[TERMINÉ ] « Juste une mise au point» [Chase & Isy]

Je ne m'attendais pas particulièrement à ce qu'Isobel réponde, et elle aurait très bien pu ne pas le faire, étant donné la question... Mais elle choisi de m'expliquer, de me raconter. Elle avait confiance en moi, comme avant. Cette constatation me fit chaud au cœur. Perdre un ami, c'est une chose horrible. Bien plus horrible que de perdre un amant. Mais le retrouver, comme avant, c'est un cadeau du ciel.

- Je… Ça reste entre nous… Mais disons que je n’arrive pas à m’attacher aux gens… Enfin aux hommes en particulier faut croire que j’en ai vu de toutes les couleurs depuis ma naissance alors… Enfin, passons ! Je suis ravie que ça te plaise… J’espère qu’on n’attendra beaucoup moins longtemps pour se voir maintenant ! Deux ans ça reste long !

- Oui, beaucoup trop long..., murmurai-je.

En réalité, je réfléchissais. Si elle n'arrivait plus à faire confiance aux hommes, cela ne pouvait être qu'à cause de moi. Un immense sentiment de culpabilité m'envahit tandis qu'Isobel reprenait la parole. Oh mon Dieu, il fallait absolument que je m'excuse ! Enfin, que je lui présente mes excuses et qu'elle les accepte ! Ou que je me traine à ses pieds pour implorer son pardon ! Quel con, mais quel con ! Chase ou "Comment briser les relations amoureuses d'une femme" en une leçon ! Bravo, Chase, bravo !

- Je compte sur toi pour ne pas trop parler de moi aux gens ici… Enfin tu sais ce que je veux dire… En plus je pense que le fait que je doive travailler ne va pas me donner beaucoup de point commun avec les autres ! D’ailleurs faudrait peut-être que je me sociabilise un peu ! Il faudrait que l’ancienne Isy revienne juste histoire de me montrer !

- Isy, je suis désolé... C'est à cause de moi si tu es dans cette situation. Si tu savais comme je m'en veux ! Enfin, je m'en voulais déjà, mais là je m'en veux encore plus qu'avant, je suis odieux !

Je passai ma main dans mes cheveux, dépité. En fait, je n'avais pas vraiment fait attention à ce qu'elle avait dit, parce que j'étais obnubilé par l'idée de m'excuser. Si on pouvait revenir en arrière et effacer les erreurs du passé, je n'hésiterais pas une seule seconde. Je prendrais enfin mes responsabilités. Et Isy et moi aurions été heureux.

- Hé ! Tu veux un dessert ? Ou quelque chose ?

Piètre tentative pour changer de sujet... Mais je n'avais pas le temps, là tout de suite. Il fallait que je retourne m'occuper de mes affaires, j'avais rendez-vous avec un huissier dans une demi-heure et je ne devais plus trop trainer.

- Non, je suis désolé. Je n'ai plus le temps... Mais je veux qu'on se revoit très vite, d'accord ? Tiens..., fis-je en m'emparant d'une serviette, Voilà mon numéro. Si tu ne m'as pas contacté dans la semaine, je reviendrai te voir ici, d'accord ?

Ma question n'était pas ce que je qualifierais de plaisante. Jamais je n'ai rencontré quelqu'un qui aimait qu'on l'a lui pose... à moins qu'il ou elle ne soit en couple et heureux comme un drogué à la coke. Niaiseries, tout ça. Isy, elle, n'est pas en couple. Parce que son petit rire voulait tout dire... Elle me sourit. J'eus presque envie de retirer ma question.

- Wouah… Quelle question ! Et bien disons que je n’ai aucune relation sérieuse…

Elle sembla elle-même interloquée par ce qu'elle venait de dire, puis plongea sur sa salade presque terminée en souriant. Je ne comprenais pas trop ce qui lui prenait, mais... okay. Aucune relation sérieuse ? Est-ce que cela signifiait qu'elle papillonnait, à droite, à gauche ? Ce n'était pas vraiment... son style. Ou alors, je n'imaginais pas que cela puisse l'être, surtout avec un petit bout à la maison. Il me semblait qu'elle était "responsable" et adulte, et donc qu'elle n'aurait pas du papillonner. Mais après tout, qu'est-ce que j'en savais ? Qu'est-ce que j'avais à y redire, quant même bien elle le ferait ? Rien du tout. Je n'avais plus de place... cette place dans sa vie. Mon coeur se serra un peu, tandis que je finissais mon assiette en silence. Oui, que serait-il advenu de nous, si nous étions restés ensemble ? Peut-être serions-nous mariés ? Quelle drôle d'idée ! Je souris, dépité. Je vivrais peut-être toujours en Angleterre, je n'aurais pas rencontré tous ces gens à Wynwood. Cela aurait été une perte pour beaucoup, mais qu'est-ce que ma vie aurait été plus simple ! Et puis... Je l'aurais vu grandir.

- Est-ce que tu veux dire par là que tu enchaines les aventures sans lendemain...?

Oups... C'était sorti tout seul ! Je n'avais pas pu m'empêcher de lui poser cette question, car je m'inquiétais pour elle. Pour sa famille. J'avais envie qu'elle soit bien, qu'elle trouve un homme qui la comble, qui s'occupe bien d'elle. J'avais fini mon steak, alors j'en profitai pour très vite changer de sujet.

- Euh... Enfin, ça ne me regarde pas, désolé Isy... C'était délicieux ! J'ai bien mangé... Surtout en ta compagnie, ça m'a fait plaisir.

Je vis bien qu'Isobel tiqua quand je lui parlai de Sacha... Je n'avais pas fait attention à ce que je disais et lui avais parlé avec des "il"... Évidemment, Isy n'était pas stupide et elle avait vite compris que je parlais d'un homme. Mais elle fit comme si de rien n'était et m'écouta jusqu'au bout en mangeant tranquillement sa salade. Enfin, elle se racla la gorge. Oratrice qui s'apprête à discourir, bonjour.

- Ben dis donc… C’est très intense tout ça ! Bon alors… Il faut que tu arrives à mettre au clair tes sentiments. Que tu prennes un temps pour te retrouver seul avec toi-même. C’est dans ces moments là que tu prends les meilleures décisions. Tu sais j’ai dû faire des choix… Ça n’a pas été simple, mais au fond de moi je savais la réponse. Elle était peut-être cachée mais elle était là. Elle est toujours là, on met parfois plus de temps à la trouver, parfois c’est trop tard... Je suis sûre que tu sais ce que tu dois faire même si tu te sens confus face à cette situation. D’ailleurs je te comprendrais très bien, si j’étais à ta place je serais dans le même cas ! Pour ce qui est de mon avis : le coup de foudre ça ne se commande pas… Ça n’arrive pas non plus des millions de fois dans une vie et peut-être que tu te cherches… Que tu veux voir d’autres horizons, peut-être que tu veux savoir ce qui te plait le plus. Après si ton cœur bat plus pour quelqu’un que pour l’autre…

La diplomatie d'Isobel me fit sourire, et je posai ma fourchette un instant, tandis qu'elle parlait, pour appuyer mon menton dans ma main. Quand, finalement, elle se tu, j'admirai la façon qu'elle avait eu de faire comme si elle n'avait pas compris, comme si Sacha avait été une fille. Ensuite, elle me pris la main en me souriant, comme pour me dire qu'elle serait toujours là en cas de besoin.

- Tu sais... C'est exactement ce que m'a dit Calypso. Enfin, tu ne sais peut-être pas qui c'est... Bref ! Elle m'a dit que mon choix se ferait facilement, que je devais être honnête avec moi-même. Mais moi, je trouve ça difficile. Je ferais mieux de les bazarder tous les deux, tiens !

Puis, je repris ma fourchette et m'enfilai une grosse bouchée de steak, presque convaincu par ce que je disais et un peu énervé, à la manière d'un gamin qui aimerait que tout lui tombe dans les mains, tout cuit... et qui ne l'obtient pas comme il le désire.

- Et toi, les j'amours, Iji ?

C'est pas bien de parler la bouche pleine... ♥

Isobel ne répondit pas à la serveuse, se leva et lui chuchota quelque chose à l'oreille. La fille s'éloigna en soupirant, apparemment lassée qu'on lui donne des ordres à tout bout de champ. Je l'interrogeai du regard, étonné. La jolie blonde aux yeux clairs posa ses mains sur la table, près de moi et me lança un sourire ravageur.

- Si c’est toi qui régale, laisses moi te régaler ! Je fais ça le plus vite possible. Tu peux au moins me laisser faire ça.

Sans attendre ma réponse, elle s'éloigna vers les cuisines. Elle comptait vraiment me faire à manger ? Ah merde... J'étais un peu gêné, du coup ! Et si mes souvenirs étaient bons, j'avais failli m'intoxiquer au moins une bonne douzaine de fois avec la cuisine d'Isy ! Hahaha, non, je plaisante ! ♥ Je tirai mon portable de ma poche et sonnai à mon avocat, j'avais encore quelques choses à régler quant à l'enterrement, et il fallait à présent que je lui parle de mon idée de verser un petit quelque chose pour Wyatt et sa famille. Je raccrochai quelques minutes plus tard et me tournai les pouces en regardant ce qu'il se passait autour de moi en attendant qu'Isobel revienne. Elle n'était pas partie de 5 minutes qu'elle me manquait déjà ! Enfin, après un instant qui me parut interminable, elle revint en portant deux assiettes. La jeune fille les posa sur la table et annonça, solennelle :

- Un steak tartare pour monsieur, le chef à fait le plus vite qu’il a pu en gardant le sourire ! Et pour mademoiselle une salade parisienne avec la moitié des aliments en moins.

Elle s'installa, les yeux ronds de plaisir, devant son assiette. Je souris : elle n'avait pas changé, Isy ! La comédie... son meilleur atout.

- Nous vous souhaitons un agréable repas... fit-elle en reprenant sa voix sérieuse.

Son sourire, pourtant déjà immense, s'étira sur son lèvres rosées et je ne pus m'empêcher d'éclater de rire en piquant ma fourchette dans le steak qu'elle m'avait préparé. La cuisson avait l'air parfaite, en tout cas !

- Toi alors ! Tu n'as pas changé, vieille loutre ! (Oui, j'aime bien les loutres.) Ch'est délichieux !, ajoutai-je en enfournant une bouchée de steak.

- Bon alors raconte moi tout ! Ta vie n’est pas passionnante comme tu me l’as dit mais je suis sûre qu’il y a bien un petit truc ! Comme ces deux filles qui se battent pour toi… Besoin d’un conseil de super Isy ? Ou bien rien… Non mais je peux me contenter de manger ! Mmmh d’ailleurs je crois que le chef est un débutant, ce n’est pas terrible, terrible !

- Hahaha ! Tu parles, modeste, va ! En fait, ouais, j'aurais bien besoin d'un concheil ! (Nouvelle bouchée.) Sacha, il sort de l'hôpital parce qu'il s'est jeté du cinquième étage... alors, moi... Je lui ai dis que c'était fini entre nous, mais j'y pense toujours alors que je suis avec Aliénore. Et elle, elle est fantastique ! Genre... Le coup de foudre ! Mais je ne suis pas amoureux... Sacha a obstrué les artères, mon cœur ne bat plus que pour l... euh, que pour... Sacha. C'est très résumé, tout ça, mais... qu'est-ce que tu ferais, à ma place, Super Isy ?

Une des raisons pour lesquelles j'avais toujours énormément apprécié et admiré Isy, c'était sa légèreté. Elle avait le don, à l'époque, de tout prendre avec le sourire, du moins en apparence.

- Alors comme ça monsieur à déjà plein de monde à ses pieds ! C’est digne d’un bon roman d’amour avec le fameux triangle amoureux !

Je lui souris, amusé. Si seulement c'était aussi simple... J'aurais aimé voir les choses de cette façon, mais bien entendu jamais je n'y arriverais. Je me prenais la tête pour un rien. Et même si j'avais l'art de mettre les pieds dans le plat à la moindre occasion, un coeur gros comme une montgolfière se cachait derrière cet amas de dureté, de stabilité... J'étais quelqu'un de très sensible, en réalité... Isobel reprit un ton plus grave pour me présenter ses condoléances...

- Je suis désolée… Je sais que vous n’étiez pas proches, mais ça fait toujours mal de perdre quelqu’un. Toutes mes condoléances…

- Merci, Isy... Je... C'est dans des moments comme ça qu'on se rend compte de l'importance que les gens prennent dans nos vies. Il est trop tard pour mon père et moi, mais... Il n'est pas trop tard pour... les autres personnes de ma famille.

Je pensais bien évidemment à un petit bonhomme qu'elle connaissait bien et qu'il me tardait de rencontrer, mais je préférai ne pas m'approfondir sur le sujet. Je souris quand mon estomac gargouilla.

- Oula, je meurs de faim ! Pas toi ?

Je me tournai et fis signe à l'autre serveuse. Elle s'approcha, un sourire un peu crispé sur le visage. Mouais. Sans doute était-elle un peu fâchée que je lui vole sa collègue de travail... mais bon, c'est pas comme si je ne l'avais pas correctement remerciée de me la prêter, hein...?

- Je vais prendre un steak tartare, s'il vous plait ! Et pour toi, Isy ? C'est moi qui régale ! ♥

J'étais vraiment heureux d'avoir recroisé Isobel aujourd'hui... Si on me l'avait dit quelques heures plus tôt, jamais je ne l'aurais pensé, mais c'était bel et bien le cas : j'étais tout simplement heureux de la revoir.

Le peu de protestations qu'Isy émit m'arrangea au plus haut point. Certes, je n'étais pas obligé, mais j'en avais envie. C'était normal pour moi, maintenant que j'étais "riche" (je détestais ce mot) d'aider les autres. J'avais déjà versé une petite fortune à ma mère, pour qu'elle agrandisse la ferme associative, et je comptais bien ne pas en rester là. Isy, Wyatt et leur mère seraient les prochains sur ma liste. Bon, en réalité, je n'en avais pas, mais autant commencer par quelque chose qui me semblait juste, non ? Je devais bien plus que de l'argent à Isobel et sa famille, mais cette petite compensation les aiderait probablement mieux que tout mon amour ou mes éternelles excuses...

- Bon sinon… Pour mon père… J’ai toujours su qui il était mais ma mère avait toujours tout fait pour m’en éloigner. A mes dix-huit ans, jour où je voulais enfin prendre mon envol et être autonome, j’ai reçu une lettre. Ce bout de papier m’informait que j’avais un compte avec une somme d’argent conséquente que mon père avait mit de côté depuis ma naissance. Cet argent je le recevais qu’en venant étudier dans l’établissement où il était allé. Je n’ai pas compris pourquoi, mais ma mère m’a forcée à accepter et me voici !

"Tadaaa"... Ah, non, elle ne le dit pas mais je l'entendis presque raisonner !

- Tsss, ça doit être à la mode chez les paternels de forcer leurs enfants à étudier dans cette stupide école !

J'étais un peu... rassuré. Non, mon père n'était pas le seul enculé de la planète, il y en avait d'autres. Et toi...? Chut, petite voix intérieure. Chut. Moi, si j'avais des gamins... en supposant que j'en ait, jamais je ne les forcerais à faire ce genre de choses. Il était clair comme de l'eau de roche qu'Isy et moi n'étions pas fait pour ce monde-là. Et pourtant, on y était enfermés, qu'on le veuille ou non.

- Tu sais que tu recommences à me forcer à parler de moi ! Et je ne sais pas grand-chose sur ce que tu es devenu, à part un jeune homme séduisant !

Isobel avait gardé le sourire charmant qui m'avait tant plu quand nous étions adolescents... je ne pu m'empêcher de répondre à ce fameux sourire. C'est vrai que je ne parlais pas beaucoup de moi, mais que pouvais-je bien lui dire ? Qu'avais-je fait qui justifierait mon départ, ou qu'avais-je fait de ma vie tout court ? Pas grand chose, à dire vrai.

- Merci, Isy. Mais je ne suis pas le seul que les années aient embelli, tu rayonnes... Je ne t'ai jamais vue aussi belle qu'à cet instant, tu sais ?

Mon but n'était pas de la draguer, loin de là. J'avais déjà une personne (en fait, deux, à bien y réfléchir...) dans ma vie et assez d'ennuis comme cela. Non, si je lui disais cela, c'est tout simplement que je le pensais sincèrement. Devenir femme lui allait bien.

- A part ça... J'ai quitté l'Angleterre l'année passée, parce que mon père a eu un cancer et qu'il est venu se faire soigner ici, à Miami. J'ai pu réintégrer mon monde... et lui l'a quitté. Ma vie amoureuse après toi a été une vaste plaine déserte de toute vie, jusqu'il y a peu. Puis, j'ai rencontré Sacha et Aliénore. Deux personnes exceptionnelles. Et je dois choisir. Rien de bien intéressant, somme toute.

Sacha... Je m'étais bien gardé de préciser qu'il s'agissait d'un homme. Après tout, ce prénom pouvait convenir aux deux sexes. Et si Isy était à Wynwood, avec toutes les rumeurs qui courraient, elle finirait bien par le découvrir.

La réaction d'Isobel me fit rigoler : elle avait l'air d'un poisson, avec la bouche ouverte comme ça ! Elle était indéniablement étonnée... et moi, je riais, me demandant pourquoi. Innocent que j'étais...

- Je… Wow ! J’y suis aussi !… Histoire compliquée avec mon père biologique qui me donnait une somme d’argent pour mes dix huit ans si seulement j’étudiais dans cette magnifique école qu’il avait très bien connue ! J’ai l’impression d’être débarquée sur une autre planète ! Quand je vois tout ces jeunes qui dépensent je ne sais combien par mois alors que moi je dois bosser pour me faire de l’argent de poche… C’est… C’est choquant ! Enfin voilà je ne voulais pas vraiment me retrouver coincée là-bas, du coup je pense que je serais souvent dehors… On a donc un point commun, nos pères nous ont forcés à être à Wynwood High School !...

A mon tour de lui sortir le coup du poisson rouge ! Rouge, parce que j'aime les poissons rouges. Na. Je ne savais pas par quel bout prendre sa déclaration : père biologique, argent, gens de Wynwood ?! J'avais un avis à émettre sur tous ces points. Allez, commençons par les points communs...

- On a beaucoup de points communs, tous les deux... Tu es la mieux placée pour le savoir.

Je lui adressai un sourire complice, un peu nostalgique de notre "avant". J'enchainai, redevenant plus sérieux.

- Au fait, il faudra qu'on discute de... l'argent. Je viens d'hériter et je tiens vraiment à ce qu'on en parle. Je n'ai que faire de tout cet argent, je ne suis pas comme mon père... était. J'aimerais t'aider, tu sais, pour Wyatt... Non, en fait, je le veux vraiment. Oui, en fait, je ne crois pas que je vais te laisser le choix. Tout à fait !

Je venais moi-même de me convaincre que ne pas lui laisser le choix, c'était beaucoup mieux. Je n'avais pas envie de lui avouer que mon père était décédé deux semaines plus tôt, mais les choses étaient ce qu'elles étaient. J'étais à présent riche, beaucoup trop riche par rapport à mes besoins. Avec ce qu'il m'avait laissé, je pouvais au moins acheter trois maisons ! Et de grosse taille, encore...

- Ainsi, tu as finalement retrouvé ton père... Je suis content pour toi, Isy. Je ne sais pas si c'est approprié, étant donné ce qu'il a fait, mais ça a du t'ôter un poids des épaules... Enfin, je suppose. Tu veux m'en parler ? Comme avant ?

Isobel m'adressa un magnifique sourire avant de me répondre. Décidément, penser à Wyatt la rendait rayonnante... Elle consentit à me parler de lui à l'express condition que je lui raconte ce qu'il m'était arrivé en deux ans de temps. Je lui souris en retour, approuvant d'un signe de tête. Sa voix fluide et mélodieuse entama une ode à Wyatt des plus convaincantes, et plus elle parlait, plus j'avais envie de remonter le temps jusqu'à cette fameuse journée où je l'avais quittée... Que se serait-il passé, si cela n'avait pas été le cas ? Il y avait beaucoup d'options possibles, et y penser ne nous aiderait quand même pas à revenir en arrière. Il était trop tard. Ces deux années étaient bel et bien perdues.

- Il adore les carottes. Pour ce qui concerne son prénom ma mère voulait que je le choisisse. Enfin tu comprends… Elle me disait que c’était mon choix était donné que je n’avais jamais eu de frère et que ça lui faisait plaisir… J’ai longtemps hésité, c’est vraiment compliqué de choisir ! Wyatt ça m’est apparu d’un coup, je trouvais ça mignon…

Les carottes... Un flash de mon enfance me revint, d'un coup. Moi, petit, me levant pendant la nuit pour espionner Saint-Nicolas et mangeant les carottes de l'âne en attendant que le Grand Saint arrive... Bien sûr, cela n'avait jamais marché, je n'avais jamais surpris Saint-Nicolas... Ma mère était maligne ! Pas difficile de berner un gosse de cinq ans, en même temps.

- Wyatt, c'est très joli. Tu as très bien choisi...

Je lui souris, me gardant bien de lui raconter ces histoires de mon enfance. Elle soupira, songeuse, mais ne se départit pas de son sourire. Il illuminait son visage, faisait briller ses yeux de milles feux... Cette fille était magnifique, à n'en point douter. Magnifique, et elle avait l'air heureuse.

- C’est ta mère qui habite à Miami n’est ce pas ? Je me souviens qu’on avait parlé d’elle avant. Je me souviens de pleins de choses en fait ! Te revoir m’a immergée dans des souvenirs ! Par exemple ta petite bouille d’ado de quatorze ans…

Elle me tira la langue, l'accompagnant d'un clin d'œil malicieux. C'est vrai qu'à l'époque de notre rencontre, j'étais bien jeune ! Et déjà tellement précoce... Mais depuis Isy, j'avais stoppé d'un coup toute envie de remettre le couvert ! On pourrait parler de "traumatisme", même si le mot me parait exagéré... Je lui souris et appuyai mon visage dans ma main, songeur.

- Un ado de quatorze ans en admiration devant une beauté de 16 ans comme toi... Je me demande comment j'ai réussi à te séduire, hahaha !

J'éclatai de rire en songeant à cela. Il y a deux ans, j'avais trois poils au menton, des joues un peu plus rebondies et beaucoup moins de muscles. Je ne ressemblais vraiment à rien, autant dire ! Pourtant, j'avais réussi à faire "mienne" la belle Isy, que tout le monde admirait pour sa beauté et son charme.

- Enfin, pour répondre à ta question : oui, c'est ma mère qui habite ici. Et mon père m'oblige à aller dans un lycée du coin, Wynwood. Un truc de richards, ça ne me convient pas tellement mais bon... Sans ça, il ne me laisserait pas vivre ici, donc je n'ai pas trop le choix.

La jeune fille aux fins cheveux d'or n'hésita pratiquement pas avant de me répondre. Elle n'avait pas l'air de m'en vouloir, mais entre l'air et la chanson, il y a un monde... J'espérais de tout mon cœur qu'elle m'avait pardonné, parce que m'imaginer qu'elle ne m'en ait pas voulu durant ces deux longues années était un peu utopique... Enfin, si seulement Isobel pouvait m'avoir pardonné... et si nous pouvions redevenir amis, cela serait super. Bien évidemment, notre lien ne serait plus jamais comme avant, surtout de son côté. Elle ne m'aimerait plus du même amour que celui qu'elle me portait à l'époque, et moi je serais plus à l'aise dans une relation purement amicale. Toutes ces pensées n'étaient qu'utopie dans mon monde un peu onirique, ou Isy était une petite fée aux doigts fins, mais j'avais envie d'y croire. Sa réponse me conforta dans cette envie où je me serais enlisé jusqu'au cou avec plaisir, si je n'avais pas eu trop de choses à gérer en ce moment.

- Si tu en as envie, ce serait tout à fait normal… Et ça me ferait énormément plaisir… Tu sais en tant qu’ami de la famille, je pense que ça serait normal… Étant donné que je risque de passer du temps avec lui le mois prochain je suis sûre que tu pourras le voir… Tu verras Wyatt est trop craquant ! Enfin, tu sais tu n’es pas obligé, je comprendrais…

De toute évidence, Isobel avait envie que je rencontre Wyatt, mais je sentais poindre une certaine hésitation dans sa voix. Avait-elle peur que je ne sorte du rôle qui m'était à présent imparti ? Je ne le ferais pas. Rester stoïque serait peut-être tâche ardue, mais je me devais d'y arriver. Pour Isobel. Pour Wyatt et sa mère. Avant que je ne puisse dire quoi que ce fut, un groupe de jeunes gens bruyants rentra dans le bar, et je discernai nettement l'hésitation de la jeune serveuse qui me faisait toujours face. Je me tournai vers l'autre serveuse et lui fit un signe discret de la tête quand elle croisa mon regard, puis regardai de nouveau la jolie blonde.

- Non, Isy... Reste, c'est bon. Elle s'en occupe. Parle moi de not... euh, ton fi... euh, de ton frère !

Encore une chose à laquelle j'allais devoir m'habituer. Mais j'y arriverais. Je ne suis pas si con, après tout. - Non, tu crois ? :)

Tellement de choses à dire... Oui, c'est vraiment le moins que l'on puisse dire. Deux ans, c'est long. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, j'ai du rater tellement de moments importants ! Je n'étais pas particulièrement prêt à entendre tout ce qu'Isobel avait à me dire, mais il fallait que je sache. En fait, c'était comme une envie irrépressible qui s'était dressée en moi et qui attendait que je l'assouvisse en me dévorant l'estomac. La jeune femme s'installa face à moi et commença à triturer un bic, avant de commencer à parler.

- J'ai changé tu sais... Ça m'a changée. J'ai dû redoubler d'efforts pour réussir mes années d'études, j'ai jamais vécu des jours aussi durs mais en même temps je n'ai jamais été aussi heureuse, je n'arrive pas à faire la part des choses, peut être que j'ai beaucoup pleuré mais au fond ça a été bon pour moi... Je ne suis pas à Miami parce que je te suivais, tu sais... J'avais même oublié que tu pouvais y être... J'étudie pas loin d'ici, c'est mon...Père, qui m'y a forcée. Ooh et comme tu peux le voir, je travaille ici, c'est mon premier jour. Mais bon, ce n’est pas comme si je n’étais pas habituée à tout ça.

Jusque là, rien de... enfin, rien en rapport avec ce qui me préoccupait. Bien sûr, je m'en voulais énormément, c'était à cause de moi si elle avait passé des moments si difficile. Le fait de savoir qu'elle était néanmoins heureuse me soulagea. Si cela n'avait pas été le cas, je ne me le serais probablement pas pardonné et la culpabilité aurait été deux fois plus insoutenable. Car à l'époque, je n'avais rien ressenti de particulier... J'étais insouciant. Mais là, la vie et ma mère avaient forgé mon caractère, et cette dernière m'avait appris le respect... chose qu'à l'époque, vivant avec mon père, il m'encourageait à omettre. Je la regardais, attentif, silencieux. Mes yeux bleus fixaient les siens, verts... Je voulais rester impassible, mais le stress montait. Je me mordis la lèvre en attendant qu'elle poursuive. Il serait toujours temps de m'excuser après. Isobel avait attendu déjà tellement de temps... Elle poursuivit, comme je ne répondais rien.

- Et... Ma mère a adopté un petit garçon d'un an et demi, il s'appelle Wyatt, il a une bouille à croquer... Deux petits yeux verts avec des reflets bleus... Des cheveux blonds tout fins... Enfin voilà un bébé adorable, il sait même dire "mam" pour maman, je suppose hein !

Isobel était resplendissante. Un doux sourire éclairait son visage, ses orbes vertes émeraudes pétillaient de joie. Elle ne me regardait pas, heureusement. J'étais chamboulé. Wyatt, Wyatt, Wyatt... Joli prénom... Un an et demi, déjà... Est-ce qu'il marchait, ce petit bout ? Ce petit blond aux yeux verts-bleus... Mon coeur battait la chamade, je serrai le poing pour empêcher ma main de trembler. Elle remit une mèche de longs cheveux blonds derrière son oreille avant de poursuivre d'un murmure.

- Ma mère va emménager à Miami dans un mois, peut être moins. Elle ne voulait pas être loin de moi et elle ne voulait vraiment pas que je ne sois pas là pour mon... frère.

Son frère...? Wyatt était donc son frère. D'accord, intégré... Donc, dans moins d'un mois, nous serions dans la même ville. Une bouffée de nostalgique tristesse m'envahit et je cachai mon visage dans mes mains. J'entendis les mains d'Isy se distraire avec quelque chose, salière ou poivrière, ainsi qu'un léger bourdonnement. J'avais la sale impression que j'allais m'évanouir dans la minute, je devais être blanc comme un linge. Les circonstances de nos retrouvailles n'étaient pas des mieux, mais je n'avais pas choisi... Il me fallait donc gérer tout d'une poigne de fer. A cela, si on rajoute Wyatt et Isobel. Comment ne pas craquer ? Je relevai la tête, tout en passant une main tremblante dans mes cheveux. Je croisai le regard de la jolie blonde... Elle m'observait, guettant ma réaction. Je tendis une main vers les siennes, qui jouaient avec la poivrière... Doucement, je saisis sa main droite et la serrai dans la mienne.

- Je suis désolé... d'avoir fuit. Juste, d'avoir fuit... Je ne m'excuserai pas pour le reste, j'en suis incapable. Je n'aurais pas dû te laisser seule, je suis désolé.

Je n'avais pas envie de me chercher des excuses, c'est pourquoi je ne tentai pas de m'expliquer. Elle comprendrait ou pas, mais je ne voulais juste pas remettre en cause mon erreur. J'avais envie de revoir sa mère, rencontrer son frère, qui je suis sûr devait être adorable... Mais est-ce que j'étais en droit de lui demander cela, après tout ce temps ? Je n'avais plus ma place dans sa vie. Et, après... un an et demi, avais-je ma place ? Non, je ne pense pas... Je serais tout au plus un ami.

- Est-ce que... tu... tu me présenterais ton frère ?

J'avais tenté le ton joyeux et désinvolte, mais ma voix s'étrangla légèrement quand je lui posai la question. Pourvu qu'elle accepte... Pourvu qu'elle refuse... Non, accepte ! Refuse, refuse ! Accepte, Isy, accepte. Refuse, accepte, refuse, accepte... Tout était très clair dans ma tête... Tu parles !

Ses yeux clairs me dévorent, je me sens épié, étudié... Que cherche-t-elle à voir en me fixant ainsi du regard ? Soudain, Isobel respire un grand coup, comme pour se donner du courage. Nos mines sont toutes deux aussi déconfites l'une que l'autre. Et surprises, aussi. Ainsi, elle ne me suivait probablement pas. Oui, je m'en doutais ! Il y a deux ans, j'avais quand même bien connu Isobel, et les gens ne changent pas à ce point, même sur un espace temps plus ou moins long. Nous gardons tous une personnalité relativement constante tout au long de notre vie... Ainsi, Isy n'était pas fourbe et ne le deviendrait probablement jamais.

- J’ai connu des jours où tu le disais avec plus d’entrain ! Mais toi au moins tu ne te fais pas avoir avec cette étiquette.

La jolie blonde pointa du doigt une étiquette sur son tablier. Maria ? Je n'eus pas la présence d'esprit de me demander pourquoi elle portait à présent ce prénom - ou pourquoi, tout du moins, elle se faisait appeler ainsi - tant j'étais obsédé par sa voix, son visage, ses cheveux... Et lui, comment était-il ? Avait-il les yeux bleus ? ... Cette question, qui habituellement ne me tourmentait jamais, venait de me passer à l'esprit et je la ressassais, mantra impuissant... Peut-être à cause de la mort de mon père ? Une vie pour une mort, allait-il ressurgir dans la mienne, maintenant qu'Isobel vivait à Miami ? Car je supposais qu'elle y vivait, surtout si elle travaillait là. La jeune fille ne se départi pas de son sourire, et pourtant Dieu seul sait qu'elle aurait pu ! Non, elle continua plutôt sur sa lancée, un brin d'amertume dans la voix...

- Ça pourrait le faire aussi mais je trouve que ça ne me correspond pas trop comme prénom ! Mmh…Tu veux manger quelque chose ? Parce que je sens que mon nouveau patron va bientôt commencer à se demander pourquoi je reste devant ta table debout telle une idiote qui revoit un fantôme de son passé. Même si je me demande où il est passé… Mon patron !

Un fantôme de son passé...? Oui, c'était le mot ! A partir de ce jour où Isobel m'avait avoué ce qui lui arrivait, j'avais disparu de sa vie en moins de deux. Volatilisé, Chase. Je ne me reconnaissais pas, mais je n'avais que 15 ans et pas du tout l'intention de gâcher ma vie ! Alors, j'avais tiré une croix sur elle, sur nous... Elle m'aimait, à l'époque. Moi, de mon côté, je ne pouvais oublier Brooke. Je l'avais fait souffrir. Je m'en voulais. Et maintenant... Que faire ? Elle ne savait pas non plus, elle regardait partout autour d'elle, espérant apercevoir quelqu'un qui désirerait se faire servir. Personne. Bon... Il était temps de discuter. Nous en avions tous les deux besoin. Je me levai et me rendis au bar. J'accostai une serveuse et lui tendis un gros billet avant de lui dire de ne pas nous déranger, que pour prendre notre commande. Je revins vers Isobel et l'invitai à s'installer face à moi.

- Mange avec moi, s'il te plait... On doit parler. Enfin, je suppose. J'aimerais bien... savoir.

Oui, je voulais savoir ce qu'il en était. Qu'avait-elle fait quand j'étais parti ? Je savais certaines choses, mais parce que mon père avait engagé un privé pour en apprendre davantage... Il ne m'avait pas tout dit. A l'époque, je n'avais pas voulu. Et maintenant, c'était trop tard pour en discuter avec lui.

Cela faisait une semaine que mon père nous avait quitté, déjà. C'est fou comme le temps passe vite... On était samedi, et on l'avait enterré début de semaine... Ce matin-là, j'avais observé son cercueil s'enfoncer dans les entrailles de la Terre, une boule dans la gorge et les poings serrés. Cela avait été une épreuve éprouvante, mais également une sorte de soulagement. N'allez pas croire que je sois un dégueulasse sans coeur de la pire espèce ! Mais mon père était malade depuis longtemps, son cancer le rongeait et il souffrait... Un soulagement, donc... Pour lui, surtout. Son notaire avait pris contact avec moi pour m'apprendre que feu mon paternel me laissait l'entièreté de sa fortune, ses actions en bourse et ses immeubles achetés pour renflouer encore un peu plus ses poches - comme si elles n'étaient pas déjà assez pleines... J'avais prévu de donner une bonne partie à ma sœur jumelle, Kim qui, même si elle ne l'avait pas connu, était autant sa fille que moi je n'étais son fils. Et bien sûr, une autre à ma mère, pour faire prospérer le ranch qu'elle avait bâti de ses mains et dont elle s'occupait seule, avec l'aide de bénévoles de temps à autre. J'avais plein de choses à régler, des lettres de remerciement à écrire, des actions à revendre, les cours à suivre : bref, pas le temps de m'ennuyer ou de penser à ma tristesse une seule seconde ! Ce samedi là, donc, j'avais passé la matinée à rendre visite aux locataires de mon père et là, je n'avais plus qu'une idée en tête : manger un morceau !

Je m'arrêtai dans le premier restaurant-brasserie que je croisai et m'installai à une table. Mon portable sonna et je décrochai tandis qu'une serveuse rousse un peu boulotte m'apportait la carte. Je la remerciai et décrochai : c'était Aliénore, ma copine, qui me sonnait pour voir comment c'était passée ma matinée. J'étais au téléphone avec elle depuis dix minutes, lui expliquant comment étaient mes nouveaux locataires, quand une voix résonna derrière moi. Je faillis en lâcher mon portable !

- Vous avez choisi ?

Malgré le ton neutre employé, je reconnu instantanément... Isobel. Je déglutis doucement et m'empressai de raccrocher avec un bref " J'dois te laisser, puce ! Je t'embrasse. " avant de me retourner précipitamment. Je ne pu m'empêcher d'ouvrir la bouche de surprise. Que diable faisait-elle là...?! Tout de suite, mon esprit tordu pensa à une chose horrible que je ne la pensais pas capable de faire, mais comment expliquer sa présence autrement ? : peut-être avait-elle entendu parler de la mort de mon père et espérait-elle récupérer... une certaine somme de mon héritage ? Après tout, avec ce que nous savions tous les deux, ce que nous avions "fait", elle aurait très bien pu me trainer devant n'importe quel juge et exiger réparation, comme on dit. Néanmoins, je me refusai à l'imaginer aussi mesquine et préférai penser qu'elle était simplement là par hasard. Oui, c'est cela, le hasard... Oh, pourvu que ça soit ce con de hasard !

- Isobel...?

Très pertinent, comme entrée en matière, hein ? Oui, je trouve aussi. Mais que dire d'autre ?! Je pris le temps de l'observer, constatant avec... un mélange de sentiments indistincts qu'elle n'avait pas du tout changé : même cheveux blonds et fins tombant en cascade sur ses reins, même yeux clairs et expressifs, taille fine - ce qui changeait par contre un peu de la dernière fois où je l'avais vue... - et jambes interminables ! Elle portait l'uniforme de l'endroit... Étrange, me dis-je. Il ne manquerait plus qu'elle vive à Miami, maintenant ! Le comble...