[Terminé] Une nuit de nostalgie [Ft Axel ♥]

Perdue dans l’immensité du ciel ainsi que dans le néant de ses pensés, elle ne remarqua pas que quelqu’un d’autre était présent près d’elle. Elle restait là, assise au bord du toit à contempler la lune avec une certaine fascination. Repensant encore et toujours à son passé, à ses erreurs et à un moyen de les effacer ou tout au moins de se les pardonner puisque la première idée était impossible. La musique dans ses oreilles n’était pas très forte, elle assurait juste un fond sonore.

« - Elle est magnifique ce soir, pas vrai ? »

Elle sursauta et faillit même se laisser glisser par-dessus le toit dans sa surprise, mais elle parvint à se retenir puis à se relever enlevant ses écouteurs de ses oreilles. Lorsqu’elle se retourna, elle aperçut un garçon qu’elle n’avait encore jamais rencontré. Elle le détailla rapidement, aidée par la lumière claire de la lune. Il était grand, surtout pour elle qui était plutôt petite, fin mais musclé, avec des cheveux noirs et raide, il avait également plusieurs piercing et un tatouage sur son avant bras. Du coin de l’œil, elle remarqua une chaine qui dépassait de sa poche, avant de se plonger dans ses yeux bleu foncé. Au bout de quelques secondes, elle se sentit bête et baissa la tête en rougissant.

« - Heu… Oui, magnifique. »

Elle reporta son regard sur la pleine lune, cet astre l’avait toujours passionné. Plus jeune, elle s’était souvent imaginé des tas d’histoires improbables dans lesquelles un jour, elle allait vivre sur la lune avec tous ceux qu’elle aimait. C’était longtemps auparavant, lorsque « tous ceux qu’elle aimait » étaient toujours en vie… Prenant soudain conscience du silence qui s’était installé, elle releva la tête vers le jeune homme et lui sourit.

« - On ne s’est jamais rencontré, je crois ? Je suis Charlie. »

Charlie n’était pas surprise de rencontrer quelqu’un qu’elle n’avait jamais vu, elle était à Wynwood depuis un mois, et c’était les vacances scolaires, elle n’avait rencontré que quelques élèves restés au lycée pour les vacances. A vrai dire, elle n’avait même pas encore rencontré son colocataire. Cependant, elle était beaucoup plus surprise de rencontrer quelqu’un sur le toit, surtout en pleine nuit. Depuis un mois qu’elle était là, elle avait souvent était sur le toit, de jour comme de nuit, et jusque là, elle n’avait rencontré qu’une seule personne et c’était pendant la journée.

« - Tu viens souvent ici ? Heu… Enfin, je veux dire, heu… Sur le toit ? Parce que moi, je viens assez régulièrement, et je ne croise personne en général, surtout la nuit. »

Ce n’était pas qu’elle avait peur, quoi que peut être un peu quand même. Ils n’étaient qu’à deux sur un toit en pleine nuit, elle n’avait pas peur de lui, du moins pas pour l’instant, mais elle se demandait se qu’il se passerait si quelqu’un les découvrait là alors que l‘accès au toit était interdit. La dernière chose dont elle avait envie, c’était d’être renvoyée, ce lycée, c’était sa dernière chance, il n’y en aurait pas d’autre pour elle et elle le savait bien. Mais d’un autre côté, elle n’arriverait pas à dormir cette nuit là, c’était certain, et puis, malgré les apparences, elle ne pensait pas que le jeune homme puisse être un psychopathe tueur en série et jusque là, personne ne l’avait jamais surprise sur le toit. Elle se détendit et lança une nouveau sourire au garçon, finalement, elle ne passerait peut être pas toute sa nuit à déprimer.

ft. Axel Kniven & Charlie J. Williams

N’arrivant pas à dormir, elle était sortie de sa chambre. Elle portait un short et un vieux tee-shirt AC/DC qui avait appartenu à quelqu’un d’autre avant qu’elle n’en hérite. Son colocataire était parti en vacances et elle détestait plus que tout devoir rester seule dans cette chambre, surtout dans un moment pareil. Car le moment n’était propice aux rires, ce jours là, c’était un anniversaire, un anniversaire funèbre. Elle sortie de la chambre à pas de loup pour ne pas réveiller les autres locataires, elle descendit donc en silence les quatre étages qui la séparé du rez-de-chaussée car le toit n’était pas accessible à partir des dortoirs.

Pourquoi le toit ? Elle ne savait pas vraiment, surement parce qu’il lui rappelait son dernier véritable foyer, lorsque ses parents étaient toujours vivant et qu’elle vivait à Los Angeles. Là bas, il y avait un toit ouvert sur lequel elle montait tous les soirs, accompagnée de ses parents, parfois elle y passait des heures à regarder le ciel et s’endormait finalement à la belle étoile. C’était le bon vieux temps, avant les drames, avant son secret, avant la découverte du mystère de ses parents. Lorsqu’elle pouvait encore être heureuse sans faire semblant, lorsqu’elle n’avait pas cette boule au ventre qui la suivait où qu’elle aille et lorsqu’elle n’avait pas à s’en faire que se soit pour elle où pour les autres.

Elle poussa la grosse porte et monta les dernières marches qui menaient à son endroit préféré. Elle sentit une brise chaude sur son visage, l’été était toujours la, les nuits étaient chaudes et Charlie apprécié beaucoup cela. Elle traversa le toit pour se poser sur le rebord, les jambes à moitié dans le vide. Elle prit son vieux baladeur, mit les écouteurs dans ses oreilles et ferma les yeux aux première notes de musique, elle avait mit « How to Save a life » du groupe The Fray, elle aimait bien la chanson, mais ce n’était pas sa préférée, non, cette chanson, c’était celle de Jane, sa meilleure amie qui avait été retrouvé morte un an auparavant. Et ce jour là, c’était l’anniversaire de sa mort.

Jane, c’était une longue histoire, elle l’avait rencontré à New York, à peine une semaine après la mort de ses parents. A ce temps là, Charlie était dévastée, emprisonnée dans son propre chagrin, elle ne parlait pas, ne mangeait pas et elle avait l’impression qu’elle ne rirait plus jamais. Pourtant, sa future meilleure amie s’était donné pour mission personnelle d’aider la pauvre nouvelle, orpheline de parent. Au début Charlie avait repoussé Jane, elle l’avait ignoré, elle avait passé des heures à la regardé sans dire un mot, et un jour, naturellement, elle lui avait dit bonjour. Ça lui avait échappé, mais mine de rien, c’était le premier mot qu’elle avait prononcé en plusieurs mois. Et puis, petit à petit, grâce à sa nouvelle amie, Charlie s’était remise à manger, à parler et même à rire. Puis Jane avait mal tourné, alors Charlie avait suivit, fête, alcool, drogue, même ses parents ne l’aurait pas reconnu à cette époque…

Puis, un jour d‘Aout une année auparavant, le drame, un appel, chez elle, on avait retrouvé le corps de Jane sans vie au port. Charlie avait été interrogée, elle avait la gueule de bois, elle ne se souvenait même plus de sa soirée, mais plusieurs filles la située ailleurs à l’heure de la mort, elle était donc innocente. Cependant, toute innocente qu’elle soit, Charlie s’en voulait et elle se referma dans son mutisme, jusqu’à se qu’elle retrouve un vieux livre, un livre de Victor Hugo, un livre qui avait appartenu à sa mère. Elle avait prit cela comme un signe et elle décida de s’en sortir, travaillant d’arrache pied dans son ancien lycée, elle obtint une bourse pour le nouveau, loin de New York, loin de sa grand-mère, loin de tous ses secrets….

Seulement, un an après la mort de Jane, Charlie se retrouvait là, sur le toit de son nouveau lycée, à repenser à son passé. Dans ses mains, le livre de Victor Hugo qui l’avait sauvé, et dans ses oreilles, la musique préférée de sa première sauveuse. Elle se demandait si tout ça en valait vraiment la peine, si elle n’aurait pas mieux fait de se laisser mourir à New-York mais au fond d’elle, malgré son malaise, elle savait bien que finalement, tout ça en vaudrait surement la peine un jour.

Elle leva ses yeux vert sur la lune qui était pleine, comme le jour de la mort de ses parents, quatre ans et demi auparavant, cela lui fit repenser à sa promesse, depuis la mort tragique de ses parents, elle s’était promit de ne plus pleurer et jusque là, elle avait tenu bon, alors, le regard toujours fixé sur la lune ronde, elle se demanda combien de temps encore, elle tiendrait cette promesse.