It is simple to find someone to help you... Hopy ♥

Il faut que je parte. Je dois quitter cet endroit. Je dois partir. Je suis d’une humeur affreuse. Je ne vais pas gâcher la soirée de ce mec. Je ne sais pas qui c’est mais ce n’est pas une raison pour lui prendre la tête. Je dois partir… Ce genre de situation n’apporte que des problèmes. Il y a toujours des problèmes. Je me sens à la fois à bout de nerfs, je suis terrifiée et je me sens gênée. Un mélange d’émotion plutôt désagréable. Je n’ai pas ma place ici. J’inspire profondément et me dirige vers la porte, les mains dans les poches de mon jean.
Je sens soudainement une main attraper mon bras. Des doigts fins glissent doucement sur ma peau. Tout en douceur. Je sursaute légèrement à ce contact. Je pivote presque immédiatement. Que va-t-il me dire ? Que me veut-il ? Mes yeux scrutent l’obscurité. J’aperçois alors le visage du jeune homme. Il n’a pas l’air méchant. Au contraire… Il est plutôt mignon. Le genre de garçon parfait qui fait craquer pas mal de fille. Peut-être a-t-il une petite copine. Je suis presque sûre qu’il fait partie des Pi Sigma. Comme Warren… Je trouve qu’ils ont tous ce petit quelque chose de différents. Ils n’ont pas peur d’interpeler une fille sur un toit alors que la nuit est tombée. C’est ce genre de mec qui ont un sourire parfait et à qui on pourrait proposer de faire des photos de mannequinat. Il fait peut-être sombre mais je le remarque quand même. Il a même ce brin d’arrogance dans le regard. La situation ne doit sans doute pas le gêné non plus. Va-t-il me sortir l’une de ces phrases bateau que tous les gars sortent aux filles. Sans aucun complexe en plus ! J’inspire à nouveau et j’attends de voir ce qu’il a à me dire.

Je l’entends soupirer doucement. Qu’est-ce qui lui prend ? Je le saoule à ce point-là ? C’est ce qu’il veut me dire ? Je sens la colère monter mais je me calme immédiatement. Je sais que c’est la rage qui me fait réagir ainsi. Je ne suis pas dans mon état normal. Je dois me calmer sinon je vais passer mes nerfs sur ce pauvre type innocent. Il ne va pas comprendre ce qu’il lui arrive !
« Ecoute, tu n’es pas obligée de partir, si ? Tu peux rester ici, de tout façon, si c’est ça qui t’inquiète, mais soirée ne paie pas tellement de mine non plus, alors t’en fais pas pour ça. » C’est tout ? Il m’a retenue pour me dire que je pouvais rester. Sa soirée ne paye pas de mine… En fait, il lui manquait une distraction, c’est ça ? Il vient de la trouver ! La folle furieuse fait parfaitement l’affaire niveau distraction ! Il a dû bien se marrer en m’entendant râler, alors il veut que je continue. Je suis son petit monstre de foire ! Je vais l’occuper. Non mais oh ! Il me prend pour qui !

Respire Hope… Respire… C’est encore la rage qui me fait réagir ainsi. Je suis sûre qu’il ne voulait pas dire ça dans ce sens. Il a sans doute voulu me rassurer et me dire que je ne suis pas obligée de partir. On est toujours mieux à plusieurs que seul à ruminer dans son coin… Voilà ce qu’il a dû vouloir me dire et pas ce que j’ai pu imaginer. Il faut définitivement que je me calme… Seulement, ce n’est pas si simple. La seule chose qui pourrait me calmer et me vider la tête serait de danser. C’est en dansant que j’évacue mes problèmes. Or, je ne vais pas me mettre à danser là sur le toit !
Mais je dois bosser ! Oui faut que je bosse ! Il faut que je trouve un partenaire… Un partenaire… J’étais à deux doigts d’oublier cette galère qui m’était tombée sur les bras.

Je soupire puis tente de lui sourire. Encore une fois, mon sourire ne doit pas vraiment ressembler à un sourire. « Ma soirée ne paye pas simplement de mine… Ma soirée est ruinée, complètement foutue…» J’enlève mes mains des poches de mon jean et les passent dans mes cheveux. Je soupire une nouvelle fois. Je me prends la tête entre les mains. Je lève alors les yeux vers la lune. Mes paupières se ferment pendant un instant. Je respire doucement. « Je vais te dire ce qu’il m’arrive même si tu t’en fous probablement et que je ne sais pas qui tu es. Au pire, tant mieux ! C’est pas comme si j’avais besoin de savoir ton prénom pour en parler. » Les mots s’enchaînent dans ma bouche. Je parle à toute vitesse. Je ne sais même pas s’il arrive à suivre tout ce que je dis. Quand je m’agace comme ça, mon accent anglais ressort.

J’ai besoin de parler. Je ne sais pas qui sait, ce qu’il pense, son nom etc… Je m’en fous. J’ai besoin de parler. J’ai besoin de balancer ce que j’ai sur le cœur. Je dois parler alors je parle. J’avance un peu sur le toit. Je fais les quatre cents pas tout en disant : « J’ai bossé comme une malade pour ce concours. J’ai bossé, bossé, bossé… Je n’ai pas arrêté. Je n’ai même pas mangé ce soir, tout ça pour mettre mes chances de mon côté pour ce foutu concours. Et là, j’apprends quoi ? J’apprends que je dois trouver un partenaire. Comme ça… En claquant des doigts ! Genre… SURPRISE ! Vous devez changer toute la chorégraphie que vous avez préparée parce qu’on a changé d’avis. On veut vous mettre à l’épreuve ! On a pas le droit de faire ça ! Si ? Tu trouves ça normal ? Non, c’pas normal ! Ils ont pas le droit de me faire ça ! J’ai tellement bossé ma chorégraphie. J’ai mis toutes mes chances de mon côté ! Toutes ! Mais y a plus rien à faire… C’est terminé… Je ferais mieux d’abandonner. » Je souffle un grand coup et m’assois sur un rebord quelconque.
Ça m’a fait du bien. Je me sens bien mieux. Je me souviens alors de la présence du jeune homme. Je ris doucement et lance : « Pffiou ! Ça fait du bien. Et désolé pour…. Ça. » J’ai dû l’assommer, le pauvre ! Il doit maintenant avoir envie de partir en courant. Voilà, je passe pour une grande folle. Tant pis ! Maintenant je me sens vraiment mieux. Beaucoup plus détendue.

« Excusez-moi mais il va falloir que vous sortiez du self mademoiselle.» Je lève des yeux incrédules sur l’agent de service près de moi. Sortir. Il faut que je sorte. Quelle heure est-il ? Depuis combien de temps suis-je à la cafétéria à réfléchir sur la chorégraphie à mettre en place ? Le concours se rapproche de plus en plus. La date de celui-ci ne faite que de me hanter. Je ne vois que ça. S’il y a un mois à peine j’étais prête à abandonner le projet, ce n’est plus le cas. ? Tous ceux qui m’entourent sont parvenus à me convaincre. Chacun avait des arguments. Entre Jeff qui me disait trop pessimiste, Aaron et sa phrase « tu réfléchis beaucoup trop » qui tourne en boucle dans ma tête et Warren qui a fait son come-back plus amoureux que jamais. Cette fin d’année scolaire n’a pas été simple. Tout comme mon entière Senior Year en fait ! Replie de rebondissement, je ne sais pas comment j’ai réussi à tenir le cap. Ou bien ne l’ai-je tout simplement jamais tenu… En tout cas, une chose est sûre, je passerai ce concours quoi qu’il puisse arriver. Même si je n’y crois pas, même si j’ai de faibles chances, même si je serais contre les meilleurs, même si je n’ai pas retrouvé le top de ma forme physique. Au pire, je ne risque rien ! Si je ne l’ai pas, ce qui est fort probable, je me retournerai vers l’université de Miami.
Ce soir, je suis allée manger à la cafétéria. Avec mon portable je n’ai fait que de regarder des vidéos de chorégraphies. J’ai à peine touché à mon plateau. J’ai pris des notes, j’ai essayé de piquer des idées de thèmes. J’ai écrit tout ce à quoi je pensais. J’ai écouté une chanson que j’ai disséquée en plusieurs morceaux pour trouver une alternance de rythmes, des mouvements possibles, des passages au sol etc… J’ai été tellement absorbée par mon projet que je n’ai pas vu l’heure passer, ni les étudiants quitter les lieux un à un. Je suis donc seule dans la grande salle et gêne pour le ménage. « Oui, désolée j’y vais. » Je range immédiatement et en vitesse mes affaires éparpillées sur la table et ramène mon plateau.

Je rentre ainsi chez les Alpha Psi. Tout le monde est un peu partout dans le bâtiment. Les gens discutent. Je m’arrête un instant parler à Jeff. Je lui fais part des avancées de mon projet. C’est quand même étrange notre relation à tous les deux. Ça me fait toujours ce petit je ne sais quoi quand je me dis que c’est à lui que j’ai parlé tout ce temps sur internet… Mais bon, là n’est pas la question.
Je monte quatre à quatre les marches de l’escaler pour aller dans ma petite chambre. En entrant, mes yeux tombent sur les affaires d’Ella, ma nouvelle colocataire. Ça aussi ça me fait bizarre : avoir une nouvelle coloc. Le dernier en date était Edgard et ça va faire au moins neuf mois qu’il est parti. J’étais bien dans ma solitude à me morfondre sur mon sort… Ce temps-là est à présent passé ! J’espère au moins qu’entre Ella et moi ça se passera bien. On ne sait jamais, je n’ai jamais connu ça jusqu’à présent mais des colocataires peuvent ne pas s’entendre. Surtout dans une confrérie d’artiste où chacun à une personnalité bien marquée.
Je m’installe à mon ordinateur pour continuer mes recherches. Au bout d’un certain temps, je pense à me rendre sur ma boite mail. Histoire de dire…

C’est là que je le vois. Un mail de l’école… Je clique immédiatement sur le lien. Mes yeux parcourent les mots sans les comprendre. C’est une blague ? Je… Je relis une deuxième fois, puis une troisième et encore… Ils annoncent qu’ils souhaitent voir un duo pour au moins une épreuve. Si je comprends bien c’est pour l’épreuve de spécialisation, donc la danse pour moi. Un duo ! Ça n’a jamais été dit ça ! Et ça n’a aucun sens ! Pourquoi un duo ? Pourquoi un duo pour rentrer seul dans une école d’art de la scène ? C’est… Ce n’est pas possible. J’ai l’impression d’halluciner. Je dois avoir mal compris… Ou bien c’est une erreur. Il faut que j’appelle Mary !
Mary je l’ai rencontrée au piano bar où j’allais à une époque. Elle m’a interpellée pour m’avouer qu’elle était complètement fan de ma voix et c’est comme cela que nous avons fait connaissance. Elle m’a parlée de l’école et a même fini par m’inviter à l’un de leur spectacle trimestriel. Elle m’a fait découvrir l’école, m’y a inscrite de force. E crois qu’elle fait partie de ceux qui croient en moi plus que moi-même. Même si cela n’est pas trop difficile… Pour Mary, je m’arrangeais pour avoir un sourire scotchée au visage et une humeur impeccable. Même durant les pires périodes de cette année mouvementée en émotions. Mary était ma bouffée d’air pur hors de Wynwood. Elle était mon échappatoire. C’est un peu grâce à elle que je me suis lancée dans ce projet complètement fou d’école où danse, chant, théâtre etc… sont au programme toute l’année. J’espère ne pas la décevoir !

Alors que mes yeux sont rivés sur l’écran, mes mains tapotent les poches de mon jean à la recherche de mon portable. Sans succès. Je quitte l’ordinateur du regard pour fouiller mon bureau puis ma veste. Rien. J’attrape mon sac et entreprend une fouille rapide qui se transforme vite en fouille complète. Rien. Je recommence et enlève cahiers, maquillage, feuilles, porte-monnaie, je vide les poches intérieures et extérieures. Rien. Mais merde ! Qu’est-ce que j’en ai fait ?
D’un coup ça fait tilt. Il a dû tomber de mes mains lorsque je suis sortie du self et que tout mon sac m’a échappée des mains ! Il faut que je retourne au lycée et vite !

À peine dehors, je remarque qu’il fait déjà nuit. J’ai l’impression d’avoir été déconnectée du monde ce soir. La Terre m’envoie quelques indices pour m’aider à me situer. Merci petit lune déjà haut dans le ciel ! Je me mets à courir jusqu’au bâtiment et entre par la porte de service ouverte en permanence.
Mon portable est bien là où je l’avais imaginé. La batterie, la coque, le téléphone sont étalés au sol. Je suis vraiment douée ! Je le ramasse, l’allume et commencer à marcher nerveusement dans les couloirs. Cette histoire de duo m’a mise les nerfs à vifs. Je me sens sur le point d’exploser d’une minute à l’autre.
« Allô ? » « Salut c’est Hope ! Je te dérange ? » « Non, non t’inquiètes pas. Ça va pas ? » « Ben… En fait pas vraiment, je viens de voir qu’il fallait faire un duo pour le concours d’entrée. C’est une blague ? » « Non pas du tout…» « QUOI ? » Ma voix sort en un cri incontrôlable. Je suis à la fois en colère, stressée, énervée et affreusement paniquée. Mes mots se répercutent sur les murs des couloirs complètement vides de présence humaine.
Je commence à avancer un peu plus en espérant que personne ne me trouve. « Oui, ils ont rajouté ça cette année…»« Mais ça rime à quoi ? »« En fait, c’est pour montrer que tu es capable de travailler en collaboration avec d’autres personnes. » Dans un sens ça se tient. On ne peut rien faire entièrement seul dans le milieu du spectacle. « Mais il faut faire ça avec un autre candidat ? » « Non il ne vaut mieux pas, crois-en mon expérience. Puisqu’il faut que tu parviennes à briller, à montrer ta personnalité tout en ne te mettant pas trop en avant par rapport à ton coéquipier. Il faut que ton originalité soit au service du duo et qu’elle aider l’autre à briller également. Tu vois ce que je veux dire ? En gros tu dois faire un duo génial tout en étant génial toi-même et qu’on se souvienne de toi. Avec un autre candidat, il aura tendance à trop se montrer et inversement, vous serez en conflit perpétuellement et il n’y aura aucune magie qui se dégagera de votre création… En fait il faut une véritable osmose avec quelqu’un en qui tu as toute confiance…» Tout en l’écoutant parler j’aperçois au loin la porte menant au toit du bâtiment. Je me dirige vers elle et réponds : « Mais je ne pourrais jamais faire ça, bordel ! J’étais à peine prête pour mon solo ! Je ne peux pas tout recréer d’ici le concours ! J'ai envie de masacrer quelqu'un ! Je sais pas qui mais je vais exploser ! C'est pas possible de nous faire ça ! » Je monte les escaliers pour aller sur le toit, au moins je pourrais y parler sans risquer d’être interpellée par les gardiens du lycée.
« Pourquoi ils disent ça au dernier moment ces cons ? Ils ont envie de nous foutre dans la merde, c'est ça ?» « Pour vous surprendre, pour voir votre capacité d’adaptation. On n’était même pas au courant, ils nous ont fait le même coup pour nos évaluations trimestrielles et ils ont dit qu’ils feraient ça aux candidats… Genre ils étaient trop fiers d’eux. Stresse pas t’es douée tu vas y arriver ! »« Comment veux-tu que je garde mon calme ? Je ne connais personne pour m'aider, alors créer quelque chose avec un fantôme… Youpi ! C’est du gâteau ! Aargh ! Ça m’énerve ! Bah c’est sûr ça va leur faire un gros pré-tri ! Mais merde quoi… Ils ne peuvent pas donner une chance à tout le monde… Déjà que les critères étaient durs ! Je vais me faire humilier encore plus ! Ça me soule ! ...Désolée… Je… Je vais te laisser Mary. Je ne vais pas te déranger plus longtemps. En plus tout ce qu’il ne me reste à faire c’est me calmer… Bisous ! » Elle me dit quelques mots d’encouragement avant de raccrocher.

Un soupire m’échappe. Je ferme les yeux et respire en grand coup pour tenter de retrouver mon calme. Le silence m’envahit quand soudain… J’entends un raclement de gorge dans mon dos. Je pivote presque immédiatement et aperçois un jeune homme assis dans un coin. Prise de panique je commence à bégayer : « J… je.. Euhm… Désolée… J’pensais être… seule. Je… Je ferais mieux de partir… De toute façon ma soirée est bien assez pourrie… Je vais pas gâcher la tienne ! » Mes yeux se posent sur lui puis se rive vers le sol puis la lune. J’enfonce mon portable dans mon jean et y glisse mes mains par la même occasion. Je tente de lui offrir un dernier sourire gêné, qui doit ressembler plus à une grimace qu’à autre chose, puis me décide enfin à me diriger lentement vers la sortir.

Premier arrivé, premier servi ?