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 [x] To the edge of the earth. [Katina] - Terminé *petite larme*

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MessageSujet: Re: [x] To the edge of the earth. [Katina] - Terminé *petite larme*   [x] To the edge of the earth. [Katina] - Terminé *petite larme* - Page 2 EmptyMer 14 Déc 2011 - 16:34

La tête brune de Raphaël se redressa brusquement, scrutant de ses prunelles étincelantes la forme nébuleuse qui se tenait devant lui.

- Farès ? questionna-t-il sur un ton où se mêlaient méfiance et surprise.

Il s’immobilisa. Les doigts de la silhouette s’étaient refermés sur ses poignets, et leur température glaciale parcourait son échine de lancinantes morsures. Il serra les dents. C’était désagréable. Trop désagréable. Beaucoup trop. Il avait envie de la repousser, de lui asséner un coup puissant dans la mâchoire, un coup qui l’empêcherait à jamais de recommencer. Mais étrangement, quelque chose semblait le retenir. Il ne parvenait plus à bouger. D’une vague pression, elle l’avait aidé à se remettre sur ses jambes et le maintenait tant bien que mal en équilibre, son bras glissé autour de ses épaules. Elle bloquait l’usage de ses bras. Il tira d’un coup sec, se dégagea vivement de son étreinte. Ses yeux rembrunis, aux bords creusés et rougis par l'éreintement que lui imposait sa démence, s'écarquillèrent. Il avait l'air complètement abattu. Anéanti et triste à la fois. Soudain, sa bouche s'étira lentement vers le haut. Le patriote céda à un rire délirant qui le fit projeter sa tête en arrière.

- Tu crois que je suis fou mais tout est parfaitement normal chez moi ! C’est toi qui débloque ! Ce que tu dis est stupide ! STUPIDE ! Irvin Farès est mort. Je l’ai vu mour…

Il se coupa net. Devant lui, cette fille continuait à le fixer. Son regard était vide. Vide et glacial. C'était comme si ses yeux le pointaient, l'accusaient d'être un intrus. L'étudiant siffla entre ses dents. Mais à quoi est-ce qu'elle pensait cette idiote ?! Farès, infirmerie, à son cou ? Cela n’avait aucun sens, aucun ! Essayait-elle de détourner son attention ? Tentait-elle de lui tendre un piège ? Il tendit sèchement la main en avant, paume vers le ciel.

- Donne.

Démangeaison. Il grinça des dents. Oh, ça avait commencé doucement. Un petit fourmillement à l’arrière de la nuque. Mais, peu à peu, il semblait prendre de l’ampleur et s’étendre à tout son cou qui se retrouvait confronté à une désagréable pression. Il n’avait plus d’autre choix que de le courber, comme enchainé à un poids faramineux. Les fourmillements prirent la forme de picotement, et… brusquement, son visage se décomposa. Il hurla. Et les picotements de corrosion. Puis plus rien. Lentement, très lentement, il baissa la tête et glissa ses doigts autour de son cou pour découvrir avec horreur que ses pendentifs n’avaient pas bougé. Il recula d’un pas, puis de deux, continua encore, chancelant. Son dos percuta le mur de béton. Craquement tonnant. Le mur derrière lui venait de se fissurer, mêlé au crépitement des feuilles qui chutèrent d'un coup de l'unique arbre du désert, planté sur leur droite. Une vague incandescente, embrasée, balaya la fine poussière du terrain. Mais plutôt que de laisser un tapis de cendre derrière elle, elle dévoila un sol vitreux, transparent. On pouvait voir au travers une eau d'un bleu troublé dans laquelle errait des corps nus complètement décharnés n'ayant presque plus rien de comparable à un être humain tant ils étaient mutilés. Les épaules du garçon se voutèrent.

- Kak ty eto sdelal ? Ty s nimi, ya ne prav ? Ne podkhodi ko mne bolʹshe! NIKOGDA BOL’SHE ! (comment t’as fait ça ? Tu es avec eux, je me trompe ? Ne m’approche plus ! PLUS JAMAIS !)

Sa voix était sombre, sa bouche déformée par la haine. Bruissement sourd. Alisa se retrouva soudainement plaquée contre le sol. Aussitôt, les cadavres s'animèrent. Ils se jetèrent contre la vitre, cognant, heurtant, griffant sauvagement cette paroi qui les empêchait d'happer leur proie. A cheval par dessus la Russe, Raphaël la saisit par la gorge.

- Slushaĭtelebedinuyu pesnyu ! SLUSHAITE YEGO !(écoute le chant du cygne ! ECOUTE-LE !)
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MessageSujet: Re: [x] To the edge of the earth. [Katina] - Terminé *petite larme*   [x] To the edge of the earth. [Katina] - Terminé *petite larme* - Page 2 EmptyMer 14 Déc 2011 - 0:42

To the edge of the earth



Samedi 26 Novembre.
Déjà deux jours que je sais ce que manigance Edgard... Que je retarde le moment de la confrontation... Mais, je sais qui il est et il est temps qu'il s'explique. Cet enfoiré m'a foutu la trouille dès son arrivée, il a aussi bousculé tous les sentiments que j'avais refoulé ces deux dernières années... Si Luke était responsable de tout ce bordel... Rien, non, rien du tout, ça changerait rien. En revanche, le fait que Luke soit toujours en prison, ça change énormément de choses ici. Dois-je avoir peur d'une vague ombre de Luke ? Une pâle copie ? Edgard est un idiot. Je décidais alors de lui donner rendez vous dans le hall pour le lendemain matin en envoyant un texto à Isobel, sa colocataire. Et j'avais toute la soirée à réfléchir à ce que je pourrais lui dire et à toutes les réponses que je risquais de recevoir...En gros, une nuit entière à angoisser comme une malade. Certes, il était à peine plus de 20h30, j'avais donc une soirée ET une nuit... Bonjour la panique !

Je prenais donc l'initiative, aussi risquée soit-elle de me promener dans les couloirs, seule. Bon, je me disais que l'idéal serait de rejoindre Wyatt dans sa chambre mais en ce moment, ça devenait dur d'y aller sans croiser Nicole. Celle-ci avait soudainement changé ses habitudes et passait moins de soirées à découcher. Certes, elle ne rentrait pas trop tôt non plus mais, la mauvaise surprise de l'entendre arriver dans la chambre vers minuit, était une pensée déplaisante... À moins d'avoir la chance qu'elle fasse des rencontres qui puissent la faire découcher ou ne pas rentrer avant six heures du matin... Chose qui devenait rare à présent, mademoiselle suivant enfin les cours au bout de deux mois de silence radio. D'ailleurs, cette pétasse était dans ma classe. La poisse... Après quelques moments d'hésitation, je me disais alors que je pourrais toujours y aller le temps de quelques heures, pour le voir, le câliner... Je sortais alors de ma chambre, vêtue d'un mini short en coton blanc, un débardeur noir et par dessus, une veste à capuche blanche, sans oublier des soquettes et des chaussons parce que mine de rien, il faisait un peu frais. J'arpentais donc les couloirs, descendais quelques étages, et alors que je me retrouvais dans le couloir du troisième étage, quelque chose me percutais... Puis, des doigts s'agrippant à mes chevilles... Poisse qui s'accroche. Peste qui m'empoisonne l'existence. Panique qui me quitte lentement pour laisse place au... Paroxysme de l'exaspération... Farès.


«Tu es injuste. Tu es si injuste ! Ca devrait être si facile pour moi de te détruire. Une simple pression suffirait à ce que j’écrase ta petite tête comme un fruit moisi sur un mur. Ceux que tu surnommes les créatures de Dieu font aussi des victimes pour conserver le prétendu équilibre, tu sais ? Ce sont aussi des outils de guerre, de véritables machines à tuer à la solde d’une cause qui leur est inculquée depuis le jour de leur création. Ils appellent ça la justice. Il pense faire ce qu’on surnomme le Bien, mais je sais qu’ils se trompent. Ils ne font que servir une cause archaïque perdue depuis longtemps. Moi, je sers la Nouvelle Cause. Une cause qui donne un sens réel à tous ces visages de morts que j’ai vus. Alors c’est injustice de me juger pour ça ! INJUSTICE !»

Il s'était appuyé sur moi pur se relever, il semblait faible, malade en fait. Il divaguait totalement, je n'avais pas la moindre idée de ce dont il parlait, sûrement un de ses grands délires pseudos religieux, que sais-je ? À vrai dire, je m'en foutais bien. Mais lorsqu'il gueulait ce dernier mot, je ne pouvais retenir un sursaut. Était-il définitivement fou ?

«Je suis né pour tuer. Je suis en droit de tuer. Seulement, si j’avais à te tuer, Alisa, je sais que j’hésiterais. Pourquoi j’hésite ?»

«Pardon ?»

J'eus même pas le temps de prononcer ce mot que cet abruti passait sa main dans mes cheveux, comme s'il les caressait. Quelques frissons me parcourait tandis que son pouce frôlait mes joues, mais à quoi jouait-il ? Et d'un coup, la douceur se muait en douleur... Putain, l'enfoiré, il me tire les cheveux !

«Qui te permet de me faire hésiter ?!»

«Lâche-moi Farès !»

«Oni prikhodyat, BEGI !»

Depuis quand il parle russe celui-là ?Alors là, ce n'est pas possible, je dois rêver... Non, je n'ai pas pu entendre de la bouche de Farès "Oni prikhodyat begi", je l'ai halluciné, inventé, ouais voilà, je n'ai pas assez mangé ce soir, je suis à deux doigts de l'hypoglycémie et Farès c'est juste un maudit mirage à la con... Quoique, je sens bien ses doigts serrer mon poignet, encore... Bordel, je le hais ce mec. Et pour me faire courir dans ce foutu couloir pour échapper à des fantômes, génial... Lui, il a pour projet de saboter une autre de mes soirées, chouette alors.

«Shto ? Ty savsjem akhujel?*»

Mais enfin, il s'arrêtait. Toux. Regard maladif. Ok, je délire pas, il est juste complètement patraque. Il faut simplement l'emmener à l'infirmerie et tout rentrera dans l'ordre. Surtout pour moi.

«Katina... ? Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Il faut que j’aille à… à l’inf… à l'infi... Ils me parlent, tu sais ? Ils n'arrêtent pas de murmurer la même phrase. Ils ne savent dire que ça. Alisa, je t'en prie, je t'en supplie, FAIS-LES TAIRE !»

Il était tombé à terre, de nouveau, accroché à mes jambes. Il me faisait pitié. Je le haïssais mais je ne pouvais pas le laisser là, comme une vulgaire chaussette trouée. J'allais le porter à l'infirmerie lorsqu'il se remit à baragouiner de manière plutôt incompréhensible. Faire taire qui ? Ah oui, les voix dans sa tête. Grave fièvre, apparemment...

«Il faut que j’aille à l... à la...»

Et soudainement, une nouvelle expression étrange apparut sur son visage. On aurait dit qu'il avait perdu quelque chose car il se mettait à fouiller sur lui-même...

«Où est-il ?!»

«Quoi donc ?»

«Où est mon matricule ? Où est-il ?!! Je ne peux pas le perdre ! Je ne peux pas l'enlever. JAMAIS ! Ce sont les ordres. Où est-il ? C'est toi qui me l'a volé ?!»

«Du calme... quels ordres ? J'ai rien volé, Farès, calme toi un peu.»

«Rends-le moi ! TOUT DE SUITE !!»

Un matricule ? Farès a un matricule... Ok, toi, tu vas avoir des choses à me dire, je sens... Bref. Pour le moment, je veux la paix alors monsieur doit comprendre que son pendentif est toujours à son cou et que je ne suis pas une voleuse et.... BORDEL IL VA Y ALLER À L'INFIRMERIE ET ME LÂCHER POUR CE SOIR !

«Tu l'as à ton cou ! Maintenant, tu te lèves, on va aller à l'infirmerie, Farès.»

Je lui prenais le poignet, plaçais son bras sur mon épaule pour le maintenir debout et le faisais se lever, m'apprêtant à descendre les derniers étages jusqu'à l'infirmerie. Je devrais attendre quelques minutes avant de voir Wyatt mais bon... pas moyen de faire autrement pour me débarrasser de Farès...


*Quoi ? Vous déconnez ?
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MessageSujet: [x] To the edge of the earth. [Katina] - Terminé *petite larme*   [x] To the edge of the earth. [Katina] - Terminé *petite larme* - Page 2 EmptyLun 12 Déc 2011 - 2:48

Réponds !

- Allô ? Allô ?

L’infirmerie. Il devait aller à l’infirmerie. Mais avant ça… Réponds. Réponds Dimitri. Réponds ! REPONDS !

- Allô ? Allô ? ALLÔ ?!!

Mais personne ne lui répondait. Un silence morbide s’était installé que seules les gouttes d’un robinet mal fermé s’écrasant à un rythme régulier dans le fond du lavabo parvenaient à percer. C’était comme s’il téléphonait à un mort depuis les sous-sols secrets d’une église. Sa peau le démangeait, comme parcourue d’éternels picotements. Des aiguilles. Non. Il avait froid. Étrangement froid. Un souffle glacial imitait la mordante sensation du blizzard sur son visage. Son regard affolé parcourut l’ensemble de la pièce. D’où venait-il ? Il fallait qu’il cesse ! Il ferma les paupières, les couvrit d’une main. A l’autre bout du fil, un petit bruit fit grésiller l’appareil. Le garçon tendit l’oreille. C’était une respiration difficile, comparable au grincement du plancher. Soudain, le hurlement effroyablement strident d’une femme jailli du combiné pour lui déchirer les tympans. L’appareil s’écrasa sur le sol en un vacarme assourdissant. La démarche titubante, l’homme recula de quelques pas. La pièce entière semblait s’éloigner brusquement de lui. Ou était-il attiré en arrière ? Son épaule se heurta à la porte de sa chambre. Il n’était pas parvenu à l’ouvrir. Derrière lui, sa chambre, calme et paisible. Au milieu, son portable décomposé. Il se pencha pour le ramasser. NON ! Que faisait-il ? Sortir. Il fallait qu’il sorte. Tout de suite ! Sa main se referma sur le clinche de la porte. Il fit un premier pas vers le corridor.

BANG !

L’homme s’était écroulé sur le carrelage blanc, retenant de justesse un hoquet de surprise et une violente nausée. C’était comme s’il avait raté la marche d’un escalier, comme s’il avait glissé dans le vide et retrouvait enfin pied. Ou presque… Une flamme. Devant lui, était-ce une flamme ? Le feu ? Derechef, il sentit ses paupières s'affaisser sans qu'il ne puisse rien faire. Une brume enveloppait sa vision. Son corps glissait lentement sur le côté. Tout était flou. Il ne distinguait plus que l'éclat orangé de ce petit feu. Il bascula.

Une douce et chaleureuse odeur vint lui caresser les narines. Une odeur de paille, de fleurs et de fraicheur. La fine pellicule d’herbe qui tapissait la terre molle lui chatouillait la joue. Il était allongé dans un champ de blé. Pas un seul bruit ne troublait sa quiétude. Seul le vent qui éraflait respectueusement son corps pour le refroidir sifflait sa chanson envoutante à travers les tiges. Il était bien. Non. Ce n’était pas le mot juste. Il était heureux. C’était dans les bras du bonheur qu’il s’assoupissait. Un rire le poussa malgré-lui à se lever. Un rire vif et clair, empli de joie. Un rire d’enfant. Une trainée de flammes filait un peu plus loin. C’était une petite fille. Elle courait. Ses cheveux étincelants comme les astres ondulaient, dansaient derrière elle, valsaient avec la petite robe blanche qu’elle portait, s’embrasaient lorsque les rayons du soleil les effleuraient. Elle sauta dans les bras d’une femme elle aussi vêtue de blanc. Elle la fit décoller, la souleva au-dessus de sa tête, ce qui intensifia les rires de la petite fille. Ils étaient heureux, tout comme lui l’était. La femme se tourna vers lui. Aussitôt, il reconnut son visage. Ses traits fins et angéliques, son regard purifié. Elle lui souriait. Un sourire paisible. Un sourire si simple, qui ne lui avait pourtant jamais été accordé auparavant.

L’enfant embrassa le front de la femme qui la redéposa sur le sol. D'un pas allègre, elle s'avança vers Raphaël, les bras écartés tels deux ailes sur les côtés, ses paumes planant par dessus les épis légèrement piquants. Plus elle s'approchait, plus il pouvait la détailler. Elle avait les cheveux blonds de sa mère et les yeux pers de son père. Sa main blanche se tendit vers le jeune homme. Elles allaient se toucher. Soudain ses doigts se heurtèrent à quelque chose. Une paroi. Un mur invisible et infranchissable les séparait. La petite fille se mit alors à sangloter. Elle pleura, d’abord, hurla ensuite. Le néant suivit son cri de douleur lorsqu'elle explosa de concert avec la vitre qui bloquait le passage. Il entendit les morceaux chanter d'une voix sinistre alors qu'ils fonçaient sur Elle, prêts à les transpercer. Et puis plus rien.

La fade odeur de la cendre mélangée au parfum amer de la mort saisit la gorge du mortel. Le champ avait brûlé. Il n'était plus qu'un terrain vague et triste, balayé par une poussière sombre. Plus loin, une jeune femme était accroupie, le regard plongé dans la paume de ses mains teintées de sang. Devant elle, le contour de plusieurs corps était gravé dans le sol poudreux.

- Pourquoi as-tu fait ça ?

Sa voix était rauque. Les muscles de ses épaules se contractèrent.

- Pourquoi ? POURQUOI ?!

Elle bondit, sa main illuminée d'un rayon de lumière mortel à côté d’elle. Le garçon écarta les bras. Il s'entendit dire d'une voix qui n'était pas la sienne :

- C'est le chant du cygne, mon enfant.

Le souffle coupé, le patriote rouvrit brusquement les yeux. Il était étalé de tout son long, juste devant les escaliers. Il avait traversé le couloir. Fébrile, il se remit sur ses pieds, et d’une démarche maladroite, il reprit son chemin. Il secoua la tête. Concentré. Il fallait impérativement qu’il reste concentré. Il ne fallait pas qu’il perde son objectif de vue. Ne pas le perdre. Ne pas le perdre. Ne pas le perdre. Ne pas… TAIS-TOI ! Ses mains s’étaient plaquées contre son visage transpirant. Et… elles tremblaient ? Impossible. Elles ne pouvaient pas trembler ! Il en avait besoin. Et… sa vue ! Pourquoi sa vue se troublait ? Sa vue. Sa vue. Sa vue… ! Elle n’avait pas le droit de l’abandonner. Il en avait besoin. Elle et ses mains, elles étaient ses instruments. Sans elles, il n’était personne. STOP ! Infirmerie. D’incessants lancements martelaient douloureusement dans son crane, cacophonie de tambours et de trompettes. Il devait impérativement se rendre à… la bibliothèque ? Oui. Il devait le leur prouver. Il n’avait pas d’autres choix. Et les écrits ne mentaient pas. Alors il chercherait, et il trouverait. Il honorerait leurs mémoires et il ferait éclater la vérité au grand jour. Mais pour ça, il devait se rendre à la…

Brusquement, il se figea, cligna plusieurs fois des yeux. Ses mains se refermèrent nerveusement sur ses bras qu’il se mit à frénétiquement frictionner. Le blizzard, il revenait. Mais lui il ne voulait pas y retourner. Il serra les dents. Elles commençaient à claquer, incontrôlables. Trop froid. Il faisait beaucoup trop froid. Ses pupilles se rivèrent sur le sol. Ses pieds nus s’enfonçaient désagréablement dans la neige. Devant lui, rien ne se dessinait à l’horizon. Seulement le brouillard et la neige qui s’abattait éternellement sur les contrées désertées. Un éclair de lumière illumina un instant les ténèbres, accompagné d’un puissant coup de tonnerre. Le garçon sursauta, fit un bond en arrière. Ils arrivaient ? Un cri effroyable déchira la nuit. « SMERTʹDINASTII !! » NON ! C’était eux. Oui, il en était certain. Ils étaient là pour lui. Ils étaient là pour le tuer, pour en finir avec cette histoire. Courir ! Il devait courir, sans jamais s’arrêter ! Courir, courir encore ! Courir à en haleter indéfiniment, courir à en crever d’asphyxie. Mais surtout ne pas leur laisser le mérite de l’achever. Pas eux !

JAMAIS !

Soudainement, il percuta une forme indéfinissable, s’écroula à ses pieds sous le choc. Ses doigts s’agrippèrent à ses jambes. Une statue, ou une sculpture ? Du marbre. Il se servit de son appui pour se redresser, se soutint sur ses épaules, chancelant. Il pencha la tête sur le côté. Une statue de la vierge Marie ? Il entrouvrit la bouche, perplexe. Son regard semblait le scruter. Le juger. Elle le jugeait, pour ses actes. Pour sa vengeance. Il secoua vivement la tête.

- Tu es injuste. Tu es si injuste ! Ca devrait être si facile pour moi de te détruire. Une simple pression suffirait à ce que j’écrase ta petite tête comme un fruit moisi sur un mur. Ceux que tu surnommes les créatures de Dieu font aussi des victimes pour conserver le prétendu équilibre, tu sais ? Ce sont aussi des outils de guerre, de véritables machines à tuer à la solde d’une cause qui leur est inculquée depuis le jour de leur création. Ils appellent ça la justice. Il pense faire ce qu’on surnomme le Bien, mais je sais qu’ils se trompent. Ils ne font que servir une cause archaïque perdue depuis longtemps. Moi, je sers la Nouvelle Cause. Une cause qui donne un sens réel à tous ces visages de morts que j’ai vus. Alors c’est injustice de me juger pour ça ! INJUSTICE !

Il avait hurlé le dernier mot à plein poumons, cri qui eu pour conséquence de faire exploser la statue, délivrant une autre forme, plus redoutée encore. Hoquet de surprise. D’un geste brusque, le garçon recula vivement en arrière. Effaré. Il semblait effaré. Mais cette expression fut instantanément remplacée par un intérêt étrange, une ultime concentration. Désormais, il déchiffrait le moindre des traits de son visage. Il s’avança de quelques pas, sceptique et crédule.

- Je suis né pour tuer. Je suis en droit de tuer. Seulement, si j’avais à te tuer, Alisa, je sais que j’hésiterais.

Il hocha la tête, lentement.

- Pourquoi j’hésite ?

Ses doigts passèrent sous l’embrasante chevelure blonde. Du bout du pouce, il effleura doucement ses joues satinées. Non ! Il serra les dents. C'était interdit. Sa main se referma sur une poignée de cheveux et tira un coup sec en arrière, vers ce maudit blizzard qui refusait de l’avaler.

- Qui te permet de me faire hésiter ?!

Le blizzard ? Il écarquilla les yeux. Ses dents claquaient encore. Il avait froid, trop froid. Il avait… Il devait retrouver la bibliothèque ! Il devait fuir avant que les voix ne les rattrapent. Il devait…

- Oni prikhodyat, BEGI ! (ils arrivent, COURS !)

Sur ces mots, il se saisit du poignet de la femme et reprit sa course effrontée dans la neige. Mais elle fondait sous ses pieds, et des gouttes de sueur commençaient à perler sur son corps. Quinte de toux. Il fronça les sourcils, pila net. Il accorda un regard flou à la fille. Son visage sembla se décomposer.

- Katina... ? Qu’est-ce qu’il m’arrive ?

Son regard était fiévreux, comme si une maladie inconnue rongeait ses pupilles explosées. Il était blanc comme un mort, blanc comme il ne l'avait jamais été. Blanc à son image : comme le fantôme de celui qu'il était autrefois. Ses mèches alourdies par la sueur tombaient sur son front luisant d'humidité. Il tremblait. Il avait froid. Non. C'étaient ses os, à l'intérieur de sa chair, qui avaient froid. Un frisson glacial rampait sous sa peau et lui dévorait les entrailles.

- Il faut que j’aille à… à l’inf… à l'infi... Ils me parlent, tu sais ? Ils n'arrêtent pas de murmurer la même phrase. Ils ne savent dire que ça. Alisa, je t'en prie, je t'en supplie, FAIS-LES TAIRE !

Sa voix faible avait du mal à percer ses halètements trop intenses. Sa respiration lui faisait mal. Ses poumons étaient engourdis, comme s'ils étaient remplis d'une eau visqueuse. Ses jambes se dérobèrent sous son poids et il s’accrocha aux jambes de la fille, tête collée contre ses tibias comme s’il eut s’agit du seul palier qui le maintenant encore conscient.

- Il faut que j’aille à l…

Court silence. Il relâcha la fille.
Où déjà ?

- ... à la...

Brusquement, l'épouvante, à nouveau, sur les traits de son visage. Sa main se plaqua contre son torse, plusieurs fois, comme s'il était à la recherche de quelque chose. Quelque chose qui devait se trouver là mais qui... Il prit une profonde inspiration où se mêlait désespoir et angoisse. Oh non !

- Où est-il ?!

Son regard glissa sur la couche de neige qui se trouvait à leurs pieds.

- Où est mon matricule ? Où est-il ?!! Je ne peux pas le perdre ! Je ne peux pas l'enlever. JAMAIS ! Ce sont les ordres. Où est-il ? C'est toi qui me l'a volé ?!

Son regard, perçant et venimeux, se planta dans celui de la Russe.

- Rends-le moi ! TOUT DE SUITE !!


[Petites précisions : ils sont en fait dans les couloirs, ceux que tu veux, c'est pendant la nuit, il n'y a évidement pas de neige /PAN/, quand je parle de la statue puis d'une fille, il s'agit en fait d'Alisa, je suppose que tu auras compris, et son collier, il l'a autour du cou, mais dans son délire non :3]


Dernière édition par Raphaël Farès le Mer 21 Déc 2011 - 23:33, édité 2 fois
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