J'avais osé espérer qu'on ne se reverrait pas. [Hippie moisie ♥]

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 J'avais osé espérer qu'on ne se reverrait pas.

Si tout le monde était comme moi, je n'aurais pas besoin de détester les autres.[Georges Wolinski]

La tête de Neal sembla se décomposer sur place lorsqu'il la vit. Sa bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit avant un long moment. « Tu vas survivre ? » Demanda Maeko, en arquant un sourcil, plus pour combler le silence que par réel intérêt pour sa santé. « C’est une blague ? C’est une blague, c’est ça ? Elles sont où, les caméras cachées ? ». Un sourire se dessina sur le visage de Maeko alors que le hippie se penchait dans le couloir, apparemment à la recherche des fameuses caméras. Caméras qui n'existaient évidemment pas. La Nu Zêta resta un moment immobile, les bras croisés, face à son ancien-nouveau colocataire, le laissant prendre conscience de la situation. Pour l'heure, il semblait s'être rendu compte de la présence d'Akiko. Elle pouvait presque entendre ses pensées d'ici tant s'était évident qu'il n'allait pas apprécier cette situation. « Ah la vache. Putain. Tu pars, et tu reviens avec un gosse. T’en as d’autres des surprises ? ». Elle haussa les épaules, souriant toujours. « Quoi ? T'es en train d'insinuer que tu aurais préféré que je ne parte pas ? » Répondit-elle avec un air innocent clairement là pour se moquer du garçon.

« Coucou toi ! Tu t’appelles comment ? ». Akiko se cacha un peu plus derrière les jambes de sa mère, cherchant de l'aide auprès d'elle. Puis, au bout de quelques secondes, comme Maeko ne disait rien, il s'avança un peu vers Neal et prononça distinctement. « Watashinonamaeha Akikodesu. » En japonais. Un nouveau sourire étira le visage de la chinoise, ce gamin était vraiment plein de bonnes surprises, finalement. Ses yeux vinrent rencontrer ceux de son colocataire. « Il a dit qu'il s'appelle Akiko. » « J’espère pour lui qu’il a le caractère de son père. Parce que si il ressemble à sa mère, il risque de pas s’en sortir dans la vie. Pauvre gosse. Ah la vache. Tu reviens avec un enfant. J’ai l’impression d’être dans un cauchemar. » « Tu m'en vois ravie ! » Il se releva et ouvrit en grand la porte pour les laisser entrer. Maeko entra donc en emportant ses deux bagages, toujours suivie par son fils.

Elle observa un instant cette chambre qu'elle avait quitté précipitamment des mois auparavant, dévastée par la fausse mort de Sojiro. Rien n'avait changé ici, les lits et les meubles étaient toujours disposés exactement de la même façon, il ne semblait pas avoir de nouvelles affiches aux murs, Neal avait gardé le même côté de la chambre qu'autrefois... Seule une chose marqua la chinoise : tout était rangé. Durant tout le temps qu'elle avait passé à Wynwood, jamais elle n'avait vu cette chambre si propre. Elle avait bien essayé de la ranger parfois, mais chaque fois son adorable colocataire avait remis le bazar si vite qu'elle avait fini par abandonner. Elle se tourna vers lui, prête à lui faire part de cette constatation, mais il la devança. « Si j’avais su que tu revenais, j’aurai brûlé le lit ». Surprise, elle se retourna vers le lit en question pour vérifier qu'il était en bon état. C'est en voyant qu'il l'était effectivement qu'elle eut un petit rire. Elle s'approcha du garçon, déposa sa main sur son épaule et se hissa sur la pointe de ses pieds pour parler dans son oreille. « Tu aurais dû le faire, je serais venue dormir avec toi, j'en rêve depuis si longtemps. » Susurra-t-elle, en faisant elle-même une grimace à cette idée. Elle eut une pensée pour Sojiro, en remerciant le ciel qu'il n'ait aucune façon de ne jamais savoir ce qu'elle venait de dire. Au moins, ça aurait peut-être l'avantage de convaincre son frère de confrérie de ne jamais, ô grand jamais toucher à son matelas.

Elle retourna près de son lit et y installa son fils avec quelques jouets qu'elle avait préalablement sorti de son sac. « Alors, comme ça, t'ai devenu femme de ménage, enfin... Hippie-de-ménage pendant mon absence ? Bravo, c'est propre, je pensais pas que je te manquerai au point de te donner goût aux tâches ménagères... Tu fais la lessive aussi ? Parce que ça peut m'intéresser ! » Elle ouvrit sa première valise et y attrapa une pile de vêtements qu'elle s'empressa d'aller ranger dans l'armoire... Armoire devant laquelle elle resta un moment figée avant de jeter un œil dans la pièce, pour finalement revenir au hippie. « Dis-moi, quand je suis partie, j'avais laissé des affaires à moi ici... Où elles sont ? » Questionna-t-elle, un peu inquiète. « Du moins... Qu'est-ce que t'en as fait surtout ? » Rectifia-t-elle, avant de lancer un nouveau regard à l'armoire. Sachant les rapports qu'elle entretenait avec le garçon, était-ce une bonne idée de laisser de nouveaux effets personnel là, seuls avec lui, jusqu'à ce qu'elle s'installe pour de bon ?

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Maeko & Neal

Pour Neal, c’était un dimanche comme les autres. Un dimanche à dormir toute la journée, regarder des films et faire de la guitare. Depuis le départ de Jude, il était seul dans sa chambre. Et même si ça ne le dérangeait pas de passer ses nuits en solitaire, il avait été plus qu’heureux d’apprendre qu’un nouveau colocataire lui serait attribué. Il s’imaginait déjà devenir ami avec le nouveau venu, passer ses soirées à parler et rigoler avec lui. Parce que non, il ne doutait pas du sexe de son futur colocataire. Pour lui, c’était forcément un garçon. L’administration faisait généralement attention à ne pas mélanger filles et garçons dans les chambres, alors il était quasiment certain d’hériter d’un adolescent. Pour l’accueillir, il avait fait beaucoup d’efforts. La chambre était rangée, elle sentait bon, le lit inoccupé était fait et les étagères et placards vidés. Tout était prêt pour accueillir le colocataire. Neal s’assit sur son lit et s’empara d’un livre, qu’il entreprit de lire en attendant l’arrivée du nouveau.

Quand, en début d’après-midi, quelqu’un frappa à la porte de la chambre, Neal fit un énorme bond. Il s’était endormi en lisant son livre, un léger filet de bave coulait le long de sa joue. Il s’essuya rapidement contre son oreiller et se leva, légèrement dans le pâté. Il s’efforça de paraître réveillé, remis ses vêtements en place et se dirigea vers la porte, impatient de découvrir la personne qui se trouvait derrière. Il avait imaginé tous les scénarios possibles : un hippie, un connard, un musicien, un matheux… Il avait tout imaginé, mais pas le cauchemar qui l’attendait. Dans le couloir, Maeko le fixait, aussi désagréablement surprise que lui. Neal soupira. Quand sa démoniaque coloc’ était partie, il avait pensé ne plus jamais la revoir. Et, sincèrement, c’était une idée qui l’enchantait au plus haut point. Ne plus jamais voir sa face de citron, c’était un rêve devenu réalité. Mais apparemment, les bonnes choses ne durent jamais, puisqu’elle était de retour. « Neal ! C'est pas vrai, j'espérais que tu te serais fait bouffer par Batman depuis le temps. ». Neal ouvrit la bouche, mais ne put rien dire. Il devait avoir l’air d’un poisson sorti de l’eau, mais il n’en avait rien à faire. Le Diable se tenait devant lui, c’était tout ce qu’il comprenait. « C’est une blague ? » fut tout ce qu’il put dire, après de longues secondes d’hésitation. « C’est une blague, c’est ça ? Elles sont où, les caméras cachées ? ».

Neal se pencha dans le couloir, dans l’espoir d’apercevoir une équipe de caméramans morts de rire. Il rêvait de voir les autres habitants de la maison, fiers de leur blague. Mais il n’y avait rien de tout ça. Il n’y avait que Maeko et Oh mon Dieu !, un enfant. Neal ne l’avait pas vu, trop obsédé par le retour de Maeko et ce que cela impliquait. « Bon bah... Surprise, je suis de retour ! Et si je suis devant toi, c'est parce qu'on m'a attribué cette chambre, encore. Je n'ai pas réglé tous les truc administratifs, mais en attendant, comme j'ai un enfant, on m'a autorisée à venir déposer mes affaires. ».. Neal arrêta un instant de respirer. L’enfant allait rester dans la chambre ? Il allait pleurer la nuit, faire caca partout, baver sur les lits ? Non, non ce n’était pas possible. « Ah la vache. Putain. Tu pars, et tu reviens avec un gosse. T’en as d’autres des surprises ? ».

Derrière les jambes de sa… mère ?, le petit regardait Neal en souriant. Le hippie lui rendit son sourire, après tout, le pauvre gosse n’y était pour rien si sa mère était Lucifer en personne. Il s’agenouilla devant lui, lui sourit et lui ébouriffa les cheveux. « Coucou toi ! Tu t’appelles comment ? ». Toujours à genoux sur le sol, il leva les yeux vers Maeko. « J’espère pour lui qu’il a le caractère de son père. Parce que si il ressemble à sa mère, il risque de pas s’en sortir dans la vie. Pauvre gosse. Ah la vache. Tu reviens avec un enfant. J’ai l’impression d’être dans un cauchemar. » Neal se redressa, ouvrit la porte en grand pour leur permettre de rentrer dans la chambre. Il se tourna vers Maeko, et, le désespoir se lisant sur son visage, il lui souhaita la bienvenue. « Si j’avais su que tu revenais, j’aurai brûlé le lit ». Pas de répit pour la chinoise. La guerre était déclarée.

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Si tout le monde était comme moi, je n'aurais pas besoin de détester les autres.[Georges Wolinski]

Après son arrivée à Miami, Maeko avait cherché toutes sortes de prétextes pour repousser le moment où elle réintégrerait Wynwood. Ce n'était plus à cause du fantôme de Sojiro, puisque pour sa plus grande joie, elle savait à présent qu'il n'était pas réellement mort et si elle lui en voulait, elle ne pouvait pas nier que sa vie semblait relativement plus heureuse depuis. Ainsi, ce n'était pas le japonais dont elle était amoureuse qui l'empêchait de retourner en cours, mais plutôt la peur de ne pas retrouver les gens avec qui elle avait été proche. Elle savait déjà que Marissa, sa meilleure amie de l'époque, était partie. Mais qu'en était-il de ceux qui avait jadis formé, avec Ginger, Sojiro et elle, les players ? Et qu'étaient devenu tous les anciens membres des Nu Zêta qu'elle avait pu connaitre grâce à la politique de « la confrérie la plus soudée » appliquée par Marissa ?

Toutes ces questions l'avaient empêchée d'aller en cours, une semaine durant, puis, elle avait enfin pris son courage à deux mains et un lundi, elle s'était levée pour aller au lycée. Elle avait ainsi découvert sa nouvelle classe, pleine d'inconnus. Elle avait appris que quasiment tous ceux qu'elle avait connu, l'année précédente n'étaient plus là et finalement, elle s'était faite à l'idée que, soit elle se trouverait de nouveaux amis, soit elle resterait seule, du moins pendant les cours. Elle passa donc le reste du mois à suivre les cours en retrait, persuadée qu'elle n'avait besoin de personne. Mais elle trouva rapidement les cours ennuyeux. Le fait était qu'au Japon, elle avait toujours eu au moins Wang, le père de son fils, pour lui tenir compagnie, alors que là, elle se retrouvait vraiment seule. Et encore, la solitude des cours passait encore, puisqu'il y avait le professeur à écouter, mais très vite, elle ne supporta plus de passer la plupart de ses soirées à s'occuper d'Akiko dans la grande villa vide de ses parents. Si bien que vers la fin du mois d'avril, elle demanda à ce qu'on lui attribue une chambre.

Il y avait toujours un délai d'attente pour se voir affecter à une chambre, Maeko était bien placée pour le savoir, puisque c'était la seconde fois qu'elle passait par là. Cependant, vu qu'elle avait un enfant, l'administration lui donna le numéro de la chambre qu'elle aurait à l'avance et l'autorisa à aller y déposer le lit d'Akiko et certaines de ses affaires. Le dimanche en début d'après midi, elle montait donc les escaliers, précédée par son fils, avec deux gros bagages dans les mains. Bientôt, elle se retrouva devant la porte de ce qui deviendrait bientôt sa chambre. On ne lui avait pas dit qui serait son ou sa colocataire, mais elle était disposée à essayer d'être sympa avec celui-ci pour ne pas se retrouver dans la même situation qu'avec Neal, plusieurs mois plus tôt. Elle frappa à la porte, déposa ses sacs et attendit qu'on vienne lui ouvrir en replaçant correctement les cheveux du petit asiatique. Sauf que, lorsque la porte s'ouvrit, elle eut une mauvaise surprise. Son nouveau colocataire n'allait malheureusement pas être si nouveau que cela, en effet, la seule personne dont elle avait "oublié" de demander des nouvelles au sein de cette confrérie se tenait devant elle. « Neal ! C'est pas vrai, j'espérais que tu te serais fait bouffer par Batman depuis le temps. » lança-t-elle, oubliant instantanément sa bonne résolution.

Elle croisa les bras et le regarda de haut en bas avant de soupirer. « Bon bah... Surprise, je suis de retour ! Et si je suis devant toi, c'est parce qu'on m'a attribué cette chambre, encore. Je n'ai pas réglé tous les truc administratifs, mais en attendant, comme j'ai un enfant, on m'a autorisée à venir déposer mes affaires. » Fit-elle, d'une voix blanche, en le fixant dans les yeux. Elle attendait qu'il réponde quelque chose et qu'il se pousse pour la laisser entrer, alors que, pendant ce temps, le petit garçon caché derrière ses jambes faisait des signes de la main à Neal, en souriant de toutes ses dents.

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