J'ai besoin d'un peu de réconfort [Ethan]

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Shin était toujours immobile, occupée à réfléchir et à tenter de relativiser. Elle avait beau être à l’ombre, elle sentait le vent chaud contre son visage, et avec le temps qu’elle avait passé ici, elle commençait à somnoler doucement. Cependant, son inquiétude ne quitta pas son visage. Elle ne savait absolument pas comment faire. Elle était partie si précipitamment qu’elle n’avait que la moitié des affaires qu’elle emportait avec elle ordinairement. En effet, elle s’était contentée de fourrer son calepin dans son sac en bandoulière. Celui-ci contenait déjà son carnet ainsi que quelques cours qu’elle n’avait pas retirés lors de sa dernière séance de travail.
Les vacances arrivaient à grand pas, et elle ne savait toujours pas ce qu’elle allait faire. Elle avait passé les dernières à réviser et à ne rien faire de particulier. A se reposer. A voir ceux qu’elle appréciait à Wynwood. Et surtout, à construire sa relation avec Ethan. Mais elle devait avouer que plus ça allait, plus elle se sentait étouffée ici. Les rumeurs sur elle allaient bon train. Surtout que lors de la dernière attaque de la Voice, celle-ci s’était aussi attaqué à son petit-ami. Ce jour-là, elle avait hésité entre la colère et le rire. Mais maintenant, elle avait besoin de prendre l’air. Ça faisait plus de trois mois qu’elle était là et qu’elle ne s’était pas éloignée de Wynwood.

Combien de temps resta-t-elle ainsi, le visage troublé ? Elle ne savait pas. Sa tranquillité fut brisée par une main qui se posa sur son épaule. Elle ne s’y attendait pas. Elle pensait être seule et assez à l’écart pour qu’on ne vienne pas la déranger. Et bah non. En un millième de seconde, cette image d’Adam en colère se réimposa dans son esprit. Il revenait lui poser des questions, ou l’effrayer encore. Elle prit peur, une nouvelle fois. C’était stupide. C’était irrationnel. Il y avait d’autres personnes que lui dans l’établissement ! Et pourtant, c’était incontrôlable.
La suite se déroula avec confusion pour elle. Elle sursauta et eut un violent mouvement de recul. Elle se retrouva bloquée par l’arbre contre lequel elle s’était adossée. Prise de panique, Shin se tourna un peu sur le côté pour se lever, renversant son calepin au passage. Les dessins glissèrent, s’éparpillant légèrement au sol. Pendant ce temps, elle s’était encore un peu reculée, les yeux fermés pour maîtriser ses larmes. Elle posta ses avant-bras devant son visage pour se protéger. La jeune fille tenta d’articuler quelque chose, mais elle n’y parvint pas vraiment.

- … fais … mal … !

Encore un mouvement de sa part et elle se retrouva à genoux sur la pelouse, les bras levés, les yeux clos. Si quelqu’un passait par là, il pouvait très bien se demander ce qu’elle faisait là, comme une idiote. En même temps, quelle méthode d’auto-défense ! Elle était maintenant face à son « agresseur », par terre. S’il avait voulu lui faire du mal, ce qu’elle craignait, elle lui en laissait complètement l’occasion. Shin avait fait tout ça en l’espace de quelques secondes. Son cœur battait trop fort, trop vite. Elle n’entendait plus que ça. Et pourtant, rien ne vint. Elle attendait l’impact. Mais toujours rien. Aucun contact, aucune parole. Rien.

La petite Coréenne resta ainsi encore quelques secondes. Avait-elle rêvé de cette main sur son épaule ? Elle osa ouvrir un œil, puis un second. Il lui fallut encore une poignée de seconde pour distinguer la silhouette de l’homme qui l’avait rejointe. Il s’était reculé, au même titre qu’elle. Si bien que deux bons mètres les séparaient maintenant. Enfin, lui n’avait quand même pas fait le même bond qu’elle, sachant que Shin avait réagi à l’extrême.
La jeune fille papillonna des yeux. Et enfin, elle le reconnut. C’était celui qu’elle avait le plus besoin de voir, mais en même temps, celui qu’elle avait le moins envie de voir en cet instant. Tout simplement parce qu’elle n’était pas dans un état normal, le spectre d’Adam flottant encore au-dessus d’elle. Elle regrettait déjà sa réaction, même si elle n’y était pour rien. La jolie châtain le fixa encore, sans rien dire. Il semblait perplexe. Surpris par ce qu’elle venait de faire. Enfin, elle ouvrit la bouche, tout en plongeant ses yeux dans son regard qu’elle appréciait tant.

- Eth … Ethan ?

Lentement, elle se redressa. Elle avisa ses feuilles dispersées du coin de l’oeil. Automatiquement, elle se mit à rougir, et sourit pour cacher sa gêne. Elle soutint un peu son regard, mais pas plus de quelques secondes. Elle s’en voulait déjà de l’avoir repoussé comme ça. La jeune fille ramassa ses feuilles tout en tentant de s’excuser.

- Désolée … Je … je ne t’avais pas reconnu. J’ai eu peur …

Une fois ses dessins rassemblés, Shin les plaça dans son calepin qu’elle remit dans son sac. Elle avait été rapide, parce qu’il y avait là des choses qu’elle ne voulait pas montrer, même au Khi avec lequel elle sortait. Une fois complètement droit, elle le regarda, s’affairant à remettre son sac droit. Ses mains tremblaient, son cœur battait toujours trop vite. Elle se sentait vraiment nulle. D’abord, parce qu’elle n’avait pas voulu s’éloigner de lui comme ça. Et puis, parce que même si ça avait été une autre personne, elle n’aurait pas dû réagir avec autant de violence. Elle resta interdite, là, sur la pelouse, encore à deux mètres d’Ethan.

- Je suis contente de te voir …

Elle lui sourit un peu plus franchement, refoulant ses pensées de peur. Puis, elle s’approcha enfin de lui. Elle se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser tout doucement, tout en évitant un trop grand contact avec le reste de son corps. Elle n’était pas sûre de parvenir à masquer son tremblement, et elle ne voulait pas risquer de l’inquiéter pour rien. Mais elle voulait tout de même lui dire bonjour comme il se devait, parce qu’elle était heureuse de le voir. Il lui avait manqué. Avec lui, Shin découvrait tous ces petits bonheurs auxquels elle n’avait jamais eu droit jusqu’à présent.

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Il faisait plutôt beau en ce dimanche après-midi de printemps. Un temps à être dehors et à profiter des rayons du soleil. Voir même un temps à aller flâner sur la plage. Ethan avait pourtant opté pour un après-midi travail et lecture. Il avait passé une partie de sa matinée à travailler pour les cours de la semaine à venir. Il s’était arrêté aux alentours de 12h pour déjeuner rapidement avant de s’avancer pour la semaine suivante puis il avait laissé tomber ses livres de cours pour se plonger dans ceux de philo, mais cette fois-ci pour son plaisir. Arrivé à la dernière page de son livre qu’il avait déjà bien entamé dans la semaine qui s’était écoulée, il avait dû se résoudre à enfiler ses chaussures et à aller faire un tour à la bibliothèque : tous les livres présents dans sa chambre, il les avait déjà lu deux fois, trois même, pour certains.

Le jeune homme soupira, ferma son livre et se leva de son lit dans lequel il était, jusque-là, confortablement installé. Il enfila une paire de tennis et attrapa son téléphone qu’il glissa dans la poche de son jean. Apercevant son image dans le miroir de la salle de bain, à travers l’encadrement de la porte restée ouverte, il aperçut sa chaîne en argent posée sur son polo. Il l’effleura du bout des doigts, songeur, avant de la faire disparaitre sous son polo bleu clair. Un brin maniaque dans l’âme, il s’assura que chaque chose était à sa place avant de quitter sa chambre : l’administration l’avait prévenu de l’arrivée d’un colocataire dans l’après-midi et il souhaitait l’accueillir dans une chambre rangée. Il espérait que la cohabitation se passerait bien. Jusqu’ici il n’avait jamais partagé sa chambre et étant très exigeant aussi bien envers lui-même qu’envers les autres, il craignait quelques accrochages.

Du moment qu’il n’est pas bordélique, ça devrait allé.

Il quitta le bâtiment des Khi, direction la bibliothèque. Il lui fallut moins d’une dizaine de minutes, une fois dans le bâtiment, pour aller jusqu’au rayon philosophie, choisir un des rares livres qu’il n’avait pas encore lu ou déjà relu, le faire enregistrer à l’accueil et quitter les lieux.

Sur le chemin du retour, son livre emprunté à la main, il hésita à faire un petit détour par le bâtiment des Alpha. Entre ses devoirs et ceux de Shin, les deux adolescents ne s’étaient pas vus du week-end. Le garçon se dirigea donc vers la maison de la confrérie de sa petite coréenne. Mais avant d’atteindre le bâtiment, il l’aperçut, adossée contre un arbre, près d’un petit plan d’eau.

Un sourire se dessina sur les lèvres du garçon. Aux vues de ce que la jolie demoiselle avait avec elle, elle profitait de ce bel après-midi pour dessiner. Ethan quitta le chemin et marcha dans l’herbe jusqu’à la jeune fille. Assise à même le sol, sous l’ombre du grand arbre, son visage aux yeux clos affichait une expression qu’Ethan ne lui connaissait pas, mais dont il savait déjà qu’il n’allait pas apprécier. Il s’approcha doucement d’elle, un peu par derrière et se pencha vers elle quand il fut à sa hauteur. Posant une main sur son épaule, il s’apprêta à saluer gentiment la jeune fille, mais fut surpris par la réaction inattendue de cette dernière, ce qui le fit reculer d’un pas, rompant le contact qu’il avait établi.

Spoiler:

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C’était le début de l’après-midi, et Shin en avait profité pour sortir prendre l’air. Totalement bouleversée par ce qu’elle avait vécu le matin même, elle marchait sans vraiment faire attention à la direction qu’elle prenait. La jeune fille avait acheté un petit quelque chose à manger, et elle avait déjà fini son repas. Que lui était-il arrivé ? Elle se posait encore la question.
En effet, le jour même, tôt dans la matinée, elle avait profité du calme de sa confrérie pour aller dessiner le piano d’une des salles de musique. Elle s’était levée tôt, et elle était restée un moment dans le silence. Et puis, un garçon était entré, avait fait des trucs bizarres et s’était mis à jouer. Sans vérifier si quelqu’un d’autre que lui était présent dans la salle. De là, elle l’avait observé durant quelques minutes et avait décidé de s’en aller. C’était, bien sûr, sans compter sur sa discrétion hors du commun. Elle avait fait tomber son crayon, ce qui avait été suffisant pour le déranger. Il s’était levé, l’avait à peu près attrapée par les poignets, secouée dans tous les sens et questionnée. Evidemment, Shin avait pris peur. Elle avait peur des gens, et malgré ses dernières bonnes résolutions, et n’avait pu s’empêcher, une fois encore, d’avoir peur de lui. Au final, elle avait pleuré, lui avait demandé de la lâché. Ce qu’il avait fait. Et elle avait encore pleuré un peu, sous le choc. Elle vivait ça comme une agression, et elle se sentait vraiment mal depuis qu’elle était sortie de cette salle. Parce que bien sûr, elle n’avait pas pu récupérer ses affaires pour s’en aller sans demander son reste. Non. Ç’aurait été trop simple. Ce fameux Adam les avait ramassées avant qu’elle ne puisse le faire d’elle-même. Il s’était excusé. Et à partir de là, elle ne savait pas trop ce qu’il s’était passé. Il semblait désolé de lui avoir fait peur et d’avoir réagi aussi violemment à sa présence.

Alors maintenant, elle marchait. Elle dérivait au grès du vent, pensant et repensant à sa matinée. Elle avait pris la fuite juste après avoir récupéré ses affaires, repassant rapidement dans sa chambre. Ki n’était pas là, et pour une fois, elle pensait que c’était mieux. Elle ne voulait pas qu’il la voit encore troublée à cause de cet Alpha qu’elle ne connaissait pas. Elle, elle voulait un peu de tranquillité et de calme pour pouvoir se calmer. Elle en avait besoin pour pouvoir prendre du recul et relativiser. Elle savait qu’elle avait eu une réaction démesurée. Elle n’aurait pas dû réagir comme ça, normalement. Et pourtant, sur le moment, impossible pour elle de se résonner. Elle avait eu peur. Elle avait toujours un peu peur. Si après il s’était montré gentil avec elle, il avait quand même eu une réaction des plus étranges. Elle craignait que ça n’arrive de nouveau.

La jeune fille atterrit sur le parc sans en avoir eu l’intention. Elle reconnut l’endroit, pour y être passée plusieurs fois au cours de ses promenades à la recherche de coins tranquilles pour travailler ou rêvasser. La jeune fille ramena une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle les laissait pousser volontairement, et ils retombaient déjà sur ses épaules. Elle avait la chance de les voir s’allonger plutôt rapidement. Elle posa ensuite sa main sur sa sacoche. Sacoche qu’elle traînait partout avec elle quand elle sortait. Elle y avait glissé son calepin, récupéré un peu plus tôt des mains d’Adam. Elle allait en profiter pour faire un tri, et pour décider de ce qu’elle allait se permettre d’afficher dans sa chambre. Avec l’accord de Ki, et, bien entendu, dans son coin personnel. Et pourquoi pas s’occuper l’esprit avec un petit croquis ? De toute façon, elle ne faisait que ça, dessiner. Quand elle ne bossait pas ses cours. Enfin, quand elle était seule quoi.

Le cadre était joli. Le vent chaud s’engouffrait légèrement dans son T-Shirt. Elle avait laissé sa veste dans sa chambre, et elle ne le regrettait pas, il faisait très bon. Elle avisa un arbre, et elle se dirigea vers lui. Pas loin, il y avait un parterre de fleurs et un petit point d’eau. L’endroit respirait la tranquillité. Il n’y avait personne à proximité. Les gens profitaient certainement de leur dimanche pour faire autre chose. Elle s’installa contre le tronc, déposant sa sacoche à côté d’elle. Elle attendit quelques secondes pour l’ouvrir et en sortir son calepin. Elle commença alors à trier tous ses dessins, à commencer par ceux qui étaient achevés et ceux qui ne l’étaient pas.
Et puis, elle se rendit compte que quelque chose clochait. Elle était sûre que … Oui, c’était ça ! Il lui en manquait un ! Elle avait perdu l’un des dessins qu’elle avait fait un peu plus tôt dans la semaine. Il représentait simplement la mer au clair de lune. Simple, mais quand elle l’avait commencé, c’était l’image qui lui trottait dans la tête. Elle s’en souvenait bien. L’eau, le bruit des vagues … La plage déserte, et cette pleine lune qui inondait les lieux de ses rayons chaleureux. Elle aimait la tranquillité de la nuit. Elle chercha et chercha encore cette feuille. Mais elle ne la trouvait pas. Pouvait-elle l’avoir perdue ? Une image s’imposa dans son esprit : celle de son calepin grand ouvert, les feuilles en dépassant, aux pieds d’Adam. Elle avait pu se glisser plus loin. Alors, il était resté là-bas, son dessin ? Il fallait qu’elle y retourne ! Mais elle avait bien trop peur qu’il y soit encore.

Shin resta là, adossée à l’arbre, sans oser bouger. Et s’il le trouvait ? Certes, il ne représentait pas ce qu’elle voulait cacher. Mais quand même. C’était personnel, c’était sa vie privée. Elle pria pour ne pas l’avoir laissé là-bas. Mais elle ne voyait que cette explication. Finalement, la jeune fille ferma les yeux et s’appliqua à respirer calmement.