Petits aveux entre amis [Ft Ambre]

Malgré toutes les adversités qui se mettaient sur mon chemin, je souriais. Je ne me lassais pas de la présence de mon amie. Ambre était une jeune fille plutôt discrète mais qui, lorsque l’on tombait ou qu’on avait un problème quelconque, était toujours là pour nous soutenir. Cette petite présence indétectable et qui pourtant était nécessaire à chacun pour avancer à un moment où à un autre dans notre vie. Sans que je ne m’y attende, Ambre me dit que j’avais raison, qu’elle était probablement une fille à gay. Je m’étais tourné vers elle et avais instinctivement lâché un :
 
-QUOI?  Tu penses vraiment que j’ai raison?
 
Cette exclamation avait été dite pendant qu’Ambre eu son petit rire étouffé si bien que je ne l’entendis pas ou presque pas. Ambre n’avait pas tout à fait compris un détail de mon problème mais elle tenta tout de même de me rassurer. Selon elle c’était normal de regarder et de se comparer à quelqu’un du même sexe. Je tentais de corriger ce que croyait Ambre.
 
-Euh… En fait, le problème ce n’est pas vraiment que j’ai aimé ou non coucher avec cet inconnu parce que je ne m’en souviens presque pas alors de là à dire que j’ai aimé coucher avec lui, il y a un monde. Et j’avais relégué cette histoire au fin fond de ma mémoire en me disant que ce n’était qu’un “faux-pas”. Je me suis posé des questions sur ma sexualité quand j’ai commencé à regarder Ryan d’une façon différente, quand j’ai commencé à avoir envie de le toucher, de le caresser, de l’embrasser et même de faire d’autres choses avec lui… C’est à cause de ça que je me demande si je ne suis pas bi.
 
Mon amie me demanda ensuite de lui raconter comment mon entrevue avec Norim se passera. Son compliment était vraiment adorable et je l’embrassais une nouvelle fois sur la joue. La jeune femme aborda une nouvelle question : si je me plaisais à Miami sans compter mes questions d’ordre indentitaire. Je lui répondis sans détour :
 
-Oui, je me plais à Miami. Tu sais, Miami était un moyen pour moi de fuir New-York alors j’aurais pu me plaire n’importe à ce rythme-là. Et même si je supervise un peu l’hôtel de mon père, j’ai du temps pour m’amuser et profiter de la vie à Miami alors je ne peux pas me plaindre de la vie que j’ai ici. En plus, c’est tout agréable de vivre sans avoir ses parents sur le dos!, dis-je avec un grand sourire.
 
J’étais sûr qu’Ambre serait d’accord avec moi sur ce point. Son père était un homme très strict qui ne lui permettait que peu de choses alors Ambre ne devait pas se plaindre de cette liberté nouvellement acquise et donc, elle ne pouvait qu’être d’accord avec moi… Enfin, c’était ce qu’il me semblait.
 

-Alors la Miss, vu qu’on est dans une séance de déballage de vie, que dirais-tu de déballer tes histoires de coeur autre que les frasques amoureuses de ce fameux  Norim?, demandais-je d’une voix qui trahissait mon envie d’en savoir plus sur la vie de mon amie.

Même si j’étais un  peu sceptique sur les facultés de ce Norim à m’aider, j’avais envie de le rencontrer. J’espérais pouvoir faire sa connaissance et tenter de trouver des réponses à mes questions. Je souriais quand elle dit qu’elle avait conscience qu’il avait toujours été ainsi mais qu’il avait fallu que ça tombe sur elle. Elle était peut-être ce qu’on appelle “Une fille à gay”. Je repensais alors à cette série de romans que ma mère lisait à une époque : “Les Chroniques de San Francisco” d’Armistead Maupin. Je savais que dans ces livres, il y avait un couple d’amis, Mona et Michael, un homosexuel, et, en fait, ce duo nous ressemblait un peu… La drogue en moins et l’homosexualité, pas sûre du tout et surtout cachée par rapport à l’affirmation et l’acceptation de soi à 90% de Michael dans ces romans. Ca me faisait vraiment sourire.

-Ambre, tu ne t’es jamais dit que tu étais peut-être une fille à gay ou à bi. Ton ex est bi et moi, qui suis l’un de tes plus proches amis –si je ne me trompe pas-, je suis peut-être bi aussi… Je crois que tu es une fille à bi., dis-je d’une voix enjouée avant de reprendre plus sérieusement : Hum… Des signes? J’adorais accompagner ma mère à ses défilés de mode et je dois dire que j’ai parfois maté les mannequins masculins mais sans vraiment être attiré… Enfin, je crois. Tu sais, ce genre de chose est un peu particulière. Tu mates les gens du même sexe que toi mais tu te dis que c’est normal ou qu’il n’y a rien de malsain ou d’anormal à te “comparer” à  eux en les regardant… En fait, tu te dis que ça ne signifie rien et tu ne t’attarde pas, tu oublie ça.

Je riais avec sincérité quand elle plaisanta sur le fait qu’elle méritait amplement d’être adorée. Plus elle me parlait, plus j’apprenais à la connaître et plus je l’aimais. Elle était l’amie dévouée que l’on rêvait tous d’avoir. Elle me répondit qu’elle aussi m’adorait. C’était vraiment gentil et, désormais, mon sourire ne me quittait plus et ne me quitterait plus avant quelques heures. Après que je l’ai prise dans mes bras, elle me demanda ce que je comptais faire maintenant.

-Je ne sais pas. J’essayerais de connaître Norim, de lui parler et… Qui vivra verra. Et si, tu m’a beaucoup aidé : tu m’as redonné confiance en moi et de l’amour propre. J’ai vu que j’avais au moins une excellente amie, tu m’as fait rire, redonné le sourire et tu m’as parlé de ton ex… Je ne trouve pas que ce soit pas grand chose!

Je me demandais ce que je ferais si je perdais Ambre. Elle avait réussi à s’imposer comme une fille fantastique dans ma vie et j’avais peur de la perdre. Je l’adorais tout simplement.

Spoiler:

Ambre et moi étions sur la même longueur d’onde. Peut-être que je l’avais senti à notre première rencontre et que c’était pour ça que je lui avais parlé? Peu à peu, je me rendais compte que j’avais bien trouvé Ambre. J’étais déjà heureux de l’avoir connu à l’époque de notre rencontre mais aujourd’hui, j’étais plus heureux que jamais de la connaître et de savoir que je pouvais lui faire confiance. J’approuvais brièvement les premières paroles de mon amie par un petit signe de tête. Puis, elle me parla de son ex. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me donne son prénom. J’avais plutôt dit ça pour rigoler. En aucune façon, je ne pensais qu’elle me dirait qui était le mystérieux ex. Elle me donna même le nom de sa confrérie. C’était marrant, elle pensait qu’il pourrait m’aider et je savais qu’il le pourrait par contre, j’étais sûr que le type d’aide auquel je pensais n’était pas celui auquel Ambre pensait. Enfin, je chassais bien vite les pensées qui me traversaient la tête. Je n’avais pas besoin d’aide, pas venant de ce type que je connaissais pas. Je ne savais pas si j’étais hétéro, gay ou bi alors pourquoi aller voir un type qui ne pourrait m’aider que sur l’acceptation de soi. J’éclatais de rire quand Ambre m’avoua qu’elle avait cru que c’était à cause d’elle qu’il était devenu bi. Mon regard se posa sur la poitrine d’Ambre avant de remonter vers ses yeux.

-Humm… Tu pense qu’il aurait pris goût aux poitrines pas très… imposantes?, plaisantais-je avant de reprendre : Franchement, c’est bête de penser ça. Je crois que… Je crois qu’il a toujours aimé les garçons mais qu’il n’a pas su accepter son attirance à l’époque… Je suis peut-être comme lui sauf que moi, ça a commencé à me hanter après avoir couché avec un homme alors que j’étais complètement déchiré. Quand je t’ai rencontré, je ne me posais pas de questions, je n’avais jamais eu d’aventures avec un homme et, si je suis bi ou homo, je ne le serais pas devenu mais je l’aurais été depuis que je suis né. Je crois que… Je crois que je commence à sérieusement sortir du sujet.

Ambre en arrivant à ma question stupide. Elle aussi la trouvait stupide. Je la comprenais tout à fait. J’eu chaud au coeur quand elle me dit que j’étais une personne en or. Au fil de son discours, je souriais de plus en plus. Je ne pensais pas que quelqu’un pouvait autant m’apprécier. Je me tournais vers Ambre et lui répondis :

-Je sais que c’était débile comme question mais j’avais besoin d’entendre des paroles positives sur moi. On a toujours besoin d’un peu d’encouragements. Toi aussi, tu es irremplaçable : tu es la seule à qui je peux parler ouvertement de ce genre de truc, tu es vraiment géniale. Je t’adore.

Je l’embrassais une nouvelle fois sur la joue puis je la pris dans mes bras.Il n’y avait aucune ambiguité dans cette étreinte. C’était purement amical. Cette étreinte était un peu un remerciement pour les adorables paroles de mon amie.

Je savais très bien que la famille d’Ambre était assez semblable à la mienne. Dans nos deux familles, il fallait bien se tenir, être dans la norme, ne pas faire de vague. Les seules frasques acceptées ne comprenaient pas une homosexualité latente. Ca, il était clair que ça ne plaisait pas même si c’était de plus en plus courant. Ambre me dit que la première chose à faire était de s’accepter tel qu’on était. C’était facile à dire mais beaucoup moins à faire. Elle en arriva à me parler de Ryan. Ouais, il était un pur hétéro mais j’avais bien le droit de rêver même si la fin du rêve était dure. Avant qu’elle n’enchaine sur sa propre histoire, je lui dis :

-Tu sais, il y a des filles qui tombent toujours amoureuses d’homosexuels, de mecs qu’elles ne pourront jamais avoir. Bha, les homos c’est pareil. Il y a toujours des homosexuels qui tombent amoureux de ceux qu’ils ne pourront jamais avoir. C’est le plus dur à accepter. Voir que tout ceci ne sera jamais réciproque, qu’on aura jamais ce qui nous fait plaisir. La vie est mal faite mais il faut faire avec. Je le sais.

Ambre me raconta sa déconvenue avec son ex. Elle était sortie avec un mec qui en réalité était bi. Peut-être que je lui ressemblais plus que je ne le pensais. Elle l’avait retrouvé à Wynwood et en plus, quelques temps plus tard, elle l’avait découvert au lit avec un autre mec. Magnifique! Je comprenais très bien qu’elle ai immédiatement dessaoulé. Je riais un peu. J’imaginais la scène dans ma tête et c’était assez drôle. J’embrassais Ambre sur la joue comme pour la réconforter un peu de sa petite mésaventure face à son ex. En réalité, c’était plus pour la remercier. La remercier d’être venue, de m’avoir écouté et de m’avoir raconté la petite anecdote.

-C’est vraiment bête de découvrir la bisexualité de son ex de cette façon. Dis-moi, ce garçon, il est toujours à Wynwood, non? Tu pourrais me donner son nom, son numéro de téléphone et toutes ses ordonnées possibles et imaginables?, blaguais-je.

En fait, j’avais quand même envie de savoir qui était ce fameux ex. Peut-être que, grâce à lui, je pourrais déterminer si j’étais hétéro, bi ou homosexuel. J’avais envie de tirer tout cela au clair le plus vite possible afin d’arrêter de me poser des questions inutiles. Je me tournais vers Ambre et lui posais une nouvelle question :

-Ambre, qu’est-ce que tu pense de moi?

Je savais que ma question était bête mais j’avais besoin d’entendre un avis positif sur moi et d’entendre que, peu importe mon orientation sexuelle, certaines personnes me verraient toujours de la même façon. J’avais tout simplement besoin d’être rassuré.

J’eu un maigre sourire quand Ambre me dit qu’elle ne me jugera pas, que ce n’était pas dans sa nature. Ce fut suffisant pour que je me lance dans ma tirade. Peu après que je me suis allongé sur le sable, Ambre me rejoint, se couchant à mes côtés. Ambre ne tarda pas à parler. Elle tentait de me rassurer, de m’aider à aller mieux. Elle était gentille et compréhensive et c’était tout ce que j’attendais d’elle. Au plus profond de moi, je savais qu’Ambre avait raison mais je n’arrivais pas à l’avouer, à l’assumer surtout après la réaction de Ryan. Ambre me disait qu’être différent ne signifiait pas être anormal et que ceux qui m’aiment vraiment accepteront et m’aimeront toujours autant peu importe mes préférences sexuelles. Ambre était une vraie amie, c’était sûr. Elle me souriait et me prenait la main. Ce contact était réconfortant. La description qu’elle fit de moi eu pour effet de me faire sourire, un vrai sourire amusé. Puis elle me demanda comment Ryan avait réagi quand je l’avais embrassé.

Toute mon entrevue avec Ryan rejaillit à surface comme un geyser ou un volcan qui crache régulièrement un torrent d’eau bouillante ou de lave en fusion. La violence du flot de souvenir était telle que, sur le coup, je fus incapable de respirer. Comme quand on tombe violemment d’un arbre et que tout l’air est expulsé de nos poumons. Je revoyais tout : nos deux cigarettes se consumant l’une à côté de l’autre dans le cendrier, le magazine que lisait Ryan, ma main sur sa cuisse avant le baiser, la chaleur de son corps, la douceur de ses lèvres contre les miennes, son mouvement de recul, son air presque horrifié de s’être fait embrasser par un homme et ses paroles. Je m’étais senti si anormal quand il m’avait répondu. Ce jour avait juste été horrible. Je fermai les yeux et tentai de tout oublier comme j’avais réussi à le faire quelques instants plus tôt. Mais tout était vain. Les images du passé étaient là et elles ne voulaient pas me quitter.

-Ambre… Si mes parents savaient que j’ai couché avec un autre mec ou même que je suis peut-être homo, je te jure qu’ils me tueraient… Au mieux, ils me renieraient. Dans la culture italienne… Enfin, surtout dans l’esprit conservateur de ma famille, être homo ou bi c’est une tare. Je suis probablement un taré. J’arrive pas à faire autre chose que me dégoûter. J’aimerais pouvoir m’accepter tel que je suis mais j’en suis incapable., essayais-je d’expliquer d’une voix percée de trémolos. Je repris alors, d’une voix plus maîtrisée : Et pour répondre à ta question : Ryan a extrêmement mal réagi. Il m’a bien montré que j’étais un monstre. Il a reculé et m’a regardé comme si je débarquais d’Uranus et… Et… Tu dois t’imaginer la scène. Ryan n’a pas réagi autrement qu’un hétéro qui se faisait embrasser par un mec paumé… C’était presque bon pour un téléfilm sentimental et dramatique.

Je respirais avec difficulté. C’était douloureux de parler de ça. Toutes mes impressions, toutes mes sensations m’assaillaient comme si j’étais reparti au moment où j’avais embrassé Ryan et qu’il m’avait repoussé. Je me sentais toujours aussi nul, aussi monstrueux, anormal, inutile… Je me sentais toujours comme étant un être contre-nature. Je ne sais pas ce qui était le plus douloureux : avoir pensé cela un jour ou ne pas cesser de s’en rappeler? Je n’en pouvais plus. J’avais besoin de me changer les idées. Il fallait que j’oublie Ryan, que j’oublie l’inconnu avec qui j’avais couché le soir de mes 17 ans, que j’oublie ma possible attirance pour les hommes, que j’oublie ma famille et sa philosophie, ses valeurs. Il fallait que j’oublie tout ce qui était extérieur à moi et qui m’empêchait d’aller de l’avant. Il fallait que j’arrête de me poser des questions. Seulement, en serais-je, un jour, capable? Je regardais Ambre dans les yeux, tentant de trouver, dans son regard, un fragment de réponse ou juste un peu de courage, de quoi me donner envie de m’améliorer, de combattre et de m’accepter tel que j’étais.

Ambre avait été rapide à arriver. D’ailleurs, elle s’inquiéta de sa rapidité. Elle semblait avoir peur d’avoir été longue. D’un signe de tête, je répondis par la négative à sa question. Sans se prier, Ambre s’asseya à mes côtés et pris une boisson dans la glaçière. Après, Ambre me dit qu’elle allait bien mais qu’elle était fatiguée. Elle tenta de me rassurer en déclarant que je ne la dérangeais jamais mais je me doutais qu’elle aurait préféré être dans son lit et dormir. Heureusement pour moi, Ambre avait le mérite d’être directe et de me connaître suffisament pour savoir qu’elle devait faire le “premier pas”. Elle me demanda ce qui n’allait pas. Je tirais une nouvelle fois sur ma cigarette pour me donner du courage. Lentement, je recrachais la fumée par les narines, un peu comme un dragon.

-Tu ne me jugera pas, Ambre, n’est-ce pas?, demandais-je comme une mise en bouche. Tu t’es déjà posé des questions sur la personne que tu étais ou sur la personne que tu aimais? En fait, je suis dans cette situation en ce moment… Non, pas qu’en ce moment. J’ai des doutes sur moi depuis Novembre dernier mais je me suis efforcé d’oublier et récemment, tout ça est remonté à la surface et… Et j’ai besoin d’en parler à quelqu’un. Je… Je crois… Je crois que j’aime les hommes. Quand j’étais à New-York, j’ai couché avec un mec que je ne connaissais pas mais le soir où je l’ai fait, je n’étais pas moi-même : j’ai bourré et je crois que j’avais pris des trucs illicites. J’ai enfuis tout ça en moi et je me suis tu. Tout aurait pu bien aller s’il n’y avait pas eu ce mec, Ryan, un gars de ma confrérie. Je suis totalement perdu. Il m’attire, c’est clair, mais c’est par vraiment physique. C’est sa personnalité, son côté bon-vivant, ultra sympa, sociable qui m’attire chez lui… Mais, on ne peut pas dire qu’il n’est pas un beau gars., tentais-je d’expliquer lamentablement. Je me laissais tomber sur le dos dans le sable. Ma cigarette atterri dans le sable pendant que je cachais mon visage entre mes mains. Merde. Je suis pas normal. C’est pas normal pour un mec d’aimer un autre mec comme ça. Je l’ai même embrasser. C’est… C’est contre-nature. Et ce putain de baiser ne m’a même pas éclairer sur mes préférences sexuelles. Je devrais pas exister. Je ne fais rien de bien. Je suis un glandeur doublé d’une chose anormale.

Plus je parlais et plus je me lamentais sur mon sort. J’étais pitoyable. Je me faisais honte. J’avais appelé Ambre pour lui parler et lui demander des conseils mais j’en étais arrivé à avoir envie de pleurer sur mon sort. Qu’est-ce que j’avais mérité pour ne plus savoir où j’en étais de mes sentiments, de ma préférence pour la gente féminine, de mon goût (avéré ou non) pour la gente masculine. Je ne savais plus rien. Je ne comprenais plus rien. Cependant, j’espérais encore. J’espérais qu’Ambre me comprendrait, qu’elle me rassurerait, qu’elle m’aiderait, qu’elle trouverait les mots justes pour me permettre d’aller de l’avant.

Vendredi 31 Mai 2013, vers 21h15

J’étais assis dans le sable chaud de la plage. Je regardais le Soleil se coucher tandis que je fumais une cigarette et en buvant une bière. J’avais prévu de rester sur la plage plus ou moins longtemps. La glacière posée dans le sable à côté de moi était pleine.
J’avais besoin de parler à quelqu’un. J’avais besoin de vider mon sac. Mais à qui je pourrais parler de mes “malheurs”? Ryan? Non, je l’avais embrassé et depuis, j’avais honte dès que je le voyais. Lily-Rose? Non, elle m’avait quitté et ce n’était qu’une connasse sans coeur. Ella? Non, elle voulait déjà me faire arrêter la cigarette. Je ne voulais pas charger la mule. Ce fut alors qu’un prénom s’imposa à moi : Ambre. Ambre était une amie. On s’était connu il y a quelques années. Nous voyagiions beaucoup tous les deux et on s’était croisé durant l’une de nos destinations communes. A l’époque, nous n’étions que des connaissances voire des potes. Aujourd’hui, Ambre et moi avions lié une véritable amitié. Je composais son numéro de téléphone portable. Ca sonnait. Quelques tonalités plus tard, j’entendis la voix de mon amie.

-Ambre, je suis sur la plage, seul, avec une glacière pleine et une fichue envie de parler à quelqu’un. Tu pourrais venir, s’il-te-plaît? Je voudrais vraiment te parler de quelque chose, c’est rien de grave mais je voudrais en parler le plus vite possible., lui dis-je le plus vite possible afin de ne pas me dégonfler en plein milieu de ma phrase.

Ambre semblait comprendre et ne posa pas trop de questions. En attendant qu’elle arrive, j’eu le temps de fumer une nouvelle cigarette. Commençant à trouver le temps long, je m’allongeais sur le dos. J’appréciais les derniers rayons de Soleil. La voix d’Ambre résonna à mes oreilles. Je me redressais, époussetais mon t-shirt blanc et mon short et vérifiais que mes baskets étaient toujours à côté de moi, dans le sable. Je l’invitais à s’asseoir à côté de moi. Quand elle fut installée, je lui montrais la glacière et lui dis :

-Vas-y sers-toi, il y a de la bière, des sodas, tout ce que tu veux…. C’était une approche plutôt pas mal… Non, il fallait arrêter de se mentir : c’était pourri. C’était que de la politesse. Je tirais sur ma cigarette à moitié consumée entre mes lèvres. Je soufflais un nuage de fumée au loin. Tu vas bien? J’espère que je ne t’ai pas dérangée…, dis-je d’une voix basse avant d’embrasser Ambre sur la joue pour la remercier d’être venue.

Après avoir embrassé Ambre sur la joue, mon regard se posa sur l’horizon. Je ne savais pas vraiment par où commencer. En fait, je ne savais même plus si je voulais vraiment lui parler de mon passé et de ce qui me tracassait en ce moment. Je posais mes mains dans le sable, un peu derrière moi. Je pris appui sur mes bras et renversais ma tête en arrière. C’était vraiment pas facile de parler de ses doutes. Ca serait sans doute plus simple si Ambre me posait des questions… Ou plutôt LA question : qu’est-ce qui n’allait pas, pourquoi je l’avais appelée…