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 Arrêtons-nous là pour les clichés. || Delonte

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MessageSujet: Re: Arrêtons-nous là pour les clichés. || Delonte   Arrêtons-nous là pour les clichés. || Delonte EmptyMer 4 Sep 2013 - 15:21



Clichés


J’écris un message qui ne veut rien dire. Je mets des mots en italien. Tous les mots qui me passent par l’esprit sans réfléchir mais une voix grave me coupe.« Tu perds ton temps. Il n'y a pas plus de réseau que dehors, ici. »Je sursaute légèrement au début. Je l’écoute mais ne me retourne pas. Je soupire et range mon portable dans la poche de mon short en jean. Je ne sais même pas quoi dire. Je passe pour une idiote et en plus si je réponds une conversation sera lancée. Je continue donc de fixer les portes de l’ascenseur puis les numéros défilants. Troisième étage… C’est bon. C’est bientôt fini. J’inspire profondément et resserre le sac du magasin de chaussures dans lequel se trouvent les baskets que je portais avant mon arrêt dans la boutique.
La cabine vibre. Une légère secousse. Mon cœur se serre. Je déteste cet endroit et tout ce qu’il implique. J’ai hâte que cela se finisse. Je veux sonner à la porte et retrouver mon grand-frère et son pote. On jouera au poker, une bière à la main. Je veux aller dans l’appartement. Maintenant !

Je ferme les yeux et soupire. J’ose à peine respirer. Lorsque mes yeux s’ouvrent à nouveau, au lieu de voir les portes s’ouvrir devant moi, je ne vois rien. Il fait noir. Il n’y a que la petite lumière d’urgence qui illumine l’ascenseur. Ma respiration se bloque. Mon cœur en fait de même. Je sens que ma tête tourne. J’ai soudainement très chaud. Nous ne bougeons plus. Nous coincés. Coincés… Dans le noir. Dans cette petite pièce de je ne sais combien de mettre. Les murs se rapprochent, non ? J’ai l’impression que les murs sont de plus en plus prêts. Il fait moins noir. Ou alors ce sont mes yeux qui s’habituent à l’obscurité. Mon cœur lui a toujours du mal à battre. Soudainement il se débloque et accélère. Il va vite. Bien trop vite. Ma tête continue de tournée. Nous sommes coincés. Coincés. Bloqués. Capturés. Je n’ose pas ouvrir la bouche pour respirer. De l’eau va-t-elle s’infiltrer dans mes poumons. Je n’entends plus rien. Tous les bruits deviennent plus sourds, comme étouffés. J’entends une voix mais elle est lointaine et très grave.
Mes mains tremblent. Mes jambes deviennent molles. Mon cœur continue d’accélérer comme si je fournissais un effort physique important. Je sens des gouttes de sueurs perler sur mon front.

« UGOOO ? » Je criais son nom. Je criais encore et encore. Des larmes inondés mon visage trempés. Je courais et puis… Je l’ai vu. Il m’a tendu les bras. Je continuais de courir vers lui mais le bruit devenait de plus en plus fort. Le bruit de la mort. Le fracas, la rage, la puissance. Et tout a disparu. D’un coup. J’étais bloquée. Je bougeais mais il continuait de faire noir. Je ne touchais pas le sol. Je ne touchais rien. Une douleur s’est fait ressentir dans mon dos. C’était comme une décharge électrique. Puis ce fut au tour de ma cuisse. J’avais mal et je ne pouvais plus respirer. Je voulais sortir. J’avais besoin d’air. J’avais besoin d’Ugo. Je ne savais plus où j’étais. Le sol, le ciel, l’eau, le noir, la terre… Tout se mélangeait. Mon esprit s’embrumait. Je criais son nom. Je pleurais. Je saignais. Mais j’étais toujours bloquée. J’étais impuissante face à cette mort trop violente. Je n’arrivais plus à me battre. Je devais abandonner le combat. Soudainement j’ai vu la lumière. Le ciel… Je voyais le ciel. Les secondes, les minutes, les heures… Je n’avais aucun repère. Je me contentais d’hurler son nom. Plus rien ne comptait. Je devais sortir. Je devais survivre et plus jamais je ne serais coincée où que ce soit.

Je sens mes jambes flageoler. Elles n’arrivent plus à tenir mon poids. Ma cheville se tord et je me retrouve en un instant au sol. Je veux quitter cet endroit. Je sens une larme rouler sur ma joue ou bien c’est une goutte de sueur… Ce n’est peut-être que ça. Je dois me calmer. Je ne suis que dans un ascenseur. Je vais m’en sortir… Je ne vais pas mourir. Je pense à Kaegan et son stratagème pour me faire penser à autre chose. Il avait transformé le bateau en vaisseau spatial. Il avait fait de moi une princesse. Il avait su me sauver de ma frayeur. Mais… Mais il n’est pas là. Son regard azuré ne se plante pas dans le mien. Il ne me réconfortera pas. Tout comme Ugo ne m’entendra pas. Il ne m’entendra pas ?
Sans réfléchir, je me relève brutalement et commence à hurler : « UGO ! UGO ! HELP ! » Mes poings cogne la paroi métallique de l’ascenseur. Je n’ai pas d’autres choix. J’hurle et je pleure en même temps. Mais cet effort ultime épuise toutes mes forces et ne fait qu’empirer ma crise de panique. Je commence à pleurer et je continue à frapper les murs. Je me retourne vers le jeune homme présent dans la cabine. C’est comme si je ne l’avais pas vu jusqu’à présent. Mon regard n’arrive à se poser plus de deux secondes sur un point jusqu’à ce que je le croise. J’ai besoin de me calmer mais je sais que j’en suis incapable. Je le fixe. Mes yeux verts plongent dans les siens. Ils y restent bloqués. Je l’appelle silencieusement à l’aide. Ma gorge est gonflée. Elle ne laisse plus passer d’air. Ce n’est peut-être qu’une invention de mon esprit mais à ce moment précis je suis convaincue que je ne peux pas respirer. Je suis en apnée depuis bientôt une minute. Mon cœur bat dans mes tempes. La chaleur envahit mon corps. C’est comme si je revivais ce cauchemar encore une fois. Les souvenirs sont là. Ils envahissent mon esprit et me rendent folle. J’ai besoin d’aide. J’ai besoin de sortir de là. Je ferais tout ce qui est en mon possible pour oublier ces souvenirs. Mais ils sont ancrés en moi. Ils me rendent folle. Ils m’empêchent de respirer. Je suis sur le point de tourner de l’œil. Ma tête tourne. Mes yeux s’embrument. Des points de toutes les couleurs envahissent mon champ de vision. La chaleur brûle mon corps de l’intérieur. Un bruit strident envahit mes oreilles.

Et puis… Le trou noir.



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MessageSujet: Re: Arrêtons-nous là pour les clichés. || Delonte   Arrêtons-nous là pour les clichés. || Delonte EmptyMar 3 Sep 2013 - 15:08




Arrêtons-nous là pour les clichés




La liberté est un sentiment que j'ai, que j'éprouve depuis que j'ai débarqué à Miami. Je fais ce que je veux, ou je veux, quand je veux avec aucune contrainte hormis mon travail qui, finalement, ne demandait qu'à surprendre les clients d'une boite, parfois de les fouiller et surtout, calmer leur impulsivité. En y réfléchissant, c'était plutôt paradoxale. Je suis un homme impulsif en temps normal, pour certaines choses, mais à mon travail, je dois mettre tout ça de côté et être un autre moi. Etre un homme blanc comme neige, avec aucun passé désastreux, calme et posé. Le clou serait qu'on nous demande de sourire : les sourires forcés, j'en suis pas capable. Il y a des limites, je ne me fais pas non plus passer pour un imbécile et je ne suis pas le mec déguisé en sandwich, tout souriant, étouffant sous une combinaison pour attirer du monde. Moi je me contentais juste de faire régner l'ordre ici, dans cette boite de nuit, alors qu'en journée je fais plutôt partie de ceux qui foutent un bordel monstre dans la société. Il n'y a qu'à voir mon casier, il est loin d'être blanc, il est loin d'être light et tout ça, je l'ai fait en pensant que ça me soulagerait, que ça enlèverait ma culpabilité, mais non. Sur le moment, ça change les idées, on se fait du blé, on s'amuse, on fait des connaissances, mais en y réfléchissant j'en suis toujours au même point depuis près de quatre ans. Sauf que je suis à Miami, la classe.

A Miami, j'y retrouve des gens qui ont fait partie de ma vie, j'ai un appart – un peu pourri, certes – j'ai un boulot, mais surtout ici je ne suis personne et je peux tenter de devenir quelqu'un. Enfin, ça, c'est ce que moi j'espère, mais les petites voix dans ma tête et dans mon coeur me dictent ma conduite et font de moi un homme que je ne veux pas spécialement être, et qui pourtant me permet de me sentir mieux dans ma peau. Je ne suis pas un homme méchant, mais je suis loin d'être des plus sympathiques non plus. Disons que j'apporte de l'importance qu'aux choses réelles et concrètes et je laisse l’éphémère, les futilités et les banalités d'usage à ceux qui ont encore du temps à perdre, ceux qui croient au bonheur, en l'amour et toutes ces choses qui font d'un homme un être faible. C'était ce que je ne voulais pas être. Je ne voulais pas me laisser affaiblir et devenir vulnérable. Quand je vois tous ces mecs dépressifs pour une femme, pour des sentiments, pour de l'amitié ou encore de l'amour, ca me fait sourire. Je ne suis jamais passé par là, jamais je ne m'attache, jamais je n'offre ma vie et mon passé à une fille, sur un plateau d'argent comme le font beaucoup. J'ai rien à offrir, ni or, ni diamants et les liasse de dollars que je gagne, je les planque : c'est de l'argent sale, des conneries, des jeux illégaux. J'ai passé plusieurs mois en prison au Mexique, j'ai remis ça pendant un an et vous pensez vraiment que la prison change quelqu'un ? Peut-être, mais pas moi. Ca ne m'empêche pas de récidiver. Mes erreurs, je les apprends tout seul et pas en restant enfermé un an derrière des barreaux. Je sais que je n'ôterai plus de vie, mais ça ne veut pas dire, pour autant, que je n'en suis pas capable. J'ai aucun scrupule à agir comme telle si bonne raison il y a. Je ne pers pas mon temps à peser le pour et le contre, je réfléchis qu'une fois, pas plus, pas moins et je ne reviens jamais en arrière.

Je revenais d'un espèce de rendez-vous avec un type que je ne connaissais pas. Il me proposait déjà un coup fourré et je savais que je risquais gros si je me faisais prendre. J'avais toujours un agent d'approbation à aller voir pendant encore un an. La seule chose en moins, c'était les flics à mes trousses tout le temps, à me surveiller, m'observer et s'assurer que j'étais devenu un citoyen modèle. C'est un doux euphémisme, à peine sorti j'étais déjà dans des histoires de détournements de fonds. Miami est une nouvelle ville, un nouveau tournant mais on ne perd pas les bonnes habitudes. Ce mec-là, ce matin, il était glauque. Il était loin d'être clean et je me doutais qu'un jour ou l'autre j'allais forcément être à nouveau confronté à sa carrure si petite soit-elle. Il devait surement faire partie de la mafia, ou un truc du genre. Il voulait du fric, j'en voulais aussi, ça tombait bien. Pourquoi refuser l'argent, même sale ? Ca restait de l'argent et j'avais pris des risques pour le « gagner ». J'avais été le voir, serein tout en gardant une distance, en restant prudent et surtout en surveillant mes arrières. 

En revenant, j'avais déambulé dans la rue, je préférais les ruelles aux grandes rues principales pleines de mondes et magasins. J'étais certes, peut-être parano, mais il n'y avait pas que des habitants de Miami, ici. Il y avait des gens de partout, et surement des New-yorkais. J'étais connu pour mes conneries, surtout dans les bas quartiers de la ville. Rien qu'ici, je connaissais pas mal de personnes, imaginez à New-York.  Je portais un jeans noir, un pull à capuche noir et un t-shirt blanc. Autant rester discret. Je me dirigeais vers l'endroit où je vivais. C'était pas du luxe, mais pour le moment je ne voulais pas jouer le mec « bling bling » avec un appart coutant la peau des fesses. J'avais un minimum de conforts, mes affaires et la plupart de mes voisins d'immeuble ne me connaissaient pas, ou alors juste comme « un courant d'air » comme disait une de ces vieilles femmes vivant au rez-de-chaussée. A plusieurs reprises, elle avait voulu savoir mon prénom, mais à chaque fois j'arrivais à esquiver. C'était pas bien compliqué étant donné qu'elle commençait déjà à perdre la carte. Il fallait juste lui parler d'autre chose et s'enfuir rapidement pendant qu'elle terminait son histoire de chien écrasé par une voiture. Les personnes âgées, finalement c'est un peu comme les enfants. Elles voient leur soucis gros comme des montagnes alors que c'était juste des bricoles. Elles ne se rendent pas compte que dehors, il y a plus grave, plus important et plus dangereux que ce qu'elles vivent au quotidien. Peut-être que c'est mieux comme ça. Il y a surement de la place pour elles dans le monde innocent des – de 15 ans. 

J'arrivais dans ma rue, une fille qui faisait tache dans le décor était là, plantée à tenter de faire fonctionner son portable. Si elle se voyait. De dos, elle avait l'air jolie, mais elle n'avait rien à faire là, sauf si elle voulait se faire agressée ou violer. En fait, c'était comme si tout était sombre, noir, triste et elle, était un point de couleur dans le décor. Sans même lui adresser quoique ce soit, je frôlais la demoiselle et m'engouffrais dans le bâtiment. Je regardais mon portable. Toujours aucun réseau, pourquoi ça changerait ? J'actionne l'ascenseur et lorsque ce dernier ouvre ses portes, je m'introduis calmement, collant mon dos à la paroi, face à la porte. Je désigne l'étage et les portes se referment. Ou presque. Une main manucurée se glisse entre elles. La jeune fille tentant vainement d'imiter la statue de la liberté du 21e siècle avec son portable en l'air entrait, elle aussi dans l'ascenseur. Je roulais les yeux vers le ciel, non pas qu'elle me saoulait : je ne la connaissais pas. Mais cet ascenseur était tellement pourri, que lorsqu'on retenait la porte, il lui fallait plus de temps pour se mettre en route. Mes yeux se posaient sur la brunette juste devant moi. De longs cheveux bruns, en short, une silhouette de rêve, il ne manque plus que le visage. Je laisse l'arrière de mon crâne se poser sur la paroi, elle aussi et dirige mon regard vers l'indicateur d'étage. Plus que 3. Le temps passe, c'est long et j'ai pas l'habitude de prendre l'ascenseur avec une fille comme ça. En fait, c'est pas du tout le genre de fille qu'on voit ici. Elle chipote à son portable, elle espère quoi ? Envoyer un texto ? En fait elle me prenait surement pour un débile. C'était le genre de choses que faisaient les filles : faire genre. Il y a même pas 10 minutes, elle cherchait du réseau et là, elle faisait comme si dans cette cabine d'ascenseur, elle en avait alors que c'était encore pire que dehors. Sans même lever les yeux vers elle, j'hésitais pas à lui faire remarquer d'une voix grave et pas des plus chaleureuses.

Tu perds ton temps. Il n'y a pas plus de réseau que dehors, ici.

On arrivait enfin au troisième étage quand une légère secousse se fit sentir. La lumière s'éteint, l'ascenseur s'immobilise, plus un bruit, plus d'électricité. Me voilà coincé dans un ascenseur, sans électricité, avec une fille qui n'était pas du genre à trainer par ici et qui n'avait rien d'une mécano. Je soufflais d'exaspération.

Super. Il manquait plus que ça, ascenseur pourri.

Pendant un moment, je pensais que ça durerait une fraction de secondes. Peut-être une ?  Deux minutes ? Mais après 10 minutes, on était toujours là, à attendre.


© .pinklemon


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MessageSujet: Arrêtons-nous là pour les clichés. || Delonte   Arrêtons-nous là pour les clichés. || Delonte EmptyLun 26 Aoû 2013 - 22:49



Clichés


Un soupire s’échappe de ma gorge. Un long soupire lasse. « Ce sont des Lanvin. » Nouveau soupire. « Combien ? » Mes yeux se posent sur la paire de bottines. Elles sont splendides. Noire, à patin. Le cuir est glacé, pas trop brillant, pas mate. Glace. Les longs talons d’une dizaine de centimètres ont un renfort métal. Cette touche apporte une touche plus rock. La paire de chaussures forment un subtil mélange entre le glamour et le rock’n’roll. Elles m’iraient parfaitement. Je les imagine déjà à mes pieds. Sans même me dire le prix, le vendeur me les met à mes pieds. Je ne peux refuser. J’ai l’impression d’être Cendrillon. Le confort intérieur des chaussures me fait oublier la hauteur vertigineuse des talons. Elles sont magnifiques… Je regarde mon reflet dans l’un des miroirs du magasin. Mes jambes s’étirer à l’infini alors que je ne suis pas un grand gabarit. « Combien ? » Je répète ma question, plus sérieusement cette fois-ci. J’ai l’impression que je ne pourrais pas les enlever. Maintenant qu’elles sont accrochées à mes pieds, elles ne me laisseront pas les abandonner ici. « Elles vous vont très bien. Elles sont à  1175€ mademoiselle… Mais étant donné que vous êtes une très bonne cliente ici et que nous sommes heureux de vous revoir, nous pouvons vous faire un prix. » L’homme m’offre le parfait sourire commercial. Je le connais, j’avais l’habitude de l’offrir dès que je voulais quelque chose. Je suis une bonne cliente ici… Cette pensée étire mes lèvres en un souvenir las. Ai-je vraiment acheté autant de chaussures à mon arrivée à Miami ? Au début, j’avais besoin de réconfort. Je crois que c’est ce qui me menait ici. J’essayais des chaussures comme celle que je porte actuellement et je repartais avec la paire dans un sac. Je me moquais du prix. J’avais besoin de montrer que j’avais bon goût et que l’on ne peut pas m’arriver à la cheville en matière de mode. En parlant de cheville… Je porte à nouveau mon regard émeraude sur mon reflet dans la glace. J’hausse les épaules et fais quelques pas dans le magasin. Je suis seule. Il est déjà tard. A vrai dire, le vendeur était censé fermer quand je me suis arrêtée devant la vitrine.

Je devais rejoindre mon frère dans l’appartement d’un ami. J’avais décidé d’y aller à pied. J’avais enfilé des baskets blanches confortables. Les mains se balançant au rythme de ma marche, je regardais droit devant moi, au loin. Je marche toujours ainsi. Comme sur un podium de défilé de mode… Ma mère m’a souvent répété que je ne faisais pas la taille règlementaire mais, que Rebecca aurait pu travailler pour elle si ma sœur lâchait plus souvent ses bouquins. Alors, j’avais, dès mon plus jeune âge, imité mes idoles. Je m’étais prise pour un grand mannequin à l’allure fière. Marcher sur une ligne sans regarder ses pieds… Je n’arrive plus à ne pas le faire désormais. C’est plus fort que moi.
Je me suis arrêtée pour répondre sur mon portable à un Tweet qu’une amie m’avait envoyé et lorsque j’ai relevé les yeux, elle était là. La boutique se dressait à ma droite. Majestueuse. Belle. Lumineuse. Attrayante. Sans m’en apercevoir, je me suis retrouvée face au verre de la vitrine et j’observais cette paire de bottines noires.
Il devait être 19h. Le vendeur est sorti et m’a souri. Il m’a invité à entrer et m’a dit que je pouvais essayer ce que je voulais, que ça lui faisait plaisir. Intérieurement, je me suis dit qu’il se moquait du temps que je pouvais mettre puisqu’il ferait une bonne vente. Mais j’ai étrangement gardé ça pour moi. J’ai souri et j’ai observé ce paradis de la chaussure. J’avais l’impression de revoir une partie de moi oubliée. Ai-je vraiment changé durant cet été ou n’est-ce qu’une idée ? J’ai ce sentiment de lassitude en moi et je ne sais d’où il vient. J’en ai marre de courir après ma vie. J’ai l’impression de n’avoir jamais été celle que je voulais véritablement être. Je me suis cachée derrière un masque de perfection. Lorsque j’ai craqué dans le bateau et que Kaegan est venu m’aider, j’ai compris. J’ai compris que je ne pouvais pas toujours tout décider. Il faut parfois laisser les autres prendre les rênes.

Alors, pourquoi ai-je envie d’acheter ses chaussures ? Peut-être parce que c’est plus simple de revenir se cacher derrière une apparence. C’est bien plus facile de dépenser de l’argent que d’avouer à quelqu’un qu’on ne sait même pas si on l’aime ou non. Il est plus aisé d’entrer dans une boutique que de rester nue sur un lit pendant que votre amant prend la fuite sans dire un mot. Haïr sa sœur parfaite en silence est plus facile que de s’avouer que l’on a soi-même beaucoup de qualité. La solution de facilité. J’ai toujours choisi cette voie. A partir du moment où j’ai arrêté de dire que je faisais toujours des cauchemars, que j’avais toujours peur et que je serais hantée à vie par des odeurs, des bruits, des images. J’ai commencé à m’inventer des sourires. Je me suis créée un caractère. J’ai décidé d’être l’enfant terrible que n’obéit jamais. J’ai arrêté de vouloir tomber amoureuse comme toutes les adolescentes de mon âge. Je me suis contentée de me promettre de ne jamais être larguée par qui que ce soit. Pour cela, j’ai toujours pris les devants en me débarrassant en première des relations devenant un peu trop forte. Amitié, amour et même éducation. Dès qu’un professeur commençait à me féliciter pour mon travail, je faisais une connerie pour le décevoir. Ne vous accrochez pas à moi. Je décide. Je voulais être la reine… Je voulais être à la tête de la hiérarchie pour que rien ne m’atteigne plus jamais. Je ne voulais plus perdre le contrôle. Je ne voulais pas me noyer dans cette vie bien trop cruelle. Je m’étais créée mon propre canot de sauvetage. Indestructible. Incassable. A toute épreuve… Il était parfait. Enfin, c’est ce que je croyais. J’en étais même persuadée. En venant à Miami, il s’est légèrement fragilisé. Désormais je crois que j’ai sauté dans l’eau. Je me suis fait engloutir. L’époque de cette simplicité est terminée. Je ne me duperai plus sur mon sort. Nous sommes tous dans l’eau et nous ne pouvons compter que sur nous. Les éléments feront le reste…

« Je les prends. » Je lâche cela d’un coup. J’aperçois un léger sourire sur le visage du vendeur. Il ne dure qu’un fragment de secondes. Il fut à peine visible. L’homme est fier de son coup. Il racontera ça à son petit-ami ce soir lorsqu’il rentrera dans son appartement avec deux heures de retard. Il se fera engueuler par son compagnon mais, je lui servirai d’excuse. Il racontera l’histoire de cette jeune femme à l’accent européen très marqué. Il parlera de ma tenue plutôt simple. C’est vrai que je ne paye pas de mine avec mon short en jean et mon t-shirt noir avec une vulgarité écrite et la référence à une grande marque de luxe… Ce ne sont que des détails ; mais on peut voir que je suis soignée malgré ce look. Ma sacoche n’est pas qu’un simple sac à main que peuvent s’acheter toutes les demoiselles. C’est un sac en cuir clouté Valentino Garavani. Seul, une personne avec un œil averti verrait immédiatement qu’il coûte dans les mille euros. Mais je suis sûre que le vendeur sans est aperçu. Il ne me traiterait pas de la sorte. J’étais prête à aller à une soirée et vous allez me dire que je portais une tenue très passe partout. C’est vrai. Je ne suis pas habillée en robe moulante et escarpins. C’est simplement parce que c’est juste une nuit entre pote. Pas de chichis… Ugo me répète tout le temps que j’en fais trop, que je passe trop de temps à choisir mes tenues. Alors, je voulais lui prouver que je peux également être quelqu’un de simple. Je n’ai pratiquement pas de maquillage à part un peu de mascara pour étirer mes cils. Mes cheveux sont quant à eux lâchés dans mon dos. J’ai pris le temps de boucler certaines mèches pour donner un peu plus de relief. Simple mais efficace… J’étais censé y aller en basket à cette soirée.

« Je vous les emballe ? » « Non, je vais les garder à mes pieds finalement. »
« Très bon choix ! »Je lui adresse un petit sourire complice. Je me regarde une dernière fois avec de lui tendre ma carte bancaire. Il doit m’avoir cataloguée. Il m’a mis dans un sac. Je fais partie de cette jeunesse dorée qui ne connait pas les valeurs des choses et vit une vie matérielle. Peut-être me croit-il égoïste, égocentrique et sans doute dépensière. Je ne lui dirais pas le contraire. Je ne lui prouverai rien. J’ai encore une fois acheté une paire de chaussures dans sa boutique. Bien trop chère. Sans grand intérêt… Pourquoi ? Je crois que j’avais besoin de me consoler, de me rattacher à cette idée que je me fais de mon être. J’essaye sans doute de me rabaisser par la même occasion en me faisant passer pour quelqu’un d’intéressé. Et non pas d’intéressant.

Lorsque je sors de la boutique, j’ai plus de trois quart d’heure de retard. En regardant mon portable, je remarque que mon grand-frère m’a envoyé deux messages. Le premier me demande à quelle heure je suis censée arrivée. Le second est plus ironique, Ugo me demande si je me suis perdue.
Mes doigts tapotent sur l’écran de mon portable. J’appuie sur les lettres à toute vitesse et en italien. Pas la peine de parler à mon frère dans une autre langue… Je l’informe que je serais sans doute en retard et qu’il ne faut pas m’attendre. A cet instant, je ne me doute pas qu’il puisse interpréter ça comme un aveu. Je ne pense pas une seconde qu’il se dit que je ne viendrais pas du tout comme j’ai coutume de le faire. Pas à chaque fois mais ça m’est arrivé. Il sait que je suis instable, que j’ai des sautes d’humeur et que je peux changer d’avis aussi rapidement que de paires de chaussures.
J’avance dans la rue. Mon allure est tout de suite plus féminine, bien que je ne doute qu’avant ce ne fut pas le cas. Telle une véritable accro aux réseaux sociaux, je prends mes boots vue d’en haut et les poste sur Instagram et Twitter. Je souris. Je vais un peu sur facebook puis enclenche le GPS pour savoir dans quelle rue tourner. Mais ça semble trop loin et compliqué. Je préfère donc appeler un taxi. Je lui donne l’adresse et me laisse conduire sereinement. Mieux vaut ne pas trop abimer mes chaussures tout de suite ! J’espère que des Eta Iota pourront voir ma nouvelle acquisition. J’en suis plutôt fière. Je pourrais les mettre cette semaine pour aller en cours. Je vais parader dans les couloirs, je descendrais lentement les escaliers de la confrérie pour qu’elles aient toutes le temps d’admirer mes souliers. Je ne sais pas encore avoir quelle tenue je les associerai. Je pense que j’enfilerai un legging avec je ne sais quel haut coloré. Quoi que… Ça fera peut-être trop de noir en bas… On verra ! Il faut encore que je réfléchisse à tout cela. Et pour ça, j’ai encore cinq minutes de marche.

J’arrive enfin à l’immeuble où habite Matthew. C’est l’un des nouveaux amis d’Ugo que je connais le plus. Il est assez drôle et ne se prend pas la tête. Il a l’air de se moquer de tout. Je pense que c’est justement ce qui fait de lui un ami de mon frère. Avec eux deux dans une salle, on peut être sûr de passer un bon moment et de rire. Je suis contente de parler plus facilement l’anglais maintenant. Mon accent doit écorcher plus d’une oreille mais j’ai une vie sociale plus remplie. Le camp de cheerleaders, terminé la semaine dernière, m’a permis de participer un peu plus à la vie du groupe. Ce fut deux semaines très intéressantes et riches en émotions. Je fais peut-être partie du cliché américain mais cela ne me gêne absolument pas. Je peux faire du sport, mon corps est mis en valeur et je suis avec des nanas adorables pour la plupart. Enfin… Des filles un peu comme moi.

J’hésite à rentrer. J’aime bien Matthew mais vivre dans un immeuble comme ça… Ça donne des doutes. Je ne sais même pas comment j’ai fait pour ne pas faire demi-tour plus tôt. J’aurais dû me douter lorsque le taxi à pénétrer dans le quartier. Trop tard ! Maintenant que je suis arrivée, ce n’est pas le moment pour faire demi-tour. Alors que je souhaite envoyer un message à Ugo, je constate que je n’ai pas beaucoup de réseau. Là, sur le trottoir je galère. Je tends le bras vers le ciel (stupide réflexe) pour dire à mon frère que j’aurais préféré faire quelque chose à la maison.
Quelqu’un passe sur ma droite comme une ombre. Pressé sans doute de rentrer chez lui. On me frôle. Me touche peut-être ? Je ne sais pas trop. Je ne sais même pas si la personne est entrée dans l’immeuble. Peut-être que j’ai halluciné. J’étais bien trop absorbée par mon portable pour admirer ce qui se passait autour de moi.

Je pénètre alors dans l’immeuble. Je ne suis pas du genre à prendre les ascenseurs. C’est même ce dont j’ai le plus horreur. Mais il m’arrive de les emprunter dans certains cas extrêmes. Tout d’abord, si je suis au centre commercial et que j’ai des sacs dans les mains. Ensuite, si j’ai beaucoup trop d’étage à monter, c’est-à-dire plus de quatre. Enfin, dernier cas, si j’ai des toutes nouvelles paires de chaussures et quatre étages à gravir. Les portes se referment à peine. Je glisse la main au milieu pour les arrêter. Un cliquetis résonne. Les portes s’ouvrent à nouveau, lentement. Je me glisse dans l’ascenseur tout en retenant ma respiration. J’ai l’impression que ça pue. Peut-être n’est-ce que mon impression. J’imagine dans cet immeuble qu’une bande de droguer deal dans les escaliers. Je visualise un type bourré en train d’uriner dans la cage d’ascenseur. J’ose à peine appuyer sur le bouton de l’étage. Je n’ai pas envie de poser les doigts là où des tas de gens sont passés. C’est peut-être con mais le fait que ce bâtiment n’est pas de digicode me perturbe. Le bruit de l’ascenseur me met lui aussi mal à l’aise. Il semble aller à la vitesse d’un escargot. Comme s’il peinait à nous monter moi et cette personne dans mon dos. Je sens qu’il y a quelqu’un avec moi. Je le sais, mais je n’ose pas me retourner. A quoi bon ? Je ne ferais que confirmer mes doutes. Je m’inventerai des histoires à son propos. Peut-être que ce n’est qu’une grand-mère souriante. Qui sait ? Ou alors cette personne va m’agresser. Dans ce cas, il vaudrait mieux que je visualise son visage tout de suite pour pouvoir faire un portrait-robot plus tard. Si je suis toujours en vie.

Je baisse les yeux sur mon portable. Je cherche à me rassurer. Je fais surtout semblant d’écrire un message pour qu’aucune conversation ne soit lancée. Je prie silencieusement. Je ne bouge pas d’un pousse… Pitié que ça se termine !



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