I was there for you in your darkest time || Alex ♥ et Elena

«  Alex ♥ et Elena »

Alors que je suis en train de fumer, adossée au coffre de ma caisse, j’aperçois Alex qui débarque.

« Coucou toi, ça faisait un moment qu’on avait pas eu un petit moment rien que nous deux »

Elle baisse les yeux et rougis. Mon regard est un peu grave, ça m’a un peu blessée au fond qu’elle m’évite comme ça et qu’elle ne soit pas là quand j’en avais besoin. Et en même temps, c’est de ma faute aussi, on est toutes les deux aussi fautives. Je lui jette un regard de la tête aux pieds en la détaillant un peu. Je sais pas si c’est moi mais j’ai l’impression qu’elle a changé, et pas que physiquement. Je crache un dernier nuage de fumée et jette ma clope par terre, ne prenant pas la peine de l’écraser. Je fais déjà l’effort de ne pas fumer en bagnole pour elle, je sais qu’elle déteste ça. Sans un autre regard pour elle, je monte dans ma voiture. Elle me rejoint en s’installant place passager, manquant de poser son arrière train sur le sac en papier contenant ce que je viens d’acheter au Starbucks. Elle n’a pas encore ouvert la bouche depuis que je l’ai vue. Je fixe droit devant moi, un sentiment bizarre entre la joie de la revoir, la déception que ça n’arrange rien et la colère contre moi-même et contre elle de nous être perdues de vue, m’agite. Des pensées s’entremêlent dans mon esprit.

« Tu as pris du chocolat chaud... Tu t'es souvenue... »

Sa voix me tire de mes pensées. Je retourne brusquement la tête vers elle avec un

« Hum… »

entre le grognement et l’approbation. Ses grands yeux me fixent un long moment. Ils sont tristes, voilés d’ombre, j’ai l’impression de voir les miens. Puis d’un coup, une petite lumière s’y allume et son petit sourire timide devient un peu moins triste.

« Tu m'as manqué, tu sais. »

Sa voix n’est qu’un murmure. Un tout petit sourire triste tire peu à peu mon visage auparavant impassible. Je lui réponds de la même manière :

« Toi aussi »

Puis je retourne mes yeux droits devant moi après qu’ils se soient attardés encore un peu dans les siens pour allumer le moteur, la musique en mettant le volume assez bas, et sortir du parking de WHS. Je veille à conduire pas trop brusquement. Je m’engage dans une rue puis une autre, accélérant presque inconsciemment. Je regarde Alex du coin de l’œil. Son visage est tourné vers l’extérieur, vers la vitre. Je retourne mon attention vers la route. Le ciel est tout gris, chargé de gros nuages sombres, ça ne présage rien de bon. Je sais très bien là où je l’emmène, c’est mon petit coin un peu tranquille où j’aime bien aller pour oublier un peu le reste, me retrouver seule avec moi-même, un coin où ma mère m’avait emmenée une fois quand elle allait peindre, sous prétexte de me sortir, à l’époque où… à la mauvaise époque. Je n’avais pas ouvert la bouche, m’étais assise par terre en regardant l’horizon d’un air blazé mais au fond de moi j’avais trouvé cet endroit exceptionnel. J’aurais voulu y retourner mais mon ʺhonneurʺ m’empêchais de demander à ma mère alors je trainais dans des sales quartiers jusqu’à pas d’heure avec des saloperies, des petits cons, à faire des conneries, c’était moche. Je suis retombée sur ce coin il y a pas longtemps, lors d’un tour en bagnole un mauvais jour. Je suis tirée de ma réflexion par un long coup de klaxon. Je réalise que j’ai un peu beaucoup appuyé sur l’accélérateur depuis tout à l’heure et que je zigzague entre les caisses. Je viens de faire une belle queue de poisson à un type, d’où le klaxon. Alex est cramponnée à la poignée de la porte, toute crispée. Nous n’allons pas tarder à sortir de la ville, je ralentis un tout petit peu. Nous n’avons pas échangé un seul mot depuis que nous sommes parties. Une grosse goutte de pluie vient s’écraser contre le pare-brise. Puis au fur et à mesures, d’autres gouttes viennent la rejoindre. J’enclenche les essuies-glasses. Je devrais ralentir, je crois. Et pourtant je le fais pas. Je fonce à toute blinde sur les routes de plus en plus désertes. Les bâtiments aux alentours disparaissent peu à peu pour laisser place à plus de verdure. Puis j’entre en vue de notre destination. Je ralentie peu à peu. Il pleut maintenant à grosses gouttes, c’est con, ça aurait été plus beau sans la flotte mais on va faire avec. Je vais maintenant tout doucement pour ne pas embourber ma bagnole et m’arrête finalement à un endroit stratégique pour pouvoir rester au chaud dans la bagnole et quand même admirer la vue. C’est un lac, pas très très grand mais pas trop petit non plus. Il est entouré de verdure, loin de la ville. Il y a une petite cabane en bois avec un ponton qui avance sur le lac mais elle est totalement abandonnée. La pluie tombe à la surface de l’eau, faisant de petits cercles réguliers et un bruit de clapotis. Derrière le lac s’enfonce une forêt, je n’y ai encore jamais mis les pieds. Malgré la pluie, la lumière est plutôt belle. Quoi que ce soit, moi j’aime bien ce coin. J’ouvre la bouche pour la première fois depuis notre départ :

« Voila. Je voulais t’emmener ici. »

Je passe une main dans mes cheveux. Soudainement je suis un peu mal à l’aise. Je me demande pourquoi je l’ai amenée là. J’ai l’impression de lui dévoiler une part de moi qu’elle ne connaissait pas et en même temps j’ai peur qu’elle ne comprenne pas. Je détache ma ceinture et m’installe un peu plus confortablement.

« Tiens prends ton chocolat chaud et un muffin à grignoter. J’espère que ça a pas trop refroidit, j’aurais dû te dire de le boire avant. »

Elle prend son chocolat et me tend mon café que je prends en souriant. Le gobelet est encore bien chaud, ça devrait aller. Elle pose ensuite les muffin sur le tableau de bord.

« Ça… ça te plait comme endroit ? Enfin il flotte alors c’est sûr que c’est pas top mais je voulais te montrer ça parce que moi j’aime bien enfin… »

Je m’embrouille un peu. J’aime pas cette espèce de tension entre nous. Je me tais pour boire une gorgée de café. Puis je prends une grande inspiration et me lance :

« Dis-moi ce qui va pas. Raconte-moi tout ce qu’il s’est passé depuis… depuis avant ces vacances en fait. »

J’ai dit ça d’un souffle, comme si c’était retenu depuis un moment et qu’il fallait que ça sorte.

« Tu m’as tellement manqué, j’ai eu peur de te perdre de vue. »

Et là je la prend dans mes bras parce qu’elle m’a vraiment manqué.

« Alex et Elena »

Les cours ont repris depuis un peu plus d’une semaine maintenant. Entrée en Junior, nouveaux camarades, nouveaux profs, nouveaux horaires (relativement cool pour moi cette année), nouveau coloc… mais le moral est toujours au plus bas, même si l’event de ma confrérie a fait un vrai tabac en début de semaine. Le temps d’une soirée, j’ai vraiment retrouvé le sourire et presque sans l’aide de bouteilles. Non c’est vrai ! Je me sens vraiment bien avec les SM, ils sont devenus ma famille. Mais il y a eu bien trop de départ cet été, départ de gens qui m’étaient cher, parfois définitif. Et puis ses appels… Je n’aurais jamais dû retourner chez mes parents, seule. Je savais qu’il me retrouverait un jour ou l’autre. Il a bien choisi son moment, Kyle qui avait promis d’être là pour moi est parti, je ne fais plus vraiment attention quand je sors, et puis la ville n’est pas si grande que ça. Quand est ce qu’il tirera un trait sur moi ? Quand est-ce qu’il comprendra que je ne veux pas revenir ? Pas refaire les mêmes erreurs ? Qu’il continue à faire des conneries avec ses chiens mais plus avec moi, c’est fini. Il faut que j’arrête d’y penser, sérieusement. Mais à part ça, il y a aussi Alex. On est dans la même classe cette année et pourtant on s’évite, aussi bien l’une que l’autre. Quand ce n’est pas elle, c’est moi. Je ne veux pas vraiment lui montrer que ça ne va pas. Puis je sais qu’elle n’aime pas trop que je fume et que je boive et comme en ce moment c’est un peu au summum… Puis de son côté, même si elle essaye de le cacher, il y a quelque chose qui ne va pas, je le vois bien, elle ne me la fera pas à moi. Du coup on ne parle pas beaucoup, on ne se met pas à côté en cours, et les seuls mots qu’on échange semblent sonner un peu faux. Et ça me rend encore plus malade. Alex, avec qui j’ai toujours été très proche, que j’ai prise sous mon aile, qui a su faire fondre ma carapace, et bah je suis en train de la perdre, je le sens bien. Je me demande parfois si ce n’est pas à cause de mon masque qui s’est remis en place, encore plus qu’auparavant pendant ces vacances, si c’est parce qu’elle me trouve trop changée, trop différente, si ce n’est pas entièrement de ma faute. Mais j’ai l’impression que chez elle aussi il y a quelque chose qui cloche.

Alors ce jeudi, quand je sors de cours à 14h30, je vérifie mon emploi du temps (c’est bon, elle terminait à 14h) puis prends mon téléphone sur le chemin de ma chambre, composant un numéro que je connais par cœur :

« Allo Alex ? Ça te dit dans 30min on se retrouve sur le parking ? Je t’emmène faire un tour, ce n’est pas une question. »

Oui le parking, parce qu’à la fin des vacances, une fois mes parents rentrés, j’ai demandé à mon père si je ne pouvais pas garder la bagnole, le gros 4x4 noir, parce qu’ils ont d’autres caisses et que celle-là me plait bien. J’ai juste à passer mon permis aux prochaines vacances mais de toute façon, je l’ai conduite un tel nombre de fois, cette voiture que le permis c’est un accessoire.

J’arrive dans ma chambre. Zacc est avachis sur son lit. Je me suis faite à sa présence finalement, on s’entend plutôt bien.

« Hey, salut ! Bonne journée ? Je me casse dans 5min, t’inquiète, je ne te dérangerais pas longtemps. »

Il me répond par un grognement qui me fait sourire (enfin sourire, comme je peux sourire avec cette humeur). Je pose mon sac de cours ainsi que mon casque et mon Ipod sur mon lit, ouvre mon armoire pour choper ma veste en cuir noire que j’enfile, prends mon paquet de clopes, le je mets dans une poche, mes clefs de voiture dans l’autre poche, vérifie que j’ai un minimum de fric puis, décidant que tout est bon, lance à Zacc :

« Tu vois je te quitte déjà, ne t’ennuie pas trop en mon absence ! »

Puis claque la porte derrière moi et quitte le bâtiment des SM pour aller sur le parking. Je regarde ma montre : 14h42, il va falloir que je speed un peu, j’ai un peu plus de 20 minutes. Je saute dans ma caisse, allume le moteur et une clope, balance mon paquet sur le siège passager puis prends la direction du centre de Miami. Je m’arrête au Starbucks, me gare en double file, descends, balance ma clope que je viens de finir et entre pour commander un chocolat chaud pour Alex qui déteste le café, un café pour moi, et deux muffins. Je ressors, remarque qu’il fait pas très beau et qu’il va sûrement pleuvoir mais pas le temps de m’en soucier, je retourne dans ma caisse, pose le sac contenant ce que je viens d’acheter avec mon paquet de clopes sur le siège passager et reprends la direction du parking de WHS.

15h07 ! Record du monde ! Bon, j’ai peut-être un peu dépassé les limitations de vitesse mais tant qu’il n’y a pas eu d’accident, on s’en fout non ? Bref, je me gare, retire les clefs de la bagnole et sors, m’adossant au coffre pour attendre Alex qui n’a pas l’air de pointer le bout de son nez. Si elle ne vient pas elle va m’entendre ! On ne va pas continuer à s’éviter indéfiniment ! Je retourne dans la voiture pour choper une clope puis retourne fumer au niveau du coffre. Finalement, une frimousse bien connue se pointe. Ah bah voilà, elle ne m’aura pas posé de lapin ! Je lui lance alors qu’elle n’est pas encore arrivée à mon niveau :

« Coucou toi, ça faisait un moment qu’on avait pas eu un petit moment rien que nous deux »

Tenue: Short et veste (t'imagines juste la veste en noir), shoes, débardeur (la forme du noir mais en blanc (oui je suis difficile) )

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