Vendredi 16 août 2013. J'avais fait la rencontre de Nina, la maîtresse de mon mari, une semaine auparavant et depuis je n'avais plus parlé à Diego. Mon téléphone était éteint et j'avais même passé la semaine chez mon père pour être certaine qu'il ne viendrait pas me chercher là, à moins qu'il soit complètement abruti et qu'il veuille se faire tuer sur place, bien sûr. J'avais également évité Amaranthe et Dylan qui m'auraient sorti le couplet du « je t'avais prévenu » à coup sûr. Bref, nous étions un vendredi soir et comme je demeurais une Eta Iota, j'avais donc prévu de sortir pour boire et de boire pour oublier. J'avais bien fait de changer de confrérie en cours de route, cette mentalité aurait fait beaucoup plus tâche chez les Khi Omikhron de toute évidence. Surtout avec la tenue que j'avais mise. Il s'agissait d'une robe blanche avec une ceinture bleue que j'avais acheté lors d'une sortie avec Salma, elle était si courte que j'avais l'impression de n'avoir même pas besoin de m'abaisser pour que l'on puisse entrevoir mes sous vêtements et il n'était pas question de tirer dessus, puisqu'elle disposait également d'un décolleté outrageusement plongeant. Bref, une vraie robe d'Eta Iota selon Salma et je l'avais évidemment accompagnée de talon peut-être un peu trop haut, vu ce que je comptait boire ce soir-là.
J'étais sortie rapidement de chez mon père pour qu'il ne me voit pas habillée comme ça en priant pour qu'en rentrant je sois assez lucide pour avoir la bonne idée de rentrer à l'appartement avec Amaranthe et Dylan et pas chez lui, qui me ferait la morale jusqu’à ce que je décuve. Mais nous n'étions pas encore là. J'allais jusqu'au lycée à pieds, non sans nourrir la crainte de me faire violer dans un coin, sur le chemin. Jour de chance ou bonté divine, je ne sais pas, mais j'étais bel et bien arrivée en un seul morceau à ma confrérie. Je savais que ce jour-là quelques unes des filles avait prévu de sortir dans une espèce de bar à la mode. Je m'étais donc installé dans un fauteuil de la salle commune, me faisant oublier, jusqu'au grand départ et je les avais suivies.
« Thalia !? » S'était alors étranglée une voix. Double problème. Un, les Eta Iota ne me connaissaient pas sous nom -sauf Nina qui avait eu ce privilège pour avoir couché avec mon mari-, deux, il s'agissait de Cassie, mon ancienne chef de confrérie et amie et elle allait très certainement me faire la morale, elle aussi.
« Hey Cassie, jé né pas trop lé temps dé té parler, jé vais à oune fête avec los Eta, ça mé a fait plaisir dé té révoir, salut ! » Fis-je rapidement, avant de m'enfuir avec les filles, sous son regard apparemment un peu inquiet.
Je passais le début de la soirée, scotchée au bar telle une huître à son rocher. J'observais l'attitude des gens en sirotant mon premier verre de tequila. Durant le deuxième, je me moquais des techniques de drague atroces avec une autre fille, Melody, ou quelque chose comme ça. Les cinq qui suivirent furent bu cul sec dans l'objectif d'un concours de résistance à l'alcool que je paraissais gagner jusqu'à ce que quelqu'un me touche l'épaule. Déjà bien imbibée, je l'agressais sans même regarder de qui il s'agissait.
« Tou va mé laisser tranquille ? Tou vois ça, jé souis mariée. » Fis-je au serveur donc, qui ne faisait que m'apporter une autre verre que j'avais commandé, en lui montrant la mauvaise main... Celle ou il n'y avait aucune bague. Inutile de dire que cette petite erreur fut considérée comme une preuve de mon état d'ébriété et ce malgré mes
« Maiiiiis non jé n... No...Na...Né souis pas bourrééééée ! » incessants.
À partir de là, ce fut la déchéance. À l'accent espagnol s'ajoutait un peu plus celui de la fille ivre à chaque phrase que je disais -et encore, quand j'arrivais à prononcer des phrases. Je racontais au pauvre barmaid qui n'avait pourtant rien demandé tout ce qui faisais que j'étais assez triste pour venir noyer mon chagrin dans l'alcool. Je disais à une Eta qu'il était dommage que je ne sois pas lesbienne, parce qu'autrement j'aurais aimé la retrouver dans une chambre et surtout, j'eus la mauvaise idée de quitter le bar pour aller sur la piste de danse. Évidement, avec mes talons trop haut, je manquais de tomber une ou deux fois.... Je finissais donc par me retrouver à danser pieds nus entre ce qui ressemblait à un gros camionneur d'un côté et un vieux pervers de l'autre.
Je fus heureusement -ou malheureusement?-- « Sauvée » par l'une de mes sœurs de confrérie, suis soûle que moi, qui m’emmena par la main sur le bar. Non, non, pas AU bar, mais bien SUR le bar, pour continuer danser. Ce que je faisais, malgré les réprimandes du patron en tentant de renverser le moins de verre possible, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas très évident quand on voit double. Quoique... Ce n'est pas ma double vision qui m'empêcha de voir un individu qui avait l'air étrangement perdu dans ce décor.
« Eh cariño ! » Criais-je alors en sautant du bar, manquant de me casser la jambe au passage, avant de courir -en zigzag- vers lui.
« Eh chéri, tou no voudrais pas dan... » Commençais-je sans finir. Quelque part, un neurone perdu, mais encore éveillé de mon cerveau semblait essayer de m'envoyer un signal. Je restais devant le jeune homme sans bouger d'un pouce durant de longues secondes avant qu'enfin, je me rappelle.
« Oh, on né sé cono pas ? Tou es étais chez les K...Khon Omikhri como mé antes, noooo ? »En admettant qu'il ait compris ce que je voulais dire, ce pauvre garçon aurait de toute façon eut du mal à me répondre en face, puisqu'il était derrière moi et que j'étais bêtement en train de parler à son reflet dans le miroir où était écrit les noms des cocktails servis dans ce bar.
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