I'm Yours. [fT. Drake ♥]

THEME

Mon Dieu. Il avait si souvent espéré qu'elle soit à l'abri, en sécurité, heureuse. Et puis finalement, se fut tout le contraire. D'un côté, il se disait tant mieux, malgré tout, car il pouvait être honnête avec elle et lui dire la vérité. De l'autre, il était énervé. Il était furieux même. Il aurait voulu qu'elle l'emmène tout de suite voir sa mère, mais là encore, non. Drake se connaissait et il savait très bien qu'il aurait pu la tuer de ses mains. La détruire pour se venger de tout ce qu'elle avait pu anéantir. Mais même en pensant cela, il se dit que non, pour Célia et uniquement pour cette raison -ce qui reste assez terrifiant- il ne lui retirerait pas sa mère. Il ne ferait pas la même chose que cette connasse avait pu lui faire vivre en lui retirant toute sa famille. Il y avait tellement de question sans réponse... Pourquoi? Pourquoi cette femme avait elle tué ses parents, pour quel mobile? Juste le désir d'être mère et donc, de voler un enfant à sa famille de cette façon? Etait-ce ça, cette stupide réponse? Un simple jeu de malchance? Car ça aurait pu tomber sur la maison des voisins, mais non. Non. C'était tombé sur eux. Les Anderson.
Drake avait mit ses doigts sur ses lèvres, il fixait l'adolescente, perdu dans ses pensées. Il devait être honnête, parce qu'elle l'avait été et que dès ses premières paroles, il avait su. C'était elle. A présent, il avait toutes les cartes en mains pour lui effacer tous ses trous de mémoire, pour répondre à toutes ses interrogations. Il en avait le pouvoir, elle le voulait mais au fond, était-elle prête à entendre tout ça? Il n'en savait rien, il avait tellement peur de la perdre, en la mettant face à la vérité. Il en crevait de peur. Il sentait la pression remonter en lui, il sentait tout le chagrin et l'émotion de cet instant le parcourir de haut en bas. Que devait-il faire? Il devait lui dire, car elle lui avait fait confiance et de ce fait, il lui montrerait qu'elle peut continuer, non? Mais c'était tellement gros. Cette vérité était tellement imposante qu'il avait peur qu'elle ne le croit pas.
Il prit un peu de son soda, qu'il avait commandé plus tôt et en bu un peu avant de racler sa gorge. Là, il commença :

« Tu t'appelles Célia oui... Célia Anderson est ton vrai nom de famille... »

Elle semblait totalement sous l'incompréhension de cette phrase, il lui saisit les mains et lui lança alors, doucement :

« Ca va faire beaucoup à encaisser d'un coup, tu ne me croiras sans doute pas, parce que le mensonge est plus rassurant que la vérité, mais j'ai une histoire à te raconter. Laisses moi parler jusqu'à la fin. Tu vas sans doute te souvenir de quelque chose, tu vas peut-être te souvenir de tout ça, de ta vie. Tu es né à Austin, tout comme moi, au Texas. Tes parents, s'appelaient Noria et Mickaël. Il était médecin et elle, psychologue. Mais ce n'est pas tout Célia... Je... je... je suis ton frère.

Ton grand-frère, j'ai deux ans de plus que toi. En fait, nos parents ne pouvaient pas avoir d'enfant, ils m'ont alors adopté puis deux ans plus tard, tu es arrivé. Comme une bénédiction du Ciel. Je me souviens du ventre de maman, je me souviens du soir où tu es arrivé au monde, nous étions en train de pique-niquer dans le jardin, on avait une maison magnifique d'ailleurs. Et puis, maman s'est levé, elle se sentait mal, moi et papa on s'est regardé et j'étais tout petit, mais j'ai compris quelque chose, que ce jour là, ma vie allait changer. Qu'elle allait devenir merveilleuse.

Ca a été le cas. Durant de longues années, je t'ai vu grandir, j'étais tout le temps avec toi, quand je suis partit à l'école, un an après ta naissance, je n'avais qu'une seule envie : rentrer au plus vite pour te voir. On était heureux, on avait une vie parfaite, tout le monde nous enviait, notre famille était comme un exemple aux yeux de beaucoup de monde...

Puis un soir, y a maintenant environ 9-10 ans, j'ai fais le mur, je suis allé retrouver des amis. Quand je suis revenu je... tout avait changé... »

Est-ce qu'il fallait lui dire? Pour la femme qu'elle considérait comme sa mère? Pour le double meurtre? Ne fallait-il pas attendre? Tout cela n'allait-il pas faire trop? Si. Et elle n'avait pas besoin de savoir ça pour le moment, non.

« On t'a enlevé. Tu as été arraché à ta famille. Au départ, on m'a accusé, on a cru que je voulais te garder pour moi seul étant donné que nous étions vraiment très -trop- proches... Pendant ce temps là, ton ravisseur a pu quitter le pays sans problème. Papa et maman nous ont quitté... Je me suis retrouvé seul moi aussi. Et c'est à ce moment là, que notre Grand-mère, Molly, a prit l'avion pour me récupérer. Elle m'a emmené vivre ici, à Miami et malgré tout, elle a tout fait pour que ma vie soit un peu plus facile, ou du moins, la moins pénible possible. J'ai essayé, des dizaines de fois, de te retrouver, j'appelais les polices, les morgues, j'allais voir sur les journaux, sur Internet, mais je n'ai jamais rien retrouvé, pas une seule fois j'ai retrouvé ta trace... Je ne savais pas ce qu'il s'était passé. Si tu était toujours vivante ou non.. Si tu allais bien.. »

Il regardait Célia, ça faisait beaucoup trop d'un coup, il le savait bien. Il serra un peu plus ses mains et reprit :

« Quand tu m'as montré cette photo de moi, j'ai compris. J'ai compris que je t'avais retrouvé, ou plutôt l'inverse en fait. Tu m'as retrouvé, je ne sais pas comment, je ne sais pas si on peut appeler ça le destin, la chance, car j'y crois pas tellement. Mais tu étais là. Devant moi. Tu es belle Célia... Je... je sais que ça fait beaucoup à encaisser pour toi, que tu vas avoir beaucoup de questions, que tu vas peut-être vouloir que je te laisse, mais non. Je répondrais à toutes tes questions, si tu veux connaître un évènement du passé, je te le raconterai. Je serai ton passé.

Je ne veux pas te perdre une seconde fois, j'y arriverai pas. Alors ne pars pas... Reste là, parlons, autant que tu le voudras. On ira ou tu voudras, si tu veux qu'on aille à Austin, que je te montre notre maison, qu'on aille voir les tombes de papa et maman, nous irons. Mais ne pars pas... ne pars plus... »

Il s'arrêta un peu, apportant les mains de sa soeur à ses lèvres, il y déposa un tendre baiser, il ne voulait pas lui faire peur, il ne voulait pas la perdre, mais il savait très bien qu'elle ne le croirait pas et qu'il allait la perdre, peut-être pour mieux la retrouver? Il n'en savait rien...

De questions. Pas de réponse. On pouvait presque résumer son existence entière à ça. Il voulait encore lui poser des questions, qu’elle réponde sincèrement et ensuite, il lui donnerait des réponses. Pourquoi ? Pourquoi y avait-il toujours des conditions ? Pourquoi n’avait-elle jamais le droit à des réponses simples et claires ? Pourquoi hochait-elle la tête alors que tout son être lui criait de refuser cette option, de s’énerver et de l’obliger à lui répondre en premier ? Pourquoi se sentait-elle liée à lui ? Et pourquoi n’avait-elle plus accès à ces souvenirs ? Un jour les réponses viendraient, peut-être même ce jour là, mais d’abord, elle devait être patiente et sincère. Seulement, les quelques questions qu’il lui posait, elle n’avait pas le droit d’y répondre, si maman l’apprenait, elle serait très fâchée et dieu seul savait à quel point il valait mieux ne pas l’énerver. Alors, elle baissa la tête, réfléchissant. Pouvait-elle juste répondre « non » ? Elle se mordit la lèvre inférieur et releva les yeux, pour les plonger dans ceux du garçon, il n’avait pas l’air de lui vouloir du mal, il avait l’air sincère, gentil et semblait juste curieux. Et puis sa voix, douce et calme, l’incitait sans qu’elle ne comprenne à lui faire confiance. Très bien.

« Euh… » Oui, vouloir répondre c’était bien, avoir les réponses, c’était mieux. Où était-elle née ? Aucune idée, son premier souvenir remontait à Mexico. Johnes, c’était un nom tout sauf mexicain ça. « Je… Je n’ai pas la moindre idée d’où je suis née. En fait, je n’ai que de très vagues souvenir de ce qu’il s’est passé avant mes huit ans. Mon premier souvenir c’est mexico, j’y ai vécu quelques temps, d’ailleurs je parle bien espagnol. Seulement, au Mexique, j’ai dit que je m’appelais Célia… » Erreur. Que dire après ça ? Ne la prendrait-il pas pour une folle si elle lui disait la vérité ? Tant pis, il était trop tard. « Je ne sais pas pourquoi, pourtant elle m’a dit des milliers de fois que je m’appelais Parker mais, mon nom est Célia, je le sais, je l’ai toujours su, c’est étrange à expliquer, mais c’est comme ça. »

Ses yeux étaient fixés sur ces mains, à ce moment là, elle était persuadée qu’il ne pouvait pas comprendre, elle n’osa même pas le regarder, elle attendait juste d’entendre sa chaise grincer et de le voir passer à côté d'elle en se moquant, seulement, elle n’entendit rien, rien du tout. Alors elle osa relever la tête, doucement. Les yeux du garçon sont magnifiques. Il n’avait pas l’air de vouloir s’enfuir, il était là, avec cette expression étrange qu’il avait déjà eue à leur première rencontre. Et il attendait. La suite surement ? Alors elle continua.

« C’est donc de ma faute si nous avons quitté l’Amérique pour rejoindre Londres. Là-bas, elle a rencontré des gens vraiment étranges, nous n’avions plus d’argent, nous dormions dans des foyers, vraiment miteux. C’était angoissant, effrayant même. Et puis, il faisait tellement froid à Londres. Mais au moins, nous étions toutes les deux. Finalement, nous avons quitté l’Angleterre aussi, elle devait beaucoup d’argent à des gens prêt à tout pour le récupérer et elle n’avait pas de quoi les rembourser. Bref, nous sommes arrivées en Floride, dans les bas quartiers de Miami. Au final, je crois que c’était plus effrayant encore que Londres. Les gens étaient plus terrifiants et semblaient tous prêt à tuer pour un rien. La seule chose positive, c’est que nous avions une toute petite maison, elle n’était pas terrible, mais il n’y avait plus besoin de dormir dans les foyers. Et ça, pour moi, c'était le rêve... Ensuite…»

Elle s’arrêta un peu pour reprendre sa respiration et se concentrer. Son regard à nouveau fixé sur ces mains venait de se voiler d‘eau, l’étape de sa vie qui suivait avait été de loin la pire, même si ça pouvait être difficile à imaginer pour quelqu’un qui n’avait jamais vécu les situations énoncées auparavant. Elle mit quelques secondes à réussir à contenir ses larmes, mais sa voix se fit tremblante.

« Ensuite, ils sont venus la chercher. J’ai toujours plus ou moins su qu’elle avait des problèmes psychologiques. Lorsqu’elle s’énerve, elle est plus terrifiante que tous les foyers de la terre et parfois, sa colère la pousse à être beaucoup trop violente. Mais je ne pensais pas qu’ils l’emmèneraient dans un hôpital psychiatrique. Je me suis enfuie ce jour-là et je me suis retrouvée tout seule, pour la première fois. Ça a du être la pire chose qu’il me soit arrivée, j’étais complètement perdue, j’avais peur et surtout, je n’avais personne à qui m’accrocher. J’ai dormi quelques nuits dans la rue, c’était horrible. Et puis je me suis souvenue d’une lettre de Wynwood que j’avais reçu, je suis plutôt bonne élève et il parait que je suis douée en basket, ça m’a valu une bourse, comme c’est un internat, j’avais le droit à une chambre, des repas chaud et des cours, alors j’ai foncé. Et je me suis retrouvée là en début d’année scolaire. J’ai toujours vécu avec ma mère et ses copains passagers… quand à la dernière question, je crois que « heureuse » c’est un grand mot. Ma vie est une suite de moments difficiles, j’ai une mère qui m’effraie et qui ne m’a jamais dit qu’elle m’aimait et d’après les statistiques, j’ai peu de chances de m’en sortir. Mais même si je suis très jeune, j’ai abandonné depuis assez longtemps l’idée d’avoir une vie parfaite et heureuse, ça ne doit pas être fait pour moi. Disons juste que je vais bien et que je fais en sorte que ce soit suffisant. »

Il avait voulu de la sincérité, elle lui avait donné. Là, elle ne pouvait pas faire mieux. C’était sa vie comme elle l’avait vécu, sans ajout, sans soustraction d’évènements important. Il y eut un silence plutôt long, un serveur passa et elle commanda un cappuccino. Quand sa commande arriva, ses yeux étaient toujours baissés et ses mains tremblaient. Elle dût fait un effort quasiment surhumain pour relever la tête cette fois. Sur son visage on pouvait lire un peu de tristesse, mais elle se sentait surtout délivrée d’en avoir parlé à quelqu’un. Seulement, même s’il était gentil et mignon, maintenant elle attendait, elle avait rempli sa part du marché, c’était au tour du garçon, enfin. Et elle espérait que cette fois, il ne la laisserait pas tomber.

Des jours. Des jours entiers à réfléchir. Pourtant, toutes ces années durant, il s'était promis de la retrouver et maintenant que c'était fait, il la fuyait. Mais comment lui dire? Lui expliquer? Ta vie est un mensonge, je suis ta vérité, tu ne me connais pas, mais tu dois me croire moi, et moi seul. Non, ce n'était juste pas possible de demander ça à quelqu'un et encore moins, de détruire tout ce qu'il y avait dans sa vie. Mais il y avait tellement de questions sans réponses qui torturaient Drake. Où avait-elle grandit? Avec qui? Qu'avait-elle fait durant ces années? Que savait-elle? Elle devait lui répondre, il devait trouver une solution pour la récupérer. C'était sa soeur, sa famille, sa vie. C'était elle et pas une autre. Il en était amoureux depuis le jour de sa naissance, mais depuis qu'il l'avait retrouvé, c'était encore pire. Il pensait sans arrêt à elle, qu'est-ce qu'elle était belle... Un ange. Ses cheveux blonds étaient longs, beaux. Elle avait un visage doux, une once de rebellion dans ses yeux clairs et tendres. Elle était magnifique. Il n'aurait jamais pu penser que sa soeur soit aussi belle. C'était SA soeur, SON âme, SA vie. Il devait tout lui avouer, mais il devait être doux. Comme le lui avait conseillé Molly.

Car oui, le soir où il avait retrouvé Célia, il avait tout d'abord, manqué d'avoir un accident sur la route, mais en plus, il avait été obligé d'en parler à Molly. Il lui avait répété « Je l'ai retrouvé, je l'ai retrouvé » Il avait alors tout expliqué à sa grand-mère et celle-ci avait jugé bon de prendre le temps. Le temps d'apprivoiser Célia, d'écouter ce qu'elle avait à lui dire et ensuite, de prendre la décision de tout lui dire, ou non. Car oui, la vérité était un trop gros morceau à avaler pour une jeune femme de 14 ans. Alors que pouvait-il faire? Lui briser sa vie, ses fondations ? Non. Si elle était heureuse dans sa vie actuelle, si rien ne la mettait en danger, il garderait le silence. La savoir en vie était tout ce qui comptait, pouvoir être prêt d'elle aussi. Mais si un seul détail lui montrait qu'elle n'était pas heureuse, que tout cela allait l'aider, alors il le ferait, oui, il lui dirait tout. Absolument tout. Il lui montrerait tout ce qu'elle doit connaître, ne serait-ce que le visage de ses parents. Il lui présenterait sa grand-mère et sa cousine. Il l'emmènerait au Texas pour lui montrer leur maison, cette maison où ils ont vécu de si belles années ensemble et où tout a basculé, ce soir-là.

Drake était dans une phase importante de sa vie, c'était comme si toute sa vie se jouait maintenant. Il devait choisir maintenant. Il devait agir maintenant. Mais il était mort de trouille. Tellement heureux mais tellement inquiet... Il aimait sa soeur comme un fou et ne serait-ce que de l'avoir vu quelques instants l'autre jour, l'avait empli de bonheur, seulement il ressentait le besoin de la voir, tous les jours, toutes les heures, de la protéger, de la consoler, de l'aimer chaque jour où son coeur battrait sur cette Terre. C'était sa raison de vivre, le combat d'une vie entière.

Il avait décidé d'aller se promener au bord de la mer, il en avait besoin, plus que besoin même. Prendre l'air, réfléchir encore et encore, prendre la bonne décision, pour Célia. Pour lui? Non, ça ne comptait pas. Il ferait tout pour elle, pour son bien être, il ne voulait pas la destabiliser. Il marcha de longues minutes sur la promenade de Miami, regardant la mer, ayant des esquisses de chansons pour IMPACT, quant à sa vie tumultueuse du moment. Il fredonna des airs, qu'il proposerait à Jeff rapidement, puis, alors qu'il marchait tranquillement, on lui demanda de se tourner. Il obéit et il cru mourir. Célia.

Elle était là, comme heureuse de lui avoir enfin mit la main dessus, le cherchait-elle? Il n'en savait rien.. Mais tout semblait pourtant le faire croire. L'adolescent se laissa alors embarquer à la terrasse d'un café, encore sous le choc de tomber sur elle... sa soeur. Et elle l'ignorait... c'en était à la fois drôle et à la fois horriblement triste. Il ne tarda pas à se faire totalement agresser par la jeune femme qui semblait déterminée à obtenir des réponses à ses questions. Il sourit. Alors elle était comme ça? Il la découvrait, au fil des instants. Ses manies, ses tics, son langage, sa façon de parler, de se tenir... Il adorait la découvrir, mais il en voulait toujours plus.

Elle lui demanda des explications, que pouvait-il bien lui dire? La vérité... mais une douce vérité. Se souvint-il de ce que Molly avait pu lui dire. Il toussa alors dans son poing et fixa l'adolescente, avant de lui dire :

« Tu te poses beaucoup de questions, Célia. J'en suis conscient, je sais aussi, que ce n'est pas facile pour toi, que tu es perdue, y'a trop de questions sans réponses, n'est-ce pas? Seulement, avant de tout te dire, je dois savoir quelque chose. Je dois te poser des questions, que tu y répondes sincèrement et puis ensuite, je t'expliquerai tout ce que tu voudras... d'accord? »

Sa voix était étrangement douce, calme et il peinait à calmer ses battements de coeur beaucoup trop rapides. Oh Bon Dieu ce qu'elle était magnifique... Il en était d'autant plus troublé. Bien trop troublé. Mais il continua alors :

« J'ai besoin de savoir, où es-tu né? Où as-tu vécu et surtout, avec qui? Tu as de la... famille? Je dois savoir ta vie jusqu'à présent mais surtout, je dois savoir... es-tu heureuse? »

Thème.

Samedi. Nous étions le 23 Juin. Célia se réveilla tôt comme tous les matins. Sa nuit a été mouvementée, comme elles le sont toutes depuis onze jours. Car il y a onze jours, elle a rencontré un garçon, celui de la photo qu’elle avait trouvé quatre ans plus tôt, dans les affaires de sa mère à Londres. La rencontre fut un choc, pour les deux. Mais un peu plus pour lui tout de même apparemment. Il lui avait posé des questions et elle avait répondu. Normalement, elle n’avait pas le droit, Maman lui avait toujours interdit de dire quoi que ce soit sur leur vie. Bref, elle avait désobéi et c’était la première fois depuis qu’ils étaient partis de Mexico. Mais le pire, c’était surement que le garçon s’était enfui en courant et avec SA photo. Courir après les gens n’était pas vraiment son genre, elle avait plutôt tendance à les fuir et de toute façon, il courait trop vite.


Du coup, elle était restée dans le couloir à le regarder partir sans savoir comment réagir. Par la suite, elle l’avait cherché dans le lycée, en vain. Cela l’attristait parce que premièrement, il avait sa photo, deuxièmement la réaction du garçon avait clairement montré qu’il l’avait reconnu et troisièmement, parce qu’elle avait eu cette sensation étrange en le regardant dans les yeux et elle voulait savoir pourquoi. Des « pourquoi », il y en avait tellement dans sa vie et si peu de réponses en échange. Elle avait bien tenté d’appeler Maman pour lui poser des questions mais elle n’avait pas réussi à l’avoir. De ce fait, l’adolescent qu’elle avait croisé était sa dernière chance et il était hors de question de la laisser filer. Elle continuerait donc de le chercher, jusqu’à ce qu’elle le trouve, mais pas ce jour là.


Parce que ce jour là, elle travaillait. Normalement, à quatorze ans, elle n’avait pas le droit de travailler, mais Maman lui avait fait une fausse carte d’identité qui la vieillissait de deux ans et du coup, elle était devenue la serveuse d’un petit café, quelques jours après les cours et les samedis. Elle envoyait presque l’intégralité de son salaire à sa mère mais au moins, ça lui permettait d’avoir l’accord de celle-ci pour rester à Wynwood. Elle était donc en train de servir sagement une cliente lorsqu’elle le vit passer. Elle l’observa passer devant le café sans s’arrêter. Le sang de Célia ne fit qu’un tour. Il fallait qu’elle aille le voir, qu’elle le suive. Non, elle ne pouvait pas le laisser filer encore une fois.


« Je prends ma pose, je reviens ! »


Lança-t-elle avant de partir en courant sans leur laisser le temps de répondre. En sortant, elle crut l’avoir perdu durant une demi-seconde avant de reconnaitre sa silhouette un peu plus loin. Elle se mit à courir pour le rattraper et se retourna afin de se poster devant lui, les bras croisés. Ça ne lui ressemblait pas du tout, mais elle voulait lui faire comprendre que cette fois elle était déterminée, hors de question de s’enfuir sans répondre à ses questions. Ces yeux se plantèrent dans les ceux du garçon et elle ne put s’empêcher de lui sourire malgré la situation. Elle était prête à tout pour avoir ces réponses et pourtant, elle parla de cette petite voix calme et douce qui la caractérisait, sans un soupçon d’énervement.


«  Bonjour. Il me semble qu’on a des choses à se dire tous les deux…. Et au cas où l’idée de te sauver te reviendrait, je sais courir moi aussi. »


Elle le regarda un moment dans les yeux, histoire de voir s’il allait encore partir, mais il ne bougea pas. Elle hésita un moment avant de lui prendre la main, c’était tellement rare de sa part de toucher les autres et de lui demander de la suivre. Elle l’emmena dans le café où elle travaillait et l’invita à s’asseoir à une table et s’assit en face de lui.


« Bon alors ? Tu veux bien m’expliquer ce qu’il se passe ?… S’il te plait. »