Rencontre avec une Sigma... (Kaylee)

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Je réfléchissais à la proposition de la jeune femme. J'avais complétement zappé qu'elle était sous médocs, l'alcool était donc déconseillé pour elle... Je ne tenais pas à lui faire faire un malaise. Et puis, jouer avec elle alors qu'elle n'était pas au maximum de ses capacités ne m'amusait pas vraiment... Je voulais voir de quoi était capable la vraie Kaylee. Il me faudrait pour cela être patient et reporter ce petit jeu.

« J'avais oublié ce détail... »

Déclarai-je soudain moins excité.

« Mais tu ne m'échapperas pas comme ca... »

J'ajoutai un sourire en coin.

« Je remets ce défi au jour où tu seras valide, et où l'on aura plus de marge de manœuvre... »

C'est vrai que des défis dans une voiture, il n'y en avait pas 50, on ferait vite le tour... Les choses seraient bien plus intéressantes ailleurs, et une autre fois. Après avoir regardé quelque instant Kaylee, tout en me disant que j'aurais ainsi tout le temps du lui préparer un défis à sa hauteur, mon regard se tourna vers le bâtiment de notre confrerie. Et là... Quelque chose clochait... C'était comme s'il manquait... La pluie. Elle s'était arrêtée.

« Ca y est, il pleut plus. »

Informai-je la jeune femme au cas où elle ne l'avait pas remarqué. Nous sortîmes de ma voiture et nous dirigeâmes vers notre bâtiment après que je lui eus proposé de la raccompagner. Puis chacun de nous retourna à ses occupations. Cette rencontre peu banale m'enthousiasmait pour la suite...

Sujet: Re: Rencontre avec une Sigma... (Kaylee) Mar 8 Jan 2013 - 17:15

Nous étions encore une fois sur la même longueur d’onde. Comme quoi, j’avais finalement sans doute bien fait d’entrer dans ce foyer qui me traumatisais encore. Pour le moment je ne regrettais pas en tout cas. Même si tout au fond de moi j’étais peut-être un peu inquiète d’être ici, dans cette voiture, sans me soucier du reste. Inconsciente que je suis. Mais je persistais à croire que ce garçon n’était pas méchant, du moins il ne le serait sans doute pas avec moi, même si finalement je n’en savais strictement rien. Moi et ma manie de vouloir faire confiance à tout et à tout le monde… Après ça, il me semble un peu songeur, comme dans ses pensées. Je n’aurais peut-être pas du emmètre l’hypothèse qu’il pourrait devenir un peu trop proche… Sinon, il m’aurait clairement rassuré sur le sujet non ?

Je me redressais un peu dans mon fauteuil tandis que je tentais de penser à tout autre chose, en lui rétorquant sa propre question. Question à laquelle il ne semblait pas du tout s’attendre. Il m’informa finalement qu’il avait fait mieux que de cacher une fille sous des feuilles, laissant un petit suspens pendant quelques secondes. Je souriais timidement en arquant un sourcil, en attendant la suite. La suite qui ne vint pas, selon lui, c’est une chose que je n’aimerais pas entendre. Ce qui avait le don de me rendre on peu plus curieuse. J’étais prête à le contredire, n’étant pas tellement du genre à juger sur des faits et gestes. Mais le jeune homme changea de conversation après avoir bu une autre gorgée d’alcool.

« Hum… Oui pourquoi pas, ça fera passer un peu le temps. Tu penses à quoi ?»

Répondis-je à sa proposition de jeu, tout de même curieuse de savoir ce que cela pouvait être. Parce que mine de rien, j’étais tout de même limité avec mes gestes, et nous étions limités également étant dans l’habitacle de la voiture. Rapidement il me donna une réponse pour me donner les règles du jeu. Un jeu que je ne connaissais que trop bien. Je laissais un vrai sourire s’échapper de mes lèvres avant d’hocher la tête en signe affirmatif. Seul hic : Je viens de me promettre de ne pas retoucher à la bouteille aujourd’hui. Mon esprit était bien trop embrumé qu’à la normale.

« J’en dit qu’on pourrais se marrer oui. Seulement si je continue de picoler, je risque de m’évanouir à cause de mes médicaments. Je te propose de tenter le coup, et au pire des cas, ce soir on se retrouve au bâtiment pour continuer ? »

Voilà un joli compromis. Je devrais être raisonnable, mais cela incluait également de refuser, chose dont je n’avais absolument pas envie. Choix difficile donc. Je réfléchissais un instant pour savoir ce que j’aurais pu lui faire faire, mais aucune idée fun ne me venait éclairer ma lanterne. Je me mordais la lèvre inferieur en m’enfonçant dans le siège de la voiture, puis me tournais à nouveau vers mon camarade.

« Alors tu as une idée en tête pour essayer de me faire picoler jeune homme ? Attention je suis plutôt forte à ce jeu ! Tu risques peut-être de le regretter. »

Dis-je avec un sourire en coin et un petit clin d’œil. Je n’étais pas franchement sérieuse, sur le fait qu’il aurait pu regretter d’avoir lancé ce jeu, bien que oui, j’étais plutôt douée pour faire des trucs un peu dingue. Peut-être allait-il me faire découvrir un côté de moi totalement inconnu.

Spoiler:

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« Tu l'as dit ! »

Rajoutai-je lorsqu'elle me dit que la vie était mal foutue. Pas de chance pour elle, elle ne pouvait rien contre moi. Non pas que je la craigne, loin de là... Mais elle était entièrement sans défense, j'aurais pu en faire n'importe quoi si j'avais eu de mauvaises intentions... Mais je ne suis pas ce genre de sale type... non? Non. Pourquoi fallait-il toujours que j'ai des images violentes en tête ou des pensées malsaines? Pour me changer les idées, je regarde tomber la pluie quelques instants par la fenêtre. Kaylee me fait remarquer qu'il ne faut pas que je me montre trop entreprenant ou chiant, sinon... Sinon quoi? Je ne crains rien, ni personne. J'ai presque envie de la défier, de la tester, d'essayer de me montrer trop entreprenant, juste pour avoir la satisfaction et la surprise de voir de quel bois elle se chauffe... Oui, je suis vraiment très curieux la concernant. Je la connais à peine après tout...

Alors que j'échafaudais une stratégie pour mettre mon plan en action, la jeune femme me prend de cours en me posant une question à laquelle je ne m'y attendais pas du tout. Mais alors pas du tout. Elle me retourne ma propre question. Quel con. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir répondre à ca? Question de merde... En même temps, ca ne m'étonne pas, c'est ma question.

« Hoo, j'ai fais beaucoup mieux que ca... »

Répondis-je d'un ton de défis, tel un vantard que je ne suis pas du tout, mais à la fois décontracté pour ne pas qu'elle me prenne trop au sérieux, même si c'était vrai.

« ...Mais je doute que tu veuilles l'entendre, alors... »

En guise de contenance, je pris la bouteille pour en boire plusieurs gorgées, espérant qu'elle n'insisterait pas, puis, pour m'en assurer, je décide d'entamer un autre sujet de conversation, reportant l'intention sur elle, car je n'aime pas qu'elle soit sur moi et je ne tiens pas à la choquer en lui apprenant qui je suis et ce que j'ai pu faire dans ma vie:

« Ça te dis qu'on fasse un jeu tout les deux? »

C'était plus fort que moi, je voulais la tester, voir de quoi la sigma était capable. Et j'aimais relever les défis, il fallait bien que l'on s'occupe un peu... Comme elle attendait la suite avec curiosité, je rajoutai:

« Chacun propose des défis à l'autre, et s'il refuse, il boit... »

Vraiment basique comme jeu. Mais je savais pas expérience que cela pouvait rapidement devenir fun. C'était surement une très mauvaise idée de jouer à ca avec elle. Mais c'était ce qui rendait cela excitant. Qu'allait-elle en penser? Elle n'avait aucune chance de gagner contre moi, et elle devait surement tenir beaucoup moins l'alcool... Allait-elle foncer tête baisser ou utiliser la ruse?

« Qu'en dis-tu? »

Demandai-je doucement la regardant yeux dans les yeux avec un air d’analyste, comme si mon simple regard pouvait la faire céder. Le pouvait-il?

Sujet: Re: Rencontre avec une Sigma... (Kaylee) Mer 28 Nov 2012 - 12:37

Quand le jeune homme, visiblement surpris, me demandait si j’avais vraiment fait ce que je venais de lui dire, j’acquiesçais d’un signe de tête en pinçant mes lèvres. Et oui, vraiment. Certes dans cette histoire je n’avais pas été toute blanche non plus, mais ce n’était qu’un jeu, un pari avec Evangeline, comme on avait l’habitude de faire. Et ce connard m’avais pris plus qu’au mot, d‘ailleurs si mon amie n’était pas arrivée, je ne sais pas comment cette histoire se serais soldée. En tous cas nous lui avions laissé un joli petit souvenir, il n’était pas prêt de nous oublier.

Mais comme je vous l’ai dit, cela peut paraitre un peu ridicule quand c’est la réponse à la chose la plus folle que nous ayons faite. Pas que j’ai spécialement honte de cette réponse, mais il s’attendait peut-être à plus croustillant ou… je ne sais pas vraiment ce qu’il attend de moi, et de mes réponses. Et sans attendre, il me répondit que oui, il trouvait ça ridicule, je m’y attendais un peu pour tout vous dire. Je haussais les épaules avec une mine boudeuse… et bien tant pis pour moi. Il se ravisa ensuite presque immédiatement pour me dire que finalement non, il trouvait même ça cool selon ses dires.

« Tu sais, tu as le droit de trouver ça naze. J’vais pas te bouffer pour ça hein. J’pourrais même pas te frapper, regarde dans quel état je suis. C’est un comble, se battre et ne rien avoir, glisser et se blesser gravement. La vie est mal foutue, j’te le dis !»

Et je montrais à nouveau mon épaule blessée. Nouveau sourire, il avait l’air sincère quand il s’était rattrapé, mais j’aimais bien taquiner les gens, et c’est ce que je faisais à ce moment même. Et comme s’il se rendait compte de ce que je venais de lui dire, il me dit plus ou moins sérieusement que c’était sans doute lui qui avait pris un grand risque de me laisser monter dans sa voiture. Je laissais échapper un petit rire de ma gorge. Oh non pour le moment il ne risquait rien du tout. Dans l’état dans lequel je me trouvais, je serais sans doute incapable de faire quoi que ce soit, la blessure, l’alcool, les antidouleurs. Ca fatiguait.

«Seulement si tu comptes te montrer un peu trop entreprenant et relativement chiant. Sinon je t’assure que tu ne risques rien. »

Le rassurais-je finalement en ponctuant par mon éternel clin d’œil. Allez une dernière gorgée l’alcool, et j’arrêtais ! Ma tête tournait un peu, et ce n’était pas le meilleur plan du monde. Je la reposais entre nous deux, et me promettais intérieurement que je n’y retoucherais pas aujourd’hui. Je regardais rapidement l’heure, cela tournais à une allure folle, il serait probablement bientôt le temps pour moi de rentrer, juste pour prouver à mon coloc’ que je suis toujours en vie. Mais pour le moment on était bien là. Autant profiter des petites choses.

« Confessions pour confessions, à toi de me dire ce que tu as fait de plus fou ! A part cacher une fille sous un tas de feuilles morte… »

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Kaylee me fit remarquer que l'une des choses folles qu'elle avait fait était de monter dans une voiture avec un inconnu, en l'occurrence, moi même. Elle m'avait adressé une tape sur l'épaule, pour me montrer qu'elle plaisantait, je rigolai donc simplement avec elle, ne prenant pas la chose au sérieux... et pourtant... oui, Kaylee avait pris un risque. Je pouvais faire n'importe quoi. Elle ne me connaissait pas, elle n'avait aucune idée de mon passé. J'aurais très bien pu être un fou furieux, un détraqué sexuel, ou un psychopathe... Fort heureusement pour elle, je n'étais aucun de ces trois là. Enfin, jusqu'à maintenant du moins.

Elle me répondit alors plus sérieusement, m'apprenant qu'elle avait frappé un serveur dans une boite de nuit suite à un paris qui avait mal tourné...

« Vraiment? »

Répondis-je, surpris dans le bon sens. Je voyais mal Kaylee se battre au coude à coude avec quelqu'un, et encore moins un homme... Par contre, je la voyais bien faire des paris. Elle m'avait l'air assez joueuse. Et c'était une chose que je pouvais comprendre, car moi aussi, j'aimais relever des défis, surprendre, aller là ou on ne m'attend pas, même si paradoxalement, je ne voulais rien prouver à personne. Je me le prouver à moi même. J'aimais me dépasser. Même si parfois j'aurais du éviter, car je faisais n'importe quoi...

La demoiselle me demanda alors si je la trouvais riddicule.

« Oui ! »

Déclarais-je spontanément, sans réfléchir, en l'imaginant se battre... Puis je me rendis compte que ce n'était pas la réponse attendue.

« ...Heu... Je veux dire... Non !! Non bien sur que non... »

C'est moi qui était plutôt ridicule...

« ...C'est cool. »

Rajoutai-je en acquiescant, et je le pensais.

« Finalement, c'est peut-être moi qui ai pris le plus grand risque en te laissant entrer dans ma voiture... »

Sujet: Re: Rencontre avec une Sigma... (Kaylee) Mar 16 Oct 2012 - 20:07

Je me demandais toujours ce qui m’avais valu ce regard si insisté sur moi, presque dévorant. Et même si de lui demander si j’avais un truc entre les dents n’était qu’une blague, je n’avais pu m’empêcher de passer ma langue dessus discrètement. Un truc de filles quoi… imaginez que ce soit vraiment le cas, ce peut-être gênant. Ou pas, en fait je pense que j’en rigolerais, parce que je suis loin d’être une Eta qui fait attention à son apparence, à son look, a ses cheveux et j’en passe. Combien de fois me suis-je retrouvée à sortir complètement déguenillé ? Impossible à comptabiliser.

Je continue de regarder mon camarade, qui semble chercher ses mots, je me disais bien que je n’avais rien entre les dents aussi… J’essaye de ne pas trop le fixer, parce que ce sont des choses qui ne se font pas. Je suis patiente, donc j’attends. Et puis je sens son regard revenir sur moi, donc je fais de même, et la suite arrive, son petit sourire malicieux me fait deviner qu’il a peut-être une idée derrière la tête, sauf que moi je ne suis pas devin, ni une flèche. Les détours j’évite parce que je suis longue à la détente parfois. Jusqu’où je suis capable d’aller ? Voilà un bon exemple, sur quel point ? Je fronce un instant les sourcils, j’essaye de construire une phrase un peu vague dans mon esprit qui commence à être légèrement embrumé par la vodka.

Je réfléchie, parce que je n’ai pas envie de répondre quelque chose complétement à côté de la plaque, ou sorti de son contexte. Mais le jeune homme semble m’aider à y voir plus clair, en me demandant plus ou moins clairement quelle est la chose la plus folle que j’ai faite. Alors là bonne question mon ami. Je lâchais un petit rire, avant de reprendre une gorgé d’alcool. Je relevais une fois de plus mes cheveux mouillé et repris la parole.

«Tu veux dire, à part suivre et monter dans la voiture d’un inconnu ? »

Non ça, c’est de l’inconscience, ou un surplus de confiance. Je lui donnais une petite tape sur l’épaule avec un grand sourire affiché.

« Je plaisante, je crois que ça devient une habitude chez moi, ça. »

En effet, ce n’est pas la première fois que cela m’arrive, c’est d’ailleurs comme cela que j’ai connu Jude, en m’enfuyant avec lui toute une journée entière, alors que je connaissais à peine ce jeune homme, pour ne rentrer que tard dans la nuit. Bien avant l’ouragan en fait. Mais justement, cette journée, je crois qu’elle eut été la plus dingue, depuis bien longtemps. Mais je n’ai pas envie d’évoquer tout ça, surtout qu’à un moment donné cette histoire, la fausse demande en mariage, le faux bébé, tout ça sera cible de rumeur, inutile d’en rajouter une couche. Pas que j’en ai honte, bien au contraire, j’en garde un très bon souvenir, et de très bons fous rire, mais les gens n’ont pas besoin d’alimenter leurs vies avec la mienne.

« Le plus fou je ne sais pas, j’en fait des conneries, comme tout le monde.. Castrer et frapper un serveur en boite de nuit, un peu trop entreprenant suite à un pari qui tourne mal ça fonctionne ? »

En effet, ce n’est pas génial une fois que cela sort de ma bouche d’ailleurs j’en plisse un peu mes lèvres. Une sigma oui… je sais bien qu’il y a des gens de cette confrérie bien plus dingue que moi, mais nous le sommes tous un peu à notre manière non ? J’ai beau chercher quelque chose de meilleur, définir le plus fou est finalement bien difficile. Je baisse un instant les yeux et me retourne vers mon camarade, tout en lui disant avec une pointe d’humour dans la voix.

« Tu dois me trouver ridicule finalement, non ? »

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J'haussai les sourcils d'un air pathétique. Ses parents étaient dans la pub, je vois bien le genre. Je ne suis pas quelqu'un qui se base sur des préjugés, je ne juge pas les gens que je ne connais pas, mais je sens bien que Kaylee n'est pas proche de ses parents, et elle m'a l'air d'être une fille bien, elle me ressemble sur certains points... alors j'imagine que ses parents ne sont que de gros sales riches qui n'ont jamais considéré leur fille à sa juste valeur. Pas étonnant qu'elle se soit barré, surtout si cela ne lui plaisait pas. Je suis comme elle, je suis parti, et je n'aime pas qu'on m'impose quoi que ce soit...

Kaylee se demanda alors pourquoi je le regardait ainsi. Oup's... Je ne m'étais pas vraiment rendu compte que je la dévisageait. Enfin, maintenant qu'on en était là...

« Non, c'est juste que... »

Je détournai quelques instants le regard, d'un air enigmatique, un sourire au coin des lèvres, réfléchissant à la formulation de mes pensées, puis mes yeux revinrent se planter dans les siens:

« Je me demandais jusqu'où tu étais capable d'aller... je veux dire... Tu es une sigma... »

Elle m'avait l'air si sage pour quelqu'un de ma confrérie. Je n'y connaissais pas grand monde, certe, mais maintenant que j'avais affaire à l'un des membres, je me demandais bien s'ils étaient tous aussi barges que moi. Enfin, je n'étais pas vraiment barge. Moi aussi j'avais l'air calme et réfléchis lorsqu'on me voyait comme ca. Alors qu'en faite, c'était tout l'inverse...

« ...Quelle est la chose la plus folle que tu ais faite? »

Lui demandais-je plus clairement, au cas où elle n'aurait pas compris où je voulais en venir. Je voulais mettre un peu de piment... Nous étions deux jeunes gens, dans une voiture, à l'abris des regards indiscret, alors qu'il pleuvait à saut dehors. Quelles idées cela pourrait-elle lui donner? Je voulais la tester pour m'amuser un peu, mais tout en la respectant bien sur. Les femmes m'avaient toujours parue plus vulnérables que nous les hommes. J'avais beau en avoir connu dans les rues, comme Kasey, ou Jaden, par exemple, cela n'avait en rien changé mon opinion. Et puis, je voulais aussi plus la connaître, elle attirait ma curiosité, pourtant pas très développée.

Sujet: Re: Rencontre avec une Sigma... (Kaylee) Lun 1 Oct 2012 - 23:02

Visiblement le jeune homme ne savait pas vraiment dan quoi se lancer par la suite, qu’il prendrait sans doute e qu’il y aurait. Il ne m’a pas l’air d’être si compliqué que cela finalement. Du moins, il n’a pas l’air de se prendre la tête pendant des heures, ou des semaines sur des choses qu’il jugerait comme futile. E sont e genre de personnes qui me plaisent, parce que je sais que je me prends rarement la tête avec elles. Je hoche la tête en souriant. Mon frère également est un peu comme cela, il va où le vent décide de l’emporter. Comme la France… mais cette fois, le vent a tourné, et il me le ramène bientôt, pour mon plus grand plaisir. D’ailleurs… en parlant de famille, le jeune homme se tourne vers moi pour me demander ce que mes parents avaient décidés à la base pour mon futur. C’est dans un sourire moqueur que je lui réponds.

« Ils sont dans la pub, des gens super influant tu vois le genre. ‘Parait que je devais avoir un haut poste de directive dans leur boite… mais c’est pas vraiment mon truc à moi. »

Et que le piston ce n’est pas non plus quelque chose que j’affectionne. En réalité je ne savais pas réellement ce qu’était ‘mon truc’ je n’y avais pas franchement réfléchie, à moins de me lancer dans la chose dans laquelle je me débrouille encore le mieux : la communication. Mais j’ai le temps, la fin de l’année n’est pas encore arrivée. De toute façon, à dix-huit ans, on a toujours le temps. Ou pas. Une fois que le jeune homme avais fini de reprendre une gorgée de Vodka, je pris la bouteille de ses mains pour boire à mon tour, et la reposait entre nous deux. C’est à cet instant que je me rendais compte qu’Aiden me fixait, tout du moins, son regard était bien appuyé sur moi. Je passais une main sur mon visage, dans mes cheveux.

« Qu’est-ce qui se passe ? J’ai un truc entre les dents ou… ? »

Dis-je avec humour. Bien que le fais que son regard sur moi me laissait curieuse. Je ne le sentais pas méchant, ni quoi que ce soit de ce genre, donc je ne voulais pas me faire des films, ou m’inquiéter et flipper pour aucune raisons valable et de fait, passer pour une grosse parano. Je regardais à droite, puis à gauche, avec un air amusé pour savoir de quoi il en retournait réellement, je ne suis pas voyante, je ne prédis ni l’avenir, et je ne lis pas non plus dans les pensées des gens. Il allait falloir qu’il m’aide pour le coup.

« Tu… tu veux faire un truc ou… Bouger d’ici ? Enfin comme tu veux. »

Et selon sa réponse, j'aviserais sans doutes. Comme toujours. Je ne m'en fait pas, et puis vallais mieux lui demander son avis, au moins je serais fixée.

[H.s : désolé c'est médiocre, mais je me rattraperais c'est promis!]

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Kaylee me répondit que comme moi, elle n'était pas vraiment faite pour les études. Elle me demanda ce que je voudrais comme boulot... A vrai dire, je ne m'étais jamais vraiment posé la question. Je n'étais pas comme les autres gens, à avoir un rêve ou un but dans la vie. Moi, je me laissais porter par le courant, en espérant aller le plus loin possible.

« Je ne sais pas vraiment... Je prendrai ce que je trouverai... »

De toute façon, je savais bien qu'avec mon niveau scolaire, je ne pouvais pas prétendre à grand chose, à moins de me forcer à continuer plus loin les études pour obtenir un diplôme qui en vaille le coup. Mais je ne comptais pas me forcer à quoi que ce soit. Ce n'était pas pour moi. Et d'ailleurs, j'étais bien content de n'avoir personne qui m'obligeait à faire quoi que ce soit... Il fallait bien un avantage à ne plus avoir de famille... Etait-ce vraiment un avantage? Car si quelqu'un m'avait poussé, peut-être que j'aurais plus eu confiance en moi? Je ne sais pas... La seule chose que je sais, c'est que je perd mon temps à l'école. J'ai déjà l'impression d'avoir fait un effort surhumain pour reprendre après mon année passée dans les rues...

Kaylee ne savait pas vraiment quoi faire non plus de son côté. Elle ne se sentait pas prête à travailler. Et comme moi, elle n'était pas certaine d'avoir son examen. Comme elle m'avait parlé de ses parents qui voulaient qu'elle soit ce qu'ils voulaient faire d'elle, une question me vint, que je lui posai d'emblée:

« Tes parents te destinaient à quelles études? »

Je voulais en savoir un peu plus sur ce qu'ils voulaient de leurs fille. Cela avait bien du les emmerder qu'elle se barre comme ca, du jour au lendemain, mais l'attitude qu'elle avait eu me plaisait. Évidemment, puisque j'avais fait pareil... Sauf que moi, je n'étais destiné à rien. Je n'étais personne.

Je vis que la jeune femme jetait un coup d'oeil à son montre. S'ennuyait-elle en ma compagnie? Il faut dire que parler de l'avenir, ce n'était jamais très agréable, car tout était incertains. Mais c'était elle qui avait lancé ce sujet, non? Forcément, puisque je n'avais pas été fichu d'en trouver un... Enfin c'était toujours mieux que rien, et j'appréciais Kaylee. Alors non, je ne pense pas qu'elle s'ennuyait en ma présence. Car rien ne l'empêchait de partir à part la pluie... Donc rien. Je repris une gorgée de vodka. C'était agréable de boire un coup avec une compagnie, moi qui m'étais souvent retrouvé seul... Ce changement dans mes habitudes était plaisant. Je n'aimais pas la routine, j'étais instable, j'agissais au feeling, toujours là où l'on ne m'attend pas.

Je jetai mon regard sur Kaylee, attendant sa réponse en regardant l'eau qui dégoulinait doucement et sensuellement le long de sa chevelure blonde. Tout deux dans une voiture sur un parking vide alors qu'il pleut à verse... C'est que cela me donnait presque des idées. Mieux valait que je ne boive pas plus. Pourtant, l'envie soudaine de tout envoyer balader et de tester la demoiselle sur ce qu'il était convenable ou non de faire m'avait envahie. Se pouvait-il que l'idée lui soit venue à elle aussi?

Sujet: Re: Rencontre avec une Sigma... (Kaylee) Mer 12 Sep 2012 - 19:13

Le jeune homme répondit à ma question, de manière très direct, il avait l’air d’être sûr de lui, et de ne pas hésiter. Apparemment, selon ses dires, les cours n’étaient pas faits pour lui, ou peut-être le contraire, il n’était pas fait pour les cours. En même temps, qui, chez les Sigma Mu, l’étaient ? Personnellement, de tous ceux que je connais, je ne trouve pas un seul nom. Moi la première. Et puis à la base, j’avais posé cette question pour moi, une façon détournée de savoir si je le reverrais l’année d’après ou non. Il me dit vouloir trouver un boulot, si ses résultats le permettent. Oui, pas bête. Je ne sais pas pourquoi, ni d’où me vient cette idée, mais je le vois bien être dans l’aide aux personnes. Du genre médiateur pour jeune difficiles, ou quelque chose dans ce genre.

« Ouais… je crois qu’on est pareil sur ce point, les études. Et tu sais ce que tu voudrais, comme boulot ? Désolé… je pose beaucoup de questions je sais. »

On en aurait pu croire que je suis de la police. Mais non, pas du tout. C’est pourquoi j’ai préféré m’en excuser. Cette rencontre avais plutôt bien débuté, et nous avions parlé de plusieurs choses, plus ou moins profonde, il m’avait conseillé, sans le vouloir, et avais réussi à me faire réfléchir sur certaines choses. La personnalité de ce garçon m’intéresse voilà tout. Et puis, il vaut mieux ça, qu’un long, long silence gênant non ? Et puis, sans que je m’y attende, alors que cela paraissait logique, il me retourna la question. Paf, en plein dans ma tête. Continuer… ? Aucune idée. J’ouvrais un peu plus mes yeux, et ne put me retenir de laisser échapper un petit son avec ma bouche, les lèvres pincée. Signe que, réellement, je n’avais pas pris le temps de réfléchir à tout ça. Il serait peut-être temps, non ?

« Hum. Pour être honnête je n’en sais rien. J’suis pas sûre d’être prête à bosser à temps plein, mais la fac… voilà quoi. Et comme tu dis, faudrait-il encore qu’on ait notre exam’. »

Je termine ma phrase sur une note un peu plus enjouée. Parce qu’en fait, cette conversation n’est pas franchement drôle. En même temps, qui à part un hi, aime parler de l’école en dehors de celle-ci ? Même si, au fond, c’est important, quoi qu’on en pense. Je regarde l’heure de mon téléphone rapidement, celui-ci affiche 18h07. Déjà ?! C’est fou comme je n’ai pas vu le temps passer. La pluie s’est un peu calmée, mais ce n’est pas encore ça. On va quand même pas rester enfermé ici toute la soirée… Et si je lui proposais de venir boire un verre à l’internat ? Au moins on serais au chaud. Ceci donne à réfléchir…

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J'affichai un sourire en coin face à la remarque de la rebelle. Et encore, elle y allait doucement. Dans ce cas, j'imaginais ce que ca pouvait être en soirée. Je crois que je venais de rencontrer un sacré spécimen. Elle n'était pas de ma confrérie pour rien... J'aimais l'idée qu'on soit à part, un peu fous en quelque sorte, et qu'on ait des points en communs dans notre attitude. Les confréries étaient faites pour ca, non? Kaylee avait de la répartie, et du tempérament, ce que j'appréciais beaucoup. La jeune femme se tourna ensuite vers moi, et me fit la conversation, me demandant ce que j'envisageais de faire l'année prochaine. Si j'allais rester ici ou pas...

« Ce dépendra des résultats aux examens... Mais je pense trouver un boulot ensuite... Les études, c'est pas vraiment mon truc... »

Je n'avais jamais été très scolaire. Je n'écoutais pas en cours, car le plus souvent je dormais. Je n'étais pas bête, mais comme je séchais beaucoup, j'avais pris du retard sur les autres. Molly m'avait donné des cours particulier pour le rattraper, surtout étant donné que j'avais loupé une année lorsque j'étais dans les rues... Aujourd'hui, j'avais un niveau moyen. Je ne faisais pas vraiment d'effort pour m'améliorer, je me contentais d'avoir la moyenne, ca me suffisait. Je ne comprenais pas les gens qui passaient leur vie à étudier... Qui passaient à côté de leur vie... Pour ma part, les examens ne me stressaient pas. Au pire, je redoublerais... Au mieux, je sortirais de lycée. Mais pour mieux? Je n'en savais rien. Seul le temps pourrait le dire. Ce n'était pas très facile de trouver du boulot ces derniers temps... Mais je ne voyais pas non plus dans quel domaine j'aurais pu poursuivre des études... J'avais l'impression de perdre mon temps à l'école, d'apprendre des choses inutiles. On apprenait tout, sauf du concret. La vraie vie, je la connaissais et ce n'était pas ça...

« Et toi, tu vas continuer? »

Lui demandai-je, lui retournant sa question. Après tout, elle était dans la même classe que moi, elle se trouvait donc dans la même situation quelque peu inconfortable, car il s'agissait d'un tournant dans la vie. L'avenir était incertain et pouvait faire peur... Je ne savais absolument pas si Kaylee était du genre tête de classe ou pas, même si elle se trouvait dans la mienne. Je ne m'intéressais pas assez aux gens que je ne connaissais pas pour savoir ce genre de détails... J'avais peut-être tors, car je passais sans doute à côté de ma vie de lycéen, mais j'avais mes propres préocupations et mon cercle d'amis me suffisait déjà... Plus on est entouré, et plus on est seul finalement...

A ma première question, Aiden m’avais dit que c’était moi qui voyait. Au moins il ne me forçait à rien. Comme au contraire il aurait très bien pu me juger, me provoquer d’une certaine manière, avec une petite phrase généralement désagréable à se recevoir en pleine tête, comme l’avais fait Cédric avec moi une fois au parc jusqu'à ce que je lui fasse comprendre de ne pas jouer à ce jeu avec moi. Enfin bref, le fait de me laisser le choix, comme une grande fille que je devenais depuis maintenant un bon bout de temps avait décidé pour moi. Je vous l’ai déjà dit ce n’était sans doute pas raisonnable, mais nous n’avons qu’une vie n’est-ce pas ? Et pour ma part il y a peu de temps, j’aurais pu la perdre. Moi, ou mon attitude, ou mes choix, que sais-je, ont l’air d’amuser mon camarade. Et c’est sans doute mieux comme ça, je ne pense pas qu’il se moque de moi, et si se devait être le cas, et bien je ravie de pouvoir lui égayer cette journée pluvieuse d’une manière ou d’une autre.

Une fois ma longue goulée avalée, la remarque d’Aiden me fit tourner la tête. Je ne pense pas avoir pris une gorgé plus grande que moi, ou trop petite juste habituelle pour moi. Heureusement qu’il ait attendu que j’avale pour me dire ça, sinon j’aurais sans doute explosé de rire, et envoyer toute la vodka sur le pare-brise. Cela aurait été dommage non ? Je tousse légèrement étouffant un petit rire, et après lui avoir tendu la bouteille, qu’il attrapa, j’essuyais ma bouche d’un revers de main. Mes fringues allaient –encore- sentir l’alcool, et Jasper ne manquera pas de me le faire remarquer pour la énième fois sur un ton humoristique. Mais bon je commence à avoir l’habitude. Je l’observe un instant boire à la bouteille, par petites gorgés et me la rendre. Faire une remarque à mon tour sur sa façon de faire serait mal venu, lui conduit, moi pas. Et puis on a tous nos manières à nous.

« Et encore… Là j’y vais doucement… »

Je le dit sur un ton amusé mais ce n’est pas un mensonge. Vous auriez dû me voir à certaine fêtes, mes verres ne font pas long feu, généralement bu cul sec. Je reprends la bouteille qu’il me tend, sans pour autant la porter à ma bouche le but n’est pas de la torcher en moins de deux. Je le remerciais d’un signe de tête machinal. Et maintenant c’était comme si un silence un peu pesant s’était installé, il ne repris pas la parole, et moi non plus, il se contentait simplement de me regarder, et moi de même, jetant de petits coups d’œil par la vitre. La pluie nous prenait en otage, donc à nous de nous débrouiller pour passer le temps comme on pouvait. Et je me suppose donc à moi-même qu’il va falloir briser ce silence. L’idée de sortir d’ici, enfin du parking je veux dire, ne pas même pas travers l’esprit pour le moment. Je me tourne complètement vers lui pour être bien en face. Instinctivement je lui souris, avant de lui poser la question.

« Bon… Sinon tu comptes faire quoi l’année prochaine ? Si tu réussi, tu restes ici ou bien tu t’en vas ? »

Question bateau je vous l’accorde. Mais c’est toujours bien de savoir, parce que mine de rien, l’année commençais à se terminer, les examens n’avaient pas encore commencé, mais nos profs nous rappelaient de réviser tous les jours, sans que je le fasse pour autant parce qu’entre nous, j’avais bien d’autre préoccupations. Comme boire de la vodka dans une voiture avec un inconnu pas si inconnu que ça finalement. Et puis cela me permettrait de savoir également si mon ‘nouvel ami’ le resterais. Parce qu’à distance tout devient plus compliqué, par expérience je le sais. Et je saurais donc à quoi m’en tenir alors. Eviter de s’attacher d’une certaine manière à des gens que je risque de perdre un moment ou à un autre. J’anticipe les choses. Je reprends alors une petite goulée de la bouteille avant qu’il ne me répondre. Je ne crains pas sa réponse, pas encore. C’est trop tôt pour craindre quoi que ce soit.

Invité

Kaylee me lança un regard, que j'interprétai comme 'il n'y a que de l'alcool'. Elle fit remarquer que ca ne la dérrangeait pas, mais qu'à cette heure-ci, ce n'était peut-être pas très approprié. Personnellement, je n'avais pas d'heure particulière pour boire un coup, mais ça, c'était parce que j'avais eu l'habitude, en vivant dans les rues, de ne plus avoir de contraintes d'emploi du temps... Ce que j'avais retrouvé avec effroi en reprenant l'école. Je n'aimais pas les contraintes, quel qu'elles soient. Mais je savais aussi que la liberté avait son prix à payer... Enfin, je dois avouer que je ne déjeunais quand même pas à la goutte... C'était trop cher. Plus sérieusement, c'est vrai que tout le monde avait tendance à boire plus les soirs, en soirée, où lors de repas.

Elle me souri. Elle ne semblait pas me juger, et ne me prenait pas pour un alcoolique. Tant mieux. Je ne voulais pas passer pour quelqu'un que j'avais été et que je ne voulais plus être. Certes, je buvais quand même pas mal d'alcool, car c'était un vrai plaisir pour moi, mais je n'étais plus dépendant. Je regardai la jeune femme assise près de moi. Elle semblait hésiter, ce qui m'amusa un peu. Peut-être pas si rebelle que ça en fin de compte... Mais je ne la jugeais pas pour autant. J'attendais juste de voir un peu de quoi elle était capable, cette petite fille sage. Je faillis lui dire qu'elle n'était pas obligée lorsqu'elle affirma qu'elle voulait juste une petite gorgée. Il est vrai que j'avais inconsciemment un certain pouvoir d'influence sur les autres. Mais bon but n'était pas de la saouler... Quoi que... Non, c'était mal. Et lorsqu'elle déclara: fait péter la vodka, je ne pu m'empêcher de lui afficher un grand sourire... satisfait? Oui, un peu j'avoue... La vodka. Non la bierre. La jeune femme jouait dans la cours des grands. Ou en tout cas, c'est ce qu'elle voulait me montrer... Et j'avais hâte de voir ca, j'étais un peu amusé dans le fond.

« C'est toi qui vois ! »

Je débouchai la bouteille, et la tendit à Kaylee, une pointe de défis brillant dans mon regard. Je remarquai ensuite avec une surprise non feinte qu'elle en avala une grosse gorgée...

« Hé ben ! Tu n'y vas pas de main morte ! »

Lui fis-je observer, un peu amusé. Manquerait plus qu'elle rentre ivre à l'internat... Les femmes buvaient moins que les hommes, et elles supportaient moins les alcool fort... enfin du moins, c'était ce que je pensais. En plus, sachant qu'on n'avait pas mangé depuis midi et qu'elle devait surement avoir des médicaments pour son bras blessé, je me demandai un instant si c'était une bonne idée. Mais ce, juste un bref instant, car je fus amusé de la voir hocher la tête pour faire mieux passer le tout. Elle me tendit ensuite la bouteille, que j'attrapai de manière habituelle, comme si elle avait été greffée à main... Enfin, n'exagérons rien...
Je bu quelques petites gorgées, rien de bien impressionnant car ce n'était pas le but, je préférait plutôt savourer ce doux breuvage, en prenant mon temps. Je retendis ensuite la bouteille à Kaylee, pour qu'elle la repose ou en reboive, comme elle le voulait. Elle était assez grande pour prendre ses propres décisions. Les femmes me reprochaient trop souvent mon côté protecteur, alors j'essayais de les considérer comme étant assez fortes, enfin tout dépendait des cas de figure bien sur. Là, avec une sigma, je n'avais pas à la sous-estimer.

Je lui jettai un autre regard, toujours amusé, attendant de voir ce qu'elle allait faire. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire, n'était-ce pas les femmes qui étaient sensées être les plus bavardes et ne pas nous laisser le temps d'en placer une? Moi, j'avais été trop souvent seul pour savoir faire la discussion, et puis, en plus avec les femmes, je ne savais pas vraiment de quoi parler. Avec Kaylee néanmoins, nous avions échangé rapidement pas mal de choses sur nos histoires respectives, et cela était venu tout naturellement. Je ne faisais donc pas de soucis pour la suite...
Je regardai un instant tomber la pluie sur le par brise. L'averse n'avait pas l'air de vouloir se calmer tout de suite, nous allions devoir rester ainsi un bon moment... A moins que je ne prenne le voulant pour nous emmener je ne sais où, mais je ne vois pas trop où l'on pourrait aller par ce temps pourri, à part dans notre dortoire. On verrait bien ce que la demoiselle voudrait faire, moi, ca m'était égal. J'avais l'habitude de rester dans ma voiture ainsi, en buvant un coup. En plus là, j'étais en bonne compagnie...

[hj: désolé pour tout ce temps !! Enfin, ca t'aura laissé un peu de répit lol]

On aurait dit que le temps, et cette pluie soudaine, mettait fin à notre discussion, comme si cela suffisait comme ça, et qu’il fallait laisser place à un peu de surprise, ne pas tout dévoiler d’un coup. Nous laisser donc souffler un instant sur nos passé commun, nos problèmes, et nos ennuies. Remuer un passé plus ou moins douloureux est toujours délicat de toute façon, alors c’est un mal pour un bien finalement. Autant le faire en douceur. Nous devrions presque, j’ai bien dit presque, remercier le ciel. Et nous avions au moins appris à nous connaitre un peu mieux, et à installer une certaine confiance qui n’existait pas avant. Découvrir que nous avions également un bon nombre de points commun. Voilà ce que mon entrain et mon inconscience avait réussi à faire naitre. Et pour tout vous avouer, je n’en étais pas mécontente. Sans tout ça, jamais je ne lui aurais adressé la parole, installer cette discussion de la sorte, où peut-être dans un tout autre contexte, mais une chose est sure, je n’en aurais jamais appris autant sur lui. J’aimais qu’on me prouve qu’on pouvait me faire confiance, autant pour ces personnes, autant que pour moi, cela me rassurais sur ce que j’étais au fond, véritablement, et pas ce que mes parents avaient essayé de faire de moi. Quelqu’un sans sentiments et sans scrupules.

Enfin bref, je me levais à sa suite, parce que l’on ne pouvait définitivement pas rester ici, je ne voulais pas prendre le risque de tomber malade, en plus de ma blessure, ce serait vraiment le comble. Surtout que Nate doit bientôt arriver et je veux être au top de ma forme pour l’accueillir, et non avec une tête de zombie tout droit sorti d’un film d’horreur. Et puis bon, citez-moi une personne qui aime être cloué au lit avec de la fièvre et des frissons hein ? Je le voyais regarder aux alentours, je fis de même mais ne voyait décidément pas d’endroit apte à nous protéger. Et franchement, comme vous vous doutez bien que la dernière chose dont j’ai envie c’est de retourner au foyer. Surtout que je suis presque sure de descendre la bute, que nous avions monté pour venir, sur les fesses, moi et ma maladresse. Tant pis, dans ma tête je me résignais donc à devoir marcher en quatrième vitesse jusqu’au dortoir et ressembler à quelqu’un qui viens de tomber littéralement dans une piscine toute habillé. Jusqu’au moment où il m’annonça enfin que sa voiture était garée non loin de là, et si je le voulais. Inutile de réfléchir bien longtemps, je ne veux pas rester planter planté ici à attendre je ne sais quoi, et puis de partir, c’était mon idée au fond, alors autant la prendre.

«Ouep allons-y ! »

Et nous voilà parti donc en quatrième vitesse, non non, on ne courait pas, parce que vous le savez très bien je suis une maladroite née, un rien peu me faire basculer, trébucher, tomber, glisser, enfin tous les adjectifs que vous voudrez, et avec un bras en moins ce serait vraiment le comble que ce jeune homme doive m’accompagner en quatrième vitesse à l’hôpital pour une bêtise non ? Enfin bon, nous arrivons enfin sur ce parking, presque vide il faut bien l’avouer, et je le suivi donc jusqu'à ce qui semble être sa voiture. Une vois ouverte nous nous engouffrons tous les deux à l’intérieur. Enfin au sec… enfin sec, question de point de vue, mon jean et ma verste ne peuvent pas en dire autant. Je ne fais pas trop attention à l’état de sa voiture, une voiture de mec quoi. Pas trop de bordel juste ce qu’il faut, et je ne suis pas franchement pas la mieux placé pour en juger. Je retirais alors ma capuche pour secouer un peu mes cheveu, enlever le plus gros de l’humidité, ça goutait dans mon dos, vous savez, cette sensation désagréable, quand une goutte bien fraiche vous roule dans dos. Il ouvrit la boite à gants en me proposant de boire quelque chose, oui en effet ce n’était pas une mauvais idée. D’un air amusé je me tournais mon regard un instant vers lui quand je découvrais qu’il n’avait de l’alcool, et bizarrement même, cela ne m’étonnais que peu, en fait, de jugement extérieur simplement je le voyais mal se faire péter le bide à coup de jus d’orange.

« T’inquiète. C’est pas grave, même si à cette heure-ci, c’peux être un peu corsé non ? »

Je le rassurais, en souriant, que ce n’était pas un drame en soi. Il n’avait pas à se justifier, et d’ailleurs je n’avais pas à le juger sur ses petits plaisirs. Il est vrai que je picolais beaucoup plus en soirée, ou bien quand j’étais déprimé, loin des regards indiscrets, personne n’a besoin de savoir quand on va mal, où qu’on risque de finir dans un état pitoyable n’est-ce pas ? Il y a une grande différence entre boire pour se soulager, et boire pour faire la fête, et même si au final ce revient au même, l’état d’esprit dans lequel nous somme à la base joue pas mal sur le degré l’alcool que nous ingurgitons : alcool joyeux, alcool mauvais, alcool dépressif. Et à cet instant précis je ne savais pas vraiment si c’était une bonne idée, enfin… ce n’est pas une petite lampée, qui me fera tourner la tête me direz-vous, mais est-ce au final bien raisonnable avec tous ces cachets d’antidouleurs que je dois avaler. Hésitante, voilà ce que j’étais. Il y a des jours, ou je me pose beaucoup trop de questions pour rien, pour des broutilles, où j’étais complétement indécises pour les plus petites conneries du monde. Cet instant en était un, et je dois avouer que cela m’agaçais.

« Bon… Une gorgé me requinquera surement. Juste une quoi. Fait péter la vodka pour voir. »

Insouciante, inconsciente, et pas très responsable, voilà ce que j’étais finalement. J’attrapais donc la bouteille qu’il me tendait, qu’il avait pris soin de me déboucher juste avant, et posa le goulot sur mes lèvres, pour avaler une grande gorgé de liquide transparent. En décollant la bouteille de ma bouche, je secouai la tête de droite à gauche pour faire passer le tout, évitant l’affreuse grimace que l’on pouvait faire avec de l’alcool pure. Et en parfaite camarade, lui tendais à mon tour la bouteille. Je savais qu’il conduisait, mais nous n’étions pas à des kilomètres du dortoir et puis, je ne lui demandais pas s’enfiler le contenu en entier, juste une petite désaltération.

Invité

Kaylee m'avait un peu rassuré en m'affirmant qu'elle n'allait pas me demander de détails. Enfin, de toute façon, si je n'avais pas voulu répondre, je ne l'aurais pas fait, rien ne m'y obligeait. Mais le fait qu'elle se soit elle-même confié me laissait penser que je l'aurais déçu si je m'étais braqué alors qu'elle avait fait l'effort pour moi. Et il se trouve que je ne voulais pas la décevoir. Oui, quelque part, j'avais déjà de l'estime pour elle. Je voyais bien que c'était quelqu'un de bien, et qu'on se comprenait. Enfin, pour ce dont on avait parlé du moins. Elle me regardait sincèrement, toujours avec un sourire encourageant aux lèvres. J'appréciais sa compagnie, bien que je sois de nature solitaire. Je n'avais jamais cherché à fréquenté des femmes, à vrai dire, dans ma vie, je n'en avais pas eu beaucoup l'occasion. Mais me retrouver là avec Kaylee, qui était assez féminine par rapport aux femmes que j'avais pu rencontrer dans des gangs, me surprenait agréablement. C'était différent de ce que j'avais pu connaître.

Elle m'avait dit que je pouvais lui faire confiance... Et je la cru. Je n'étais pas du genre à croire n'importe qui, loin de là, mais je reconnaissais les personnes dignes de confiance. Et, même si parfois on pouvait toujours être surpris, car il y avait toujours un risque, ce risque en valait la peine, sinon, autant ne plus parler à qui que ce soit jusqu'à la fin de ses jours, ce qui ne faisait pas partie de mes envies. On en apprenait toujours au contact des autres, je trouvais par exemple notre conversation intéressante. Je n'étais pas très sociable, mais si l'on venait vers moi, je ne mordais pas... enfin, la plupart du temps ;-)

Qu'avait-elle dit avec ça? Que j'étais quelqu'un de courageux? J'avais fait la sourde oreille. Haussant presque imperceptiblement les épaules. Les compliments, surtout non mérités, m'étaient toujours embarassants. Je ne pense pas que je fus courageux. C'était même tout le contraire. D'abord, j'avais fuis, comme un lâche qui ne fait pas face à ses problèmes et ses responsabilités. Ensuite, j'avais préféré voler, trafiquer, tricher, pour gagner de l'argent, plutôt que de le faire dignement. Certes, pour braquer des banques ou affronter des gangs, il fallait être énormément courageux, mais je pense que le terme inconscient ou fou convenait mieux... Évidemment, je ne pouvais pas lui expliquer tout ça, de toute façon, pouvait-elle le comprendre? Non pas que je veuille qu'elle m'admire, loin de là, mais je ne voulais pas qu'elle insiste et que j'ai à me justifier sur la chose, en lui avouant des trucs que je préférais taire... Ce qui revient au même résultat: j'étais lâche une fois de plus, je n'assumais pas ce que j'avais fait, et je choisissais la facilité en me taisant. De toute façon, je crois que je n'étais pas prêt à lui parler de tout ça. Je venais à peine de la rencontrer après tout, même si j'avais l'impression de déjà bien la connaître.

J'acquiesçai lorsqu'elle m'annonça qu'il fallait aller de l'avant. Elle avait bien raison, et cela me conforta dans l'idée de ne pas remuer tout mon passé. Ce n'était pas bon pour moi de le ressasser, il m'était trop lourd à porter, trop douloureux à me rappeler. Je vis qu'elle regardait le ciel. Et je compris rapidement pourquoi: la pluie s'était mise à tomber. Amusé, je l'observai mettre tant bien que mal sa capuche. Pour moi, la pluie ne me dérangeait pas tant que ça. J'avais de nombreuses fois du supporter des averses, en m'abritant rapidement sous ce que je trouvais dans l'instant. Mais je ne voulais pas la laisser comme ça, jusqu'à ce qu'elle soit trempée comme une souche. Et comme nous étions en forêt, l'expression était on ne peut plus appropriée. Mon instinct de protecteur repris le dessus. Je me levai, alors qu'elle me demanda si je connaissais un endroit plus proche que le dortoir pour s'abriter. Je réfléchis le plus rapidement possible, cherchant dans ma tête les lieux alentours...

Il y avait bien une cabane non loin d'ici, mais je doutais qu'elle soit fermée, ce qui nous aurait fait perdre plus de temps qu'autre chose. Quant à une grotte ou quelque chose de plus naturel, rien dans les alentours non plus. Je serais bien redescendu au foyer, mais je doutais fortement que la demoiselle puisse descendre le ravins que je l'avais aidé à gravir en sens inverse. Si ce n'était déjà pas facile de monter, c'était bien pire pour descendre...
Bref, il n'y avait rien plus prêt que le dortoir, à part...

« Ma voiture est garée sur le parking derrière si tu veux... »

Déclarai-je l'air un peu interrogatif, pour savoir si elle acceptait ma proposition. Je ne voulais rien lui imposer, mais plus on attendait, et plus elle serait mouillée. Au pire, avec la voiture, je pourrais toujours nous emmener au dortoir... Bref, on verrait bien. Comme elle semblait partante, on se dirigea jusqu'au parking non loin d'ici, qui était facilement accessible avec une pente très douce. Là, je sortis les clés de ma poche et ouvris ce qui me servais de joujou... Oui, ma voiture et moi, c'était une grande histoire d'amour. Elle avait été ma maison pendant plusieurs mois, elle m'avait permis d'arriver jusqu'ici, de me sentir autonome... Mais également de gagner de l'argent en pariant via des courses, ou d'évacuer mes soucis en roulant à fond la caisse. Bref, c'était l'outil qui m'avait rendu ma liberté, et c'était beaucoup pour moi.

Je claquai la porte, assis sur le siège du pilote, puis me tournai vers la jeune femme, assise sur le siège passager non loin de moi, dont l'humidité avait fait un peu friser ses cheveux. Tiens voilà que je remarquais ce genre de détail auquel je ne faisais normalement jamais attention. Par réflexe, j'enfilai les clés dans la fente pour démarrer, sans pour autant le faire. On était pas si mal ici.

« Tu veux boire quelque chose? »

Je ne savais pas vraiment quoi dire, alors en tant qu'hôte, je comptais bien traiter mon invitée. Avant qu'elle ne réponde, j'ouvris la boite à gant, découvrant une bouteille de wisky presque vide, une de vodka à peine entamée, et deux canettes de bières. Ne sachant pas vraiment si ça lui convenait, je fus un peu mal à l'aise, ne voulant pas passer pour l'alcoolique que j'étais... que je n'étais plus, je veux dire. Je ne sais pas si elle était du genre à boire de l'alcool ou pas... Je ne savais pas vraiment quelle attitude adopter avec elle. C'était une femme, une vraie, et les femmes étaient compliquées... et imprévisibles...

« Heu... J'espère que ça te convient, c'est tout ce que j'ai... »

Dis-je en ma passant une main derrière la nuque. Depuis que je ne vivais plus tout le temps dans ma voiture, il n'y avait plus grand chose dedans, même si j'imagine que c'était toujours plus remplis que dans une voiture 'normale' ne servant que de véhicule. En effet, j'avais des tas de choses dans le coffre... Mais je ne tenais pas vraiment à l'ouvrir en sa présence...

Aiden ne me fait pas de commentaire sur ce que je viens de lui dire, le pourquoi du comment de ma fuite, du moins sur la façon dont je m’y suis prise, ni positifs, ni négatifs, au fond ce n’est peut-être pas si mal, nous sommes en train de remuer le passé, le sien, le mien, et des deux côté il n’est pas aussi rose qu’il le laisse penser. Comme on dit, les personnes qui ont souffert ont certainement les plus beaux sourires. Pourquoi montrer au monde entier que nous avons tous un trou béant dans le cœur alors que l’on peut passer là-dessus ? De simples petits regards de compassion, de petits sourires. Il ne me fixe pas, comme si son regard à lui était fuyant. Et cela m’étonnerais que cela soit due au fait que je l’impressionne. Impossible même. Je ne pense pas être quelqu’un d’effrayante ou même d’impressionnante. Ne me demandez pas pourquoi je lui ai balancé tout cela de but en blanc, sans prendre de détours, il me l’a demandé certes, mais je n’étais pas obligé de m’étendre sur le sujet. Certainement un pressentiment, quelque chose d’inexplicable qui nous assure de nous comprendre au fond, comme une complicité naissante. Peut-être même une amitié. Avec tant de point commun, et de point de vue à peu près similaire, cela m’étonnerais que ce soit la seule et unique fois où l’on s’adresse la parole. Parce que nous nous sommes confiés. Enfin moi lui, j’attends de voir s’il bien vouloir répondre à ma question, qui reste évasive, je ne l’oblige à rien. Certes je me serais sentie bête, et mise à nue de lui avoir expliqué tout cela, et que lui ne fasse pas de même, mais c’était des risques à prendre.

Finalement il décide de prendre la parole à son tour, je me remets un peu en place pour l’écouter avec attention, prenant soin de le regarder bien en face, pour mieux comprendre ce qu’il va me dire. Le jeune homme m’annonce alors que c’est en quelque sorte une quête de liberté, comme ce que je lui ai demandé, qu’il n’a pas fuis quelque chose en particulier, que c’était uniquement au niveau de l’attache, ce qui ne m’avance pas plus que cela sur son passé finalement, s’il était chez ses parents ou non, ce qu’il s’est passé pour qu’il s’en aille, pour parcourir de la Californie à Miami. Quoi qu’il en soit je le n’interromps pas, je l’écoute juste qu’au bout, surtout qu’il semble chercher ses mots pendant un instant. Je peux être quelqu’un d’impatiente sur certaines choses, mais pas sur ce genre de truc, donc je respecte son récit, out comme lui, l’a fait pour moi juste avant. Je lui souris, pour lui montrer de prendre son temps, comme pour lui faire comprendre que s’il n’en a pas envie, ce ne serait pas bien grave. Mais il reprit, avec une voix différente, comme s’il avait avalé de travers, et mes questions intérieures furent éclairées, vivant chez son grand-père, il ne s’y plaisait pas, et a voulu tenter de faire quelque chose ailleurs. Cette phrase me tire un sourire discret. Je pense qu’il a eu raison, tout comme moi, quand on ne se sent pas à sa place à un endroit, autant tout faire pour trouver le bonheur ailleurs. L’herbe est toujours plus verte chez le voisin.

« Je ne vais pas te demander de détails, mais je pense que tu as eu raison, si tu te sens bien ici du moins. »

Dis-je simplement. C’est ce que je pensais, je ne sais pas pourquoi, ni ce qui s’est réellement passé, et je pense que cela ne me regarde pas plus que cela, sans doute était-ce simplement son caractère comme il vient de me l’annoncer. La seule attache que j’avais à la maison moi, c’était Nate, donc vous vous imaginez bien que quand il fut parti, je n’allais pas rester dans cette maison sans sentiments. J’avais quand même hésitée à le faire, mais j’avais le soutien de celui-ci, tout était prévu quand c’est arrivé, et puis nous avions le même ressenti sur nos vieux, alors pourquoi se prendre la tête ? Tout ce que nous nous racontions depuis que nous étions ici, sur ce tronc d’arbre était plein de vieux démon, et plutôt émouvant, enfin le mot est peut-être un peu fort. J’aurais pu lui prendre la main, ou lui montrer un signe affectif, pour le soulager, mais je ne le fis pas. Je trouvais cela peut-être un peu déplacé. Je ne veux pas faire celle qui a pitié, parce que ce n’était pas le cas, nous sommes grand et assez âgé pour comprendre nous-même nos décisions. Je me contentais juste de le regarder sincèrement, avec le sourire. Il me précise alors que son départ a été simple, qu’il ne regrette pas, qu’à la base c’était pour rejoindre -xxx- , que je ne connaissais pas, alors je fis un ‘non’ de la tête lorsqu’ il me demanda, que tout avait pris plus de temps, de détours que prévu, y compris le passage de la rue, qu’il ne le conseillais a personne. Ce me fit un petit pincement au cœur. Comme quoi, il n’y avait pas que des alcooliques sans avenirs dans les rues. Comme mes chers parents me l’avaient inculqués. Et je pense que ce passage de sa vie était injuste.

« Je pense que tu es quelqu’un de courageux, vraiment. Tu peux me faire confiance, je garderais tout cela pour moi. »

Maintenant il me regardait dans les yeux, et cette fois c’était moi qui baissait les yeux, parce que je n’ai pas connu ça, que même avec mes soucis de compréhension familiale je n’ai jamais manqué de quoi que ce soit, j’ai toujours eu un toit sur la tête, avec leur surprotection exagéré je n’ai jamais clairement été dans la merde. Il clôtura son récit par une phrase simple, que maintenant c’était loin derrière, tout en balançant un bout de bois sans défense au loin, qui résonna quand il retomba.

« Exactement, maintenant il faut aller de l’avant, toi, comme moi…»

J’aurais voulu lui dire autre chose, mais quelque chose me coupa, une goutte d’eau pour être plus précis, entre les feuilles des arbres au-dessus de nous. Je levais la tête pour y voir mieux, le ciel était devenu drôlement gris d’un coup, il ne manquait plus que ça. Il faut toujours que le temps vienne gâcher de bons moments. Je ne suis pas en sucre certes, mais ce n’ai pas ma grande passion d’être trempée, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la pluie redoubla, par reflexe je bataillais une minute pour mettre la capuche de ma veste sur ma tête, on entendait le bruit de l’eau tomber sur les feuilles, contre les arbres. En temps normal cela ne me dérangeait pas, mais en forêt, c’était beaucoup moins plaisant.

« Tu crois qu’on a le temps de rentrer au dortoir ? Ou t’a un truc plus proche ? »

Invité

Kaylee me précisa que c'était justement pour ca qu'elle était partie, pour ne pas être l'image que ses parents voulaient qu'elle soit. Je comprenais bien cette situation, et elle le vit, m'avouant même que ca lui faisait plaisir qu'on se comprenne. Je lui adressai un petit sourire, puis regardai le bout de bois avec lequel elle s'était amusé juste avant. Je ne fixais jamais une fille bien longtemps lorsqu'il n'y avait plus de conversation, et surtout après ce qu'elle venait de me dire, je me serais senti un peu mal à l'aise. Je n'avais pas l'habitude de ce genre d'aveux. Kaylee était une fille très franche, et elle n'hésitait pas à dire ce qu'elle ressentait, et ce détail me perturbait un peu. Moi, je ne disais jamais ce genre de choses, la preuve, ca me faisait plaisir aussi qu'elle me comprenne. Mais il fallait qu'elle le devine d'elle même, je ne pouvais pas lui avouer ca comme ca.

La jeune femme m'expliqua ensuite comme elle était partie: avant ses 18 ans, elle avait laissé une lettre à ses parents pour leur annoncer sa décision irrévocable. Elle m'informa qu'elle avait un frère. Apparemment, ses parents n'avaient pas cherchés plus que ca à la retrouver... Ça aurait pu paraître étrange pour des gens normaux, mais moi, ca ne m'étonnait pas vraiment. Je n'avais pas connu ce qu'était une vraie famille. Lorsque j'étais partie, personne n'aurait pu me retrouver, mais si tel avait été le cas, je suis certain que personne n'aurait essayé. Oui, nous avions vraiment plusieurs points en commun. Étrange que nous ne nous soyons pas rencontré plus tôt.

Kaylee me prit alors au dépourvu lorsqu'elle me demanda ce qui m'avait poussé à fuir. J'aurais du m'en douter après tout, comme dans chaque échange avec quelqu'un, les questions allaient dans les deux sens, et les réponses aussi... En plus, comme j'avais commencé de me livrer un peu, j'avais du éveiller sa curiosité, c'était normal qu'elle me demande ca, surtout après tout ce qu'elle m'avait appris sur elle. C'était donc normal que je lui réponde, me livrant d'avantage, car je lui faisais confiance:

« Oui, on peut dire ca... En fait, je n'ai rien vraiment fuis... Je n'ai jamais eu d'attaches. Tu sais, c'est... »

Je marquai un temps d'arrêt, une sorte d'hésitation. J'avais du mal de parler de lui, ma voix se serra lorsque je poursuivis...

« … c'est mon grand-père qui m'a élevé seul... Je ne me plaisais ni chez lui, ni à l'école... Je ne me suis jamais vraiment senti à ma place, alors je suis partis pour essayer de m'en faire une ailleurs... »

J'étais moi même étonné par la facilité avec laquelle je pouvais lui raconter cela. Revenir sur cette période de ma vie n'était franchement pas une partie de plaisir. Il y avait eu beaucoup de violence, de solitude et de souffrance. J'avais rapidement eu de mauvaises fréquentations si l'on peut dire, pour mon jeune âge, j'avais trouvé le moyen de me faire de l'argent en dealant, en trafiquant, pour quitter la californie et rejoindre l'un de mes seuls amis d'enfance XXX (perso non pris). Mais je ne voulais pas lui raconter tout ca. Je ne voulais pas qu'elle me prenne pour un criminel. Je devais déjà lui faire bien assez peur comme ça, inutile d'en rajouter. Pourtant, je ne voulais pas tricher pour autant avec elle, alors je lui précisai quand même:

« Je n'ai jamais regretté. Ça a été facile de partir, c'est après que les choses se sont corsées... Comme je te l'ai dis, j'ai vécu à la rue... Et ça, je ne le conseil à personne. »

En disant cela, je la regardai, franchement convaincu et à la fois encore marqué par cette vie que j'avais eu. Je rajoutai:

« En partant, j'avais un but: je voulais rejoindre XXX, je ne sais pas si tu le connais, il est à Wynwood lui aussi, c'est lui qui m'a pistonné pour que je rentre dans cette école... Mais ca m'a pris beaucoup plus de temps que prévu. Jamais je n'aurai pensé prendre autant de détours... »

Le mot 'détour' était ici employé dans tous les sens du terme. Géographiquement, et idéologiquement. Pour le reste, je ne voulais pas m'étendre la dessus. De toute façon, je pensais que seules les personnes ayant vécu dans la rue pouvaient comprendre ce monde et son système. Tuer ou se faire tuer. A Wynwood, j'avais retrouvé Jaden, une ancienne connaissance de cette période, qui me comprenait mieux que personne ici. Je pensais, en voyant Kaylee, qu'elle avait du vivre dans la soie. Elle n'était pas abimée par la vie, ses yeux ne reflétaient pas toute la misère et les horreurs que j'avais pu rencontrer. Moi, j'étais plein de cicatrices, un peu comme un soldat ayant surveccu à la guerre. Et surtout, je me sentais salis. Pour cela, je ne m'en ventait nullement, bien au contraire, je reniais tout ça, je n'assumais pas tout, j'avais même honte de certaines choses que j'avais faites. Je préférais oublier, mais mes cauchemares me rappelaient souvent ce passé d'il y a 3 ans maintenant, mais pourtant pas si loin dans ma mémoire.

« Enfin, tout ca est loin derrière moi maintenant. »

Dis-je pour me rassurer moi même, me conforter dans cette idée que je n'étais plus le même, et que j'avais maintenant une vie plus équilibrée, même si pas vraiment normale... Après tout ce que j'avais enduré, je ne pourrais jamais vivre en paix comme n'importe qui. J'avais l'impression que rien dans ma vie ne s'était passé 'normalement'. J'attrapai un bâton au sol, et le lançai au loin. Puis je me tournai de nouveau vers la jeune femme assise à mes côtés, peut-être pour voir si elle avait plus de questions... J'avais l'impression d'en avoir déjà dit énormément, même si évidemment, j'étais passé sur pleins de détails plutôt compromettants. Mais je n'étais pas si bavard en temps normal. Il faut croire que Kaylee avait cette influence sur moi, de me faire parler...

Après mes petites explications, on entendait autour de nous que le bruit des feuilles des arbres, les courants d’airs passant entre les branches, le bruit de la vie civile au loin, les étudiants qui quittait les cours, les voitures circulant autour de nous sans que personne ne sache où nous étions. Et ce n’était pas plus mal finalement. Dans un sens je ne voulais pas croiser son regard parce que j’avais, peur serait un grand mot, mais j’appréhendais sa réaction. Qu’il ne me prenne pour ce que je ne suis pas, une petite fille riche et capricieuse. Bien sûr que qu’au final cette décision ne concerne que moi, mais je n’aime pas qu’on me juge là-dessus. Je viens à peine de rencontrer ce jeune homme, mais je sens qu’on pourrait s’entendre, mieux se connaitre, et sans doute devenir de bons amis. Il m’a prouvé avoir une vision des choses semblable à la mienne. Et s’il décide de me faire la morale ou quelque chose dans le genre, je sens que cela pourrait me faire du mal, en un sens, je ne sais pas si c’est à cause de ma blessure ou quoi, mais je suis assez à fleur de peau en ce moment. En réfléchissant un peu j’aurais pu finir mon récit par une question sur lui, cela m’aurais évité d’être fuyante.

Alors que je jouais avec un petit morceau de bois sur le tronc où nous étions assis, Aiden pris une voix rassurante, pour me dire qu’il pensait que j’avais fait le bon choix. Je relevais donc la tête pour mieux voir l’expression de son visage, tenter de deviner s’il me disait cela véritablement parce qu’il le pensait, ou parce qu’il voulait me mettre dans sa poche. Certaines personnes font ça defois, approuver quelque chose juste pour pouvoir éviter les conflits. Ou dans les cas garçons-filles, pour pouvoir les enrouler dans leurs filets. Il rajoute qu’il s’est enfuit lui aussi, à l’âge de quinze ans. C’est donc de la sincérité, je le sens bien. Ne m’en voulez pas si mes pensées sont méfiante, j’ai toujours été comme cela. Et parfois je me trompe, je fais des suppositions qui s’avèrent être fausse. Heureusement que personne ne peux lire dans ma tête. Les points communs commencent à se faire nombreux entre nous. La fuite, il connaît ça, même si ses méthodes et raisons doivent être différentes des miennes. Il faut que je pense à lui demander, juste pour savoir, par curiosité. Comme il l’a fait avec moi. Je restais silencieuse suite à cette déclaration, j’aurais voulu dire quelque chose mais quoi ? Encore un Merci ? De m’avoir comprise, de ne pas m’avoir jugé ? De toute façon je n’en eu pas le temps, il reprit la parole, pour me dire que ma vie n’engage que moi, qu’elle m’appartient, que personne ne doit m’imposer quoi que ce soit.

« Et c’est bien pour cette raison que je suis partie, je ne supportais plus de devoir être l’image de la famille, l’image que mes parents voulaient faire de moi. Comme si je n’étais que ça à leurs yeux. Pas leur fille. Ça me fait plaisir que tu me comprennes… »

Quelques explications en plus, une forme de remerciement caché. Il y a des jours où je me dis que si mon grand frère n’avaient pas été là, pour libérer mes chaines juste pour quelques heures, pour tout faire pour que je vive une adolescence normale, pour me couvrir et tout le reste, je ne serais pas devenue ce que je suis aujourd’hui. Il n’y aura eu personne pour moi, et comme un mal pour un bien, s’il n’était pas parti en France pendant 2 longues années, je n’aurais jamais trouvé le courage nécessaire pour m’en aller de moi-même. Nathan… en y pensant, mon visage s’illumine, j’esquisse un petit sourire, il revient bientôt, plus que quelques jours avant de pouvoir le serrer dans mes bras, lui montrer à quel point j’ai changé, à quel point je suis différente de quand nous étions dans notre villa immense. Bien qu’au fond je reste la même, à l’intérieur. Pour clôturer mes pensées, Aiden me questionne finalement sur la façon de m’y prendre quand je suis partie, si personne n’a tenté de me retrouver… .

«Quelques mois avant mes 18 ans mes parents étaient absent pendant 2 jours, c’était le moment, j’ai laissé une lettre expliquant que je partais, pour de bon, faire mes études ailleurs. De ne pas essayer de m’en empêcher. Sans préciser où. Mon frère a dû les tenir au courant je pense. Et cela n’a pas changé grand-chose à leur vie … C’est d’ailleurs par lui que tout passe. Sinon nous serions des inconnus aujourd’hui.»

C’est triste non ? De se dire que finalement vous n’êtes pas grand-chose pour ceux qui vous ont donné la vie. Parce que rien ne compte plus que leur travail, que leur entreprise à la con. Il y a des jours où je me demande pourquoi ils ont décidé de nous garder, enfin moi, plus précisément. Ils sont égoïstes que voulez-vous. La fuite c’est lâche me direz-vous, surtout de cette manière. Mais je n’ai pas pu faire autrement. Et depuis je ne m’en porte pas plus mal, je n’ai aucun regret. Mais comme je n’aime pas être le centre d’attention trop longtemps, et que je veux en savoir un peu plus sur le jeune homme qui me tiens compagnie je me lance, sans réfléchir à l’avance.

« Et toi alors ? Qu’est ce qui t’a poussé à fuir ? Une quête de liberté ?

Invité

Kaylee avait l'air contente que j'accepte son invitation. Ca me faisait plaisir à moi aussi. Elle avait l'air de vouloir profiter de la vie, et j'étais aussi de cet avis. On ne pouvait que s'entendre. J'acquiescai lorsqu'elle m'annonça sa théorie sur mon bordel. Je n'y avais pas réfléchis sérieusement, mais elle devait avoir raison, comme je n'y était pas souvent je déposais tout en vrac, et je ne voyais pas l'utilité de ranger, vu que ca ne me dérangeait pas étant donné que je n'y restais pas. Mais curieusement j'arrivais à m'y retrouver, dans mon bordel. Pour Kaylee, apparemment, c'était de la flemme. Moi aussi sans doute un peu... C'est que, j'avais tellement mieux à faire.

La jeune femme répondit ensuite à ma question, dont la réponse m'intéressait particulièrement, j'avoue. Elle était sincère avec moi, elle n'essayait pas de tricher, ce que j'appréciais. Elle me raconta qu'elle avait eu une éducation stricte. Moi aussi, si on pouvait appeler ca de l'éducation... Par contre, j'avais rapidement fais ce que j'avais envie, vu que j'étais partis de chez mon grand-père assez jeune... Et même avant cela, je bravais déjà les interdits, quite à être sanctionné ensuite. Kaylee m'informa ensuite qu'elle était une gentille rebelle, elle s'était juste reconvertie, passant de la fille bien éduquée à celle qui fait ce qu'elle veut, sans pour autant faire n'importe quoi. Apparemment, elle voulait juste profiter de la vie et s'amuser. J'aimais l'idée qu'elle ai choisis cette vie, qu'elle ai eu le courage de quitter l'autre, pour être elle-même, car je savais mieux que quiconque que ce n'était pas le choix de la facilité...

Kaylee tournait la tête, fuyant mon regard. Moi je la regardais. De quoi avait-elle peur? Que je la juge? Je ne le faisais pas. Je n'étais pas de ceux qui juge les gens sur le peu d'informations qu'ils ont d'eux, ou encore sur de simples apparences, pour les mettre dans des cases et croire qu'ils peuvent les anticiper, et que leur personne ne se résume qu'à ça. J'avais conscience que la personnalité de quelqu'un était bien plus complexe que ça, c'était d'ailleurs la raison pour laquelle j'étais méfiant, et qu'il me fallait beaucoup de temps pour bien connaître quelqu'un. Et même avec ça, on pouvait toujours être surpris des gens... Enfin bien sur, quand il s'agissait de personne que je n'estimais pas et que j'avais juste envie de frapper, les choses m'apparaissaient bien plus simple, et je ne cherchais pas plus loin. Quand le courant ne passe pas, inutile d'insister. Y a des gens qui ne peuvent pas me comprendre, e que je ne comprendrai jamais non plus, voilà tout.

Ce n'était pas le cas de cette demoiselle... Nous avions beaucoup en commun. Un mot dans ce qu'elle m'avait dit avait attiré particulièrement mon attention: elle avait dit s'être enfuie de chez elle pour venir ici... J'étais trop curieux et trop spontané pour attendre d'en savoir plus, aussi, je lui répondis:

« Je pense sincèrement que tu as fais le bon choix. Et si je dis ca, c'est parce que j'ai fais le même quand j'avais 15 ans... »

Je l'encourageais dans sa voie, je ne savais pas depuis quand elle l'avait choisie, je m'étais fait tolérant, voulant lui montrer que je ne la catégorisais pas,et si je la jugeais, c'était en bien.

« C'est pas facile, c'est sur... Mais personne n'a le droit de t'imposer quoi que ce soit. C'est ta vie, c'est à toi d'en faire ce que tu en veux... ou ce que tu peux en tout cas. »

Personnellement, je détestais recevoir des ordres, de qui que ce soit. Je n'avais jamais aimé les règles, les lois, l'autorité, les normes, la hiérarchie, etc. Comme si certains valaient mieux que d'autres, c'était grotesque, et une pure invention pour abuser des gens plus faible. J'avais tendance à les défendre, car moi je ne l'étais pas, et ils me faisaient pitié.

« Comment as tu fais pour t'enfuir? J'veux dire... Personne n'a essayé de te retrouver? »

Moi je m'étais enfuis sans grande difficulté: je n'avais quasiment pas de famille. Je n'avais rien laissé derrière moi, je n'avais donc eu aucun regret. Etait-ce son cas également?

Je ne sais toujours pas si j’avais bien fait de lui proposer de se joindre à nous, à moi, si le cœur lui en Disait, un jour où il ne saurais pas franchement quoi faire, simplement, en y repensant, Nous, les Sigma Mu, sommes l’une des seules confrérie à ne pas être aussi soudée que les autres, sans compter les Lambda bien entendu. Ce que je trouvais d’ailleurs dommage. Imaginez toute la confrérie ensemble, de sortie. J’imagine un instant la scène et… cela promettrait d’être un sacré bordel finalement, nous n’avons pas, ou peu de limites, nous ne nous arrêtons pas sur des broutilles. Alors nouer des liens avec les autres membres n’est finalement pas une mauvaise idée, bien au contraire, nous n’avons rien à prouver aux autres, certes, mais dans un sens, tout nous rapproche. Soudé dans les délires, comme dans les emmerdes, vous me suivez ? Quoi qu’il en soit, dans un premier temps, il m’annonce qu’il n’a jamais le temps de s’ennuyer, j’aurais dû m’en douter, on ne refait pas le monde, ni même une confrérie en cinq minutes de temps. Je plisse un peu mes lèvres, comme pour lui faire comprendre que ce n’est pas grave, juste dommage. Mais finalement, il me dit qu’il en prend note et que je peux être certaine qu’il passera. Je ne peux m’empêcher de sourire suite à ce qui ressemble fortement à une promesse.

« C’est toujours cool de faire la fête avec ses voisins ! Surtout quand on en a pas beaucoup…»

Ce garçon à l’air d’être plutôt plein d’humour, quand il le veut bien, la preuve il à réussi à me faire un peu peur, et me faire croire qu’il refusait mon invitation. Aiden m’a répondu avec un certain enthousiasme mais il n’a pas l’air d’avoir pensé une quelconque invitation à faire des folies de nos corps dans un endroit qui ressemble finalement presque à un squat. Je chasse cette idée de ma tête rapidement, c’est sale, et pas mal malsain aussi. Je ne suis pas ce genre de fille. Je sais m’amuser comme toute adolescente de dix-huit ans, simplement, les trucs un peu louche, ce n’est pas ma tasse de thé. En confirmant mes pensées sur l’état général du bâtiment, il me raconte que sa chambre aussi est un vrai bazar, et qu’il ne sait d’ailleurs pas comment c’est possible, en prenant un air songeur. Ce qui me fait rire doucement, je m’en serais doutée de toute façon, si sa piaule était havre de paix ressemblant à un lieu de recueillement il aurait fallu m’en expliquer d’avantage.

« C’est justement parce que tu n’y es jamais, Ca s’accumule plus vite et sans que tu t’y aperçoives. Je suis balèze en théorie farfelue. Simplement moi c’est juste par flemme. »

Plaisantais-je alors. Quoi qu’au final ce que je viens de lui dire n’était pas faux. On rentre on jette tout à la va-vite, et on repart. Tandis que dans la mienne nous sommes deux, donc il y en a deux fois plus, et ne comptez pas sur moi pour ramasser les caleçons sale de mon coloc. Je l’observe regarder ailleurs, les rayons du soleil refont surface, passant à travers les feuilles et les branches des arbres, ce qui donne une vue d’ensemble assez belle à mes yeux. Je prends une grande respiration, l’air est frais, finalement cet endroit me plait assez, tout est calme, personne pour nous embêter. C’est reposant, c’est comme si je mettais évadée du lycée le temps de quelques instants. Puis brisant le silence, il me pose une question, à laquelle je n’avais jamais eue à répondre encore. Du moins pas aussi clairement. Une question qui me laissa un instant sans voix. Je sais que j’air des airs de fille angélique, alors souvent on peut se demander pourquoi. Pourtant la réponse est assez simple… Je ne vais pas mentir en m’inventant une vie, n m’inventant des exploits que je n’ai pas a mon actif.

« Hum… He bien, j’ai eu une éducation assez strict, je n’ai jamais pu faire ce dont j’avais envie, des choses simple, sortir et faire la fête. Alors quand je me suis enfuie ici, j’ai décidé de tout envoyer balader, de vivre comme bon me semble, sans me soucier des répercutions tu vois ? Je suis une gentille rebelle… J’aime faire des conneries voilà tout. »

En gros c’était ça. Sans m’en rendre compte, je lui avais parlé de mon passé, de mes parents, de ma vie avant le lycée. C’était vaste certes, mais sans cela je n’aurais pas pu lui expliquer clairement les choses. Je ne le regarde plus lui, j’ai tourné la tête pour regarder autre part, je ne veux pas qu’il me juge là-dessus, ce serais genre le décevoir d'une chose sur laquelle je n'ai pas à me justifier, je pensais avoir fait le bon choix, un choix qui ne me concerne uniquement. Bien que comparé à d’autre je suis un petit chaton sans griffes et sans crocs. C’est juste mal me connaitre. Je me sais capable de faire bien plus, je ne veux pas mal tourner non plus, je veux m’amuser, je veux rattraper tout ce temps perdu enfermé dans ma villa, où j’étais obligé de faire le mur pour sortir, obliger de me cacher derrière Nate à chaque fois.

Invité

Elle m'avait fait le remarque que j'aimais lui faire peur. Pourtant, ce que j'avais essayé était justement l'inverse: me prendre à son jeu pour faire passer ca avec de l'humeur, pour pas l'effrayer. Mais il est vrai qu'inconsciemment je m'en amusais peut-être un peu, même si le fait que je sois impressionnant m'embêtait plus qu'autre chose en temps normal. Or là, ce n'était pas le cas car cette jeune femme avait l'air de me faire confiance, ou en tout cas elle avait un goût prononcé pour la prise de risque. Et oui, et ce risque, c'était nul autre que moi-même.

Elle me fit ensuite remarquer que cela n'avait pas du être facile de vivre dehors, puis enchaîna rapidement sur le sujet de sa chambre. Je n'avais eu aucune réaction apparente face à sa remarque. Non, ce n'était pas facile. Fin de l'histoire. Seuls les personnes qui l'avaient vécu pouvaient le comprendre. Cela dit, comme j'appréciais déjà cette petite rebelle, je ne me serais pas fermé à des questions si elle en avait eu... Enfin, tout dépendait quoi bien sur.
Bref, pour sa chambre, la n°2, j'en pris note. Si un jour je m'ennuyais... m'avait-elle dit. Cela me fit sourire. Je lui répondis:

« Je n'ai jamais le temps de m'ennuyer... »

Commençais-je, feintant une réponse négative à son invitation. Car en effet, je vivais à 100 à l'heure, toujours quelque chose à faire, un endroit où aller, une personne à voir... Mais je rajoutai, pensant à la description qu'elle m'avait faite de sa chambre et qui me tentais:

« ...Mais j'en prends note. Chambre 2. Je passerai, sois-en sure. »

Et je pensais sincèrement ce que je disais, ce n'était pas des paroles en l'air. Je n'aimais d'ailleurs pas blablater pour rien. Si je le disais, c'était que je le ferais, je n'avais qu'une parole pour les personnes qui la méritaient. Et Kaylee, en m'accordant sa confiance l'avait mérité. Ce qui était étrange dans tout cela, c'était que je n'avais même pas remarqué que sa proposition aurait clairement pu être de la drague. Non, moi j'avais dis que je viendrais, pour une soirée clope/bierre/pizza/bordel comme elle me l'avait décrite. Je ne cherchais pas plus loin. Je ne devais peut-être pas être un mec normal... mais je ne fréquentais pas des filles dans le seul but de les retrouver dans mon lit. A vrai dire, je ne fréquentais pas des filles tout court... Mais là, en l'occurrence, si.
Du coup, je n'avais même pas pensé que ma réponse pouvait être interprétée un consentemment pour aller faire des choses pas très catholiques dans sa chambre, si l'on peut dire ainsi. Et d'ailleurs, l'enthousiasme que j'avais utilisé aurait même pu me faire passer pour un mec qui n'attendait que ca, alors qu'en fait, pas du tout. Mais Kaylee était loin d'être simplette, elle remarquerait surement mon innocence, et j'avoue, ma naïveté dans ce domaine.

« T'inquiète, ma chambre est un vrai bordel aussi, ce que je n'ai jamais compris vu le peu de temps que j'y passe... »

J'affichai un air songeur, essayant de comprendre, puis me résolu à abandonner, en haussant les épaules. Je lui adressai un bref regard complice, ca nous faisait encore un point en commun, puis je me redressai, admirant un peu le paysage de la forêt qui s'offrait à nos yeux. Je lui demandai ensuite:

« Comment se fait-il qu'une fille aussi sage que toi soit chez les sigmas? »

Ca m'étais venu tout seul, comme ca, sans que je n'y réfléchisse vraiment. Mais Kaylee avait une attitude assez calme, posée, patiente et tolérante. Elle n'était pas pour autant 'sage', mais j'avais fait exprès d'utiliser ce mot pour la choquer. J'attendais qu'elle me contredise dans ma pensée, qu'elle me raconte les trucs les plus fous qu'elle avait pu faire... Bref, je voulais voir si nous avions encore ce point commun. Elle ne devait pas faire partie de ma confrérie pour rien après tout.

Aiden rentre dans mon jeu, de la plaisanterie que je viens de lui dire. En y réfléchissant elle n’était pas drôle, et c’est pour cela que je mettais rattrapée d’ailleurs. Il suffisait qu’il ait vécu un truc du même genre pour que la ‘bonne rencontre’ tourne au désastre. Mais ce n’est pas le cas, avec un faux regard menaçant, il me dit que le coup des feuilles était déjà fait, que pour moi ce serait tout autre chose. Je me redresse un peu sur le coup, j’ai vu trop de choses à la télévision pour savoir que cela n’arrive pas qu’aux autres. Certaines personnes sont réellement cinglées, et s’attaquent à d’autre sans raison, juste pour pouvoir assouvir leur besoins de méchanceté gratuite. Son sourire est contagieux, je retrouve le mien à mon tour. Il m’aurait presque fait un peu peur. L’un de mes principaux défauts serait certainement que je suis complètement inconsciente, à partir avec n’importe qui, n’importe où. J’ai toujours eu beaucoup de chance. C’est malheureux à dire, mais le jour il m’arrivera réellement quelque chose de grave et de volontaire, je me calmerais, je serais plus méfiante. Nos erreurs nous aident à avancer, souvenez-vous.

« Décidément, tu aimes me faire peur toi !»

Déjà tout à l’heure dans le foyer, et maintenant ici. Mais tout cela est bon enfant. Il reprend la parole, pour me répondre, savoir s’il était à l’internat ou non. Et c’était le cas presque par obligation. J’en apprends même un peu plus sur le jeune homme. D’après ses dires, il aurait vécu dans la rue. Dire que je le comprends serait mentir, je suis née dans le luxe, et je l’ai quitté pour une chambre qui est devenu presque impraticable. Mais cela me convenait, je ne retournerais dans la maison de mes parents pour rien au monde. Quitte à attraper une maladie incurable avec tout notre bordel. Quoi qu’il en soit, il rajoute qu’il n’est pas franchement présent à l’internat, qu’il sort beaucoup, parce qu’il a souvent du mal à dormir. Un insomniaque donc, enfin de ce que j’en juge. Cela me donne des idées, par celles auxquels vous pensez, bien sûr que non. Des trucs amusant, je suis une grande gamine, et mettre le Dawa dans le bâtiment le soir reste mon activité préféré. Heureusement que nous ne sommes pas beaucoup à y résider. Parfois je compare notre bâtiment à un immeuble fantôme.

« Cela n’a pas dû être facile tous les jours d’être dehors. Mais si un soir tu t’ennuies, tu n’auras qu’à frapper à la chambre N°2 . C’est la mienne. »

Lui dis-je comme pour répondre à sa dernière question. Et puis je me dis que l’invitation que je viens de lui lancer peut paraitre déplacé, et je ne veux pas que cela soit interprété comme cela. Esprit mal placé vous avez dit ? Non, je connais les hommes c’est tout. Il n’y a qu’à observer mon frère, toujours avec une nénette dans les bras, il profite. Je sais bien c’est un peu trop féministe de dire cela, et qu’il ne faut pas tous les mettre dans le même panier sans quoi on risque de s’attirer leurs foudres. Tout comme nous, les filles, n’aimons pas quand on nous sort cette fameuse phrase : « Toutes les mêmes. » Enfin bref. De toute façon je ne vis pas seule, alors dans tous les cas, s’il m’arrive un truc, mon colocataire saura comment réagir. Enfin je pense. Et puis les présenter pourrait être fun. Si Aiden est du genre à vouloir faire le con, et à aimer cela, nous deviendrions un trio infernal. Reste une chose à régler pour cela. Guérir, physiquement.

« Enfin la mienne… Je la partage avec Jasper. Mais il est cool. Les soirées Pizza/Bières/clopes sont notre quotidien alors si t’a peur du bordel tu es le bienvenu ! »

Maintenant je ne peux plus me défiler, parce que je viens de lui proposer de passer plus de temps ensemble. En quelque sorte ma confiance en lui s’est développée. Si je ne sentais que du mauvais en lui, je ne l’aurais pas suivi, je ne lui aurais pas demandé toutes ces choses, je ne lui aurais pas donné mon numéro de chambre, et ne l’aurais pas invité non plus. Si on ne donne pas sa chance aux gens, à quoi sert-il de faire semblant de s’intéresser à eux ?

Invité

Kaylee avait rie à ma remarque concernant sa « bonne » rencontre. Elle avait raison, le futur était indécis. Et ce serait à elle de juger si elle avait eu raison ou pas. Je n'avais donc rien rajouté à cela, et j'avais apprécié sa franchise. Son clin d'oeil montrait également notre rapprochement. D'ailleurs, lorsque fut venu le moment de me suivre, elle n'avait pas bronché, bien qu'elle aurait pu ne pas m'accorder sa confiance. Ca ne m'aurait pas étonné, étant donné que c'était ce que la plupart des gens faisaient à mon égard, être méfiant, ou avoir peur. Et certains avaient bien raison...
Mais pas Kaylee. Je ne lui ferais aucun mal. Je n'étais pas un pervers psychopathe qui l'entrainait dans les bois pour la violer, puis la découper en petits morceaux, la mettre dans un sac poubelle et le jeter dans un canal.
Non, je n'étais pas ce type là.

Kaylee s'assoit assez près de moi, en tailleur. Aussi étonnant que cela puisse paraître, elle avait pensé à la même chose que moi, mais elle n'hésitait pas à m'en faire part de vive voix: le fait que je puisse l'agresser. J'étais étonné qu'elle plaisante avec ca, moi qui avait connu beaucoup d'agressions, dont j'avais parfois été l'auteur... C'était comme si l'agneau se moquait du loup. Sans vraiment s'en rendre compte, elle jouait avec le feu. Certes, je ne comptais pas lui faire de mal, mais elle était loin de se douter de ce dont j'étais capable. Elle me donne un petit coup sur le bras. Je sens que notre relation se rapproche, cela se ressent par nos contacts répétés. Je lui répond, préférant entrer dans son jeu plutôt que de lui faire réellement peur en lui avouant que je peux être dangereux.

« La tas de feuilles, c'était pour la fille d'hier... Toi, je te réserve un tout autre sort... »

Je ne m'étendai pas la dessus, me contentant de lui adresser un regard faussement menaçant, avec tout de même un sourire en coin, pour ne pas paraître trop impressionnant non plus. Evidemment, il n'y avait pas eu de fille la veille, j'étais tout sauf un coureur de jupons, mais il faut croire que son humour avait été contagieux. Et puis, le fait qu'on ne soit que tous les deux dans ce lieu que je connaissais bien et que j'appréciais me mettait plus à l'aise.

« Ouais je suis à l'internat. J'ai pas vraiment les moyens de me payer mieux, et pour quelqu'un qui a été à la rue, je trouve que c'est le grand luxe ici... »

J'étais en confiance avec elle, je ne cherchais pas à me cacher ou à être quelqu'un d'autre. Aussi, lui avouer que j'avais veccu dans la rue n'avait pas été difficile pour moi. Ce n'était pas grand chose comparé à certains secrets bien gardés de ma vie, et puis, j'assumais la vie que j'avais eu, enfin en partie, même si j'aurais préféré rayer certains passages.
En tant que Sigma, je dormais dans le bâtiment de ma confrérie. Enfin, dormir était un bien grand mot...

« ...Mais je ne suis pas souvent dans ma chambre, je sors beaucoup les soirs, j'ai des petits problèmes de sommeil si l'on peut dire. »

Puis, comme Kaylee était également une sigma, je me demandai si elle était elle aussi interne, ce qui nous aurait encore fait un point commun en plus. C'était probable car comme je l'avais dis, je n'étais pas souvent dans ce bâtiment, préférant me balader la nuit, alors je ne croisais que rarement les résidents.

« Et toi tu es interne aussi? »

C'était étrange, mais j'eus soudain la sensation que nous étions à une sorte de rendez-vous galant, à se poser des questions pour essayer de mieux se connaître. L'internat, même si je n'y dormais pas beaucoup, était pour moi un vrai luxe. Avoir un toi, un lit propre et chaud... Je ne me plaignais jamais, car j'avais appris à survivre avec quasiment rien. J'appréciais donc chaque chose que je possédais, connaissant leurs valeurs. Je savais me satisfaire de peu, je ne faisais pas partie de ces gens jamais contents parce qu'ils en voulaient toujours plus. Je ne me prenais pas la tête pour ca.

Ma phrase n’était pas faite pour le mettre mal à l’aise, c’est ce que je ressens à cet instant précis. Le jeune homme n’a sans doute peut-être pas l’habitude qu’on lui fasse ce genre de remerciement, pourtant c’est ce que je pensais, réellement. Involontaire ou pas, il m’a fait franchir un pas, un tout petit, parce que ce n’est pas juste avec une discussion de quelques minutes que je vais « guérir ». Simplement il m’a fait voir les choses sous un autre angle. Et surtout, il est la seule personne, que je ne connaissais pas avant, à qui je me suis confiée, sans qu’il ne me le demande clairement, sans que le contexte me force à lui dire. Parce que les rencontres que j’avais faits à l’hôpital n’avaient rien à voir. Le contexte non plus, ces gens n’étaient pas là pour moi, nous étions dans la chambre de ma sœur de cœur, pour elle et rien d’autre. Je n’attendais pas forcement de réponses, mais Aiden semble tenir tout de même à le faire, simplement pour me dire que ce n’était pas grand-chose. Pour lui peut-être pas, pour moi cela l’était. Et je suis certaine que si les rôles était inversé, que si nos places était inter changés, il aurait réagi de la même façon. Remercier la personne qui nous tend la main, même involontairement était la moindre des choses.

Continuant de consumer la cigarette offerte par mon interlocuteur, je remarque qu’il a pris une attitude un peu plus détendue, et sur un air amusé il m’annonce que je dois penser cela parce que je ne le connais pas encore assez bien. Et que je changerais certainement d’avis une fois que ce sera fait. Je rigole doucement, parce qu’on m’a déjà tenu ce discours un jour. Et le résultat n’en a été que bon. Comme je vous l’ai dit, chacun à ses défauts, et ses qualités, alors autant tourner les choses à notre avantage non ? Je préfère lui laisser sa chance, le découvrir petit à petit, et je serai seule juge de mes décisions, de mes pensées. Chez chaque être humain, il y a du bon comme du mauvais, et en général quand la première impression a été bonne, comme dans le cas présent, elle change rarement. A moins qu’il ne me fasse un mauvais coup, qu’il profite de mes faiblesses. Mais honnêtement je ne pense pas que ce soit le cas. Sur le même ton amusé que lui je lui réponds alors.

« Pour le moment je te dit ce que je pense vraiment. Le futur est une chose bien indécise, laisse-moi en juger, tu verras que j’ai raison. »

Ce qui nous prouve maintenant que nous allons être dans tous les cas amenés à nous revoir. Et pas forcément uniquement pour les cours ou dans les couloirs de l’internat. S’il y est, je n’ai pas vraiment fait attention, tout ce que je sais c’est que ce bâtiment est un beau bordel, tout comme notre chambre à Jasper et à moi. Son regard complice se pose sur moi, je lui lance un petit clin d’œil, pour lui faire comprendre que je ne suis pas quelqu’un de chiante, j’accepte beaucoup de chose, dans la limite du raisonnable, ou pas. Soudain, comme s’il avait aussi remarqué que nous étions la cible des regards des étudiants qui passaient devant nous, il me propose, enfin, il m’annonce plutôt de le suivre, dans un coin plus tranquille qu’il connaît. En parlant de raison, l’était-ce vraiment ? De le suivre dans un endroit inconnu alors que je le connais à peine. La complicité est une chose, la confiance en est une autre. Rapidement je réfléchis, et décide finalement de le suivre, si je ne lui donne pas sa chance, je trahirais mes propres convictions. J’ai déjà fait pire, comme me sauver toute une journée avec quelqu’un que je ne connaissais pas. Et ce fut finalement l’une de mes plus belles rencontres. Qui vivra verra comme on dit.

« Euh, Okay allons-y, je te suis. »

Après quelques minutes à marcher, la butte monté avec son aide, nous pénétrons dans un petit bois, je préfère tout de même rester sur mes gardes, on ne sait jamais. Je l’observe s’assoir sur un tronc d’arbre avant de jeter son mégot. L’endroit est un peu reclus, et plutôt calme, c’est reposant. Reprenant mon souffle, parce que nous avons fait vite, quelque chose me brule alors les doigts, ma cigarette que je n’ai pas eu le temps de finir, je tire donc une toute dernière latte dessus, avant de la jeter à terre et de l’écraser sous ma chaussure. Je pose mon sac dans les feuilles par terre, et le rejoint sur le tronc d’arbre, tant bien que mal, je ramène mes pieds sous moi, pour m’assoir en tailleur, face à lui. Je remarque qu’il est moins sur la défensive ici, il y a des endroits comme cela, où nous nous sentons plus à l’aise. Qui jouent un rôle sur notre humeur.

« Tu m’as emmené ici pour me montrer que tu n’es pas un gentil garçon c’est ça ? Tu vas me faire du mal et m’abandonner toute seule sous un tas de feuille ensuite ? »

Je voulais deconner un peu, ce que je n’ai pas fait depuis longtemps à vrai dire. En voyant sa tête plutôt dubitative, certainement parce qu’il ne savait pas vraiment quoi penser de ce que je viens de dire je m’empresse de rajouter en lui donnant un petit coup sur le bras. En savoir un peu plus sur lui aussi, Et puis s'il à envie de me dire la raison de sa venue ici -parce que nous en avons tous une- je suis toute ouïe- Ce qui me vaudra sans doute aussi des explications. On a rien sans rien.

« Je plaisante, je fais souvent des blagues pas drôles, faut pas m’en vouloir... Sinon hum...Tu vis à l'internat toi ? »

Invité

Heureusement que nous en avons conscience, nous, avait-elle dit. Ce 'nous' m'avait fait sourire. Oui, il était bien approprié. On faisait partie de la même confrérie, ce n'était pas pour rien. J'étais sur la même longueur d'ondes qu'elle, pour l'instant du moins. On avait la même façon de voir les choses, et avec un certain veccu, du recul, on savait de quoi on parlait. On aurait pu croire que cela n'aurait pas créée un débat intéressant, mais pourtant, il l'était pour moi. A vrai dire, je n'appréciais pas trop les gens qui n'avaient pas la même vision des choses que moi, ils ne pouvaient pas me comprendre et bien souvent, ca clachait.

J'avais donc également acquiescé lorsqu'elle m'avait répondu concernant à la prévisibilité de notre rencontre. Encore une fois, j'étais d'accord avec elle, sauf que je pensais surement moins qu'elle que les choses pouvaient être écrites... ma vie m'avait fait croire que tout ce que je vivais, c'était par choix. Enfin, depuis que j'avais quitté mon village natal en tout cas. Mais quelque part, le fait que je sois tellement attiré par cet endroit, que je m'étais mis en tête de venir ici pour rejoindre mon pote, me laissait parfois penser que certains choix n'étaient pas là par hasard...

Bref, une fois dehors, j'aspire une grande bouffée d'air, libre. Je souris avec amusement en voyant l'attitude de la jeune fille qui est la même, ce qu'elle a du remarquer aussi, une certains complicité s'instaurant entre nous. Comme je le disais, avec moi, le courant passait très rapidement, ou pas. Je pensais que je ne pouvais que bien m'entendre avec une femme comme Kaylee. Elle avait l'air tolérante, elle ne me jugeait pas, n'avait pas peur de moi, et j'appréciais son côté indépendant. Je lui allume sa clope, puis la mienne, le plus naturellement possible, sans aucune arrière pensé. Je ne suis pas comme ca moi. Je ne suis pas un mec qui voit les femmes comme des objets sexuels. Je n'ai crois en l'amitié homme-femme, même si je n'ai pas eu beaucoup d'amies jusque là. Concernant ce domaine, la drague, je ne vois pas l'eau à la rivière lorsque ca m'arrive, je ne comprend pas qu'on puisse s'intéresser à moi de cette manière... L'amour, tout ca, ce n'est pas mon truc.

Kaylee me remercie de lui avoir tenue compagnie. Je sens qu'elle est très franche, elle dit ce qu'elle pense sans se prendre la tête, elle n'y va pas par quatre chemins. J'aime beaucoup ca, c'est clair, et simple. C'est ce genre de relations qu'il me faut. Elle pensait d'ailleurs que c'était une bonne rencontre. Je suis un peu mal à l'aise lorsqu'on me fait des compliments, je suis très modeste, pire, j'ai une mauvaise image de moi même. Je ne veux pas qu'elle s'emballe trop me concernant, je suis loin d'être un saint, alors je calme un peu le jeu, tout en restant patient:

« Tu n'as pas à me remercier pour ca, ce n'est vraiment pas grand chose... »

C'est vrai, ce n'est même pas un service que je lui rend, enfin en tout cas, ce n'est pas volontaire, on fait juste connaissance, ca vient spontanément. Je ne cherche pas à me faire bien voir, je n'aime pas jouer un rôle. Je suis comme je suis, à prendre ou à laisser. Sur ces mots, je tire une bonne late sur ma clope, puis resouffle la fumée. C'est pas plus mal d'avoir quelque chose entre les mains en cet instant, ca me fait une contenance.

Et concernant la 'bonne' rencontre, je lui dis, un peu amusé:

« Tu penses ca parce que tu ne me connais pas encore assez... Tu ne tiendras plus le même discours quand tu auras vu la suite ! »

C'était de l'humour, mais je le pensais. Je pouvais la décevoir à de nombreux niveaux. J'étais plein de défauts. Je lui donnais ainsi un gage d'avenir, une sorte de promesse nous concernant. Nous n'en resterions pas là. Je comptais bien passer du temps avec elle. Je lui adresse un regard complice. C'est vrai, elle me connais si peu. J'ai envie que cela change, je veux qu'on apprenne à se découvrir tout les deux. En prenant notre temps.
Je ne pense pas qu'on puisse me qualifier de 'bonne' rencontre. Je suis une rencontre, ca c'est sur, je ne suis pas commun. Mais 'bonne', je ne dirais pas ca. Tout dépend de la personne, je peux être quelqu'un de très mauvais, tout comme je peux être plus amical.

« Viens, je connais un endroit plus tranquille. »

Je n'appréciais pas vraiment d'être dévisagé ainsi par les passants. Je me fichais de ce que pouvaient penser les autres quand je ne les voyais pas, mais si quelqu'un me regardait trop de travers, moi ou Kaylee d'ailleurs, il allait en prendre pour son grade. Je n'étais pas du genre à me laisser faire. Or, je ne voulais pas m'énerver alors que je venais à peine de rencontrer cette fille.

Je prend les devants et me dirige vers le derrière du foyer. Je marche un peu, m'assurant que la jeune femme me suit toujours, puis je prends un petit sentier dans l'herbe. En deux trois pas, je grimpe sur une butte, et j'aide Kaylee à en faire autant. Un petit bois se trouve devant nous. J pénètre dans ces lieux et me pose sur un tronc d'arbre couché, invitant Kaylee à en faire de même. Je connais bien ce genre de recoin. Depuis 3 ans que je suis dans ces lieux, j'en ai exploré les moindres recoins, chaque parcelle de terrain qui m'entoure. Je savais mieux que quiconque que connaître les lieux constituait un avantage non négligeable. Contre qui me direz-vous? Je ne savais pas vraiment... Mais j'étais toujours prêt à l'attaque... ou plutôt, la défense. J'écrase ma clope contre le tronc, et jette le mego au sol. Pas très écologique, je sais, mais je me fiche de ce genre de détails.
Je reporte mon attention sur Kaylee. Comme elle est plus bavarde que moi, ce qui n'est pas bien difficile, j'attends de voir ce qu'elle va me dire ou demander. Je me sens bien ici. Et je suis en plaisante compagnie. Non pas que la solitude me dérrange, c'est plutôt le contraire, mais un peu de changement ne fait pas de mal de temps en temps.