Cause you're mean, and you're evil. [Skylar]

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Cause you're mean, and you're evil
Jeff & Skylar

Je vois bien qu’il essaie d’en placer une, mais je ne peux m’empêcher de crier. J’ai envie qu’il dégage, qu’il me laisse tranquille, qu’il quitte l’appartement de Kaylee. Car même si ses meubles et ses affaires ne sont plus ici, ça restera son appartement. J’ai toujours l’espoir fou et vain qu’elle reviendra à Miami, qu’elle viendra me chercher. Elle ne peut pas me laisser seule ici, c’est pas possible. C’est ma cousine, mon sang ; elle doit revenir et rester près de moi. Et je me rends compte que je crie sur ce mec, que je lui déverse ma rage à la gueule, parce que je ne peux pas le faire sur Kaylee. Je ne peux le faire sur personne. Alors pas de pitié pour cet intrus. Je continue de crier jusqu’à ce qu’il s’y mette aussi, jusqu’à ce qu’un violent « Ta gueule » me remette à ma place. Je le fixe, hébétée. Lui aussi semble surpris de son attitude, comme s’il ne s’attendait pas à ce que tant de violence s’échappe de lui. Je le regarde reculer légèrement, dans un bruit de céréales écrasées qui me rappelle que je n’aurai rien à manger aujourd’hui.

«Je suis pas venu ici pour me faire agresser, ni insulter par ... une gamine ? Une amie m'a demandé de passer prendre quelque chose pour elle… » . Il continue de parler, mais je ne l’écoute plus. Une amie ? Il avance vers moi, mais au lieu de reculer, je me jette presque sur lui. Je m’arrête à un mètre, n’osant pas m’approcher d’avantage. Une amie, il a dit ? Alors, il connaît Kaylee. Ou alors, il essaie de me tendre un piège. A tous les coups, c’est un des types que Duma paie pour me surveiller. Ca ne m’étonnerait même pas. Blanc, presque roux, l’air normal et presque calme. Le type de gars dont je ne me méfie pas. Alors c’est parfaitement logique que Duma se serve d’un type comme lui pour m’approcher, pour endormir ma méfiance. Et puis, Duma sait que ma cousine est partie et que je squatte son appartement. Il aurait très bien pu briefer ce mec pour qu’il endorme ma vigilance avec des conneries. J’hésite à lui demander directement s’il connaît Kaylee. S’il est un ami à elle, il pourra répondre aux questions que je lui poserai. Si c’est pas le cas, un coup de poing et je trace. Mais le temps que je me décide, je le vois me tendre une clope et me fixer. Et sa question tombe comme un couperet. Je suis censée lui répondre quoi ?

Je le fixe à mon tour, prend la distraitement la cigarette qu’il me tend. Par terre, j’avise un briquet dont je m’empare rapidement, et j’allume ma clope avant de lui répondre. « Je suis la cousine de la fille qui habitait ici. Et pourquoi je squatte ici, ça te regarde pas. ». Je fixe mon regard dans le sien, essayant de trouver ce qu’il cache. Mais je n’y trouve rien d’autre qu’une expression blasée, fatiguée, comme s’il voyait des filles dans mon genre tous les jours. Après tout, s’il travaille pour Duma, c’est probablement le cas. « Et toi, qu’est-ce que tu fais ici ? Tu connais ma cousine ? Comment tu t’appelles ? Tu es qui ? ». Les questions fusent, et je ne peux m’empêcher d’en rajouter. Je fais attention à ne pas prononcer le prénom de Kaylee, je veux savoir s’il dit vrai. Si c’est le cas, il le prononcera lui-même. Alors que je l’observe, je me rends compte que je n’ai pas de pantalon. Soudainement gênée, je jure doucement. Puis je relève la tête vers lui et coince la clope entre mes lèvres. « Tourne toi. J’dois mettre un jean. ». Illogique, étant donné qu’il m’a vue en sous-vêtements. Mais la logique, ça n’a jamais été mon fort.

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❝ Cause you're mean, and you're evil ❞

Skylar & Jeff

Et merde.

Je réalise pas vraiment ce qui se passe, planté sur le palier de la porte, recevant tout un tas de projectiles en tout genre, des jeans, des paires de pompes, un ou deux cahiers. Ah, un paquet de céréales aussi, qui se déverse bien aimablement dans mes chaussures. Je lève les yeux vers la source du problème et observe une fille, jeune, vraiment ... étrange, et particulièrement remonté. Contre moi. C'est vrai que je ne lui ai pas parlé de la plus agréables des façons, mais elle me fait sérieusement flipper. On dirait ... une "folle". Le genre junkie, en manque. J'en ai fréquenté des camés, et ça ne m'étonnerait pas qu'elle en soit une. Pourtant, à la regarder, on dirait une gamine. Maigre, voire chétive, des yeux ronds presque insouciants. « Dégages, dégages, dégages » hurle-t-elle à s'en casser la voix. « Oh, arrêtes, je viens juste ... » Rien à faire, elle continue à me balancer des fringues dans la gueule, furieuse comme jamais. « Ohoh ... OH DU CALME ! TA GUEULE ! » Ma respiration se coupe instantanément, et par miracle, la petite junkie se tait enfin. Ouf. Choqué par ma réaction, autant que par la sienne, je fais un léger pas en arrière, broyant avec mes pieds toutes les céréales qui sont tombées dans mes pompes. Blasé, je relève les yeux vers elle, et souffle un bon coup. « Bon ... Restons calmes. » Je pousse de mes pieds tout son bordel, et avance dans la pièce, toujours avec ce bruit de céréales broyées. « Je suis pas venu ici pour me faire agresser, ni insulter par ... une gamine ? Une amie m'a demandé de passer prendre quelque chose pour elle ici, et je te trouve là, squattant son appartement, à me balancer un putain de paquet de céréales dans la gueule ... merde. Détends-toi, ma petite. »

Bon, ça c'est dit. Déstabilisé par cette action inattendue, je sors mon paquet de clope de ma poche et m'en allume une. Après un vif regard vers la fille, et en bon pacifiste que je suis, je lui tends mon paquet, afin qu'elle en prenne une et qu'elle se détende, si c'est possible. Je la fixe un instant, sans la moindre gêne. Je dois reconnaître que je la trouve troublante. « Qui es-tu ? Et pourquoi tu squattes ici ? » L'idée de la menacer de la dénoncer aux flics m'effleure, un court instant, mais je l'abandonne vite, sachant que de toutes façons je ne ferais jamais ça.

Attendant sa réponse, je jette un coup d'oeil sur l'appartement. Le premier adjectif qui me vient est ... vide. Je ne connaissais presque pas le frère de Kaylee, mais je suis venu assez de fois ici pour l'avoir connut plus vivant, plus remplit. Le départ de Nathan, puis de Kaylee est sûrement la cause de tout ça. C'est triste, repenser au départ de mon amie me fout le cafard. Pauvre de quelques meubles et d'un matelas au sol, sale soit dit-en passant, l'endroit ressemble beaucoup plus à un squatte qu'à un vrai appart'. Des débris couvrent la plus grosse partie du sol, et je sens comme une odeur suspecte.

Cette fille n'est pas net.

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Cause you're mean, and you're evil
Jeff & Skylar

Pour la première fois depuis longtemps, je me sens abandonnée. Seule avec moi-même sur un continent que je ne connais pas, loin de ceux qui furent les miens. Je les ai quitté de mon plein gré, avec dans la tête des rêves complètement fous. Qui ont bien failli se réaliser, d’ailleurs. Mais encore une fois, il faut croire que je ne suis pas digne de faire quelque chose de ma vie, d’être heureuse. Au fond, je ne sais même pas si je cherche le bonheur. Je crois que je veux juste survivre un jour de plus, et peu importe où ça me mènera. Je ne veux pas y réfléchir. Mon avenir est incertain, mais je préfère l’ignorer ; car mon présent l’est encore plus. Kaylee est partie, me laissant seule alors que j’avais besoin d’elle. Un besoin impérieux de connaître ma famille, de la connaître elle et d’en faire mon amie, mon repère. Mais je ne peux pas la blâmer pour ça, elle a suivi Jude ; et j’en aurai fait autant. Si un jour je tombe amoureuse, je ferai tout pour que mon amour survive. Même si pour ça je dois tout quitter et abandonner ma famille, je le ferai.

Mais s’il n’y avait que ça, je pourrais m’en sortir. Je m’en sors toujours. J’essaie. Mais j’ai gâché mes seules chances de me faire aider, d’être soutenue. J’ai été expulsée de mon appartement, parce que Duma n’a pas payé le loyer depuis que je suis arrivée. Et il refuse de le faire. Il me dit que c’est une leçon qu’il me donne, qu’il savait que j’échouerai à ma mission. Qu’on ne peut décidément pas faire confiance aux camées, qu’il avait raison. Ses indics, des personnes que je ne connais pas mais qui me suivent partout, lui ont dit que je passais mon temps à me droguer, que je ne faisais rien d’autre. Mais c’est faux, j’ai essayé. J’ai essayé de me lier avec Kaylee, mais elle est partie. J’ai essayé de comprendre Jude, mais il est parti aussi. J’ai essayé de m’en sortir et de connaître d’autres personnes, mais rien n’y fait, je n’y arrive pas. J’ai essayé de trouver le bâtard qui a descendu Jabu, mais je n’ai pas réussi. Cet enfoiré est introuvable, et toute seule, je pourrais le chercher autant que je le voudrais, je ne serai pas efficace. J’ai besoin de Duma et de ses hommes, mais lui aussi m’a abandonnée. Et le seul moyen de retrouver l’amour de ma famille, c’est de tuer cette enflure. De le trouver et de lui trouer la peau ; parce que c’est pour ça que je suis ici. Oubliés mes rêves, je ne suis plus qu’une petite fille qui a besoin de sa famille.

Et c’est pour ça que je retrouve ici, dans l’appartement presque vide de mes cousins, sur un matelas défoncé. Il n’y a plus l’électricité, il n’y a plus l’eau ; mais au moins je suis à l’abri. Jusqu’à ce que le propriétaire le loue de nouveau et là, je serai à la rue. A moins que j’aille habiter dans ma confrérie, mais je n’en ai pas envie. Pas encore. Pour l’instant, c’est ici que je dors. Enfin, que je dormais. Parce que là, devant moi, se trouve un inconnu qui me crie dessus.

Un mec banal, qui n’a rien à foutre ici. Et il me dévisage, me parle comme à un chien.
Je me lève brusquement, presque nue, t-shirt trop grand qui recouvre à peine ma culotte. Je sens mes cheveux former une boule étrange autour de mon visage, mais je m’en fous. Je réalise ce qu’il se passe :un mec dans l’appartement de Kaylee. Je le regard de bas en haut, essayant de savoir ce qu’il veut. « Toi, t’es qui ? Dégage, c’est pas chez toi. Fous le camp ! » Je me penche et attrape mes chaussures, que je lui jette dessus. Je répète plusieurs fois « dégage », alors que je lui lance tout ce qui me passe sous les mains. Chaussures, vêtements, cahiers de cours ; je lui lance même un paquet de céréales qui se déverse lamentablement à ses pieds. Mais il est toujours là. Et moi, je crie encore plus.

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❝ Cause you're mean, and you're evil ❞

Skylar & Jeff

Je me suis réveillé en sursaut, ce matin. Profitant de l'emploi du temps allégé de l'université, j'avais prévu une bonne et longue grasse matinée. Comme je les aime. Comme j'aime mon lit. Et comme je n'aime pas être réveillé contre mon gré ... C'est pourtant ce qui arrive, ce matin-là, quand la sonnerie, ô combien désagréable à ce moment-là, de mon téléphone me sort de mon sommeil. Ma chambre plongée dans la pénombre, j'aperçois la lumière de l'appareil mobile, à quelques mètres d'ici, soit hors de portée. Tant pis. Je me rendors. Mais pas pour longtemps, car une nouvelle fois, mon portable recommence à sonner. Je m'extirpe alors - non sans mal - de dessous ma couette et traîne des pieds jusqu'à mon téléphone, la tête dans le cul.

« Gné ? Jeff ? C'est Kaylee ! Tu vas bien ? Mmh mmh. Je te réveille, c'est ça ? Glandeur ! Je t'appelais juste pour te demander un petit service ... Mmh mmh » dis-je une fois de plus en signe d'acquiescement, encore trop endormit pour prononcer un mot correctement. « Est-ce que c'est possible que tu ailles dans mon ancien appartement, tu sais celui de mon frère ? Tu trouveras une clef sous le deuxième pot de fleurs, dans le couloir. J'aimerais que tu trouves un vieux dossier scolaire, il doit être quelque part dans une commode. Tu pourras me l'envoyer par courrier, si tu le trouves ? Mmh mmh. J'dois te laisser, je suis en voiture là. Gros bisous de la part de tout le monde, de Marissa et à bientôt ! ...'bientôt. »

Puis, elle raccroche. Et moi ... je suis réveillé. Fuck.
Elle a de la chance que je l'adore - et qu'elle me manque - sinon je serais monté exprès à New York pour lui faire payer ce réveil. Qu'est-ce qu'on ferait pas pour ses amis ?

Bref. Une bonne heure plus tard, je suis au volant de ma voiture, traversant Miami pour rallier l'appartement de Nathan & Kaylee Standford. Enfin ... leurs anciens appartements. Car ils ne vivent plus sur Miami, bien sûr. Nathan ? Aucune idée de ce qu'il est devenu, d'ailleurs, je ne l'ai jamais vraiment connu. Quant à Kaylee ... Elle est partie vivre à New York avec les Chamberlain, Jude et Marissa, qui eux-même rejoignaient leurs frères. Le départ de mes deux amies les plus proches a été difficile, c'est certain. Mais c'est comme ça, et je sais qu'elles vont bien. C'est le principal. Je sais aussi que si besoin est, quelques heures d'avions suffit à les rejoindre. Je crois que ça me rassure. Ça me rassure de me dire que même si elles ne sont plus là, je les reverrai un jour, pour sûre. Contrairement à d'autres personnes ...

L'air est bon, le soleil presque à son zénith. J'ai une petite pensée pour mes amis new-yorkais, pour qui le climat ne doit pas être si clément. Bien pour eux, après tout ? La fenêtre de ma voiture baissée, je laisse volontiers le vent pénétrer l'habitacle, caresser ma peau et traverser mes cheveux mal coiffés. Une clope à la bouche, j'arrive enfin à destination. Quelques minutes me suffisent à rejoindre le pallier du dit-appartement, j'attrape la clef sous le deuxième pot de fleurs du couloir, et pénètre enfin dans l'appart'.

Je fais quelques pas à l'intérieur, l'appartement est quasi vide, hormis quelques meubles que Nathan semblent avoir abandonner. Je me lance alors à la recherche du dossier scolaire quand, effrayé, je sursaute comme jamais.

« Putain, t'es qui toi ? Et qu'est-ce que tu fous ici ? »

Face à moi, une femme. Ou plutôt fille. Couchée sur un vulgaire matelas posé au sol, elle vient de se réveiller et me fixe d'un air inquiet. Je n'ai pas pour habitude de parler aux gens de cette façon, mais cette gamine m'a bien fait peur. Je la scrute alors, attendant sa réponse. Jeans troués, cheveux pas coiffés, cernes prononcées ... On dirait une junkie.

Manquerait plus que cet appart' se transforme en squatte, tiens.