Wynwood University
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 Riding through this life. ► Maddox

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MessageSujet: Re: Riding through this life. ► Maddox    Riding through this life. ► Maddox  EmptyVen 16 Aoû 2013 - 22:54

  • Je n’ai pas un seul souvenir de mon passé où Zane n’a pas existé. Il est ce qui m’a toujours permis de rester le dos droit. De me lever et vivre contre vents et marées. Jamais, je n’aurais survécu si ça n’avait pas été grâce à lui. Mais bien plus que cette reconnaissance imprimée jusque dans mes os, c’est ce lien indestructible qui nous a toujours réunis, celui qui nous a toujours caractérisés. Je perdrais la moitié de mon identité sans lui dans ma vie. Je le suivrais jusque dans le vide d’une falaise si ça signifié resté avec lui. Alors oui, même si je n’aime pas l’idée d’être étudiant, même si j’ai honte de retourner derrière un bureau, même si ça me coute ma fierté de côtoyé des plus jeunes qui en savait largement plus que moi sur les math. Jamais, au grand jamais, je ne considérais ce manque de connaissance de sa faute. Il a beau le pensé, il a toujours pensé à mon bien avant tout.

    « C’est à cause de moi que tu as ce retard. Je t’ai embarqué dans mon délire, mais je n’avais pas le droit de te tenir à l’écart de l’éducation. J’ai fais ce que j’ai pu, mais honnêtement, je n’ai pas fait assez. Mais c’est pas un retard insurmontable ! Tu es intelligent, tu t’en sortiras »

    Son discours me grise, comment peut-il penser ainsi ? Comment peut-il croire l’espace d’un instant qu’il est responsable entièrement de ma vie. Si on en est là, ce n’est pas parce qu’il m’a embarqué dans cette voiture des années auparavant, ce n’est pas parce qu’il a presque forcé la main de notre père d’adoption de me prendre avec lui, ce n’est pas parce qu’on a toujours refusé d’être séparé. Mais pour moi les seuls fautifs, sont ceux qui ont osés nous abandonner, croire qu’il serait plus aisé de vivre sans parents, sans racines. Mon ton se fait plus acide, mais seulement pour qu’il comprenne que je suis sérieux que je n’ai pas tendance à parler pour le simple plaisir de passer un peu de pommade.

    « Zane… Sans toi je serais mort… tu m’entends mort ! Alors je ne sais pas de quel délire tu parles, mais si n’étais pas dans ma vie, aujourd’hui, c’est six pieds sous terre que mon avenir aurait été tracé. C’est clair ? »

    Ça me fait tout drôle de prendre ce ton avec lui. Le reprendre ainsi, ne m’était presque jamais arrivé. J’avais pris l’habitude d’être l’inconscient entre nous, d’être celui qu’on doit toujours recadrer. Je me souviens encore des baffes qu’il m’a décollées parce que j’avais volé un paquet de cigarette ou bien simplement insulté un policier. Avec le temps j’ai compris qu’il voulait seulement me protégé et m’éduquer correctement, comme lui voyait la vie. Et c’est la seule autorité que j’ai appris à accepter. Autant dire, qu’il lui a fallu de la patience, et qu’il me pratique depuis l’enfance. Il finit par accepter ma proposition. Je ne comptais pas m’éterniser sur un terrain pourvu d’échec. Et qu’il me parle de reprendre la route me rassure. Je n’ai pas encore intégrer l’idée de m’installer ou que ce soit. Mais je comprends le geste, mon frère est plus vieux, je sais que l’instabilité de notre vie lui donne quelque regrets. J’essaye encore de l’imaginer avec une femme, des enfants, moi en tant qu’oncle. Cette image est encore horriblement floue dans ma tête. Il parle du nord de l’état et mon sourire s’étire un peu plus. Je ne peux m’empêcher de rajouter quelque chose « Oui comme L.A… Mais attends c’est pas de là que vient l’autre folle qui a essayer de t’attacher au radiateur de la chambre ? Tu sais celle avec le tatouage sur le sein gauche… Comment elle s’appelait déjà ».

    J’en ris rien qu’à ce souvenir, et je referme ma bouche avant de terminer ma phrase. Cette mésaventure était censé resté enterrer dans la mémoire de Zane. Mais dans la mienne, elle a tendance à flotté, surtout quand il s’amuse à m’appeler Madison.

    Je garde le sourire, malgré cet agaçant changement dans ma vie et mes yeux s’amusent à observer les environs, les femmes, les mecs, les femmes et encore les femmes. « Dis moi, Mad… Je sais que tu ne veux pas être ici, alors pourquoi tu m’as suivi ? T’aurais pu faire ta vie ailleurs, devenir mécano, faire ce que tu veux sans personne pour t’en empêcher. » Mon regard reviens immédiatement sur lui, complétement étonné. Je suis même vexé qu’il se pose la question. Je tire violemment sur ce qu’il reste de ma clope et je la jette plus loin. Je descends de ma bécane et je viens croiser les bras devant lui. Les sourcils froncés, les lèvres serrées, d’où vient cette question franchement. « C’est ce que tu voudrais ? Que je te lâche ? Que j’aille vivre par moi-même et qu’on n’est plus aucun contact toi et moi ? »

    Je sais que ce n’est pas du tout le cas. Mais j’aimerais qu’il se rende compte à quel point ses questions, ses doutes à mon égards sont fausses.

    « Dis-moi Zane, qu’est-ce qui t’a empêché de me laisser sur le bord de la route ? Qu’est-ce qui t’a empêché de me lâcher la main quand on t’a adopté, que t’avais une famille qui voulait enfin de toi ? Moi je le sais, parce qu’on est frères ! On est une famille et pour moi, une famille ça reste uni. Ca toujours été toi et moi, et ça le sera toujours ! Je ne construirais jamais ma vie sans toi dans les parages… Et je veux que ce soit clair ! »

    Finis-je en posant ma main fermement sur son épaule en insistant du regard, plongeant mes iris bleus dans son regard de vieux baroudeur. Dire qu’il n’a seulement vingt-quatre ans, et qu’il a déjà l’âme d’un homme de cinquante.
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MessageSujet: Re: Riding through this life. ► Maddox    Riding through this life. ► Maddox  EmptyMar 6 Aoû 2013 - 16:27

 



Je m’attendais à ce qu’il râle, c’est obligatoire, ça fait partie de lui. Il n’est pas du genre à laisser les autres décider pour lui de ce qu’il doit faire, et cette indépendance me rend aussi fier qu’elle me fait peur. Sur la route, mon frère aurait bien pu bifurquer. Il aurait pu arrêter sa moto, m’envoyer bouler et faire demi-tour, retourner à la vie qu’il aime. Et qu’est-ce que j’aurai pu faire, s’il était parti ? Je l’aurai suivi, évidemment. Je l’aurai suivi jusqu’au bout du monde. « Tu tiens vraiment à ce que je répondes à ça ? ». Non, non Maddox par pitié ne répond pas. Je sais ce que tu as envie de me dire. Je sais que tu me détestes probablement un peu, ce matin. Crois-moi petit frère, je préfère que tu frappes plutôt que tu me dises à quel point je te déçois. Mais heureusement pour moi, tu m’écoutes. Enfin, tu fais semblant. Je sais très bien que tes pensées sont ailleurs, mais tu m’écoutes quand même, et cette simple constatation me fait chaud au cœur.

« J’aurai très bien pu faire mécano… C’est pas un diplôme qui va m’apprendre comment gagné ma vie… Je ne devrais pas être là, me tourner les pouces tout l’été devant des bouquins, tout ça pour rattraper un retard d’une autre galaxie ! ». Et voilà le discours que j’attendais. Evidemment, il a raison. En théorie, il a raison sur tous les points. Mais en pratique… En pratique, je n’ai pas le droit de le laisser faire un boulot de merde toute sa vie. « C’est à cause de moi que tu as ce retard. Je t’ai embarqué dans mon délire, mais je n’avais pas le droit de te tenir à l’écart de l’éducation. J’ai fais ce que j’ai pu, mais honnêtement, je n’ai pas fait assez. Mais c’est pas un retard insurmontable ! Tu es intelligent, tu t’en sortiras ». Je garde pour moi le fait que je refuse qu’il devienne mécanicien. Certes, ça lui plairait forcément, il adore ça. Mais dans quelques années, il aura envie d’autre chose, il aura peut-être envie d’une vraie vie lui aussi. Mais il sera trop tard, comme pour moi. Je sais que je n’ai pas le droit de lui imposer ça, il est majeur et je ne suis pas son père. . Et je dois avouer que je profite du fait qu’il me suive aveuglément pour lui imposer tout ça. Ce n’est pas correct vis-à-vis de lui, mais je n’ai pas d’autre choix…

Je me réinstalle sur ma moto, les yeux fixés sur mon frère, essayant de ne pas paraître mal à l’aise sur ce parking de riche. Je tire frénétiquement sur ma cigarette, écoutant Maddox me répéter à quel point c’est une perte de temps. J’admire mon petit frère. Ce petit garçon chétif qui est devenu un vrai homme, sûr de lui, un homme meilleur que celui que je suis. Lui, il ne m’obligerait certainement pas à faire ce que je ne veux pas, si les rôles étaient inversés. Autour de nous, les étudiants et lycéens nous regardent d’un air surpris. Ils ne doivent pas souvent voir deux motards comme nous e balader dans les environs. Je me passe la main dans la barbe, vieille habitude qui date du temps où elle commençait à peine à pousser. Je souris quand Maddox me pointe de sa cigarette d’un air faussement énervé. « Je te promets tout ce que tu veux… sauf que je ne te léguerai pas ma moto quand j’serai mort ! » dis-je dans une tentative de le faire sourire un peu. « « Si j’ai pas ce putain diplôme, on fait comme on l’a toujours fait, on oublie l’idée d’avoir un diplôme et je me trouve aussi un job ok ? ». Je soupire tout en gardant le sourire. Je me doutais un peu qu’il dirait quelque chose dans le genre. « Ok, deal. Mais essaie quand même de pas tout foutre en l’air » dis-je en lui tendant le poing pour qu’il le frappe pour sceller notre accord. « Je te promets que si ça s’avère être une vraie catastrophe, on repart et on fait comme si de rien n’était. On a pas encore été dans le Nord, ça serait l’occasion ». Je souris, sincèrement cette fois.

Même si j’essaie de donner une chance à mon frère, je sais très bien qu’on meurt tous les deux d’envie de repartir. Ca doit être pour ça qu’on prolonge notre présence sur le parking au lieu de partir à la recherche du bureau du directeur. « « Bon au moins, tu m’as pas inscrit en Alaska c’est déjà ça… ». Mon regard suit le sien et se pose sur une jolie brune très peu vêtue. Ah, dommage que je sois membre du personnel. « Hé, fallait bien que je me fasse un peu plaisir aussi ! ». Le silence retombe rapidement, et mon cerveau détraqué en profite pour se remplir de questions auxquelles je ne veux pas avoir de réponses. Et si jamais Mad en a marre plus rapidement que prévu et qu’il décide de partir, avec ou sans moi ? Et si le fait de vivre ici nous éloigne, qu’est-ce que je deviendrais ? Je ne pourrais pas vivre sans mon frère, c’est certain, aucune chance. Je me tortille sur le siège de ma moto, absolument pas pressé de décoller pour commencer mon nouveau boulot. A la place, je préfère m’allumer une autre cigarette et imaginer ce que serait la vie sans Maddox. Ca ne serait pas une vie. Plutôt un vide impossible à combler. « Dis moi, Mad… Je sais que tu ne veux pas être ici, alors pourquoi tu m’as suivi ? T’aurais pu faire ta vie ailleurs, devenir mécano, faire ce que tu veux sans personne pour t’en empêcher. » Au moment où la question s’échappe de mes lèvres, je regrette de l’avoir posée. Je ne lui ai jamais demandé pourquoi il me suivait aveuglément, c’était juste comme ça. Est-ce par habitude plus que par amour ?



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MessageSujet: Re: Riding through this life. ► Maddox    Riding through this life. ► Maddox  EmptyJeu 11 Juil 2013 - 14:58


  • Le paysage est familier, c’est celui que je connais depuis plusieurs années maintenant. La route, le paysage, le soleil, le dos de Zane. Qu’aurais-je pu faire d’autre que de le suivre. Si maintenant je vois son dos parce que je roule moins vite, il y a encore deux ou trois ans ou j’étais encore obligé de monter derrière lui. Je savais bricoler ces bécanes avant même de savoir les monter. Si je le suis aujourd’hui, c’est bien parce que je lui dois tout, qu’il a des projets pour moi, et que je veux bien faire. Mais sérieusement son idée de lycée, la je suis pas vraiment d’accord. Qu’il y bosse, je veux bien, vu tout les taffs de merde qu’il s’est déjà coltiné dans le passé, celui-là, sera une véritable cure de repos. J’ai toujours pensé que si nous devions finir notre vie, c’était ensemble, travaillant à droite à gauche. En fait je n’ai même jamais réellement songé à faire des études, avoir une vie plus facile. J’avais accepté ce destin de galère depuis le jour où nous sommes partie de cet endroit. Pour moi, vu qu’on me l’avait toujours répété, il n’y avait rien d’anormale à ce que je ne trouve absolument rien de stable. La moto, la vie de nomade, c’était comme inscrit dans mon sang.

    Alors oui travailler dans un lycée, admettons pourquoi pas. Ce que j’ai réellement eu du mal à accepter, c’est la décision qu’il a prise à ma place. Celle de retourner en cours. Il avait encore 16 ans quand nous avons tout quitté, moi je suivais à peine en classe. Je n’étais pas le genre de marmot traînant dans la cours avec son groupe de copains et jouant au pog ou aux cartes pokémons. J’étais plutôt celui qui restait en classe, derrière la fenêtre, parce qu’il avait été privé de récré, et ce tout les jours. Je ne dis pas que j’ai été la tête de turc de tous les adultes. Mais j’étais si inadapté au milieu de l’autorité, entre l’orphelinat, l’école et les pseudos parents. J’arrivais gamin à me faire pas mal détesté. Le seul moyen qu’avaient ces gens de me calmer, c’était d’appeler Zane. Aujourd’hui j’ai grandi, j’ai mûris, je me suis certes assagi. Mais je ne sais pas si j’arriverai à rependre une route normale. A m’intégrer au sein d’une école visiblement prestigieuse. Alors que je devrais déjà être à l’université, je retourne dans un lycée à presque vingt ans. Foutez un lycéen dans une classe d’école secondaire et vous saurez ce que je ressens.

    Arrivé devant l’établissement, je ne me sens déjà pas à ma place. J’ai vraiment du mal à être de bonne foi sur ce coup. Si on fait abstraction des jolies filles qui passent à côté de nous en nous détaillant du regard, je dirais que l’endroit est friqué, pire envahis d’enfant riche et capricieux. Ya qu’à voir comment on nous dévisage, du moins surtout les hommes. Ils n’ont jamais vu de moto de leurs vies ou quoi ? « Alors, Madison, tu penses quoi de ton lycée ? ». J’enlève mon casque, passant ma main dans les cheveux pour les mettre en arrière. J’ai toujours voulu l’étrangler quand il m’appelait comme ça. « Tu tiens vraiment à ce que je répondes à ça ? ». Il s’approche de moi et je sais que malgré cette cigarette tendue pour faire acte de paix, il se prépare à me faire la morale. Comme depuis toujours…« Ecoute Mad… » *Et c’est reparti…* De toute manière, ils pouvaient dire ce qu’il voulait, je ferais de toute façon ce qu’il veut. Alors j’écoutais d’un œil distrait par les tenues légères des lycéennes et des étudiantes. « J’aurai très bien pu faire mécano… C’est pas un diplôme qui va m’apprendre comment gagné ma vie… Je ne devrais pas être là, me tourner les pouces tout l’été devant des bouquins, tout ça pour rattraper un retard d’une autre galaxie ! » J’avais coupé le moteur depuis longtemps, mais rester assis dessus malgré les longues heures de route, me paraissait encore confortable. J’accroche la hanse de mon casque au guidon en soupirant et levant enfin les yeux vers lui. Je pince les lèvres parce que je suis contrarié. « Moi aussi je devrais bosser, j’ai plus l’âge de jouer l’enfant… Moi je te le dis, c’est une belle perte de temps. » Plus j’y songeai, plus ça me paraissait fantasmagorique. « Je veux que tu me promettes une chose Zane ! » Dis-je en pointant ma clope vers lui, j’avais toujours tendance à agiter mes mains quand je m’étais du cœur dans ce que je disais. « Si j’ai pas ce putain diplôme, on fait comme on l’a toujours fait, on oublie l’idée d’avoir un diplôme et je me trouve aussi un job ok ? »

    Encore une fois je me laissais distraire par ces jolies sourires qui nous été adresser, et je leur répondais, soudainement plus satisfait d’aller au lycée. « Bon au moins, tu m’as pas inscrit en Alaska c’est déjà ça… » Ironisais-je en suivant du regard le déhancher d’une belle brune.
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MessageSujet: Riding through this life. ► Maddox    Riding through this life. ► Maddox  EmptyDim 30 Juin 2013 - 20:04

 



A une certaine vitesse, le monde fond. Littéralement. Les roues de la moto caressent le bitume, mais c’est la seule chose que je sens. Autour de moi, tout est flou, tout défile dans un fondu de couleurs et de formes. Il n’y a plus rien d’autre au monde que la route, devant moi, toujours plus longue. J’en arrive même à oublier la présence de Maddox à mes côtés, à occulter le bourdonnement incessant de nos moteurs. Je ne me concentre que sur ma destination : Wynwood High School.

C’est une nouvelle vie qui commence. Un nouveau départ, certainement moins foireux que le premier. Honnêtement, quand j’ai embarqué Maddox dans ma chevauchée en moto il y’a 7 ans, je ne pensais pas m’arrêter un jour. Je pensais que ce style de vie serait le nôtre jusqu’à ce que nos mains ne puissent plus tenir notre guidon, jusqu’à ce que la route détruise nos dos. Et dans mes songes, on aurait fini nos jours dans une chambre de motel miteuse, une bière à la main, nos cuirs posés sur nous comme un linceul. On aurait fini comme on a commencé : tous les deux, juste nos deux cœurs battant à l’unisson, et le silence. Parce qu’on n’a pas besoin de parler pour se comprendre, on n’a pas besoin de grands discours. Un regard suffit, parfois même juste l’affaissement de nos épaules, notre façon de sourire, de marcher, de regarder ailleurs.  En ce moment-même, alors que nous filons sur la route, je sais ce que pense Maddox, sans même lui parler ou le regarder. Je sais qu’il n’est pas heureux, qu’il m’en veut un peu.  Parce que je le prive d’une vie qu’il aime par-dessus tout, que je l’oblige à s’installer dans une ville qui ne lui correspond pas.
Je sais tout ça, parce que je le pense aussi. Je donnerai tout pour faire demi-tour, partir au hasard sur les routes, vivre de boulots instables. Et être libre, littéralement. Aller où je veux, quand je veux. Sans attaches, sans obligations autre que m’occuper de mon frère ; comme je l’ai fait pendant des années. Mais j’ai eu ma chance. J’ai eu l’occasion de devenir un homme accompli, avec un emploi stable et bien rémunéré, une vie heureuse. Malheureusement, j’ai laissé passer ma chance et j’ai choisi une vie marginale. La route, l’alcool, la drogue parfois, les aventures d’un soir. Je n’ai pas donné le bon exemple à mon petit frère. Alors je dois lui offrir la chance de devenir quelqu’un. Je me suis promis de le protéger et d’en faire un homme heureux ; et je me rends finalement compte que ce n’est pas en fuyant à travers le pays que je réussirai. L’inscrire au lycée, c’était la meilleure chose à faire. Même si ça doit me coûter ma liberté, je m’en fous. Je fais tout ça pour lui, et cette idée me remonte quelque peu le moral. Je me justifie auprès de cette petite voix dans ma tête, qui ne cesse de me dire de partir,  que cette vie n’est pas la mienne, que je ne serai pas heureux. Je le sais. Je ne peux pas être heureux en bossant comme concierge dans un lycée bourgeois, c’est le rôle d’un autre que je joue. Mais si l’an prochain je peux voir Maddox sourire en recevant son diplôme, alors tous ces sacrifices n’en seront plus.

Après plusieurs heures de route, on arrive enfin. Nos motos s’engagent sur le parking du lycée, et j’ai du mal à me dire que cet endroit sera mon foyer pour les prochaines années. Autour de nous, il n’y a que des voitures valant deux fois plus cher que tous nos biens réunis, motos comprises. Il n’y a que des jeunes qui se pavanent sur le campus comme s’ils en étaient les rois. Comme s’ils étaient les rois du monde. Ca pue l’argent, et je met un moment à réaliser que je suis jaloux. Parce que je n’ai jamais eu ça,  et que mon frère va l’avoir, lui. Mais c’est mon rôle. Je coupe le moteur de ma Harley et pose un pied à terre. Me tournant vers Maddox, je retire mon casque et lui sourit. Quelque part sur le parking, quelqu’un rit ; et ce son me met un peu de baume au cœur. Peut-être que les choses iront bien ici, finalement.

« Alors, Madison, tu penses quoi de ton lycée ? ». Comme à mon habitude quand je veux détendre l’atmosphère, je l’appelle par un prénom de fille. Ca l’énerve, mais je sais qu’au fond, il sourit. A l’heure actuelle, il ne sourit pas, en réalité. Il a plutôt l’air renfrogné, comme si je le punissais. J’espère qu’un jour il comprendra que j’ai fait ça pour lui, pour son avenir. Je descends complètement de la moto, m’allume une cigarette puis m’approche de mon frère avant de lui en tendre une. « Ecoute Mad, je sais que t’es pas heureux. Je le suis pas non plus, là tout de suite. Mais ce boulot qu’on m’a donné, c’est une opportunité, une vraie. ». Je l’observe quelques instants, tire quelques bouffées de ma cigarette. « Je veux que tu aies un vrai avenir, pas comme moi. Alors je sais que t’es pas d’accord, mais il faut que t’aies ton diplôme, que tu fasses des études, que tu te trouves un boulot bien payé. En tant que grand frère, c’est mon rôle de faire en sorte que tu réussisses dans la vie. C’est pour toi que je fais tout ça ».

Depuis toujours, tout ce que je fais, c’est pour lui. Même s’il doit me détester, je ne reviendrai pas sur ma décision.


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