux. Comment savoir ? Devait-il dire que lui aussi ? Ce n’était peut-être même pas la même chose ! Il n’avait pas besoin de le faire tout de suite. Ils avaient tout leur temps.

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Quand il rentra de nouveau dans la chambre, il vit qu'Ilyès s'était redressé et surtout, qu'il semblait bien plus sympathique que tout à l'heure. Son ami était lunatique et il n'était pas habitué à ce critère, mais restant fidèle à lui-même, cela ne le dérangeait pas plus que ça.

« C’est pas bon pour la ligne ça. Faut que je me mette au régime, tu te souviens ?

En fait, je m’excuse pour tout à l’heure. Je sais pas ce qui m’a pris. »

Joe venait d'arriver au fauteuil près du lit de son meilleur ami. Il s'installa après avoir déposé les bonbons sur la table de chevet d'Ilyès et ne tarda pas à répondre à son pote :

« T'inquiète, ça doit venir de l'accident »

Il lui sourit doucement puis accepta de lui servir un verre d'eau. Il se releva donc difficilement pour atteindre le pichet et le verre d'eau. Faisant couler un peu de liquide dans le récipient, il le lui apporta et prit la nuque de son meilleur ami afin de l'aider à boire. C'était bien la première fois que le jeune homme était autant attentionné avec quelqu'un. Aussi... maternel. Ce n'était pas du tout son genre. Et là, en cet instant, il se sentait bien. Etre en présence de son meilleur ami lui suffisait il à son bien être? N'était-ce pas un peu exagéré de penser ça? Joe commençait a réellement s'interroger sur la situation. C'était tellement étrange... mais tout devait être en rapport avec l'accident, non?

Ilyès lui demanda ensuite s'il avait pu joindre Jeff. Joe répondit alors :

« Je lui ai laissé un message »

Il s'installa de nouveau sur le fauteuil en poussant un soupir de soulagement. Enfin posé. Regardant son meilleur ami, il observa ses plaies, ses bleus et reçu comme des petits pincements au coeur. Ca lui faisait une sensation particulière de voir son ami dans cet état. Et la conversation de tout à l'heure lui avait laissé un gout amer. Il commençait à s'en vouloir. S'il n'avait pas proposé tout ça, Ilyès n'aurait rien eu. Ils auraient passé une journée banale, comme avant et rien de tout ça ne se serait produit. Perdu dans ses pensées, Joe était dans un autre monde ce soir. Il n'était pas au mieux, mais il se sentait quand même bien. C'était comme si une dose d'adrénaline s'était évaporée dans son corps. Il ressentait des fourmillements dans le ventre. Il sentait son coeur très réactif à Ilyès et il se doutait de la normalité de la chose.

« J'ai des sensations étranges dans le ventre... depuis tout à l'heure... »

Finit-il alors par avouer à son meilleur ami.

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Joe soupira. Il avait du mal à comprendre la réaction d’Ilyès. Ce dernier aussi d’ailleurs. Il l’entendit enfiler quelque chose et la porte ne referma. Il était désormais seul. Pourquoi avait-il agit comme ça ? Il avait été méchant. Alors que Joe l’avait aidé. Pendant l’accident, puis à son réveil. Lui, il s’était détourné de son ami. Etait-il si égoïste que ça, pour ne penser qu’à sa propre douleur ? Etait-il si ingrat ? Il s’en voulait à présent. Il se mordit la lèvre. Son meilleur ami devait sans doute être parti appeler son frère, pour le prévenir. Mais le soupir qu’il avait poussé indiquait à Ilyès qu’il n’y avait pas que ça. Quel con ! Il se promit d’essayer de se rattraper. Il avait l’impression de ne pas avoir récupéré le contrôle total de sa tête. Il se rassit à nouveau, comme il pouvait. Il attendait que Joe revienne. Il n’avait rien de mieux à faire de toute façon. Il était inconscient de ce qui se produisait dans le couloir. Il n’était pas rassuré d’être là, même si le médecin avait dit que ça irait.
Au bout d’un moment, la porte de la chambre s’ouvrit à nouveau. Son ami était de retour. Il proposa des bonbons à Ilyès. Celui-ci ne put s’empêcher de sourire. C’était gentil de sa part, alors que le jeune homme ne le méritait pas. Il scruta Joe un instant.

- C’est pas bon pour la ligne ça. Faut que je me mette au régime, tu te souviens ?

Il faisait référence à ce qu’il lui avait dit au moment où il lui était tombé dessus. Il se demanda alors si Joe se souvenait de tout. Après un accident, c’était normal d’avoir des trous. Souvent, c’était parce que c’était trop difficile pour notre esprit de se souvenir. Pourtant, Ilyès pensait avoir toute sa mémoire. Il se souvenait du moindre détail aux moments où il avait été conscient. Il ne savait pas quoi en penser. Il analyserait tout ça plus tard, quand il rentrerait chez lui. Il serait seul, il aurait tout le temps pour ça. Toujours est-il qu’il ne voulait pas que son meilleur ami pense qu’il était fâché. Il ne l’était pas. Il était juste un peu perdu. Il n’avait plus vraiment de repère.

- En fait, je m’excuse pour tout à l’heure. Je sais pas ce qui m’a pris.

Il avait ignoré ses questions alors que le blond lui avait juste proposé à boire et un coup de téléphone. Maintenant, il devait bien avoue qu’il avait la gorge sèche. Sans doute le fait de parler. Il n’osait pas trop demander, puisqu’il avait refusé quelques minutes plus tôt. En même temps, il ne se voyait pas se lever.

- J’ai un peu soif, ça te dérangerait pas de … ?

Pas taper ! Il avait l’impression qu’il y avait deux personnes qui se battaient pour prendre le contrôle de son corps et de son cerveau. Un coup froid, un coup plus sympathique. Il fallait qu’il reste lui-même. Le garçon positif, joyeux. Pas la tête à claque. Même si, en de telles circonstances, il ne fallait pas s’attendre à une avalanche d’énergie et de plaisanteries de sa part.

- Tu as réussi à avoir ton frère ?

Il ne savait pas si c'était bien lui que le jeune homme avait appelé mais il ne voyait pas d'autre nom. Si lui n'avait pas de famille, ce n'était pas le cas de Joe.

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[FINI] Et si? Ilyès & Joe Tumblr_mf2r7euLRM1s0wmzro3_250

Ilyès semblait froid avec Joe à présent. Il s'était allongé de nouveau sur son lit, tournant la tête pour éviter de croiser le regard de son meilleur ami. Que se passait-il? Qu'est-ce que Joe avait fait de travers? Il l'ignorait. Peut-être était-ce à cause des médicaments? Du choc? Après tout, ça devait être normal que justement, rien ne soit normal. Non?
Mon meilleur ami ne désira pas que j'appelle quelqu'un. Il semblait tellement triste en cet instant, tellement seul. Pourquoi? Pourquoi une réaction si soudain? Alors qu'il y a à peine 10 minutes il ne voulait pas lacher ma main. Pourquoi ce revirement de situation?
Je ne comprenais pas Ilyès. Il venait de fermer les yeux, me tournant encore le visage. Je laissais un imposant soupir résonner dans la pièce avant de me lever pour rejoindre mon coin de chambre. Je pris le peignoir accroché au mur qui m'étais destiné et l'enfila afin de regagner le couloir de l'hôpital. Faisant toujours rouler mon chariot devant moi, je regardais un peu les gens présents ici. Nous étions au service réveil de l'hôpital. Je ne cherchais pas à connaître le sort de chacun sur qui va bien et qui est sur le point de claquer, je crois que j'ai assez à me demerder avec moi pour le moment. Soudain, je vis un couple s'avancer vers moi. C'était étrange, parce qu'il n'y avait plus personne d'autre dans le couloir. Juste eux et moi. Nous marchions au centre, comme si nous allions nous rentrer dedans. Je les observais en détails. Ils se tenaient la main, se souriant, l'un aidant un peu plus l'autre qui était relié par des fils et des tubes sur un chariot également. Il avait le visage tellement... malade. Il semblait si fragile. Et ce qu'il y avait de troublant dans cet instant, c'était qu'il s'agissait de deux hommes. Joe les observa sans jamais penser une seule fois à quelque chose d'homophobe. Non. Il ne s'agissait que d'un couple. Un couple parmi tous les autres sur cette Terre. Ils s'aimaient juste non? Peu importe le sexe de l'autre... Hein??? Non mais voilà qu'il pensait comme cette tantouze dans le reportage de cet après-midi! Joe hocha sa tête comme s'il voulait extraire ces idées de sa tête, puis continua à marcher lentement vers le poste d'accueil de son étage.

« Bonjour, j'ai été transporté ici à la suite d'un accident, on m'a dit que je pouvais prévenir quelqu'un? »
« Oui bien sûr Monsieur, voilà le téléphone ! »

Tournant l'appareil en direction de Joe, ce dernier lui sourit en la remerciant, s'appuyant contre l'accueil, il composa le numéro de Jeff et attendit que ce dernier de lui réponde.

« Ouais Jeff, c'est moi. Bon hum... J'ai eu un accident avec Ilyès, en voiture. Je te préviens juste pour que quelqu'un le sache au cas où on le demande. Je vais bien, Ilyès aussi. On est juste un peu sous le choc mais on rentre demain. Tu passeras à la maison si tu veux. Bye. »

Son petit frère n'avait pas décroché, il devait être occupé à faire je ne sais quoi comme activité d'artiste. Joe raccrocha et laissa l'infirmière ranger l'appareil sur son bureau, avant qu'il ne la quitte pour continuer sa promenade. Cela lui faisait du bien en fait, aux jambes et même, bouger un peu était bon pour le moral et surtout pour lui. Passant devant la cafétéria de l'hôpital, il sentit son ventre gargouiller. Il commençait à avoir faim et en vue de l'heure affichée c'était normale, il était 19 heures passées. Il se posa la question de savoir si Ilyès voudrait manger ou non. Devait-il aller le chercher ou allait-il le laisser bouder dans son coin? Oh et puis merde, il le lui avait déjà demandé et c'était vu renvoyé chier. Williams s'installa donc à une table, après avoir fait son choix de repas. Il commença à manger cette bouffe infamme et cela continua de lui faire du bien. De la nourriture chaude, ça avait le don de lui redonner davantage de force. Joe resta un petit moment à la cafét' puis se décida à retourner à la chambre. Il prit quelques bonbons et autres conneries à bouffer au cas où Ilyès avait faim puis regagna son couloir.

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- Je m'en remettrai.

Sa froideur surprit Ilyès. Il ne s’attendait pas vraiment à une réponse pareille. Ni à ce que Joe s’en aille. Le moment était terminé. Il était à présent bien réveillé. Il aurait préféré que ça ne soit pas le cas. Il décida de se remettre dans sa position de départ. Allongé sur le dos. Quelque part, il était blessé. Il connaissait pourtant son ami, mais il avait été étonné. Il s’en voulait aussi d’avoir été si faible. Il l’était souvent et à côté de son pote, il faisait pâle figure.

- Tu veux boire? Manger?

Non, il n’avait pas faim. Pas plus soif d’ailleurs. Il ne voulait rien. Surtout pas que Joe se force à s’occuper de lui. Il tourna la tête vers le mur, de façon à ne plus le voir. De une, parce que sa tenue n’était pas forcément celle qui mettait le plus à l’aise. De deux, il préférait juste ça. Il entendit que Joe se servait un verre d’eau. Tant mieux pour lui. Après tout ça, il devait avoir soif. Il s’assit alors dans le fauteuil, à côté du lit. Normalement réservé aux visiteurs, pas trop aux patients.

- On a eu de la chance.

Ce n’était pas faux. Ilyès s’en rendait bien compte. Ils auraient pu être à la place du chauffeur. Alors là, terminé. Pouf. Plus personne. En moins d’une seconde. Le garçon aimait déjà la vie. Là, il allait la chérir comme le plus beau des trésors au monde. Evidemment, il y avait quelques égratignures. Et un traumatisme psychologique sans doute. Mais ils n’y avaient pas laissé leur peau. C’était, à ses yeux, le plus important. Ilyès ne répondit pas non plus à la remarque. Le médecin arriva, transportant plus au moins de bonnes nouvelles. Pas des mauvaises en tout cas. Ilyès fit l’effort d’écouter, même s’il s’en fichait un peu à vrai dire. Tout ce qu’il avait retenu, c’était qu’ils étaient coincés là pour la nuit. Ce qui ne l’enchantait pas. Il n’aimait pas cet endroit. Pas du tout. Il ne parviendrait sans doute pas à dormir et même s’il rentrait chez lui le lendemain, la galère ne serait pas finie pour autant. Il savait ce qui allait se passer. Pas de sport pour lui pendant un certain temps. Il allait être privé de l’une de ses seules activités au lycée. Puis, il y aurait certainement des questions. De la part des autres. Il ne se sentait pas la force de répondre mille fois à la même demander. Ni de supporter les regards compatissants. Les deux jeunes hommes se retrouvèrent à nouveau seul.

- Tu veux que je prévienne quelqu'un pour toi?

Il n’avait personne. Ses parents ? Ils allaient certainement l’accuser de vouloir faire son intéressant. Ils ne voulaient pas être dérangés pour rien. Ça, ce n’était rien pour eux. Ilyès était bel et bien vivant, il n’y avait donc pas à leur en parler. Il n’avait pas d’autre famille. Quant à ses amis, celui dont il était le plus proche était Joe. Pas besoin de le prévenir, il était déjà là.

- Non. C’est pas la peine.

Bref. Précis. Sans intonations. Il donnait sans doute l’impression d’être fâché. Ce qu’il voulait, c’était fermer les yeux et se reposer. Même s’il en était incapable pour l’instant. Il avait besoin d’un peu de calme et de tranquillité. Pour réfléchir. Parce qu’il ne savait pas pourquoi il se sentait si mal.

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Ilyès avait sans nul doute sentie la faiblesse dont faisait preuve Joe sur le moment. Et ce dernier ne supportait pas ça. Il ne voulait pas être faible, il ne voulait pas être reconnu comme tel. Lui, il n'avait jamais mal, il ne se plaignait jamais, il ne pleurait pas. Il était froid et fort comme un roc. Il ne pouvait pas être autre chose.

« Je m'en remettrai. »

Sa voix était un peu plus froide que tout à l'heure. Ils allaient tout les deux bien, pas besoin d'en faire toute une montagne, c'était finit à présent. Ils allaient sûrement passer la nuit là en observation et puis c'est tout, demain ça irait mieux. Le jeune homme se leva difficilement du lit de son ami, lui lachant alors la main. Voilà, il se sentait gêné maintenant. Il fit le tour du lit et ignorant la deuxième phrase d'Ilyès, il lui demanda :

« Tu veux boire? Manger? »

Attendant la réponse de son ami, il alla se servir un verre d'eau pour humidifier sa gorge beaucoup trop sèche. Ses mains tremblaient, il ne se sentait pas vraiment bien pour être honnête, mais ça, il ne dirait rien, pas même aux docteurs. Il bu l'eau déposée dans un pichet après l'avoir versé dans un verre puis s'assit sur le fauteuil à côté du lit de son ami. Il lança alors à ce dernier :

« On a eu de la chance. »

C'était véridique. Ils auraient très bien pu s'en sortir avec beaucoup plus de dégâts ! Ils n'avaient rien, enfin... A première vue, mais il fallait attendre l'arrivée du docteur pour avoir ces renseignements là. D'ailleurs, ce dernier ne tarda pas à arriver dans la chambre. Les saluant joyeusement, il leur demanda tour à tour comment ça allait. Joe lui répondit que ça allait plutôt bien, juste un peu sonné. Le médecin leur expliqua l'accident et les différentes blessures qu'ils avaient chacun. Légères pour Joe, hormis son traumatisme cranien. Joe fut attentif lorsque le médecin parla d'Ilyès.

On leur annonça alors qu'ils devraient rester dormir ici ce soir, mais qu'ils pourraient repartir dès demain. On leur proposa aussi d'appeler leur famille / parents. Joe pensa alors à Jeff. Devait-il le prévenir? Cela n'allait-il pas l'inquiéter pour rien? Il ne le savait pas encore. Le docteur finit par les laisser de nouveau seuls. Joe demanda alors à son ami :

« Tu veux que je prévienne quelqu'un pour toi? »

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- C'est absolument pas de ta faute Ilyès, ok? C'est moi qui t'ai proposé de sortir, c'est moi qui ai eu l'idée du Quad et c'est moi qui ai choisi d'y aller en Taxi. Tu n'as rien à te reprocher. Au contraire, c'est plutôt moi qui...

Non ! Il ne pouvait pas dire ça ! Jamais il ne lui en voudrait, jamais ! Il ne le pouvait pas. Même si l’envie lui venait, il en aurait été incapable. Même si Joe lui disait de ne pas culpabiliser, au fond de lui il le faisait quand même. Voir l’état dans lequel il se mettait. Cela se voyait. Beaucoup de choses passaient dans sa tête. Ilyès aurait voulu savoir. Lui aussi pouvait rassurer, lui aussi souhaitait pouvoir le calmer. Le blond passa une main sur son visage. Avait-il mal quelque part ? Ilyès s’était concentré sur lui, sa douleur, ses remords. Il n’avait pas pensé à poser la question à Joe. Il voulait savoir à présent. Il voyait bien que tout était chamboulé. Pour l’un comme pour l’autre. Il fallait qu’il l’entende. Même s’il savait que ça lui ferait encore plus mal.

- Et toi ? Ça va ?

Question débile sans doute. Ilyès s’en fichait. Il n’était plus à ça près. Ce n’était pas la première fois qu’il passait pour un imbécile. On ne pouvait pas lui en vouloir.

- Je suis désolé Ilyès. Je m'en veux...

Ah non non non ! Il n’allait pas s’en vouloir, il n’avait juste pas le droit. Il fallait le lui dire. Pourtant, sa voix ne tremblait pas. C’était normal. Il était fort. Autant physiquement que mentalement. Ça ne l’empêchait pas d’être humain, de ressentir les choses. Le brun savait. Une apparence contrôlée pouvait cacher bien des choses. Il le savait. A son tour.

- Ne te mets pas dans cet état.

Sa voix était douce. De toute façon, il ne pouvait pas vraiment être plus « énergique ». Il sentait que Joe aussi. D’ordinaire, ce n’était vraiment pas son truc. Froid et distant, il avait du mal à se lier aux autres. Entre eux, il n’y avait eu aucun problème. C’était comme une évidence. Depuis le début. Ça en avait certainement étonné plus d’un. Pas Ilyès. Il ne le connaissait pas avant. Il ne savait pas comment il était. Même s’il avait entendu des choses, par-ci, par-là, il n’y avait jamais prêté attention. Mais là, il le sentait. Quelque chose était en train de changer. Personne ne pouvait rien y faire. C’était ainsi que ça devait se passer. Le garçon continuait de fixer son meilleur ami. Oh, il aurait pu se perdre dans ses yeux ! Ce n’était pas normal. C’était sans importance.
Ilyès se releva un peu dans son lit, préférant une position mis-assis, mi-couché. Il ne lâchait cependant pas la main de Joe. Son contact lui faisait trop de bien. Il lui sourit, cette fois plus franchement. Il se sentait mieux déjà, même s’il n’allait pas courir le marathon ! C’était déjà ça. Mieux valait y aller doucement, pour être sûr de ne pas faire de faux pas.

Spoiler:

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« Non.

C'est de ma faute... » Lança alors la petite voix faible d'Ilyès.

Et à cet instant précis, Joe sentit une main de fer empoigner son coeur et le serrer. Plus fort. Encore plus fort. Le sang jaillissait. Une douleur dans son ventre se fit ressentir, comme des pics d'adrénaline. Son meilleur ami vint chercher sa main. Joe la lui prit et serra sa main dans la sienne, très fort. Lui montrant qu'il était là, que tout allait bien maintenant. Il n'aimait pas voir Ilyès dans cet état et il n'avait qu'une seule envie : prendre soin de lui. Le calmer comme il le fallait. Le rassurer. Le voir s'endormir paisiblement pour qu'enfin il se réveille tranquillement, apaisé, serrein. Joe ne supportait pas de voir son meilleur ami dans cet état. Ca lui était même une réelle épreuve à surmonter. Voir l'une des personnes avec qui nous sommes les plus proches, se sentir aussi mal. C'était comme lorsque Jeffrey avait explosé en voiture, commençant à parler de Leelah. La douleur s'extériorisait et comme il l'avait fait avec son frère, il devait rassurer Ilyès.

« C'est absolument pas de ta faute Ilyès, ok? C'est moi qui t'ai proposé de sortir, c'est moi qui est eu l'idée du Quad et c'est moi qui ai choisi d'y aller en Taxi. Tu n'as rien à te repprocher. Au contraire, c'est plutôt moi qui... »

Voir son meilleur ami dans cet état le perturbait. Vraiment. Il avait mal, mais pas mal comme lorsqu'on se casse une jambe. Non. Il avait mal à l'intérieur de son coeur, de son cerveau. C'était comme si tout bouillonnait, comme si la peine de le voir dans cet état allait le faire exploser sur place. Etait-ce que Jeffrey avait ressenti avant de fondre en larmes devant lui? Il n'en savait rien et en cet instant, il aurait voulu que son petit frère soit là pour le conseiller. Jeffrey était bien plus doué que lui dans les relations aux autres et Joe avait tout a y apprendre.

Joe passa une de ses mains sur son visage, alors que l'autre tenait toujours celle d'Ilyès. C'était étrange, cette proximité entre eux. Pour beaucoup de garçons, ça aurait été gênant mais au final... Ca ne l'était pas. C'était déroutant un peu. Surprenant même. Mais Joe se sentait tellement mieux en fait. C'était comme si ça réveillait quelque chose en lui. Quelque chose qui avait toujours été présent et qui ne s'était jamais allumée. Comme une recharge, comme une pochette surprise. Quelque chose de pétillant, de frais et de doux à la fois.

« Je suis désolé Ilyès. Je m'en veux... »

Sa voix ne tremblait pas, tout simplement parce que Joe ne pleurait jamais. Mais l'émotion était là et il resserra sa main autour de celle de son meilleur ami.

HRP: Je suis fan. C'est officiel. Bravo ! xD

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Même s’il avait entendu que Joe était là, à côté, il n’avait pas senti qu’il réagissait comme lui. Que la panique s’était emparée des deux hommes, en même temps. De la même façon. Comme s’il n’y en avait qu’un. Ils s’étaient calmé tous les deux. Ilyès ne bougeait plus, la tête enfoncée dans son oreiller. L’esprit en feu. Mais ça ne l’empêchait pas de savoir. Joe allait le rejoindre. Il allait avoir du mal, mais il se levait quand même. On entendait le froissement des draps. Et la roue du charriot. Ilyès attendait. Il lui semblait qu’une éternité était passée. Et son ami n’était toujours pas là. Etait-il en proie à une hallucination ? Imaginait-il ce qu’il désirait plus que tout au monde à ce moment même ? Non, il n’était pas fou. Il ne sentait, dans son âme. Il n’était pas seul. Joe ne l’avait pas abandonné. Jamais.
Ilyès sentit qu’on lui prenait la main. Il avait raison. Il était là. A peine eut-il le temps de se réjouir de cette présence qu’elle partait déjà. Pourquoi ? Il ne voulait pas lui ! Il n’était pas d’accord ! Il voulut chercher ce qui lui avait échappé mais il entendit un juron. Pas de doute sur l’homme qui l’avait prononcé. Le jeune homme sourit intérieurement. Ça lui arrivait souvent et Ilyès s’amusait toujours de ce mauvais caractère. On s’assit à côté de lui. Se sentent un peu mieux, il tourna la tête. Il croisa alors les yeux bleus. Quelque chose se passa, il se sut trop quoi. Ce n’était pas important. Plus rien n’avait d’importance. Seulement Joe. Il avait une présence rassurante. Ilyès voulut se raccrocher à lui, il ne voulait pas replonger. Il n’aimait pas ça. Mais il aimait que Joe soit là, pour l’apaiser. Il sourit. C’était un sourire timide, faible, mais un sourire quand même. Pour dire que ça allait mieux, maintenant.

- J'suis là mon pote. Ça va?

A vrai dire, pas vraiment. Oui, parce qu’ils étaient tous les deux en vie. Et qu’ils n’étaient pas séparés. Le réveil avait déjà été difficile, qu’est-ce que ça aurait été s’il n’y avait eu personne pour le calmer ? Non, pour plein d’autres raisons. C’était la réponse d’Ilyès.

- Non.

En fait, il se sentait coupable. S’il n’était pas venu chez Joe, s’il ne l’avait pas fait bouger. Il avait joué son enfant alors que son pote avait peut-être juste besoin d’un peu de tranquillité. S’il avait su se tenir, ou s’il était resté chez lui, ça ne serait jamais arrivé. Ils n’auraient pas prix de taxi, il n’y aurait pas eu d’accident. Pas avec eux dans le véhicule en tous cas. D’autres personnes auraient sans doute été à leur place. Mais Ilyès s’en fichait. Sur le coup, il souhaitait que ce fût le cas. Parce qu’au moins, Joe ne serait pas dans cet état. Oui, il se sentait terriblement coupable. Les remords étaient bien pires que le reste. Il en avait déjà éprouvé. C’était insoutenable. Savoir qu’ils auraient pu mourir.

- C’est de ma faute …

Joe devait le détester après ça. Il avait totalement raison. Le brun sentit un pincement au cœur. Il aurait voulu lui dire de rester près de lui, de ne pas partir. Cependant, il ne pouvait pas. Ce n’était pas juste envers son ami. Il ne put s’empêcher d’attraper une de ses mains. Peut-être était-ce à cause de ça qu’il l’avait lâché tout à l’heure ? Ilyès voulait savoir. Parce que c’était important pour lui. Plus qu’il n’aurait pu le penser, ne serait-ce que quelques heures plus tôt.

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Il était là. Il le sentait. C'était comme si son aura dépassait son corps pour se mêler à la sienne. C'était comme si deux nuages invisibles étaient reliés l'un à l'autre par un filament invisible. Il était là, il sentait sa présence, il sentait son odeur, il entendait ses mouvements dans le lit. Joe était sûr qu'il s'agissait d'Ilyès. Il le savait, c'était comme ça. Ses sens étaient décuplés et il savait que son ami était ici. Un sixième sens, mais pour quelqu'un d'aussi imperturbable que Joe, il appelait ça de l'intelligence. Il entendait que le souffle de son ami s'accélérait, il devait avoir peur. Pourquoi ne parlait-il pas? Pourquoi ne venait-il pas au bord de son lit? Etait-il mal en point? Joe sentit son coeur se serrer dans sa poitrine. Ce n'était pas possible. Ilyès ne pouvait pas être blessé, amoché, entaillé. Non. Pas lui. Joe commença a ressentir les troubles de la peur le saisissant alors de ton son être. Sa main vint s'agripper aux draps alors qu'il serrait les dents. Ca lui faisait mal. Il avait de la peine à garder les yeux ouverts et a bouger son corps. Il entendait que les Bip Bip de sa machine cardiaque s'emballaient dans un rythme bien plus énergique que tout à l'heure.

Il finit par se redresser. Sa tête bouillonnait, ça tournait, il avait chaud, il ne se sentait pas bien. Restant assis durant quelques instants, il tourna lentement la tête autour de lui pour voir si son instinct ne l'avait pas trahit.
Il avait eu raison. Ilyès était allongé dans le lit de l'autre côté de la pièce. Il semblait faire une crise de panique. L'étudiant s'appuya sur son chariot transporteur d'un produit transparent au nom invisible (injecté dans ses veines). Il posa difficilement ses pieds sur le sol froid de la chambre. Son corps avait du mal à lui répondre, c'était atroce. Il ne supportait pas cet état de perte de contrôle. Il serrait les dents, la machoire, tel un animal féroce sur le point d'exploser.

Un petit pas, il se lève du lit. Il manque de perdre équilibre, mais se retient au chariot qu'il tient de ses deux mains. Il doit avoir une de ces allures ! Avec la tenue d'hôpital offrant une merveilleuse vue sur son postérieur dénudé ! Joyeux. Le jeune homme en avait cependant cure. Pour le moment, seul l'état d'Ilyès avait une quelconque importance. Il essaya plusieurs fois de l'appeler, mais sa voix était trop enraillée pour qu'un son correct n'en sorte.

Joe finit par avancer, lentement, faisant rouler le petit chariot devant lui en même temps. Au fur et à mesure de ses pas, il ressentait de plus en plus de sensations dans ses jambes. Il finit tout de même par rejoindre le lit de son meilleur ami. Il lui prit directement la main, ne se posant aucune question. Et à ce moment là, il reçu une petite décharge élétrique. Surprenant. Mais du coup, prit par surprise, il lacha la main d'Ilyès et manqua de perdre équilibre. Il lacha un juron qui dénoua sa gorge puis s'approcha un peu plus de son ami. S'asseyant au bord du lit, il hésita à lui reprendre la main. Ilyès tourna son visage vers lui au même moment. Encore ce sentiment de connexion... C'était tellement perturbant. C'était son meilleur ami et en plus depuis peu de temps mais pourtant, c'était comme si il ressentait le besoin de le rassurer. De l'apaiser. Mais bon sang pourquoi? C'était un mec, il n'avait pas besoin de ça si? Sûrement l'instinct de grand frère qui revenait à la charge. Oui, c'était ça. Ca ne pouvait être rien d'autre. Absolument rien d'autre.

- J'suis là mon pote. Ca va?

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Ilyès sentit une main se resserrer sur la sienne, des doigts s’entremêler avec les siens. Son cœur s’emballa. Etait-ce la main de Joe ? Les ambulances au loin ? L’accident, le vacarme, la douleur ? Il ne savait pas. Il était déjà parti loin, très loin. Là où il ne sentait plus rien, où il n’y avait que le noir. Il ne voulait pas, mais le néant l’entourait. Il voulait se débattre mais son corps ne lui répondait pas. Sa tête ne le faisait pas bien d’ailleurs. Il ne sentit pas qu’on l’emmenait, qu’on allait s’occuper de lui. Et de Joe. Que tout irait mieux, qu’il ne fallait plus s’inquiéter. Les gens qui couraient aux urgences, il ne les remarqua pas. Il n’avait plus aucune notion du temps et de l’espace. Il n’était plus là.

Les heures passèrent avant qu’il ne reprenne ses esprits. Il n’ouvrit pas les yeux tout de suite. Il n’y avait pas de bruit là où il se trouvait. Juste les « bip bip » incessants de machines. Il reconnut l’endroit. Pas besoin de voir. Juste ressentir suffisait. La pièce devait être claire, sobre. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans un lit comme celui-là, ni qu’il sentait que sa jambe était dans un plâtre. Il détestait les hôpitaux. La panique commença à l’envahir. Il ne voulait pas rester là ! C’était trop dur ! Il ne supportait pas cet endroit, l’atmosphère qui y régnait. Il releva la tête précipitamment. Grossière erreur. Un tambour résonna dans son crâne. Il chercha de l’air, désespérément, avant de se laisser tomber sur son oreiller. Il n’avait qu’une envie : pleurer. C’était juste trop pour lui. Il ne voulait pas croire ce qui s’était passé. C’était un mauvais rêve. Il n’y avait pas eu d’accident. Jamais.

- Ilyès...

Ce murmure, à peine audible, le ramena à la réalité. Il n’était pas seul. Joe ! Il voulut se retourner, vérifier que c’était bien vrai. Si lui était là, allongé sur un lit d’hôpital, son meilleur ami aussi. Vu les souvenirs qu’Ilyès avait, il ne devait pas être en bon état. Il s’agita à nouveau dans son lit. Il voulait le voir, à tout prix. Mais les souvenirs de l’accident lui revenaient en tête. Et surtout, leurs mains, se tenant. En un sens, il avait beaucoup aimé ce contact. Il ne savait pas ce que cela voulait dire. Etait-ce juste le moment ? Ou quelque chose de plus profond ? Il avait eu si peur ! Peur pour son ami, peur de le voir partir, de le perdre. Il ne comprenait pas, ce n’était pas logique de réagir si violemment. Bien sûr, il l’appréciait énormément. Mais il ne pensait pas tenir autant à lui. Ce n’était pas possible. Il s’immobilisa soudainement. Il s’arrêta même de respirer. Il fallait qu’il réfléchisse, qu’il mette ses pensées au clair ! Il n’y arrivait pas, tout tourbillonnait dans son cerveau. Les images, les voix. Joe. Non ! Il devait faire un effort. Il ne pouvait pas.

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Il s'engouffrait. Dans un précipice. Un entonnoir de douleur. Plus il sombrait et plus la douleur ne se faisait pas ressentir, malheureusement s'il coulait, il savait qu'il ne se réveillerait jamais. Joe avait horriblement mal. Mais bientôt, il sentit une caresse douce. Celle d'un ange. Quelque chose doux, de tiède, de tendre venait de se poser contre lui. L'enveloppant alors d'une infinie douceur, Joe se laissa transporter. Ressentant moins la douleur, à penser à autre chose, le jeune homme se rendit compte qu'il se sentait bien. Il n'y avait plus de route, plus d'accident, plus de douleur. Non. Il se trouvait dans un champ, dans une prairie remplie de fleurs de toutes les couleurs. Il y avait des arbres, un ciel bleu splendide et des oiseaux qui chantaient. C'était doux, tiède et tendre... Comme cette main accroché à son bras. Joe bougea alors de façon à ce que cette main arrive dans la sienne. Pensant qu'il s'agissait de l'ange, il entremêla ses doigts aux siens et sombra totalement.

Au loin, on pouvait entendre les sirènes des ambulances. Comment avaient-elles été prévenues? Sûrement par un habitants qui avait vu la fumée ou bien des automobilistes qui passaient par là eux aussi. Joe ne le savait pas, il était perdu trop loin dans ses songes. Les secouristes arrivèrent. On se chargea des cadavres, des voitures, les policiers étaient là et puis bien entendu, on retira les deux blessés du sol pour les emmener à l'hôpital.

Une fois sur place, ils furent pris en charge en urgence et ce n'est que quelque heures après son arrivée que Joe ouvrit les yeux...

Il se trouvait allongé dans un lit. Ses membres étaient tout engourdis et il ne sentait plus rien. Le plafond, les murs étaient d'un bleu beaucoup trop clair pour être jolis. Joe cligna des yeux, cherchant à savoir où il se trouvait. Il comprit au "Bip Bip" et aux nombreux fils qui étaient plaqués sur lui, où il se trouvait. A cet instant là, des flash de l'accident lui revinrent en mémoire.

- Ilyès...

Murmura t-il en bégayant vulgairement. Oui, il se souvenait de son meilleur ami, de son corps, du moment où ils étaient sortis de la voiture et ce moment où il avait vu cet ange... Ilyès devait l'avoir vu non? Mais c'est à ce moment précis que l'ange réapparut dans sa tête mais là... il avait le visage de son meilleur ami. Joe eu un mouvement de recul, allongé dans son lit. Qu'est-ce que ça voulait dire? Il avait tellement mal au crâne, il était tellement fatigué... Il ne réfléchissait même plus. Il ne pouvait pas réfléchir, il ne pouvait pas comprendre, il ne pouvait qu'à peine parler...

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- Ca va aller, t'inquiète pas pour moi. Tu as mal quelque part?

Ilyès se sentit soulagé. Oui, il s’inquiétait. C’était normal. Il tenait à son meilleur et il ne voulait pas qu’il lui arrive quelque chose. Il montra sa jambe pour dire qu’il avait mal. Il allait encore devoir arrêter le sport ! Il remarqua au passage que ses jambes et ses bras étaient dans le vide. La pesanteur amplifiait la douleur. Il ne voulait pas le montrer à Joe. Il n’était pas non plus une chochotte, il avait connu pire que cette douleur à la jambe. Le blond tenta d’être doux, certainement pour le rassurer. Il passa sa main dans sa nuque et plongea son regard dans le sien.

- Je vais te détacher, tu tomberas sur moi. Je vais essayer d'amortir le coup mais je ne te garantis rien. On va se sortir de là...

Ilyès le croyait. Il le voyait dans ses yeux. Il avait confiance en lui et il savait qu’il ne le laisserait pas là. Tout comme lui aurait tout fait pour sortir Joe de la voiture si leurs places avaient été échangées. Il était conscient que ce ne serait pas facile. Ni pour l’un, ni pour l’autre. Mais il fallait réussir à tout prix. Parce que les choses pouvaient empirer. La voiture pouvait exploser par exemple. Puis, il fallait dire que cette position n’était pas confortable. Du tout.
Il tira sur la sangle mais rien ne changea. Il recommença plusieurs fois, prononçant un certain nombre de mots qu’il vaut mieux censurer. Ilyès était retourné dans les vapes. Enfin, Joe réussit. Ilyès lui tomba dessus. S’il avait eu le choix, il aurait préféré évité, parce qu’il lui avait fait mal. Lui aussi avait eu mal. Il retint un cri. Il ne voulait pas alarmer plus son pote.

- Jure moi que tu arrêteras les McDo à l'avenir.

T’as qu’à arrêter de m’emmener là-bas !

Il n’eut même pas la force de prononcer sa pensée. Il n’arrivait toujours pas à aligner deux idées cohérentes. Il se contenta de murmurer un simple « désolé ». Il était allongé sur Joe maintenant. Ce contact ne le dérangeait pas. Et de toute manière, il n’était même pas en mesure de se faire la réflexion que cette position était gênante ! Il essayait bien de ne pas repartir dans le noir, mais il ne parvenait pas à rester totalement éveillé.

- Je vais essayer de te pousser vers la fenêtre, faudra que tu rampes tout seul, ok?

Il hocha la tête. Il allait tenter de le faire en tout cas. Il sentit qu’il était soulevé. Il se retrouva au niveau de la fenêtre et il reçut la lumière dans les yeux. Il les ferma immédiatement. Il ne pouvait pas les rouvrir. Il rampa quand même, à l’aveugle. Il sentait le sol sous son corps et chaque centimètre était pour lui une torture. Surtout lorsqu’il sortit sa jambe. Il ne put retenir cette fois un petit cri. Mais il était sorti, il le savait. Il voulut s’asseoir pour voir si Joe arrivait lui aussi à s’extirper, ce qui était le cas. Quand il fut certains qu’il était lui aussi à l’air libre, il se laissa tomber sur le dos. A côté de Joe. Sa respiration était saccadée. Il ne se sentait pas bien et il ne devait pas être le seul. Bon sang, ce que ça faisait mal ! Un unique mot venait à son esprit, là, maintenant. Pas très glamour.

- Putain !

Il avait du mal à parler mais il était heureux d’être sorti de l’épave du taxi. Grâce à son meilleur ami. Sans lui, il serait encore là-bas, incapable de réagir au monde extérieur. Il lui était extrêmement reconnaissant. Il voulait le lui montrer, aussi le chercha-t-il avec l’une de ses mains. Il sentit un bras et l’attrapa. C’était juste un contacte pour se rassurer, vérifier qu’il n’était pas seul.

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Il commençait à bouger. Oui ! Joe sentit une vague de soulagement immense l'envahir. Un sourire s'étendit sur son visage lorsque son meilleur ami déconna. Il était bel et bien vivant, c'était du Ilyès tout craché ça ! Joe sentit comme un nouveau battement de son coeur, comme si tout allait bien. Comme si plus rien n'avait d'importance, alors que ça n'était pas le cas ! Loin de là ! Joe devait les sortir de là. Il rassura son meilleur ami quant à sa situation en expliquant :

- Ca va aller, t'inquiète pas pour moi. Tu as mal quelque part?

Ilyès lui indiqua alors que sa jambe le faisait souffrir horriblement. En même temps avec cette cascade digne d'un vrai film hollywoodien, c'était normal et même plutôt évident ! Joe regarda donc la jambe de son meilleur ami, regardant la position dans laquelle il était et aussi, l'état du sol sous ses pieds. Il lança alors d'une voix douce, passant sa main dans la nuque de son pote pour soulever son visage et croiser son regard :

- Je vais te détacher, tu tomberas sur moi. Je vais essayer d'amortir le coup mais je ne te garantie rien. On va se sortir de là...

Il disait ses mots en y croyant dur comme fer. Parce que c'était comme ça qu'il avait été éduqué. Soit il pensait qu'il allait être le premier, soit il allait tout de suite se jeter dans l'océan. Il avait un mental à toute épreuve, il avait une force d'esprit digne des grands champions ! Mais qu'en était-il de sa force? Il était blessé à la jambe et devait sûrement avoir pas mal d'autres blessures alors comment allait-il tenir parole? Sortir d'une voiture renversée lorsqu'on est accidenté, c'est déjà incroyable. Mais sortir une autre personne avec soi, ça relève du professionnalisme. Du métier de secouriste et pas d'autre chose. Joe prit les bras pendants dans le vide, de son ami et s'entoura le cou avec. Il essayait de trouver une position agréable, pouvant supporter le poids de son ami, sans lui faire de mal ni à lui et ni à Ilyès. Autrement dit : la chose impossible dans une voiture renversée. Le jeune homme se dit alors qu'il allait supporter la douleur. Pas grave, il était habitué aux coups. La seule chose qui comptait maintenant, c'était de sortir son pote de cet enfer.

Joe tira à plusieurs reprises sur la sangle, mais la ceinture ne se débloqua toujours pas. Après un combat contre cette saloperie et plusieurs jurons, elle finit par lâcher. Ilyès tomba alors lourdement sur Joe. Celui-ci serra les dents et lança à son pote :

- Jure moi que tu arrêteras les McDo à l'avenir.

Joe se trouvait donc sur le dos, Ilyès dans ses bras, allongé contre lui. Son ami était à moitié conscient et à moitié en train de dormir. Il n'avait pas encore réalisé ce qu'il se passait autour et dans cette voiture.

- Je vais essayer de te pousser vers la fenêtre, faudra que tu rampes tout seul, ok?

Il leva alors, avec ses bras, le corps d'Ilyès vers le haut, afin qu'il lui glisse dessus pour rejoindre la vitre brisée, donnant sur la route. Bien entendu, l'abitacle d'une voiture n'est pas l'endroit le plus spacieux, aussi Joe pu voir l'intégralité du corps de son meilleur ami : lui passer sous / sur le nez. Puis enfin, Ilyès réussit à s'extirper de la voiture. Joe se retourna alors et rampa vers la même issu. Ses mains s'ouvrirent à de multiples endroits à cause des morceaux de verre, mais ça n'était rien. Ilyès l'attendait, quelques mètres plus loin, assis à même le sol. Le camion était dans le ravin, de l'autre côté de la route. Il y avait de la fumée et le corps du conducteur était renversé sur son volant. L'étudiant réussit à rejoindre son ami, se tournant alors sur le dos, pouvant enfin respirer convenablement. Il avait mal, c'était atroce. Il grimaçait de douleur.