Emmène-moi ♫ Voir les girafes ! ~ Marissa ♥

C'est comme s'il lisait en elle, comme dans un livre ouvert. Oui, c'était tout à fait ça. Comme si en cet instant, ils étaient connectés l'un à l'autre. Comme s'il avait pu déchiffrer ses volontés alors qu'elle même, les ignorait. L'adolescente s'arrêta et se tourna vers lui pour l'écouter. Il s'excusa, il pensait que c'était de sa faute, non.. pas tout à fait et elle le corrigea immédiatement :

« Non Trevor, ce n'est pas de ta faute, tu as été sincère avec moi et j'apprécie ça, c'est juste que.. je n'étais pas prête à entendre tout ça, mais je préfère l'honnêteté, toujours... »

Après quoi, Trevor reprit en la rassurant sur ses craintes à propos de Willow. Entendre ça lui fit du bien, beaucoup de bien parce que oui, c'était exactement ce qu'elle voulait entendre au fond. Savoir que Willow faisait partie du passé et savoir qu'il tenait à elle. Surtout ça. La jeune femme lui sourit et vint déposer ses deux mains sur les joues de son petit ami, au bord de sa mâchoire. Elle ancra ses yeux dans les siens et lui sourit tendrement. Après quoi, elle vint l'embrasser à nouveau, doucement, avec beaucoup de calme et en même temps une certaine envie. Il avait vu juste, il avait dit exactement ce qu'elle avait besoin d'entendre pour continuer sereinement. Elle ne tarda d'ailleurs pas à lui dire :

« Oublions-ça, on a non seulement, un monde à te faire découvrir, mais également notre monde à reconstruire. Ensemble? »

A ce mot, elle avait levé sa main à hauteur de son visage, à plat, face contre Trevor, l'adolescent lui sourit et vint taper dedans, gardant la main de l'adolescente dans la sienne. Elle rit, enfin, pour la première fois de la journée. Ils avancèrent alors tranquillement vers l'entrée du Zoo, mais au moment de traverser la route, un chauffard arriva à toute allure sur eux. L'adolescente se figea et poussa un cri, prise de peur, alors que l'adolescent eu le réflèxe d'au contraire, avancer sur le trottoir en courant, prenant Marissa dans ses bras pour la faire avancer. Celle-ci avait levé ses coudes pour se protéger et ne bougeait toujours pas, après quelques mots de Trevor, elle ouvrit les yeux et chercha la voiture du regard, partit.

Son coeur battait à 200 à l'heure, incroyable. Elle avait vraiment eu très peur, une montée d'adrénaline inattendue. La jeune femme respira un petit moment histoire de se calmer puis ils avançèrent lentement vers l'entrée, tout en reprenant des rythmes cardiaques normaux. Il y avait un peu de monde, si bien qu'une file d'attente était obligatoire. Marissa se tourna alors vers Trevor et déposa son front sur son épaule non blessée. La pression retombait quant à ce qu'il venait tout juste de se passer, elle avait vraiment eu très peur. Elle ne pleurait pas, elle ne tremblait pas, mais elle était un peu sous le choc.

► Marissa ouvrit délicatement le petit sachet, et y trouva le collier à l’intérieur. Quand elle releva les yeux vers lui, Tre’ osa à peine la regarder. Mais heureusement, il le fit et il croisa son regard doux, qui valait tous les pardons de la terre. Un immense soulagement relâcha la pression qu’il avait depuis un quart d’heure sur les épaules. La jeune femme s’approcha de lui, et passa ses bras autour de ses épaules. Elle posa ensuite son visage au creux de son cou, le chatouillant au passage avec ses longs cils noirs. Tre’, lui, entoura la taille de la jeune femme de ses bras et la serra lui aussi contre lui. Cette étreinte faisait du bien. A son moral, à son cœur… Il se sentait beaucoup mieux. Il n’en revenait pas d’avoir stressé comme ça pour quelque chose d’aussi idiot. Sa copine se décolla un peu de lui, mais ce fut pour mieux revenir et pouvoir l’embrasser avec une infinie tendresse. Il répondit à son baiser, souriant contre ses lèvres quand elle se mit à jouer timidement avec sa langue. Quand ils se détachèrent l’un de l’autre, après un moment qui valait bien un collier en bonbons, Marisa planta ses grands yeux expressifs dans ceux du jeune homme : « Merci Trevor... et... j'veux pas qu'on arrête de se parler comme ça, c'est nul... ». Le jeune sportif hocha affirmativement la tête. « Je sais… je suis désolé, c’est ma faute. J’ai été nul, excuse-moi » fit-il avec sincérité. Il posa à nouveau ses lèvres sur celles de la Nu Zeta, en gage de bonne foi, puis l’aida à soulever ses cheveux pour qu’elle mette le collier. Après quoi le jeune couple se remit en route, main dans la main cette fois, vers le Zoo.
L’immense parc n’était plus très loin, et le trajet se passa de manière beaucoup plus agréable. Tre’ relança leur ancienne discussion. « Mari, à propos de tout à l’heure, je… Je voulais juste te dire que Willow, c’est du passé, maintenant. Je… Je me rends compte que je suis avec quelqu’un de vraiment génial… toi… et j’ai vraiment pas envie de te perdre. »

Marissa ne supportait plus ce silence. Ce silence pesant. Ce silence qui signifie que quelque chose ne va pas. Qui signifie quelque chose de difficile à digérer. C'était comme si, quelque chose c'était brisé, le silence, dans un couple, n'a jamais fait ses preuves, tout le monde le sait bien. Mais alors quoi? Ce silence avait-il une signification pour eux? Leur jeune couple? Elle n'en savait rien, elle n'y connaissait rien du tout au couple, à l'amour,tout ce qu'elle pouvait dire, c'était qu'elle était blessée. Parce que Trevor avait dit sur Willow, sa cousine, mais également sur le fait qu'il ne dise rien. Se rendait-il au moins compte que quelque chose n'allait pas? En avait-il seulement quelque chose à faire? Elle se sentait seule, seule avec lui. Elle aurait qu'il la rassure, qu'il la serre contre lui, comme il le faisait à chaque fois qu'elle avait peur, mais apparemment cette fois-ci, cette idée ne lui venait pas à l'esprit...

Puis, alors qu'ils marchaient en direction du Zoo, après avoir quitté ce métro puant, il prononça enfin quelque chose, elle se tourna vers lui, mais il avait disparu. Où était-il? Elle ne tarda pas à le savoir, il arriva rapidement, avec un petit sachet qu'il lui déposa dans sa main. Il avait le regard d'un enfant. Qu'est-ce qu'elle l'aimait ce regard. Le regard qui en disait long, qui disait tout en fait. C'était comme s'il lui demandait ce qu'il se passait. Comme s'il cherchait un moyen de retourner en arrière et il fallait bien le dire, il avait vu juste. Marissa sourit timidement et ouvrit le petit sachet, sachant très bien ce qu'elle allait y trouver. Elle sortit la petite gourmandise et regarda Trevor avec un regard doux. Elle s'approcha de lui et passa ses bras autour de ses épaules, essayant de ne pas lui faire de mal, puis approcha son visage du siens, le déposant près de sa nuque, elle se colla à lui. C'était un merci mais aussi une demande de paix dans cette zone de turbulences. Elle vint ensuite déposer ses lèvres sur les siennes pour l'embrasser tendrement, jouant un peu avec ses lèvres, mais pas trop, elle finit par lui dire tout bas :

« Merci Trevor... et... j'veux pas qu'on arrête de se parler comme ça, c'est nul... »

► Comment dire… ? Marissa ne décrocha plus la mâchoire à partir de cet instant. Elle accepta de sortir, prit son sac, sa veste, sortit de sa chambre, descendit les escaliers, suivie de près par le jeune homme, prévint Sienna qu’ils sortaient (mais sans un regard pour Trevor), caressa un clébard, quitta le bâtiment, l’enceinte de l’école… S’engouffra dans la bouche de métro… Le tout dans un silence de plomb. Comme il ne savait pas quoi dire, le brun respectait son silence et ne lui parlait pas non plus, mais ça commençait à sérieusement le gonfler. Non, en fait, ce n’était pas ça… ça le stressait. Il n’était pas comme d’habitude, quand il était énervé. Certes, son cœur battait plus vite, mais là, c’était différent. Parce qu’il n’avait envie de frapper personne. Non, il avait juste envie de secouer Marissa, pour qu’enfin elle lui parle, qu’enfin elle réagisse. Mais il ferma sa gueule. Les mains enfoncées dans les poches, il resta là, derrière elle, sans un mot. Le mutisme total. La joie. Dire qu’à la base, ils devaient passer une bonne après-midi, tous les deux. C’était vraiment bien parti. Et plus le temps passait, plus il sentait cette appréhension monter en lui. Ce goût amer que l’on a dans la bouche quand on sent que quelque chose de pas bien risque de se produire. Autant dire qu’il était franchement mal à l’aise. Le trajet durait 10 minutes. Durant dix minutes, ni l’un ni l’autre ne se parlèrent. Ils ne se regardèrent même-pas. Tre’ était à deux doigts de craquer quand les portes s’ouvrirent et que Marissa s’engouffre sur le quai du métro. Alors, il la suivit. Toujours en silence. Ils quittèrent la bouche de métro, marchèrent au moins 4 minutes dans le silence. Encore et toujours. En plus, ce n’est même pas comme s’ils se tenaient la main, ou quoi ou comme. Non. On aurait dit deux inconnus. Ils marchaient juste… côtes à côtes. Et encore !, le brun était légèrement en retrait derrière sa copine. Enfin… Sauf si toutefois elle décidait que leur relation ne méritait pas qu’elle lui laisse une chance. Il le redoutait de plus en plus, à vrai dire, et ne savait comment se faire pardonner.
C’est là qu’ils passèrent devant une vitrine qui attira l’œil du jeune homme. Il se stoppa net et planta ses mains sur la vitre, ce qui ne plut pas vraiment au commerçant à l’intérieur. « Marissa, attends ! » cria-t-il à l’attention de la jeune femme, qui avait continué d’avancer sans lui. Sans attendre sa réponse, il s’engouffra à l’intérieur du magasin et y fit une petite commission. Il ressortit aussi vite que possible et rejoint la jeune femme dans sa robe blanche, son petit paquet en main. Il approcha d’elle, tout penaud, et prit doucement sa main dans la sienne. En se penchant pour l’attraper, parce qu’elle était loin d’avoir envie de la lui tendre. Il glissa le petit paquet au creux de la main fine de la Nu Zeta et referma ses doigts dessus, avant de la lâcher. « Cadeau… » murmura-t-il en plantant ses yeux bleus-gris probablement inquiets dans les siens. A l’intérieur de ce paquet se trouvait un collier de bonbons… comme il le lui avait promis.

Marissa était blessée. En réalité, une relation "amoureuse" et une relation entre frère et soeur est vraiment différente. Avec ses frères, elle pouvait parler de tout, sans craindre de mettre les pieds dans le plat, sans craindre de les ennuyer et qu'on lui fasse comprendre qu'il fallait passer à autre chose, lorsqu'elle n'en était pas prête. Jude et Josh' l'écoutaient, la rassuraient, jusqu'à ce que son esprit soit apaisé, ce qui n'était pas le cas de Trevor. Autrement dit, il perdait des points et ses frères en gagnaient. Peut-être que Marissa s'était faîte des idées sur la relation amoureuse? Sûrement ça, car ça ne ressemblait plus à ce qu'elle avait imagé, à ce qu'elle aurait aimé... Non. Elle se dit que finalement, elle n'était peut être pas faîte pour ça, que sa relation avec Jude et Joshua la suffisait amplement. Oui, c'était surtout ça. Trevor coupa court à la conversation, ce qui la mit mal à l'aise, c'était bien la première fois qu'on ne terminait pas une conversation, ça la perturbait. Elle n'avait pas envie de faire comme si elle n'avait jamais rien entendu. Non. C'était impossible.

Elle ne dit rien et fit un signe de la tête lorsque Trevor parla du Zoo. Elle n'avait même pas envie d'y aller. Non. Ca ne la tentait pas, de faire comme si tout ça était normal. Comme s'ils étaient dans un mensonge. Elle ne le supportait pas. Alors elle se leva du lit, prépara quelques affaires dans son petit sac de coton, qu'elle porterait accroché au poignet. Elle y mit quelques billets, son téléphone et sa carte du Zoo. Elle hésita à se prendre une veste, puis en prit finalement une. Une veste blanche, en coton également. Après quoi, ils quittèrent la chambre et descendirent les escaliers. Batman était là, le chien -Golden Retreiver- de leur Confrérie. Ils étaient les seuls a en posséder un, un rescapé de la SPA. Marissa le caressa un petit moment, indiquant à SSS qu'ils sortaient. Cette dernière sourit et leur souhaita tout de même une bonne journée, puis, ils quittèrent le bâtiment afin de sortir de l'école, pour aller au jusqu'au métro. Marissa regarda ses pieds, ne parlant pas, mal à l'aise par tout ce silence réclamé par Trevor.

► Marissa sortit de la salle de bain, vêtue d’une petite robe blanche cintrée à la taille par une ceinture turquoise. Tre’ ne tilta pas, mais ils portaient les même couleurs, tous les deux. Elle lui avoua alors qu’il y avait des choses qu’il ne savait pas à son propos, des choses qui n’influenceraient en rien leur relation actuelle. Il haussa les épaules. « Tu sais, si je ne veux pas que les gens me jugent sur mon passé, ce n’est pas pour commencer à le faire sur le leur. Donc, ça m’est égal. Ce qui m’importe, c’est ce que tu es aujourd’hui, Marissa. » lui fit-il, tandis qu’elle approchait. Elle lui confirma que ce qu’il avait dit à propos de Willow était effectivement blessant. Elle avait réclamé de l’honnêteté de sa part, elle en avait eu. Il se contenta de hocher la tête, en attendant qu’elle poursuive, ce qu’elle fit après s’être assise au bord du lit où le jeune homme s’était affalé en entrant. « Moi et mes frères, on a toujours été plus que proches. Quand on nous voit de l'extérieur, ça rend parfois perplexe. Oui, on s'est chamaillé, comme tous les frères et sœurs, mais il y a quelque chose de fort entre nous. Quelque chose d'inexplicable. Si j'ai fait le choix d'être comme dirait la Voix « une cul serré » c'est tout simplement parce qu'un côté, je suis amoureuse de mes frères. Ils sont tout ce que j'aime, ils sont forts, ils me protègent de tout et puis... on est très fusionnels encore plus maintenant... je peux comprendre les liens ambigües que tu as avec Willow, surtout si vous n'avez aucun liens de sang, mais à côté de ça... je crois que je suis jalouse. Parce que tu l'aimes... et que moi... j'pensais déjà avoir du mal à trouver ma place mais qu'avec ça, j'aurai d'autant plus de mal... » avoua-t-elle au jeune homme. Il se redressa sur ses avant-bras et observa Marissa. Elle était amoureuse de ses frères ? C’était quoi, cette histoire ? Il fronça un sourcil, puis le deuxième. Il avait d’une part envie de s’énerver, d’autre part de faire comme s’il n’avait rien entendu. Il préféra la deuxième option. « Oui… tu les aimes… parce que ce sont tes frères. » fit-il, un peu pour se rassurer lui-même et pour faire prendre conscience à la jeune fille de ce qu’elle disait. Il se redressa ensuite et s’assit à côté d’elle. « Moi, c’est sûr, j’aime toujours Willow. Mais je sais faire la différence entre ma cousine et ma copine. Copine que j’aimerais vraiment, vraiment emmener au Zoo… » fit-il, avant de lui lancer un petit regard indécis. Trevor avait envie qu’ils fassent une croix là-dessus, définitivement. Exit cette histoire de famille à la con, pourquoi ne pas profiter pleinement de l’instant présent, au bout du compte ?! Pourquoi s’étaient-ils engagés dans cette discussion, déjà ? Ah, oui… la Voix. Celle-là, s’il mettait la main dessus, il promettait de lui faire payer cher ses conneries, bordel.

Il lui proposa de tout lui raconter, si elle allait se préparer pour leur rendez-vous. Que pouvait-elle faire d'autre? Lui claquer la porter au nez en lui disant que tout cela, cette histoire, leur histoire, était finie? Elle ne le voulait pas, même si elle n'était pas encore sûr pour leur avenir, elle accepta et alla chercher ses affaires afin d'aller dans la salle de bain. Elle fit une rapide toilette, se brossa les cheveux qu'elle attacha en queue de cheval, puis enfila une robe blanche, à large bretelle, plus large à la taille. Elle portait une ceinture turquoise et sans le savoir, elle s'était revêtit dans les mêmes couleurs que Trevor aujourd'hui. Elle se brossa les dents et entrouvrit la porte. Elle était un peu déçu par le terme employé par Trevor quant au « Monde des Bisnounours » la voyait-il comme une enfant? De toute façon, c'est bien ce que tout le monde pensait elle, tout simplement parce qu'elle ne voulait pas coucher avec un garçon. On la prenait pour la coincée de l'école. C'était blessant de se voir cracher dessus de la sorte, alors qu'on possède simplement des idéologies différentes de la majorité. Alors quand le garçon lui expliqua pour l'école, elle se sentit proche de lui. Parce qu'on est différent, parce qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment, il s'était vu jugé coupable et rejeté par sa famille. Seule Willow avait gardé contact avec lui et il avait du beaucoup souffrir de ça. Jude avait été rejeté par ses parents et s'il n'y avait pas eu Marissa et Joshua, il ne serait sûrement plus là à ce jour, alors en fin de compte, ils se ressemblaient bien plus qu'ils ne pourraient le croire. Elle sourit à ça, Trevor l'ignorait oui, mais il pourrait bien s'entendre avec Lukas... Elle sortit alors de la salle de bain, un peu timide. Elle avança dans la chambre et découvrit Trevor, allongé sur son lit, comme sur un divan de psy, un bras derrière la tête, il parlait. Elle l'écoutait sans rien dire. Il remarqua alors sa présence et elle lui sourit timidement. Elle avait entendu plusieurs choses. Des choses qui l'avaient un peu rassurée et d'autres qui lui faisait peur. Elle se sentait mal, vis à vis de sa cousine, elle ne savait pas vraiment quelle était sa place parmi ce triangle amoureux. Elle l'ignorait et tant que Trevor ne lui dira pas clairement qu'il n'a plus de sentiments amoureux pour sa cousine, sa peur ne partirait pas. C'était comme ça. Elle rêvait d'un amour pur, d'un amour sincère et vrai et en fin de compte, est-ce que tout cela n'était-il pas un mensonge? Un doux et agréable mensonge oui, mais ô combien douloureux quand la vérité éclate. Elle restait là, l'épaule appuyée sur le mur de la porte, elle n'osait rien ajouter, rien dire, rien faire. Elle avait peur de cette relation, car elle se rendait compte qu'elle tenait à Trevor, que si elle devait tirer un trait sur lui et leur histoire, elle aurait mal, vraiment très mal, mais à côté de ça, elle doutait... Tout ce qu'elle venait d'entendre était dur pour une douce rêveuse de 16 ans qui découvre l'amour. Vraiment très dur.

« On a tous un passé peu glorieux... Il y a quelque chose que tu ignores sur moi, il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas Trevor... Je ne me sens pas coupable de garder le silence sur ça, parce que ça n'a pas d'importance à ce jour... peut-être qu'un jour, il faudra que je t'en parle, mais tant que je peux contenir cette information pour moi, je le ferai... J'ai appris à ne dire que ce qui comptait vraiment, que ce qui pouvait avoir une influence. Je ne pense pas que ça changera quelque chose entre nous si je ne dis rien, pas avec ce que tu viens de me dire... Pour ce qui est du reste, je t'avoue que ce que tu me dis à propos de ta cousine... oui, c'est blessant... »

Elle fit un pas et s'assit sur le bord du lit, près de Trevor et continua alors :

« Moi et mes frères, ont a toujours été plus que proches. Quand on nous voit de l'extérieur, ça rend parfois perplexe. Oui, on s'est chamaillé, comme tout les frères et soeurs, mais il y a quelque chose de fort entre nous. Quelque chose d'inexplicable. Si j'ai fais le choix d'être comme dirait la Voix «une cul serré» c'est tout simplement parce qu'un côté, je suis amoureuse de mes frères. Ils sont tout ce que j'aime, ils sont forts, ils me protègent de tout et puis... on est très fusionnels encore plus maintenant... je peux comprendre les liens ambigües que tu as avec Willow, surtout si vous n'avez aucun liens de sang, mais à côté de ça... je crois que je suis jalouse. Parce que tu l'aimes.. et que moi.. j'pensais déjà avoir du mal à trouver ma place mais qu'avec ça, j'aurai d'autant plus de mal... »

► Marissa avait apparemment comprit, tout comme Trevor, qu’il avait bel et bien frappé son frangin adoré. Le problème était juste que… Tre’ ne savait pas que ce petit con de Jude était le frère de sa copine. Avec le recul, il se rendit compte qu’il aurait peut-être dû le deviner. Mais maintenant, il était trop tard. Il l’avait frappé, il sortait avec sa sœur. Point. Le passé était le passé, en ce qui concernait Jude. Il voulait bien ignorer totalement ce pauvre type, ça ne lui posait aucun problème. Mais il n’était pas sûr de pouvoir en dire autant du garçon. Lui ne prendrait certainement pas la chose aussi bien, surtout vu son côté protecteur exacerbé, et ça, Tre’ l’avait bien compris, surtout après ce que venait de lui expliquer Marissa. « Mon frère et mon jumeau sont les personnes pour qui je mourrais sans aucune hésitation… Quand j'ai lu que tu l'avais frappé, j'ai eu mal. En le frappant, c'est comme si tu me frappais moi... Quand j'ai vu la raison pour laquelle tu l'avais fait, je me suis dit : ce n'est pas le Trevor que je connais... alors je te le demande, qui es-tu Trevor Seyton ?... Pourquoi quand tu es avec d'autres, tu es si différent de quand tu es avec moi ?... » demanda-t-elle, ses grands yeux tristes posés sur lui. Le brun frotta doucement son visage dans ses mains avant de lui répondre. Une fois de plus, il soupira. « Mari, écoute… je ne savais pas que ce mec était ton frère. Je l’ai frappé à la soirée à laquelle j’ai été avec Fox, le jour où on s’est rencontrés toi et moi. Et franchement… je ne regrette pas de l’avoir fait. Désolé, mais je n’aime pas ton frère… et il ne m’aime pas non plus. Parce que tu me dis ça, mais lui aussi est bien différent avec moi et avec toi, tu sais. C’est comme ça, on n’est pas au pays des Bisounours. Moi, au fond, je suis comme lui… Je suis différent avec toi parce que je t’apprécie beaucoup. C’est tout ce qu’il y a de plus simple à comprendre… Alors oui, peut-être que la Voix a parfois raison pour certaines choses, et je suis désolé que ça soit le cas. » expliqua-t-il. « La Voix a vu juste pour moi et Fox, pour moi tout court même... Je n'arrête pas de m'en prendre plein la gueule depuis quelques temps, Fox, la Voix... et puis il y a eu toi... J'ignore ce que tu m'as fait et j'ignore aussi comment tu t'y prends, c'est peut-être moi qui suis vraiment trop conne et qui suis en train de m'enfoncer encore plus dans le piège, mais... c'est comme si avec toi... j'pouvais la vivre... ma vie. Comme si, quand tu es tout près, j'ose affronter la vie, ses dangers et que je vis vraiment... Mais après tout ça... j'ai mal et j'ai peur... parce que je ne peux m'empêcher de me poser la question sur... est-ce que tu es vraiment sincère avec moi... ? Je veux savoir Trevor, je veux que tu m'expliques pour le collège, ce que tu ressens à ce jour pour Willow et puis... qui je suis pour toi, tu viens de dire que je suis une fille avec qui tu aimes passer du temps... mais tu peux avoir toutes celles que tu veux -ou presque- alors réponds moi... ». Il ne la quittait pas des yeux, tandis qu’elle parlait. A la fin de son laïus, il se redressa et lui tendit la main pour l’aider à en faire autant. « D’accord. Je t’explique tout pendant que tu te changes, d’accord ? Parce que j’ai vraiment envie d’aller au Zoo avec toi, tu sais… ? » fit-il avec une petite moue boudeuse. Elle accepta, et ils rentrèrent dans sa chambre. Tre’ s’étala sur le lit, tandis que la jeune femme rentrait dans la salle de bain, en laissant la porte ouverte pour entendre ce qu’il avait à lui dire. « Pour le collège, c’est de la grosse connerie. Mais malheureusement, on m’a accusé à tort de ce méfait, parce que je me suis retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment, à fumer dans mon coin. J’ai été jugé coupable, et on m’a envoyé 6 mois en maison de redressement. Quand je suis revenu à Détroit… le véritable coupable m’a avoué la vérité. Il m’a dit que c’était lui qui avait fait ça, et qu’il regrettait ce qu’il m’était arrivé. Sauf que là, moi… mes parents adoptifs, ils ont cru que… qu’ils avaient adopté un détraqué. » commença-t-il à expliquer. Sa voix se serra. « Alors, ils m’ont gentiment expédié en Virginie, à l’armée. Tout ça pour un crime que je n’ai pas commis. Ils m’ont en quelques sortes renié, je n’avais plus personne, si ce n’est Willow. Quand j’ai été majeur, j’ai enfin pu quitter l’armée, et je suis venu la rejoindre ici. Elle et Alistair. Je l’aimais toujours, à ce moment-là… En fait, je ne sais pas ce que ça fait, de ne pas l’aimer. Je veux dire… d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été raide dingue d’elle. » poursuivit-il. « Désolé, tu voulais que je sois franc… excuse-moi si ça te blesse. Bref, la situation a changé depuis quelques temps. Je t’ai rencontrée, toi. Pas une autre. Toi. Marissa Chamberlain, Nu Zeta de 16 ans. Pas une bombe cheerleader au corps parfait. Pas une blonde sulfureuse et sans scrupules. Non, toi. Haha, à priori, je n’aurais jamais pensé que je m’attacherais à toi comme ça, tu sais ? Mais j’aime tellement passer du temps avec toi. Je me sens bien, je me sens enfin libre. C’est tout nouveau pour moi… et je ne veux pas que ça s’arrête à cause de mon passé. J’ai vraiment envie que ça marche, entre nous. Et si pour ça je dois faire l’effort de supporter ton co… euh… ton frère, bah je le ferai. » conclut-il. Pendant tout le temps de son discours, la jeune femme était restée dans la salle de bain. Quand il eut terminé, il leva les yeux et remarqua qu’elle venait de sortir doucement la tête par l’embrasure de la porte.

Il s'était calmé, assis devant elle, il posa doucement sa main chaude sur le genoux dénudé de l'adolescente. Il l'appela ensuite « Ma puce ». Ces deux simples mots firent bondir le coeur de l'adolescente. Mais c'était une torture, elle ne savait plus quoi penser. En qui devait-elle croire? Faire confiance? Qui devait-elle suivre? Elle avait l'impression de devoir choisir entre son frère et Trevor et elle ne le voulait pas. Elle ne voulait pas choisir entre les deux. Parce qu'au final, si elle répondait à ce choix, elle ferait une croix sur tous les bons moments avec Trevor, à leurs discussions sur l'herbe du parc, à leurs sorties, main dans la main, à leurs tendres baisers, à ses calins rassurants. Alors oui, Jude lui apportait déjà tout cela, mais l'amour d'un frère et celui -ou non- d'un garçon, c'était deux choses bien différentes. On se sent pousser des ailes, on a envie de refaire le monde, de faire des projets... Et puis quoi? Est-ce que la Voix avait vu juste? Elle avait besoin de tout savoir, qu'il ne lui cache rien. C'est ce qu'il était en train de faire, il lui expliquait, lentement, sa situation avec Willow. Ca lui faisait mal d'entendre ça. Etait-elle jalouse? Oui. Elle l'était avec ses frères, elle apprenait à l'être avec Trevor. Elle en avait honte, pourquoi se sentait-elle aussi mal en entendant tout ça? Elle ne voulait pas être une fille jalouse, elle préféra donc ne rien dire. Reniflant juste, elle prit alors la parole, relevant les yeux vers Trevor :

« Ca me fait peur. Parce que.. quand Sienna m'a fait lire ce texte, j'ai vu des choses vraies, tout ce que cette Voix a dit sur moi... c'est vrai. Je suis une coincée, j'ai peur de vivre ma vie, j'ai peur de tout alors je me protège. Mes frères ont veillés sur moi, mes parents n'ont jamais tenu leur rôle, mon frère c'est.. tout pour moi. Il m'a élevé, il m'a protégé, il venait dormir avec moi quand je pleurais. Il a toujours tout fait pour moi et il s'en est oublié lui même. Quand j'ai lu ça... ça m'a fait mal... ici... »

Elle plaça son poignet fermé sur son coeur, reprenant alors, regardant Trevor dans les yeux :

« Mon frère et mon jumeau sont les personnes pour qui je mourrai sans aucune hésitation.. quand j'ai lu que tu l'avais frappé, j'ai eu mal. En le frappant, c'est comme si tu me frappais moi... Quand j'ai vu la raison pour laquelle tu l'avais fais, je me suis dis : ce n'est pas le Trevor que je connais... alors je te le demande, qui es-tu Trevor Seyton?... Pourquoi quand tu es avec d'autre, tu es si différent de quand tu es avec moi?... »

Elle attendit sa réponse avant de continuer de sa voix tremblante et douce :

« La Voix a vu juste pour moi et Fox, pour moi tout court même... Je n'arrête pas de m'en prendre plein la gueule depuis quelques temps, Fox, la Voix... et puis il y a eu toi... »

Elle baissa les yeux, regardant un coin du tee-shirt de Trevor et reprit :

« J'ignore ce que tu m'as fais et j'ignore aussi comment tu t'y prends, c'est peut-être moi qui suis vraiment trop conne et qui suis en train de m'enfoncer encore plus dans le piège, mais.. c'est comme si avec toi... j'pouvais la vivre... ma vie. Comme si, quand tu es tout près, j'ose affronter la vie, ses dangers et que je vis vraiment... Mais après tout ça.. j'ai mal et j'ai peur.. parce que je ne peux m'empêcher de me poser la question sur... est-ce que tu es vraiment sincère avec moi... ? Je veux savoir Trevor, je veux que tu m'expliques pour le collège, ce que tu ressens à ce jour pour Willow et puis.. qui je suis pour toi, tu viens de dire que je suis une fille avec qui tu aimes passer du temps... mais tu peux avoir toutes celles que tu veux -ou presque- alors réponds moi... »

► « Je ne crois pas que tu sois homo, non, les choses qui me blessent le plus c'est à propos de mon frère et de ta cousine ! Comment tu as pu ne pas m'en parler ?! Comment tu as pu faire et dire tout ça en sachant tout ça ?! Qu'est-ce que tu cherches en étant avoir moi ? A oublier ta cousine ? Hein ? Je suis une fille de passage, une fille qui te sert à oublier ? Comme un loisir, un passe-temps ?! Mais tu le sais bon Dieu ! » s’énerva-t-elle, avant de le frapper à l’épaule gauche, celle qui n’avait rien. « Mais non, arrête ! » commença-t-il à répondre. « Tu le savais que tu étais le premier et tu t'es amusé ! Tu as joué avec moi ! Tu voulais blesser mon frère, Jude, c'est ça ? ! Mais qui es-tu Trevor Seyton ?! Qui es-tu réellement ?! » continua-t-elle sans le laisser poursuivre, presque en hurlant. Elle se recula ensuite brusquement vers la porte de sa chambre et s’appuya dessus, avant de se laisser glisser lentement sur le sol, tandis que ses larmes commençaient à ravager ses joues. Une fois au sol, recroquevillée sur elle-même, la tête entre ses genoux, elle murmura : « Dis-moi que tout cela n'est pas vrai Trevor... ». Le brun soupira. Il se frotta le visage de sa main droite, en tentant de se calmer. Il n’avait pas envie de se disputer avec elle. Pas maintenant, pas aujourd’hui. Ils devaient passer une bonne journée, à la base, tous les deux. Aller au Zoo, voir des éléphants, des girafes, et des alligators. Lui, c’est tout ce qu’il demandait. Mais cette Voix avait tout gâché, et maintenant, il faudrait qu’il s’explique.
Il approcha de la jeune femme et s’abaissa juste en face d’elle. Il s’assit en tailleur avant de respirer un grand coup. Le sportif posa une main sur le genou de Marissa et commença sa longue explication, concernant les rumeurs à son sujet. Particulièrement celles qu’elle pensait être vraies, et celles qui la blessaient. « Marissa, ma puce, écoute… je… Je t’ai dit, quand on était au restaurant, que je n’avais jamais eu de copine et aimé une seule fille, dans ma vie, d’accord ? Cette fille, c’était bien Willow. Mais elle n’est pas ma cousine… à proprement parler. Je… j’ai été adopté, et je n’ai jamais eu aucun lien de sang avec elle. Alors oui, c’est vrai, je l’ai embrassée. Une fois. Et puis, elle est repartie à Détroit. Je suis désolé de ne pas pouvoir te dire le contraire, parce que ça te fait de la peine et parce que ça a gâché une bonne partie de ma vie. Mais ce n’est pas pour ça que je suis avec toi, crois-moi. Si j’ai envie d’être ton copain, c’est avant tout pour toi, pour les moments qu’on passe ensemble. J’ai envie de faire des trucs avec toi, comme aller au Zoo, à l’Aquarium, toutes ces petites activités qu’on fait tous les deux et qui n’appartiennent qu’à nous, je… J’aime bien me balader avec toi, simplement, en te tenant la main. J’aime quand tu m’emmerdes à me prendre en photo quand je n’m’y attends pas, j’aime te montrer que je suis fort, te rassurer. Et tout ça, ça n’a rien à voir avec Willow, d’accord ? » fit-il à Marissa. Il lui ouvrait son cœur, en espérant sincèrement qu’elle accepterait ce qu’il avait à dire. Même si, c’est vrai, le jour où il l’avait rencontrée, il cherchait une copine. N’importe qui, pour oublier Willow. Oui, c’était vrai, ce jour-là. Mais aujourd’hui, les choses étaient bien différentes. Mari et lui ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais il avait déjà appris tellement de choses sur elle… Il s’attachait de plus en plus à la jeune fille, au temps qu’il passait avec elle, et il n’avait vraiment pas envie de la perdre, surtout à cause des conneries racontées par une folle furieuse telle que la Voix. « Quant à ton frère, tu ne me l’as jamais présenté, je ne sais pas qui c’est. D’ailleurs, je ne connais même pas de Jud… » commença-t-il, avant de se rendre compte d’une chose essentielle. Jude. Bien sûr, qu’il en connaissait un. Bien sûr qu’il avait traité un mec de tapette, avant de lui exploser la tronche à coup de boule bien placé. Et ce mec n’était autre que… le frère de Marissa. Trevor entrouvrit les lèvres, les referma. « Jude Chamberlain, putain. »

Il venait de lui demander, les deux seules choses qu'elle ne croyait pas spécialement. Elle ne pouvait pas imaginer Trevor, Gay, non, ça s'était impossible, il était bien trop... homme. Pas assez effémine, il n'avait pas la même vision des choses que peuvent avoir les homos, non. Pour le feu de son école, elle attendait ses explications mais ce qui la torturait le plus, c'était ce qui avait été dit sur Willow, sa cousine. En était-il fou amoureux? L'avait-il embrassé? Il lui avait dit qu'il n'avait jamais eu de petite amie, il lui avait donc menti, n'est-ce pas? Pouvait-elle rester avec un homme qui se moquait d'elle à ce point? Et puis... il avait frappé son frère et il ne lui avait même pas dit, était-il sortit avec elle juste pour foutre la merde entre les Chamberlain? Avait-il eu des projets de destruction envers Jude, en se servant de sa petite soeur? La chose, la personne qui comptait le plus à ses yeux? Qui était vraiment Trevor Seyton? Qui était-il bon sang ?! Elle ne demandait que ça, juste la réponse à cette question ! Rien de plus !

« Je ne crois pas que tu sois homo, non, les choses qui me blessent le plus c'est à propos de mon frère et de ta cousine ! Comment tu as pu ne pas m'en parler?! Comment tu as pu faire et dire tout ça en sachant tout ça?! Qu'est-ce que tu cherches en étant avoir moi? A oublier ta cousine? Hein? Je suis une fille de passage, une fille qui te sert à oublier? Comme un loisir, un passe temps ?! Mais tu le sais bon Dieu ! »

Elle lui envoya alors sa main sur son épaule non blessée, le frappant de sa petite main pour lui faire entendre sa colère et sa déception.

« Tu le savais que tu étais le premier et tu t'es amusé ! Tu as joué avec moi ! Tu voulais blesser mon frère, Jude, c'est ça? ! Mais qui es-tu Trevor Seyton ?! Qui es-tu réellement ?! »

Elle venait de coller son dos contre la porte fermée de sa chambre, les larmes montant à ses yeux, elle se laissa tomber le long de la porte, remontant ses genoux vers son visage, elle se mit à pleurer. Alors c'était donc ça? Une peine de coeur... ça faisait atrocement mal, c'était horriblement douloureux. Comment pouvait-on faire subir ça à quelqu'un? Elle avait mal, elle pleurait, elle s'était finalement laissé avoir par un garçon. Elle aurait jugé avoir eu du bon sens ce soir là, ce soir où ils s'étaient embrassé pour la première fois... ça ne pouvait pas être réel ! L'adolescente murmura alors, entre deux sanglots :

« Dis moi que tout cela n'est pas vrai Trevor.... »

► Marissa ne répondait pas. Sienna ordonna donc à Tre’ d’attendre bien sagement qu’elle ait la chercher. Après au moins cinq bonnes minutes, durant lesquelles le brun commença à perdre patience, la Nu Zeta montra enfin le bout de son nez. Elle descendit en tee-shirt, le regard terne et triste et les cheveux décoiffés. Un peu comme si… elle venait de se réveiller. Le jeune homme arqua un sourcil, croisa son regard pour ne plus le quitter. Et il comprit. Elle avait lu, ou entendu l’annonce de la Wynwood’s Voice. Putain. Il ne savait pas trop comment réagir, alors il attendit qu’elle fasse quelque chose. Au bout d’un long moment de silence uniquement perturbé par le bruit que faisait l’asiatique en mangeant non-loin d’eux, Marissa fit volte-face et se mit à courir vers l’étage. « Merde. » siffla Tre’ entre ses dents, avant de pénétrer dans la maison à son tour. Et tant pis s’il n’avait pas été invité, il n’allait pas laisser sa copine s’échapper comme ça, à cause de rumeurs stupides. « Marissa, attends ! » lança-t-il. Comme elle ne lui répondait pas, il monta les marches à sa suite, quatre à quatre, et déboula dans le couloir comme un diable et la poursuivit jusqu’à la porte de sa chambre, où il réussit à l’arrêter. Sa main s’empara du bras frêle de la jeune femme, et il l’obligea à se retourner pour lui faire face. A nouveau, ils se jaugèrent de longues secondes. Par son regard, il essayait de lui faire comprendre que c’était de la connerie, mais avait-elle seulement envie de comprendre ? Ne préférait-elle pas rester dans le déni… ? Il en avait l’impression, tant le regard de sa petite amie était distant et empli de tristesse. « Je suppose que tu as entendu les rumeurs du mois… » commença-t-il, après de longues secondes à la fixer. Comme elle ne répondait rien, il poursuivit. « Alors quoi, tu vas croire tout ce que cette garce a raconté, sans même me demander d’explications ? Il ne t’est pas venu à l’esprit que c’était peut-être un ramassis de conneries, ces histoires… Parce qu’une fille sans vie sociale, qui s’amuse à foutre la merde et détruire les gens à longueur d’année l’a dit, tu vas croire que je suis un putain d’homo ou que j’ai foutu l’feu à une école… ? » siffla-t-il. Son ton était apparemment calme, mais on pouvait aisément sentir que derrière ce calme apparent se cachait une tempête qui ne demandait qu’à répandre sa fureur partout sur son passage. Le brun lâcha le bras de Marissa, sans cesser de l’observer. Il ne voulait pas plier devant elle. Et si elle préférait croire ces conneries, alors oui, il partirait. Il serait déçu, certes. Très déçu. Mais il ne voulait pas d’une fille qui croit les on-dit, surtout ceux de la Voix, pour petite amie, de toute façon.

Marissa avait hâte d'être à ce jour, elle l'avait attendu toute la semaine, passer du temps avec Trevor était une vraie bouffée d'air frais. Oui, elle ressentait des palpitations dans son petit coeur, elle ressentait une bouffée de bonheur et de joie à l'état pur. C'était des sensations vraiment étranges en réalité, mais elle adorait tout ça. L'adolescente s'était levée de bonne heure aujourd'hui, elle avait laissé son frère dormir alors qu'elle était descendu prendre son petit déjeuner. Une fois en bas, Sienna qui était déjà debout, lui sauta littéralement dessus, lui disant qu'elle avait quelque chose d'extraordinaire à lui montrer. Prise d'excitation, Marissa s'était laissé embraqué devant l'ordinateur et elle avait tout lu... Son coeur se serrait dans sa poitrine. Comme si une main venait entourer son coeur et le lui serrait de toutes ses forces, jusqu'à ce qu'il explose. Sa main tremblait sur la souris, ses yeux s'embrumaient. Elle ne se sentait pas bien. Tout son bonheur venait de s'envoler. Elle allait se mettre à pleurer... Sienna essaya de la rassurer, lui disant que Trevor n'était pas le seul garçon sur terre, qu'elle en verrait d'autre, mais non. C'était Trevor, son petit ami, son premier petit ami. La voix de l'école avait lancé beaucoup de choses sur elle, sur son frère aussi. Alors comme ça ils s'étaient battu? Trevor avait-il vraiment dit tout ça sur Lukas? Et puis... comment la voix était-elle au courant pour elle et Fox? Comment elle avait su toutes ses choses? Non.. elle devait mentir...
L'adolescente essayait de se persuader qu'elle avait tout inventé, mais au lieu de ça, elle avait dit la vérité sur elle et Fox alors non.... c'était la vérité. Marissa quitta l'ordinateur dans un geste vif, elle balança un vase de fleur sur le sol, qui se trouvait autrefois près de l'escalier, puis monta à l'étage pour venir se jeter sur son lit, pleurant à chaudes larmes. Jude se réveilla alors et se demanda ce qu'il se passait.

« Est-ce que c'est vrai Jude ?!! »
« Gnain? Mais de quoi?.. Pourquoi tu pleures Marissa? Qu'est-ce qu'il se... »
« Est-ce que tu t'es battu avec Trevor Seyton Lukas?! »
« Hein? Mais comment tu sais que... »

La voix avait donc raison. Ils se détestaient. Les larmes de l'adolescente vinrent couler le long de ses joues. Comment Trevor avait-il pu être aussi méchant avec son frère? Elle n'avait jamais connu ce Trevor là, elle ne voulait pas croire qu'il était ainsi. Non. Ce n'était pas le Trevor qu'elle connaissait, mais en même temps, ils se connaissaient depuis quoi? Une ou deux semaines maximum? Que pouvait-elle connaître de lui? Elle était décidément vraiment trop conne ! Jude vint se coller contre elle pour la calmer, pour essayer de la faire parler. Elle finit alors par se rendormir dans ses larmes. Quand elle se réveilla, Jude n'était plus là. Sienna était venu la réveiller, la secouant :

« Hey Marissa, y'a Trevor en bas, il t'attend. »

Trevor?... Oh non... le Zoo. Elle n'avait pas envie de le voir. Lui, qui s'était battu avec Lukas, qui était amoureux d'une autre fille, qui avait mit le feu à son collège. Le plus dérangeant dans tout ça en fait, c'était qu'il soit amoureux d'une autre et aussi qu'il avait frappé son frère. Comment pouvait-elle être en couple avec un garçon qui avait levé sa main sur Jude? Non.. ce n'était pas possible. Marissa grogna qu'elle ne voulait pas descendre, qu'elle ne voulait pas le voir. Sienna ne savait pas quoi faire pour la sortir de son lit. Marissa sentait le chagrin l'envahir. Mais il fallait qu'elle ait des explications. Elle réussit à se sortir du lit, marchant alors lentement vers l'escalier, elle tira sur le grand tee-shirt qui lui servait de pyjama, puis elle descendit les marches, découvrant tout d'abord ses converses, puis ses mollets, enfin son bermuda blanc, son tee-shirt turquoise, ses épaules... et son regard. Il était dur, froid, triste. Il savait. Elle savait. Il savait qu'elle savait. Elle cessa d'avancer, elle le regarda tristement. Ils se toisèrent ainsi que longues minutes alors que Sienna était assise à la table, au milieu des deux, elle faisait croustiller quelque chose entre ses dents. Le seul bruit qui régnait dans la maison. Il ne disait rien, il ne bougeait pas. C'était donc vrai. L'adolescente remonta alors les marches, sentant la tristesse l'envahir. Elle entendit qu'il l'appelait et qu'il grimpait les marches rapidement derrière elle. A peine arrivée en haut, il lui avait attrapé le bras pour qu'elle se tourne vers lui.

Mercredi 13 juin 2012

► Aujourd’hui, Trevor et Marissa avaient prévu une sortie au Zoo. Il n’y avait jamais mis les pieds de sa vie. C’était un peu comme pour l’Aquarium, quand ils s’étaient rencontrés… à la différence près que cette fois, Tre’ et Marissa sortaient ensemble, en tant que couple. La veille, le brun était tout excité à l’idée de voir sa petite Nu Zeta préférée. La perspective de passer du temps avec elle ne pouvait que lui plaire. Sauf qu’au matin, une annonce sordide de la Voix avait gentiment gâché sa journée. Et la sienne, en particulier. En effet, elle avait énormément parlé de lui. Être Capitaine de l’équipe de foot, c’est bien, mais il faut pouvoir faire avec le revers de la médaille. Sa popularité grandissante venait de sombrer d’un coup, grâce aux agissements d’une espèce de salope mal-baisée. Ça ne l’aurait pas dérangé, en temps normal. Il n’aimait pas spécialement être le centre de l’attention. Mais là, c’était différent… parce que beaucoup de choses étaient vraies, dans ce qu’elle avait dit. Et le brun se demandait encore comment elle avait appris tout ça. Lui, en couple avec Marissa. Lui, amoureux de sa propre cousine… déjà, ça, c’était beaucoup.
Mais le reste lui restait très en travers de la gorge. Cette histoire d’incendie, déjà. La Voix l’avait accusé, comme pas mal de monde à Détroit, d’ailleurs, d’avoir mis le feu à son ancien collège. Certes, il avait été en maison de redressement pour cela. Mais le pire n’était pas là. Le pire, c’était d’une part qu’il était innocent, et d’autre part que le coupable, il le connaissait… et n’était apparemment pas le seul. Lui, dans cette histoire, s’était retrouvé victime d’un jeu. Victime de ses parents adoptifs, d’un hasard sordide qui l’avait conduit à se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Cette Voix avait entendu parler de ça… mais pourquoi diable avait-elle associé à cette histoire Alistair et Willow ? Non, décidément, il n’y comprenait rien. Cette fille était douée. Ou ses informateurs, mais qui étaient-ils… Il n’y avait que deux personnes, en plus de lui, qui connaissaient la vérité. Willow… et Sateen. Du moins, il le supposait. La blonde était-elle plus Eta Iota qu’elle voulait bien le laisser penser… ?
Pour en rajouter une couche, la Voix avait ensuite traité sa petite amie de cul serré. Il repensait à ses paroles, debout devant son miroir, en train de se préparer pour aller chercher Marissa. Plus il y pensait, et plus la rage montait. Parce que bien entendu, elle ne s’était pas arrêtée là. Elle avait aussi parlé d’une dispute entre lui et le frère de Marissa. Or, c’était complètement impossible, puisqu’elle ne lui avait jamais présenté son frère. (Oui, le pauvre garçon n’est pas très futé, ayez pitié.) Pour conclure, elle l’avait traité de gay. Et ça, ça avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Il avait passé sa matinée à s’énerver contre un sac de boxe, tant pis pour son épaule, en compagnie de Duncan, qui avait lui aussi été ciblé par la Voix. Ils s’étaient juré que s’ils la retrouvaient, ils lui feraient payer tout ça. Bref. Il était 14h45, et Tre’ était fin prêt. Il espérait que Marissa n’aurait pas entendu toutes ces rumeurs à la con, ou au pire qu’elle ne les croit pas, ou le laisse s’expliquer. C’est avec une certaine appréhension qu’il quitta sa chambre pour aller chercher sa petite amie. A 14h53, il sonna à la porte des Nu Zeta. Ce fut Sienna qui vint ouvrir. Elle avait un sourire… énigmatique. Immédiatement, le brun comprit qu’elle avait entendu les rumeurs. Il serra la mâchoire, énervé. « Salut… je viens chercher Marissa. » fit-il, froid. Il tripota le tissu de son tee-shirt bleu électrique, qu’il portait par-dessus un bermuda blanc et des Converses. Sienna lui lança un autre sourire, que Tre’ n’apprécia pas du tout, et se tourna vers l’intérieur du bâtiment. « Mariiii ! C’est ton copain homosexuel ♥ ! » appela-t-elle, le rire dans la voix. Trevor, excédé, frappa son poing droit dans le chambranle de la porte. Rester calme. Surtout, rester calme.