After the Storm* [PV Abel] [TERMINE]

- Senior B? Dommage, mais bon je sais par expérience que se voir trop souvent c'est pas forcément l'idéal. Si déjà on se supporte ici ce sera pas mal! Enfin si parfois tu veux que je laisse la chambre libre pas de problème, je crois savoir qu'il y a une grande bibliothèque ici.
Lança-il avec humour.
Il s'étira longuement et sourit à la suggestion que son camarade venait de lancer. Une douche? Il en aurait effectivement grand besoin et ne se serait pas sentis à l'aise pour sortir sans des vêtements propres.
Attrapant une chemise propre et un pantalon noir ainsi qu'une ceinture dans sa valise encore ouverte il se dirigea vers la salle de bain et retira son haut qu'il jeta dans une corbeille dans le coin de la pièce.

-Je suppose que c'est la panière à linge sale. Une douche donc, et ensuite direction Miami! Je ne suis pas du genre à me reposer alors que j'ai la journée pour découvrir ma nouvelle vie!

Il referma la porte de la salle de bain derrière lui et y resta appuyé un moment. La chaleur de la ville, étouffante était pénible au français et lui avait un instant tourné la tête.
Se débarrassant des vêtements qui lui collaient à la peau il se glissa sous la douche et fit couler un filet d'eau froide. Bientôt il fut complètement rafraichit et revigoré. L'eau avait sur lui ce pouvoir délassant dont il ne pouvait se passer.
Ainsi donc commençait sa scolarité à Wynwood, pour le meilleur comme pour le pire...
Il s'habilla rapidement et rentra dans la chambre.

-Quand tu veux! je suis prêt!

- Miami hein...Paris c'est vraiment quelque chose, cette ville est à la fois malveillante et charmante. Enfin, si tu me laisse en parler tu pourrais ne plus avoir d'oreilles avant la fin de la journée.

La fumée de la cigarette d'Alfred se dispersait dans un vent léger qui portait jusque dans le parc. Au dehors on voyait les étudiants s'agiter.
Se tournant vers l'intérieur de la chambre Abel considéra l'espace un instant puis se dirigea vers la porte qu'il ouvrit. désignant le panneau qui annonçait l'occupant de la chambre il grogna.

-il faudra que je fasse ajouter mon nom...

Il regarda Alfred s'étendre sur son lit.

-Tu as quel âge? Tu connais ta classe?

-J'ai bientôt 18ans...mais on me dit souvent que je fais plus vieux, surement parce que c'est vrai.

En disant ça Abel pensait à ce que la vie apporte et qui oblige parfois à grandir plus vite.

-Je suis en Senior A...j'ai cru voir que c'était une classe quasiment rempli de mecs...ça ne devrait pas être trop fatiguant...il esquissa un geste qui referma la porte .Non pas que je n'aime pas les filles. J'ai juste tendance à penser qu'elles sont un peu trop compliquées...

Assis sur le bord de son lit il passa la main dans ses cheveux emmêlés et adressa un sourire complice à son colocataire.

-Mais je ne peux pas encore parler des américaines.

La voix de son nouveau colocataire était grave et posée et Abel ne put s'empêcher de penser à son cousin. La famille...la mère d'Alfred était française, il avait du effectivement y passer beaucoup de temps. Cela plaisait au jeune homme cette idée de pouvoir parler de son pays loin des clichés du genre. Sans ouvrir les yeux il expliqua.

-Les De Luynes sont originaires d'Aix-en-Provence, mais cela remonte à quelques siècles. Les terres du duché n'existent plus vraiment, notre hôtel particulier est à Paris.

Abel n'osait regarder son compagnon. Il avait appris dans son adolescence que la fortune et la noblesse était loin de faire la valeur d'un homme et regardait toujours l'étalage des titres et des biens comme de la vantardise. Pourtant il ne pouvait répondre autrement que par la vérité. Il repris donc.

-Quand j'étais petit je suis resté longtemps avec une nourrice en Bourgogne. Cette fois c'était vraiment la campagne profonde...Les paysages sont magnifique.

Alfred avait revêtu une chemise qui cacha des blessures dont Abel préféra ignorer la présence. La voix de son père résonna un instant dans sa tête.

Un homme convenable n'importune pas autrui avec des questions auxquelles il n'obtiendra pas de réponses.

Alfred s'était rapproché pour continuer sa cigarette. Un grand nombre de questions trottaient dans la tête d'Abel mais il les fit taire pour profiter du moment de paix qu'offrait le silence. Le chant des oiseaux semblait ne jamais devoir s'arrêter. Frottant son visage de ses mains pour se réveiller il se débarrassa du manteau qu'il avait jusqu'à lors conservé et remonta les manches de sa chemise, pliant consciencieusement les bords.
Enfin il demanda.

-Bien sur une fois installé je ne dirais pas non à une petite visite. L'école m'a l'air immense et je ne sais même pas où se trouve ma salle de classe...Quand à ma confrérie...une fête est prévue je crois mais pour m'y rendre il faudrait que j'en connaisse l'emplacement. je suis Khi Omikron χο ....Toi tu es surement un sportif je me trompe?

Abel s'attendait certes à une réponse, une réponse laconique, une réponse incompréhensible peut être mais surement pas à celle ci.

-Je m'appelle Alfred, je suis à bilingue, t'en fais pas, tu pourras parler autant français que tu veux avec moi. Tu es arrivé quand?

Un large sourire se dessina alors sur les lèvres du français. Quelle était cette chance incroyable d'avoir un colocataire comprenant et même parlant sa langue? Ce garçon était décidément le colocataire idéal, du moins en apparence.Depuis son entrée dans la chambre Abel sentait qu'il trouverait ici un coin tranquille, un véritable refuge où il n'aurait pas à expliquer ce qu'il n'aurait pas envi d'expliquer, où il n'aurait pas à sourire pour rien et à supporter de la musique bizarre à 3heure du matin...égaré dans ses pensées il aurait presque oublier de répondre mais Alfred le rappela à la réalité.

-Ici, c'est notre domaine, j'ai choisis ce lit, près de la fenêtre, donc voilà le tiens.

Ces considérations pratiques sortirent Abel de son mutisme, ayant fait voltiger sa valise sur le lit désigné il tendit la main à son colocataire et répondit en français.


-Désolé, je suis un peu fatigué...décalage horaire. Je n'arrive pas à y croire, tu as suivi des cours de français privés ou tu as vécu là-bas?


Commençant à déballer ses affaires avec soin il posa simplement ses vêtements dans un tiroir et installa la photo du jeune fille encadrée sur sa table de nuit. Puis il se retourna et observa Alfred.
La pression du voyage commençait à retomber et il fut secoué d'un petit rire nerveux qu'il fit taire en se raclant la gorge.

-Je suppose qu'il y a des règles strictes ici. A vrai dire je n'ai encore croisé personne qui m'ait adressé la parole, et je n'ai pu trouver aucun professeur ou surveillant. Je ne sais pas si c'est vraiment normal...

Sur cette interrogation qui s'adressait à la fois à Alfred qu'a lui même il se dirigea vers la fenêtre et laissa le soleil caresser son visage pâle.

Sale début de journée pour Abel, outre le décalage horaire qui le minait il y avait aussi cette impression de solitude intense qui ne vous prend que loin de chez vous. Les rues, les boutiques, les passants, tout lui semblait hostile...
La vue de Wynwood lui sembla pourtant de bonne augure, on y respirait un autre air que celui de la ville, comme si, en pénétrant dans l'enceinte du prestigieux lycée, il pénétrait dans un autre monde.
C'est donc avec un peu moins d'appréhension que le jeune homme se dirigea vers l'escalier qui le mènerait à la chambre qu'il devait occuper.
Incertain de se qu'il allait y trouver, colocataire à l'hygiène douteuse ou jeune américaine survoltée, il posa sa lourde valise et toqua légèrement. Puis sans attendre de réponse il ouvrit la porte.
La chambre était propre et claire, peut être un peu impersonnelle mais ce n'était pas pour déranger Abel, au contraire la sobriété des murs le rassura.
c'est alors qu'il vit, accoudé à la fenêtre, torse nu et cigarette en main, un jeune homme qui lui fit aussitôt impression mêlée de calme et de nervosité.
Amenant sa valise dans la pièce il referma la porte derrière lui. l'autre n'ayant pas bouger n'y prononcé un mot il se décida à parler.


-Bonjour, je suis colocataire...enchanté

Atteré par le mauvais anglais et le ridicule de sa présentation, Abel esquissa une grimace et repris

-Mon nom est Abel, je suis français alors désolé de mal parler. Quel est mon lit?

S'il passait pour un parfait imbécile et bien tant pis.Il avait hâte de voir si les américains étaient aussi expansifs et hospitaliers qu'on le prétendait mais quelque choses dans l'attitude de son compagnon lui faisait dire qu'il ne serait pas du nombre, Si au moins il est américain...Pensa il avec amusement.