You're putting the fire, but I'm the burning one ♦ Liam

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Si, sur le coup, provoquer la Sigma Mu m’avait semblé amusant, je changeai d’avis quand je la vis se rétracter sur elle même dans une position de repli, visage baissé et épaules voutées. Elle venait de se renverser de l’alcool sur la robe, peut-être était-elle en train d’observer les dégâts… sauf que cela dura un peu trop longtemps pour que ma supposition soit crédible. En réalité, je la soupçonnais de pleurer. A cause de moi et de ce que j’avais dit. Qu’est-ce que j’avais dit, déjà ? Je ne m’en souvenais plus exactement, avais-je heurté un point sensible ?

« Ca t'amuse, hein, de jouer avec les nerfs d'une inconnue ? Désolée, mais je ne suis pas d'humeur à apprécier la beauté des étoiles ou que sais-je. Alors tu ferais mieux d'aller voir ailleurs, je vais t'ennuyer ».

Tout à coup, elle semblait s’être radoucie, et je m’en voulus de l’avoir provoquée comme cela. Bon, c’est sûr, elle l’avait cherché. N’empêche, ce n’est jamais glorieux de faire pleurer une fille. Les seuls mecs qui aimaient ça étaient des connards, et on a beau dire, je ne suis pas de cette espèce-là. J’aime me considérer comme un mec bien. Je fais tout pour l’être, d’ailleurs. Parfois, je me plante. Comme là, et je me sens con. Toujours comme là.

« Désolé… je ne voulais pas t’embêter, je ne pensais pas que tu… hm » dis-je en me raclant finalement la gorge, « Je peux peut-être faire quelque chose ? »

D’accord, c’était minable, les pires excuses de la Planète version Liam. Surtout que la main que la jeune femme passa sur sa joue me confirma que oui, elle avait pleuré par ma faute. Peut-être pas que, après tout elle avait très bien pu passer une journée dégueulasse… mais rien qu’être le déclencheur de ses larmes, ça me la foutait mal.

« Quoique. Je crois que tu as quelque chose qui pourrait m'intéresser et me rendre plus loquace. En fait, j'en suis sûre. Tu dois me trouver plutôt pitoyable mais ça doit quand même t'amuser un tant soit peu de me torturer avec ça. Sauf tu ne dois pas être tellement mieux que moi et que tu aurais sûrement l'air aussi navrant à ma place. Alors arrête ton cirque, pirate, et fais tourner la pipe. Là on pourra éventuellement s'amuser » me dit-elle.

Je tirai sur ma pipe et l’ôtai ensuite de ma bouche pour la lui tendre. Soufflant la fumée par le nez, après quelques secondes, je posai les yeux sur elle et cherchai à deviner ce qui pouvait bien se cacher sous cet air étrangement innocent que son visage venait de prendre.

« Tu as tort, ça ne m’amuse pas… je ne pensais pas te faire pleurer ».

Je l’observai attentivement tandis qu’elle tirait sur ma pipe. Quelques mèches s’étaient échappées de son chignon, cachant à moitié son visage à ma vue curieuse. J’avais envie d’avancer ma main pour les repousser derrière son oreille, mais je doutais qu’elle apprécierait. En fait, j’étais même carrément persuadé qu’elle essayerait de me mordre. Je repris une position normale sur le banc, en étendant cette fois mes jambes devant moi. Je ne savais plus quoi dire, quoi faire… limite, elle me mettait mal à l’aise. L’effet fille qui chiale, immanquable. Mes yeux bleus dérivèrent sur le banc de bois, cherchant un détail moins dérangeant pour elle à fixer. C’est alors que je vis l’inscription « Vegas » écrite au feutre noire, sur la deuxième planche du banc de bois, juste à côté de la cuisse de la jeune femme.

« Hé, regarde » lui dis-je en désignant celle-ci, « il paraît que ce qu’il se passe à Vegas reste à Vegas. Partant de cela… est-ce que tu veux en parler ? T’as pas l’air dans ton assiette. En quittant ce banc, j’oublierai tout de cette conversation ».

Proposition saugrenue, mais ma foi rien d’autre ne m’était venu pour rompre le silence.

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Décidément, ce pirate ne la lâcherait pas. Elle qui croyait que ces hommes des mers courraient après les trésors... celui-ci devait venir d'une autre galaxie pour s'acharner sur un déchet comme elle. Elle manqua presque de lui tirer sa révérence quand il lui tendit son anneau, celui-là même qu'elle avait menacé de lui faire avaler. La fumée de sa pipe vint de nouveau chatouiller ses narines, et elle tiqua en reconnaissant encore cette délicieuse odeur de cannabis. Dans sa main, la fiole trembla et elle renversa un peu d'alcool sur elle. Elle sentit alors que ça cédait en elle, tout foutait le camp, le raz-de-marée qu'elle craignait tant allait l'engloutir. Ce fut à peine si elle entendit les paroles du garçon à côté d'elle.

- Trouve autre chose, parce que je pense que je vais rester là. On est bien, non ? Il fait bon, les étoiles sont belles, toi aussi : je ne vois pas pourquoi j’aurais envie de partir. Bon, okay, tu es un peu agressive, mais c’est pas grave, je suis du genre calme donc pas de souci. Non mais c'était quoi ce plan drague à deux dollars ? Comme si elle avait besoin de ça, qu'un homme la charme de belles paroles ! Elle n'en pouvait plus de se réveiller tous les quatre matins dans les draps d'inconnus, et de se faire la malle de peur de s'accrocher. Pourtant, elle le savait, il y en avait avec qui ça aurait pu fonctionner, avec qui elle aurait pu avoir une histoire, peut-être courte, mais belle malgré tout. Seulement non, elle ne pouvait pas. Ne pouvait plus. Elle préférait encore souffrir de sa bêtise plutôt que de celle des autres.

Alors le brave pirate qu'elle voyait jusque là comme une menace, avec ses belles paroles, ses compliments l'air de rien, et son acharnement supra-agaçant, réussit briser quelque chose en elle. L'alcool aida grandement, bien sûr, et ses nerfs déjà à vif se rompirent en hurlant. Tout céda en elle, les vannes craquèrent, et un flot de larmes commença à dévaler en silence ses joues pâles. La tête baissée, elle secouait doucement le tissu trempé d'alcool de sa robe. Quelques mèches rebelles s'échappaient de son chignon et voilait son visage aux yeux du pirate, mais les perles d'eau salée se glissèrent dans son cou et gouttèrent au bout de son menton autrefois haut et fier. Seule l'obscurité qui tombait éviterait peut-être au jeune homme d'apercevoir les larmes de la Sigma Mu.

- Ca t'amuse, hein, de jouer avec les nerfs d'une inconnue ? Désolée, mais je ne suis pas d'humeur à apprécier la beauté des étoiles ou que sais-je. Alors tu ferais mieux d'aller voir ailleurs, je vais t'ennuyer. Que de politesse, Mlle Everdeen, se moqua une voix dans sa tête. Il était vrai qu'elle se montrait rarement aussi tendre. Jamais, en fait - ou plus depuis des années. Elle passa ses mains sur son visage comme pour se réveiller afin d'effacer les traces humides sur ses joues et fixa le jeune homme.

- Quoique. Je crois que tu as quelque chose qui pourrait m'intéresser et me rendre plus loquace. En fait, j'en suis sûre. Tu dois me trouver plutôt pitoyable mais ça doit quand même t'amuser un tant soit peu de me torturer avec ça. Sauf tu ne dois pas être tellement mieux que moi et que tu aurais sûrement l'air aussi navrant à ma place. Alors arrête ton cirque, pirate, et fais tourner la pipe. Là on pourra éventuellement s'amuser. Elle continua de fixer le garçon de son regard à l'air si innocent. Elle, lunatique ? Nooon, vous croyez ?!

Invité

Je l’observais du coin de l’œil, concentré sur ses cheveux qui tombaient en légères mèches dans sa nuque. Je trouvais vraiment ca sexy, une femme qui relevait ses cheveux pour laisser apparaître sa nuque. Ca donnait envie d’y poser les lèvres. Ce que Louise n’apprécierait sans doute pas. Tant pis pour elle, mais ca aurait eu le mérite de la relaxer un peu, une nuit en ma compagnie. Elle n’avait qu’à aller poser la question à Bluberry, qui devait dormir comme un bébé maintenant que j’en avais fini avec elle.

« Si tu parles du suicidaire affabulé d'un costume de pirate qui vient de s'asseoir sur mon banc, tu as raison » me répondit-elle en buvant ensuite une nouvelle gorgée d’alcool.

« J’ai même la jambe de bois » notai-je, un sourire amusé aux lèvres, en espérant qu’elle comprenne où je voulais en venir.

Quand je lui soufflai la fumée au visage, la Sigma Mu resta impassible. Étonnant, moi qui m’attendais à ce qu’elle me saute au visage pour m’étrangler. Je lui demandai donc, l’air de rien, ce qu’il lui arrivait. Elle but encore une lampée de ce qu’il me semblait être de la vodka, vu l’odeur. Essayait-elle de se donner une contenance ?

« Fous moi la paix, tu veux ? Je n'ai pas besoin qu'on vienne m'ennuyer. Parce que oui, tu vas m'ennuyer. Si tu ne veux pas que je t'arrache ton anneau pour te le faire avaler - ce qui serait incroyablement magnanime de ma part - fiche le camp. Ce n'est pas une menace, c'est une mise en garde. Utilise ce qu'il te reste de cerveau et tu rentreras chez toi indemne ».

Je me tournai tout à fait vers elle, une jambe repliée sous moi, affirmant ainsi mon intention de ne pas bouger de là. J’aspirai une nouvelle bouffée de fumée, mais gardai cette fois ma pipe entre mes lèvres. Normalement, on n’aspire pas la fumée lorsqu’on fume la pipe… mais avec de la drogue dedans, il aurait été complètement crétin de ma part de ne pas le faire. Celle-ci ressortit donc par mon nez. Comme ma main droite était de nouveau libre, je tirai moi-même sur l’anneau que j’avais à l’oreille. Il se déclipsa tout seul, forcément, et je le brandis sous le nez de Louise.

« Trouve autre chose, parce que je pense que je vais rester là. On est bien, non ? Il fait bon, les étoiles sont belles, toi aussi : je ne vois pas pourquoi j’aurais envie de partir. Bon, okay, tu es un peu agressive, mais c’est pas grave, je suis du genre calme donc pas de souci ».

J’avais dit cela d’une voix tout à fait posée, un sourire amusé aux lèvres, la pipe bien coincée entre mes dents. Combien de temps avant que le volcan Louise n’explose ?

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Elle fourra le briquet dans son sac et leva les yeux pour se rendre compte que l'inconnu avait le malheur de s'approcher d'elle. Il eut même l'audace de venir s'asseoir à côté d'elle. Il n'avait plus qu'à passer son bras par dessus ses épaules et à prendre une voix douce pour la consoler, et elle aurait un motif suffisant pour lui mettre une droite. Enfin, la simple tenue qu'il arborait était un motif suffisant pour le condamner à l'asile, donc bon. Mais il n'y eu pas de bras affectueux, ni de voix d... Bon si, sa voix était douce, mais pas comme elle l'aurait cru, elle n'avait pas cette douceur agaçante des gens qui prennent habituellement pitié en te voyant te saouler en solo. Son ton était plutôt chaleureux.

- On dirait que c’est toi qui en as un, ma belle.
Elle tiqua à peine sur la manière dont il l'avait appelée. Mais elle n'apprécia pas qu'il reste si calme face à la sécheresse dont elle avait fait preuve en l'interpelant. Peut-être était-il masochiste. Aucun être humain sensé n'aurait approché de plein gré une bête aussi sauvage que Louise, surtout dans l'état où elle était actuellement, à moins de vouloir perdre un œil au passage. Vous l'aurez compris, elle avait du mal à contrôler ses poings, ses griffes... toutes les parties de son corps qui pouvait mutiler la chair et les os d'autrui, en fait.

- Si tu parles du suicidaire affabulé d'un costume de pirate qui vient de s'asseoir sur mon banc, tu as raison, répliqua-t-elle du tac au tac avant de porter une nouvelle fois la fiole de vodka à ses lèvres.
Elle regardait toujours devant elle, ignorant le garçon avec superbe. L'alcool passait mieux, sa gorge s'y habituant, aussi la fiole se vidait-elle plus rapidement que prévu. Pour la même raison, son nez, embrumé par les vapeurs de la boisson, ne distingua pas l'odeur de la fumée qui se dégageait de la pipe de l'étranger par petites volutes alors qu'il venait d'allumer celle-ci.

En revanche, quand un grand nuage de fumée quitta les lèvres du pirate pour envelopper le visage de la jeune femme, elle ne put que reconnaître la délicieuse odeur de cannabis. Gorgée de pollen, séchée à point, c'était une pure merveille que le jeune homme avait en sa possession. Aussitôt elle comprit pourquoi il n'avait pas fui en la voyant fulminer : il ne devait pas être en mesure d'évaluer correctement le danger qu'elle représentait.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, hm ? fit-il d'un air innocent
Elle souffla sa pauvre fumée de cigarette et avala une nouvelle gorgée de vodka avant de répondre. Elle n'allait tout de même pas se mettre à lui réclamer de la weed alors qu'elle venait de le rembarrer. Non, elle n'était pas désespérée à ce point. Au point de se saouler seule sur un banc, oui, mais c'était tout. Et ça ne regardait personne d'autre qu'elle. Ce... pirate, n'aurait jamais du être là, et plus tôt elle s'en débarrasserait, mieux se serait.

- Fous moi la paix, tu veux ? Je n'ai pas besoin qu'on vienne m'ennuyer. Parce que oui, tu vas m'ennuyer. Si tu ne veux pas que je t'arrache ton anneau pour te le faire avaler - ce qui serait incroyablement magnanime de ma part - fiche le camp. Ce n'est pas une menace, c'est une mise en garde. Utilise ce qu'il te reste de cerveau et tu rentreras chez toi indemne.
Pour le coup, elle était plutôt fière d'elle. Elle était parvenue à garder un ton calme et posé - le peu de fumée que le garçon lui avait soufflé au visage avait peut-être eu un minimum d'effet. Et en dépit de l'alcool qui lui tournait déjà la tête, elle avait su être claire et concise. Même un drogué écervelé habillé en pirate serait en mesure de la comprendre et de sagement décider de prendre ses jambes à son cou.

Persuadée qu'il s'en irait, et ce quitte à ce qu'elle reçoive une réplique cinglante en pleine face pour son irascibilité, elle amena une nouvelle fois le goulot de sa fiole entre ses lèvres teintées d'un rouge morbidement sanguin.

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Aaaah, les Sigma Mu ! Ma seconde famille. Je passais beaucoup de temps ici, d’une part parce que la mentalité ne me déplaisait pas, et d’autre part parce que j’y avais plein de potes… et de clients. Aujourd’hui, Kaegan et moi avions travaillé sur le bateau pirate qui nous engageait. Vous avez bien lu. C’est une attraction pour touristes, en fait. Et il se trouve que Kaegan et moi avions la tête de l’emploi pour jouer les corsaires. Lui n’avait pas besoin de boulot, mais moi c’était une autre histoire. Le SM avait accepté de me suivre, pour le fun. Et c’est vrai qu’on se marrait bien. En revenant, nous étions passés chercher une pizza que nous avions dévorée dans la salle commune de son bâtiment. Il avait un appart’ en dehors, mais on passait quand même pas mal de temps sur le campus. En voulant repartir, j’avais croisé Blueberry… qui m’avait entrainé dans sa chambre, sans doute excitée par mon costume de travail. C’est vrai que le bandeau sur l’œil, c’est sexy. Ou pas.

Bref, il faisait noir quand je quittai le bâtiment des Sigma Mu. Je passai par le jardin pour m’en griller une. La nuit était belle, comme toujours à Miami. Soupirant, je m’appuyai contre un mur, caché par l’obscurité de celui-ci et d’une espèce de gros buisson. Je sortis ma pipe d’une poche intérieure, ainsi que mon tabac et un petit sachet de beuh. J’en avais toujours sur moi, étant donné que je dealais pour le compte des Nu Zeta. Je commençais à fourrer ma pipe de chanvre, tout en songeant au fait qu’il faudrait que je me trouve une copine sérieuse plutôt que de sauter tout ce qui bougeait, lorsque j’entendis du bruit dans le jardin. Je n’avais pas spécialement envie de parler à quelqu’un, si bien que je me tapis un peu plus dans l’obscurité sans faire un bruit.

Une jeune femme débarqua, visiblement sur les nerfs, vu sa façon de marcher. Elle se laissa tomber sur un banc, éclairée par la lune. Je ne la connaissais pas… du moins son visage ne me disait rien, mais peut-être est-ce parce qu’il faisait tout noir. Elle sortit une cigarette et la grilla, ce qui me laissa entrapercevoir son visage sous un meilleur jour. Je me rendis donc compte que je l’avais déjà croisée. Louise. Une petite teigne, quand elle s’y mettait, mais ca ne me dérangeait pas. Il m’en fallait beaucoup pour sortir de mes gonds. Au bout d’un moment, elle écrasa sa clope sur le banc au pied duquel gisaient ses chaussures, et sortit une fiole de son sac. Je doutais fort qu’il s’agisse de limonade. Elle but une gorgée, ce qui me fit sourire. Pauvre petite chose fragile. Elle semblait vraiment sur les nerfs. En manque, sans doute. Elle sortit derechef une seconde cigarette, sous mes yeux attentifs… et lorsqu’elle releva la tête, elle sembla apercevoir quelque chose, puisqu’elle arrêta son mouvement pour fixer son regard dans ma direction. Je ne bougeai pas, continuant de la dévisager. Avec un peu de chance…

« Un problème, peut-être ? ».

Hm, raté.

Elle alluma sa deuxième clope et je sortis de l’obscurité pour m’avancer vers elle. J’en avais presque oublié mon look du jour : pantalon noir plutôt large, recouvert par des bottes en cuir brunes, au bouts repliés. Chemise beige, ample et largement ouverte sur ma poitrine, veste en cuir brune aux manches courtes, attachée à ma taille par une large ceinture. Mes cheveux étaient recouverts d’un bandeau rouge, sur lequel reposait mon cache-œil. Ce truc n’était vraiment pas confortable… du coup je le laissais au-dessus de mon œil quand je ne bossais pas. J’avais également un gros anneau doré clipsé à mon oreille.

« On dirait que c’est toi qui en as un, ma belle » lui répondis-je en me laissant tomber sur le banc à coté d’elle.

Je coinçai ma pipe fourrée entre mes lèvres et me tournai vers elle pour l’allumer. J’étais assez curieux de voir sa réaction quand elle sentirait l’odeur de la beuh s’en dégager. Une fois le tabac allumé, je tirai une grande bouffée de fumée… que je finis par lui souffler à la figure. Je sortis ma pipe de ma bouche et la coinçai entre mes doigts, en souriant.

« Qu’est-ce qui t’arrive, hm ? » lui demandai-je, l’air de rien.

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Louise noua négligemment ses cheveux en un chignon désordonné, attrapa ses clopes, qu'elle fourra dans son sac, et descendit au rez de chaussé, la respiration saccadée par l'énervement. Comment avait-elle pu oublier ? Elle se retrouvait dans un sacré pétrin. Et le simple fait que cela la dérange à ce point la mettait plus en rogne encore. Tant pis, elle ferait ça pour ce soir. Il y avait toujours des solutions de secours dans ce genre de situation. Enfin, tout de même, ce qu'elle pouvait s'insupporter, des fois ! Si ç'avait été la faute de quelqu'un d'autre, elle lui aurait rapidement fait comprendre qu'on ne plaisantait pas avec elle pour ce genre de chose. Elle parcourut rapidement la distance qui la séparait de la sortie, perchée sur ses hauts talons, et poussa la porte un peu trop violemment, la faisant claquer contre la paroi du bâtiment des Sigma Mu. Elle dévala les marches et traversa le jardin pour arriver près d'un banc où elle s'assied en soupirant. La nuit était presque tombée ; on distinguait encore la lueur rougeoyante du soleil couchant derrière les bâtiments de Wynwood School, mais au dessus de sa tête les premières étoiles pointaient déjà le bout de leur nez. La nuit s'annonçait belle.

La jeune femme ferma les yeux, savourant la légère brise qui venait caresser son visage tourné vers le ciel, savourant l'air frais qui soulageait ses poumons endoloris par l'agacement. Puis elle saisit son paquet de cigarettes dans la poche intérieure de sa veste et tira un fin cylindre blanc de celui-ci pour le porter à ses lèvres. Briquet à la main, elle enflamma l'extrémité du tube de tabac et tira longuement sur celui-ci. Enfin, elle inspira profondément la fumée qui encombra sa trachée mais délia son esprit. La tension redescendit quelque peu. Elle continua de fumer un peu, doucement, un peu plus calmement, s'efforçant de ne pas trop réfléchir. Retirant ses escarpins, elle s'installa en tailleur sur son banc. Non, non, c'était faux, elle n'allait pas mieux. Une cigarette, c'était trop peu. Bien sûr que c'était trop peu... Mais c'était sa seule faute si elle n'avait que ça à fumer. Et elle se sentait tellement stupide d'en avoir à se point besoin. Tellement pathétique. Anyway. Il y avait d'autres moyens, moins agréables à son goût, mais ça ferait l'affaire.

Elle écrasa son mégot sur l'envers du banc et le laissa tomber par terre avant de fouiller dans son sac à la recherche de... ah ! elle était là. Elle sortit une fiole de vodka qu'elle ouvrit et porta immédiatement à ses lèvres pour avaler une grande lampée du liquide qui lui brûla la langue, la gorge, l'estomac et plus encore, lui arrachant une grimace. Elle frissonna et secoua la tête pour dissiper le goût de l'alcool et les désagréments qu'il provoquait. Jetant à la bouteille un regard dépréciateur, elle répéta néanmoins l'opération à plusieurs reprises, la supportant un peu mieux chaque fois. Puis elle saisit une nouvelle cigarette.

Mais au moment d'allumer cette dernière, elle aperçut une silhouette dans l'ombre, pas très loin. Quelqu'un la dévisageait visiblement, et elle ignorait depuis quand ni pour quelle raison, ce qui l'agaçait au plus haut point. Stoppée dans son geste par ce constat des plus frustrant, la cigarette coincée entre les dents, elle la saisit en ses doigts comme si elle allait se résigner, fixa l'inconnu comme il la fixait, puis se décida finalement à effectivement allumer sa clope. Toujours en fixant l'étranger, elle tira sur celle-ci et souffla sa fumée vers l'homme - sa silhouette ne trompait pas. Elle le toisa encore quelques instants, mais il ne daignait pas réagir de quelque manière que ce fut.

- Un problème, peut-être ? lâcha-t-elle, cachant à peine son irritation.Elle ne supportait pas d'être surprise. Surtout dans ces moments-là. Ces moments de faiblesses, où elle se laissait libre cours à ses émotions et s'emportait facilement, trop facilement et de manière irréfléchie. Ces moments où elle cédait face aux contrariétés qui s'accumulaient, et où un rien pouvait lui faire l'effet d'un raz de marée émotionnel.