[TERMINÉ] Forever & Always. | Chamberlain

Sa voix était comme je l'avais prévu. Je savais très bien ce qu'il pensait. Il s'en voulait. Il se sentait coupable de ne pas avoir été là pour moi, mais comment aurait-il le savoir? J'avais pris la décision de ne rien lui dire, seule. Alors non, il n'avait pas à se sentir coupable, même si il y a encore un an, jamais je ne me serai retenue de lui dire que ça n'allait pas. Jamais. Alors qu'est-ce qui avait changé entre nous? Le départ de Joshua. Le départ de Lukas. Le fait que je reste dans cette grande maison. Où deux fantômes viennent et repartent, je ne les croisais jamais. Et quand c'était le cas, ils critiquaient. "Tu devrais couper tes cheveux". "Tu ne manges pas correctement". "Tu as fais tes devoirs?". "Pourquoi tu as changé de lycée?". "Tu veux te rapprocher de ton truant de frère?". Ca, c'était mon père. Il voyait Iude comme un malfrat, comme un rebelle sans cervelle, un drogué, alors que non, mon frère était tout autre chose. IL était exceptionnel. Alors qu'il était lui-même un enfant, il en a élevé deux, alors que ses parents n'étaient même pas fichu d'en élever un seul. Ils se permettaient de le critiquer sans arrêt, m'ordonnant de ne pas suivre le même chemin que lui, mais il était tellement mieux que les deux réunis. Tellement. Il avait grandit, tout en faisant grandir deux autres enfants. Et ils se permettaient de le juger? Mais qu'il y avait-il a juger? Mon jumeau était dans une des plus grandes écoles au monde, j'étais l'une des premières de ma promotion, j'avais aucune erreur judiciaire à mon actif (ou presque), j'étais encore vierge, je n'avais jamais touché à la drogue, je n'avais jamais volé. Mais que voulaient-ils de plus? Je devais subir, à chacune de les visite, leurs critiques sur la personne que je voyais comme un tuteur, comme un Dieu. Car oui, Iude était comme tel à mes yeux. J'étais folle de mon grand-frère, pour moi, c'était un héros, il avait réussi là où beaucoup échouent. Il avait réussi le pari de faire leur boulot. Il avait réussit. J'avais tellement hâte de m'enfuir de cette prison, avec mes parents qui étaient insupportables le peu de temps qu'ils étaient là. Alors quand Iude me parla de la chambre à l'Internat, que nous pourrions prendre tous les deux, mon coeur se sentit pousser des ailes. Le voulait-il vraiment? Etait-il sérieux? Car oui, j'en avais envie, j'en mourrai d'envie, mais je ne voulais pas l'enchaîner à moi, comme on peine à traîner un boulet. Il ne pourrait pas ramener de filles dans sa chambre, c'était la seule chose que je lui demanderai. Pour le reste, je m'en fichais, il pouvait tout faire. Même péter sur mon oreiller comme il le faisait parfois, au contraire, quand il le ferait la prochaine fois, je serai capable de pleurer de joie. Ces moments longs ou courts avec lui, me manquent. A défaut d'avoir mes deux frangins, je l'aurai lui. Le temps d'apprendre à battre seule des ailes. Mais j'avais peur de ne pas réussir. Et si cela prenait trop de temps? Trop de temps pour grandir, l'empêchant alors de s'envoler, alors qu'il en était prêt? Et le jour où il se marierait, où il fonderait sa propre famille, qu'est-ce que je deviendrai? Cette pensée me faisait rire, car j'imaginais mal mon frère se marier, mais ça me faisait du bien d'imaginer un tel avenir, heureux, pour lui, même si ce bonheur, il l'aurait grace à une autre que moi et Joshua. C'était égocentrique et orgueilleux de penser ça oui, mais c'était la vérité.
Après un petit temps, j'enfonçais le couteau dans le beurre de cacahuètes, lorsque la porte d'entrée s'ouvrit et que je pu voir mes parents rentrer en trombe dans la maison, se criant dessus.

- Tu es vraiment incorrigible Lukas! Tu me fatigues!
- Oh ça va, ferme la un peu!

Marissa n'en revenait pas d'entendre son père parler comme ça, l'avaient-ils vu? Apparemment non. L'adolescente laissa son téléphone et les hauts parleurs allumés alors que la scène continuait. Sa mère venait d'entrer dans la cuisine, énervée.

- Qu'est-ce qu'il se passe? Demanda Marissa.
- Rien du tout.
- Rien du tout?? Expliques donc à ta fille l'énorme connerie que tu viens de faire!

Son père venait de faire son apparition dans la cuisine, il était vraiment très énervé.

- Lukas..
- Ta très chère mère vient de simplement nous faire perdre un contrat de plusieurs millions de dollars, tout simplement à cause d'une conversation mal placée!

Oh... alors il s'agissait simplement de ça. L'argent. Encore et toujours, ils ne parlaient que de ça de toute façon. A chaque fois. Ils n'avaient pas remarqué la tristesse de l'adolescente ni même ses coupures sur les bras. Non, ils n'avaient rien vue, alors qu'ils vivaient sous le même toît. Voilà, c'était ça, avoir des parents Chamberlain.

- Lukas, je ne savais pas que c'ét..
- La ferme ! Et apprends donc à ta fille à se faire à manger! Tu crois que c'est l'heure pour manger ça Marissa?! Mais grandis un peu! Prends tes responsabilités! On dirait une enfant, grandit! On ne sera pas toujours là pour toi, pour te surveiller et te dire si ce que tu fais c'est bien ou non!

Là dessus, il frappa dans une casserole qui tomba au sol dans un bruit assourdissant. Marissa ferma les yeux, comme si cette action pouvait réduire le bruit. Sa mère ne la regarda même pas, suivant alors son maris pour le calmer. Marissa ne réussit à dire que:

- Oui.. désolée papa..

Sa voix n'était qu'un souffle, qu'un murmure. Les larmes montaient à nouveau à ses yeux, que répondre à ça? Lui dire que ses parents ne lui avaient jamais rien appris? Ah si. Le respect. Celui de savoir se taire, de ne pas répondre. Elle avait tellement vue ses frères se prendre des claques par leur père lorsqu'ils faisaient ça, qu'elle n'osait pas, jamais. Elle préférait se taire, même si ses parents n'avaient jamais été là.. ils restaient persuadés que si, mais non, ils n'avaient jamais été là. Quand elle gémissait, la nuit, étant malade, ou après un cauchemar, c'était toujours Joshua qui venait le premier, appelant ensuite Iude et voilà, ils s'endormaient les trois ensemble et ils se calmaient ainsi. Joshua et Iude faisaient des concours de pets ou de rots, ce qui amusaient toujours la jeune femme et c'était tout, à eux trois, ils faisaient leur monde.

HS: Non pas de soucis, c'est très bien et désolé de ne pas avoir répondu avant, j'avais une soirée ♥ J'espère que ça te plaira x)

Non.Non ! Non ! Comment est-ce que j’ai pu passer à côté de ça ? Je… Je suis nul. Un gros débile. Ma sœur ne va pas bien. Et moi… Moi je n’ai rien vu. J’ai été aveuglé. Complètement borné sur ma petite vie. Je frappe sur mon volant avec rage. Je viens de sortir du magasin. Une voiture me klaxonne. Je suis si mal garé que j’ai presque créé un embouteillage dans la rue. Je m’en fous. Je ne m’intéresse même plus à ce qui m’entoure. Je n’écoute que Marissa. Sa voix me brise le cœur. Je redémarre en vitesse et tente de partir. On m’insulte de tous les côtés, on est prêt à appeler la police. Je les ignore. Je roule. Je pars en direction de notre maison. Notre chez nous. Je ne le considère pas comme un refuge. Plus une prison. Ilot maudit où j’ai abandonné Marissa. Elle est perdue. Sa voix se brise. Je frappe sur le volant. Je ne suis même pas à côté d’elle. Je ne peux pas la prendre dans mes bras, je ne peux pas remonter son menton pour fixer mon regard dans le sien. Tout ce que je suis en mesure de faire c’est appuyer sur l’accélérateur. Je ne me gêne pas. Je continue de l’écoute. Je suis excédé, fou de rage. Ce n’est pas contre elle. Bien sûr que non ! Mais contre moi. Moi, l’abruti de grand frère. Sa veste… Sa fameuse veste ! Comment j’avais pu passer à côté de ça ? Elle pense que je vais être déçu. Je ne le suis pas vraiment. C’est la folie dans mon esprit. Pas de la déception mais un mélange de sentiments. J’ai envie de pleurer. Mais je me retiens. Je suis un mec. Je me dois de me montrer fort ! La chose qui me choque le plus c’est que Marissa ne me l’aurait certainement pas dit en direct. Elle en avait honte. Elle avait tenté de mettre fin à ses jours. Elle se sentait mal. Elle avait voulu mourir ! Comment pouvait-elle avoir osé penser ça ? C’est l’être le plus incroyable que cette planète est accueillie. On ne peut pas passer à côté d’elle. Ma vie mais pas la sienne. Il faut que je la rejoigne. Vite.
Je sais que Joshua n’est pas au courant. Sinon, il aurait rappliqué dans la journée. Il est capable de tout abandonner pour elle. Ils sont inséparables. Et ce n’est ni une carrière, ni un nom dans le métier qui peut devenir plus important. Si Joshua était au courant, il lui aurait dit qu’ils pouvaient trouver un arrangement. Il aurait sans doute craqué. Il aurait pleuré. Comme au téléphone avec son grand frère. Il voulait faire face à la douleur. Il ne voulait pas se sentir coupable. Mais il se mordait les doigts, elle lui manquait horriblement. Alors il s’est plongé dans le travail. Pour penser à autre chose que sa sœur et son frère. Son aveu, la dernière fois, m’a prouvé que j’étais capable de tout pour eux. Nous sommes liés. L’un sans les autres ça ne fonctionne pas. On a essayé. J’ai voulu ma liberté. Mais ce n’est que de papa et maman. Je veux m’éloigner d’eux. Pas des jumeaux. Je n’ai pas su le montrer. J’ai merdé.

La glace fond sur le fauteuil passager de la voiture. Je le regarde un instant. C’est le parfum préféré de Marissa. Moi j’ai toujours dit que je l’aimais aussi pour lui faire plaisir et aussi pour l’embêter quand il en restait peu. Je le lui donnerai le pot. Et avec une grosse cuillère à souple on ira tous les deux sur le canapé. Une couverture, des mots doux et un câlin. Je veux la prendre dans mes bras. Surtout depuis qu’elle pleure. J’accélère encore un peu. Mais je m’en fous. Les flics ne seront pas à ma poursuite. Ce n’est pas parce que je viens de griller un feu et que je suis largement au dessus de la vitesse limitée. J’ai une bonne raison. Je sais qu’ils s’en foutent. Mais tant pis. Je tente ma chance. Il ne m’arrivera rien. Marissa me dit qu’elle n’est pas comme les autres filles. C’est un truc de famille ça. Un gène que je leur ai donné. Non, ce n’est pas à cause des parents. Ils ne sont pour rien dans notre manière d’être. Enfin si, mais je ne veux pas leur devoir le moindre compte. Et même si cette différence pourrait passer pour un défaut aux yeux de pas mal de monde, moi je prends ça comme un avantage. Nous ne sommes pas comme tout le monde. Nous ne sommes pas de simples gosses de riches. Moi, c’est les jumeaux qui m’ont donné ce déclique. Je n’ai pas voulu qu’ils aient la même enfance que moi. Oui, je me suis amusé à apprendre l’italien avec la femme de ménage. Mais après ? J’avais été seul. Abandonné. Sans réelles amis. Les jumeaux m’ont prouvé que je pouvais ne pas être seul. Et je ne voulais que ce soit réciproque. Je me suis écarté du chemin bien rangé des parents. Je suis devenu l’homme que je suis. Grâce à des convictions, des buts. Dont celui de tout faire pour ma famille. Pour les jumeaux.
«Non, non, je ne roule pas. Je suis à la poursuite d’un nain pour aller à son arc-en-ciel. Marissa. Je ne veux plus que tu te sentes si mal. Ma liberté, tu sais, je m’en fous. C’est ton bonheur et celui de Joshua qui me fait vivre. Je ne peux pas te laisser seule. Je ne peux pas te laisser dans cet état. Et je te vois déjà dire que c’est égoïste de ta part de venir réclamer ton frère. Mais non. Ça ne l’est pas. J’ai fait les plus grosses erreurs du monde. Je ne veux pas que toi aussi. Tu es avec Joshua mon bien le plus précieux. Les parents si j’ai tant gueulé avec eux c’est pour que vous viviez dans des meilleures conditions. J’ai tout fait pour qu’ils réagissent. Qu’ils se disent qu’ils avaient mal fait avec moi et qu’il valait mieux qu’ils changent de technique en prenant du temps pour vous. Ça n’a pas marché. Et honnêtement je n’ai plus rien à leur recevoir d’eux. Tout ce que je souhaite c’est que l’on reste unis. A jamais et pour toujours. Tu comprends ? J’ai besoin que tu viennes demander mon aide. Je ne suis qu’un idiot qui ne voit rien. Tu dois venir me secouer. Je suis p’être pas le boss de la famille. Et je ne veux pas l’être. Je veux juste notre bonheur. Et ça, ça n’arrivera qu’en restant soudés. On n’est pas comme tout le monde, nous les Chamberlain ! Marissa je t’aime et je veux que tu me promettes de ne plus jamais te mettre dans ses états sans m’avertir. »
Je m’embrouille un peu. C’est la précipitation. J’ai trop de chose à lui dire. Je veux la secouer. Je veux qu’elle se sente bien. Je veux voir son sourire. Je veux surtout arriver rapidement à la maison. Je regarde un instant dans le rétroviseur. Pas de voiture à ma poursuite. Bon signe. «Et pour la chambre à l’interna, c’est sans doute une bonne idée. On pourrait se mettre ensemble un temps. Jusqu’à ce que tu te trouve une amie mieux que moi. Je ne déconne pas, hein ! Je suis seul et quand je suis seul j’ai tendance à faire le con. Tu me connais. J’ai vraiment besoin de toi à mes côtés. Mon rayon de soleil… Ma petite sœur chérie.»


Je t'avais écrit une réponse qui déchirait tout ce midi mais j'ai merdé et ça a tout supprimé >.<

Et merdouille... Il avait très bien entendu. Je mit ma main sur mon front alors que je tenais le couteau dans ma main et manqua de me crever un oeil. Je lui répondis alors rapidement:

- Non mais ça va, t'en fais pas..

Je lui mentais. Non, on s'était toujours promis de ne pas se mentir, jamais, pas nous. Jamais, jamais, jamais. Je ne pouvais pas le trahir, je m'arrêta donc cinq secondes avant de souffler un coup et de lui dire:

- En fait non, ça ne va pas Lukas... Il faut même que je te dise quelque chose, mais tu vas t'énerver... Tu vas même être déçu et c'est ça qui me fait le plus peur. J'ai... j'ai fais une connerie la première semaine où tu es partis. (HS: j'ai dis que la première semaine où Joshua était partit, tu étais resté avec elle, même la nuit, on dormait ensemble et donc là, je parle de la semaine suivante). C'est la raison pourquoi je portais tout le temps ma veste, tu te souviens?...

Allait-il comprendre ce dont je lui parlais? Je pense que oui, Lukas était un garçon torturé lui aussi, peut-être avions-nous ce côté en chacun de nous, mais qu'il apparaissait que lors d'événements exceptionnels? J'en savais fichtrement rien, mais lui & moi étions névrosés, c'était certain. Un blanc s'installa. Je savais qu'il allait s'en vouloir, étais-je correcte de lui dire tout ça, comme ça, après avoir gardé le silence les jours où ça n'allait pas? Après un petit temps, je continua:

- J'me sens seule tu sais... J'me sens affreusement seule depuis qu'il est partit et ça ne va pas...

C'est à ce moment là que je sentis ma voix trembler, allais-je me mettre à pleurer? Non, je ne pouvais pas pleurer. Trop tard, une larme coula et je précipita ma main sur ma joue lui l'essuyer, je repris alors, dans mes sanglots:

- Il me manque tu sais.. et vivre toute seule ici c'est horrible. Je ne croire presque jamais les parents, je suis toujours avec Lisa mais quand elle rentre chez elle le soir, je suis toute seule, la maison est tellement déprimante sans vous. Je dors presque tout le temps soit dans sa chambre ou alors dans la tienne, pour avoir une de vos odeurs.. je dors avec un de ses tee-shirt, comme si je voulais me mentir à moi-même. Il ne vient presque plus sur Skype, il révise sûrement pour ses examens, mais moi qu'est ce que j'ai Iude? Je n'ai aucun amis à part Dennis, mais je ne peux pas lui demander de faire la Baby Sitter. A toi non plus d'ailleurs... Et puis mis à part le Piano et mes histoires, qu'est-ce que j'ai? Je me sens tellement différente des autres, je n'ai rien à dire aux filles de mon âge, je me sens rejetée d'un peu tout le monde. Alors qu'avant, je souriais tout le temps et aujourd'hui, j'ai l'impression d'être déprimée à longueur de journée. Et je me sens prisonnière de cette maison, alors qu'au moins, si je dormais à l'école, je pourrai réussir à m'émanciper un peu, non? Mais ça me fait peur. J'ai peur de prendre mon envol, vous avez toujours été là, avec et pour moi et maintenant, c'est comme si je tombais du nid et qu'on me demandait de m'envoler...

Je m'étais mise à pleurer, je savais que ça allait toucher Lukas en plein coeur. Il ne supportait pas que je pleure et encore moins quand il ne pouvait pas être prêt de moi à ce moment là. J'avais le visage de Joshua en tête, il me manquait tellement. La relation entre un frère et une soeur est spéciale oui, mais celle entre deux jumeaux est exceptionnelle. Unique. Ils nous arrivaient de savoir si l'autre allait bien ou non, même séparé... sentait-il à quel point ça n'allait pas pour moi? Comment faisait-il pour aller bien, pour continuer? M'avait-il oublié? J'en avais la sensation, mais d'un autre côté, je me sentais coupable de penser ça, je savais qu'il m'aimait, tout comme Iude. Je n'avais pas le droit d'être aussi faible, alors qu'ils étaient si forts, pour eux même mais aussi pour moi.

Je séchais alors mes larmes et m'excusa auprès de mon frère pour avoir craqué. Il fallait que ça sorte. Absolument... Je ne voulais pas refaire la connerie de la dernière fois, c'était quelque chose que j'avais regretté ensuite. Je ne voulais pas le refaire. Plus jamais.

Quand mon frère me parla alors de mes rencontres, me disant qu'il n'en supportait pas deux sur trois et qu'il s'était même battu avec Jasper et qu'il s'était fait reprendre fortement, je me mis à sourire faiblement. C'était aussi le cas pour moi, était-ce ce Jasper qui était une très mauvaise fréquentation? Sûrement. Devais-je continuer à le voir? J'en savais rien. Pour Max', ce qui me faisait sourire, c'était qu'ils se ressemblaient bien plus que l'un et l'autre ne le pensait, j'étais sûre qu'ils pouvaient bien s'entendre au final. Quand à Dennis, je savais très bien qu'ils allaient bien s'entendre, surtout qu'ils avaient un point commun: ils n'appréciaient pas Max'. Je ne pu tout de même reprendre mon frère:

- Tu t'es fait punir et tu t'es battu et tu ne m'as rien dis? Qu'est-ce qu'il s'est passé? Et attends, tu conduis mais tu me parles en même temps là?

A mon tour de jouer la maman avec lui. ♥

HS: J'écoute Al.Hy & Louis Delort. Je pense à toi et j'ai eu les larmes aux yeux en écrivant certains passage ♥ Sinon, j'adore notre rp qui en fait, est vraiment un RP xD Et puis aussi, pour une fois, les rôles sont inversés, c'est la toute première fois ♥

Elle me dit de ne pas m’excuser d’avoir une vie. Ces mots me brisent. Je ne sais pas comment prendre ça. J’ai l’impression d’avoir abandonné une partie de moi en venant à Wynwood. J’ai abandonné mon foyer. C’est bien de prendre du recul. Mais j’en ai sans doute trop pris. Je me suis perdu au loin, seul. Ce n’est pas terrible. Surtout que Marissa a besoin d’un soutien en ce moment. Je sais que Joshua est son double. Lui loin… Elle doit respirer deux fois moins. Son cœur doit battre moins vite. Son sourire doit faner lentement. Et moi, je n’ai pas agi. Je suis resté reclus dans mon coin. Mauvaise idée. Il faut que j’arrange le coup. Que je redevienne un grand frère. Celui sur qui on peut compter. Celui qui vous soutient, vous élève, vous réconforte, vous couche le soir et raconte n’importe quoi pour vous faire rire. Je ne suis pas le même avec Joshua et Marissa. Les jumeaux connaissent une partie de moi que personne n’apercevra. Un Jude qui peut être un père. Je suis attentionné, doux, calme, posé. J’arrive à toujours tout arranger pour eux. Je suis celui qui fait des choses complètements folles, qui imite le dinosaure dans la maison et qui se maquille pour déconner. Personne ne me verra comme ça dans la vraie vie. On connaître l’espiègle, le sans limite, le manipulateur. Mais pas ce Jude. Je ne pense pas être prêt à le montrer. Il est bien trop personnel…
Quand Marissa me propose de devenir ma colocataire, j’ai envie d’accepter. Mais ses petits rires et son ton taquin m’en empêche. Elle ne prend pas cette éventualité au sérieux. Et si j’en avais envie ? Je n’ose pas. C’est peut-être elle qui ne veut pas. Je suis un frère chiant après tout !
Ma petite sœur enchaîne sur sa semaine. Pendant ce temps je démarre le contact et branche les écouteurs sur mon portable. Ni vu, ni connu ! Elle évoque plusieurs noms. Jasper. Un type que je garde à l’œil. Que je déteste. Je le hais même. Un ennemi. Voilà comment je le considère. Cassie couche avec lui. Enfin, elle sort avec. Mais je suppose qu’il y a plus. Enfin je n’en sais rien. Il va me prendre aussi ma sœur. Je n’aime vraiment pas ça. Puis elle parle de Maximilien. Ma sœur aime mes ennemis. Je crois que le destin s’acharne. Enfin, je ne crois pas en lui. Mais vous voyez sans doute ce que je veux dire. Ça me tue. Bon. Dennis, lui je le connais pas. Je tenterai de me renseigner. Je ferais une approche. Quoi ? Je ne veux pas que ma sœur soit mal entourée… Je suis désolé mais c’est comme ça. « … puisque j'ai du temps pour déprimer, autant que je me distraie... » Cette fin de phrase me saute aux yeux alors que je suis en train de rouler. Je réplique automatiquement : « Pardon ? J’ai mal entendu je crois… Tu déprimes ? Et tu ne viens même pas me harceler. Bon. Je suis sur la route. Je crois qu’il va falloir qu’on parle, p’tite sœur. J’aime pas quand t’es comme ça. Je vais devoir sortir le grand jeu !»
C’était quoi le nom de la glace qu’on prenait devant les films déjà ? Un supermarché. Je continue la conversation, tout en me garant à la ramasse. Pas le temps. «Tu sais, tes connaissances sont pas de très grands amis à moi. Enfin… Surtout Jasper et Maximilien. On a eu quelques différents. Surtout avec le premier. On s’est battus. On a dû faire des heures de travaux généraux pour le lycée. T’as vu, j’ai pas perdu de temps ?! Pour Maximilien… Disons qu’il est vraiment trop protecteur.» Protecteur. Ça ne vous fait penser à personne ? Un gars qui aime et sait tout d’une fille et qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour l’éloigner des prédateurs. Mmh… Aucun nom ne me viens à l’esprit. Pardon ? Qui ? Moi ? Pour Marissa ? Mais… Mais c’est totalement différent ! Moi je fais ça de manière raisonnable et raisonnée. Enfin, presque. Parfois. De temps à autre. Jamais ?
Je prends un peu de glace, glisse un billet et ne prend pas la peine d’attendre la monnaie. Je suis rapide comme l’éclair !

J'étais à la maison, encore seule, une fois de plus. Les parents étaient passés se changer tout à l'heure, pour repartir il y a de cela dix minutes. Et j'me sentais conne, d'être toute seule ici, j'avais la sensation de ne compter pour vraiment que trop peu de personne, je n'avais pas invité d'amis, de toute façon je n'en avais pas tellement, mis à part Dennis, j'avais rencontré Maximilien depuis trop peu de temps encore. Alors oui, j'avais un seul et véritable ami, Dennis. Voilà tout. J'étais minable.
Jude avait passé sa semaine avec ses amis, il en avait des tas et moi? Je me voyais comme le boulet qu'il se traînait aux pieds depuis seize longues années maintenant. Que pouvais-je faire? Sortir? Me forcer à être ce que je n'étais pas? Non, j'en avais pas envie, si Jude m'avait apprit quelque chose, c'était d'être comme j'étais et point barre, que ça plaise ou non. Je souris en pensant à ça, c'était tout mon frère ça, oui..

Mes parents venaient de partir, notre Domestique, Lisa, avait demandé sa soirée, j'étais donc toute seule, j'avais un peu faim, mais je ne savais pas vraiment cuisiner, étant donné que c'était toujours Lisa qui le faisait.. Je descendis donc les marches, après avoir tenté de parler à Joshua sur Skype, j'étais triste, il y venait de moins en moins et dans un sens, ça me rendait vraiment triste. Ma moitié me manquait et Jude tout autant.

J'arrivais dans la cuisine et j'ouvris le frigo alors que mon natel tout pourri sonna une nouvelle fois. Je décrocha, c'était Jude. Il s'excusa pour son absence, mais non, il n'avait pas a s'excuser d'avoir une vie, au final, c'était bien moi la plus égoïste des deux. J'étais toujours là, en train de demander de l'attention, un moment en famille, alors que lui ne voulait qu'une chose: son indépendance après avoir été comme un père pour nous durant 16 ans. J'étais vraiment nulle et je m'en voulais.

- T'excuses pas d'avoir une vie. J't'en veux pas..

En disant ces mots, ma voix se brisais légèrement, je toussa donc légèrement avant d'aller chercher le beurre de cacahuètes, le pain de mie, un couteau et une barquette de jus de Goyave. Je mis le haut parleur car oui, je l'avais sur mon téléphone pourrit et le posa sur la table, alors que je me préparai ce qui serait mon dîner.

- Tu es encore à l'école là? Et pour la chambre, on a qu'à se mettre ensemble, au moins on se verra de temps en temps. Plaisantais-je.

Mais non, il voulait de l'indépendance, quand allais-je réussir à le comprendre ça? Ca voulait dire, plus de petits frères et soeurs, ça veut dire une vie avec ses amis, des fêtes, des opportunités. La famille au second plan, pour pouvoir grandir et évoluer comme il le souhaitait. Il avait déjà tant fait pour moi je ne pouvais pas être à ce point égoïste. Je pris alors de nouveau la parole:

- Quand à ma semaine et bien.. j'ai des cours du soirs pour rattraper certains devoirs importants pour passer mon année quoi.. J'y ai rencontré un garçon, Jasper, il est cool

Je souris à ce souvenir, notre soirée lui & moi avait été un vrai ramassi de connerie, on avait manqué de se faire chopé, mais ça a tenu à pas grand chose. Non mais une histoire de fifou quand même, on est tout de même passés par une fenêtre pour rejoindre notre salle afin de faire croire au prof que nous n'étions pas sortis! Bref, j'évitais ces détails à Jude, il pourrait être fâché.

- Sinon, j'ai revu Maximilien, c'est vraiment un chic type, on a passé de bons moments cette semaine, ça m'a fait du bien de voir du monde. Et puis sinon, j'ai aussi vu Dennis et j'pense le voir aussi demain et puis sinon, je me suis présenté pour le Club de Musique et aussi de Théâtre de l'école, ça m'occupera, puisque j'ai du temps pour déprimer, autant que je me distraie...

Et merdouille, pourquoi avoir dis ce mot là? Non, je ne déprimais pas! Faîtes qu'il ne relève pas! (yn)

Pourquoi est-ce que j’ai osé aller aux toilettes sans mon portable ? J’aurais pu jouer à des jeux, j’aurais pu m’occuper en harcelant des gens de messages. Surtout que je viens d’appeler Marissa. Je suis trop con. Je l’ai laissé là, sur la table à côté de mes recherches et de ma tablette électronique. Stupide. Stupide Jude ! Je mérite une bonne claque. En fait, je n’aurais pas dû aller aux chiottes. Tout aurait été plus simple comme ça. Bon. J’aurais eu du mal à tenir en place. Mais je suis un homme, quoi ! Je peux tenir longtemps. Quand je reviens, je vois que j’ai un appel manqué. Sister. Plusieurs insultes sortent de ma bouche. C’est impossible de les retenir. J’y peux rien. J’écoute. Elle me gronde. A sa façon bien sûr… Tout en délicatesse. Mais je ressens une légère déception dans sa voix. Elle est déçue. J’ai déçue ma sœur ! La seule qui compte vraiment. La seule sur qui je veux voir un sourire de bonheur. Je suis nul. Je mérite vraiment des baffes. Des coups de fouet peut-être ? Mmh… Mon cœur est assez brisé comme ça. Il faut que je la rappelle. Que je la rejoigne. Que je fasse n’importe quoi pour rattraper mon retard. J’ai été en retard justement. A son arrivée. Je suis pitoyable. Tout ça pour quoi ? Des recherches. Des trucs personnels. Je creuse. Je m’enfonce dans un boulot qui ne me servira sans doute à rien. Je me construis un tunnel. Je pense toujours voir le bout mais ce n’est jamais le cas. Et maintenant je ne vois plus la surface. Seul et abandonné. Il y a des gens qui m’attendent derrière moi. Marissa. Et d’autres qui sont pressés de voir mon travail achevé. Ma clique. Je dois choisir. Amis ou famille. Non, l’école ne me vient même pas à l’esprit. Ce n’est pas une priorité. J’aurais dû choisir la famille depuis longtemps. Malgré mon envie d’indépendance. Malgré ma haine pour mes géniteurs. Joshua. Marissa. C’est à eux que j’aurais dû penser. Je me suis égaré. J’ai fait monter une fille sur ma moto. J’ai donné des cours de natation à une autre. Comme ça, pour le plaisir d’être serviable et gentil. Et je ne suis même pas capable d’appeler ma sœur et de prendre de ses nouvelles ? Je suis nul, merde ! Je me déçois. J’ai peut-être changé après tout… Il faut que je rattrape ça.
Je range tout en quatrième vitesse. On connait parfaitement mon sens de l’organisation. Les feuilles viennent se croiser dans tous les sens pour former un tas brouillon. J’essaye de les caler correctement. Ça ne marche pas. C’est chiant. 1$ pour le pot à gros mots… Un jour, ce petit récipient en verre sera plus riche que le compte en banque des parents. Merci qui ? Bon… Tant pis. J’abandonne tout. Mes mains viennent attraper de chaque côté le tas et je vais enfourner le tout dans une boîte en métal que je ferme avec un cadenas. On n’est jamais trop prudent. Je prends mon téléphone, jette un coup d’œil dans la salle. Une dernière fois avant de sortir furtivement. Tout en composant le numéro que je connais par cœur, je ferme la porte à clé. Et hop, dans ma poche. Ça sonne. Pitié ! Qu’elle ne soit pas elle non plus aux toilettes ! Pas deux fois, hein ! Déjà qu’elle n’a pas répondu à mon premier coup de fil. C’est bizarre ça d’ailleurs. Marissa me laisse me ridiculiser pour me rappeler dix minutes après. Cinq minutes ça aurait été parfait… Ou même quinze… Bon. Tu décroches ma Beauté ?

« Pif paf pof… Je fais un gros plof. Et ça c’est moche et je suis trop bof et … Allô ! Marissaaa ! Bon je suis content de t’avoir. J’ai eu ton message. Mais j’étais aux toilettes…»

Ma voix est légèrement blasée. Légèrement ? Non. Complètement. Déjà je suis déçu de ne pas avoir répondu. Et puis elle a intercepté ma phrase débile. Je marche dans les couloirs en direction du parking. Je suis content d’avoir ma voiture. Il doit y avoir mon kit main libre normalement dans la boîte à gant.

« Ma puce, je suis vraiment désolé pour mon absence. C’était une semaine assez chargée. Je sais toujours pas si je prends vraiment une chambre à l’interna, tu sais… J’ai demandé de prendre pour une durée minimum. Enfin, voilà, ça fait bientôt plus d’un mois. Ils ne m’ont pas mis de colocataire et je me fais totalement chier. Savoir que tu te fais chier aussi. Ben… Ça m’embête. Merde ! Enfin. Oups. 2$ pour le pot. »

J’ai gardé l’habitude de faire ces comptes là. Ça n’existe plus, c’était quand on était petits. Mais j’ai gardé l’habitude de compter. Histoire d’acheter un beau cadeau à Marissa un jour. Un café, des viennoiseries, un bijou. Oh ! J’aurais aimé lui faire un cadeau aujourd’hui ! Je sais. Je vais passer chez un fleuriste. Je prendrais ses fleures préférées en prétextant que mon retard est dû à un bouchon. Des fleurs ? Un fraisier ? Un bon gâteau… Ouais. C’est bien ça aussi.

« Désolé. Désolé. Désolé. Bon. Je te rejoins. En attendant, dis-moi tout. Comment ça s’est passé ta semaine ? Pas trop dur ? »

Bon. Si elle me demande, je ne suis pas en train de rouler. Un taxi. J’ai pas envie de l’inquiéter. Je préfère entendre sa voix. Un peu plus longtemps…