La clé du mystère | Grace & Jude

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Alors qu'elle s'apprêtait à partir, ne supportant plus cette situation pesante, il décide de lui répondre pour se défendre. Elle sèche rapidement et discrètement sa larme sur sa joue, comme si elle avait été dérangée par un moustique, en espérant qu'il ne l'ait pas vue. Car c'était ce qu'il voulait, la faire souffrir. Et il le faisait mieux que personne. Jude s'expliqua alors. Il lui dit qu'il ne l'avait pas abandonné, mais qu'il était partis acheter un petit déjeuner. Non. Non. Elle ne veut pas croire en ces paroles. Ce n'est pas possible. Il lui ment encore pour se justifier... Et pourtant non, il a l'air toujours aussi franc. Grace n'aurait pas pu imaginer une seule seconde cette version des faits. Pour elle, il était clair qu'il l'avait trahis, laissée livrée à elle même. Et maintenant qu'il le lui dénonçait ça, en face d'elle, elle en était toute bouleversée. Elle avait fait erreur. Mais pourquoi ne pas l'avoir réveillé pour lui dire? Pourquoi ne pas lui avoir laissé un indice, un mot, n'importe quoi? Elle ne pouvait pas deviner toute seule... Les autres mecs n'avaient jamais agis ainsi avant lui. Comment imaginer un autre scenario? Elle s'en voulait de ne pas avoir attendu davantage, surtout qu'il avait en fait été intentionné en voulant lui faire une surprise... Comme tout cela était tragique, c'était tellement cruel... Qu'avait été sa réaction en retrouvant la chambre vide, le petit déjeuner dans ses bras?

Grace afficha un air surpris et interrogateur, mais en réalité, en s'en voulu terriblement. Elle s'était dit qu'elle ne croirait plus ses paroles, et pourtant, elle croyait en celles qu'il venait de dire. Ca expliquait une partie de leur embrouille... Mais, ca n'expliquait pas tout, elle attendit donc la suite avec une certaine appréhension. Allait-il lui avouer qu'il était en fait en couple avec la fille qui occupait sa chambre le soir où ils s'étaient rencontrés, et qu'elle n'avait été qu'une distraction passagère? Elle en doutait...

Il lui annonça ensuite que sa colocataire était nul autre que... sa soeur. Sa soeur? Sa soeur !! Il avait une soeur lui? Ben oui, il venait de lui dire qu'il y avait eu une histoire avec Trevor et sa soeur... Deuxième claque. Deuxième erreur de sa part. Ce n'était pas possible, elle avait enchaîner les conclusions hâtives en se plantant complétement à son sujet. C'était donc elle la fautive? … Elle ne pouvait pas savoir, elle le connaissait si peu... L'alcool, l'ambiance de la soirée qu'ils avaient vécu... Il avait peu être été différent de la normal. Elle était confuse. Perdue. Il lui faisait tomber tous ses repères, ses croyances qui l'avaient fait souffrir les unes après les autres. Et ce n'était pas fini...

Il se justifia ensuite sur la rumeur concernant son mariage. Évidemment, Grace n'y croyait pas. En temps normal, elle n'écoutait même pas les rumeurs, s'en fichant royalement, ne se fiant pas aux bruits qui courent, tout comme elle n'avait pas de préjugés. Or là, comme il s'agissait de Jude, cette rumeur avait attirée son attention. Elle ne pensait pas qu'il allait se marier, car c'était exagéré et beaucoup trop gros à avaler, mais elle se doutait bien qu'il n'y avait pas de fumée sans feu... Il avait surement une histoire avec cette Kaylee. Elle avait donc sortie cette rumeur pour rajouter un argument qu'elle voulait éclaircir, en prêchant le faux pour savoir le vrai de l'histoire. Le vrai était que Kaylee était une 'très bonne amie', bien sur, et qu'ils avaient des talents d'acteurs... Tiens donc, cet argument ne jouait pas vraiment en sa faveur, il aurait mieux fait de le garder pour lui... Enfin maintenant qu'ils en étaient là, autant tout savoir ! Ils avaient aussi vécu l'ouragan ensemble... forcément puisqu'ils devaient se fréquenter souvent... Et ca l'agaçait. Elle ne connaissait pas cette Kaylee, mais elle n'aimait vraiment pas l'idée... Elle était jalouse. Elle n'avait eu droit qu'à une soirée avec lui, rien de plus, et vue comment c'était partie, il n'y aurait jamais rien de plus...

Toutes ces révélations l'avaient anéantie. D'autant qu'il n'avait pas l'air de l'excuser pour autant. Pire encore, il se faisait toujours de fausses idées sur elle, voulant lui prouver volontairement leurs différences non compatibles, remuant le couteau dans la plaie. Ils n'étaient pas fait pour être ensemble, voilà ce qu'il pensait. C'était certain, vu l'état dans lequel ils se mettaient lorsqu'ils avaient à faire l'un à l'autre. Grace prenait tout à coeur, enregistrait chaque mot qu'il lui disait, chaque détail susceptible de lui faire du mal. Car il était important pour elle. Unique. Enfin, il l'avait été, l'espace d'une soirée... On ne peut être réellement touché que par les gens qu'on aime, c'est bien pour cette raison qu'elle ne voulait s'attacher à personne. Et lui avait réussi à être une exception. Certes, elle avait peut-être été fautive dans l'histoire à causes des craintes qu'elle avait et son manque de confiance, mais lui aussi avait commis des erreurs, et ça, il n'avait pas l'air de le réaliser... Il aurait du être là, l'aider, lui expliquer, la rassurer, la retrouver, la réconforter, lui prouver qu'elle avait tords.

Il la remercia pour les clés et pour l'explication. Grace pensa amèrement qu'il n'y avait vraiment pas de quoi, ce ne fut pas un plaisir. Il lui dit ensuite qu'elle avait tout fait pour croire qu'il allait la trahir, comme les autres. C'était faux.

« Non ! Je te faisais confiance ! J'avais envie d'y croire... Mais tout s'est embrouillé quand j'ai vu que tu n'étais plus là... Et ces filles... Mets toi à ma place ! Comment voulais tu que je sache? Je n'aurais jamais pu deviner tout ça... »

Dit-elle plus calmement, le ton simplement triste, car elle était exténuée, tel un guerrier livrant sa dernière bataille dans une ultime souffrance. Elle soupira, se sentant toujours aussi mal. Comment pouvaient-ils se faire tant de mal, alors qu'ils pouvaient aussi se faire tant de bien? Etait-ce le prix à payer? Or la facture lui paraissait bien lourde... Il y avait plus de mal que de bien dans leur histoire. Il avait peut-être raison après tout, mieux valait qu'ils s'oublient. Et pourtant, aucun d'entre eux n'avait l'air décidé à partir, malgré quelques veines tentatives... Les paroles qu'il lui avait dites se répétaient dans sa tête, la blessant un peu plus à chaque passage, comme des couteaux bien aiguisés. Nous ne sommes pas faits pour nous entendre... T'as pas essayé de revenir... C'était vrai, après tout ce qu'elle avait cru, elle s'était braquée, n'avait pas cherché à lui parler directement pour mettre les choses au clair. Mais elle se sentait tellement trahie, elle était persuadée qu'il s'était payé sa tête, et elle n'aurait pas pu se rabaisser à aller lui courir après... Finalement, elle ne lui avait pas fait assez confiance, et elle se sentait coupable aujourd'hui. Elle était envahie de remords. Elle aurait tant aimé tout refaire, tout recommencer depuis le début... Ils ne se seraient pas rencontrés en boite, mais dans ce parc par exemple, et ils auraient d'abord commencer par se présenter l'un à l'autre, c'était comme ça que faisaient les gens d'habitude, pas comme ils avaient fait eux. Mais cela lui semblait impossible, fade. Ils étaient différents, et deux personnes différentes ensemble, ca ne pouvait pas coller.
Et lui alors dans tout ça? Il avait beau dire, il n'était pas parfait non plus ! Il n'avait pas l'air coupable, il remettait toute la faute sur elle, mais Grace comptait bien lui montrer qu'il avait aussi fait des erreurs, que c'était leur faute à tous les deux. Ensemble, ils avaient tout gâché.

« Parce que tu as essayé de revenir toi peut-être? Tu savais que j'avais peur que tu me laisses, et tu es partis sans rien me dire... Tu savais ce que j'en avais déduis... et pourtant tu n'as jamais tenté de venir me dire le contraire, tout ça parce que tu m'as vu avec Trevor ! Je crois peut-être aux conneries qu'on raconte, mais toi tu crois aux conneries que tu vois ! T'as préféré m'oublier plutôt que de croire que je n'étais pas comme lui. »

La colère refaisait surface car elle avait beaucoup souffert en croyant qu'il l'avait abandonné. Les apparences n'étaient souvent pas ce qu'elles étaient. Et Jude avait cru aux apparences. Il n'avait pas tenté de voir plus loin, tout ça parce que Trevor était amis avec elle. Et alors? Ce n'était pas pour ça qu'elle était comme lui, loin de là ! Il avait bien du le voir quand il l'avait rencontré. Jude aurait pu fréquenter la dernière des imbéciles, comme Maeko par exemple, elle ne lui en aurait pas voulu pour autant. D'ailleurs, maintenant qu'elle pensait à ça, elle le revoyait en compagnie d'Isabelle, l'une des filles qu'elle appréciait le moins dans le lycée. Une vrai peste qui cachait bien son jeu, mais ce n'est pas pour ça que Jude est à mettre dans le même sac.

Grace était loin d'approuver tout ce que pouvait faire Trevor, mais avec elle, il était très drôle et elle appréciait énormément sa compagnie. Elle se fichait de comment il était avec les autres... Elle se sentait forte avec lui, ils étaient complices dans de nombreux coups. Mais jamais elle aurait été son outil pour manipuler quelqu'un. Elle n'était pas à son service, tel un objet. Elle était indépendante, n'écoutait qu'elle même. Elle ne le suivait pas, ni lui ne la suivait pas, ils étaient tout deux autonomes, tout en faisant certains coups ensembles. Pour qui Jude l'avait-il prise? Si elle l'avait cru comme les autres mecs, lui l'avait cru comme les autres filles... Jamais elle n'aurait pu agir et dire tout ce qu'ils s'étaient échangés cette nuit là si elle avait été envoyée par Trevor. Et d'abord, jamais elle n'aurait été envoyée par Trevor... Elle n'était pas faible et influençable. Il l'insultait en pouvant penser ça d'elle. Comme quoi ils étaient loin de se connaître finalement...

Ils avaient cru tout deux s'être fait trahir par l'autre. Et ils découvraient ensemble que finalement, non. Ce n'était qu'une suite d'erreurs, malentendus, conclusions hâtives et quiproquos. Comment sortir la tête hors de l'eau après tout ça? Comment avoir la force de poursuivre quoi que ce soit, après un pareil commencement?

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Aveuglé par la colère, je ne suis que l’ombre d’un homme. Je ne suis plus moi-même. J’ai tant de mal de mal à me contenir. La douleur envahit mon corps entier. Elle me fait endurer la pire des tortures. Il faut qu’elle parte. Je ne peux pas continuer à la regarder ainsi. Elle doit partir. J’ai cette haine qui brûle mon corps des pieds à la tête. Je ne lui ferais pas de mal. Je l’ai voulu un court instant mais je ne peux pas. Cependant cette dispute a été interceptée par plusieurs étudiants déjà. Demain on en parlera, j’en suis persuadé. Et moi, qui hausse le ton pour qu’elle parte. Grace dira à tout le monde que je suis violent. Elle ira jouer avec moi pour enfoncer le couteau dans la plaie. Elle racontera que ce n’est qu’une brindille comparée à ce que je peux faire en privé. Je serais alors le vilain de l’histoire et elle la pauvre demoiselle en détresse. Certainement qu’un autre idiot tombera ainsi dans ses filets ! Plus personne ne me regardera de la même manière. Je serais l’homme qui est violent avec les femmes. Et c’est à ce moment précis que mon père décidera de débarquer avec ses avocats. Il entamera une procédure pour prouver que je suis dangereux. Que le véritable danger pour Marissa, c’est moi… Il clamera qu’elle est faible et que la raison de sa fuite avec moi est que je lui faisais du chantage. Que je la soumets à des violences quotidiennes qui l’empêchent de me résister. Comme si je pouvais faire du mal à ma petite sœur ! Pourtant tout le monde le croira sur parole. Parce que moi, l’adolescent aux multiples tatouages, à la barbe de trois jours, aux cheveux négligés et aux vêtements troués… Moi je ne peux pas être une bonne personne. Comparé à mon père, son fric et ses costards. Tout le monde le croira sur parole. Mes perspectives d’avenir seront anéanties, plus personne ne m’approchera et j’aurais sans doute le droit à un tour en camps de redressement… Voir peut-être pire, qui sait ! Mon père est capable de tout.
Et tout ça, à cause de Grace. A cause de son petit manège qui me met hors de moi. Il faut qu’elle parte, pour son bien comme pour le mien. J’ai besoin d’air. J’ai besoin de me calmer. La rage inonde mes veines. Je n’arrive pas à la contenir. Et la brunette reste là. Elle ne part pas. Au contraire, elle tente de capter mon regard. Pourquoi fait-elle ça ? Pourquoi enfonce-t-elle le couteau. Je le sens. Il est là, bien présent dans mon abdomen. Il me glace et perfore mes organes. Il paralyse mon sang et coupe ma respiration. Je sens tout espoir s’évanouir à son contact. Il est destructeur et sa poignée est tenue par un visage angélique. De fins très et un regard plein de haine bordé par des cheveux sombres. Je ne la comprends pas. Je ne l’ai sans doute jamais comprise réellement. Elle est cruelle et j’ai peur qu’elle prenne plaisir à me voir ainsi. C’est bien pour ça qu’elle reste, non ? Pour pousser le vice encore plus loin. Sa voix résonne à nouveau. C’est comme si un écho se faisait dans ma tête. Certains de ses mots me font tiquer. Elle dit que je l’ai abandonnée, que je n’ai pas tenue ma promesse. Ce qui est plutôt grotesque. Elle l’a voulu ! C’est elle qui est partie, c’est qu’elle qui n’est jamais revenue frapper à ma porte. Elle savait où je dormais. Juste frapper quelques jours après, ça ne lui aurais rien coûté ! Et même si soudainement, elle était devenue timide, elle aurait pu glisser un mot sous ma porte avec son numéro. Je sais pas moi ! Faire quelque chose en tout cas ! Et ne pas rester les bras croisés à attendre un signe de ma part. Ce que j’ai finis par faire. Comme un faible. Parce que c’est ainsi qu’elle m’a transformée. J’ai tenté de la retrouver et elle était avec Trevor ! Seyton ! Le mec qui me traite d’homosexuel et qui fait de ma vie un enfer. Un gars avec qui je suis en pleine rivalité. Je le haïs, c’est tout. Et selon moi, une personne qui arrive à comprendre Seyton et à l’apprécier n’est pas quelqu’un qui peut me comprendre. Même pas une seconde. Nous sommes bien trop différents pour avoir des amis comment.
Grace continue. Elle répond ainsi à plusieurs de mes questions silencieuses. Elle dit qu’elle est tombée sur une fille dans ma chambre. Une fille ? Qui ça ? Je ne comprends pas dans un premier temps. Je ne vois pas de quoi elle veut parler. Les seules qui sont régulièrement dans ma chambre sont Angie, Cassie et Marissa… Marissa ! C’est d’elle qu’elle parle ? Ma sœur… Je me souviens maintenant ! Il y a comme un déclic dans mon cerveau. En boîte j’étais avec les jumeaux, j’avais dit un truc vague pour la décrire. Je n’avais pas voulu définir ma relation avec elle pour troubler l’esprit de Grace. Je n’aurais pas imaginé que ça pourrait autant me jouer des tours ! J’ouvre la bouche pour lui répondre. Mais après un léger silence où la brunette a repris son souffle, elle a enchaîné sur une autre phrase. Mes mots meurent alors prématurément dans ma bouche. En silence. Je la laisse continuer. Grace parle d’une rumeur. Je ne pensais pas qu’elle pouvait écouter ce genre de chose… Je ne l’imaginais pas comme ça. Mais après tout, je suis conscient que tout ce que je croyais sur elle, s’est avéré être faux. Alors un truc de plus ou de moins…
Je tombe du troisième étage à la fin de sa tirade. Aucun de ses arguments ne tenait la route. Je pouvais tous les réfuter. Je ne la comprends pas. Elle se défend mais use des arguments peu vraisemblables. Seulement, Grace semble tout à fait sérieuse. Lorsqu’on ment, qu’on joue, et ce même à la perfection, il y a ce petit signe qui vous montre que l’acteur ne pense pas à tout ce qu’il dit. Le menteur inventera sur le tas et se mélangera les pinceaux. Le bon manipulateur trouvera les mots pour en dire le moins et faire croire le plus… Or, la jeune femme dit tout d’une traite. Et elle a tant de conviction ! Il n’y a pas un moment d’hésitation. Je vois la rage dans ses yeux quand elle concède enfin qu’elle ferait mieux de partir. Je le voulais tout à l’heure. Mais plus maintenant… Il y a un truc qui cloche. Il n’y a rien qui sonne faux. C’est ça le problème. Je l’impression que nous sommes dans un dialogue de sourds. On se crie dessus, on balance toute notre haine. Et pourtant… Nous n’avons aucune cohérence l’un envers l’autre. Pour elle, je l’ai trahie et inversement. Je le sais. Je l’ai vue. Et elle semble être convaincue qu’elle aussi. Pourtant, je sais que c’est faux et je ne comprends pas pourquoi elle cherche encore à nier. Tout serait plus simple de terminer l’histoire clairement. Elle avoue. Et ainsi nous procédons à une rupture nette et claire. Enfin rupture… Vous savez ? Nous décidons sagement d’arrêter toute relation, ou avenir, ensemble. Et ce même en tant qu’ennemis. Nous ne nous recarderons plus, nous ne nous adressons plus la parole. Plus rien. Définitivement.
Je n’ose pas la retenir. Grace ne part pas. Elle trouve un nouveau truc à me balancer au visage. Littéralement cette fois-ci. Mes clés. Mes mains se plaquent pas réflexe sur mon torse pour empêcher la chute du trousseau. Je sens le contact du métal froid sur mes paumes moites. Je reste immobile un instant. Puis me remets en route. « Tu crois vraiment que j’aurais quitté ma propre chambre pour te faire comprendre que je ne voulais plus te revoir ? Que j’ai fait le glandu dans les couloirs en surveillant la porte pour savoir quand est-ce que tu allais te décider à sortir ! Je ne suis pas un con ! Dans le pire des cas, je te l’aurais dit clairement ! Je suis franc ! Je vais pas la jouer comme ça ! J’étais parti nous acheter un putain de petit déjeuner ! C’est tout ! » Oui, c’est la première chose qui m’est revenue à l’esprit. De tout ce qu’elle a dit, c’est le truc le moins cohérant. Oui, j’avais oublié d’écrire un mot ! Mais faut pas croire que tous les mecs partent dès la première heure ! C’est débile. Ça me révolte. « Et puis, je passerai le bonjour à ma sœur et colocataire de ta part.» Deuxième point éclairci. Je me demande ce qu'elle aurait fait en face de Cassie. Mon amie a tendance à m'embrasser en soirée devant tout le monde. Alors une inconnue qui me demande... Je vois très bien ma meilleure amie répondre que nous venons de faire l'amour et que je suis en plein sommeil. Grace n'est tombée que sur Marissa. La douceur... Je suis sûr qu'elle l'a reçu dans la chambre avec son immense sourire et sa voix chantante. Comment pouvoir croire quoi que ce soit ?
Mes mains retombent. Je fais glisser mes clés dans la poche de mon jean puis en ressort rapidement mes doigts pour les agiter en face de Grace. « Comme tu peux le voir aucune bague de fiançailles ! Je ne suis pas encore assez stupide pour me marier à 18 ans ! Qui fait ça ? Kaylee est une très bonne amie avec qui j’ai réussi à avoir un repas gratuit grâce à nos talents d’acteurs… Et également la personne avec laquelle j’ai traversé l’épisode de l’ouragan. Mais si tu veux croire à toutes les conneries qu’on raconte… Très bien ! Je ferais mieux de partir dans ce cas-là. Nous ne sommes pas fait pour nous entendre…» Je secoue la tête dans tous les sens et soupire. Ça me fait mal de dire ça. Ça me fait mal de voir que toute une histoire si bien commencée pouvait s’effondré dès le deuxième chapitre. Je ne me sens coupable de rien… Et je ne sais pas si c’est réciproque. Je lui en veux tellement. Je ne sais même plus si elle se joue de moi ou si elle a utilisé les pires arguments possibles. Dans tous les cas, nous ne pouvons plus revenir sur les faits. Tout est dit. Tout.
« Merci pour les clés. Et pour l’explication. Si tu veux la vérité, je commence à me dire que tu as juste tout fait pour croire que j’étais un mec comme les autres. Celui capable de t’abandonner encore une fois. T’as pas essayé de revenir.» La franchise est de mise, non ? Alors autant l’être jusqu’au bout. Ma voix a été plus calme pour cette dernière réplique. Je suis déçu. D’elle et de nous deux. Oui, je me suis borné à me dire qu’elle était dans le clan de Seyton. Et à dire vrai, je reste sur cette opinion. Je n’ai rien à voir avec ce type et je sais que ça ne collera jamais entre nous. Je ne veux rien avoir à faire avec lui. Et je sais qu’à partir du moment où quelqu’un nous apprécie tous les deux… Ça dégénère. Alors je ne veux pas de ça. Je n’ai pas envie de mettre Grace au milieu de nous deux comme j’ai pu le faire avec Marissa. Chacun de son côté. Les proches de l’un, ne le seront pas de l’autre. Voilà tout.

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C'était exactement comme si Grace avait parlé à un mur. Il ne prit la peine de répondre à aucune de ses questions. L'avait-il seulement écouté? Avait-il compris ce qu'elle avait voulu lui dire, la souffrance qu'il avait pu lui faire subir? Il ne s'était toujours pas expliqué... Elle restait insatisfaite. Au lieu de toute excuse, il se braqua, l'accusant d'être une actrice. Pourtant, elle n'avait dis la que la vérité. Tout le monde ne pouvait pas être un menteur comme lui... Il ne la croyait pas, et ca la blessait. Elle comprenait ce qu'il avait pu ressentir lorsqu'elle lui avait dit qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance. Enfin, ce qu'il avait fait semblant de ressentir, puisque tout ca était faux n'est-ce pas? Alors pourquoi s'énervait-il autant qu'elle? Elle avait l'impression qu'elle aurait pu lui dire n'importe quoi, ca aurait été pareil, il ne la croyait pas.

C'est alors qu'il parla de... Trevor ! Qu'est-ce que Trevor venait faire dans cette histoire?!! Grace eut un nouveau mouvement de recul, étonnée. Elle chercha à comprendre. Quelque chose lui échappait. Il lui expliqua alors qu'il avait compris que si elle n'était pas venue le revoir, c'était parce qu'elle était du côté de Trevor. Et le rapport? Apparemment, il ne portait pas ce dernier dans son cœur... Grace ne comprenait plus rien. Quel numéro lui jouait-il cette fois? Inutile de faire le jaloux, puisqu'il n'y avait jamais rien eu entre elle et Trevor, contrairement entre eux deux, mais Jude s'était empressé de l'abandonner au petit matin... Et surtout, il enchainer les conquêtes... Alors pourquoi lui faire cette scène ridicule? Un détail attira son attention, une phrase qui sonnait faux: Trevor lui aurait demandé de briser Jude. D'où tenait-il ça? C'était de parfaites balivernes ! Etait-ce pour cela qu'il s'énervait ainsi? Mais dans ce cas pourquoi l'avait-il laissé ce matin là? Avait-il découvert ça entre temps et était-ce pour ça qu'il était parti? Grace n'était-elle que l'objet de la rivalité entre les deux hommes? Elle ne comprenait plus rien, mais elle gardait cette impression de s'être fait avoir dans l'histoire !

« Trevor n'a rien à voir la dedans ! Il ne m'a rien demandé du tout ! Pourquoi tu... ? »

Elle ne termina même pas ça question. Pourquoi cherchait-il des excuses? Pourquoi parlait-il de Trevor? Pourquoi avait-il cru qu'elle était une actrice? Ca lui paraissait tellement inutile de creuser la chose, à tous les coup, il se fichait encore d'elle et surtout il ne lui faisait plus confiance, alors elle avait l'impression que ce qu'elle dirait ne changerait rien.

« Roo et puis laisses tomber ! »

Grace est dans tous ses états, mais lui aussi. Elle est étonnée de le voir ainsi. Peut-il jouer tout ça? Après tout, il avait bien réussi à lui faire croire qu'il était bien avec elle... Mais pourquoi faire ça? Il avait eu ce qu'il voulait, non? Elle avait fini dans son lit, il l'avait fait souffrir, que voulait-il de plus? Cela ne rimait plus à rien... Il tape alors violemment dans un arbre. Il doit surement s'être fait très mal à la main. Elle ne peut s'empêcher d'être un peu inquiète, mais aussi impressionnée. Elle ne l'a jamais vu dans cet état violent. Est-ce lui, le vrai Jude?

C'est alors qu'il lui demanda de partir. Comme la première fois. Sans donner de nouvelles... Il la lui faisait encore à l'envers, mais elle eut soudainement l'impression qu'il croyait vraiment ce qu'il disait. Là, Grace comprit que quelque chose leur échappait. Rien n'était clair. Ils ne se comprenaient pas, ils n'avaient pas la même version des choses, rien ne collait, à croire qu'ils n'avaient pas vécu la même histoire. Il y avait un malentendu, c'était certain. Il avait tapé bien trop fort dans cet arbre pour s'être donné cette peine pour rien... Se pouvait-il qu'il ne joue pas? Elle avait peur d'essayer de le croire. Elle avait vu ce que ca avait donné... Mais de le voir si énervé... il avait mal lui aussi.

Grace s'approcha d'une démarche prudente. Elle ne comptait pas partir, allant à l'encontre de ce qu'il lui avait demandé, et se méfiant qu'il puisse lui faire du mal, on ne sait jamais. Elle avait elle aussi ses propres questions, et elle tenait bien à rectifier certaines choses qu'il lui avait dites, même s'il ne la croirait peut-être pas... Maintenant qu'ils étaient là tout les deux, autant essayer de régler les choses, pour trouver le vrai coupable dans l'histoire. Tiens, et d'ailleurs, c'était quoi cette histoire avec Trevor?!

Arrivée près de lui, elle le regarda attentivement, lui parlant sincèrement, mais toujours d'un ton froid car sa colère n'avait pas disparue pour autant:

« C'est ce que tu crois? Que ca n'a pas été compliqué pour moi? … Je me suis réveillée toute seule ! Tu étais parti ! Tu m'avais promis de ne jamais m'oublier, et je t'ai fais confiance, comme une conne !
J'ai voulu croire que je faisais erreur, j'ai voulu te laisser une seconde chance... Alors je suis retournée dans ta chambre, et là, je suis tombée sur la fille que tu veux garder dans ton lit, ca te dit quelque chose? …
Ho, et attends ! Ce n'est pas tout ! J'oubliais la grande nouveauté de l'année: il paraît que tu vas te marier, et avec une autre en plus! Alors franchement, là, oui, je crois que ca ne va pas être très compliqué ! »

Mensonges. Avec Jude, tout n'était pas si simple qu'elle l'aurait voulu... Ça ne pouvait être que compliqué. Elle avait beau avoir vidé son sac, elle ne se sentait pas mieux pour autant, bien au contraire, il lui était de plus en plus difficile de ne pas fondre en larme. mais ca aurait été tellement pitoyable. Elle devait rester forte.

« T'as raison, il vaut mieux que je parte ! »

Elle le pensait sincèrement. Le quitter l'éloignerait de tout le mal qu'il avait pu lui faire. Il fallait qu'elle oublie tout.

« Ha et j'oubliais ! »

Elle sortit le porte clé de sa poche. Il pensait peut-être qu'elle n'était qu'une actrice, mais elle avait dit la vérité. Elle ne voulait pas garder cet objet si précieux pour lui. Sinon, elle ne passerait pas à autre chose. Et elle ne voulait pas l'utiliser pour se venger non plus. Elle lui jeta ses clés:

« Prends ça, c'est pour ça que tu es venu non? »

Après tout, tout ce qu'il voulait lui dans cette histoire, c'était ses clés, alors qu'il parte maintenant, sinon, elle allait le faire avant... avant qu'il ne remarque cette larme qui vint couler le long de sa joue...

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La réaction fut rapide, violente, inattendu. C’est comme si soudainement elle me giflait. Avec tant de haine et de dégoût. Nous nous regardons droit dans les yeux mais tout est différent. Il n’y a plus que cette étincelle de tristesse. Mais aussi une lueur de colère. Celle-ci me consume, autant que le désire à son égard a pu me dévorer. J’ai chaud. Mon sang ne fait qu’un tour dans mes yeux. Mon cœur est rythmé par la rage. Et tout ce qu’elle trouve à me répondre c’est une question. Elle me demande si je me moque d’elle. Son air choqué semble tellement vrai qu’il me perturbe. Elle est très douée. Ou bien est-elle surprise que j’ai réussi à découvrir le pot aux roses. Quoi ? Moi, l’imbécile Jude, j’ai réussi à voir clair dans son jeu d’actrice ? Ce n’est pas possible ! Comment ? Je suis bien trop idiot pour ça ! Arrête de jouer avec moi. Ça ne marche plus. Elle est cruelle. Voilà tout. Elle m’enfonce toujours un peu plus. Hors d’elle, elle parvient à me remettre la faute sur le dos. Je n’y crois pas mes yeux ! Comment peut-elle faire ça ? Est-elle consciente que je suis un être humain avec un cœur ? J’ai des sentiments, j’ai une fierté. Je passe pour le gros con de l’histoire… Et je ne dois pas répliquer ? Mais comment ose-t-elle ? Comment peut-elle pousser le vice si loin ? N’a-t-elle aucun remords ? Aucun sentiment ? Je me sens tellement trahis que j’en ai presque envie de vomir. Mais je dois me contenir. Je ne peux pas déglutir. Il faut que je lui fasse face sans fléchir. Je dois l’affronter et me montrer fort. Mon cœur se recouvre d’une prison de pierres glaciales. Elle ne l’atteindra pas. Plus jamais.
Le coup de grâce est lancé quand, les larmes aux yeux, elle me demande ce que j’étais prêt à dire. J’en reste déstabilisé. C’était comme si Grace était entré dans ma tête pour en tirer les phrases cruciales. Je ne la comprends plus. C’est comme si j’étais en face d’une toute autre inconnue. Elle n’est pas celle qui m’a charmé, qui m’a fait sortir de ma prison. J’ai toujours fermé mon cœur aux autres. Je ne me suis montré spontané qu’avec elle et Kaylee. Dans un cas, tout a parfaitement fonctionné et dans l’autre… C’est ce qui me fait dire que je ne dois plus jamais le faire. Je resterai distant de toutes les personnes qui oseront m’approcher. Je ne m’attacherai à aucune d’entre elles. Plus rien.
« Mais arrête de jouer les actrices ! C’est bon ! Je t’ai vu avec Seyton… Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que si tu ne revenais pas me voir c'est parce que t'étais de son côté ! C’est bien ! Après avoir noyé une amie, puis briser le cœur de ma sœur, il te demande de me briser ! Mais ça ne marche plus ! » Mensonge. « Tu peux retourner le voir et lui dire que son ennemi gay lâche les armes. Il a gagné. Bravo ! Franchement ça m’apprendra à vouloir jouer les mecs parfaits ! » Je secoue la tête, fais plusieurs pas sur le côté. Je ne tiens plus en place. J’ai explosé. J’ai haussé le ton. Je ne contrôle plus mes mots, plus mes gestes. Mes mains passent sur mon visage puis dans mes cheveux trop courts. Mes lunettes atterrissent dans mes doigts. J’ai envie de les balancer dans l’herbe et de frapper dans cet arbre juste à côté de moi. Ce que je finis rapidement à faire. Comme à la soirée Anges et Démons. J’avais frappé dans un mur. C’est un geste complètement con, qui fait souffrir. Mais ça m’a fait du bien. Si on retire les quelques bleus qui ont suivi… Ça extériorise ma colère. Et surtout ça m’évite de frapper les personnes qui provoquent ma colère. La dernière fois c’était Seyton. Là aussi mais surtout Grace. Je ne pouvais pas lui faire du mal. Je ne voulais pas. Je m’arrête un instant le souffle court en face de l’arbre. Ma violence me fait peur. Rien que le fait d’avoir pu penser à son visage quand j’ai abattu mon poing sur ce tronc… Je ne suis pas mieux que mon père. Je suis aussi nul que lui. J’ai dit que je ne laisserai plus personne arriver jusqu’à mon cœur pour mon bien… Mais c’est sans doute aussi pour le leur. Je suis vraiment nul. Pour rien au monde je veux être comme lui et pourtant…« P*tain de m*rde ! Ç’fait ch*er !» Pour ça, je devrais mettre je ne sais combien de dollars dans le bocal à gros-mots. De toute façon je l’entretiens régulièrement. « Il vaut mieux que tu partes. Comme la première fois, hein ! Pars sans donner de nouvelle. Ne reviens plus jamais me voir. Ça ne devrait pas être compliqué pour toi. » Je lui fais à nouveau face. J’avale ma salive. Un homme ne peut pas pleurer. Un homme ne doit par frapper sans raison et surtout sous le coup de la colère. Un homme n’a pas le droit d’avoir le cœur brisé et de supplier qu’on lui revienne. Ce que j’ai de mieux à faire, c’est la faire fuir. Qu’elle retourne dans les bras de Seyton ! Qu’elle trouve le bonheur ! Qu’elle manipule une nouvelle personne ! Mais pitié, laissez-moi seul !
J’arracherai mon cadenas à mains nues ou bien avec une pince. Et pour mes double de voiture… Tant pis, je ferais avec. Je me hais plus que je ne la hais. Je me dégoûte plus qu'elle n'a su me faire souffrir. Autant aller écumer ma rage dans un bar en cette fin d'après-midi. N'en parlons plus.

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Jude ne répond pas du tout ce à quoi elle aurait pu s'attendre. Il a l'air toujours aussi énervé contre elle. Elle ne comprend pas pourquoi. Est-il énervé de voir à qu'elle point elle a pu être stupide en le croyant et en voulant insister pour qu'il s'explique? N'y avait-il plus rien à dire? Grace comptait bien s'expliquer, mais lui était étonné qu'elle le veuille. Il lui demanda si elle voulait qu'il l'applaudisse. Elle eut un mouvement de recul, aussi surprise que choquée. Applaudir pour quoi? Pour sa performance au lit? Quel goujat ! Comment pouvait-il parler ainsi? Elle avait l'impression de se trouver face à un tout autre jeune homme, comme s'il était quelqu'un d'autre. Ce n'était pas son inconnu, cet homme qui l'avait fait flancher, rêver. Cet inconnu était irréel, c'était un parfait coup monté, un performant acteur.
C'est alors que la question qui l'avait longtemps traumatisé refit surface. Pourquoi? Pourquoi lui avait-il volontairement infligé ca? Car oui, c'était bien volontaire de sa part, de la parfaite manipulation. Chaque geste, chaque parole, rien était vrai. Heureusement que Grace avait l'habitude de se retenir de pleurer, car elle aurait fondu en larme en voyant son attitude, alors qu'il l'applaudissait d'un air provoquant. Voilà qu'elle découvrait amèrement son vrai visage, et ca la blessait profondément, autant que ca l'écoeurait.

Pourtant, c'est comme si quelque chose clochait. Le jeune homme avait l'air aussi choqué qu'elle. Parlaient-ils bien de la même chose? Elle avait l'impression de ne plus le comprendre, ils n'étaient plus du tout sur la même longueur d'ondes. C'est alors qu'il lui dit bravo pour s'être foutu de lui, de s'être servis de lui, et il l'en remercia avec amertume. Alors là, c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! C'est lui qui s'est foutu d'elle, pas l'inverse ! Voilà qu'il retournait toute la situation, pour la rendre coupable, lui remettre la faute sur le dos ! Quel audace ! Et quel manque de tact, après le mal qu'il avait pu lui faire ! Il était d'une froideur qui lui donna mal au ventre. Ce mal de ventre qui vous prend au tripes quand vous êtes face à un problème important ou que vous êtes d'une tristesse affligeante. La voix de Grace s'était encore plus serrée. Elle avait l'impression de ne plus rien comprendre. Il fallait qu'elle mette les choses au clair au plus vite, car là, l'attitude de Jude dépassait tout ce qu'elle avait pu imaginer. Il était encore pire qu'elle ne l'avait pensé.

« Attend, tu te fous de moi là ?! »

Dit-elle hors d'elle.

« Tu veux me remettre la faute dessus, mais c'est peine perdue ! Comment tu peux oser dire ça? T'en as pas eu assez comme ca? Tu crois pouvoir me manipuler encore comme tu l'as fait? »

C'était vraiment un bon acteur. Lui dire qu'il se sentait trahis lui aussi, alors qu'elle n'avait rien fait pour ça. Lui faire croire qu'elle s'était servie de lui... pour quoi faire? C'était ridicule, ses arguments ne tenaient pas debout ! Il s'agissait encore de parfait mensonges, et s'il y a bien une chose que Grace détestait, c'était ça.

« Tu m'as fais croire que t'étais différent, mais t'es encore pire que les autres ! Y a juste une chose qui m'échappe encore... Pourquoi tu m'as infligé ça? Ça t'as amusé au moins? Tu es fière du résultat? »

Dit-elle les larmes aux yeux, pleine de haine, sa respiration s'agitant de telle sorte qu'elle en avait du mal à reprendre son souffle. A mesure qu'elle lui disait tout ce qu'elle avait sur le coeur, sa peine et sa douleur refaisaient surface. Elle essayait tant bien que mal de refouler tous ses sentiments, mais ça lui était éprouvant. Elle avait envie de le gifler, le tordre, le froisser, le découper en petits morceaux pour les faire cuire à feu doux... Mais elle était incapable de la toucher tant elle avait l'impression d'avoir à faire à quelqu'un d'autre.

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J’attends sa réponse. Étrangement je me doute que ce ne sera pas celle à laquelle je m’attends. Elle ne va pas coopérer. Non, elle va enfoncer douloureusement le couteau dans la plaie. Même si j’en suis venu à la conclusion que je ne la connaissais pas si bien que j’osais le croire, Grace sait se faire entendre. Elle sait montrer les dents quand il le faut et je suppose qu’elle n’abandonne rien et qu’elle me fera souffrir jusqu’à la dernière seconde. Elle va tout faire pour me faire craquer. Elle l’a déjà fait, inconsciemment. Quand je l’ai aperçue avec Seyton… Tout ce que j’avais pu imaginer a été envoyé en l’air. Et j’ai compris que je ne pouvais me fier à personne. Je l’appelle Grace mais… Est-ce au moins son vrai prénom ? C’est peut-être le pseudonyme qu’elle a choisi quand elle jouait son rôle à mes côtés. Dans mon lit. Dans mes draps. Dans ma chambre. Dans mes bras… Vous ne pouvez pas savoir le niveau de déception que j’ai atteint. Puis il y a eu la colère, la haine, un peu de chagrin. Et finalement l’oubli. J’ai réussi à me dire que ce n’était rien. J’ai tenté de tourner la page. Tenter… Je dis ça parce qu’être en face d’elle ne me laisse pas indifférent. Tous ses sentiments brouillant mon cœur refont surface. Je ne l’ai jamais effacée de ma mémoire. Elle est toujours présente. Et encore une fois j’attends un signe, un geste de sa part. « Alors c'est tout ce que tu as à me dire? » Quoi Madame est déçue ? Ou bien est-ce une pointe de colère que j’entends là ! Je ne la comprends pas… C’est bon, elle peut arrêter de jouer. Elle ne sait peut-être pas que je connais sa relation avec Seyton mais mon silence en a dit long. J’ai tout appris sur leur coup. Ba besoin de faire un dessin ! Et puis, si jamais ça n’avait pas été vrai, elle aurait pu revenir à n’importe quel moment dans ma chambre. Elle connait son emplacement exact contrairement à moi. Grace a été maligne. Mais cette fois-ci, je ne me laisserai pas avoir. Cette fois, je vais être fort. Je vais lutter. Je vais résister. « Quoi ? Tu voudrais que je t’applaudisse peut-être ? » Je secoue la tête, l’air choqué et désabusé en même temps. Je sens le couteau s’enfoncer un peu plus profondément dans ma poitrine. Je me dispute en public. Je trouve ça con. Ça me fait penser à mes parents. Je les revois, l’un de chaque côté de la table du restaurant. Mon père l’insultait et elle ne disait pas un mot. Les jumeaux jouaient avec leurs petits pois et moi… Moi je les observais tous. Seul. La famille modèle. Ce typique cliché américain. Généralement ça se finissait par ce fameux sourire commercial, dont j’ai hérité, offert à la foule. Puis un baiser, presque timide mais faussement dégoulinant en même temps. Le tout pour que tout le monde comprenne bien que ce n’était qu’un petit truc de passage et que ça ne continuerait pas une fois arrivés à la maison. Quand Marissa et Joshua dormaient et que moi, en haut de l’escalier, j’écoutais tout.
Je me suis toujours promis de ne pas faire vivre ça à mes enfants. Ce n’est pas ce que je suis en train de faire mais je me prouve à moi-même que je ne vaux pas mieux que mon père. Ce conna… Je me laisse emporter par mes gestes. Mes mains se frappent l’une contre l’autre. « Eh ben, bravo ! Bravo de t’être bien foutu de ma gueule. Je peux te promettre que ça m’a fait extrêmement plaisir de voir que tu t’étais servie de moi. Merci. Merci beaucoup !» De faux mots gentils aussi froids que des lames de rasoirs. Voilà c’était dit. Je suppose que je ne vais pas récupérer mes clés de sitôt… Je n’aurais qu’à m’introduire dans sa chambre après de nouvelles recherches… Un petit cambriolage et le tour est joué. Je pourrais même lui voler un objet qui semble important à ses yeux… Un truc avec de la valeur.

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Spoiler:

Grace observe alors attentivement la réaction ou la non réaction de Jude, avec une certaine appréhension, du suspence. C'est alors qu'il lève son bras, où son portable se trouve dans sa main, pour y lire quelque chose... Son sms. C'est lui. Il ne peut pas y avoir d'autre hasard. Elle comprend que l'inconnu avec qui elle a rendez-vous ce soir, c'est lui. Lui et personne d'autre. Comment cela est-ce possible? Comment cela a t-il pu tomber sur eux, avec tous les élèves qu'il y a dans ce lycée? A croire que le sort s'acharne. Eh merde ! Grace hésite à partir. Prendre la fuite, et pas les mains vides s'il vous plait, avec ses clés. Mais maintenant qu'elle sait que ces clés sont à Jude, son intérêt les concernant s'intensifie d'autant plus. Que cache t-il? Que peuvent bien ouvrir ces petites clés si précieuses à ses yeux? De toute façon, même si elle était tentée de partir, elle ne le fit pas, elle était trop étonnée par sa découverte, et elle attendait de voir sa réaction lorsque lui aussi comprendrait...

Grace croisa alors le regard du jeune homme. Elle affichait elle-même un air indescriptible. Mélange d'étonnement, de surprise, de fatalité, d'agacement et de gêne. Et aussi encore un peu cette colère quand elle repense à ce qu'il lui a dit et fait. Quand elle repense à eux. Il faut qu'elle évite de penser à ça, pour ne pas la perturber. La passé et le passé. Il l'a brisé, mais il ne le sait pas, et elle est forte aujourd'hui, elle peut affronter son regard, non sans une certaine émotion. Jude essaie de trouver quelqu'un d'autre, mais c'est inutile. Hé oui, c'est bien elle ! S'il voulait récupérer ses clés, il devrait faire avec. Elle le regarde soupirer et s'approcher d'elle, se demandant pourquoi ca le dérange à ce point de venir la voir. C'est vrai quoi, c'est pas un effort surhumain ! Elle l'avait connu bien plus heureux de la voir, lorsqu'elle se trouvait dans son lit... S'ils en étaient là aujourd'hui, c'était lui qui l'avait choisis, tout était sa faute. Enfin ce qui était fait ne changerait pas...

Grace attend qu'il parle. C'est à lui de commencer, c'est lui qui veut ses clés. Elle est en position de force. Il a l'air de chercher ses paroles, hésitant. Puis il se lance enfin, brisant ce silence de glace. Il la salue, et lui demande en toute simplicité et politesse de lui rendre ses clés. Comme si rien n'était plus normal. Pourtant, un gouffre les sépare. Il est distant, froid, non, glacé. Grace avale sa salive. Elle a du mal à répondre:

« Alors c'est tout ce que tu as à me dire? »

Elle était à la fois déçue et en colère. Elle aurait voulu être indifférente, lui montrer qu'il ne l'atteignait pas, qu'elle s'en fichait. Mais non. Elle avait beau le vouloir très fort, ce n'était encore pas le cas, après 2 mois. Elle était rancunière, il lui faudrait beaucoup plus de temps que ça pour oublier ce qu'ils avaient veccu, d'autant plus parce que cela avait été vraiment intense. Grace sent sa gorge se nouer, mais heureusement, sa voix a réussi à rester intacte, elle ne s'est pas brisée sous le coup de l'émotion. Il avait agit avec elle comme s'ils ne s'étaient jamais rencontrés, comme si lui avait tiré facilement un trait sur tout cela, pire, comme si rien ne s'était passé. Elle en déduit que c'était normal pour lui, vu qu'il l'avait manipulé, il se fichait pas mal de tout ça... Maintenant qu'elle le revoyait en face, que cette vérité se formait en image, elle en avait encore plus mal. Elle était devant le fait accomplis: oui, il se fichait bien complétement d'elle. Pas étonnant qu'il n'ait rien tenté pour la revoir. Quelle idiote elle avait été.

N'empêche qu'elle avait ses clés, et que s'il voulait espérer les récupérer, il n'allait pas y arriver aussi facilement. Cette fois, il ne pourrait pas s'échapper. Il avait l'air de vraiment y tenir à ces clés, pour devoir en passer par là... Il n'allait pas s'en tirer comme ça. Autant lui dire franchement ce qu'elle pensait de lui, qu'elle extériorise toute sa colère, pour en finir et passer à autre chose.

Mais avant, elle attendait des réponses. Elle voulait voir ce qu'il pourrait dire de lui même, comment il se justifierait sans qu'elle ne l'y aide. Elle n'allait tout de même pas lui mâcher le travail ! Et si elle n'avait pas toutes les explications qu'elle désirait, elle allait lui rafraichir la mémoire et l'aider un peu ! Elle planta ses yeux verts dans ceux du jeune homme, lui montrant toute la déception et la rancoeur qu'il pouvait lui inspirer.

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Je continue d’avancer. Je m’éloigne au maximum de Grace. Je ne supporterai pas de la regarder en face. Elle m’a manipulée. J’ai été pris à mon propre jeu. Je l’avais mise sur un même pied d’égalité mais il fallait croire qu’elle a réussi à être plus forte. Et surtout à cacher cette facette d’elle-même. Elle m’a dit ce que je voulais entendre, elle m’a montré ce que je voulais voir. Elle a su me manipuler comme une poupée de chiffon. Et je n’accepte pas l’échec. Je n’ai jamais été le pantin et je refuse de l’être. C’est n’est pas moi. Je ne peux pas. Comment ai-je pu croire un instant que tout pouvait se passer si bien ? Seyton… Je ne le pensais pas aussi rusé. Je me demande pourquoi je ne l’ai pas tabassé à l’anniversaire de Maria. Sofia. Julie. Jasmin. Julia. Bidule. Pourquoi suis-je parti me bourré la gueule pour ensuite retrouver la trace de ma petite sœur ? J’ai loupé l’occasion de venger ma petite sœur, de lui faire payer cette trahison et lui demander de passer le message à Grace. J’aurais dû faire tout ça au lieu de rester en dehors de la salle avec mon corbeau empaillé. Et puis… J’ai loupé l’occasion de retenir ma meilleure amie. Je n’ai pas pu lui empêcher un accident la menant dans un coma. Tout ça c’est du passé. Marissa va bien, Cassie aussi. Mais Grace… Rien n’a été réglé. C’est peut-être le moment après tout… Oui, mais non. Je dois récupérer mes clés. Et je ne veux pas me donner en spectacle dans le parc de mon lycée. Les rumeurs je connais ça. Et ce genre de dispute peut mener à un torrent de lave ardente et destructrice. Je tiens à ne pas rentrer en septembre avec un tas de merde collé dans mon dos. Donc non, je ne fais pas demi-tour. Je ne vais pas voir Grace et je ne lui adresserai même pas un petit regard. Elle ne le mérite pas.
Soudain mon portable vibre. Je redresse rapidement ma main pour porter l’écran à hauteur de poitrine. Je déverrouille le portable. J’ouvre la conversation. Mes yeux scrutent les lettres qui forment ces quatre simples mots. Jolie demoiselle au sac écarlate est derrière moi. Je n’ai qu’à offrir mon plus grand sourire à la source de ma délivrance. Un truc bien commercial mais efficace qui lui donnera un peu de pitié envers moi. Moi, pauvre petit homme démuni de ses clés. Je range mon portable dans la poche de mon jeans et tourne lentement sur moi-même. Mes chaussures glissent sur l’herbe bien verte. Pour la petite info, ils l’arrosent pratiquement toutes les nuits, pour faire bonne impression. Les nouveaux arrivants viennent souvent visiter l’établissement l’été. Et ainsi ils passent obligatoirement par ce magnifique et gigantesque parc. La direction met donc un point d’honneur à entretenir à la perfection ce coin de verdure. Par chance nous n’avons pas l’interdiction de marcher sur la pelouse. Parce que c’est le truc le plus ridicule que je n’ai jamais vu. A Cambridge, au King’s College, seuls les professeurs ont l’autorisation de traversé le carré de terrain d’au moins un bon hectare. Les élèves sont obligés de contourner le tout à chaque fois. C’est plutôt dingue, non ? Pourquoi je raconte tout ça en fait ? On s’en fout. On s’en moque car je vais retrouver ma clé. Je n’ai plus qu’à détacher mes yeux de l’horrible sac à main rouge pour me planter sur le visage. Bizarrement j’ai l’impression d’avoir déjà vu ce haut… Mais de plus près. Cette couleur… Merde. Mes pupilles se fixent sur Grace. C’est une blague ? Non, franchement… Je rêve. Je regarde autour d’elle. Ma tête passe de gauche à droite au cas où. Juste pour m’assurer qu’il n’y a pas une seconde demoiselle avec un sac de cette couleur. Mais non. Rien qu’elle. Juste elle et ce sac. Je soupire légèrement et m’approche. Je fais pour la troisième fois le chemin, jusqu’à me planter à un mètre d’elle. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Mes lèvres restent pincées, je les humecte un moment… On commence par quoi ? Manière directe ou bien détournée ? Je la joue franc jeu ou je commence par l’insulter. Je lui ai déjà donné tous les noms mais les dire à voix haute en face d’elle… Ça serait superbe ! Vous ne pouvez pas savoir comme ça pourrait me libérer ! Elle m’a trahi et la voilà en possession du seul objet qui est nécessaire à ma survie. La prochaine fois, je fais un double de cette clé que je place dans un coffre à la banque… Je n’aurais plus à vivre ce genre de situation ! Même si j’ai l’impression que le sort s’acharne déjà assez sur moi et qu’il ne me remettra plus jamais dans cette position. Enfin j’espère.
« Salut. Tu peux me rendre mes clés, s’il te plait ? » Je m’empêche de rajouter « Histoire qu’on en finisse. » J’ai peur que ça la braque et qu’elle devienne soudainement très froide. Donc non. Je me montre poli. Cependant je reste distant et assez froid. Il ne faut pas m’en demander des tonnes non plus !

Spoiler:

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Grace se dépêcha d'entrer dans le parc, de sa démarche élégante et supérieure. Elle avait rendez-vous avec un jeune homme du lycée qui avait perdu le porte clé qui se trouvait être en sa possession. En effet, Grace l'avait trouvé à tout hasard, à la cafétéria, par terre dans un coin assez discret. Mais comme elle était très observatrice, elle l'avait rapidement repéré et ramassé, voulant savoir à quoi pouvait bien servir ces clés. Il faut dire que la demoiselle était curieuse, et en plus, ces clés n'étaient pas vraiment banales... De taille plus petite que la normal, et un modèle particulier, qui faisait assez ancien. Maligne comme elle était, elle pensait bien que ca pourrait lui servir. Encore fallait-il qu'elle retrouve à que elles appartenaient... et pour cela, elle n'avait pas eu beaucoup de mal: elle s'était rendue devant le panneau d'affichage, où plusieurs élèves mettaient des annonces diverses, et elle y avait lu l'annonce du jeune qui avait perdu ce porte clés. Comme il n'y avait que son numero de teléphone, Grace ne savait même pas de qui il s'agissait, mais elle l'avait contacté pour lui rendre ce qui lui appartenait. Ils avaient ainsi convenu d'un rendez-vous en fin d'après-midi, à 17 heures, au parc.

Grace se demandait bien qui pouvait être ce jeune homme. Elle aimait le mystère, c'est donc avec un certain amusement qu'elle défigurait les passants, en regardant discrètement leurs chaussures. Elle était à la recherche de converses vertes. C'était le seul indice qu'elle avait de lui. Quel genre de type peut bien porter de pareilles chaussures? Elle prit son portable dans ses mains, pour voir l'heure... 17 heures 05... Ils ne devraient plus tarder à se trouver... Elle avait dit par sms que celui qui trouvait l'autre en premier avait gagner, et elle comptait bien que ce soit elle. Si elle était très joueuse, elle aimait aussi beaucoup la victoire.

Elle continua donc de regarder au sol, pour voir les chaussures, et... BAM !! Quelqu'un lui rentra dedans ! Elle déteste se faire piétiner ! Comme si on pouvait ne pas la remarquer... Mais la personne s'excuse, heureusement pour lui. Grace regarde alors à qui elle a à faire et a soudain un haut le coeur. Ses lunettes de soleil et ses cheveux plus courts ne l'empêchent pas de le reconnaitre... Jude. Mon dieu, Jude ! Jude !! Ce n'était pas la première fois qu'il lui rentrait dedans! Elle en perd l'usage de la parole. Jude est ce jeune homme, qu'elle a rencontré en boite et avec qui tout est allé très vite... Mais après une nuit extraordinaire, la nuit la plus extraordinaire qu'elle avait pu vivre, il l'avait abandonné, la laissant seule dans sa chambre. Elle en avait déduis qu'il s'était payé sa tête, qu'il était comme tous les autres et elle en avait énormément souffert, car elle avait cru qu'il était différent. Elle lui avait fait confiance. Et il lui avait promis qu'il ne l'oublierait pas...

Et pourtant, cela faisait bien 2 mois qu'ils ne s'étaient pas parlés, ni croisés. Qu'ils s'étaient oubliés... Enfin, à vrai dire, elle l'évitait volontairement. Après sa tristesse lorsqu'elle avait quitté sa chambre, elle avait réfléchis et s'était dis qu'elle avait peut-être réagis trop brutalement, sous le choc. Il y avait peut-être une explication autre... Elle avait donc tenté de le revoir, pour avoir des explications, en retournant à sa chambre dans un effort vraiment pesant car ce n'était pas dans ses habitudes de se rabaisser à ce genre de choses... car lui n'était pas revenu à elle. Il n'avait rien tenté, ne lui avait rien expliqué.
Et là, dans sa chambre, elle avait était choquée de voir que c'était une fille qui lui avait ouvert la porte, elle occupait même les lieux... Cette fille dont il lui avait dit en boite qu'il la garderait bien dans son lit. Ca devait surement être sa copine, ou une sex friend, allez savoir. Il s'agissait en réalité de Marissa, sa soeur. Mais Grace ne le savait pas et avait été choquée, elle s'était jurée de ne plus tenter quoi que ce soit avec lui, de ne pas essayer de le revoir pour quelques explications. Il n'y avait plus rien à dire: il l'avait vraiment trompé sur toute la ligne.

Et cette rumeur qu'elle avait entendu dernièrement, concernant sa demande en mariage avec encore une autre fille, du nom de Kaylee... Il enchainait... C'était la cerise sur le gâteau. Grace ne croyait habituellement pas au rumeurs, elle n'était pas si naïve, mais tout de même, il n'y avait pas de fumée sans feu, et comme cette rumeur concernait Jude, elle avait éveillé son attention. Mais maintenant, elle ne ressentait pour lui que de la haine, suite à sa profonde déception. Il l'avait trahis. Pire, il s'était joué d'elle, la torturant volontairement...

Aussi, elle ne lui dit rien lorsqu'il se retourna pour partir. Elle ne voulait pas le retenir. Lui non plus ne voulait pas lui parler. Il fuyait toutes explications ! Quel lâche ! Qu'il parte comme il était parti ce matin là ! Mais qu'à cela ne tienne, tant pis, ils n'avaient plus rien à se dire, tout était réglé, tout était clair comme de l'eau de roche. Raa elle aurait bien eu envie de lui faire autant de mal qu'il avait pu le lui faire... Mais elle en était incapable, car rien que le fait de le revoir si proche d'elle, de s'être touchés en se rentrant dedans, l'avait complétement retourné. Il était intouchable. Et le pire, c'est qu'il lui faisait toujours autant d'effet... Donc mieux valait pour elle qu'elle s'éloigne, l'ignore et fasse comme s'il n'avait jamais existé, qu'elle oublie tout, sinon, elle allait encore en souffrir...

Grace sent alors son portable vibrer. Elle a un message du jeune homme qu'elle doit rencontrer. Il est arrivé. Pourtant, elle ne le voit pas... a moins que... Tiens, mais en voilà des petites converses vertes aux pieds de... de Jude !! Non. Non. Non, ce n'est pas possible. Ca doit être une coïncidence. Une grosse coïncidence, certes, mais une coïncidence !!
Elle sent son rythme cardique qui s'accelère. Combien de eprsonnes se trimbalent dans le parc à 17 heures avec des chaussures vertes? Elle n'a vu que lui...

Et si c'était lui? Elle veut en avoir le coeur net. Elle répond rapidement au sms: je suis derrière toi.
Elle regarde alors attentivement la silhouette de Jude pour voir s'il va prendre son portable dans ses mains pour lire ça et se retourner vers elle... Elle commence soudainement à appréhender sa réaction. Pourtant c'est lui qui est en tors, pas elle. C'est lui qui l'a laissé ! Va t-elle lui rendre ses clés finalement? Elle pourrait tenir là l'outil d'une vengeance... Elle est tellement troublée et pétrifiée qu'elle ne sait même pas si elle doit espèrer qu'il se retourne ou pas.

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La clé du mystère

Le mois d’août. C’est bientôt fini les vacances. Celles-ci ont été riches en émotions. Entre la naissance de Joshua, le coma de Cassie, la rupture de Marissa, les petits boulots, le départ d’Isabelle chez elle, les résultats de fin d’année et les inscriptions à l’université. J’ai eu pas mal d’occupations. Même plus que ça !
Je mange de temps en temps à la cafétéria, les jours les plus calmes. Le lycée est beaucoup moins vif en ces temps de vacances. C’est reposant et beaucoup plus agréable. J’apprécie le silence des couloirs. La folie de la fin des cours s’est évaporée pour laisser place à la sérénité. Mais voilà, alors que j’étais dans ma chambre, je me suis rendu compte que j’avais perdu quelque chose d’important. J’ai refait tout mon trajet. Je m’en voulais. Je ne pouvais pas. Pas ça. Pas ma clé. On a tous des secrets. Cette clé ouvre la porte aux miens. C’est sans doute grotesque pour la plupart des gens mais j’ai une boîte à secret. Un rectangle de bois taillé. Pas de grands dessins, ni de bordures élaborées. Un mélange de trois bois. Mais le plus important est ce que renferme cette boîte. Des bandes vidéo, des photographies, des petits mots, des tickets, des livres… Ce sont des petits objets qui me représentent. Ils retracent mon histoire. Sauf que j’ai perdu la clé qui ouvre le cadenas. Personne ne connait l’existence de cette boîte. Même pas ma sœur, même pas mes meilleurs amis. Il n’y a que moi. Rien que moi. C’est mon jardin secret.

J’ai cherché dans tous les endroits possibles. Ma chambre, les couloirs… J’ai été aux objets trouvés. Partout. Pas un seul endroit n’est passé à côté de mon regard de lynx. Et pourtant… Pourtant je n’ai pas réussi à mettre la main sur ma toute petite clé. Ronde avec des crans striés. Pour ne pas la perdre j’avais même mis un porte clé. Plutôt un truc artisanal et pas trop élaboré. Non je n’allais pas accrocher un petit chat en peluche. Il y avait également avec cette clé, le double de mes clés de voiture. Et c’est tout.
N’ayant plus d’autre choix, j’ai tenté le tout pour le tout en postant un mot sur le panneau d’affichage. J’ai gardé toute la journée mon portable avec moi, sursautant à chaque fois qu’il vibrait. Je me suis senti vraiment ridicule mais pourtant, je n’ai réussi à me calmer.

La bonne nouvelle arriva avec le message d’un numéro inconnu. Elle les a retrouvées ! Je dis « elle » car elle m’a dit que je pourrais la reconnaître à son sac à main rouge. Qui porte ce genre de sac voyant ? Je n’ai pas fait de commentaire, trop heureux de pouvoir enfin mettre fin à mes recherches. Voilà trois jours que tout a commencé. J’ai donné rendez-vous un peu plus tard dans la journée, je ne pouvais pas me permettre d’attendre plus longtemps. J’ai enfilé mes baskets colorées. Je sais que ça ne me ressemble pas ce genre de vêtements, la plupart des gens disent que je ne m’habille qu’en sombre. Mais parfois je varis ! Je les ai surtout achetées pour faire un clin d’œil à ma sœur et à notre confrérie. Je porte un jean troué au niveau du genou et un t-shirt blanc. Je passe la main dans mes cheveux que j’ai coupés récemment. Je n’aime pas le résultat, mes mèches me manquent ! Mais bon, ça commençait à devenir vraiment long. Maintenant c’est trop court. Ce n’est pas définitif, c’est ça le principal !
Je plonge ma boîte dans un sac à dos. Je ne sais pas trop pourquoi je la prends. Par reflexe sans doute. Pour pouvoir vérifier si c’est la bonne, si on ne m’arnaque pas. Alors que je sors de ma chambre, je trouve ça stupide et décide de la reposer. Mais je n’ai plus vraiment le temps. Le rendez-vous n’est plus qu’à cinq minutes. Alors je fonce, mon sac accroché à l’une de mes épaules. Comme ça, je pourrais en profiter pour faire un peu de courses après. Mes mains se fourrent dans mes poches et j’approche à grand pas du parc. J’aurais dû préciser une des entrées ou bien un arbre imposant. Parce que maintenant, je ne sais pas où trouver la propriétaire du sac à main rouge. Je l’imagine en cuir vernis ce sac. Alors les chaussures à talon qui va bien avec. Une petite robe noire ou blanche près du corps en haut et virevoltante à mi-cuisse. Le tout avec de jolis cheveux tombant en cascade sur les épaules et des lunettes sur le bout du nez. Une monture fine, couleur or d’une grande marque. Oui, je me fais sans doute un peu de film. Tout ça à cause d’un seul sms ! Je verrais bien. Il faut rêver parfois. Moi aussi, j’ai mis mes lunettes. Le soleil est éblouissant ce soir.

Je marche dans le parc en observant toutes les personnes qui m’entourent. Au bout d’un certain temps, je sors mon téléphone pour envoyer un nouveau message à l’inconnue. « Je suis au parc. Dis-moi où tu es exactement.» C’est à ce moment-même, alors que mes yeux étaient rivés sur l’écran de mon téléphone que je suis rentré dans quelqu’un. Un peu secoué je me suis tout de suite excusé. J’ai alors levé les yeux et…

Grace. Grace. Grace. Grace. C’était Grace. Mon inconnue, ma belle brune incroyable. Je l’ai rencontrée il y a deux mois de cela. Nous avons immédiatement eu un contact électrisant. Nous avons fini la soirée ensemble, dans ma chambre. Tout avait été parfait. Enfin… Tout jusqu’au lendemain matin. Je me suis absenté quelques minutes pour aller nous acheter un petit déjeuner. J’ai peut-être été plus long que prévu mais… A mon retour elle n’était pas là. J’ai attendu et je ne l’ai jamais revue. Alors je suis partie à sa recherche. Un jour, je l’ai vu en ville en pleine discussion avec Trevor. Ce n’était pas juste des mots envoyés en l’air sans aucun sens. Ils semblaient très proches. De très bons amis. Je les ai entendus rire entre deux phrases. Je n’ai pas supporté ce spectacle. C’était clair qu’elle m’avait menti pendant toute la soirée pour me faire du mal. Tout ça parce que je livre une guerre avec Seyton. Elle a sans doute choisi son clan avant notre rencontre, qu’elle a sans doute déclenché exprès. Je ne me suis alors plus approché d’elle. Je n’ai fait aucun autre pas. Et apparemment, elle non plus. Tout est devenu clair dans ma tête. Je ne sais même pas pourquoi ça me chamboule de la croiser maintenant.

Je m’écarte un peu, lui fait un léger sourire et tourne les talons. Je n’ai rien à lui dire. Je sais que je pourrais rapidement devenir violent et méchant. Alors autant éviter ça. Dos à elle, je commence à marcher. Ma main se serre sur mon téléphone. J’attends avec impatience de recevoir le message de l’inconnue. Parce que là, tout de suite, il faut que je me change les idées !