[Terminé] Une nuit de nostalgie [Ft Axel ♥]

« - Je mens très bien. Mais j'ai pas envie de te mentir... T'es la personne la plus chère que j'ai, et quel genre de personne mens à la personne la plus chère qu'il ait ? Je veux pas être de ce genre là, je ne suis pas de ce genre là. »

Elle se sentit rougir, mais il commençait à faire trop noir pour distinguer se genre de choses. Elle était vraiment heureuse d‘être montée sur ce toit finalement, elle avait trouvé quelqu‘un en qui elle pensait pouvoir avoir réellement confiance.

« - La personne la plus chère que t’ais ? T’as vraiment pas beaucoup de monde alors ! Je veux pas dire que ce n’est pas réciproque, je t’aime beaucoup, ce n’est pas ça le problème, mais de là à dire que je suis la personne la plus chère que tu ais alors qu’on ne se connait que depuis quelques heures, c’est beaucoup quand même. »

Ensuite, elle lui demanda ce qu'il aimait faire dans la vie. Il eut l’air de réfléchir pendant quelques secondes, durant lesquelles elle bailla, se rendant compte qu’elle avait du mal à garder les yeux réellement ouverts. Il devait s’être fait la même réflexion puisqu’il regarda sa montre et écarquilla les yeux.

« - Dans la vie, j’aime dormir. Et vu l’heure, je pense qu’il faudrait qu’on rentre chez nous. On se lève tôt demain. »

Quelle heure pouvait-il être ? Elle n’en avait pas la moindre idée, mais une chose était sure, le lendemain, elle aurait un mal de chien à se lever. Axel regarda le lycée avec un intérêt non dissimulé avant de reparler.

« - Cette rentrée, ça représente beaucoup pour moi. C’est mon nouveau départ dans ma nouvelle vie. J’veux pas la louper dès le premier jour. Je ne peux plus me le permettre. »

Elle se contenta d’hocher la tête, elle comprenait bien ce qu’il disait, cette rentrée représentait beaucoup pour elle également. Elle ne posa pas de question sur le « je ne peux plus me le permettre », il était trop tard pour se genre de question et puis de toute façon, elle doutait qu’il ait très envie d’y répondre.

« - Tu as raison, demain, je vais être la honte des Khis si je m’endors sur ma table le premier jour. Heureusement, moi j’ai la chance d’habiter ici. »

Elle se leva rapidement, se demandant comment ils pouvaient se quitter après une nuit comme celle-ci, y avait-il quelque chose de spécial à dire ? Elle n’eut pas à y réfléchir très longtemps puisqu’Axel reprit la parole en souriant.

« - On va garder du suspens pour une prochaine fois, ça me donnera une excuse pour te revoir, pas vrai ? »

Elle sourit à son tour, c’était un bon plan. Et ça ressemblait fort à une promesse de se revoir.

« - ça me va. A bientôt dans ce cas. »

Elle hésita un instant puis finit par l’embrasser sur la joue avant de prendre la direction de sa chambre.

A sa question succéda un silence, Axel paraissait réfléchir, et Charlie se demanda pourquoi. Il avait soudain l’air mal à l’aise et elle commença à s’en vouloir d’avoir demandé ce qui n’allait pas, après tout, elle avait horreur des questions et elle n’avait pas à faire subir aux autres ce qu’elle ne supportait pas. Cependant, il était trop tard pour y penser, la question était posé et elle ne savait que trop bien qu’on ne revient jamais en arrière.

Il plongea son regard dans celui de Charlie comme pour y trouver une réponse, seulement, elle n’en avait aucune. Puis il eut l’air étrange d’un coup, il semblait chercher quelque chose à dire et il parut évident à Charlie que quoi qu’il dise ça ne serait pas la vérité. Il tourna la tête d’un air gêné avant de parler, ce qui confirma le mensonge aux yeux de Charlie.

« - C'est rien... J'pensais tout haut, c'est tout... »

Elle retira sa main de celle du jeune homme pour pouvoir croiser les bras. Elle se demandait ce qu’elle pouvait dire après cela. Elle ne lui en voulait, s‘il n’avait pas envie de lui parler, elle pouvait le comprendre, habituellement, elle était comme ça aussi. Elle afficha un sourire amusé par son excuse, avait-il réellement pensé qu’elle le croirait ? D’accord, elle était naïve, mais elle n’était pas totalement idiote non plus.

« - Waw, j’espère que tu ne mens pas toujours aussi mal sinon, ça risque de te poser des problèmes un jour ! Et juste pour info, si tu ne veux pas me parler, dis-le, je ne vais pas t’en vouloir pour si peu. »

Elle décroisa les bras et eut un nouveau frisson. Elle tourna son regard vers la ville toujours éclairée. Un instant, la raison de sa présence sur ce toit lui revint en tête, mais elle l’écarta rapidement, elle ne voulait pas revenir à l’ambiance dans laquelle elle était plongée avant l’arrivé d’Axel. Elle observa quelques minutes le garçon en silence, avant de se remettre à parler.

« - Bon, on ne va peut être pas parlé des morts toute la nuit ! Qu’Est-ce que tu aimes faire dans ta vie ? »

Elle avait un peu l’impression d’être bête de poser une question si anodine après la discussion qu’ils avaient eu, mais elle ne voulait pas en dire plus sur son passé et de toute évidence, pour le moment Axel préférait éviter de parler de ce qui le tracasser. Il était donc temps de changer de sujet.

Charlie se blottissait contre le garçon, elle se sentait bien avec lui. Elle avait fermé les yeux et ne pensait plus ni à ses problèmes, ni à son passé, elle voulait simplement profiter de l'instant présent. C'était un moment privilégié qui n'avait pas besoin de mots pour être fort, en une soirée, ils avaient tous les deux compris- enfin elle le pensait - qu'ils pourraient se faire confiance pendant très longtemps. Elle avait réussi à lui parler de son passé alors que d'habitude elle faisait toujours en sorte de le cacher à tout le monde. Finalement, lui ne s'était pas autant confié qu'elle, mais elle savait au fond d'elle qu'il le ferait un jour, s'il en avait besoin. Après un assez long moment, elle sentit son regard sur elle, mais elle ne rouvrit pas les yeux tout de suite, elle voulait attendre encore un peu, pouvoir apprécier quelques secondes avant qu’il soit rompu.

Elle laissa donc quelques secondes de plus s’échapper, puis elle rouvrit les yeux, juste au moment où Axel lui lançait un regard avec un sourire en coin. Elle lui rendit son sourire tout en se disant qu’il était bizarre d’un coup. Elle détourna le regard sur ses jambes et se rendit compte qu’elle avait la chair de poule, le vent s’était levé et elle n’avait pas vraiment eu l’idée du siècle en sortant de sa chambre en short surtout pendant la nuit. Elle sentit la main d’Axel dans ses cheveux, puis, elle entendit ses mots.

« - Fais chier… »

Sans même réfléchir, elle lui lança un regard interrogateur, puis elle se dégagea lentement, pour pouvoir le regarder en face. Il ne répondit pas à son interrogation silencieuse, alors elle se mit à réfléchir à la façon de poser la question oralement, les mots étaient toujours les plus difficiles à utiliser. Et Charlie n’avait pas vraiment l’habitude de poser des questions non plus, elle partait souvent du principe qu’elle n’aimait pas qu’on la question donc qu’elle ne devait pas non plus interroger les gens. Sauf qu’avec Axel c’est différent.

« - Que ce passe-t-il ? »

Sa voix était douce mais curieuse, elle s'interrogeait vraiment sur la situation, seulement elle ne voulait pas trop le montrer. Elle fixa son regard dans les yeux bleu du jeune homme comme pour essayer de deviner ce qui n'allait pas, puis elle attrapa sa main. Elle lui sourit timidement en attendant la réponse, elle savait que quoi qu'il lui dise, elle serait là pour lui.

Il eut l’air surpris de sa réponse, mais c’était logique, quand on la voyait aujourd’hui, on était loin d’imaginer les erreurs qu’elle avait pu faire par le passé. Et pourtant, elles avaient existé et elles faisaient partie d’elle à présent. C’était à cause de ses erreurs qu’elle avait son secret, mais c’était grâce à se secret qu’elle avait pu changer de vie. La simple vérité sur Charlie s’était qu’elle avait du devenir quelqu’un de détestable pour redevenir cette gentille fille qu’elle n’avait jamais cessé d’être au fond d’elle. Mais parler de ses erreurs, c’était forcement se rapprocher beaucoup trop dangereusement de son secret….

Ensuite, elle eut son mouvement de recul, puis il y eut le regard qu’ils échangèrent et qui la calma. Elle se disait que c’était étrange de trouver une personne capable de la rassurer en un regard, c’était la première fois que ça lui arrivait. Elle avait donc interrompu son geste brusquement et lui annonça ce qu’elle avait découvert quelques instants plus tôt : il était en même temps la personne qu’elle connaissait depuis le moins longtemps et celui qui savait plus que n’importe qui sur elle. Charlie avait même glissé ses doutes dans sa confession, parce qu’évidemment, les doutes persistaient. Cependant, c’était plus qu’une envie soudaine, elle avait réellement besoin d’avoir un ami sur qui elle pouvait vraiment compter. Evidemment, elle n’aurait jamais imaginé trouver cet ami sur le toit de son nouveau lycée quelques jours avant son tout premier cour, mais c’était peut être le signe que sa vie allait véritablement changer à partir de là.

Elle avait lentement reposé sa tête sur l'épaule du jeune homme comme si ça avait été naturel, puis elle ferma les yeux. Pendant un moment, il n’y eut plus que le bruit de la ville presque totalement endormie à cette heure tardive. Elle se demanda alors si elle avait mérité d’être là, d’avoir une seconde chance, après tout, elle avait fait des erreurs graves qu’elle ne s’était pas pardonnées elle-même, elle s’en sentait incapable. La plupart de ses anciens « amis » ayant fait les mêmes fautes n’auraient jamais d’autres chances, ils finiraient mal et personne ne viendrait les aider.

A un moment, elle rouvrit les yeux lentement et jeta un regard discret à Axel qui paraissait en pleine réflexion. Elle le vit fermer les yeux et sentit son bras sa resserrer contre elle. Alors elle laissa retomber ses paupières. Pour la première fois depuis la mort de ses parents, elle se sentait réellement bien, en sécurité. Elle aurait pu rester là durant des heures.

« - Moi aussi... »

Habituellement, ce genre de réponse la rendait folle, cela pouvait vouloir dire n’importe quoi ayant un vague rapport avec sa réponse précédente. Mais ça voulait au moins dire qu’il avait une nouvelle chose en commun avec elle. Elle se rendit compte qu’ils en avaient beaucoup, Charlie avait presque plus de similitude avec Axel qu’avec son propre frère, bien sûr, elle venait juste de découvrir que Gabriel était son jumeau, c’était normal qu’ils ne se connaissent pas bien pour l’instant. Cependant, elle venait tout juste de rencontrer Axel et elle avait l’impression de le connaitre depuis des années. Elle commençait à penser qu’il était vraiment différent des autres, elle savait qu’il aurait une place particulière dans sa vie et dans son cœur, et elle ferait tout pour que ce soit dans le bon sens. Elle savait qu’à présent elle serait là pour lui quoi qu’il arrive car tout le monde à besoin d’un ami sur qui compter.

Il parut surprit qu’elle le remercie, comme si c‘était une chose étonnante. Puis, il eut l’air un peu vexé lorsqu’elle refusa sont aide si elle n’arrivait pas à se faire émanciper, mais elle fit semblant de ne pas le remarqué/ C’était l’une des seules choses dont elle était certaine, jamais elle ne laisserait quelqu’un être en danger par sa faute.
Lorsqu’elle reprit la parole, elle changea de sujet, elle en avait prit l’habitude pour se protéger et quand elle avait l’impression de trop se confier à quelqu’un, elle le faisait immédiatement. Axel en savait déjà beaucoup plus que tout le monde, il était le premier à qui elle s’était autant confié, mais il fallait bien qu’un jour ses habitude reviennent. Il répondit à la question de Charlie, mais elle savait bien qu’il avait remarqué le changement de conversation, c’était bien trop flagrant pour qu’il ne remarque pas.

« - Eh bien... J'ai choisi Wynwood car il y avait un appartement pas loin, et que ce lycée me semblait acceptable. Je verrais bien demain comment ça se passe. C'est aussi simple que ça. »

Axel sourit et lui retourna la question. Elle y réfléchit un instant, puis se décida à parler.

« - Heu… J’avais fait ma demande de bourse ici et elle a été acceptée la première. J’ai fait énormément d’erreurs à New York et j’avais affreusement besoin de changer de vie, alors dès que j’ai reçu ma lettre, je suis partie. Et puis, j‘ai vécu ici il y a quelques années et j‘aime bien cette ville. »

Elle releva brusquement la tête. Elle s’était rendu compte juste après avoir prononcé sa phrase qu’elle lui en disait trop sur elle. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il se passait avec lui, mais il fallait que ça cesse. Elle l’aimait beaucoup certes, cependant, c’était déjà beaucoup trop, ils se connaissaient depuis quoi ? Vingt minutes ? Comment pouvait-elle être aussi bête ! Pas étonnant qu’elle soit souvent trahie, elle accordait sa confiance à un inconnu qu’elle venait de rencontrer sur le toit.

Elle s’apprêtait à se défaire de l’étreinte lorsque son regard croisa celui du jeune homme. Elle interrompit aussitôt son geste, dans le regard du garçon aux airs gothiques il n‘y avait que de la compréhension et peut être un peu de surprise suite à son recul soudain. Alors elle se questionna une nouvelle fois. Et si pour une fois, elle avait eu raison d’accorder sa confiance sans aucun motif ? C’était peut-être une bonne chose qu’elle se confie à quelqu’un. Surtout si c’était à quelqu’un qui pouvait la comprendre et qu’elle pourrait aider en retour. Elle hésita encore quelques secondes entre s’enfuir comme toujours ou rester avec Axel et lui faire définitivement confiance par la même occasion.

« - Tu sais, j’ai toujours eu du mal à accorder ma confiance aux gens, je n’aime pas parler de mon passé, ni de mes secrets en temps normal. En ce moment, tu es la personne qui sait le plus de choses sur moi… Je ne sais pas pourquoi, mais j’arrive à te parler plus qu‘aux autres. Tout ce que j’espère c’est que cette fois, je ne me trompe pas. »

Elle eut un vague sourire et reposa doucement sa tête sur l’épaule du garçon à la chevelure noire. Durant quelques secondes, elle ferma les yeux, durant cette nuit, elle avait peut être trouvait cet ami sincère qu’elle cherchait depuis longtemps.

« - Cette promesse est stupide. Tu pleures lorsque ton cœur se brise. Mais si tu ne connais ni l'épreuve, ni la guérison, tu n'avanceras jamais... Je suis sûr que pleurer est une bonne chose. En tout cas, moi, il m'arrive souvent de pleurer. »

Elle haussa les épaules alors qu’il lui souriait. Elle lui rendit son sourire mais ne dit rien, elle le laissa parler.

« - Et si tu te fais émanciper, tu ne pleureras plus de chagrin, et on pourra se revoir. Sans avoir la crainte que tu partes du jour au lendemain. »

Ouais, enfin, ça, ça allait vite à dire. Partir du jour au lendemain, elle pouvait toujours le faire, il suffisait que quelqu’un découvre son secret et c’était fini. Pour l’instant, personne ne le connaissait, bien sur, mais ça pouvait toujours arriver. Cette pensée lui traversa l’esprit sans qu’elle n’en parle, elle avait confiance en Axel, mais ce secret là, elle l’emporterait dans la tombe, du moins, elle l’espérait.

A présent, elle était décidée de se faire émanciper, mais contrairement à Axel, elle savait à quelle point ça serait difficile, elle connaissait sa grand-mère mieux que personne. C’est pour cela qu’elle posa la question, elle sentit l’étreinte se resserrer à nouveau sur elle puis, le garçon parla d'un ton rassurant.

« - Bien sûr que je veux t'aider, je ne compte pas partir. »

" Je ne compte pas partir ", cette phrase lui rappela étrangement sa meilleure amie, lorsqu’elle avait commencé à lui faire confiance, Charlie venait de perdre ses parents à cette époque, et elle était persuadée que tout le mon partait forcément un jour, certitude qui lui était d’ailleurs revenue depuis. Bref, il fut un temps où Jane lui rappelait sans arrêt " je ne vais nul part ". Finalement, la jeune fille était partie définitivement, et Charlie espérait seulement qu’avec Axel ce serait différent.

« - Merci… »

Elle se sentait rassurée, mais elle ne put s’empêcher de poser la question qui lui faisait le plus peur, et si elle ne gagnait pas, qu’est-ce qu’il se passerait ?

« - Eh bien... A devoir l'être une délinquante, je pourrais te cacher chez moi. Mais je suis sûr que tout se passera bien, je te le promets. Je serais là quoiqu'il arrive. D'accord ? »

Il était évident qu’elle ne le laisserait pas prendre des risques pour elle, mais le fait qu’il le propose la touchait.

« - D’accord... Mais si ça ce passe mal, il n’est pas question que je me cache chez toi, si je dois être une délinquante, je préfère l’être seule. »

A ce moment, elle se demanda comment la conversation avec un inconnu avait pu dévier au point qu’elle confie presque toute sa vie à celui-ci. Et surtout, elle se demandait ce qu’il avait de si spécial pour qu’elle lui ait fait confiance aussi vite. Pourtant, elle était persuadée d’avoir eu raison de le faire. Cependant, cette nuit, elle ne pouvait rien faire du tout, elle pensa donc qu’il valait mieux changer de conversation pour l’instant.

« - De toute façon, je ne peux rien faire cette nuit ! On peut peut-être parler d’autre chose pou l’instant. Alors, pourquoi tu as choisi Wynwood ? »

« - Un an et demi, ça peut être très long, tu sais. Si je n'avais pas pris cette décision il y a bientôt deux ans, je ne serais pas là à l'heure qu'il est. Je n'aurais pas eu la vie que j'ai mené jusqu'à aujourd'hui, et je ne t'aurais jamais rencontré... Et maintenant que je sais ce que j'ai, je n'aurais pas pu m'en passer... J'ai bien fait de prendre ce risque. Tu ne dois pas vivre avec tes peurs, tu dois les vaincre... »

Il parlait d’une voix sérieuse, il avait l’air sincère, il resserra son étreinte sur elle. Elle savait qu’un an et demi ça pouvait être long, elle avait tout de même vécu trois ans avec sa grand-mère et ces années avait été très longue. Mais elle avait peur, elle savait qu’elle ne supporterait pas de retourner à New York, elle ne supporterait ni de revire avec le dernier membre vivant de sa famille, ni d’être confrontée à son passé. Elle s’apprêtait à répondre lorsqu’elle entendit à nouveau la voix d’axel, il regardait le sol et bredouillait.

« - Et puis... Je... Je ne veux pas que tu t'en ailles... »

Une larme coula le long de sa joue, puis une autre, et encore une autre. Elle avait réussi à ne pas pleurer depuis la mort de ses parents trois ans auparavant, et une soirée avec Axel avait réussit à lui faire rompre sa promesse. Elle essuya ses yeux d’un revers de la main.

« - tu exagères ! Il y a trois ans, je mettais promis de ne plus pleurer. Je… Je n’ai pas envie de partir non plus, cet endroit, c’est ce qui ressemble le plus à un foyer pour moi depuis une éternité. »

Elle le regarda en souriant timidement et essuya une nouvelle fois ses yeux, puis à son tour, elle baissa les yeux vers le sol.

«  - Et puis… Je ne sais pas trop… J’ai l’impression de te connaitre depuis longtemps alors qu’on vient de se rencontrer… Je ne veux pas arrêter de te voir. »

Pendant quelques secondes encore, il eut un silence. C’était assez étrange, le silence entre eux n’était pas gênant, ils étaient juste là lorsque l’un ou l’autre réfléchissait. Et Charlie était en pleins conflit interne. Elle ferma les yeux quelques secondes pour se donner du courage puis, elle prit une décision.

« - Très bien, je… Je crois que je veux bien essayer. Est-ce que tu voudras bien m’aider ? Tu resteras avec moi ? »

Mais elle avait toujours ses doutes, tout en sachant qu’elle pouvait lui faire confiance. Elle se demandait comment cela pourrait se passer si elle ne parvenait pas à être émancipée.

« - Et si je ne peux pas être émancipée ? Qu’est-ce qu’il se passera ? »

Elle connaissait la réponse, elle serait renvoyée chez elle et voilà, fin de l’histoire de Charlie. Mais si elle n’essayait pas, elle était presque certaine d’être retrouvée avec un an et demi et de devoir fuir. Seulement, elle en avait marre de fuir, maintenant elle était décidée à se battre même si elle avait toujours peur.

Après qu’elle lui ait racontait pour sa fugue, il laissa le silence s’installer durant quelques seconde qui parurent à Charlie interminables. Il la regarda en souriant bizarrement.

« - Je sais comment t'en débarrasser. »

Surprise, elle fronça les sourcils en se demandant se qu’il voulait dire par là. Puis il continua sur un ton amusé qui devint bien plus sérieux par la suite. Elle fut amusée par la première phrase, mais beaucoup moins par le reste de son discours.

« - On va acheter une corde et une pelle, je t'expliquerais le reste en route. Blague à part... Tu peux essayer de te faire émanciper. Si ça ne marche pas, tu pourras toujours rester au lycée, ou sinon, tu pourras venir chez moi, je suis tout seul et y'a de la place. Mais tu as toutes tes chances de réussir. Si tu ne veux pas voir son visage, je peux aussi répondre au téléphone la prochaine fois. J'ai déjà une petite idée de ce qui pourrait se passer. Dans tous les cas, si elle appelle le lycée, le principal ne mentira pas sur ta présence, et elle débarquera sans prévenir le plus tôt possible. Et tu connais sûrement la suite. Si elle débarque demain, tu fais quoi ? Tu rentres chez toi tête baissée ? Tu dois affronter tes peurs, ne les laisse pas te ronger. »

Cette fois elle secoua la tête, non, bien sur elle ne rentrerait pas chez sa grand-mère tête baissée, elle avait son plan de secours, elle gardait toujours un sac avait le nécessaire, elle était toujours prête à fuir. Elle savait que tout serait plus facile si elle était émancipée, mais elle savait aussi que si ça ne marchait pas, elle serait obligée de retourner chez sa grand-mère même si la police devait l’y contraindre et dans ce cas, elle n’aurait plus aucune chance de s’enfuir.

«  - Il n’est pas question que j’aille voir un juge qui risque de me renvoyer là bas. Je n’ai aucune preuve contre elle, je n’ai aucune chance de gagner. Si elle débarque demain, moi je m’en vais, je trouverais bien un autre lycée. Quant à mes peurs, je vis avec depuis tellement longtemps qu’un an de plus ne changerait pas grand-chose. »

Elle savait très bien qu’elle racontait n’importe quoi, mais elle s’était mise à trembler. Elle regrettait presque de lui en avoir parlé maintenant. Elle posa sa tête sur son épaule.

« - On pourrait peut-être parler d’autre chose ? Dans un an et demi, quand je serais tranquille, on pourra sans problème parler de l’alcoolique qui me tapait dessus. »

A chaque fois qu’elle parlait de son passé, elle se sentait abattue et fragile et elle avait horreur de ça. Pourtant, cette fois, elle se sentait mieux aussi, peut être était ce le fait d’avoir parlé avec quelqu’un qui semblait la comprendre. Sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, elle avait déjà plus confiance en Axel qu’en la plupart des personnes qu’elle connaissait à Miami. Bien sûr, il y avait toujours Jessica, elle était son amie d’enfance et Charlie l’adorait, mais elle en savait moins sur sa vie qu’Axel. Mais avec Charlie, c'était toutes ses craintes qui s'envolaient. Elle espérait seulement qu’il n’abuserait pas de sa confiance car elle savait que la déception serait bien pire que toutes les autres fois. Il répondit à la question de Charlie d'abord avec le sourire, en lançant une petite blague, espérant surement la faire sourire, puis son ton devint beaucoup plus sérieux.

« - La mienne n'est pas aussi triste, désolé. Je suis né en Angleterre, dans le Sud, puis j'ai déménagé à Londres à 4 ans. A 12 ans, j'ai découvert que les hommes aussi m'attiraient, même si c'était moins que les filles. J'assume totalement, mais mon père, et toute sa famille étaient homophobes. Je me suis tourné vers ma mère pour trouver conseils et réconfort, elle était très compréhensive. Mais ma mère mourut peu avant mes 16 ans. Ma mère ne voulait pas que j'affronte la vie tout seul, elle a tout révélé à mon père en lui demandant de m'épauler. Et il ne l'a pas accepté. On s'est engueulé, j'ai fugué. Après, j'me suis fait émancipé, j'ai piqué de l'argent à mon père et j'ai pris un billet d'avion pour venir aux Etats Unis. Finalement, j'ai redoublé, et j'ai finit ici. »

À sa première phrase elle sourit, mais son sourire disparut rapidement, lorsqu’elle entendit la suite de l’histoire. Pour une histoire qui était censée ne pas être triste, Charlie trouvait qu’il y avait tout de même largement de quoi déprimer. Elle ne s’attendait pas vraiment à ça, mais elle le comprenait, après tout, elle aussi avait fugué et elle avait fait beaucoup d’erreur également. Grâce à lui, elle se sentait moins seule, jusque là, elle avait toujours pensé qu’il y avait des gens aussi seuls qu’elle mais elle n’en avait jamais trouvé.

« - Pas très glorieux tout ça ! Mais tu sais... La vie est chienne avec nous, et il n'y a pas de justice. Je suis désolé de ce qu'il t'est arrivé, tu ne le mérites sûrement pas. Mais c'est la vie. Je sais que ce n'est pas une explication logique, et que ce n'est pas juste, mais c'est comme ça, et puis c'est tout. Je ne pense pas que tes parents, ni même que ma mère auraient voulu qu'on se morfonde sur leur sort... Ta meilleure amie non plus. Elle aurait préféré que tu penses aux bons souvenirs plutôt qu'à l'anniversaire de sa mort. Tu ne crois pas ? »

Elle hocha la tête en signe d’approbation. Il était certain que ces parents n’auraient pas voulu cela, sa meilleure amie non plus surement. Mais elle ne pouvait pas effacer d’un seul coup les trois années durant lesquelles sa grand-mère s’était acharnée à lui dire le contraire. Il l’attrapa et la serra dans ses bras et contrairement à ses habitudes, elle n’essaya pas de le repousser. Elle sentait ses yeux lui piquer, elle avait une envie irrésistible de pleurer, mais elle utilisait toute son énergie afin de s’en empêcher. Elle eut un frisson lorsqu’il lui caressa le bras, elle avait presque oublié cette cicatrice qui s’étendait de son épaule jusqu’à l’intérieur de son coude. Mais à chaque fois que quelqu’un y touchait, elle avait cette sensation de malaise doublait d’un frisson. Elle espérait juste qu’il ne lui poserait pas de question à se sujet qui était encore plus tabou que les autres.

« - Ça ira maintenant... Je suis là... Moi, je ne partirais pas. Je serais là quand tu en auras besoin. N'importe quand à n'importe quelle heure. »

Sans même sans rendre compte, elle eut un sourire. Elle venait de trouver quelqu’un qui d’une part connaissait son histoire, et d’autre part voulait l’aider. Elle se demandait même s’il n’était pas possible que la chance ait enfin tourné pour elle. Seulement, elle savait que ce n’était pas le cas, elle était toujours recherchée par sa grand-mère et elle n’avait pas la chance d’être émancipée.

« - Merci, c’est vraiment gentil de vouloir être la pour moi. Mais je sais que ça n’ira pas, pas pour l‘instant en tout cas. »

Elle soupira et attendit quelques secondes avant de parler, c’était la première fois qu’elle racontait cette partie de l’histoire et elle avait peur.

« - J’ai fugué moi aussi. J’ai appris que j’avais obtenu une bourse dans une lettre, c’était un matin et ma grand-mère était déjà à son troisième whisky de la journée. Elle dormait à moitié sur la table de la cuisine. J’ai fait comme si je partais en cours mais je ne suis jamais revenue, j’ai atterrit ici. Le problème c’est que je n’ai pas eu le courage de me faire émancipé, j’avais trop peur d’être renvoyé chez elle. Mais depuis, je change de numéro de téléphone presque toutes les semaines et pourtant, elle le retrouve toujours. Elle m’appelle toutes les semaines histoire de me montrer qu’elle va bientôt me retrouver. Mais je ne supporterais pas de retourner chez elle…Et je vais seulement avoir 17 Ans bientôt, j’ai encore plus d’un an et demi à attendre avant d’être majeure… »

Elle soupira encore, elle était abattue et énervée aussi de savoir que sa grand-mère arrivait encore à l’atteindre et à l’effrayer alors qu’elle s’était enfuie exactement pour que ça n’arrive plus.

Il souriait en expliquant sa présence sur le toit, et Charlie se sentait en confiance. Elle ne pensait même plus à ce qui l’avait fait venir sur le toit.

« - Je voulais être au calme, ne pas être au milieu des conversations parasites qu'ont normalement les étudiants. Et puis, je ne te demande pas de comprendre l'être bizarre que je suis. Quand à ton père... Je pense que l'obscurité de la nuit laisse place à notre imagination. On n'est plus limité par ce que l'on voit. Et la nuit, c'est le moment des rêves. On repense au passé, quand nos parents nous racontaient des histoires et des contes de fées. Du coup, on doit associer la nuit à ce bonheur, que nous cherchons tous désespérément dans ce monde.
Ton père était un homme sage. »

Il avait un ton sérieux qu’il n’avait pas eu jusque là. Elle écouta attentivement ses paroles, elle comprenait, elle était un peu comme ça elle aussi, sauf qu’elle ne le montrait pas. La dernière phrase la fit réfléchir, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus pensé aux conversations qu’elle avait avec son père avant. C’était surement vrai, il était sage, mais Charlie savait aussi que finalement, il n’avait fait que lui mentir, toute sa vie.

Elle ne lui répondit pas, elle n’aimait pas beaucoup parler de son passé et elle éludé souvent les questions sue celui-ci, c’était l’une des raisons pour lesquelles elle n’avait pas beaucoup de conversation. Lorsque l’on rencontre quelqu’un, les premières questions sont souvent, qui est tu ? D’où viens-tu ? Qu’elle a été ta vie avant ? Et Charlie évité souvent les deux dernières. Pourtant, avec Axel, c’était différent, elle n’avait pas peur de devoir mentir, elle n’avait même pas peur de ses questions, elle avait déjà confiance.

« - Seulement si tu me fais l'honneur de m'accepter. Enfin, si tu veux bien de moi. »

Elle fut rassurée qu’il réponde ainsi et cette fois, elle se contenta d’hocher la tête positivement, sans parler. Ensuite, elle parla du paysage, mais il n’écouta pas un mot de ce qu’elle avait dit. Elle le sut immédiatement lorsqu’elle le regarda à la fin de sa phrase, il se mit même à rougir, mais à vrai dire, elle trouva cela plutôt mignon. Il sourit et acquiesça à la phrase qu’il n’avait pourtant pas écouté avant de changer de sujet.

« - Parle-moi un peu de toi. De ta vie, de pourquoi tu déprimes sur ce toit. Tout ça quoi. »

Il y eut un silence assez long, bien sur, elle connaissait l’histoire par cœur, mais elle ne savait pas si elle aurait la force de la raconter. La seule fois qu’elle l’avait raconté, c’était lors de sa rencontre avec Luna, elle n’avait pas tout dit et ça avait pourtant était très dur. Elle tourna la tête et inspira, essayant de canaliser ses émotions avant de commencer son histoire.

« - Eh bien, je suis née quelque part près du Kansas. Mes grands-parents paternels sont morts deux jours plus tard, ils voulaient me voir, leur avion s’est écrasé. Mon enfance a été heureuse, ma mère était douce, gentille et compréhensive et mon père m’adorait. On voyageait tout le temps, on a été jusqu’en Europe et en Asie, mais j’aimais bien les voyages, ce n’était pas un si gros problème. Et puis, en 2007, on habitait à Los Angeles, j’avais treize ans et je rentrais du collège à pied. La police attendait devant la villa. »

Elle s’arrêta quelques secondes pour ravaler ses larmes. Ce n’était pas le moment de rompre la promesse qu’elle s’était faite. Elle soupira avant de continuer.

« - Mes parents avaient eu un accident de voiture, mon père était mort sur le coup et ma mère est morte sous mes yeux à l’hôpital. Ensuite, j’ai été confiée aux parents de ma mère Mon grand-père s’est laissé mourir, il n’a pas réussit à se remettre de la mort de sa fille unique. Je suis restée seule avec ma grand-mère qui est la personne que je déteste le plus au monde. Et ce soir, c’est l’anniversaire de la mort de ma meilleure amie. »

Elle leva un regard triste vers Axel, il avait l’air de la comprendre. Evidemment, comme toujours, elle n’avait pas tout dis, elle avait omit pas mal de détails important tels que son frère, sa fugue ou encore ses dérapages à New York. Seulement, elle ne pouvait pas se permettre de tout raconter à un inconnu sans être certaine de pouvoir lui faire confiance.

« - Voilà, tu connais une grande partie de ma vie maintenant. Qu’Est-ce qui a bien pu arriver dans ta vie pour que tu veuille venir déprimer avec moi ? »

Ça ressemblait plus à une conversation amicale qu’à une première rencontre entre deux inconnus. Mais ça ne l’embêtait pas. Au contraire, au lieu de passer sa nuit à déprimer sur ce toit, elle était en train de la passer avec quelqu’un qu’elle commencer déjà à apprécier alors qu’elle le voyait pour la première fois. Elle lui posa une question d’un ton léger et il répondit avec un sourire.

« - Je sais que c'est bizarre. Mais la nuit est mon élément. Je préfère la nuit que le jour, c'est comme ça. Le jour, il y a trop de gens. La nuit n'est pas effrayante, elle est juste sombre et noire. Et on ne fait pas les mêmes rencontres, et par expérience, je peux dire qu'elles sont plus intéressantes la nuit que le jour. »

Elle le trouvait assez intriguant et différent, mais pour tout dire, elle appréciait cela plus qu’elle n’osait se l’avouer. En même temps, elle aimait bien la nuit aussi, elle y voyait quelque chose d’assez rassurant même si c’était assez contradictoire. La fin de sa phrase la fit rougir une nouvelle fois, elle se sentait bête de toujours piquer un fard pour rien, mais c’était une chose qu’elle ne contrôlait pas.

« - Mon père disait que la nuit, on imagine ce que l'on désire et que tout paraît possible. Et ça a surement un lien avec ça, mais j’aime bien la nuit aussi. Je trouve juste assez étrange de visiter un lycée en pleine nuit, c’est une drôle d’idée quand même ! »

Alors que Charlie avait eu beaucoup de mal à détacher son regard du sien, il nia qu’ils aient quelque chose d’exceptionnel, mais elle ne releva pas la conversation. Elle se doutait que s’il ne l’avouait pas, il avait une bonne raison. Lorsqu’elle annonça la principale raison de ses moments de déprime, l’expression d’Axel changea, mais en même temps, Charlie cru voir une lueur de compréhension dans ses yeux. Il probablement avait vécu des choses aussi horrible qu’elle, elle se disait qu’elle avait peut être enfin trouvait quelqu’un qui la comprendrait et qui arriverait à l’aider à aller mieux. Mais pour l’instant, ce n’était qu’une hypothèse, un espoir dans le doute, comme une lueur dans le gouffre dans lequel elle était tombée. Il répondit à sa question avec un sourire en coin.

« - Ça dépend. Je peux aussi déprimer ailleurs. Mais ici, il y a quelqu'un qui n'est pas ailleurs. » Il la regarda en gardant son sourire avant de continuer sa phrase.   « Mais je pense revenir. Comme ça, on aura quelqu'un à qui parler, et puis à deux, on déprime pas toujours. »

Elle lui rendit son sourire, elle était contente qu’il dise ça, parce que finalement et malgré les apparences, elle avait horreur de se retrouver seule pour déprimer. Et puis, personne n’était dupe, elle venait bien plus souvent que se qu’elle avouait sur ce toit pour rester seule avec sa nostalgie, un peu de compagnie de temps en temps ne pourrait pas lui faire de mal.

« - Waw, tu me ferais l’honneur de venir déprimer avec moi ? »

Elle souriait et elle avait toujours un ton léger, mais elle était sincère, elle était vraiment heureuse que quelqu’un puisse vouloir venir lui parler dans ses moments de déprime, après tout, elle n’avait encore jamais parlé à personne de tous ses problèmes. Elle avait juste raconté en bref sa vie à Luna en omettant beaucoup de détails importants. Il la sortit de ses pensés lorsqu’il parla de la vue.

« - Puis, il y a une belle vue d'ici. »

Elle regarda une nouvelle fois l’astre lunaire, c’était la seule chose qu’elle trouvait belle dans le paysage, le reste n’était composait que des lumières de la ville. Lumières provenant des casinos d’où sortiront beaucoup de malheureux ruiné, des night club dans lesquels une bagarre éclaterait surement ou encore de logements à l’intérieur desquels les habitants étaient en froid. Charlie préféré de loin les paysages du brésil ou du Canada, mais évidemment tour le monde n’avait pas eu la chance de beaucoup voyager comme elle l’avait fait quelques années auparavant.

« - Oui, si on ne regarde que le ciel, la ville, ce n’est pas non plus terrible comme paysage. Mais bon, au moins d’ici on peut voir les étoiles. »

Il avait remarqué qu’il lui avait fait peur et cela le fit sourire, elle se demanda s‘il se moquait d‘elle, mais au lieu de poser la question ou de le maudire intérieurement comme elle l‘aurait fait habituellement, elle se contenta de lui rendre son sourire. Elle n’aimait pas beaucoup l’idée de rencontrer quelqu’un dans ce coin qu’elle considérait depuis un mois et demi comme le sien et pourtant, lorsqu’il alla s’asseoir au bord du toit, elle se contenta de retourner s’asseoir elle aussi, prêt de lui en regardant la rue déserte.

« - Moi, c'est Axel. Mais normal que tu ne me connaisses pas, je suis nouveau. Je vais rejoindre ce lycée à la rentrée. J'voulais voir de quoi il avait l'air avant d'y entrer. Donc non, je ne viens pas souvent ici. »

Elle le regarda en souriant, c’était tout de même étrange de venir visiter son prochain lycée en pleine nuit, et de venir voir…le toit, l’un des endroit interdit. Bizarrement, elle fut assez contente de savoir qu’il allait être là durant l’année, réaction très inhabituelle de sa part, surtout envers un inconnu. Et puis, il ne fallait surtout pas oublier « les gens sont une menace pour son secret », c’était la première règle celle qu’elle n’avait jamais oublié, jusque là.

«  - Et naturellement, tu viens voir de quoi ça à l’air en pleine nuit! Il y a des visites la journée, et ça doit être beaucoup moins effrayant. »

Étrangement, elle avait ce ton léger habituellement réservé à ses amis ou à sa famille, cette façon de parler clairement sans bégayer qu’elle avait au naturel et qu’il était assez rare d’entendre. Elle avait horreur qu’on la regarde, qu’on l’observe, qu’on l’épie, cela la stressait, la gêné, et même parfois, l’apeuré, cependant alors qu’il la regardait, elle plongea son regard dans le sien, ces yeux bleu foncé desquels elle avait déjà eu du mal à se détacher la première fois. Elle eut encore plus de mal cette fois, mais elle y fut obliger, pour se concentrer sur les paroles d’Axel.

« - Tu as des yeux magnifiques, Charlie. »

Alors qu’elle piquait un fard, il reporta son regard vers la lune. On lui avait déjà dit qu’elle avait de beaux yeux, et elle en était consciente, fière même, car c’était l’un des héritages de sa mère.

« - Merci… j’aime beaucoup les tiens, ils ont une couleur magnifique et peu commune. »

Elle avait dit venir souvent et il n’était pas prêt à l’oublier puisqu’il en reparla. Elle ne savait pas si la question était juste posée par curiosité ou pour faire la conversation, mais elle n’aimait pas beaucoup que l’on s’immisce ainsi dans sa vie. Evidemment qu’elle venait souvent, et elle déprimait, mais c’était logique lorsque l’on connaissait sa vie.

« - Oui, j’aime cet endroit et puis, je ne déprime pas toujours, seulement quand je me souviens que je connais plus de morts que de vivants. »

Elle avait horreur de se genre de situation, lorsque sans qu’elle s’en rende compte, quelqu’un réussissait à franchir sa carapace et à avoir accès à une partie de sa vie, c’était intimidant et elle n’aimait pas être troublée. En même temps, cela la surprenait toujours que quelqu’un puisse la sonder sans la connaitre. Mais elle pouvait le faire, elle aussi. Après tout, elle n’était pas seule sur ce toit.

« - Et maintenant que tu as découvert ma cachette, tu compte t’en servir pour venir déprimer la nuit toi aussi ? »