Paparazzi in the parc [ Alfred ]

June continua de suivre le jeune homme, avec une distance correcte, toute la matinée. Le temps passait à une vitesse incroyable sous les chauds rayons du soleil de Miami. Le modèle de la jeune fille semblait à la recherche d’un emploi, et entrait fréquemment dans toute sorte de bureaux. L’étudiante profitait de ces instants pour fouiner dans quelques magasins alentours et photographier tout ce qui pouvait présenter un intérêt quelconque à ses yeux. Midi sonna bientôt, et la faim se fit ressentir. Par chance, le mystérieux inconnu s’arrêta à une petite terrasse ensoleillée pour déjeuner. June en fit donc de même et commanda le plat du jour. Elle jetait des coups d’œil discrets à sa proie, pour s’assurer qu’elle ne s’envole pas, malgré le fait que son shooting semblait toucher à sa fin. En effet, l’appareil photo de la jeune fille était à présent fort remplit. Elle s’employa donc à inspecter ses clichés. Quelques belles réussites se distinguaient. En enffet, June était particulièrement satisfaite des photos qui rendaient la véritable nature du modèle, son mystère, son allure sombre.
Au bout de quelques minutes, lorsque sa grenadine fut servit, elle s’aperçu que le jeune homme l’observait, l’air intrigué. Il semblait peu à peu s’apercevoir que quelque chose clochait. June s’efforça de regarder ailleurs, l’air de rien, de jouer l’innocente. Cette indifférence feinte ne fonctionna visiblement pas, malheureusement, étant donné que le jeune homme se leva de sa chaise, calmement, et avança en direction de la petite blonde, soudain très mal à l’aise.

La silhouette s’avançait, d’un pas calme et déterminé. Elle s’affinait, se précisait au fur et à mesure qu’elle progressait, au milieu des saules pleureurs qui laissaient flotter leur feuillage nonchalamment au gré du vent. C’était un grand jeune homme fin, brun, à l’air un peu sombre, aux yeux de June. Il était élégamment vêtu, presque comme s’il souhaitait se vieillir. Cependant, son visage reflétait un âge proche de celui de la jeune fille, quoi que contrastant avec une maturité certaine. Il avait quelque chose d’intéressant, de magnétique, de mystérieux. June agrippa son appareil photo presque instinctivement et zooma sur le visage de l’inconnu. Elle commença alors à prendre quelques clichés, à étudier sa démarche. Transformée en paparazzi, elle prenait discrètement des photos volées du jeune homme, et elle semblait s’en amuser. Elle fut un moment prise d’une sorte de gêne, comme si elle l’espionnait, mais qu’importe, il ferait de beaux clichés.
Evidemment, il ne fallait pas espérer que l’inconnu s’arrête et pose pour Madame June, photographe en herbe. Il continua donc sa route vers le centre ville, une pochette sombre pendant de son épaule. La jeune étudiante se décida à le prendre en chasse, Un Gentleman dans la Ville s’annonçant comme un joli reportage photo. Aussi discrète que possible, elle suivit l’inconnu, tout en gardant un angle de vue aussi adéquat que possible.
Le béton pris bientôt la place du petit chemin de gravier sillonnant au milieu du parc, entouré d’herbe verte. Au bout de quelques mètres, il lui sembla alors que le jeune homme commençait à comprendre sa manœuvre et à se retourner vers elle un peu trop fréquemment. Gênée, elle tenta de se faire plus discrète, pour ne pas avoir à affronter le mécontentement d’un inconnu de Miami City se sentant harcelé.

Il faisait frais ce matin là, ce qui, en soi, ne dépaysait pas de la lointaine Irlande natale de cette jeune femme. Aux alentours de 9 heures, June errait seule dans le parc, l'air perdue, sans doute, pensive, surtout. C'était une personne réveuse, c'est le moins qu'on puisse dire. Jamais concentrée très longtemps si le sujet ne la passionnait pas, elle se perdait dans des rêveries idyliques et innaccessibles. Tandis qu'elle marchait lentement au milieu des arbres, couverts de rosée, la ville semblait s'éveiller doucement, sous un levé de soleil doux et apaisant. Une légère brume s'estompait en laissant libre court à une jolie séance photo, du moins dans l'esprit de la jeune fille. Réveillée étonnament tôt ce samedi, elle avait décider de découvrir sa nouvelle ville appareil en main, en quête d'architectures intéressantes, de beaux paysages ou de gens originaux. Guidée par son imagination, elle avait déjà fait quelques clichés plus ou moins intéressants.
June marchait maintenant depuis près de 20 minutes. Lorsqu'elle apperçut un petit banc de bois usé, elle s'y installa paisiblement en scrutant le paysage. Les plaines irlandaises lui manquaient cruellement. Ses amis aussi, beaucoup. Peu nombreux étaient ceux qui pouvaient prétendre à être proches de la jeune fille, mais ceux là l'étaient pour de bon, profondément encrés dans son coeur fragile. Les adieux avaient été douleureux, et les évènements bousculés de ces derniers jours n'avaient rien arrangé.
Désireuse de chasser ces tristes pensées de son esprit, June aggrandit encore un peu sa nouvelle collection de photo de Miami. Elle fouina quelques secondes dans son sac, à la recherche d'un chewing gum ou autre bonbon. Lorsqu'elle releva les yeux, une silhouette se dessinait au loin dans le parc humide. Curieuse, elle observa cette ombre s'approcher calmement.