Laisse moi manger ma banane. | Anabella Mezquita.

Bon sang je ne suis vraiment pas du matin… Aucun son n’est sorti de ma bouche aujourd’hui et il est bientôt midi. Assise en classe près de la fenêtre, j’ai une vue globale de la classe, certains baillent mais globalement ils ont tous l’air vivant. Du moins de savoir ce qui se passe.

Quant à moi j’ai l’impression que mon corps est enterré dans le sol et que si je bouge ma tête je vais me rompre quelque chose. Les yeux rétrécis, les cheveux bouclant selon leur désir, ce matin j’ai enfilé ce qui me tombait sous la main, un collant blanc et une robe bleu à motif indescriptible pour moi en ce moment. Hors de question de mettre des talons quand je suis dans cet état.

Je ne suis pourtant pas sortie hier, je me suis couchée à une heure habituelle, seulement je ne suis définitivement pas du matin. Observer la bouche du prof se contorsionner sans même essayer d’écouter, regarder les autres de la Junior A- bavarder et chahuter dans l’espoir d’obtenir quelconque attention. Quand tout à coup tout le monde me regarde. Je ne comprends pas tout de suite et un son parvient à mes oreilles.

« Mademoiselle Mezquita ? Mademoiselle revenez sur Terre et allez au tableau pour finir ce calcul. »

Inutile de répondre ça ne serait qu’attiser un feu déjà bien fourni. Ni d’une ni de deux je me lève et me dirige vers le tableau. Me concentrant sur le calcul afin de donner illusion de ma concentration, j’occulte les regards idiots et messes basses puériles.

Arrivée devant le tableau j’ai eu l’occasion de lire et comprendre le calcul. En fait, je l’avais déjà vu dans un livre il y a quelques jours, ma mémoire visuelle a le mérite d’être suffisamment développé pour que je le reproduise sans attendre et retourner à ma place sans attendre la réponse du prof. Après tout c’est juste et je suis atrocement fatiguée.

« C’est … Et bien c’est correct. Mais vous n’aurez pas toujours de la chance. » Dit le prof au bord de l’apoplexie. C’est fou comme dès que quelqu’un réussit sans travailler des heures jusqu’au sang comme les professeurs le déteste d’emblée.

Ça sonne, parfait. Je m dépêche et enfin dehors respire en espérant trouver mon banc libre de pollution humaine. Je sors une banane de mon sac et prend pour mission de la manger tout en me rendant dans le parc. Traverser les couloirs, la cafétéria et descendre les marches du hall. Ça ne devrait pas durer plus de quelques minutes avec ce monde. Du moins c’est ce que je pensais avant de me faire héler par une voix féminine que je reconnais après quelques secondes d’analyse de mon cerveau embué.

« Hey, Anabelle! », c’est Kath. Elle m’a manqué, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas disputé ou avons parlé réellement virulemment.

Tant pis pour le parc, au moins je peux m’assoir tout de suite e ménager mon cerveau et mes jambes de l’effort de se rendre si loin. Je m’approche et m’assied en face d’elle la voyant seule. Manger seule favorise de trouver quelqu’un à appeler. Je ne le sais que trop bien, c’est pour ça que je ne lui en veux pas. C’est naturel et puis une occasion de lui parler et de m’économiser ne se rate pas. Tiens il pleut, tout compte fait elle a magnifiquement fait de m’appeler. Bien que j’adore la pluie je ne suis pas habillée pour.

« Salut Kath », je remarque qu’elle a l’air énervée ou du moins fraichement. « Qu’est ce qui t’arrive ? Tu as une mine à t’être battue contre Voldemort. Raconte-moi mais lentement s’il te plait histoire que j’assimile tout cette fois. »

Finissant ma banane et la fixant afin de discerner l’origine de son trouble j’attends avec la tête pleine de buée.