Parfois, certains évènements nous rapprochent (pv Arwy)

Parfois, certains évènements nous rapprochent
Matt & Arwen

A la manière d’un fantôme, il la regarda comme si elle n’était pas là. Les yeux vides, les gestes ralentis, tel un robot qui a un problème de mécanique. Oui, ça sautait vraiment aux yeux, il n’était pas bien. Même quelqu’un qui ne le connaissait pas, qui ne savait rien de sa vie et des événements se produisant à ce moment-là l’aurait deviné. Pâle comme la mort, il semblait n’être qu’une coquille. Sans âme. Arwen se doutait de l’endroit où se trouvait l’esprit de Matthew. Quelque part, dans un hôpital, à veiller sur Grace. Elle sentit un nœud dans son ventre. Même si elle n’appréciait pas le jeune homme plus que ça, elle n’aimait pas le voir comme ça. Parce que personne n’avait le droit de souffrir, personne ne le méritait.

- Disons que j'arrive toujours pas trop à réaliser et en même temps je suis toujours sur mes gardes. Je ne quitte pas mon téléphone et quand je dois attendre les heures de visites, comme là par exemple, j'arrive à rien à part attendre.

Oui, vivre dans la peur d’avoir de mauvaises nouvelles, mais aussi de ne pas en avoir, ça épuisait. Elle ne connaissait pas ça, elle ne l’avait jamais vécu jusque-là. Même si elle aussi se souciait de la santé de son amie, elle n’était pas autant sur les nerfs que le Sigma Mu. Elle ne pouvait pas se mettre à sa place, savoir ce qu’il ressentait. Juste tenter d’imaginer, tout en sachant bien que ce n’était pas possible.
Il continua de parler. Sur son avis à elle sur la relation des deux adolescents, sur son tempérament de dragueur, et surtout sur ses sentiments pour la jolie Lambda. Alors comme ça, Matthew Gage avait un cœur ? Pire, il semblait que celui-ci appartenait totalement à Grace. C’était nouveau pour lui et ça, Arwen voulait bien le croire. Ce qui l’étonnait, c’était qu’elle le sentait extrêmement sincère et touché par cette histoire. Il ne supportait pas de savoir sa copine dans un mauvais état, coincé entre quatre murs blancs et oppressants.
Il lui raconta ensuite comment il avait appris la nouvelle. Par son colocataire. Ça aurait été tellement mieux si ça avait été une blague ! Elle aussi avait eu du mal à y croire, quand elle avait entendu l’annonce en classe. Mais quand elle avait vu la chaise vide, les regards désolés de tout le monde, elle avait dû se rendre à l’évidence. Tout comme Matthew l’avait fait en voyant qu’Aiden était sérieux. Le jeune homme s’inquiétait visiblement beaucoup. Voire même trop. Il se mettait lui-même la pression, le peu de calme qu’il pourrait pu avoir dans sa vie à ce moment-là. La jeune Anglaise voulait le rassurer un peu, même si elle ne savait pas trop comment s’y prendre.

- Tu sais, Grace est forte. La preuve, elle est encore parmi nous. Elle tient beaucoup à toi, j’ai remarqué. Si elle sait que tu seras là pour elle, elle fera tout pour rester avec toi. Ne la sous-estime pas, c’est une battante.

Parfois, l’amour pouvait donner de l’énergie insoupçonnée. Si son amie était vraiment amoureuse de Matthew, alors elle allait se battre pour ne pas le quitter. Arwen disait ça aussi un peu pour se rassurer elle-même. Elle voulait croire en ses paroles, elle en avait besoin. Même si cet accident la touchait moins que le garçon en face d’elle, elle était très affectée. Le jeune homme se leva pour aller devant la baie vitrée. Il continuait de la fixer, mais de loin.

- Au fait, je t'ai pas demandé si tu voulais boire un truc...

Il voulait changer de conversation ? Il était mal à l’aise de parler de ça ? Il était déjà assez triste, pas besoin d’en rajouter une couche. Arwen lui sourit gentiment, avant de lui répondre :

- Ne t’en fais pas pour ça. Tu as bien d’autres choses à penser que de m’offrir un verre. Je vais me servir toute seule.

Elle ne voulait pas le déranger pour rien et en plus, elle avait quelques repères dans ce grand appartement. Elle était un peu comme chez elle, vu tout le temps qu’elle passait avec Carter. Elle se leva, ouvrit l’un des placards pour un prendre un verre et le remplit au robinet, le tout quand même un peu timidement sous le regard du meilleur ami de son copain. Elle retourna s’asseoir et soupira. La vie était parfois injuste. Elle ne put s’empêcher de faire une remarque, mais ça n’avait rien de méchant.

- Je ne pensais pas que tu l’aimais autant …

C’était une bonne chose, dans un sens. Il risquait moins de lui faire du mal, en brisant tout du jour au lendemain. Peut-être qu’un jour, elle finirait par accepter et par l’apprécier, qui sait ? S’il n’avait plus son caractère de coureur de jupons et qu’il rendait Grace heureuse, Arwen n’avait plus de raison de ne pas l’aimer. Et puis, il fallait avouer qu’il était correct, de ce qu’elle avait pu en voir. Elle était restée sur sa première impression du bal de la Saint-Valentin, alors qu’elle avait su passer au-dessus pour Carter. Ne pouvait-elle pas faire un effort pour lui aussi ?

made by pandora.

En ouvrant la porte de l'appartement de Carter, je vis Arwen qui était précisément sa copine. Arwen et moi n'étions pas les meilleurs amis du monde. On se supportait, en fait. On le faisait pour Carter, sans doute, même si Arwen n'était pas une fille méchante. Je ne passais pas non plus mon temps à pester sur elle ou encore à pousser Carter à voir ailleurs. S'il était heureux avec elle, j'étais content pour lui. C'était ça, être un ami non ? Et Carter était presque un frère à mes yeux, depuis un moment déjà. Je laissais entrer la jeune femme et fermais la porte derrière elle. Je retournais m'asseoir sur le divan et la lambda en fit de même. Mon regard était vide et fatigué. Je ne dormais presque plus et j'arrivais à peine à me remettre de cet accident. J'avais l'impression que, si je m'endormais, je pouvais manquer un appel de l’hôpital. C'était pas simple, je devenais presque Parano. Parfois, il m'arrivait même à dormir à l’hôpital, dans un de leur fauteuil super désagréables, mais au moins, j'étais à ses côtés.

Arwen me fit la remarque concernant l'image que je renvoyais. Je posais mes yeux sur elle une fraction de seconde et réalisais doucement ce qu'elle venait de me dire. En fait, j'avais presque 2 de tensions, il me fallait un moment pour comprendre ce qu'on me disait. La fatigue, sans doute. J'essayais de me secouer un peu, de me donner de l'énergie, ne fusse que pour paraitre présent et combler les blancs en attendant l'arrivée du Pi Sigma.

Disons que j'arrive toujours pas trop à réaliser et en même temps je suis toujours sur mes gardes. Je ne quitte pas mon téléphone et quand je dois attendre les heures de visites, comme là par exemple, j'arrive à rien à part attendre.

Je pensais au fait que j'étais en train de parler de Grace à Arwen. Je savais qu'elle me prenait encore pour un coureur de jupons et peut-être même qu'elle pensait que je me foutais totalement de son amie, mais c'était faux. Au contraire. Le jour de son réveil, j'avais annoncé à Grace tout ce que je ressentais pour elle. Elle était la première à qui j'avais déjà avouer ça et surtout, pour qui j'avais déjà ressentis ça. Je lui avais même juré que je ferais tout pour faire en sorte que personne ne se mette entre nous. En fait, cette fille me rendait fou. D'un ton calme et désespéré, je reprenais :

Je sais que tu ne m'approuves pas vraiment. Que pour toi je suis juste un mec qui va voir à droite à gauche, mais pour ça, j'ai suivis la même voie que Carter. J'étais ce genre de mec, mais pas depuis le bal de saint-Valentin. Depuis cette soirée-là, la seule femme que j'ai vue c'est Grace et à l'heure actuelle c'est la seule pour qui je ressens une montagne de sensation, de sentiments que je ne connaissais pas avant. Elle est la première fille pour qui j'éprouve ce genre de choses, ça fait un peu peur, mais moins que de la savoir sur un lit d'hôpital.

Pendant mon explication, je repensais à cette journée où tout le monde me regardait comme une bête curieuse. Cette journée où Aiden m'avait annoncé ce qu'il s'était passé avec Grace. Depuis ce jour-là, j'avais l'impression que le temps n'avançait pas et que j'étais dans un cauchemar. Qu'Aiden était le seul visage que j'avais vu, étant encore bien éveillé.

Quand Aiden, mon coloc chez les Sigma Mu, m'a appris la nouvelle, j'ai cru qu'il se foutait de moi au début, sauf qu'il ne plaisante pas avec ce genre de chose et son visage ne montrait pas celui d'un homme qui rigole. Depuis c'est un vrai calvaire. Même quand le portable de Carter sonne, j'ai l'impression que c'est le mien pour m'annoncer qu'elle est retombée dans le coma, ou autre chose...

Je regardais la jeune femme et me levais pour me diriger vers la grande vitre qui donnait sur la ville de Miami. Restant là, croisant les bras. Je me retournais vers Arwen me mordant la lèvre inférieur par inquiétude avant de reprendre.

Au fait, je t'ai pas demandé si tu voulais boire un truc...

Parfois, certains évènements nous rapprochent
Matt & Arwen

Arwen avait appris la mauvaise nouvelle en même temps que presque tout le monde. Grace avait eu un grave accident de voiture et elle se trouvait entre la vie et la mort à l’hôpital. Elle avait été plongée dans le coma et elle était désormais réveillée. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle allait bien. Quand elle avait entendu l’annonce, dans la salle de classe, la jeune fille avait eu envie de pleurer. Elle avait voulu vérifier que non, que c’était faux, mais la chaise de son amie, qui était dans la même classe qu’elle, était bel et bien vide. Elle était quand même restée dans la classe mais elle s’était inquiété pour la jeune Anglaise toute la journée. Elles étaient très proches toutes les deux et il était normal qu’Arwen soit chamboulée par cette nouvelle. Par chance, elle était aussi dans la classe de Carter, son petit-ami, qui l’avait réconfortée. Lui aussi appréciait Grace et lui aussi était triste. Mais bon, il fallait relativiser, elle était toujours en vie. Elle avait une chance de s’en sortir. Il fallait se concentrer là-dessus.

Justement, ce matin, Arwen allait rendre visite à son copain. Elle ne voulait pas rester dans sa petite chambre, à la confrérie, en pensant que Grace n’y était pas mais plutôt étendue sur un lit d’hôpital. Alors même si elle ne s’attendait pas à rire à en avoir mal, elle trouvait la présence du jeune homme réconfortante. Elle aimait pouvoir se caler dans ses bras, sentir son souffle sur ses lèvres, savoir qu’il était là en cas de besoin. Oui, elle était devenue bien accro à lui. Elle se disait souvent que s’il y avait un problème entre eux, elle ne pourrait éviter la souffrance. Parce qu’elle tenait bien trop à lui, beaucoup plus qu’elle ne l’aurait souhaité au départ. Désormais, elle se laissait aller et tant qu’elle était heureuse, ça lui allait. Elle s’était préparée vite fait, mettant la petite robe noire que Grace lui avait offerte lors de leur journée shopping. Elle connaissait maintenant bien le chemin pour aller à l’appartement de Carter. Elle sonna et attendit sagement que quelqu’un vienne lui ouvrir. Ce n’est pas le visage de son chéri qui apparut, mais celui de Matthew, avec qui il partageait l’endroit. Arwen ne l’appréciait pas plus que cela mais arrivait mieux à le supporter. Leur soirée au restaurant y était un peu pour quelque chose.

- Salut... Carter n'est pas là, mais je crois qu'il ne devrait pas tarder.

Elle lui fit un signe de tête pour le saluer et lui montrer qu’elle attendrait alors que Carter revienne. Elle rentra et ferma la porte derrière elle tandis que le jeune homme reprenait sa place dans le canapé. Arwen l’observa tout en allant s’asseoir sur une chaise, un peu plus loin. Il n’avait pas l’air d’aller très bien. C’était normal après tout. Arwen avait remarqué qu’il était très proche de Grace et qu’il l’appréciait beaucoup. Elle avait un peu peur qu’il la fasse souffrir mais jusque-là, ça avait été. Elle se contentait donc d’espérait que ça continue comme ça. Même si, évidemment, l’accident de Grace venait tout chambouler. La jeune fille se décida, après quelques secondes de réflexion, à engager la conversation. La détresse de Matthew, bien visible, lui donnait un pincement au cœur.

- Ça va pas fort à ce que je vois. Tu veux en parler ?

Ça ne servait à rien de lui demandait comment il allait, ça se voyait. Et malgré le fait qu’elle ne le portait pas dans son cœur, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir l’aider. Elle se doutait qu’il n’allait pas s’ouvrir aussi facilement mais au moins, elle avait tenté. Comme d’habitude, elle ne forçait pas à parler. Elle proposait juste une oreille attentive. Libre au jeune homme de saisir l’occasion qui se présentait.

made by pandora.

Depuis que Grace avait eu son accident, j'avais du mal à réaliser. J'avais un peu de mal à m'en remettre aussi et ce, même si elle était réveillée. Je me rendais compte qu'elle était beaucoup plus importante pour moi que je ne le pensais. Du moins, je le savais, mais je ne voulais pas vraiment l'accepter et encore moins l'avouer.

Depuis hier, je passe mon temps à penser, à réfléchir et à attendre que le temps passe. Je m'inquiète, je ne dors pas, je ne mange pas beaucoup je ne fais que méditer et attendre le moment pour aller la voir. C'est frustrant et c'est surtout fatiguant comme état d'esprit mais je sais que tant qu'elle ne sera pas sortie de cet hôpital que je n'arriverai pas à reprendre le cours de ma vie.

J'étais là, assis dans le divan, chez Carter, tout seul et je réfléchissais. Je revoyais tous nos moments passés ensembles, la première fois qu'on s'est vu, cette soirée à ce bal complètement pitoyable sans parler du bal des Eta où je l'avais trouvée époustouflante. Je revoyais aussi la journée d'hier où tout le monde me souhaitait beaucoup de courage alors que moi, je ne comprenais même pas pourquoi. Ces visages tristes, remplis de compassion. Ce jour-là, j'étais en retard, j'avais loupé l'annonce du directeur expliquant l'accident dans les parlophones à chaque couloir. Tous le lycée était au courant, sauf moi et ce jour-là, j'arrivais pas à comprendre pourquoi tout le monde me regardait comme une bête curieuse, comme si d'un moment à un autre j'allais littéralement peter un plomb. A la fin du cours, j'avais été trouvé Aiden et dans ses yeux j'avais vu qu'il était, lui aussi au courant de quelque chose et c'est là que j'ai compris que quelque chose de grave c'était passé. Je me rappelle le regard qu'il m'avait fait, lui qui restait tout le temps intègre, il n'avait pas le choix. J'ai mis quelques minutes avant de réaliser et lorsque ce dernier n'avait rien ajouté de plus, j'étais parti à l'hopital lachant les cours et tout le reste et depuis, je vivais dans la crainte. A chaque fois que mon portable sonnait, j'avais peur que ce soit l'hôpital, à chaque fois que j'allais la voir, j'avais peur qu'elle ne soit retombée dans un coma. A chaque fois que j'entrais dans sa chambre, j'avais peur de tomber sur ce sigma, lui qui était la cause de l'état de Grace. Ce jour-là, j'étais resté calme, j'avais pu me contenir, mais j'avais cette sorte de haine qui me rongeait, d'autant plus qu'on fait partie de la même confrérie. Une chance, il ne vivait pas à la confrérie. Il n'y mettait pas beaucoup les pieds non plus et c'était pas plus mal.

Ce matin, Carter n'était pas là, il était sensé revenir. Sa présence était réconfortante et ce, même si je ne tenais pas en place. Je restais rarement tranquille pendant des heures. Je faisais les cent pas, je sortais, je fumais beaucoup plus et par moment, j'avais même des pics d'agressivité. J'étais à fleurs de peau, j'acceptais plus la plaisanterie au point de même me prendre la tête avec Lila, ma meilleure amie. Carter lui, me connaissait depuis plus de temps, il connaissait mes réactions et savait que dans ces moment là j'avais pas vraiment besoin d'être cajolé, entouré et puis, c'était un mec.

Je fixais le sol, sans bouger et je pensais à tout ça. Le regard vide, la mine fatiguée ne pensant à rien d'autre qu'à elle lorsqu'un bruit de sonnette me sortait de mon état de choc. Je me levais du divan et d'un pas léger, je me dirigeais vers la porte d'entrée. Je tire celle-ci vers moi et m'écarte pour la laisser entrer avant de la saluer et re-claquer légèrement la porte derrière elle.

Salut... Carter n'est pas là, mais je crois qu'il ne devrait pas tarder.

Je laissais la jeune fille prendre ses aises et retournais m'assoir à la même place que tout à l'heure.