Walkin' on the beach [Amaranthe de Montherlant]

William se sentait d'humeur à parler, et se sentit un peu plus à l'aise lorsqu'une personne qu'il ne connaissait pas du tout vint lui parler. Visiblement, la jeune fille revenait du large, comme en témoignait le bateau qu'elle remorquait. Le jeune anglais réprima un sourire ; il n'arrivait jamais à comprendre qui pouvait trouver un quelconque intérêt à naviguer sur la mer, mais il ne pensait cela que parce qu'il n'avait jamais entendu parler des trésors qu'on pouvait trouver sous l'eau et de tous les avantages que pouvaient procurer la navigation - ce n'était évidemment pas son truc, puisque la mer de son Angleterre n'était vraiment pas propice à ce genre de loisir. En tout cas, cela intriguait le jeune anglais, qui aimait rencontrer des personnes d'un genre qu'il ne connaît pas. De toute évidence, cela était le cas, et il se détendit un peu. ''Salut ? T'as l'air blasé, je me trompe ?'', lui dit la jeune fille, sûrement un peu intriguée de le voir ainsi tout seul presque comme un intrus. William, avec un beau sourire, répondit en se redressant un peu : ''Disons que je suis plutôt ennuyé. En fait, j'aimerais m'amuser mais je n'ai aucune idée sur comment s'y prendre.''. Trouvant sa propre remarque particulièrement drôle, il se mit à rire ; au moins, il n'avait pas perdu sa bonne humeur, et il espérait que son interlocutrice était elle aussi d'humeur à parler. Comme pour engager la conversation, il montra du doigt le bateau en disant : ''C'est à toi, ça ? Tu t'intéresses à la mer, à la plongée et aux choses de ce genre ?''.

Le mois de Juillet touchait à sa fin, et c'était ce que William Chester préférait, parce qu'à chaque mois qui se termine, il reçoit son argent de poche, la modique somme de trois cent livres Sterling, et qu'il aimait que ce rituel soit toujours respecté, même à des centaines de kilomètres de son pays. Il recevrait son argent par courrier, et en attendant, puisqu'il n'avait rien à faire et pas vraiment d'amis à qui parler, il décida d'aller à la plage. Ce serait un bon moyen pour rencontrer des gens, et aussi tout simplement pour s'aérer un peu l'esprit ; l'anglais était très casanier, et préférait souvent rester seul à étudier. Mais puisqu'il n'y avait plus rien à étudier, autant sortir ! William revêtit un très simple tee-shirt blanc, un short très cher, des lunettes de marque encore plus chères et sortit dehors, en direction de la plage. Il faisait incroyablement beau, pas un seul nuage ne venait gâcher le bleu azuré du ciel floridien. Même si, après tout, c'était sans aucun doute le temps habituel à Miami, William n'y était guère habitué : chez lui, le ciel est toujours plus ou moins couvert et il ne fait jamais plus d'une petite vingtaine de degrés. L'Angleterre comme on la connaît, donc. Le jeune homme était à Miami depuis déjà un certain temps, mais il avait toujours hésité à sortir justement à cause du climat, très inhabituel et surtout près peu supportable pour lui. Mais aujourd'hui, il avait fait une exception. La plage du lycée était bien sûr déjà noire de monde lorsqu'il arriva et il commença se demander s'il n'aurait pas mieux fait d'y aller tôt ce matin, ou tard hier soir, puis il se ravisa : il était venu pour rencontrer des gens, et y aller à ces heures-ci ne serviraient nullement à atteindre ses objectifs. L'océan était rempli de baigneurs, ce qui n'avait aucune importance pour le jeune anglais, peu enclin à cette activité qu'il ne pratiquait jamais chez lui, ne voulant pas finir en iceberg. Il se contenta de s'asseoir sur le sable et de soupirer en attendant que vienne quelqu'un qui pourrait avoir envie d'engager la conversation.