We run the night. Charlie & Denny

« Non, veux pas, VEUX PAS ! »

Charlie soupira, exaspérée. Comment d’autres pouvaient-elles faire pour avoir des enfants sans y être forcées ? La fille de Jeremy ne voulait pas manger, ne voulait pas regarder de dessin animé, ne voulait pas jouer, ne voulait pas se taire, elle passait ses journée à hurler à la mort tel un loup malheureux et c’était tout des plus désagréables. Les cris de la petite brune l’agaçaient au plus haut point, surtout le soir en milieu de semaine, alors qu’elle avait déjà eu une longue journée de cours et qu’elle était invitée le soir. Elle s’accroupit devant Oprah et lui tint le visage afin de la regarder dans les yeux. « Ecoute moi bien, tu ne veux pas être avec moi, j’ai bien saisi ça. Mais tu n’as pas le choix et moi non plus, alors tu vas te taire et être une belle petite fille sage, sinon, tu seras punie, je commence à en avoir assez de tes caprices. Tu as compris ? » Hochement de tête incertain, les cris cessent, la blonde sourit. « Tu vois quand tu veux, allez, viens manger. »

Elle fit donc manger Oprah, vers 19 heures. Elle prépara ensuite le sac de celle-ci qu’elle accrocha à la poussette déjà prête près de la porte. Ensuite, elle programma un dessin animé à la télévision, enferma Oprah dans le parc pour enfant récemment acheté et ouvrit la porte. Elle se surprit même à sourire en la regardant jouer calmement une dernière fois dans l’entrebâillement avant de fermer la porte, elle était vraiment mignonne…Parfois. Gabriel, son frère venait de déménager, elle n’avait donc plus de colocataire pour le moment et devait se débrouiller seule avec la fille de son cousin. C’est donc à contre cœur qu’elle disparut dans le couloir, laissant l‘enfant de trois ans seule dans la chambre. Charlie se dépêcha de rejoindre les douches et d’en prendre une glacée avant de s’habiller, ce soir elle porterait un robe d’été blanche avec des escarpins à talons histoire de paraitre moins petite. Une fois que ce fût fait, elle retourna rapidement dans la chambre et constata avec soulagement qu’il n’y avait pas eu de drame, Oprah s’était endormie tranquillement.

Elle se maquilla ensuite, masquant de son mieux les cernes dont la petite fille était la cause. Pourquoi tant d’attention à son look d’un coup ? Parce qu’elle avait récemment croisé un professeur qu’elle avait jadis bien connu, Denny Buckett, père de Jared Buckett ex-petit-ami de Charlie et parce qu’il l’avait invité à manger. Bizarrement, elle avait accepté sans faire d’histoire, peut-être qu’elle se sentait seule à cause du départ de son frère, peut-être qu’elle avait juste envie de revoir Jared et Denny. Toujours est-il qu’à l’heure précise du rendez-vous, elle sonnait à la porte de ceux-ci. Elle souriait, tenant Oprah d’un bras et la poussette dans l’autre main.

Denny vint ouvrir, lui sourit et lui fit la bise avant de l’inviter à entrer, s’occupant de la poussette. « Merci » Fit-elle en entrant timidement dans la maison. Il l’autorisa à déposa Oprah sur le canapé, ce qu’elle fit, faisant bien attention à la caler entre les coussins pour qu’elle ne tombe pas, puis elle observa la pièce. « C’est joli ici » Constata-t-elle, c’était assez rare de voir deux hommes vivre ensemble dans une maison propre et jolie. Elle sourit à nouveau, un peu gênée, elle avait plus l’habitude avec Jared qu’avec Denny, même si elle l’avait toujours beaucoup aimé. « Jared n’est pas là ? » Bien sûr, à la base, la question était juste posée pour savoir où était ce dernier ou bien quand il arriverait, elle ne s’attendait surement pas à ce que la réponse soit juste « non ». Mais qui sait, peut-être était-ce bonne chose. Ou pas. Qu'allaient-ils se dire tous les deux ? Elle avait déjà tellement de mal avec les autres adolescents, comment allait-elle s'en sortir avec un professeur qui plus est père de l'une de ses ex. « je ferais paut-être mieux de m'en aller ? » Elle n'avait pas vraiment envie de s'en allait, surtout qu'elle venait de faire le chemin du lycée à la maison des Buckett à pied, mais elle était comme ça, timide et manquant affreusement de confiance en elle, alors elle ne pouvait pas s'en empêcher. Et tant pis si ça lui gâchait la vie.

Mardi 5 Juin 2012
Il était dix huit heures quand Denny commença à attaquer le repas. Oui, il cuisinait, le torchon sur l'épaule, il coupait les légumes, faisait bouillir l'eau, la viande était dans le four et le vin était ouvert sur la table afin d'aérer. Il avait dressé la table, mis une musique entraînante pour se dandiner devant son comptoir. Les lumières étaient douces et l'ambiance décontractée. Pourquoi ce spectacle? C'est une longue histoire à vrai dire. Mais il y a maintenant plusieurs jours, Denny avait fait une rencontre qui l'avait vraiment marqué. Il était tombé, à l'école, totalement par hasard, sur le premier amour de son fils, Jared. Elle s'appelait Charlie et avait l'âge de son fils. Il ignorait totalement qu'elle vivait à présent à Miami, parce qu'ils s'étaient connu durant des vacances, mais il appréciait énormément cette adolescente. Elle était intelligente, simple, joyeuse et vraiment très bien élevée. Bref, il avait été très triste d'apprendre qu'ils avaient rompu, son fils était décidément trop con.
Denny avait donc proposé à l'adolescente de venir manger à la maison, la semaine suivante. Ils avaient eu rapidement le temps de bavarder et elle lui avait apprit qu'elle avait à sa charge l'enfant de son cousin décédé. C'était un grand changement dans sa vie, surtout à son âge, si bien qu'une petite trève ce soir, en compagnie d'un père, lui ferait du bien.

Denny plaça les légumes dans la casserole d'eau, baissa le feu puis alla vérifier la viande, après quoi, il alla dans la salle de bain pour se doucher et récupéra en même temps son téléphone. Jared n'était toujours pas rentré et connaissant son fils, il allait bien finir par être en retard. Enfin bon, il ne lui avait pas dit qui était l'invité de ce soir, juste que c'était une surprise.
Le Coach entra dans sa salle de bain et passa sous l'eau chaude de sa douche. Il enfila ensuite une chemise noire dont il remonta les manches, ainsi qu'un jeans. Il se coiffa, se parfuma puis alla voir s'il avait loupé un appel de son fils. BINGO.

Il écouta donc le message. Quel petit con celui-là, il ne rentrerait pas ce soir. Il allait s'en prendre une. Bon...

DRIIIIIIIING

Pas le temps de réfléchir, Denny s'avança vers la porte d'entrée de sa maison et ouvrit. Charlie était là, souriante, belle tenant dans ses bras un petit bout de chou adorable et tenant d'une main la poussette du bambin. Denny lui sourit et lui fit la bise, l'invitant à entrer, s'occupant de placer la poussette dans un coin de la maison.