A l'ombre du grand arbre [ft. Elycia Girard]

« La cafétéria serait parfaite. A moins que tu veuilles aller ailleurs ? » fut la réplique du jeune homme après qu’Elycia ait accepté sa proposition.

« Non, non, ça sera très bien, ça évitera d’aller jusqu’en ville. », confirma la petite brune sur un ton enjoué.

A peine avait-elle finit sa phrase qu’elle regarda le jeune homme se retourner et se hâter d’aller récupérer son sac et ses cahiers qu’il avait laissés sous l’arbre où il se tenait avant qu’il ne vienne l’aider suite à sa chute. Il revint en un rien de temps vers la jeune fille, son sac sur l’épaule et s’adressa de nouveau à elle.

« Excuse-moi, mais je ne vais pas pouvoir rester très longtemps, j’ai encore des cours réviser et je n’arrive pas à apprendre ces pages. »

Alors que la française s’apprêtait à lui répondre qu’elle non plus n’allait pas avoir des heures à lui accorder car elle avait aussi de quoi occuper cette fin d’après-midi, il enchaîna directement :

« Mais j’y pense, tu y connais quelque chose toi en physique ? Ou tu sèches autant que moi ? »

La jeune fille fut surprise par sa question car elle comprit bien évidemment qu’il lui demandait un coup de main pour son cours. Même si jusque-là, elle n’avait jamais vraiment abordé le jeune homme, vu le peu d’élèves qu’ils étaient chez les lambdas, ils se connaissaient tous plus ou moins de vue et savaient à peu près dans quelle classe chacun était. Or, la petite Sophomore Year savait très bien qu’elle avait deux ans de moins de que le garçon et était loin d’avoir vu ce que lui voyait en ce moment dans son programme de physique. Néanmoins, elle n’avait aucun problème dans cette matière, ni vraiment dans aucune autre. Un travail régulier, un peu de sérieux et d’attention en cours était la clé de la réussite scolaire. Elle était loin d’être un « petit génie », comme il y en avait chez les Khi Omikron : c’était juste une bonne élève, sérieuse et soignée dans tout ce qu’elle faisait. Elle réfléchit encore quelques instants avant de répondre, un peu hésitante, au garçon :

« Tu sais, ça m’étonnerais que j’ai vu en cours la même chose que toi. Alors même si je me débrouille en physique, je ne sais pas si je vais pouvoir t’être d’une grande utilité... Enfin je peux toujours jeter un coup d’œil à ton cours, si tu veux. Peut-être que j’y comprendrais quelque chose, qui sait ?! », conclut-elle avec un petit sourire adressé au garçon.

Puis la jeune fille tourna les talons et commença à marcher en direction du bâtiment de restauration où se trouvait la cafétéria, accompagné de Logan.

A ma dernière question, j'espérais une réponse positive. J'espérais également qu'Elycia ne verrais pas là une démarche de ma part pour lui faire des avances. Cette proposition faite en tout bien tout honneur, j'avais vraiment envie de la connaître mieux. Elle avait l'air tellement gentille et elle était tout de même présidente de la confrérie Lambda, ce qui n'était pas rien et je me disais que ce serait une occasion pour moi de m'intégrer mieux que je n'y arriverais seul.

« Pourquoi pas ! Je me rendais à la cafétéria de l’école, mais si tu as mieux à proposer, je ne dis pas non ! »

Enfin une bonne nouvelle aujourd'hui. Et malgré le vent qui continuait de soufflé, je senti un courant chaud me traverser entièrement. Je levai les yeux vers le ciel et vit le soleil poser un baiser sur l'horizon. Une secrète mélancolie naquit en moi. Je chassai mes pensées troubles et reposai mes yeux sur la jeune Lambda. La cafétéria? Pourquoi pas, je n'y allais pas souvent à part pour les repas. J'espérais juste qu'il n'y aurait pas trop de monde.

- La cafétéria serait parfaite. A moins que tu veuille aller ailleurs?

Je fis volte-face et alla rapidement chercher mes affaires encore posées près de l'arbre. Je posai alors mes yeux sur le cahier de notes encore ouvert que j'avais laissé là après la chute de ma camarade. Cette fichue physique qui me posait problème, je ne pouvais pas la laisser de côté. Mais je ne voulais pas passer la soirée dans les livres aujourd'hui. Les océans de papiers aussi ont des rives calmes et reposantes parfois. Je retournai vers Elycia avec mon sac sur l'épaule.

- Excuse moi, mais je ne vais pas pouvoir rester très longtemps, j'ai encore des cours à réviser et je n'arrive pas à apprendre ces pages.

Soudain j'eus une idée qui pouvait peut-être sauver ma soirée. Il me semblait qu'Elycia était plus jeune que moi. Mais peut-être pourrait-elle m'aider pour mes cours si c'était une matière qui l'intéressait. Et cela me permettait de passé plus de temps avec elle et de profiter de ma soirée dans sa totalité, plutôt que de devoir rentrer pour réviser.

- Mais j'y pense, tu y connais quelque chose toi en Physique? Ou tu sèches autant que moi?

Dans cette question, je déversai tout mon espoir. J'étais obligé de l'admettre, pour une fois, j'avais vraiment besoin d'aide pour les cours. Je n'aimais pas demander ça, mais cette fois, je devais m'avouer vaincu.

Alors qu’Elycia rassemblait ses affaires, le jeune homme se pencha à son tour et l’aide et l’aida à ramasser ses quelques effets personnels tombés de son sac. Quand il n’y eut plus rien par terre, la lycéenne se redressa et afficha un sourire de remerciement à l’intention du garçon.

Ce dernier, lui adressa une nouvelle fois la parole :

« Tu es toujours aussi éloquente ? Ou tu t’es cogné la tête en tombant. » s’exclama-t-il avec un petit rire amusé, mais dénué de toute intention moqueuse.

Cette remarque amusa la jeune fille qui la prit bien évidemment comme il se devait : au second degré. Elle laissa échapper un très léger éclat de rire à peine perceptible. Le garçon n’était pas aveugle : il n’avait pas pu ne pas s’apercevoir de l’embarras de la demoiselle et il tentait à présent de détendre l’atmosphère pour qu’elle se sente un peu plus à l’aise. Le jeune homme se conduisait presque en parfait gentleman, cela n’échappa pas à Elycia qui apprécia particulièrement l’attitude courtoise du garçon.
Elle essaya de se persuader que ce n’était qu’une chute, qu’il n’y avait pas mort d’homme, alors il lui fallait passer à autre chose. S’attarder dessus ne ferait que prolonger cette situation désagréable. Et le jeune homme lui-même tentait de désamorcé le tout avec un peu d’humour. Elle respira profondément avant de relever la tête vers le garçon et de croiser ses yeux d’un bleu captivant. Cette fois-ci elle ne chercha pas à fuir son regard et laissa ses yeux bruns se plonger dans ceux du lycéen qui la dépassait de plusieurs dizaines de centimètres.

« Merci… pour mes affaires. Et non… c’est naturel chez moi ! », finit-elle par répondre au jeune homme sur le même ton amusé.

Un vent léger vint jouer avec les nombreuses mèches de cheveux brunes qui s’étaient échappées du chignon que la jeune fille portait. Rien d’étonnant après deux bonnes heures de danse. Surtout qu’elle n’avait pas vraiment pris le temps de bien serrer sa coiffure, trop pressée d’aller danser. Une de ces mèches barra le visage au trait fin et enfantin de la petite lambda. Elle l’attrapa du bout des doigts et la glissa délicatement derrière son oreille et détacha son regard de celui du jeune homme.

Celui-ci reprit la parole :

« Tu voudrais bien aller boire un café ou quelque chose ? On pourrait apprendre à se connaître. »

Plutôt surprise de la proposition assez inattendue du garçon, Elycia mit quelques instants à lui répondre. De prime abord, cette invitation, si tant est qu’on puisse appeler ça comme ça, lui semblait un peu précipitée, mais le visage du jeune homme lui revint subitement à l’esprit : elle l’avait croisé de nombreuses fois depuis son arrivée au mois de novembre, que ça soit dans les couloirs de l’école ou au sein de sa confrérie. Il était clair qu’il appartenait aux lambdas, tout comme elle. Alors pourquoi refuser ? Après tout, elle s’apprêtait justement à aller manger un petit quelque chose, alors autant le faire en bonne compagnie et en profiter pour connaître un peu plus les gens de sa propre confrérie.

« Pourquoi pas ! Je me rendais à la cafétéria de l’école, mais si tu as mieux à proposer, je ne dis pas non ! », répliqua-t-elle finalement, avec, cette fois-ci, un accent américain quasiment parfait. Le jeune homme avait tenté de la mettre plus à l’aise et il semblait bien y être parvenu.

La jeune fille attrapa finalement ma main et se releva. Quelques propos confus et des mains qui se frottent sur ses pantalons me firent sourire. Elle semblait ne plus savoir où se mettre. Et pour cause, j'avais également déjà vécu ce genre de situation dans laquelle on vit une chose humiliante au point que l'on voudrait disparaître. Mais tomber par terre était une chose qui arrivait. Même au meilleurs marcheurs me dis-je avec humour.

Quand je regardai Elycia, elle détourna les yeux. Timidité ou simple gêne? Elle sourit alors et je n'eut que cela en réponse à ma proposition de l'aider. Sa façon de répondre à ma question était déconcertante, à un point tel que cela en devenait amusant. Je lui rendit son sourire. L'aidant à refaire son sac, je ne savais trop comment amorcer le dialogue avec cette fille. Peut-être l'humour arriverait-il à m'aider.

- Tu es toujours aussi éloquente? Ou tu t'es cogné la tête en tombant.

Un petit rire amusé, dénué de toute moquerie sortit de ma bouche alors que je tentai une fois de plus de plonger mes yeux dans les siens. Le vent se leva alors. Pourtant aucun nuage ne vint assombrir le ciel. Je regardai alors le bâtiment principal de l'université et, avec un regard envieux, je pensai aux gens, bien tranquille à l'intérieur.

- Tu voudrais bien aller boire un café ou quelque chose? On pourrait apprendre à se connaître.

L'air perdu et naïf que je voyais en ce moment sur le visage d'Elycia me charmait totalement. Pourtant, je ne savais rien de cette fille. Mais j'étais déterminé à en apprendre un maximum sur elle.

Elycia penchée sur ses chaussures ne vit pas le jeune homme, tantôt assis sous l’arbre, venir à sa rencontre, ou plutôt, à son secours. La demoiselle ne remarqua sa présence que lorsque l’ombre du garçon se déploya tout autour d’elle. Une ombre immense, amplifiée par la position basse du soleil dans le ciel, à cette heure-ci. Elle releva doucement la tête vers la personne à qui appartenait cette ombre impressionnante et c’est au même moment que l’individu en question s’adressa à elle :

« Tu vas bien ? Tu ne t’es pas fait mal ? »

Il se tenait légèrement penché au-dessus d’elle et lui tendait sa main pour l’aider à se relever.

Les idées se bousculèrent alors dans la tête de la jeune fille : elle reconnut en effet le jeune homme qu’elle avait vu, plongé dans ses livres, quelques instants plutôt. Or s’il était là, c’est qu’il avait dû la voir se casser la figure comme une idiote. Le contraire de ce qu’elle avait espéré. A cette pensée la jeune fille honteuse repiqua les nez dans ses chaussures, en oubliant tout le reste. La seule chose qu’elle souhaitait par-dessus tout à ce moment précis était de disparaître six pieds sous terre, mais non, elle n’était ni un vert-de-terre, ni une taupe, donc elle allait devoir faire face à cette situation fort déplaisante.

Le jeune homme qui attendait toujours une réponse à sa première question, enchaîna sur une seconde :

« Je peux t’aider à ramasser tes affaires ? »

Cette dernière phrase sortie la jeune française de ses pensées. Elle releva à nouveau la tête avant d’attraper la main du garçon, de se relever et de lui répondre en même temps :

« Tout va bien, merci ! », assura-t-elle gênée d’une petite voix qui, pour le coup, laissait clairement entendre son accent français. D’ordinaire ce dernier ne s’entendait que très légèrement lorsque la lycéenne était intimidée. Mais là, ce n’était plus de la timidité, c’était carrément de l’embarras. Elle admettait que tomber puisse arriver à tout le monde, mais s’étaler par terre à parce qu’elle avait tout simplement eut la flemme de faire ses lacets, c’était ridicule, risible et bien fait pour elle !

Ce n’est qu’une fois debout que la jeune fille put constater que ce n’était pas seulement l’ombre du garçon qui était immense, mais le garçon en lui-même. Du haut de son petit mètre soixante, Elycia se sentit tout à coup, toute petite face au lycéen qui devait bien avoisiner les deux mètres.

Cela en rajouta une couche : la demoiselle se sentit encore plus intimidée, presque mal à l’aise, malgré la voix douce et amicale du jeune homme, qui n’avait même pas ri de sa chute et se souciait seulement de savoir comment elle allait. Lorsqu’il plongea ses yeux azures dans ceux noisettes de la petite brune, celle-ci ne put s’empêcher d’esquiver son regard avant de s’embrouiller dans ses paroles :

« Euh.. non ça va … enfin... merci.. euh… », tenta-t-elle de répondre avant de se racler la gorge et d’ajouter un petit sourire, qui, elle l’espérait, compenserait ses propos confus.

*Oui, non bein si c’est pour dire ce genre de phrase vachement constructive, tais-toi, on gagnera du temps !*

Pour tenter de cacher son trouble, Elycia frotta rapidement son jeans avant de se pencher et de ramasser son sac et ses affaires qui s’étaient éparpillées sur le sol.

Spoiler:

Quel charabia... Je pense que je n'avais jamais autant eu de mal à travailler un cours. J'étais pourtant un élève assidu, motivé, presque modèle. Pourquoi ce cours ne voulait-il pas rentrer? Tout ce qui se passait autour de moi détournait mon attention, que ce soit les feuilles de l'arbre qui vacillaient au rythme du vent qui soufflait, le soleil qui descendait petit à petit en direction de l'horizon, même cette élève qui passa à quelques mètres de moi. Je levai un instant les yeux sur cette fille de la maison Lambda que je ne connaissais que de nom; Elycia Girard. Une jolie fille que je croisais souvent sans jamais l'avoir accoster. Mais pour lui dire quoi? Elle avait l'air tellement sur d'elle en toute circonstances qu'elle m'effrayait presque. Je me replongeai dans mes notes.

Soudain Elycia tomba à terre. Je ne vis rien de ce qui s'était passé. Je la vis simplement à terre son sac étalé au sol, ses affaires éparpillées et la petite brune s'empressant de renouer ses lacets. Faisait-elle cela dans le but que je croie qu'elle n'était pas tombé mais qu'elle s'occupait juste de ces chaussures? J'en doute, mais cette idée me fit sourire. Je posai mon cahier sur mon sac et me levai en hâte pour aller l'aider.

- Tu vas bien? Tu ne t'es pas fait mal?

Je me tenais debout, le dos légèrement courbé au dessus d'elle, la main tendue dans sa direction. Voyant qu'elle ne répondait pas, je rajoutai :

- Je peux t'aider à ramasser tes affaires?

L'imressionnais-je? De toute ma taille, je la surplombais. Un homme de presque deux mètres qui se tien dressé devant vous, c'est sur ça impressionne. Mais ma voix était tout ce qui était de doux et d'amical. Je plongeai mon regard azure dans ses yeux d'un marron presque noir. Cette fille était vraiment très belle. A genou par terre, elle risquait d'attraper froid et cela aurait été dommage de voir son nez rougir.

Aujourd’hui Elycia avait obtenu un après-midi de liberté. Son professeur, assurant son unique cours, était malade, lui offrant ainsi une demi-journée de parfaite autonomie.

Qui plus est, le temps était radieux : un grand ciel bleu et dégagé qui laissait place à un grand soleil d’hiver. La température était douce, le temps idéal pour un après-midi shopping ou pour passer un peu de bon temps à l’extérieur. Du moins c’est ce que s’étaient empressées de faire toutes filles de sa classe.

Elycia, elle, avait plutôt opté pour s’adonner à son activité favorite : la danse ! Elle était repassée en vitesse par sa chambre, se changer et avait passé la moitié de l’après-midi enfermée dans la salle de danse de l’école. Seule, elle avait pu profiter de la pièce tout entière, sans même avoir besoin de mettre ses écouteurs pour ne pas déranger les autres gens qui venaient parfois utiliser la salle.

Elle aurait très bien pu, elle aussi, sortir un peu, mais les rares amis qu’elle avait à l’école étaient en cours. Quant à ses devoirs, elle avait pour habitude de s’avancer le plus possible et avait tout réglé le week-end dernier. Il lui suffirait de jeter un coup d’œil à ses leçons le soir même avant de se coucher pour se les remettre en tête pour le lendemain. Elle pouvait donc disposer de son après-midi exactement comme elle le souhaitait.

Après une multitude de musiques différentes, le corps de la jeune fille commença lui faire savoir qu’il approchait grandement de ses limites. La petite brune décida donc de s’arrêter. A suivre des cours normalement, elle ne pouvait plus danser autant qu’avant et avait perdu en endurance. Elle attrapa sa bouteille d’eau pour se réhydrater avant de retirer ses chaussons et de jeter un coup d’œil à sa montre. Il n’était que 16h : cela laissait encore un bon moment à la jeune fille pour faire ce qui lui plaisait, avant le dîner. Elle décida d’aller tout de même profiter un peu du beau temps qui régnait à l’extérieur.

*Il fait si beau, ça serait dommage de ne pas en profiter ! Et puis je crois que j’ai une petite faim. Ces deux bonnes heures intensives mon ouvert l’appétit.*

A cette dernière pensée la jeune fille sourie amusée. Une danseuse qui allait grignoter en dehors des repas : ça sortait de l’ordinaire et la plupart des danseuses, que la jeune fille avait croisé au cours de ses déménagements, en aurait fait une syncope. Mais Elycia n’était pas du genre à faire toutes sortes de régimes pour rester mince : elle mangeait ce qu’elle voulait, quand elle voulait et tout ce qu’elle avalait était largement compensé par les différentes activités sportives qu’elle pratiquait.

Elle enfila son jeans et une veste suffisamment chaude pour la saison, par-dessus son collant et son justaucorps. En rangeant ses affaires dans son sac, elle y aperçu un de ses blocs de dessins et une petite trousse contenant quelques crayons et une gomme.

*Nickel ! Je n’aurais même pas à repasser par ma chambre !*

Elle quitta ainsi la salle de danse, ses converses aux pieds qu’elle n’avait pas vraiment pris le temps de lacer, en quête d’un petit en-cas sucré qui satisferait sa gourmandise.

En quelques pas elle se retrouva dans le parc, quasiment désert. A cette heure-ci, la majorité des élèves étaient encore en cours, et le reste avait surement dû profiter de ce grand soleil pour aller faire un tour en ville ou à la plage. Ravie de sa journée qui se déroulait à merveille, la jeune fille inspira profondément et laisse un sourire naturel s’afficher sur ses lèvres. Elle se dirigea vers la cafétéria d’un pas léger. Sur le chemin elle aperçut un jeune homme assis dans l’herbe, adossé à l’un des plus grands arbres du parc, qui semblait plongé dans ses cahiers. En le voyant, elle fut bien contente de s’être débarrassée de tous ses devoirs. Plongée, dans ses pensées, la jeune fille ne remarqua pas ses lacets qui traînaient par terre.

Et ce qui devait arriver, arriva … La petite brune s’emmêla les pieds et se retrouva, en une fraction de seconde, en total déséquilibre avant de s’effondrer par terre de tout son long. Elle s’empressa de ses redresser et sa première réaction fut de regarder autour d’elle.

*Aïeuuuh ! La honte ! Pitié, faites que personne ne m’ai vu !*

En colère contre elle-même, elle resta accroupie le temps de refaire ses lacets. Son sac, qu’elle n’avait évidemment pas fermé, trônait par terre à côté d’elle, avec ses chaussons, sa bouteille et son carnet à dessins tombés par terre dans sa chute.

Quoi de plus agréable que de profiter d'un après-midi de congé ensoleillé pour aller en ville? Quoi de mieux? Rester seul à l'ombre du grand arbre du parc et réviser ces cours. Evidemment, je ne croyais pas un mot de ces pensées, mais je m'étais retrouvé planté au milieu de la salle de classe sans savoir que dire à mon professeur ce matin, car je n'avais pas révisé la veille. Je décidai donc d'en mettre une double couche cet après-midi. Bien sur je n'étais pas particulièrement sociable et les endroits bondés comme le centre-ville me mettaient mal à l'aise, mais j'avais imaginé million d'autre choses à faire aujourd'hui plutôt que de réviser. Pourtant, j'étais là assis contre ce grand arbre qui mouchetait mes livres de tâches d'ombres, créées par ses feuilles. J'avais l'impression de perdre mon temps, les lignes que je lisais et relisais ne s'ancraient pas dans ma tête, elle ne faisaient que passer.

Je fermai mon cahier en même temps que mes yeux, vidai mon esprit et tâchai de me concentrer sur le cours du matin, auquel je n'avais rien compris. Les mots du professeur ne faisaient que tourner dans un ballet ininterrompu sans se fixer. Ils n'étaient que des mots sans aucun sens pour moi. Je n'arrivai pas à faire le vide. Je restai plusieurs minutes, immobile, les yeux clos, appuyé contre cet arbre qui, s'il parlait, pourrait dire qu'il ne m'avait jamais vu ainsi. La plus part du temps, j'avais de la facilité avec les cours, j'étais un garçon relativement intelligent et, sans me vanter, j'avais plutôt tendance à donner de l'aide aux autres qu'à en demander. Mais aujourd'hui, impossible de faire quoi que ce soit.

Pourtant il fallait que je révise, je ne voulais pas que le désastre de ce matin se reproduise. Pour la majorité de mes camarades, sécher à une interrogation orale d'un professeur était normal, pas grave, voir même courant. Pour moi, c'était presque la fin du monde. Je voulais être un bon élève. Un excellent élève même. Je l'étais, certes, mais j'avais l'impression d'avoir perdu ce statut ce matin. Je rouvris mon cahier de notes et me replongeai à l'intérieur. Je refusai de baisser les bras. Après des dizaines de minutes que se transformaient en heures, je n'étais pas beaucoup plus avancé. J'avais compris certaines choses, mais ce n'était pas suffisant. Je fis une pause. Mon cerveau bouillonnait. Je jetai un oeil autour de moi : Personne ou presque dans le parc. Et pourquoi y aurait-il quelqu'un? Tous les élèves étaient en cours ou en ville. Par un bel après-midi comme celui-ci, j'enviais les uns et je plaignais les autres. La solitude me remotivai sans pour autant me donner les réponses aux questions qui volaient dans ma tête sans pouvoir se poser sur une sollution. Je repris mon cahier et fermai encore un moment les yeux. Je restai là, à l'ombre du grand arbre.