Wynwood University
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 Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron}

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MessageSujet: Re: Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron}   Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron} EmptyJeu 28 Juin 2012 - 16:19

Brooke n’arrivait pas à détacher ses yeux des siens. Aaron était devenu un très beau jeune homme et elle ne put s’empêcher de se demander s’il avait une petite amie. Non pas qu’elle aurait été tenté de le séduire mais surtout qu’elle était bien curieuse de savoir s’il avait trouvé l’amour de sa vie. Il ne parut pas aussi enthousiaste qu’elle à l’idée d’être à l’Université. Pourtant, c’était une chance et une occasion rêvée qu’il avait devant lui. Brooke se rendit compte qu’elle donnerait maintenant n’importe quoi pour faire des études et vivre une vie d’étudiante normale. Mais étais-ce réellement possible dans son cas ? Ses parents accepteraient-ils de la laisser partir ? La jeune femme soupira en sachant déjà à l’avance que la réponse serait négative.

Aaron se pencha vers elle et lui conseilla de le faire. « Alors vas-y ! » avait-il dit. Si seulement tout pouvait être aussi simple. Pouvait-elle réellement décider de jour au lendemain de changer sa vie et son destin ? Brooke avait peur. Non pas d’affronter ses parents, ça elle le faisait tous les jours mais la peur de l’inconnue. Elle ne connaissait pas la dure réalité de la vie et rien que de voir Aaron travailler dans ce pauvre restaurant, cela le lui faisait clairement comprendre.

Brooke fut sortie de ses pensées lorsqu’il évoqua une certaine récompense s’il arrivait à la supporter le plus longtemps possible. Brooke lui rendit son sourire et elle se pencha à son tour vers lui et en lui murmurant à l’oreille.

- Déjà c’est moi qui t’offrirai le repas et… et peut-être que je changerais d’avis concernant mes parents… peut-être que je te suivrais…

Elle s’arrêta quelques instants, l’air pensif.

- Dis Aaron, si je décidais de quitter ma vie, celle que j’ai actuellement… Est-ce que tu serais là ? Je veux dire, est-ce que tu seras là pour me montrer la voie à suivre ?

Elle le lui avait demandé de manière très sérieuse. Mais la seule présence d’Aaron lui remontait le moral et elle voulait à tout prix en profiter et s’amuser avec lui. C’est là que son ventre se manifesta à nouveau, obligeant la Rho Kappa à changer de sujet et revenir sur celle de la nourriture. Aaron répliqua en rigolant que le saumon était du poisson et qu’il mangerait n’importe quoi là tout de suite. C’est bien ce qu’elle pensait, il mourrait de faim tout comme elle.

- Non le saumon fait partie de l’espèce des salmonidés mais n’est pas un poisson ! Nuance ! Dans ce cas-là, je vais faire en sorte que ton appétit soit vite rassasié lança en lui faisant un clin d’œil amical.

Oui il était hors de question qu’elle mange seule ce soir. C’est ainsi qu’elle se dirigea vers la porte où derrière devait sûrement se trouver le patron d’Aaron. Elle lui fit savoir qu’elle n’était pas une gamine mi-amusée, mi –agacée et le laissa en le traitant de poule mouillée. Elle n’avait attendu qu’une chose : qu’il réagisse. Et c’est ce qu’il fit sans trop tarder. Il se leva et la suivit.

Un quart d’heure plus tard, ils sortirent tous les deux, Brooke avait le sourire aux lèvres. Elle avait dû négocier beaucoup d’argent pour qu’il puisse être libre ce soir mais elle savait que cela en valait la peine. Et puis, ce qu’elle venait de dépenser pour lui ne signifiait presque rien pour ses parents donc pas de soucis de ce côté-là. Ils arrivèrent à l’endroit où ils s’étaient posés quelques minutes plus tôt. Brooke se mit à réfléchir quelques secondes et sans crier gare, elle prit ses affaires. Elle se retourna ensuite vers Aaron et lui prit le bras, celui qu’elle avait refusé tout à l’heure de la part de son alter-égo.

- Finalement, je n’ai plus envie de manger ici et redonner encore de l’argent à ton patron me ferait vraiment mal au cœur. Il ne méritait pas tout cet argent et je suis sûre qu’il ira directement dans ses poches à lui. Mais bon, tu en vaux la peine alors…

Elle préféra taire la suite, ne voulant pas trop que ses sentiments prennent le dessus. Elle l’incita à quitter le restaurant et une fois qu’ils furent dehors, elle lui lâcha le bras et lui sourit.

- Alors monsieur Gray, avez-vous un endroit à me conseiller pour que nos ventres soient satisfaits ?

La soirée risquait d’être très amusante finalement et elle ne regrettait pas de s’être enfuie de chez elle…

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MessageSujet: Re: Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron}   Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron} EmptyDim 3 Juin 2012 - 12:17

    Lorsqu'il lui évoqua son parcours scolaire, Aaron ne put que s'amuser de l'étonnement de la jeune fille. Wynwood High School était un immense lycée, et le Sigma Mu était de plus assez solitaire, ce qui expliquait sans doute qu'ils ne se soient pas revus dans l'enceinte de l'établissement.


    - Toi à WHS ? Mais… c’est dingue ça non ? Dire qu’on ne s’est même pas croisés une seule fois !


    La jeune fille répondit par ailleurs à la mention du parcours universitaire du jeune homme :


    - ...Tu es un veinard alors ! J’aimerais bien moi aussi aller à l’Université… Ce serait mortel.


    Un veinard ? Il ne croyait pas à la chance. Il s'était battu pour obtenir cette place, avait trimé des mois durant pour réviser ses concours et passer des examens spéciaux lui permettant de changer de niveau au cours de l'année. Il avait lutté pour obtenir une bourse d'études, pour trouver un logement or de l'internat afin de se rapprocher de son lieu de travail, bref, il avait pris sa vie en main. Et pourtant, l'université était loin d'être son rêve... Bien sûr, il possédait cette incommensurable soif de savoir qui rendait tout le reste dérisoire à ses yeux, tout sauf sa liberté. Et cette liberté, l'université le lui avait à nouveau prise. D'une certaine manière, il se sentait libre en vivant conformément à ses choix : personne ne l'avait forcé à entrer à WHS ou à l'université, personne ne l'avait obligé à renoncer à sa vie nomade pour s'installer à Miami. Oui mais... la vie en société apportait bien des contraintes, la première étant la contrainte matérielle. Gagner de l'argent, payer un loyer, toutes ces choses lui étaient à présent familières, mais n'auraient pas dû l'être. S'il était aujourd'hui entré à l'université, c'était qu'il n'avait pas encore trouvé ce qu'il était venu chercher en Floride.

    Aaron ne put que remarquer l'amertume de la jeune fille à l'évocation de l'université. Elle rêvait d'y aller, mais, apparemment, elle ne s'était toujours pas délestée du joug de l'autorité parentale. Il le savait son destin était tracé d'avance, comme dans beaucoup de familles aisées. Lui-même aurai tout à fait pu se trouver à sa place, aujourd'hui; il remerciait les circonstances – pourtant malheureuses – qui l'avaient conduit à rompre brutalement avec sa vie dorée de Californie. Tout cela n'était finalement dû qu'à un coup du hasard, et à sa persévérance. Il plaignait donc un peu Brooke, mais, dans le même temps, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'elle n'avait qu'à tenir enfin tête à ses parents, et prendre sa vie en main. De quoi avait-elle peur ? Le Sigma Mu répondit :


    - Mortel, hein ? Il se pencha vers elle, et, en la fixant intensément d'un air de défi, ajouta : Alors vas-y !


    Oh, bien sûr, il savait que ce n'était pas si simple que cela pour elle. Il savait pertinemment ce que cette décision impliquerait pour la jeune fille. Elle devrait probablement renoncer à ses liens avec sa famille, et à leur soutien financier. Oui, il savait qu'elle ne le ferait sans doute pas. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de glisser en elle la perspective de pouvoir être maîtresse de son destin. C'était égoïste, dans un sens ; il lui montrait toute l'ampleur de sa propre liberté, qui lui serait à elle peut-être inaccessible. Mais où était le mal à rêver un peu ? Peut-être qu'il arriverait à la sortir de sa torpeur, à lui donner l'électrochoc nécessaire à son émancipation. En attendant, il aimait bien de toute façon la provoquer un peu.
    Lorsque l'on côtoyait Aaron, on avait parfois l'impression que sa vie était très simple. Il faisait ce qu'il voulait, suivait ses moindres désirs, sans jamais se soucier des conséquences, ou ressasser le passé. On lui enviait cette liberté d'actes et de conscience. Bien sûr, sa vie n'était pas toujours si aisée que cela; mais il osait croire que cette vision qu'il renvoyait aux autres était la réalité. Il se sentait éminemment libre, et cela était très largement dû à sa victoire contre la pire crainte des hommes : la crainte d'eux-mêmes. Ils n'osaient pas assumer leurs désirs, aller au bout de leurs ambitions. Ils vivaient dans la peur du remords, tandis que lui redoutait par-dessus tout les regrets. Il ne voulait pas se retourner un jour sur sa vie, et se dire « J'aurais dû faire ça ». Il fonçait, et qu'importe s'il chutait ? Il se relèverait.
    La suite de la conversation était néanmoins plus légère, concernant une invitation au restaurant.


    - Ou plutôt est-ce que toi tu seras à la hauteur de mes attentes ? Mais je veux relever le défi. Qui arrivera à supporter l’autre le plus longtemps !


    Aaron rit franchement. Elle le défiait ? Très bien, il saurait se montrer à la hauteur ! Il ne doutait pas qu'il arriverait à la supporter longtemps, très longtemps !


    - Très bien, et quelle sera la récompense ? demanda-t-il d'un air amusé.


    Il aimait cette facette espiègle de la personnalité de la Rho Kappa. Il l'appréciait d'autant plus qu'il savait qu'elle ne pouvait la dévoiler qu'à certaines personnes, « a select few » - ce qui était tout de même dommage. Mais en même temps, il se sentait privilégié d'y avoir accès.
    Puis vint le sujet qui avait mené Brooke dans ce restaurant : la nourriture.


    - Bon alors on enlève le poisson. Et bien je vais prendre… une pizza au saumon tiens ! Ça ne te donne pas envie Aaron ? Tu n’as toujours pas faim ?


    Un éclat de rire franchit les lèvres du Sigma Mu, et il répliqua aussitôt :


    - Tu apprendras, pour ta gouverne, que le saumon est un poisson ! Mais je te mentirais si je disais que je n'avais pas faim. Je mangerais n'importe quoi !


    Si Aaron avait horreur de se faire entretenir, il n'allait pas dissimuler ses pensées pour autant. Il avait faim, elle lui proposait de manger : que demande le peuple ? En revanche, il la rembourserait plus tard : il était hors de question qu'elle débourse le moindre sou pour lui.

    Quoique... la suite de la conversation le fit changer d'avis. Elle était prête à acheter le patron pour qu'il mange un morceau avec elle. Ce qui voulait dire plusieurs choses : tout d'abord, elle était prête à s'amuser, quitte à manipuler les gens – exactement ce qu'il lui avait appris. En outre, elle voulait bien acheter du temps à passer en sa compagnie. Et c'était surtout ce second point qui convainquit Aaron d'accepter. Après tout, elle était pleine aux as, alors pourquoi se priver ?
    Mais curieusement, elle ne perçut pas l'ironie du « gamine » et prit un air agacé en répliquant :


    - Tu sais ce qu’elle te dit la gamine ? Que tu peux aller mettre ton bras là où je le pense c’est bien clair ?


    Aaron éclata d'un rire franc. Elle n'avait pas perdu sa verve, en tout cas. Le fait était qu'il était plus âgé qu'elle, et qu'il n'était plus au lycée, d'où sa plaisanterie sur le fait qu'il pouvait se sentir « insulté » qu'une Junior Year lui offre quoi que ce soit. La jeune fille se leva résolument et se dirigea vers la cuisine, sans même lui jeter un regard, avant de dire :


    - Je n’ai pas besoin d’un idiot dans ton genre pour m’aider ! Je suis capable de me débrouiller toute seule !


    Aaron s'inclina ironiquement et répliqua :


    - Je n'en doute pas !


    Il voyait bien que la jeune fille n'était pas réellement énervée, et « idiot » était bien la moindre des insultes qu'on lui ait adressée, aussi ne releva-t-il pas. Mais tandis qu'il demeurait près de la table, en se disant que s'il accompagnait la jeune fille dans la cuisine, toutes ses chances de garder son emploi s'évanouiraient, celle-ci le traita de « poule mouillée » et y entra. Le Sigma Mu esquissa un sourire amusé. Elle savait ce qu'elle voulait, et elle n'avait pas froid aux yeux. Mais il avait tout à fait conscience qu'il pouvait être renvoyé à cause de cela. Il évalua la situation une seconde, puis se dit qu'il n'avait pas grand chose à perdre. Il retrouverait du boulot ailleurs, et de toute façon, ça ne pourrait pas être pire qu'ici. Aaron était un fonceur, un impulsif ; il n'allait pas commencer à se poser des questions maintenant. Alea jacta est, comme aurait dit l'autre...
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MessageSujet: Re: Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron}   Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron} EmptyVen 1 Juin 2012 - 11:51

Le fait de voir Aaron après trois ans de séparation fit revenir à la surface un grand nombre de souvenirs. Notamment les fois où ils parlaient, allongés sur la plage et qu’elle buvait ses paroles. Il lui avait appris beaucoup de choses sur la vie et elle avait petit à petit ouvert les yeux. Puis vint le moment où Aaron continua sa route. Brooke avait plusieurs fois médité ces paroles et quelques jours plus tard, ce fut elle qui quitta l’Arizona avec une dernière pensée pour lui. Depuis, elle avait grandi et mûri. Elle s’était petit à petit détachée de sa famille mais pas complètement. Parce qu’au fond d’elle, elle savait qu’elle avait encore besoin d’elle et qu’elle ne pouvait rien y faire.

Le rire sincère d’Aaron la ramena à la réalité. Il parut très étonné lorsqu’elle évoqua WHS. Bah de toute façon, toute personne qui habitait à Miami, connaissait forcément ce fameux lycée. Pourquoi donc était-il étonné dans ce cas ? Cela était forcément évident non ? Sa réponse à sa question muette vint aussitôt. Aaron lui apprit qu’il avait été lui aussi à WHS. Si elle aurait pu, elle aurait ouvert grand la bouche tellement elle était surprise. Mais alors, cela voulait donc dire qu’ils vivaient presque côte à côte et qu’ils ne s’étaient jamais croisés depuis tout ce temps ? C’était presque impossible à imaginer. Aaron rajouta qu’il était maintenant à l’Université avec la spécialité littérature. C’était un choix intéressant mais Brooke sut qu’elle-même n’aurait pas ça. Non elle s’intéressait plus à l’histoire. Pour elle, c’était beaucoup plus passionnant.

- Toi à WHS ? Mais… c’est dingue ça non ? Dire qu’on ne s’est même pas croisés une seule fois ! Tu es un veinard alors ! J’aimerais bien moi aussi allé à l’Université… Ce serait mortel dit-elle en faisant un sourire crispé.

Son destin était déjà tout tracé pour elle. Elle irait dans une école de médecine ou de mannequinat. Ou peut-être qu’elle devra reprendre l’héritage familiale, chose qu’elle ne voulait pas. Elle n’avait vraiment qu’un seul objectif en tête : fuir ce destin. Mais avait-elle vraiment le choix ? Aaron avait réussi mais qu’est-ce qu’il était devenu maintenant ? Brooke devinait qu’il n’avait pas choisi ce métier instable et que peut-être aurait-il eu une vie meilleure s’il avait gardé contact avec sa famille. Une des choses qu’elle lui enviait au plus haut point était sa liberté. Il était libre de ses propres choix. Finira-t-elle comme lui ? Trop de questions se bousculaient dans sa tête. Mentalement, elle s’intima d’arrêter de penser à tout ça. Maintenant qu’ils s’étaient retrouvés, elle ne voulait pas se prendre la tête et oublier tous les tracas de la vie.

Alors qu’elle lui avait demandé implicitement de l’inviter une prochaine fois au restaurant, Aaron lui répondit, le sourire aux lèvres, qu’il était d’accord à condition qu’elle le supporte une fois de plus. Elle rigola et plongea son regard dans le sien.

- Ou plutôt est-ce que toi tu seras à la hauteur de mes attentes ? Mais je veux relever le défi. Qui arrivera à supporter l’autre le plus longtemps !

A chaque fois qu’elle était avec lui, son côté imprudente et joueuse refaisait surface alors qu’elle était plutôt du genre réfléchie et posée. Enfin c’était l’image qu’elle voulait qu’on l’associe. Mais peut-être était-elle tout le contraire ? Allez savoir !

Après s’être plaint d’avoir faim, elle s’était emparée de la carte des menus en demandant l’avis d’Aaron. Il lui déconseillait le poisson à cause d’une certaine anecdote sur son patron. Décidément, le jeune homme ne l’appréciait pas tellement. Il ne faisait que le dénigrer depuis le début. Cela confirmait l’idée qu’il n’était là que pour l’argent. C’est là que Brooke réfléchit. Lui devait travailler pour gagner sa vie mais elle non. Elle n’avait pas besoin de bosser et de se donner du mal, elle n’avait juste qu’à claquer des doigts et elle avait tout ce qu’elle désirait. Mais c’était bien trop facile et cette pensée lui donna un goût amer dans la bouche.

- Bon alors on enlève le poisson. Et bien je vais prendre… une pizza au saumon tiens ! Ça ne te donne pas envie Aaron ? Tu n’as toujours pas faim lui demanda-t-elle en le scrutant du regard.

Elle ne pouvait pas manger devant lui alors qu’il était censé travailler et que son ventre réclamait sûrement quelque chose. Autant donc partager ce repas à deux. Enfin seulement si le lui voulait ! Et l’idée d’aller en parler à son chef était vraiment tentant mais il ne réagit pas comme elle ne l’espérait enfin pas au début. Elle ne comprenait pas son charabia. C’était elle ou il venait de la traiter de « gamine ». Elle n’eut pas le temps de lui rabattre son caquet qu’il se leva, le sourire aux lèvres, et qu’il tendit son bras, comme un chevalier servant. Elle avait l’impression de revivre la même scène avec Lou quand il l’avait plusieurs fois appelé « princesse ». Leur rencontre s’était très mal passée et ils se faisaient tous les deux la tête. Elle fronça les sourcils et se leva à son tour.

- Tu sais ce qu’elle te dit la gamine ? Que tu peux aller mettre ton bras là où je le pense c’est bien clair ?

Elle le dépassa sans même le regarder et sans faire attention à son geste et s’avança en direction de l’arrière cuisine. Elle ne sut pas quelle tête il avait fait à ce moment-là mais elle était assez fière de son coup. Non mais pour qui il se prenait tout à coup ?

- Je n’ai pas besoin d’un idiot dans ton genre pour m’aider ! Je suis capable de me débrouiller toute seule lança-t-elle à demi furieuse et amusé par la situation en se retournant.

Voyant qu’il ne bougeait pas d’un pouce, elle haussa les épaules et ouvrit la porte. Elle irait demander elle-même dans ce cas.

- Poule mouillée va dit-elle avant de disparaître de sa vue.
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MessageSujet: Re: Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron}   Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron} EmptyLun 28 Mai 2012 - 21:33

    Bien entendu, Aaron ne travaillait comme serveur que pour financer la partie de ses frais de scolarité que sa bourse d'études ne garantissait pas, ainsi que pour payer son loyer – puisqu'il n'était pas à l'internat. Mais lorsqu'il dit qu'il travaillait ici, Brooke promena son regard dans la salle, comme si elle y voyait quelque chose de plus. Lui, dès que son CDD serait terminé, il l'oublierait immédiatement. Il ne voulait pas qu'elle croit qu'il comptait passer du temps ici. Ou, pire, s'attacher à ce lieu.

    Un sourire illumina le visage de la jeune fille lorsqu'il prononça son nom complet, comme si elle avait craint qu'il ne l'oublie. Lui-même était assez perplexe face à sa propre mémoire, lui qui ne retenait d'ordinaire que des prénoms. Peut-être était-ce le patrimoine associé à ce nom qui l'avait gravé dans son esprit. Les yeux de Brooke, deux saphirs délicats, illustraient parfaitement la richesse de sa famille, dont, il le savait, elle avait cherché à maintes reprises à s'émanciper. Elle avait manqué de courage, lorsqu'il l'avait connue en Arizona ; il faut dire que lorsqu'Aaron avait quitté sa propre famille, il était très jeune, mais ce n'était pas par courage qu'il avait pris cette décision. Au contraire, il avait fui, lâchement, et avait voulu cent fois rentrer chez lui, et retrouver sa maman. Seule sa rencontre avec Earl lui avait permis d'oublier ce passé qui lui faisait horreur, et de démarrer une nouvelle vie. Brooke n'avait tout simplement pas eu cette chance ; mais aujourd'hui, qu'en était-il ? Il lui demanda pourquoi elle n'était pas à Chicago, et elle répliqua :


    - Ça fait trois ans que je ne suis plus à Chicago, Aaron Gray !


    Elle était probablement là pour ses études, donc. Au moins, elle était loin de ses parents, ce qui lui donnait davantage de liberté ; à moins qu'ils aient déménagé en même temps qu'elle ? Quand on a les moyens, on peut tout se permettre... Enfin, si cela faisait trois ans qu'elle était à Miami, c'était vraiment dommage qu'ils ne se soient pas vus plus tôt. Mais... trois ans, cela voulait dire qu'elle était partie à Miami peu après qu'elle l'ait rencontré ? Etait-ce lui qui lui avait ouvert les yeux, ou était-ce juste un hasard ? Il n'en savait rien, mais peu importait, au fond. Elle était là, lui aussi - et elle se souvenait elle aussi de son nom. Pourquoi aller chercher plus loin ?

    - Et je suis là pour manger parce que j’ai vraiment très très faim.


    Un éclat de rire franchit les lèvres du Sigma Mu. Au moins, elle n'avait pas perdu son sens de la répartie.


    - Non pour être plus sérieuse, je suis au lycée à WHS et toi ?


    Aaron dissimula avec peine son étonnement lorsqu'elle évoqua WHS. Durant plusieurs mois, ils s'étaient sans doute croisés dans l'enceinte de l'établissement, sans jamais se voir ! Quel gâchis... Enfin, en même temps, Aaron était heureux d'avoir pu « couper les ponts » ; chacun avait évolué de son côté, et il pouvait désormais la retrouver en toute sérénité. Ils n'auraient pas à se côtoyer au quotidien, et c'était tant mieux, car la promiscuité délitait souvent les relations.


    - Qu’est-ce que tu es devenu depuis tout ce temps ? poursuivit-elle.


    Ah, la fameuse question « qu'est-ce que tu deviens ?»... Aaron ne savait jamais ce qu'il devait y répondre. Devait-il parler de ses études ? De ses loisirs ? De ses relations ? Comment qualifierait-il sa vie, à ce jour ? Il regarda ailleurs un bref instant, comme pour chercher l'inspiration, puis reporta son regard sur celui de la jeune fille et répondit :


    - Comme tu vois, je me suis posé, à Miami. J'ai finalement cédé à l'appel de la ville ! Je suis moi aussi allé à WHS, et là, je suis à l'université, en spécialité littérature. Il secoua la tête, avant de dire avec un sourire ironique : Wow, quand je le dis à voix haute, ma vie a l'air encore plus ennuyeuse qu'en vrai !


    On ne pouvait pas dire qu'Aaron adorait sa vie ici. L'appel du voyage se faisait chaque jour plus fort, et son esprit était sans cesse ailleurs. Mais l'avantage de cette grande agglomération était son anonymat ; finalement, on le connaissait mieux dans les villages où il dormait une nuit que dans la « Magic City ». Quel surnom stupide, au passage... Aaron devait, par ailleurs, travailler comme un dingue pour subvenir à ses besoins, et poursuivre ses études en plus du travail relevait parfois d'une réelle épreuve de force. Mais il était persévérant, et le fait de s'activer ainsi avait au moins le mérite de détourner son esprit des lointains paysages qui le hantaient.


    A sa blague sur le choix de restaurant, Brooke répliqua avec un clin d'œil:


    - Je suis tombée dessus par hasard mais dans ce cas-là, la prochaine fois tu me feras visiter un autre restaurant.


    Cette phrase avait des allures de demande. Elle voulait qu'il l'emmène au restaurant ? Très bien, il le ferait. Du peu qu'il la connaissait, Brooke avait toujours su ce qu'elle voulait, et parvenait clairement à le lui faire savoir. Et il appréciait cette forte personnalité ; elle savait où elle allait, du moins en apparence. Avec lui, elle savait qu'elle pouvait se lâcher ; car qui, mieux que lui, suivait ses rêves les plus fous ?


    - Je n'y manquerai pas, répondit-il avec un sourire en coin. Mais alors, il faudra que tu me supportes un soir de plus ! Es-tu seulement à la hauteur ?


    Il la charriait, espérant réveiller son âme espiègle. Mais il osait croire que passer une soirée en sa compagnie n'était pas le pire châtiment imaginable. Enfin en attendant, elle était là, et elle avait fin, aussi s'empara-t-elle du menu et dit-elle :


    - Tu vas pouvoir me faciliter la tâche du coup ! Qu’est-ce que tu as à me proposer ?


    - Ah, je vois, tu es intéressée en fait ! répondit-il aussitôt avec un sourire amusé. Eh bien, si tu ne veux pas mourir dans d'atroces souffrances, je ne peux que te déconseiller tout ce qui touche à du poisson, ou à quelque élément marin que ce soit. Je sais pas où le chef conserve les aliments, mais je le soupçonne de les mettre dans une étuve...


    Ils parlaient, mais Aaron avait bien conscience que l'heure tournait, et qu'il était déjà en retard dans son service. Alors qu'il cherchait un moyen de repousser l'échéance, son interlocutrice reprit :


    - Tu crois que j’arriverais à convaincre ton « Grand Chef » pour que tu puisses partager ce repas avec moi ? De l’argent devrait arriver à faire l’affaire non ? De toute façon, ce n’est pas ce qui manque chez moi et le dépenser pour ce genre de choses me donne encore plus envie de le faire… Après tout, faire ce qui est intolérable fait partie de ce que tu m’as appris non ?


    Aaron la fixa un instant d'un air impassible, sondant ses yeux en prenant la mesure de son audace. Elle n'avait pas oublié ce qu'il lui avait appris ; mais le voulait-il seulement ?


    - Tu sous-entends que je me laisserais entretenir par une gamine ? Que je m'abaisserais à être ton gigolo ?


    Puis un sourire étira ses lèvres :


    - Les dames d'abord...


    Il se leva et lui tendit galamment – et assez ironiquement – le bras.


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MessageSujet: Re: Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron}   Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron} EmptyLun 28 Mai 2012 - 17:54

Brooke n’en revenait toujours pas. Aaron était devant elle, ici à Miami. Décidément, elle enchaînait les coïncidences ces temps-ci. Il n’avait pas beaucoup changé bon à part peut-être sa coupe de cheveux mais l’éclat de ses yeux était restait le même et elle sentait qu’il était toujours le même Aaron qu’elle avait admiré autrefois. Leur rencontre remontait à trois maintenant. Lui vagabondait dans les villes en quête de liberté tandis qu’elle avait suivi ses parents au fin fond de l’Arizona pour une grande partie des vacances.

Le jeune homme venait tout juste de s’émanciper légalement et Brooke avait été vraiment attiré par sa façon de vivre et voir les choses. Au début, elle ne faisait que l’écouter et le suivait tel un maître et son élève. Mais maintenant qu’elle vivait ce qu’il avait vécu lui, elle comprenait encore mieux ses choix. Elle voulait elle-aussi se sentir plus libre mais quitter tout pour ce caprice en valait-il vraiment la peine ?

Aaron en la voyant sourit à son tour et Brooke n’en fut que ravie. Il l’avait reconnu lui aussi et elle était vraiment contente. Elle arqua cependant un sourcil alors qu’elle lui demandait si la place était prise et qu’il répondait qu’il était en pause et qu’il travaillait ici. En réponse à cette information, elle détacha son regard du sien et le laissa vagabonder dans la salle. Ainsi il travaillait ici en tant que serveur. Ce n’était pas certes un métier glorieux mais il avait choisi au moins ce qu’il voulait faire, ce qui n’était pas forcément le cas de la brunette. Elle se mit soudainement à réfléchir. Elle ne s’était toujours pas posé la question de ce qu’elle voulait après le lycée. Irait-elle à l’université comme elle le souhaitait ou plutôt dans une école telle que le lui avait demandé ses chers parents ? Le choix était difficile et elle se demandait comment Aaron avait-il réussi à faire son choix face à la situation.

Aaron la sortit de ses pensées lorsqu’il lui demanda ce qu’elle faisait ici en l’appelant par son nom de famille. Un sourire naquit sur son visage qui fit concurrence au sien. Ainsi, il se souvenait du sien. La pensée qu’il avait peut-être pensé à elle lui réchauffa le cœur mais elle disparut aussi vite qu’elle était apparue. Cela faisait trois ans qu’il ne s’était pas revu, pourquoi aurait-il pensé à elle ?

- Ça fait trois ans que je ne suis plus à Chicago, Aaron Gray ! Et je suis là pour manger parce que j’ai vraiment très très faim dit –elle en rigolant et en lançant un regard envieux au serveur qui transportait des plateaux garnis de nourriture. Non pour être plus sérieuse, je suis au lycée à WHS et toi ? Qu’est-ce que tu es devenu depuis tout ce temps ?

Brooke était effectivement très curieuse de savoir les aventures qu’il avait entreprises. Il ajouta teinté d’ironie que s’il avait su, il lui aurait conseillé un autre restaurant du fait que le chef était nul. Elle rigola à cette dernière information.

- Je suis tombée dessus par hasard mais dans ce cas-là, la prochaine fois tu me feras visiter un autre restaurant lança-t-elle en lui faisant un clin d’œil.

Elle attrapa ensuite la carte des menus et tout en y jetant un coup d’œil, elle lui demanda son avis.

- Tu vas pouvoir me faciliter la tâche du coup ! Qu’est-ce que tu as à me proposer ?

C’est là qu’un autre détail lui revint en mémoire. Il avait mentionné qu’il était en pause. Cela signifiait qu’il devait tôt ou tard reprendre son poste. Elle n’avait pas spécialement envie de manger toute seule et l’idée de parler à Aaron la rendait vraiment heureuse. Elle sourit de plus belle et désigna l’arrière cuisine du doigt.

- Tu crois que j’arriverais à convaincre ton « Grand Chef » pour que tu puisses partager ce repas avec moi ? De l’argent devrait arriver à faire l’affaire non ? De toute façon, ce n’est pas ce qui manque chez moi et le dépenser pour ce genre de choses me donne encore plus envie de le faire… Après tout, faire ce qui est intolérable fait partie de ce que tu m’as appris non ?

Elle lui lança un sourire joueur et le fixa avec un regard intense. Oui, elle avait ouvert les yeux sur beaucoup de choses grâce à sa rencontre mais elle n’avait jamais voulu de cet argent qui lui tombait du siècle et l’envie de braver les interdits la tentait réellement surtout en sa présence.

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MessageSujet: Re: Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron}   Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron} EmptyLun 28 Mai 2012 - 10:48

    Journée exécrable. Aaron avait suivi des cours à l'université le matin, puis avait filé au restaurant pour assurer le service de midi, et y rester jusqu'à la fermeture. D'habitude, il ne travaillait pas tant, mais il avait eu divers frais à assurer dernièrement, et avait donc désespérément besoin d'argent. C'était une belle journée, ce qui était pour lui synonyme d'enfer. La chaleur était étouffante, malgré la climatisation, car la salle de restaurant était bondée. Le beau temps attirait les touristes comme les citadins, ce qui impliquait des allers-et-retours en terrasse, ainsi que l'emploi de différentes langues. Le Sigma Mu parlait plus ou moins couramment différentes langues, ce qui était un réel atout, mais les touristes non anglophones lui faisaient perdre du temps, et cela l'agaçait prodigieusement.
    Journée de merde, donc. Et il n'en voyait pas le bout. Il n'était que 20h, et pourtant, ses jambes étaient déjà en coton, et il n'aspirait qu'à une chose : aller se coucher. Ou se bourrer la gueule, mais vu la cuite qu'il avait prise avec sa collègue l'autre jour, ce n'était pas l'idée du siècle. L'affluence avait été incessante durant l'après-midi ; les gens venaient boire un simple soda en terrasse, ou prendre un repas, même en plein milieu de l'après-midi. Et comme par hasard, le personnel était en sous-effectif ce jour-là, et il n'avait pu prendre que cinq minutes de pause depuis qu'il était arrivé. Il n'avait même pas eu le temps de déjeuner, car son patron lui avait sauté dessus dès qu'il avait franchi le seuil du restaurant.

    Après s'être débarrassé d'une famille de Néerlandais particulièrement harassants, Aaron décida de prendre sa pause, quitte à se faire licencier. Il n'était pas surhumain, il était fatigué, il avait faim, et surtout, sa gorge était aride comme le Sahara. Il s'assit donc à la première table qu'il trouva, qui était une petite table pour deux, un peu en retrait. Il piqua le pichet d'eau d'un couple qui s'éternisait, et s'en servit un grand verre, en s'assurant que ses collègues ne le voyaient pas. Il regarda sa montre : 20h27. Il ne pourrait pas demeurer ici bien longtemps, mais, après tout, il ne serait que plus efficace en s'étant reposé un peu. Et vu le maigre salaire qu'il recevait, il ne voyait aucune raison de se démener. Aaron sortit donc un carnet de sa poche – son carnet de commande, en vérité, et commença à noter quelques idées pour la dissertation de littérature anglaise qu'il devait rendre quelques jours plus tard. Lorsque l'on rencontrait Aaron, on avait communément l'impression qu'il était paresseux, ou, en tout cas, que les études n'étaient pas son fort. Mais c'était tout à fait faux ; Aaron était un bosseur acharné, persévérant, déterminé, qui ne s'arrêtait que lorsqu'il était satisfait. Bon, il séchait certes bon nombre de cours, mais il se rattrapait chez lui ; c'était cela qui lui avait permis d'obtenir une bourse d'études, et de sauter une partie de sa Senior Year pour entrer directement à l'université.

    Quelques minutes plus tard, alors qu'Aaron commençait à trouver l'ébauche d'un plan, il vit, du coin de l'œil, une silhouette féminine s'approcher de sa table. Nan mais elle était sérieuse ?! Sa collègue – sans doute Wheeler, pour l'agacer – faisait exprès de mettre une cliente à sa table ! Oui, bien sûr, le restaurant était bondé, mais elle n'avait qu'à la faire attendre quelques minutes, le temps qu'une table se libère ! Aaron ne daigna donc pas lever les yeux ; mais lorsque la jeune fille se mit à parler, son stylo s'immobilisa sur sa feuille.


    - Excusez-moi , je peux m’asseoir ici ? Enfin peut-être que la place est prise !


    Il connaissait cette voix. Il en était certain, il l'avait déjà entendue ; mais pas récemment, non, c'était une voix de son passé. Il ne leva cependant les yeux que lorsqu'il entendit son prénom :


    - A…Aaron ? C’est bien toi ? C’est fou ça ! Je ne pensais pas te revoir ici !


    Et ses yeux se confrontèrent à deux orbes de saphir, qu'il était impossible d'oublier. Brooke. Brooke ! Elle n'avait que treize ans lorsqu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois, quelque part en Arizona; lui n'était que de passage, toujours en route vers l'est, mais il était revenu en arrière grâce à de l'auto-stop, avec le désir de découvrir un peu plus cet Etat. Quant à Brooke, elle était en vacances avec ses parents fortunés. Ils s'étaient rencontrés, avaient sympathisé ; sa toute nouvelle liberté, acquise par son émancipation légale, avait intrigué la jeune fille, qui vivait enfermée dans le carcan familial. Mais la revoir ici, c'était de l'ordre de l'irréel.
    D'ordinaire, Aaron craignait de revoir qui que ce soit qui appartenait à son passé. Il s'était forgé une galerie de portraits qui, gravés dans son esprit, voyageaient partout avec lui, comme des souvenirs légers mais qui n'avaient aucune influence sur sa vie quotidienne. Rencontrer des gens, passer de bons moments avec eux, les laisser derrière soi, telle avait été durant de longues années la vie du Sigma Mu. Mais curieusement, il était plutôt heureux de revoir Brooke ; trois années avaient passé depuis leur première rencontre. Elle avait changé, mûri, surtout ; elle était devenue une jeune fille sublime, sans doute vouée à de brillantes études, tandis que lui n'était que serveur dans un restaurant miteux, en mi-temps avec l'université. Bah, qu'importe.

    Aaron esquissa un sourire. Il ne croyait pas au destin – il était bien trop épris de liberté pour cela, mais il devait bien avouer qu'il existait de sacrées coïncidences. Le monde était bien petit...
    Son sourire fut sa seule réponse, tandis que la jeune fille ôtait son manteau. Elle reprit la parole :


    - Je suis désolée j’ai peut-être prise une place occupée ? Tu attendais quelqu’un ?


    Le Sigma Mu, cette fois-ci, répondit :


    - Non, je prends juste ma pause en fait... Je travaille ici, précisa-t-il d'un ton neutre.


    Il ne put s'empêcher de dévisager son interlocutrice un bref instant, avant de reprendre avec un sourire énigmatique :


    - Brooke Van Wisenberg... Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'habitais pas à Chicago ?


    Il n'en revenait pas... Cette fille faisait partie de ses plus belles rencontres ; ils avaient beaucoup échangé, et s'étaient un peu retrouvés, l'un dans la personnalité de l'autre. Il y avait des centaines, des milliers de restaurants à Miami, et ils étaient là, à la même table !
    Conscient de la platitude de sa question – lui qui n'était pourtant pas du genre à utiliser des phrases-types, il dit avec un sourire tenté d'ironie :


    - Si j'avais su que tu voulais dîner à Miami, je t'aurais conseillé un autre restaurant, le chef de celui-ci est complètement nul !


    Étant donné ses conditions de travail, il pouvait bien dire ce qu'il voulait. Et il le pensait réellement ; ce restaurant était miteux. Mais vu les rencontres qu'il lui permettait, il commençait à l'apprécier...


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MessageSujet: Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron}   Toi...Moi... Qu'est-ce que ça va donner ? {FT Aaron} EmptyDim 27 Mai 2012 - 23:32

Tandis que le soleil laissait place à la lune, Brooke était affalée sur son lit, un magasine devant les yeux. Elle s’ennuyait depuis qu’elle avait fini les cours. Plusieurs de ses amies lui avaient proposé de sortir en boîte mais sa mère refusa qu’elle sorte. Elle commençait sérieusement à haïr sa mère et en voulait à son père ne pas réagir et de ne rien faire face à la situation. Sa mère avait pris beaucoup d’assurance ces derniers temps et écrasait complètement la personnalité de son père.

Elle feuilletait son magasine depuis un quart d’heure maintenant et elle en avait déjà marre. Elle aurait tellement voulu pouvoir sortir et s’éclater. Elle ne demandait que ça ! Etre plus libre et pouvoir faire ses propres choix. Elle se retourna sur le dos et fixa son mur. Elle n’avait qu’une envie, respirer l’air de l’extérieur. Pour une fois, elle voulait avancer par ses propres moyens. Décidée, elle se releva et prépara son sac à main. Après avoir fait le nécessaire, elle passa devant le miroir et s’y arrêta. Elle devait avouer que ses yeux la mettaient beaucoup en valeur mais cela s’arrêtait seulement à là… Elle décida de se faire un chignon et se maquilla. Après tout si elle sortait c’était aussi pour draguer et faire des rencontres non ?

Quelques minutes plus tard, elle rangea le matériel et déposa une lettre, qu’elle avait soigneusement rédigée, sur son lit. Tout était prêt, elle pouvait y aller. Elle ouvrit sa fenêtre délicatement et passa de l’autre côté en essayant de faire le moindre bruit possible. Elle avait beaucoup chance d’avoir un arbre à côté. Elle grimpa dessus et descendit rapidement. Ses talents de gymnastes l’avaient beaucoup aidé. En jetant un dernier regard en direction de sa maison, elle fit volte-face et se dirigea vers la ville, le sourire aux lèvres.
Elle regarda sa montre : 20h15. Cela faisait maintenant une heure qu’elle avait quitté le domicile familiale. Elle avait pris le bus et elle longeait maintenant les rues dynamiques de Miami. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’y était pas aventurée et jamais la pensée qu’elle aurait pu se faire kidnapper ne lui était venue à l’esprit. Elle déambulait sur les pavés lorsqu’elle passa devant un restaurant et que son ventre se mit à grogner. Elle pouffa un rire. C’est vrai qu’elle était partie sans avoir eu le temps de satisfaire son appétit. Elle avait de l’argent sur elle, qu’est-ce qu’elle attendait pour y aller ?

Un sourire aux lèvres, elle entra dans ce bar-restaurant plutôt et scruta la salle rapidement. Elle n’avait pas de chance ! La salle était pratiquement bondée et ses espoirs disparaissaient au fur et à mesure qu’elle remarquait le peu de chaises vides. Une serveuse vint à son encontre et Brooke la suivit pour que celle-ci la place. N’ayant plus tellement le choix, elle la fit asseoir sur une table à deux où une des choses était déjà occupée et à en juger par la coupe de cheveux et la tenue, elle devina qu’il était un homme. La serveuse lui adressa un sourire forcé et la laissa. S’armant de courage et plaçant son plus beau sourire sur les lèvres, elle s’avança et s’assit en face du jeune homme.

- Excusez-moi , je peux m’asseoir ici ? Enfin peut-être que la place est prise !

Elle leva alors les yeux et son sang ne fit qu’un tour. Cette posture, ces yeux tous ces éléments lui rappelèrent instantanément quelqu’un mais qui ? Elle n’arrivait pas à placer ce fichu nom sur son visage. Il avait l’air aussi surpris qu’elle et même carrément déroutée. Son prénom lui revint enfin en mémoire… Aaron. Comment avait-elle pu l’oublier ? Rien que de le voir là était quasiment impensable voir impossible. Elle avala sa salive avec difficulté. Elle était partagée entre la joie et la timidité.

- A…Aaron ? C’est bien toi ? C’est fou ça ! Je ne pensais pas te revoir ici !

Elle lui sourit et enleva son manteau. Finalement, le destin y avait mis son grain de sel dans toute cette histoire. Et ce n’était pas pour lui déplaire.

- Je suis désolée j’ai peut-être prise une place occupée ? Tu attendais quelqu’un ?
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