2.1. Tromper l'ennui. ~ Sienna.

► L’asiatique qui lui avait ouvert fut rejointe par une deuxième, asiatique elle aussi. « Bonsoir. Tu... euh... venais voir quelqu'un ? Je suppose que dans cette tenue, tu n'es certainement pas venu rejoindre la confrérie ou même te renseigner sur notre association ou nos causes. » fit-elle. La seconde se pencha vers son oreille, lui chuchota quelque chose sous le regard intrigué du brun. Elle se redressa ensuite et s’adressa à lui : « Salut, moi c'est Ju Hee ! À l'intérieur, y'a ma sœur Alice et ma cousine Sumire. Tu t'appelles comment toi ? Tu parles coréen ? Moi, j'apprends l'anglais depuis le primaire pour pouvoir parler avec mes cousines. Sienna est aussi ma cousine, en fait.
- Ju, laisse le respirer, il est clairement venu avec un but précis, il a peut-être pas envie d'être retenu, là. Tu l'excuses hein, elle vient pas souvent, elle est un peu excitée. La laisse pas raconter sa vie, elle s'arrêterait jamais. Bref, tu venais donc voir quelqu'un, je crois, non ?
- Eh… » commença Sojiro, un peu pris au dépourvu. Demander à voir Maeko, ou tenter de faire plus ample connaissance avec ces demoiselles ? Décision difficile. Mais le regard rieur de Ju Hee finit par le convaincre. Il lui adressa un sourire de charmant charmeur, et répondit à ses questions. « Je m’appelle Hanazawa, Sojiro. Je suis japonais. Je venais dire bonjour à mon amie Maeko-chan, mais je veux bien faire connaissance avec vous. » annonça-t-il dans un anglais bien meilleur que celui qu’il débitait à son arrivée aux USA. « Je peux entrer ? » claironna-t-il, alors que Ju Hee l’entrainait presque déjà à l’intérieur du bâtiment, sans vraiment demander l’avis de Sienna, qu’il connaissait comme étant une Nu Zeta amie de Mae’. Bah… il verrait bien ce que ces rencontres lui réserverait !

退屈

► Cela faisait quoi, un mois… un mois et demi, tout au plus, que Maeko-san et Jiro-kun avaient débarqué tous les deux à Miami. La jeune femme n’avait eu aucun mal à se faire des amis, contrairement au nippon. Il passait son temps collé à ses basques, se réveillait en pensant directement à elle, s’endormait en songeant à toutes les saloperies qu’il allait lui faire parce qu’elle l’avait laissé tout seul la journée, pensait même à elle en mangeant, en se lavant, en allant à l’entrainement… Bref, en ce moment, Sojiro vivait complètement en mode « Maeko Matthews ». Le problème, c’est que de son côté, la Nu Zeta avait une vie. Contrairement à lui… Oh, il y avait bien le journal et les entrainements de football, mais il s’était inscrit juste pour faire quelque chose de ses journées. En réalité, il n’aimait pas plus que ça. Courir après une balle, se faire foncer dedans, se faire crier dessus. Pas son trip. Mais ces temps-ci, le brun avait tellement perdu son caractère qu’il se laissait faire, juste pour ne pas devoir retourner se morfondre dans sa chambre. Seul. Atrocement seul. Dire qu’avant, au Japon, lorsqu’il était au Collège, ses amis et lui étaient considérés comme des dieux vivants ! Ils avaient de l’argent, dominaient tout le monde… C’était l’éclate ! Ce temps-là lui manquait. Et c’était bel et bien révolu. Ici, à Wynwood, tout le monde était riche. Tout le monde dominait un peu tout le monde, grâce à telle ou telle qualité, tel poste de Chef de Confrérie, ou de Club… C’était très différent de son pays natal, et il avait vraiment du mal à s’y habituer. Du coup, le jeune nippon était complètement envahi dans la masse. Il était… normal. Voire… rejeté. A cette pensée, son sang se glaça, tandis qu’il se rendait vers le bâtiment des Nu Zeta.
Ce soir, il avait prévu d’inviter Maeko au restaurant. Elle avait accepté, pour son plus grand plaisir, tant et si bien qu’il s’était fait tout spécialement beau. Costume hors de prix, chaussures assorties, eau de toilette distinguée (elle figurait d’ailleurs dans son dernier article du Daily WHS), coiffure tip-top, montre de luxe. Le grand jeu ! Il arriva sous le porche du bâtiment, un peu détruit par l’ouragan. Lui avait eu de la chance, le lundi des faits. Il se trouvait loin de Miami, à New-York précisément. Il y était allé faire du shopping, et il n’était revenu à Miami que le mercredi-même. Il avait donc miraculeusement échappé à la catastrophe qui avait ravagé les terres ensoleillées de sa nouvelle ville. Bref. Le nippon frappa à la porte, ne voulant pas entrer sans y être invité. Sauf que ce ne fut pas Maeko qui vint ouvrir, comme il s’y était attendu, mais une autre jeune femme… asiatique elle aussi. « Oh. Bonsoir. » articula-t-il avec son plus bel accent… et son plus sourire.