Histoire et...Pleurs ? [PV Casey-Lee]

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Lorsqu'elle lui tendit sa main, Alex ne comprit vraiment pas. Que cherchait-elle, que voulait-elle de lui ? Elle voulait qu'il la réconforte, qu'il la prenne dans ses bras, ou bien qu'il s'en aille, la laissant là avec ces idées à priori noires ? Il ne réussissait pas à capter le message qu'elle souhaitait lui passer, et il avait très peur de mal l'interpréter. Il avait déjà fait une grosse gaffe dans toutes cette histoire avec ses questions plus qu'idiotes, et il ne tenait pas non plus à faire empirer l'état de la jeune femme, qu'il ne connaissait pas vraiment. La seule chose qu'il savait, c'était qu'il n'aurait jamais été vers elle, s'il ne l'avait pas vu pleurer là, tant le peu qu'il avait vu lui avait déplut. Mais alors que le passage venait juste de démarrer, il commençait déjà à penser que tout cela n'était qu'un masque, et qu'elle l'avait laissé tombé, dans cette bibliothèque.

Au début il pensa à l'étreindre, mais il savait qu'il ne pourrait pas, qu'il se ferrait violence en s’exécutant. Pourtant, il avait ce sourire réconfortant, et il lui faisait passer le message qu'il était là pour elle si elle en avait besoin. Il lui prit donc la main, tendrement, comme s'il la connaissait, comme si elle était son amie. C'était elle qui maîtrisait la suite désormais, c'était à elle de décider si elle voulait le repousser, ou non. Il crut apercevoir un sourire sur le visage de son homologue féminin, lorsque leurs mains entrèrent en contact. Puis elle s'approcha un peu de lui, ce qui étonna Alex, mais il ne bougea pas, il n'eut aucune mauvaise réaction.

Elle passa un bras autour de son torse, l'autre main toujours dans celle d'Alex. Dans un premier temps, il laissa son deuxième bras là où il était, c'est à dire sur son genoux. Elle posa alors sa tête sur l'épaule d'Alex, ce qui l'étonna encore plus. Il lui semblait qu'elle était assez tactile. D'habitude, il l'aurait repoussée, lui qui n'était pas tellement tactile. Alex regarda alors du coin la jeune femme, tournant un peu la tête, mais pas trop pour ne pas la déranger. Il ressentait une affection assez étrange pour elle, comme si leur premier contact avait créé la première affinité. Puis il l'entendit le remercier, infiniment, et marquer une petite pause, cherchant apparemment quelque chose. Alex avait toujours cette tête qui se voulait la plus réconfortante possible, et qui lui transmettait le message, toujours le même. Puis elle finit par dire qu'elle ne connaissait même pas son nom. Alex ne s'en offusqua pas, il ne connaissait pas le sien non plus, ils étaient tous les deux dans la même situation.

"Alex..." murmura-t-il, si bien que ça en était presque inaudible...

Il n'était pas spécialement connu dans le lycée, donc à vrai dire, cela ne l'étonnait même pas. En général, on connaissait le nom des sportifs, des cheerleaders, mais celui qui se fond dans la masse tend à être oublié, et c'était peut-être mieux ainsi, c'était le voeu d'Alex. Il sentit la jeune fille resserrer un peu son étreinte autour de lui, mais il ne dit rien encore. Il sentait aussi qu'il devait faire quelque chose face à la situation, mais il ne savait pas trop quoi, il devait l'avouer. Puis elle s'excusa. Alex ne comprenait pas pourquoi elle s'excusait, et là, nouvelle bourde, à croire qu'il ne savait pas super bien réagir face à ces situations...

"Ne le sois pas..." lui répondit-il, d'un ton protecteur, tout en l'enlaçant aussi. Il ne savait pas trop si c'était une bêtise ou non, il voulait juste la réconforter, mais est-ce qu'elle n'allait pas prendre ça pour autre chose...Il n'espérait pas...Vivement qu'il arrête les bêtises..."Ca va aller..."

Encore une de ces phrases bateau, une de ces stupides phrases qui ne veulent rien dire, car qu'est-ce qui lui annonçait que ça pourrait aller mieux ? Il ne connaissait pas son problème, il ne savait pas ce qu'il se passait, et si ça se trouvait, ça n'irait peut-être jamais mieux...Mais il n'avait pas tellement dit cela dans ce sens, il voulait surtout, encore une fois, lui faire comprendre qu'il était là si elle en avait besoin, qu'il pouvait faire ce qu'elle lui demandait...Mais il était aussi un simple inconnu à ses yeux, ils ne se connaissaient pas, donc peut-être lui ne pouvait rien faire. Ne rien pouvoir faire le troublait, surtout dans ce type de situations.

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Un enfant a un besoin de tendresse faramineux. Casey-Lee était-elle pour autant une gamine ? Etait-ce immature que de demander pour un geste d'amour ? Elle ne savait pas. Depuis qu'elle était arrivée à Wynwood, elle se sentait seule. Toujours et encore seule. Forcée à jouer la méchante pour se protéger, elle et son secret, des autres autour. Personne ne pourrait jamais comprendre à quel point c'est dur de se sentir délaissée, à quel point c'est invivable de se sentir détestée. Comme pointée du doigt. Chaque jour, chaque heure, chaque maudite minute qui passait. A certains moments, elle se sentait tellement mal qu'elle se promettait de ne plus jamais être méchante. Oh oui, Casey-Lee aurait aimé que ce soit si simple. Mais cette solution était impossible. Elle devrait rester cette affreuse jeune femme jusqu'à la fin de sa scolarité. En aurait-elle la force ?

Non, bien sur qu'elle n'en avait pas la force ! Personne n'en aurait dans son cas. Personne ne pourrait tenir plus d'une semaine en étant quelqu'un qu'on n'est pas. A chaque coup de téléphone elle craquait. Des qu'elle entendait la voix de son frère elle se mettait à pleurer. Habituellement, elle s'isolait à la bibliothèque et personne ne venait la déranger. Mais pas cette fois. Un jeune homme l'avait surprise et elle avait vu en lui un moyen de réconfort, quelqu'un qui serait la pour elle. Elle voulait au moins être elle-même avec une personne. Peut-être lui. Elle avait alors égoïstement tendu la main vers lui, dans l'espoir qu'il lui témoigne un peu de tendresse. Casey-Lee l'avait vu hésiter, ne pas comprendre. Elle avait eu si peur d'être rejetée...

Le jeune homme avait alors pris sa main avec douceur. Puis, il lui avait sourit, comme pour encourager la blonde à aller vers lui. Elle croyait rêver. Un inconnu lui avait pris la main, oubliant à quel point elle avait pu être infecte. Casey-Lee lui sourit faiblement et, sentant ses larmes remonter, elle s'approcha doucement du jeune homme. Lentement, elle enroula un bras autour de son torse et garda son autre main fermée dans celle du blond. Elle s'agenouilla et posa sa tête sur l'épaule du garçon. Elle savait qu'il la repousserait sûrement, alors elle ferma les yeux, profitant de cette proximité.

"Merci infiniment...avait-elle murmuré. Elle fit une pause, cherchant le nom du garçon, mais ne le trouva pas et repris, attristée. Je ne connais même pas ton nom..."

Oui, la peste ne connaissait personne à part elle-même. Aujourd'hui, elle s'en voulait énormément. Elle aurait tant voulu le remercier plus amplement. Casey-Lee ressera sa prise autour du torse du jeune homme et attendit. Elle se noyait dans l'odeur enivrante que dégageait le blond et priait pour qu'il ne la repousse pas. Elle voulait qu'il lui parle. Casey-Lee voulait qu'il soit doux. Et elle se sentait capable de faire n'importe quoi pour le remercier. Mais tout ce qu'elle trouva à dire fut une excuse ridicule.

"Je suis vraiment désolée..."

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Lorsqu'il s'approcha d'elle, il tint tout de même à garder une certaine distance, il ne voulait pas avoir à faire avec une réaction désespéré tout d'un coup, une fille qui pleurait, il n'aimait pas ça, et il savait par expérience que lorsque quelque chose n'allait pas, on pouvait avoir des réactions très disproportionnées. En même temps, la voir pleurer lui faisait quelque chose, non comme si c'était de la pitié, mais il avait toujours une certaine compassion dans ce type de moments, même s'il ne connaissait pas la personne, même s'il ne l'appréciait pas particulièrement, il n'aimait pas voir pleurer les autres.

Lorsqu'il lui posa la question maladroite, il s'était un peu abaissé. Oui, Alex était un boulet, et dans un sens il le revendiquait, maladroit à souhait, c'était toujours le premier à faire une bêtise, parfois même sans faire exprès. Il la regardait avec cet air de compatissant, et un air qui disait qu'il était là si elle voulait parler à quelqu'un, pourquoi pas s'énerver même. Alex le comprendrait. Quand on pleure, on a souvent tendance à s'énerver contre quiconque nous embête, ou nous trouble dans notre chagrin. Et puis, elle ne le connaissait pas, et il se mêlait déjà de choses qui ne le regardaient pas. Pourtant, elle ne fit rien, elle ne le renvoya pas, ne lui cria pas dessus, mais ne lui répondit pas non plus. Elle restait silencieuse dans son coin, Alex supposait que c'était sa manière de réagir devant la situation.

Toujours à moitié assis, il la fixait, sans pour autant que ce soit insistant. Ses mains étaient sur ses genoux pour le moment. Son "interlocutrice" tourna alors la tête, plutôt doucement vers Alex. Son visage était humide, quelques larmes coulaient encore, on voyait une certaine tristesse sur son visage, et un besoin certain de réconfort. Alex se disait que quelque chose de grave avait dû lui arriver pour se mettre dans un tel état. Etait-ce en rapport avec une rupture, sa famille, quelque chose qui n'allait pas en cours, ou tout simplement une mauvaise journée ? Il ne le savait pas, et même si sa curiosité était assez forte, il se promit de le savoir uniquement si elle avait envie de lui dire...

C'est alors qu'arriva la réaction étonnante. Son homologue féminin lui tendit sa main doucement, prenant alors un visage digne d'un enfant. Alex devait l'avouer, cela l'étonnait vraiment, et du coup, il ne savait pas quoi faire. Etait-ce une demande de câlin, comme dans la rue avec les panneaux ? Ou voulait-elle tout simplement qu'il lui prenne la main pour la réconforter. C'était assez troublant pour lui, et en même temps il détestait ne pas savoir quoi faire, il aimait assez bien contrôler les choses.

Mais il ne pouvait pas se contredire avec lui-même, et s'approcher un peu trop serait peut-être empiétant. Il se décida donc à lui prendre la main, ce qu'il fit avec une certaine tendresse qui l'étonnait lui-même. Il lui souriait bien volontiers, toujours ce sourire réconfortant, mais il était plus profond maintenant, car il signifiait aussi que désormais, il était là pour elle. Quant à si elle voulait plus, alors elle pouvait. Son visage se voulait signifier toutes ces choses. La situation était des plus étranges pour Alex. Car maintenant il attendait qu'elle évoluait, il attendait la future réaction de son homologue féminin. Et bizarrement, s'il détestait par habitude attendre, ici, ce n'était pas le cas. Il voulait que les choses soient calmes si elle le voulait.

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Pleurer. Une chose qu'elle n'avait pas fait depuis si longtemps. Le mot même en était devenu incompréhensible. La dernière fois était il y a deux ans, quand ses parents lui avaient annoncé qu'elle ne devait plus voir son frère. Elle avait eut l'impression qu'on lui arrachait une partie d'elle. Alors, pour Gabryel, elle s'était promis d'être forte, de se battre et de ne plus jamais baisser les bras. Mais comment ne pas le faire face à cette situation ? Comment ne pas pleurer en apprenant qu'elle n'aurait plus son cher frère au téléphone ? Forte. Tu parles. Elle l'était autant qu'une petite fille frêle qu'on bousculait légèrement.

Alors elle avait pleurer. Sentant ce liquide honteux couler sur ses joues, comme une promesse qui s'échappait. Oh oui, elle aurait pu pleurer jusqu'à la fin de ses jours. Et elle se haïssait pour ça. Mais, un jeune homme l'avait surprise, la coupant dans ses sanglots et lui demandant si tout allait bien. En fait, elle se haïssait tout court en ce moment. Vulnérable et méprisable oui. Deux mots qui lui convenait parfaitement dans cette situation.

Le seul échappatoire qu'elle trouva fut de tourner la tête. Mais s'échapper de quoi au juste ? D'elle-même, de sa situation désespérante. Pas de ce garçon qui semblait vouloir l'aider. Qu'allait-il faire d'ailleurs ? La réconforter ? Se moquer d'elle ? L'abandonner ? Il pourrait réagir avec méchanceté, se venger pour toutes les fois où Casey-Lee avait été infecte. Elle savait qu'il la reconnaissait comme étant une petite peste à Wynwood. Si seulement il savait...

Alors que la blonde attendait le premier éclat de rire ou la première réflexion, elle sentit le jeune homme se rapprocher un petit peu. Pas énormément, comme s'il testait le terrain avant de s'avancer. Comme si un champ de mine était dressé entre eux et que la moindre parole pourrait le faire exploser. Et ce fut très maladroitement qu'il lui posa une nouvelle question.

"Quelque chose ne va pas ?"

Elle aurait pu lui crier que rien n'allait, qu'on lui avait arraché la seule personne qu'elle aimait plus que tout, que tout son monde s'écroulait autour d'elle, qu'elle ne savait plus où elle en était... Mais elle n'en fit rien. La blonde tourna la tête vers son interlocuteur, accroupi, arborant une expression réconfortante. Il lui offrait sa patience et sa gentillesse. Elle ne méritait rien de cela, mais elle lui était reconnaissante d'être là. Elle avait besoin d'une présence, aussi égoïste que cela puisse paraître. Elle avait également besoin d'un geste tendre, réconfortant. Oh comme elle haïssait son égoïsme...

Casey-Lee le regarda et réfléchit. Se décidant enfin, elle tendit timidement sa main vers lui. Sa moue enfantine naturelle reprit le dessus tant elle se sentait vulnérable. Allait-il être réceptif ? Elle savait qu'elle lui demandait beaucoup, mais elle savait aussi qu'elle se rachèterait de n'importe qu'elle manière. Elle espérait juste qu'il comprendrait et ne la repousserait pas.

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Ces petits pleurs avaient grandement attiré son attention. En général, pleurer, ce n'était pas quelque chose qu'on faisait à la bibliothèque, ni dans un quelconque autre endroit publique. Par chance, aujourd'hui, la maison des livres était peu peuplée, grâce au temps sûrement. Il ne put donc que parcourir les différentes rangées pour savoir d'où venaient ces bruits. Ils étaient assez silencieux, à peine audible, et Alex voyait par là une certaine volonté de se cacher, qu'il trouvait en contradiction avec le fait de venir à la bibliothèque. Ou bien cette personne n'était pas venue à la bibliothèque exprès pour cela, mais il se serait passé quelque chose entre deux. Alex analysait chaque possibilité comme s'il s'agissait de quelque chose de crucial, et désormais, il voulait connaître la vérité. Son esprit curieux prit le dessus, et il alla chercher la source de ces sanglots.

Il n'eut pas à aller très loin pour trouver d'où ils venaient, à peine deux rangées à côté de celle d'Histoire. La personne qu'il trouva l'étonna un petit peu. C'était pour sûr une Eta-Iota, les filles les plus belles du lycée, mais aussi, pour la plupart, les plus prétentieuses et les plus vagabondes. Il ne la connaissait pas encore de nom, juste de vue, et il savait que son comportement ne lui plaisait pas, il l'avait déjà remarquée dans les couloirs, et elle ne lui avait pas laissé un excellent souvenir, sans qu'il se souvienne trop pourquoi. Il devait l'avouer, à ce moment là, il la méprisait un petit peu. Mais il ne la connaissait pas réellement, ce n'était qu'un premier aperçu, et le fait de la voir pleurer créait une émotion contradictoire chez Alex. Si bien que toute la méprise qu'il avait disparut presque entièrement.

Il s'approcha légèrement d'elle, les bras le long du corps, avant de s'arrêter à quelques mètres et de lui demander si ça allait. Elle eut un air légèrement surpris lorsqu'elle l'entendit. Elle ne dit pas grand chose, commença une phrase, mais ne la finit pas...En fait elle n'avait dit qu'un mot audible. Quelque chose l'affectait, cela se voyait directement sur son visage, quelque chose n'allait pas. Une nouvelle part de curiosité vint s'ajouter à la précédente. Puis elle détourna la tête, les yeux toujours humides et les larmes toujours coulantes le long de ses joues.

Lorsqu'elle détourna les yeux, Alex pensa tout d'abord qu'elle voulait qu'il la laisse tranquille, ce qu'il ne fit pas, il aurait peut-être du, qui savait pour le moment mis à part elle ? Il s'approcha encore un peu, avec un visage qui se voulait d'une certaine manière réconfortant. Il s'arrêta une nouvelle fois, tout en étant maintenant beaucoup plus proche. Il était toujours debout pour le moment, et il ne savait pas trop quoi faire, que dire, que demander. Il était un peu gêné face à la situation, même beaucoup, mais il laissait cette gêne de côté pour pouvoir être au mieux pour elle.

"Quelque chose ne va pas ?" demanda-t-il très maladroitement, tout en s'abaissant un petit peu, jambes pliées.

Il trouvait sa question peu pertinente et surtout très indiscrète, elle n'avait sûrement pas envie de lui parler, et il lui demandait directement ce qui n'allait pas. Certes, pour lui ce n'était pas dans ce sens qu'il voyait la chose, c'était plus un moyen de savoir si elle voulait en parler avec quelqu'un, pourquoi pas avec un inconnu d'ailleurs. A ce qui parait, c'est encore mieux d'en parler à quelqu'un qui ne vous connait pas. Alex n'y croyait pas trop, mais peut-être qu'elle si. Enfin bref, Alex était un très gros boulet sur ce coup, et il se promit que si elle lui répondait, il ferrait plus attention à ne pas être aussi brusque.

Cette rencontre ne commençait pas vraiment bien, ni pour lui, ni pour elle il supposait. Selon lui, se faire "attraper" en train de pleurer devait être encore plus gênant. Mais Alex gardait cette mine qui se voulait réconfortante, apaisante, et désolée. Il ne voulait pas qu'elle se sente mal à l'aise, même s'il supposait que c'était raté. Elle était devant lui, visage retournée, il ne le voyait pas. Lui était toujours à une distance raisonnable, quoique plus proche que quelques secondes auparavant, jambes pliées pour voir ce qu'il se passait.

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Casey-Lee regarda sa montre. 13h55. A dire vrai, cela faisait plus de trente minutes qu'elle la regardait sans cesse. Elle attendait 14h. Cela n'avait l'air de rien, mais c'était une heure très importante pour elle. Elle quitta la cafétéria d'un pas rapide en emportant sa pomme et son téléphone. Elle se dirigeait vers la Bibliothèque. Endroit ô combien adoré pour cette fameuse heure de 14h. Il y avait de quoi : elle était généralement vide, donc silencieuse. Ainsi elle pourrait faire ce qui lui était le plus important au monde. En plein milieu d'un couloir désert, elle s'arrêta net. Etait-ce vraiment nécessaire ? Devait-elle le faire ? Elle porta son index à sa bouche et en mordilla le bout : elle réfléchissait.

Prenant enfin une décision, elle continua sur sa lancée d'un pas plus lent. Elle jeta un autre coup d'oeil à sa montre. 14h02. Elle arriva quelques enjambées plus tard devant la lourde porte de la Bibliothèque. Elle inspira profondément et entra dans la sombre pièce. Elle avait toujours adoré l'odeur des vieux livres et le silence quasi religieux qui y régnait. Elle s'y sentait bien : elle-même. Elle salua d'un petit hochement de tête le bibliothécaire avant de se diriger vers le grand couloir. Elle compta deux rayons après celui d'Histoire et s'enfonça dans la pénombre. Elle s'assit entre les deux étagères et sortit son téléphone pour en composer le numéro qu'elle connaissait par coeur. Elle regarda sa montre avant de porter le combiné à son oreille. 14h05. Elle attendait. A chaque bip sonore, sa nervosité augmentait. A tour de rôle, elle époussetait son jeans, elle se mordait l'index ou bien saisissait une mèche de ses longs cheveux blonds. Puis, elle entendit enfin la voix.

"Oui bonjour. Je m'appelle Casey-Lee James et je voudrais parler à mon frère, Gabryel James ... Oui c'est bien ça ... Que voulez-vous dire ? ... Il m'est interdit de lui parler ? ... Mais je veux avoir mon frère au téléphone ! ... Non je ne me calmerais pas ! ... Je me fiche que ce soit un ordre, passez-moi mon ... Mon père ? ... Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ? ... Vous ne savez jamais rien vous ! ... Quand pourrais-je le joindre ? ... Jusqu'à nouvel ordre ..."

Sa voix n'était devenue qu'un souffle alors qu'elle raccrochait. Ne plus jamais avoir son frère au téléphone... Déjà que cela faisait deux ans qu'elle ne l'avait pas vu, c'était la seule chose qu'elle possédait encore et ils lui avaient pris... Ses larmes coulaient d'elles-même, Casey-Lee ne cherchant même plus à se retenir. Ses sanglots demeuraient discrets alors qu'elle ramenait ses jambes contre sa poitrine. Pourquoi lui avaient-ils fait ça ? Son frère, le seul qui savait la protéger, qui savait l'aimer. Elle ne pouvait même plus entendre le son de sa voix. Casey-Lee releva lentement la tête et ses yeux humides rencontrèrent ceux d'un jeune homme.

"Tout va bien ?

- Je... Mmm...."

Effrayée et vulnérable, voilà ce qu'elle était face à ce jeune homme. Et, incapable de formuler le moindre mot, elle se sentait également méprisable. Casey-Lee savait qu'il la reconnaissait, elle le lisait dans ses grands yeux bleus. En revanche, elle ne l'avait jamais vu. Ou alors, elle n'avait pas fait suffisamment attention. Elle aurait du ! Mis à part la beauté du jeune homme, elle pouvait aisément déceler en lui une certaine gentillesse.

Honteuse, elle détourna les yeux mais ne se donna pas la peine d'essuyer ses larmes, coulant encore le long de ses joues rosies. Casey-Lee était trop préoccupée par une question : qu'allait-il faire ?

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Alex se sentait courageux aujourd'hui, motivé, et prêt à travailler au mieux la matière qu'il détestait par dessus tout : l'Histoire. Si vous lui parlez des dates importantes pour les ancêtres de l'humanité actuelle, il vous répondra toujours la même chose : il ne sait pas. Il n'était vraiment pas intéressé par la multitude de dates à apprendre, la multitude d'évènements qui se succédaient, mais qui n'avaient l'air de mener à rien. Il n'étudiait pas cette matière, excepté quand il était avec Molly, il n'aimait pas plonger son nez dans les bouquins longs, et très peu divertissants. Pour lui, le passé était le passé, et tout le passé n'avait pas besoin d'être étudié. Alors certes, il savait qu'il y avait des choses importantes dans ce cours, mais il y en avait tellement peu face à ce qu'on leur enseignait. Mais aujourd'hui, il était motivé, prêt à tout comprendre, à tout apprendre, et tout ça sans qu'un moindre petit contrôle ne pointe son nez dans les jours à venir. Ca lui prenait, une fois à jamais, de faire quelque chose de pas vraiment intéressant.

Pour travailler, il décida d'aller dans la bibliothèque. Alors certes il aurait pu aller dans sa chambre, il aurait été dans le calme le plus total, et il aurait pu faire ce qu'il voulait, mais à quoi bon ? La bibliothèque allait lui offrir une multitude d'informations qu'aucun de ses livres de maths n'aurait pu lui offrir. S'avançant d'un pas plutôt rapide dans les couloirs, il prit pourtant le soin de saluer toutes les personnes qu'il connaissait. Il avait vu plusieurs professeurs aussi, assez pressés. Il se contenta de leur sourire, sauf à un d'entre eux, qui n'avait pas l'air très commode. Il se recentra sur son chemin, et se mit à ralentir un petit peu, sachant son arrivée à la bibliothèque très imminente.

Pourtant, au fur et à mesure qu'il avançait dans ce couloir, l'envie de réviser l'histoire l'abandonnait de manière considérable, il trouvait tout à coup que c'était une perte de temps inestimable, et qu'il valait mieux pour lui rebrousser chemin. Il s'apprêta à le faire lorsqu'il le convainc de rester sur son premier objectif, et puis comme ça il pourrait un peu épater Molly. A chaque fois qu'ils se voyaient, elle était consternée devant la faible culture d'Alex dans cette matière. Pour une fois, il pourrait lui montrer qu'il n'est pas toujours si nul, bien qu'il était persuadé du contraire. En fait, c'était plus pour la remercier, dans un sens. C'était donc avec une certaine intention qu'il se remit à avancer vers la bibliothèque, mais se contenta de prendre un pas lent cette fois-ci.

Arrivé à la porte, il salua silencieusement le bibliothécaire. Il ne le connaissait pas vraiment, en fait, il ne venait que très rarement à la bibliothèque, et aujourd'hui faisait partit de ces rares jours. Il s'enfonça dans la grande salle, pour s'installer seul sur une table. Il n'y avait pas beaucoup de monde à la bibliothèque, il faisait beau, et il était un peu normal d'oublier cette salle par un temps pareil. Pour Alex, c'était idéal, personne pour l'embêter...Ou plutôt pour venir avec lui, car c'était de réviser qui l'embêtait...Il souffla alors un bon coup, tout en restant silencieux, et se dit à lui-même d'aller chercher un livre sur l'action américaine durant la Guerre Froide. Voilà un sujet bien passionnant ! Il se retourna alors, et commença à parcourir le couloir dessiné par les étagères. Il tomba alors sur la catégorie "Histoire" avant de se plonger dans l'ensemble du rayon.

Il n'eut pas le temps de trouver le livre qui l'intéressait qu'il entendit quelque chose, un peu comme des petits sanglots étouffés, et discrets. Quelqu'un se cachait, pas très loin, et cette personne ne voulait pas qu'on la remarque. Il continua alors à avancer pour regarder dans les deux rayons d'à côté, mais il ne vit pas grand chose. Il retourna donc dans le grand couloir pour aller un rayon plus loin, tout en restant discret et silencieux pour ne pas se faire repérer. C'est alors qu'il la vit, elle, cette fille, qu'il ne connaissait pas vraiment. Elle était seule entre deux étagères. Alex n'arrivait pas trop à déterminer l'expression de son visage, pleurait-elle ? Si oui, ça l'étonnerait. Il ne s'approcha pas, attendant de voir si elle l'avait remarqué ou non, dans un premier temps, avant de s'avancer, de se découvrir.

"Tout va bien ?" demanda-t-il. Car oui, même s'il ne l'appréciait pas particulièrement, il voulait savoir si elle allait bien...

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