Abandonné | Un après-midi, comme avant ? [Trey]

Trevor et moi, on était dans le foyer, installé, l'un en face de l'autre en silence. Il me dit alors que je pouvais partir si je le voulais, qu'il m'avait achetée simplement pour que personne d'autre ne m'ait. Je me sentis flattée. Je lui dis alors que je ne pouvais pas partir, je m'excusais ensuite avant de lui avouer que j'avais peur qu'il s'énerve comme la dernière fois. Je le vis alors baisser les yeux et je fis de même avant de lui dire que j'avais été sincère, que je n'étais pas sortie avec Maddox ni avec aucun autre homme. Je marquais une pause avant d'ajouter que je n'y arrivais pas. Il me répondit alors que je n'avais pas besoin d'avoir peur.

Il m'expliqua ensuite qu'il était énervé parce que je faisais comme si il n'existait pas et qu'il avait cru que j'avais couché avec Maddox, que je l'avais déjà oubliée. Il m'avoua alors qu'il n'avait touché aucune fille depuis que l'on était plus ensemble. Je me sentis alors totalement coupable... j'avais couché avec Maddox pour le rendre jaloux en pensant qu'il s'amusait bien lui de son côté, alors que c'était faux.... Je me sentais coupable. Je gardais alors le regard baissé.

Je culpabilisais tellement que je changeais de sujet, lui demandant ce qu'il voulait que je lui apprenne en Allemand, lui donnant plusieurs possibilités. Il semblait ne pas avoir vraiment réfléchit à la question, mais il finit par me dire qu'il voulait bien apprendre des expressions. Je rangeais donc mes feuilles, ça ne servait à rien. Par contre, je pris une feuille vierge pour pouvoir lui écrire les expressions qu'il m'aurait demandées, pour qu'il puisse les garder et comme ça si il oubliait, il aurait tout de même de quoi les revoir.

Il me demanda alors comment on disait « J'aime ma fesse droite » Je le regardais alors sans comprendre, un avant de sourire. Je mis ma main devant ma bouche, me retenant de rire, plus par surprise que pour autre chose, il m'expliqua alors que c'était comme ça qu'il appelé son meilleur ami allemand.

« Ne t'en fais pas, tu n'as pas besoin de te justifier » Lui dis-je en souriant « Ça se dit "Ich liebe meine rechte Pobacke" (Je sais pas si c'est vraiment ça, merci google traduction) »

Je ris légèrement et lui souris avant d'écrire l'expression en Anglais, puis sa traduction Allemande. Je le regardais ensuite en souriant. L'atmosphère semblait moins lourde que lorsque l'on était arrivé. Je voyais bien qu'il se sentait mieux que lorsque l'on s'était vu à l'inscription au CSS, j'étais donc un peu rassurée. Pour le moment, je n'avais plus peur qu'il se mette en colère.

« Il y a autre chose que tu veux pouvoir dire en Allemand à ton meilleur ami ? » Demandais-je en souriant.

Je le regardais, bougeant mon stylo entre mes doigts, pour m'occuper l'esprit et éviter de trop penser au reste. Je regardais Trevor en souriant toujours un petit peu. En tant que professeur, je devais me montrer aimable et puis, ça me faisait du bien de ne pas être, l'espace d'un après-midi, en froid avec Trey.

Je fixais mes mains comme si elles étaient soudainement devenues les choses les plus palpitantes de la Planète. Il y avait une petite coupure sur l’articulation de mon majeur, sans doute une trace d’une de mes séances contre sac de sable. Pas grand-chose, juste ce qu’il me fallait pour fixer mon regard sur quelque chose.

« Je ne veux pas partir. Je suis désolée... C'est que... j'ai peur Trevor... » commença-t-elle par me dire, ce qui me fit relever les yeux vers elle. « J'ai peur que tu t'énerves comme la dernière fois... »

Elle avait peur de moi. Cette idée m’arracha une grimace, c’était comme si elle venait de me coller une baffe en pleine gueule en m’avouant cela. Je me sentis misérable et pas digne de me trouver face à elle, une sensation jusqu’alors inconnue pour moi. Jamais je n’avais eu aussi honte de toute ma vie.

« Je… » hésitai-je, en baissant à nouveau les yeux, plein de culpabilité.

« Mais saches que j'ai été sincère. Je ne suis pas sortie avec Maddox, ni avec aucun autre homme depuis notre rupture... » enchaina-t-elle.

Je ne relevai pas la tête, et elle ajouta qu’elle n’y arrivait pas. Je posai mes coudes sur la table et passai mes deux mains dans mes cheveux, en baissant la tête de façon à ce qu’elle ne voit pas mon visage. Je me sentais nul, le dernier des nuls ! Je soupirai, en frottant ma tête. J’avais envie de lui demander ce que cela signifiait, exactement… mais je préférai m’abstenir.

« T’as pas besoin d’avoir peur » finis-je par dire en me redressant. « J’étais énervé, parce que tu faisais comme si je n’existais pas, et j’ai cru que tu avais… couché avec Maddox, ton sauveur d’Halloween… que tu m’avais déjà oublié alors que moi… »

Je soupirai, les yeux toujours rivés sur mes mains.

« Moi, je n’ai touché aucune fille depuis qu’on est séparés. Pas une seule ».

Bon, les aveux. Je n’aimais pas ça. Il fallait que je change de sujet. Je suggérai subtilement à Scarlett que l’on passe à autre chose. J’étais vraiment mal à l’aise, ce qui ne m’arrivait pas souvent – et j’en étais heureux, c’était une sensation tout simplement désagréable à souhait.

« Qu'est-ce que tu voudrais apprendre en allemand ? Tu veux apprendre à parler ? Ou bien connaitre quelques mots, quelques expressions ? » me demanda-t-elle, en reprenant son rôle de prof.

Je haussai les épaules, je n’y avais pas vraiment réfléchi, étant donné que je ne m’étais pas douté une seule seconde que nous ferions réellement de l’allemand, si je parvenais à l’acheter.

« Des expressions, ça me semble bien… je crois ».

Je me grattai le menton, en me demandant ce qu’Emer’ aimerait m’entendre dire dans sa langue maternelle. Un léger sourire étira mes lèvres, lorsque j’imaginai la réaction de mon meilleur ami.

« Comment on dit… ‘ j’aime ma fesse gauche’ ? » lui demandai-je donc, avant de me rendre compte qu’elle ne devait pas comprendre de quoi je parlais. « C’est comme ça que j’appelle mon meilleur ami… moi je suis la fesse droite, tu vois ? … Ahem ».

Je me raclai la gorge, de nouveau un peu gêné. Emeric et moi, on partageait les mêmes délires, mais en parler avec Scarlett, c’était bizarre.

Quand je rejoignis Trevor après l'achat, je lui fis un léger sourire, pas que je lui avais pardonné pour la dernière fois, mais parce que j'étais soulagée d'être acheté par quelqu'un que je connaissais déjà. Il me dit alors que je n'avais pas le choix de passer l'après-midi avec lui et je lui répondis que je savais et que j'étais soulagée que ce soit lui qui m'ait eu. Il répondit simplement que l'on y allait. J'hochais la tête et le suivit. Je songeais déjà à l'argent que l'on avait amassé, on allait sûrement pouvoir se payer de belles vacances. Je pensais à ça, pour ne pas penser que j'étais seule avec Trevor et qu'il pouvait péter les plombs à n'importe quel moment si je parlais trop.

Une fois à l'extérieur de la salle de bal, je lui proposais d'aller au foyer pour les cours que j'avais promis. Je ne lui dis pas, mais c'était aussi car il y avait une chance, même minime, qu'ainsi on ne soit pas seuls. J'avais peur de me retrouver seule avec lui depuis la dernière fois. Car contrairement à Maddox, il ne m'avait pas fait taire de manière agréable. Il s'arrêta, ce qui me surprit. Je levais le regard vers lui et l'écoutais. Apparemment, il voulait des cours d'Allemand. J'hochais alors la tête. Il m'avait donc vraiment achetée que pour les cours. En même temps, à quoi est-ce que je m'attendais ? Je me remis alors à marcher et après quelques mètres, je repris la parole.

Je m'excusais pour la dernière fois, pour l'avoir énervé. Je baissais ensuite le regard sans m'arrêter. Il me répondit que lui aussi. C'était facile pour lui, ce n'était pas lui qui se retrouvait à devoir attendre encore plus longtemps pour commencer sa rééducation parce que l'état de son épaule était d'un coup devenu plus mauvaise. Enfin, je l'avais surement cherché, je ne devais pas me plaindre.

On finit par arriver au foyer. Je rentrais alors et ma déception fut immense en me rendant compte qu'il n'y avait personne. En fait, ce n'était pas de la déception. C'était juste la peur, qui prenait place en moi. Je me dépêchais d'aller vers une table. Je demandais du regard à Trevor si ça lui allait puis je m'installais. Je savais que la table ne me protégerait pas, après tout, la dernière fois il l'avait envoyé plus loin dans la pièce sans problème, mais c'était toujours ça. Trevor s'installa ensuite à son tour et le silence s'installa entre nous, un silence pensant que j'avais du mal à supporter.

Finalement, ce fut lui qui le brisa en me demandant par quoi on commençait. Je ne répondis pas tout de suite, à vrai dire, je ne savais pas non plus, sa présence m'intimider et je pensais à tout sauf à ma langue maternelle et à ce que je pouvais lui apprendre. Finalement, il reprit la parole pour me dire que si je voulais, je pouvais partir et il m'expliqua sincèrement pourquoi il m'avait achetée. Je ne pourrais décrire le sentiment qui s'éveilla en moi à ce moment-là, mais j'étais heureuse.

« Je ne veux pas partir. Je suis désolée... C'est que ... j'ai peur Trevor... j'ai peur que tu t'énerves comme la dernière fois ... Mais saches que j'ai été sincère. Je ne suis pas sortie avec Maddox, ni avec aucun autre homme depuis notre rupture... » Je baissais ensuite la tête avant de dire plus bas. « Je n'y arrive pas... »

J'étais sincère et sous-entendais pas ma dernière phrase que je n'arrivais pas à me remettre en couple et l'oublier. Oui j'avais couché avec Maddox, mais je n'étais pas sortie avec lui. Donc je ne lui mentais pas. Puis je préférais être sincère en disant que j'avais peur de ses réactions. Je préférais ne pas m'étendre sur le sujet, j'attendis donc quelques instants, le temps de remettre mes idées en place avant de commencer vraiment mon cours.

« Qu'est-ce que tu voudrais apprendre en Allemand ? Tu veux apprendre à parler ? Ou bien connaitre quelques mots, quelques expressions ? »

Je préférais avoir son avis sur ce qu'il voulait apprendre avant de commencer des cours, afin que cela lui plaise et qu'il n'ait pas payé pour rien.

Scarlett me sourit, ce qui ne manqua pas de m’étonner. Vu comment s’était terminée notre dernière altercation, je ne m’étais pas attendu à cela. Je savais qu’elle n’était pas bête… alors, elle devait simplement ne pas être rancunière. Pas comme moi. Je lui en voulais encore de m’avoir affiché sa relation avec Maddox… même si je m’étais bien vengé en la secouant comme un pauvre prunier, dans la salle du CSS.

« Ne t'en fais pas, je sais. Puis je suis un peu soulagée que ce soit toi, au moins, je sais qui tu es ».

Elle savait de quoi elle devait se méfier, quoi. Je hochai la tête, sans rien répondre. Je ne savais pas quoi lui dire, de toute façon. Peut-être que j’aurais du commencer par m’excuser… mais ce genre de chose était difficile pour moi, surtout que je jugeais qu’elle l’avait un peu cherché. Les mains dans les poches, je me balançai d’un pied sur l’autre, tout en jetant un regard vers mes potes qui me regardaient de loin. Ils souriaient, narquois.

« Bon. On y va » ordonnai-je finalement, en tournant le dos à Scarlett sans vraiment lui laisser le choix de refuser.

Je me mis en route, direction la sortie. Je ne savais pas si elle me suivait… mais je supposais que oui, vu que je l’avais achetée et qu’elle était à moi pour l’après-midi. Perdu dans mes pensées, je marchais au hasard dans les couloirs, lorsque Scarlett attira mon attention.

« Ça te dit que l'on aille au foyer pour les cours que j'ai promis ? » me dit-elle.

Je m’arrêtai et me tournai vers elle. Haussement d’épaules. Je n’avais pas songé qu’elle me donnerait réellement des cours… en fait, je n’avais pas du tout réfléchi à ce que nous ferions, une fois que je l’aurais achetée.

« D’accord. C’est bien pour ça que je t’ai achetée, je veux des cours d’allemand » mentis-je, en désespoir de cause.

« Au fait... Je suis désolée pour la dernière fois... » me dit-elle alors, avant de baisser les yeux.

Je la fixai quelques secondes, incertain quant à ma façon de réagir. Finalement, je détournai moi aussi les yeux pour les poser sur mes chaussures.

« Moi aussi ».

Mon ex me facilitait les choses, en commençant les excuses… je n’avais plus eu qu’à répondre. C’était fait, c’était sincère et je m’empressai de chasser cet instant de mon esprit en me remettant en route, cette fois pour prendre la direction du foyer. Nous y arrivâmes et je ne pus que constater que la pièce était vide. Ça m’arrangeait. Scarlett se dirigea vers une table et je la suivis, hochant la tête quand elle sembla me demander mon approbation. Nous nous installâmes, à une distance bien trop raisonnable l’un de l’autre. Elle d’un côté de la table, moi de l’autre, en face d’elle. Je croisai mes bras sur la table et posai les yeux sur elle. Son visage était serein, je n’arrivais pas à savoir ce qu’elle pensait. Ça me stressait, cette situation.

« … »

Le silence s’installait, pesant. Lourd de sous-entendus, ça ne me plaisait pas.

« Par quoi on commence ? » finis-je par lui demander.

Je ne m’étais jamais senti aussi con de toute ma vie, je crois. J’avais envie d’aborder le sujet qui fâche… la rupture. Mais d’une, je n’osais pas, et de deux, je lui en voulais de s’être consolée avec ce con de Maddox. Lui, et peut-être des autres. Je n’en savais rien, ça m’énervait. Il ne fallait pas que j’y pense. Sauf que la voir, c’était aussi me demander sous les mains de qui son corps de rêve avait frissonné. Je serrai un peu les dents, baissant les yeux sur mes mains que je commençai à tordre l’une dans l’autre.

« … Tu sais, si tu n’as pas envie d’être là, tu peux partir… j’avais juste pas envie que n’importe qui t’achète » finis-je par lui dire, en gardant les yeux baissés sur mes mains.

Après que je me sois présentée pour les enchères, les deux autres membres de mon groupe, Molly et Adam me rejoignirent sur scène et les enchères débutèrent. Quand ce fut mon tour, j'entendis le prix monter plutôt rapidement, on aurait dit que certains voulaient vraiment m'avoir, je me demandais de qui il s'agissait. Finalement, quand je fus adjugée, j'eus la surprise d'entendre qu'il s'agissait de Monsieur Seyton qui m'avait gagnée. Trevor ? C'était lui qui avait fait monter les enchères à ce point ? Mon épaule me fit mal au souvenir de notre dernière rencontre. Pourquoi est-ce qu'il me voulait ? Voulait-il s'excuser ? Non, ça il aurait pu le faire n'importe quand ... je commençais à avoir un peu peur, mais moins que si j'étais tombée sur un inconnu.

Je descendis alors de la scène avant d'aller retrouver Trevor dans la foule, il me fallut un peu de temps pour le trouver. Quand j'arrivais à sa hauteur, je lui fis un léger sourire, je ne pouvais pas me montrer désagréable avec lui alors que l'on allait passer l'après-midi ensemble. Puis la dernière fois j'avais tentée d'être détachée et ça s'était mal finit. Il me salua avant de me dire que je devrais passer l'après-midi avec lui et que je n'avais pas le choix, j'hochais alors la tête.

[color=#339933« Ne t'en fais pas, je sais. Puis je suis un peu soulagée que ce soit toi, au moins, je sais qui tu es. »[/color]

Je ne disais pas que je le connaissais après tout, il m'avait très bien fait comprendre la dernière fois que je ne le connaissais pas. Je le suivis hors de la salle et l'on se mit à marcher. Je ne savais pas si il avait une idée de où je pourrais lui donner les cours que j'avais promis lors de ma présentation sur scène.

« Ça te dit que l'on aille au foyer pour les cours que j'ai promis ? »

Il n'y avait jamais beaucoup de monde, mais au moins, il y avait une petite chance pour qu'on ne soit pas que tous les deux. Depuis l’événement au CSS j'avais un peu peur d'être seule avec Trevor. D'ailleurs, ça me faisais penser que je ne m'étais pas excusée, c'était sûrement ma faute si il s'était énervé, donc c'était la moindre des choses que je m'excuse.

« Au fait... Je suis désolée pour la dernière fois... » Je baissais le regard et tournais un peu la tête.

Une fois arrivée au foyer, j'ouvrais la porte et entrais avant de m'approcher d'une table. Je tournais ensuite mon regard vers Trevor pour savoir si ça lui allait avant de m'asseoir. Il n'y avait personne, ce qui me fit légèrement stresser. Mon angoisse que ça ce passe comme la dernière fois revint. Je tentais cependant de garder mon calme extérieurement, je ne voulais pas qu'il pense que j'avais peur de lui. J'avais juste peur de quand il était énervé.