La clé du mystère | Grace & Jude

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Grace and Jude

Parfois il vaut mieux mettre fin à n’importe quelle histoire. Quelle soit merveilleuse ou non. Il faut que je le fasse. Il faut que je n’écoute aucun de ses mots. J’aime Grace. Je l’apprécie énormément. Je pourrais passer des millions d’heures à ses côtés. Mais plusieurs tâches viennent obscurcir le tableau. Tout d’abord cette chose qui fait que nous nous ressemblons un peu trop à mon goût. Et puis combinons à ça le fait que je ne veux pas être attaché à qui que ce soit. Encore moins à mon double féminin. Je ne peux pas… C’est ainsi… Je ne peux pas… C’est juste que… Comment expliquer ça ? J’ai trop peur de tout faire foirer à la première minute. Mais également de m’énerver après elle car elle pousse à bout mon caractère de prédateur.
Grace me balance tous les arguments possibles. Elle me retient. Elle fait tout. Pourquoi ne comprend-elle pas ? Pourquoi fait-elle tout ça ? Ne voit-elle pas l’évidence ? Nous deux ça ne rime à rien. Nous ne sommes pas fait pour former un couple. Nous ne sommes bons qu’à être amis et encore… Nous avons des points communs mais ce n’est que la deuxième fois que nous nous voyons réellement. Quand on précipite autant les choses, ce n’est pas bon signe. Je ne crois pas aux coups de foudres. Alors expliquer pourquoi nous voudrions déjà former un couple ? Pourquoi vouloir se lancer des fleurs, des mots d’amour et des baisers ?

«Et toi, dis moi, Jude... Si tu ne penses plus à rien d'autre, à ce qui pourrait se passer ou non... Au fond, qu'est-ce que tu veux vraiment, là, maintenant ? »
Et voilà… C’est le moment. Dire ce que je veux. Qu’est-ce que c’est ? Vraiment ? C’est le moment ou jamais. Comment expliquer ce que je ressens ? Comment mettre les bons mots sur mes pensées ? Je ne sais pas trop quoi faire, comment réagir… Mais je peux le faire. Je suis que j’en suis capable. Dire clairement que je ne veux pas d’histoire d’amour. Lui annoncer en lui brisant le cœur que je ne veux vraiment pas me lancer dans quoi que ce soit. Maintenant ou plus tard. Avec elle ou avec une autre… Je suis violent, dangereux et surtout trop peu sûr de moi pour me faire confiance. Particulièrement en amour.
« Je veux être seul. » J’avale ma salive. Plonge mon regard dans le sien. Je ne vacille pas. Je ne montre pas ce que mon cœur endure. Oui je me sens vide, je me sens mal. Je la fais souffrir et ça me blesse. Mon cœur est à vif. Je ne faiblis pas. « Je veux être seul, maintenant. » Je laisse un moment de silence avant de m’éloigner de Grace. Je ne la quitte pas des yeux, faisant quelques pas à reculons. Puis je pivote. Elle ne va pas me retenir deux fois de suite.

C’est fini. Tout ce manège est fini. Je serais un monstre à ses yeux. Elle me haira. Elle ne comprendra pas. Mais c’est ainsi. C’est ainsi que ça doit se passer.

L’éclat cristallin de son rire à la suite de ma dernière phrase parvient à me détendre. Nous rions doucement tous les deux. Ce n’est pas un fou rire, loin de là. Disons que c’est plus nerveux qu’autre chose. Ma tête pivotée vers la demoiselle, j’attends l’accalmie. Seulement, Grace en profite pour répondre à la question que j’avais posée précédemment. Elle me semble déjà loin. Pourtant elle est toujours présente en mon esprit. Ancrée.
Selon la brunette, tout dépend de l’acte qu’on a commis. C’est bien ça le problème. Comment peut-on jugé de la gravité d’une chose ? Y a-t-il une échelle ? Qui l’a alors édictée ? Comment savoir si on est capable de se débarrasser du poids de la culpabilité ou non ? « Tu es quelqu'un de bien, Jude. » Elle ajoute ça le plus naturellement possible. Elle vient mettre le doigt où ça fait mal. Elle dit tout haut ce dont je doute. Je manipule, j’observe, je critique, j’utilise, je jette, je mens… Je ne fais rien de Bien.« Je n’en mettrais pas ma main à couper…» Honteux, je baisse la tête et joue avec une herbe sèche. Je la tords dans tous les sens comme je tords mon esprit à la recherche d’une bonne action. D’une lueur entre les briques noircies de mon âme. J’ai hérité d’un père tyrannique, d’une mère muette, tous deux absents. J’ai grandi avec la responsabilité de deux jumeaux à protéger. J’ai sauvé une demoiselle d’un ouragan. J’ai pris sous mon aile ma petite sœur. J’ai créé une horde unie comme une seconde famille. Ce sont ces deux derniers points qui me sautent aux yeux. Ils ont l’air si bons, si parfaits. Mais dans le fond, ce sont les tâches noires du tableau. Un goût âpre envahi ma gorge jusqu’à remonter pour infester mon palet. Des idées obscures viennent assombrir mon esprit. Et si je devais recommencer ? Ferais-je autrement ? Dirais-je « non » ? Ou « stop » ? Non… Tout est comme il est. Je ne peux ni repartir en arrière, ni me trouver des excuses. J’ai fait ce que j’ai fait. Deux fois. Et je ne vais pas me blâmer. Je me suis puni. Mentalement. Je me suis refermé et flagellé. Est-ce que ça doit continuer ? Dois-je continuer à m’infliger la torture de la culpabilité encore longtemps ? Dois-je m’ouvrir à cette brunette rencontrée en boîte de nuit. J’ai envie de changer de sujet. De tout oublier et de passer à autre chose. J’ai envie de lui faire l’amour, simplement pour me réconforter et déverser tout l’énergie qui s’accumule en moi. Toute ma rage. J’ai envie de pleurer et de la frapper pour ce qu’elle m’oblige à voir. Non… Non, je ne suis pas quelqu’un de bien. Je suis dangereux. Je suis maléfique. Je suis le Mal. Elle devrait fuir. Elle devrait partir. J’ai tant de haine pour moi-même ! Mais paradoxalement, je respecte mes actes. Je m’incline devant les actions que j’ai pu commettre. Je hais les images de violence qui sommeillent en moi. Mais je suis à genoux devant mes raisons. Enfin… Peut-être pas toutes mes raisons… Mon cœur bat trop fort. Ma bouche est trop sèche. Mes lèvres sont trop serrées. L’air sent trop l’iode. La brindille entre mes doigts se casse.
Je me lève lentement et tourne les talons sans un mot. Mes pieds s’agitent dans le sable. Tout ce qui reste de moi à côté de Grace, c’est cette brindille tordue et coupée en deux. Je me force à ne pas me retourner et je prie pour qu’elle comprenne.

« Je sais, je ne suis pas obligée... Ce n'est pas facile pour moi de parler de ça... Je ne le fais jamais. Mais avec toi... Je ne sais pas... Je tenais à ce que tu le saches... » C’est peut-être ça le problème. Depuis quand les gens ont confiance en moi aussi facilement ? Enfin, facilement n’est pas le bon mot. Grace est un coffre de banque, elle est blindée, elle nécessite des tas de codes pour braver sa sécurité. Et moi je suis ce petit bandit amateur qui a réussi par je ne sais qu’elle chance à ouvrir le cadenas et à atteindre les liasses de billets sans faire sonner l’alarme. Je n’ai pas arrêté de lui demander de me parler d’elle, voilà qu’elle le fait et j’en reste perturbé. J’ai ce que je voulais et je suis sans voix. Cloué sur place. Parce que je ne le mérite pas. C’est vrai, je suis le bandit amateur. Pas le génie des cambriolages ! Si je l’ai fait aux autres, avec Grace ce n’est pas pareil. Elle n’est pas une marionnette bonne à jeter après utilisation. Et voilà que je l’ai entre les mains. Je dois être digne de ça. Digne d’elle. J’ai l’impression d’être un de ces chevaliers qui fait la queue pour déloger Excalibur. Je vois tout le monde échouer les uns après les autres. Je me dis alors que je n’ai aucune chance. Et voilà mon tour… C’est à moi de jouer. Je n’y crois pas mais le fait quand même. Et c’est là que l’épée sort du rocher… Je ne sais absolument pas comment agir. Suis-je digne de cette épée ? Est-ce un coup de chance ? Le destin est-il en ma faveur ? Est-ce que c’est le début de tas de responsabilités qui me mèneront dans la défaite ? Le début de la fin ? Dois-je changer pour correspondre à cette épée ? Ou dois-je faire en sorte que cette épée me représente ?

« Cela ne signifie pas que tu dois me parler des démons qui te hantent toi aussi... » Grace vient de me ramener à la raison. Je pense trop. Je veux toujours voir au loin alors que les choses se passent sous mon nez. Elle me propose de ne pas forcément tout lui dévoiler. On échange les rôles. Je suis celui qui a peur de parler et elle me propose de prendre mon temps pour le faire. Je suis devenu celui qui manque de confiance. Mais merde ! Comment ça se fait ? Je n’ai même pas eu le temps de réagir ! Ça ne va pas. Non. Non je ne veux pas être celui en retrait. Je veux que Grace et moi soyons sur la même longueur d’onde ! Non. Non je ne me tairais pas. Je ne dirais peut-être pas tout. Pas d’un coup par peur de la faire fuir. Mais je lui parlerai de mes démons. Maintenant. Demain. Dans une semaine… Un jour. Un jour, elle saura tout. Parce qu’elle le mérite. Parce qu’elle me transforme en un autre homme. Parce que nous deux c’est spécial. « ...Enfin... Tu sais que je t'écouterai si c'est ce que tu veux... » C’est ce que je veux. J’ai une épée entre les mains et je sais désormais quoi en faire. Il suffit que je la laisse me guider, que je la porte et que je ne la quitte plus. « Comme toi… Je n’en ai jamais parlé à personne. Enfin pas de tout… J’ai des meilleurs amis qui connaissent la plus grande partie de mon histoire. Ils savent tout, ou tout du moins ils savent ce que j’ai eu envie de leur dire… Mais…» Je m’arrête. C’est avec eux que j’ai passé une grande partie de mon adolescence. Les conneries, les actes irréfléchis, les conséquences graves, les premières fois, les prises de risques, les engueulades. Ils savent tout. Des problèmes avec mon père à nos petits secrets bien caché de meilleurs amis. Cependant, il y a toujours cette petite chose que l’on garde pour soi. Que l’on n’ose même pas avouer. Pas à eux. À quiconque. Sauf le silencieux témoin avec lequel on a conclu un pacte. « Est-ce que tu penses qu’on peut trouver la paix ? J’veux dire… Malgré les actes atroces qu’on a pu commettre… Est-ce qu’on peut s’en sentir vraiment libérer ? Parce que moi, j’ai l’impression que malgré nos airs de personnes tout à fait normales, on continue de souffrir en silence… Y pas de solution contre ça…» Contre la culpabilité. Personnellement, j’ai toujours essayé de me soigner en faisant en sorte que tout est un sens. Et même si c’était une erreur monumentale, je me dis toujours que dans le fond les conséquences n’en sont pas forcément négative…
Dans le fond, je me dis que si je suis si en marge de la société c’est pour me protéger. Je reste inaccessible, observateur et silencieux. Je m’efface pour creuser dans la vie des autres et chercher leurs points sombres. Je cherche. Je guette. J’attends. Je saute sur la proie. Mais tout ça en restant anonyme et invisible comme une ombre. Si j’agis comme un chasseur c’est par peur d’être chassé. Voilà tout.
« Cette conversation est en train de me rendre dépressif...» Lançais-je d'un ton monocorde. Un rire s'échappe immédiatement de ma bouche. Détendons un peu l'atmosphère, ça ne nous fera pas de mal !

J’ai un léger frisson quand Grace me répond par l’affirmative. Dans le fond, c’est ceux à quoi je m’attendais mais d’un autre côté ça me fais bizarre de savoir que quelqu’un ou quelque chose a pu la traumatiser. Un évènement si important qu’elle a tout plaqué pour venir recommencer une nouvelle sur un autre continent. Je sais que le mode de vie américain fait rêver pas mal d’européens et que beaucoup viennent tenter leur chance dans mon pays. Mais ce n’est pas toujours dans un but seulement innocent. Sa vie, ses sourires, sa sensualité, ses regards… Toutes ses petites choses qui font d’elle une femme si spéciale, servent à cacher cette part qu’elle s’apprête à me dévoiler. Et moi ? En serais-je capable ? Dire tout. Toute la vérité, rien que la vérité. J’ai comme l’impression d’être l’avocat devant le témoin assis à la barre. J’atteins la confiance, pose la bonne question et épate les jurés grâce à la réponse que j’amène. Je ne veux pas la forcer… Je veux dire par là, qu’inconsciemment je suis très fort pour amener les gens là où je le souhaite. Je sais que la brunette n’est pas si facile à manipuler… Mais si ça se trouve j’ai fait tout ça dans le but d’avoir ses informations que j’ai toujours recherchées depuis le début… Peut-être que ma curiosité est si malsaine que j’arrive à faire croire n’importe quoi… Même à moi-même.

Un léger vent de panique m’envahit mais je le dissimule parfaitement. Je sais cacher mes émotions. Alors je me contente de la regarder. Nos yeux se croisent et ne se quittent pas pendant un moment. Elle me rassure. Sa bouche s’entrouvre et alors le verdict tombe. « Je te le jure. » Et voilà… Je viens de poser ma main sur la Bible, je jure devant la cour que je ne dirais que les faits exacts. Et ici, je ne répéterai rien, je n’écrirai rien, je ne recenserai rien, je n’en parlerai ni à mes meilleurs amis, ni aux jumeaux. « ...Mes parents sont... Enfin... Je suis issue d'une famille de riches... » Ça c’était un point que je connaissais déjà. Je ne sais si elle me l’a dit ou non mais c’est facile à distinguer. D’abord par notre lycée puis ses vêtements. Elle conserve toujours une posture très droite et est soignée. Pas un ongle de travers, pas de maquillage à outrance, ou je ne sais quoi d’autre. J’hoche la tête mais ne dis rien. Je sens qu’elle s’apprête à continuer. « Je n'ai pas seulement quitté l'Angleterre, j'ai... disparu. » Ça par contre je ne l’avais pas pu venir. Et ça pique encore plus ma curiosité. Que veut-elle dire pas « disparu » ? Ce mot peut cacher tellement de sens. Elle peut avoir fugué. Avoir fait croire à sa propre mort. Avoir changé de nom… Des tas de scénarios catastrophes et plutôt inquiétants s’enchaînent dans ma tête. Puis je constate qu’en un mot elle a su décrire sa situation en ouvrant des tas de portes sans se mouiller. Je me rends compte que je suis incapable de faire ça.

Je décide alors d’agir comme un bon petit-ami. Enfin, je ne veux pas dire que je le suis. Je ne veux pas… Merde ! Pourquoi ai-je pensé ce mot ? Ce n’est pas le bon qualificatif…Je… Bref. Je décide de ne pas enfoncer le pieu plus profondément. Je tends mon bras et vient poser ma main sur son épaule la plus éloignée. Je rapproche un peu Grace de mon corps pour qu’elle puisse poser sa tête sur mon épaule et surtout que je la sente près de moi. « Ne te sens pas obligée de tout me dire maintenant… Je saurais attendre…» J’essaye de m’en convaincre. En fin de compte c’est plus facile que je ne l’imaginais. J’arrive à penser d’abord au confort de Grace plutôt qu’à satisfaire mes envies. « Tu sais… Je serais toujours là pour t’écouter. Je t’ai dit tout à l’heure qu’on ferait mieux de ne rien précipiter et je ne sais pas… J’ai cette impression de te forcer à te livrer. Tu n’es pas obligée, tu sais… » Je m’embrouille un peu, non ? N’ai-je pas dit tout à l’heure que c’est en apprenant à mieux se connaître que notre relation aura vraiment un sens ? Et maintenant je reviens sur mes dires ? Je ne sais vraiment pas ce que je veux. Peut-être que j’ai peur que ça devienne justement trop formel. Je n’ai jamais eu à vivre ça et je ne sais vraiment pas comment m’y prendre !

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J’aime en savoir plus sur Grace. C’est comme si à chaque minute je lisais une page de plus du plus intéressant des romans. Je veux tourner les pages si vite que je n’ai pas le temps de tout comprendre. Ça s’embrouille puis ça part en sucette… Je trouve que cette image représente bien ma relation avec cette jeune femme. La curiosité, la précipitation, les problèmes…
Elle me répond sincèrement qu’elle ne souhaite pas retourné dans son pays natal. Il ne lui manque pas. Je trouve ça plutôt étrange. Qui n’a pas envie de retourner sur ses traces ? Qui ne souhaite pas, un jour, revoir avec son regard adulte ce qu’il percevait différemment enfant ? Malgré tout je la comprends. J’ai dû mal à rester à Miami alors… C’est simplement qu’elle est si directe ! La réponse est tombée telle la lame d’une guillotine sur la nuque de sa victime. Brutalement, sans qu’on ne s’en rende compte.

Grace commence à me connaître. Elle rajoute rapidement que la vie y était compliquée. Des trucs avec sa famille… Mmh… Je connais bien ça ! Je crois que c’est pour la même raison que je ne supporte plus de vivre dans cette ville et en même temps que je m’y accroche. Je souhaite fuir mes parents mais rester avec ma sœur. « J'ai tout recommencé en arrivant ici... Je ne regrette pas mon passé, je me sens enfin libre... J'aimais l'Angleterre, mais... Ma vie est ici maintenant. » Je sens qu’elle est presque sur le point de se livrer à moi. Mais y a toujours cette part de mystère. Comme si elle craignait de dévoiler la mauvaise chose au mauvais moment. Comme si ce changement de vie, comme elle dit, cache plus que ça. « J’comprends… C’est peut-être ce que je devrais faire… Tout recommencer à zéro, autre part. Mais je sais que je ne pourrais pas fuir mon passé, ni ma famille. Ils ont, malgré eux, fait de moi ce que je suis alors…» Parfois j’ai l’impression quand en disant peu, Grace m’oblige à en dire beaucoup. « La vie c’est quoi ? Se battre pour survivre. On a tous nos démons, les tiens semblent être de l’autre côté de l’océan, je me trompe ?» Je la regarde un instant. J'ai peur d'être sur un terrain glissant. Non, en fait, j'y suis c'est certain. Mais en lui disant que ses démons sont là-bas j'avoue tout bas que les miens sont ici. On lutte tous les deux d'une manière différente. Elle semble avoir tourné la page si facilement. Moi je lutte encore. Je marque sur mon corps mes peines, mes remords et mes faiblesses. Tandis qu'elle cache derrière ses sourires un manque profond de quelque chose. Nous sommes des êtres brisés. Je le sais. Tous les deux nous avons cette vision du monde que les autres jeunes de autre âge n'ont pas encore. On est spéciaux. On est en marge. Mais c'est ainsi. C'est ce qui fait notre force.

J’étais sûr qu’après un moment de réflexion Grace trouverait l’endroit parfait. Et dans le fond je ne suis pas surpris quand elle me dit de la suivre. Ça ne pouvait pas être autrement. Elle ne se serait pas défilée pour ça. Je suis curieux de savoir où elle m’entraîne. Mais je n’ose rien dire. Ma main dans la sienne, je suis ses pas sans ouvrir la bouche. Durant le trajet, j’ai tout le temps pour calmer mes ardeurs. Je n’ai pas envie que tout se précipite à nouveau. Enfin… Je veux dire… Bien sûr que si j’en ai envie mais d’un autre côté, je ne veux pas me contenter de ça. Je ne veux pas qu’elle connaisse cette facette de moi. Ce côté masculin qui ne pense qu’à coucher encore et encore. Je veux qu’elle sache que je ne me résume pas qu’à ça. Ce n’est pas simple de stopper ses passions. Surtout quand une fille aussi canon vous entraîne dans un endroit inconnu. Plus nous marchons, plus nous nous éloignons de la population. La ville dans le dos. Le bruit qui s’étouffe. Le vent qui vient balayer nos cheveux. Les siens volent dans tous les sens. Je peux ainsi apercevoir sa nuque. J’ai envie de l’embrasser… Cette peau si lisse, si belle, si appétissante, si... Il faut que je reste focaliser ! Alors je me contente de regarder le décor. Je grave en mémoire le chemin que nous empruntons. Nous sommes de plus en plus loin de l’internat. Je peux sentir l’odeur de l’iode de l’océan. Et rapidement nous nous retrouvons sur une sorte de dune de sable, face à l’eau. Il y a ces typiques petites herbes sèches, deux ou trois palmiers, des buissons, du sable, des petits rochers… Le bruit de vague recouvre toute l’agitation de Miami. Le mois d’août est l’un des plus mauvais en ce qui concerne la météo en Floride. Pourtant, ici, j’ai l’impression d’être sur une petite île déserte. C’est agréablement calme. Je n’ai même pas remarqué que Grace m’a lâché la main. Ce n’est que quand elle se tourne vers moi que je m’en aperçois. « C'est ici que je viens quand j'ai envie de me retrouver seule pour réfléchir un peu, ou tout simplement me détendre en admirant la vue... Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'adore cet endroit... » Ce lieu est l’un des plus paisibles endroits du coin. Je ne le connaissais pas et j’apprécie le fait que la brunette me le fasse découvrir. Surtout qu’il semble compter beaucoup pour elle… « On a tous un endroit comme celui-ci. Moi, c’est le toit d’un immeuble en plein Little Havana. Le bâtiment est à mon père… Une de ses premières acquisitions immobilières. Maintenant il préfère de loin les quartiers d’affaires et ne s’occupe plus de celui-ci mais… Moi je l’aime bien. C’est serein. De l’espagnol à tous les coins de rue, pas d’argent gaspillé en fioriture, que des choses simples et vraies. » Mon esprit divague d’un souvenir à un autre. Je n’ai emmené qu’une seule personne sur le toit de cet immeuble. Kaylee.

Mes mains glissent dans les poches de mon jeans, mon regard revient sur Grace à qui je souris faiblement. Je n’aime pas beaucoup parler de mon père. C’est un sujet toujours très compliqué. J’humecte mes lèvres avant de faire quelque pas. « On s’assoit ? » Je cherche un endroit un peu plus plat avant d’y poser mes fesses. Mes converses se remplissent rapidement de sable et le vent doit mettre mes cheveux dans une pagaye monstre. «C’est magnifique…» Dis-je en regardant Grace. Je parle de la vue. D’elle. De tout. Mais ça semble beaucoup plus évident dans ma tête qu'à voix haute. Les mots se mélangent dans ma tête. « T… Tu viens souvent ? T’as jamais eu envie de repartir en Angleterre ?» Moi, j’aimerai partir. Loin, très loin. Mais je ne peux pas. Vis-à-vis de Marissa… Et des autres. Enfin, des autres… Je sais que Cassie et Duncan pourront continuer sans moi. Grace aussi mais… Je sais pas…

Elle m’annonce que nous ne sommes finalement pas si seuls dans le parc. Ce qui est logique dans le fond. Nous sommes dans un jardin public et comme son nom l’indique tout le monde peut y aller. Il est l’heure où les enfants rentrent enfin chez eux normalement en cette fin d’après-midi mais certains font toujours exception à la règle. Si j’avais vraiment voulu être seul avec Grace, je l’aurais emmenée dans ma chambre ou bien dans une chambre d’hôtel. Mais je connais très bien ce qui se serait passé par la suite. Ce qui se serait d’ailleurs passé dans les buissons si le jeune George n’avait pas coupé mes pulsions. Je suis un mec, évidemment que je ne pense qu’à ça. Je ne vois que son corps. Je ne sens que son parfum. Elle m’attire. Je la désire. Mais je n’aime pas me contenter que de ça ! Quoi que… Je pourrais très bien vivre avec ça sur la conscience. J’adorerai passer l’intégralité de mes journées dans un lit avec Grace, dans une douche avec Grace, dans un ascenseur avec Grace, dans un placard avec Grace, dans une cabine d’essayage avec Grace, dans une cuisine avec Grace. Partout. Mais je n’ai pas envie d’être ce genre de mec. Le type qui ne pense qu’au sexe et ne se soucie pas des sentiments. Je le pourrais, mais par nature je sais que les filles ont besoin de plus que ça. Elles ont besoin de mots, d’une histoire… Et je n’ai pas la moindre idée de comment ça marche. Faut-il lancer un sujet ? Jouer les désintéresser ? Ou au contraire s’émerveiller en l’écouter parler de tout et n’importe quoi ? Faut-il dire « non » à certaine chose ? Faut-il poser des limites ? De toute façon je n’ai pas le mode d’emploi. Le pire dans cette histoire c’est que ma brunette n’a pas l’air d’être une fille ordinaire. Alors déjà que c’est dur d’en comprendre une normale, mais alors quand elle sort du lot… C’est pire qu’un casse-tête ! Je crois bien que je vais finir par devenir fou.

« Qu'est-ce qu'on fait? » Son regard en dit long. J’ai l’impression qu’elle veut la même chose que moi. Je me trompe ? Ou bien j’invente ? J’ai envie de le faire alors j’imagine qu’elle aussi.
Je vous le dis, je deviens fou. Je me redresse de la balançoire. Ma langue vient humecter mes lèvres alors que je pivote pour faire face à Grace. D’en haut j’ai le plus beau point de vue de tout Miami. Un sourire étire mes lèvres alors que je lui tends la main pour qu’elle se lève à son tour. Ce qu’elle finit par faire. Nous sommes à nouveau proches. Ma main garde précieusement la sienne. Je lève le bras pour faire pivoter la lycéenne sur elle-même. Une petite danse silencieuse s’ensuit. Je laisse une mélodie sortir timidement de ma bouche. Pas de paroles, juste l’air d’une musique dont je ne me rappelle pas le nom. Ma voix rauque résonne enfin : « Surprends-moi. » Un nouveau jeu ? Ce n’est pas comme ça que je le voyais. J’ai juste envie qu’elle prenne la décision qui lui semble la meilleure. Moi, je suis trop perdu pour réfléchir convenablement. Je veux savoir quel est l’endroit qu’il lui vient à l’esprit, ou bien l’activité… La spontanéité avant tout. C’est peut-être ainsi que nous apprendrons à nous connaître. Qui sait ?

Grace ralentit un peu avant de me répondre. Elle se sent vivante. Je suis heureux d’en être la cause, ou plutôt la raison… Ou bien l’outil qui a servi à la mener à un tel état. Cette brunette n’a pas dû avoir une enfance facile. Elle n’a jamais fait de balançoire et je me doute que ce n’est pas le seul petit plaisir qu’elle n’a jamais connu. Je suis assez triste pour elle. Ce n’est aucunement de la pitié. Juste que je pense que tous les enfants méritent une vie normalement construite. Pas de problèmes parentaux, pas de foyer délabré, pas de restrictions… Mais bon, il ne faut pas rêver. Grace comme moi, prouvons que l’on peut très bien réussir sa vie, ou tout du moins finir son adolescence, sans ça et être tout à fait normaux. Même si dans le fond, je ne suis pas sûr que nous entrons tout à fait dans la norme…

« ...Mais si tu veux une réponse plus franche... » J’hausse un sourcil. Quoi ? Ce n’était pas la vérité ? Elle ne se sent pas mieux après avoir fait pour la première fois de sa vie de la balançoire. Je l’observe à l’affut d’une réponse à l’avance. Elle s’arrête brusquement. Nous sommes alors tous les deux assis dans nos balançoires. Moi tourné sur le côté, les cordes emmêlées et elle cherchant mon regard. Je suis suspendue à ses lèvres. J’attends de savoir. Durant un instant le temps s’arrête et j’imagine chaque possibilité.
Grace trouve que toute cette histoire sonne faux et qu’elle voudrait partir. Qu’elle n’aime pas du tout cette sensation de liberté. Elle ne veut plus jamais entendre parler de moi. Elle se demande où nous mènera toute cette comédie… Oui, ce ne sont que des scénarios négatifs car c’est ma plus grande crainte. J’adore sa compagnie. J’aime la contempler, l’analyser, plonger dans ses yeux, les fossettes qui se creusent dans ses joues quand elle sourit, son grain de beauté comme une larme figée… J’aime sa façon d’être, son esprit aussi tordu que le mien, ses jeux, sa voix, sa bouche, ses baisers… Et je ne vois que du négatif car je suis persuadé de ne pas mériter ça. Grace est une fille populaire. Elle a des tas d’amis. Il paraît qu’elle fait partie des cheerleaders… Bref. Le saint graal au lycée. Moi, je ne suis qu’un vulgaire prétendu manipulateur qui observe mais ne fait rien. Je ne recherche pas la gloire et je ne pense pas que Grace le fasse mais… C’est juste que nos deux univers soient totalement compatibles. On se ressemble tellement en étant à la fois deux opposés.

« ...J'ai qu'une envie là, c'est de t'embrasser... » Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. J’ai peut-être été trop pessimiste. Et je dois avouer que ça fait un moment que j’ai envie de retrouver ses lèvres contre les miennes. Je n’attends pas une seconde de plus. J’attire sa balançoire vers la mienne. Je tiens les deux cordes pour qu’elle soit face à moi. Je tire encore un peu. Je m’approche lentement. Nos nez se frôlent, nos regards plongent l’un dans l’autre avant que je quitte ses pupilles vertes pour un coup d’œil vers ses lèvres rosées. Et finalement… Je l’embrasse. Un simple baiser qui finit par devenir un peu plus. Nous retrouvons rapidement cette complicité que l’on avait eue lors de la première nuit. Ma main lâche la corde pour glisser dans le bas du dos de la jeune femme. Je m’arrête un instant et la regarde, un petit sourire affiché sur le coin des lèvres. « Je n’avais envie que de ça…»
C’est alors qu’un petit garçon arrive en courant vers nous. Ses petites mains se posent sur mon genoux « Vous faîtes un bébé ? » Je sursaute en entendant sa voix fluette. Je ne l’avais pas vu venir celui-là ! Mes yeux s’arrondissent quant au propos qu’il tient. Je tourne mon visage vers lui puis revient vers Grace. Un rire franc sort automatiquement de ma gorge. « George, viens ici ! » Sa mère au loin l’appelle. « Ne va pas embêter les gens ! Même s’ils n’ont rien à faire ici… » Son air sérieux me désole. Le fameux George s’éloigne en nous faisant un petit geste de la main, que je lui rends avec plaisir. « Oh madame, ne me dîtes pas que vous n’avez pas eu 18 ans un jour ! » C’est vrai quoi ! Elle pourrait comprendre un peu… Et puis ce n’est qu’un baiser. Ok, je me serais très rapidement laissé emporter mais bon… Autant profiter de notre jeunesse, non ?

Grace a l’air d’apprécier l’endroit. Elle observe un instant avant de m’affirmer que ça va. Ce genre d’endroit rend toujours mélancolique. Ça me rappelle toute cette enfance que j’ai loupée. Je n’ai jamais été un gamin comme les autres. J’ai appris très jeune à être un grand. Nous allions dans un parc avec les jumeaux mais je ne jouais pas beaucoup, je faisais plus de la surveillance. Ils n’avaient que deux ans de moins que moi, mais je me devais d’être le plus sage et le plus responsable. Tout était sur mes épaules. La tâche de boue sur la veste, le trou dans le pantalon, l’égratignure sur la joue… C’était forcément de ma faute. Mon père me répétait sans arrêt que si je voulais être un bon frère, je devais arrêter d’embarquer les deux petits dans des plans terribles. Il le dirait sans doute encore aujourd’hui… Alors que ça n’a jamais vraiment été de ma faute. Je ne les entrainais nulle part. Au contraire, j’essayais de leur demander de ne pas sortir des sentiers battus. Je les protégeais et j’en oubliais de vivre normalement. J’ai eu une période plus tard où j’ai fait mes expériences seuls… J’ai commis mes erreurs… Mais je prenais toujours le plus grand soin de garder ça pour moi. Les jumeaux ne devaient pas être au courant, ils ne devaient pas être impliqués… En principe… Il y a une limite à tout. J’ai eu l’occasion de la rencontrer et… Tout ne se passe jamais comme on le décide… Jamais.

Je secoue la tête pour me sortir de cette rêverie. Je suis toujours comme ça dans les endroits pour enfants ! Mais ce qui parvient à me faire oublier tout ça, c’est la révélation de la jolie brune. Presque timidement, elle m’avoue qu’elle n’a jamais fait de balançoire. Je sais que j’ai eu une enfance compliquée et différente des autres mais… Je ne me doutais pas que c’était également le cas de Grace. Sans doute dans une mesure bien différente. Mais quand même. Je l’observe un instant. Nous semblons tellement avoir les mêmes points faibles, les mêmes manies… J’ai envie de la connaître encore plus. Pour trouver des points communs encore plus improbables mais surtout pour tomber sur des épisodes diamétralement opposés aux miens. J’ai soudain se désire de lui parler de tout, en long en large et en travers. Mais aussi de la serrer, de la faire rire, de jouer comme deux gosses de primaire et de l’embrasser. Elle est encore plus belle… Là, de dos marchant vers cette balançoire avant de s’y asseoir. J’en fais de même. Je pousse une première fois vers l’arrière avant de me laisser emporter par le rythme. Je ne vais pas haut du tout et mes yeux restent rivés vers la jeune femme. « Au moins j’aurais la chance de pouvoir dire que j’ai été le premier à te faire vivre une expérience… » J’hésite à dire qu’elle est vierge de la balançoire mais ça pourrait être déplacé. Alors, je garde cette réflexion pour moi, avec un petit sourire aux lèvres.
« Alors ? Vos sensations, jeune demoiselle ? Voulez-vous que je vous pousse ? » Je me suis arrêté pour tourner ma balançoire à quatre-vingt-dix degrés, histoire de pouvoir la regarder convenablement.

J’aime la manière dont me répond Grace. Son ironie, son sourire, son ton grave. Je sais qu’elle ne pense pas un seul des mots qu’elle a prononcé. Elle meurt d’envie, comme moi, de partir en courant. J’espère. J’aime laisser libre cours à mon imagination, parfois. Ce que les autres pensent spontané de ma part est bien souvent réfléchit depuis longtemps. Il n’y a qu’avec quelques rares personnes que je me laisse complètement allé. Au point de faire des choses auxquelles je n’avais pas pensé. Même une seule seconde. C’est ce qui m’est arrivé avec ma Princesse Kaylee. Mais également avec les jumeaux et nos paris. Et finalement avec Grace. Je ne sais pas ce que ça veut dire… Pourquoi suis-je différents avec eux ? Je ne sais même pas s’il y a une raison particulière à ça. Est-ce parce qu’ils sont différents des autres ? Ou parce que je leur accorde ma confiance peut-être… Je n’en sais rien ! Et peut-être que je ne le saurais jamais. Encore, je comprends pour ma famille ! Je les connais, ils me connaissent, on se comprend. Mais c’est deux filles ? Qu’ont-elles de si spécial ?
J’observe un peu plus longtemps Grace qui me demande ce que j’ai en tête. Quel endroit… Je redoutais cette question. Mais comme je l’ai dit, il faut que laisse mes actes agirent avant même de les penser. J’ai un endroit privé que j’aime visité quand j’ai besoin de réfléchir. Seulement, cet endroit secret ne l’ai plus. J’y ai emmené Kaylee lors de notre première soirée ensemble. On a regardé le soleil se coucher et puis… Pourquoi je n’arrête pas de parler d’elle ? Je suis avec Grace. Je dois être spontané, trouvé l’endroit parfait en trente seconde. Mais déjà : sortir du bar. Je me lève brusquement. Ma chaise grince sur le sol. Je réponds alors à la jolie brune : « Je n’en ai pas la moindre idée ! » Un sourire vient éclairer mon visage alors que je lui tends la main. J’attends qu’elle la prenne avant de sortir en courant du bar. Une fois dans la rue, je regarde à droite puis à gauche. Une destination… Une destination… Je reprends ma course en continuant de tenir ma belle par la main. Je ne sais pas vraiment où mes pas me mènent mais j’aime ça. J’ai l’impression d’être un gamin fou furieux que rien ne peut arrêter.
Je fais cependant une pause. Je souris à Grace de toutes mes dents. « Viens là ! Une demoiselle ne devrait pas courir. Pas quand elle a un sac-à-main rouge ! » Nouveau petit pic envers son fameux sac. C’est pour rire, il n’y a absolument de méchant là-dedans ! Je me retourne, pour lui montrer mon dos. Je me baisse un peu en position pour la recevoir. « Monte ! » Je suis un cheval. Un cheval fougueux ! Je cours comme un fou. Je m’essouffle. Je pivote dans une rue puis dans une autre. Mon rire résonne dans l’air étouffant de cette journée d’été. Je finis par pousser une petite grille métallique. Un jardin d’enfant. Des toboggans, tourniquets, une cage d’écureuil, des balançoires… Un vrai bonheur pour les moins de 6 ans. Et les plus grands aussi ! Je laisse ma cavalière descendre au sol, sur la pelouse bien verte et moelleuse. « Bon ce n’est aussi calme que prévu… Désolé. Mais je suis sûr que tu n’as pas fait de balançoire depuis longtemps ! Considère ça comme un remède efficace contre la maturité. En plus c’est offert par la maison ! » Je lui fais une petite révérence avant de sourire à nouveau.
Je suis complètement timbré. Au moins, elle aura la chance de connaître cette partie de moi !