What are we doing here ? 》Esteban.

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What are we doing here ?

Taylor & Esteban

Where there is love there is life. — Gandhi.

Les quelques secondes de silence qui suivirent les excuses de Taylor remplirent l’espace. Etouffantes. Angoissantes. Et pendant ces quelques secondes, la New-Yorkaise passa par tous les états possibles et imaginables. Elle se sentit d’abord soulagée, car même si elle n’avait pas encore expliqué les raisons de son comportement à Esteban – et il faudrait bien qu’elle le fasse un jour où l’autre, pour le bien de leur amitié – elle s’était au moins excusée, et cela lui retirait un énorme poids du cœur et de la conscience. Elle savait que le jeune homme comprendrait. Elle le connaissait suffisamment bien pour ça, si quelqu’un sur Terre pouvait la comprendre, c’était bien lui. Mais le silence qui régnait laissa le doute s’installer. Et s’il avait changé pendant ses quelques mois en Angleterre ? Et s’il ne voulait plus d’elle et de ses idioties ? Et s’il avait décidé de passer à autre chose, de la rayer de sa vie, et que c’était la raison pour laquelle ils se retrouvaient ici ce soir ? Cela lui paraissait inconcevable, mais son imagination travaillait plus vite que ça raison ce soir, et Taylor ne pouvait s’empêcher de songer à cette horrible éventualité. Enfin une réponse arriva. Confuse mais bien présente.

« Je comprends. Hum ... Je ... Je crois que je préfère ne pas en parler tout de suite en fait ... Bientôt mais pas maintenant. »

Taylor retint un soupir de soulagement, qu’elle remplaça par un large sourire. Elle savait que le jour d’une discussion moyennement agréable arriverait, sans doute prochainement d’ailleurs, mais pour le moment, sa seule envie était de se jeter dans les bras d’Esteban, qu’elle savait réconfortant. Question d’expérience. Oui, la New Yorkaise s’y était déjà retrouvée quelques fois quand, chamboulée une fois de plus par son passé qui semblait ne pas vouloir la laisser partir, elle avait eu besoin de soutien. Tout au long des mois qu’ils avaient passé ensemble, Taylor avait partagé ce poids avec son colocataire, sans doute pour les mauvaises raisons. On ne pouvait pas dire qu’elle regrettait vraiment cela, puisque au fond, c’est ce qui avait poussé Esteban à lui avouer … à tout lui avouer. L’expression de son visage, le son de sa voix, l’éclat de ses yeux. Taylor se souvenait de tout comme si c’était hier.

Les deux amis se disputaient. Pour la première fois, et parce que Taylor avait prononcé le nom de son ex petit ami une fois de trop. Cela avait fait sortir Esteban de ses gonds. Quelques portes avaient claqué, et Taylor s’efforçait de retenir ses larmes tandis qu’elle se faisait en quelque sorte enguirlander par son meilleur ami. Puis, comme s’il ne pouvait arrêter le flot de parole, il avait tout lâché.

« Je … J’ai des sentiments pour toi, des sentiments amoureux je veux dire et bien sûr je comprendrais que ça ne soit pas ton cas et que tu veuilles qu’on reste juste ami, simplement je … je ne sais pas, j’aimerais juste savoir ce que toi tu veux … »

Taylor n’en revenait déjà pas. Elle ne comprenait pas.

« Ah oui, j'avais oublié le plus important : Je t'aime. », avait-il lâché, comme une bombe dans un aquarium, avant de quitter la pièce pour répondre au coup de téléphone qui l’enverrait à l’étranger jusqu’à ce jour.

Taylor n’avait jamais rien vécu d’aussi étrange. Jusqu’à aujourd’hui peut-être. Sans doute. Esteban venait d’attraper le visage de Taylor dans ses mains. La jeune fille sentit son cœur rater un battement puis accélérer dangereusement. On aurait pu croire qu’elle venait de courir 3000 mètres, alors qu’elle était juste confortablement installée sur ce lit, sa coupe de champagne à moitié vide encore à la main. Puis, doucement, Esteban s’approcha. Près, très près. Trop près pour éviter l’inévitable. Lorsque leurs lèvres se touchèrent, le cerveau de Taylor cessa presque de fonctionner. Plus rien d’autre ne comptait qu’eux deux, là maintenant tout de suite. Sans y penser, elle accentua la pression sur les lèvres du jeune homme, répondant à ses délicieuses sollicitations. Elle n’avait jamais rien connu d’aussi agréable.

Ni d’aussi frustrant. Le serveur étant de retour, sa bulle de bonheur venait d’exploser, comme une bulle de champagne ayant atteint la surface. Taylor était évidemment gênée qu’ils aient été surpris dans une telle situation, mais ça n’avait rien à voir avec Esteban, qui était à la limite de paraître complètement coupable. Sa gêne était palpable, et la jeune femme ne put s’empêcher de trouver ça amusant et mignon à la fois. Une fois l’intrus reparti, les choses n’étaient plus vraiment les mêmes. Leur premier baiser était passé, et maintenant, il fallait en assumer les conséquences. Si la tension présente entre eu depuis leurs retrouvailles avait changé de nature, elle était aussi montée d’un cran. Taylor décida qu’elle ne pouvait pas la laisser grimper et décida de tenter quelque chose pour détendre l’atmosphère.

« Imagine sur quoi il tombe parfois dans d’autres pièces ! », plaisanta-t-elle, un sourire détendu sur les lèvres.

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« Je... Je suis désolée. Vraiment. J'étais tellement aveugle, tellement idiote. Je m'en veux, si tu savais, de t'avoir fait du mal. Je suis désolée. »

Deux phrases contre des mois d'attente et d'incompréhension. Personne de sensé ne pardonnerait aussi facilement. Pourtant Esteban le fit. Il lui en avait fallu du temps, mais après ces mois passés en Angleterre auprès de sa famille, il y avait deux ou trois petites choses qu'il avait enfin compris. La vie n'est pas une fuite perpétuelle en l'avant. Tu ne peux pas juste courir sans t'arrêter, courir à en perdre l'haleine, la mémoire, tes regrets, sans jamais faire de pause pour essayer de comprendre et d'accepter. Pardonner c'est enfin de compte quelque chose de très dur, même quand on pense le vouloir très fort, ça ne suffit pas toujours. Pourtant s'il y a bien une chose dont le jeune homme était sûr c'est que Taylor méritait tout ça. Son pardon. Son amour. Sa confiance ... Elle méritait tout ça et bien plus encore. Et lui aussi ! Alors il le fit. Après tout, à 19 ans, on a encore le pouvoir de faire acte de foi, de croire quelqu'un sur sa simple parole en faisant fi de tout le reste. Si trois mots avaient suffi à résumer ses sentiments les plus sincère pourquoi ce "je suis désolé" ne suffirait-il pas à son tour à exprimer ceux de la jeune femme en face de lui ?

Je comprends. Hum ... Je ... Je crois que je préfère ne pas en parler tout de suite en fait ... Inspiration rapide. Bientôt mais pas maintenant.

Lui attrapant le menton pour qu'elle relève les yeux, il adressa à la jolie blonde un sourire timide qui se voulait réconfortant. Il ne pouvait tout simplement pas le dire, pas encore en tout cas. Il avait bien conscience qu'il faudrait qu'ils en parlent un jour, qu'ils ne pouvaient pas construire une relation saine et durable sans d'abord "crever l'abcès" mais actuellement il s'en sentait incapable. Trop frais. Cette conversation ne manquerait pas de tourner mal et c'était l'exact opposé de ce qu'il cherchait actuellement. Oui, sans aucun doute il voulait une relation "saine et durable" mais avant tout il voulait une relation ! Et il faut dire que jusqu'alors, il n'avait pas fait grand-chose pour l'obtenir. C'est bien jolie toutes ces pensées métaphysiques, mais si il ne passait pas bientôt à l'action, il finirait assurément au même point qu'au départ. Prenant son courage à deux mains et l'initiative pour une fois, il glissa dans une position plus agréable sans relâcher la prise qu'il avait sur le menton de Taylor, se pencha en avant, ferma les yeux et sans plus de cérémonie l'embrassa.

Sans se presser, il mordilla tendrement la lèvre inférieure de la jeune fille attendant une réponse de sa part. Il rêvait de plonger sa main dans ses cheveux et l'aurait surement fait si le retour inopiné du serveur blond avec leur bouteille de champagne et deux coupes ne l'avait pas interrompu. Cherchant à reprendre contenance, Esteban se mordilla plusieurs fois les lèvres, se retenant de les toucher franchement, avant de s'éclaircir la gorge pour retrouver un ton de voix normal afin de congédier le garçon après lui avoir donné un généreux pourboire. Peut-être que Taylor avait eu tort d'ignorer, ou tout du moins d'occulter, l'électricité sensuel qu'il y avait parfois entre eux, mais il avait fait des erreurs lui aussi, s'il avait tenté franchement sa chance plutôt peut-être qu'actuellement ils ne seraient pas dans cette situation. Quoi qu'il en soit cette fois-ci, il avait en quelque sorte fait un sans-faute. Tout se jouait maintenant.

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Taylor & Esteban

Where there is love there is life. — Gandhi.

Spoiler:

Quelques minutes s'écoulèrent avant l'arrivée tant attendue d'Esteban. Quelques minutes pendant lesquelles Taylor, les yeux dans le vague, repensait à tout ce qui s'était passé entre eux depuis leur première rencontre. Celle-ci avait eu lieu le jour même de leur arrivée à Wynwood. Esteban s'était - comme toujours - comporté en parfait gentleman et prêtant main forte à une Taylor en détresse face à des bagages de plomb. Comme pour exhausser le vœu silencieux de l'américaine, ils avaient dû partager un chambre toute l'année. ils étaient rapidement devenus les meilleurs amis du monde, et même plus. Mais ça, Taylor ne pouvait pas le voir tant elle était obnubilée par son passé, tant elle refusait de voir ce qui se déroulait sous son nez. Combien de fois Esteban avait-il agit de façon si chevaleresque que Taylor aurait du se rendre compte de quelque chose ? Des dizaines, peut-être. À vrai dire, elle n'en avait absolument aucune idée.
Le serveur revint avec son verre, la tirant quelque peu de sa torpeur. Elle redoutait l'arrivée d'Esteban autant qu'elle la souhaitait, peut-être plus. Elle arrangea ses cheveux non sans jeter de multiples coup d’œil vers la porte.
Soudain, alors qu'elle se posait pour la millième fois la question de savoir si elle avait bien fait d'imposer ce rendez-vous à Esteban, ce dernier se détacha dans l'encadrement de la porte, accompagné du serveur qui avait proposé l'endroit à Taylor. La jeune fille retint son expiration un peu plus longtemps que la normale. Elle sentit son cœur se serrer alors que son ami commandait une bouteille de champagne pour eux deux. Apparemment, il n'avait pas oublié sa boisson préférée. Cette pensée suffit à la faire sourire. Elle avait du l'évoquer une fois au détour d'une conversation sans grande importance, et pourtant, il l'avait retenu.
Le départ du serveur laissa place à un silence pesant qui dura quelques secondes. Esteban, toujours debout, ne put retenir un éclat de rire libérateur. À y regarder de près, la situation était en effet vraiment gênante. Ce bar était vraiment un drôle d'endroit pour une conversation à cœur ouvert. Soulagée de voir le jeune homme de bonne humeur, Taylor sourit pleinement elle aussi, tandis qu'il s'installait près d'elle. Ils s'observèrent un instant. D'un côté, ils n'avaient pas changé, de l'autre, ils n'étaient plus du tout les mêmes que quelques mois auparavant. Ces yeux bleus, ces cheveux bruns parfaitement coiffés et ces traits angéliques étaient exactement ceux des souvenirs de Taylor. Mais elle sentait qu'au fond, quelque chose avait changé. Il y manquait peut-être l'insouciance assurée, l'optimisme démesuré. Désormais, l'azur des pupilles de l'anglais était teinté d'une certaine détresse, d'un reflet douloureux. Les mâchoires de Taylor se crispèrent. Tout était de sa faute et elle le savait très bien. Son aveuglement avait blessé la personne qu'elle aimait et estimait sans doute le plus au monde. Elle s'en voulait terriblement. Rien ne pourrait effacer son erreur.

« Tu m'as manqué. »

Un sourire regagna les lèvres de la jeune américaine. Pas un sourire de victoire, pas un sourire de joie. Un sourire de soulagement. Malgré toute la colère qu'Esteban pouvait ressentir contre elle, il était quand même content de la voir, et ça ça voulait tout dire. Sans un mot, sans un bruit, Taylor s'agenouilla sur le lit. Doucement, elle se pencha vers lui et passa ses bras frêles autour de son cou, légèrement tremblotante. Elle le serra alors dans ses bras pendant quelques secondes, la tête presque enfouie dans le cou du jeune homme. Dieu ce qu'il sentait bon. Elle lui murmura un « Tu m'as manqué aussi, Esteban. » à peine audible dans le creux de l'oreille et se redressa. Elle ne se rendait compte que maintenant à quel point l'absence du garçon avait crée un vide dans sa vie, dans son cœur. Le retrouver n'était que du bonheur.
Mais le plus dur restait cependant à faire. Taylor était venue pour s'excuser et elle avait l'intention de le faire. Elle savait que son comportement n'était pas pardonnable, mais elle espérait au moins qu'il soit compréhensible. Peu sûre d'elle comme rarement auparavant, elle hésitait à briser le silence qui s'était à nouveau installé entre eux, moins gênant, plus complice.

« Je... Je suis désolée. Vraiment. »

Sa voix était faible, mais elle savait qu'Esteban l'avait entendue. Elle avait préparé ses mots toute la journée, et plus rien ne lui venait à l'esprit. Toutes les belles phrases d'excuses qu'elle avait imaginées refusaient de sortir. Elle se força à continuer.

« J'étais tellement aveugle, tellement idiote. Je m'en veux, si tu savais, de t'avoir fait du mal. Je suis désolée. »

Sa voix se brisa et elle baissa les yeux. Elle devait faire mieux, elle le savait. Personne ne pardonnerait aussi facilement ce qu'elle avait fait.

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Assis sur le grand lit double de l'hôtel, son laptop sur les genoux, Esteban jeta un coup d'œil à son réveil, tira sur le col de son tee-shirt, soupira, puis se replongea dans sa lecture avant de recommencer le même manège à peine une minute plus tard. Abandonnant sa lecture -il venait de relire le même paragraphe sept fois-, il soupira de plus belle, fixant la moquette entre ses chaussettes d'un air pensif.

Dans exactement -coup d'œil furtif à sa montre- une vingtaine de minutes, il devrait partir rejoindre Taylor. Selon la jeune femme, ils avaient "beaucoup de choses à se dire" ... Depuis qu'il avait reçu son texto, il n'avait cessé de penser à ce rendez vous. Des scénarios tous plus loufoques les uns que les autres avaient traversé son esprit, dans certains il y déclamait même son amour dans une oraison grandiloquente tel le héros d'une comédie romantique pour ado pré pubère. Il avait réfléchit à son texte toute la journée, se répétant mentalement les même phrases pendant des heures. Stupide. Parfaitement inutile. Parce qu'enfin de compte rien ne l'avait préparé à ce qui l'attendait. Tout simplement mortifiant. Il avait donné rendez vous à une fille dans un bar où des lits remplaçaient les tables habituelles ! Son grand père devait se retourner dans sa tombe.

Il était 22h et des poussières, connaissant Taylor, elle devait déjà être arrivée, scrutant le bar et ses alentours il ne l'aperçut pourtant nul part. Mal à l'aise, Esteban fit un effort pour prendre sur lui et héla un serveur, se composant l'air le plus détaché que possédait son répertoire de jeune lord anglais. Quelques secondes plus tard il suivait un grand blond -qui lui rappelait étrangement son ami Peter- à travers la salle pour enfin arriver dans une sorte d'alcôve géante où trônait un lit King Size sur lequel Taylor l'attendait. Le jeune homme du faire appel à tout son self control et ses bonnes manières pour garder un visage impassible alors qu'il commandait une bouteille de champagne. Le serveur disparut bientôt et un silence gênant s'installa.

Relâchant enfin tout le contrôle qu'il exerçait sur lui même, les yeux d'Esteban se mirent à briller soudainement, un sourire taquin sur les lèvres avant qu'il ne parte dans un fou rire incontrôlable. Cette situation au combien grotesque dépassait de loin tout ce qu'il avait bien pu imaginer, d'un seul coup il avait oublié son texte et avec, toute l'appréhension qui lui serrait le cœur. Quittant ses chaussures sans aucune grâce, il grimpa sur le lit pour s'asseoir en tailleur en face de la jolie blonde, légèrement plus calme, les épaules toujours secoués d'un rire silencieux, un grand sourire espiègle plaqué sur les lèvres. C'était tellement bon d'être là ! Pas besoin de faux semblants, ni de discours étudié. Il n'était partis que quelques mois mais il semblerait que cela ai suffit pour qu'il oublie l'essentiel. Il était amoureux de cette fille. Cette fille là, juste en face de lui, intelligente, belle, suffisamment téméraire pour accepter un premier rendez-vous dans un lit géant mais surtout cette fille avec qui il pouvait simplement être lui même.

Son sourire se modifia en quelque chose de plus mélancolique, les yeux toujours fixé sur la jeune femme en face lui, il laissa un instant son regard errer sur sa silhouette élancée, avant de retracer lentement les traits de son visage comme pour les graver dans sa mémoire alors qu'il les connaissait déjà par cœur. En cet instant, Esteban était intimement persuadé que ses sentiments devaient se refléter dans ses yeux, néanmoins il n'avait pas envie de se détourner comme il l'avait fait tant de fois auparavant. Finis de jouer. C'était fantasque et confus mais il fallait qu'elle voit, qu'elle le voit. Il lui avait fait une déclaration auquel elle n'avait pas répondu et jusqu'à maintenant il n'avait pas eu conscience du mal que ce silence lui avait fait. Ce n'était pas quelque chose qu'il souhaitait exprimé à voix haute. Trop frais. Trop douloureux. Il aurait voulu qu'elle comprenne d'un regard. Oh et puis zut ! Il y avait plus important.

Tu m'as manqué.

Une phrase. Un aveu. 3 petits mots soufflé presque comme un murmure accompagné d'un doux sourire, un de ceux qui fait étinceler les yeux. Enfin de compte, il n'avait pas besoin d'un grand discours. À côté de ça, le reste était superflu.

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Taylor & Esteban

Where there is love there is life. — Gandhi.

Je suis pas sur le campus en ce moment.
Ce soir 22h au B.E.D ? J'y suis toujours pas allé et il paraît que c'est le meilleur bar de Miami Beach.

Pour la millième fois de la journée, Taylor relisait le message qu'Esteban lui avait envoyé quelques heures auparavant. La veille, elle l'avait croisé par pur hasard dans le hall de Wynwood alors qu'elle le croyait à des milliers de kilomètres de là, de l'autre côté de l'océan, en train d'accomplir quelque tâche familiale sous le détestable crachin anglais. Mais non, il était là, à quelques mètres d'elle, comme si de rien n'était. Sur le moment, elle avait été tiraillée par deux envies irrépressibles mais totalement opposées. D'un côté, elle aurait voulu s'enfuir avant qu'il ne la voie, de courir le plus loin possible pour éviter à tous prix de le croiser à nouveau. Après tout, son absence avait laissé des traces, et si elle n'était pas innocente, elle avait été blessée par son départ et son silence. D'un autre côté, elle aurait voulu se précipiter vers lui, se jeter dans ses bras et y rester pour toujours. Comme une idiote, elle était restée plantée là, à le fixer de loin avant de se laisser entrainer par son amie. Elle n'avait rien pu faire et s'en était largement voulue. Pourtant, elle avait eu le courage, plusieurs heures plus tard, de le contacter, ce qu'elle n'avait pu faire pendant plusieurs mois.

Debout devant son miroir, le portable dans sa main droite, elle alternait les regards à son reflets et les regards à l'heure qu'affichait son téléphone, relisant au passage le message tant espéré. 21h33. Elle savait que si elle partait maintenant, elle serait en avance, et arriverait probablement avant lui dans un bar qu'elle ne connaissait pas et dont, même, elle n'avait jamais entendu parlé, ce qui lui semblait assez étrange puisque, entre tous les Êta Iota et Pi Sigma qu'elle fréquentait réunis, ils avaient sans doute fait le tour de tous les bars de la ville. Deux fois. Elle se dit que celui-ci avait du ouvrir récemment et reporta son attention à sa tenue. Elle avait opté pour une robe moulante bleue assez courte, assortie avec son habituel blouson en cuir noir et une pochette. Rien de très sophistiquée puisqu'elle ne savait pas à quoi s'attendre en entrant dans se bar, mais elle restait quand même assez présentable pour toutes sortes d'endroits. Ses longues jambes fines étaient rallongés de talons moyens et ses cheveux étaient relevés en une queue de cheval haute qui laissait s'échapper quelques mèches folles. Taylor sourit. Depuis quelques temps, elle avait appris à être vraiment satisfaite de ce qu'elle voyait dans le miroir, elle avait décidé d'arrêter d'afficher un éternel sourire de façade qui convenait à tous et d'apprendre à être vraiment heureuse de ce qu'elle avait. Et du corps qu'elle avait. Qui honnêtement, n'avait pas grand chose à envie aux mannequins des magasines des modes qui s'entassaient sur sa commode.

Malgré l'heure, l'Américaine décida de se mettre en route. Après tout, elle était pressée de revoir Esteban, et le plus tout serait le mieux, malgré l'appréhension qu'elle éprouvait. Rapidement, elle sortit du bâtiment des Êta, ne croisant personne sur sa route. Les filles étaient sans doute en train de se préparer de leur côté ou déjà sorties. Sortie dans le parc, elle remarqua que le soleil n'était pas tout à fait couché, ses derniers rayons donnant une couleur rosée aux quelques nuages égarés au dessus de l'océan. Elle sourit. Elle avait oublié combien les couchers de soleil de Miami étaient beaux. Rien à voir avec ceux de New York ou Washington, gâchés par la pollution et les buildings. En quelques enjambées, elle eut atteint l'entrée du parc et attendit l'arrivée du taxi qu'elle avait commandé, qui ne tarda pas à apparaitre. Quelques minutes plus tard, alors qu'elle était une nouvelle fois plongée dans ses pensées, dans ses souvenirs, le taxi s'arrêta à l'angle d'une grande avenue. Le chauffeur dût l'appeler trois fois pour qu'elle consente à sortir de sa torpeur, et par la même occasion, de sa voiture. Elle le paya et inspecta les alentours. L'avenue était encore très fréquentée à cette heure-ci mais les enseignes lumineuses déjà allumées attiraient l’œil partout à la fois. Celle qu'elle cherchait était parmi les plus visibles. 21h54. Taylor se dit qu'elle pouvait bien entrer et attendre Esteban à l'intérieur, elle n'avait pas particulièrement envie d'attendre debout dans la rue.

À peine eut-elle passé le pas de la porte qu'une unique pensée lui traversa l'esprit. « Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit ? ». Encore peu animé, le lieu ressemblait assez à une boite de nuit, sauf qu'au lieu des quelques tables habituelles, il y avait des lits. C'était parfaitement étrange et Taylor ne se sentait pas particulièrement à l'aise. Un jeune homme s'avança vers elle pour l'accueillir. Elle lui expliqua qu'elle attendait quelqu'un qui devrait arrivé d'un moment à l'autre et le jeune homme lui fit un grand sourire.

« Si vous n'êtes que deux, vous préférerez peut-être quelque chose de plus...tranquille. », lui fit-il avec un clin d’œil, avant de l'entrainer plus à l'intérieur du bar.

Mal à l'aise mais finalement amusée, Taylor le suivit. Il l'installa dans une espèce de chambre avec un lit géant et lui proposa quelque chose à boire en attendant. Acceptant l'offre, Taylor pria pour qu'Esteban ne tarde pas trop à arriver pour lui expliquer ce qu'était cet endroit.

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