Researcher of hope | Cassie

Nous recherchons tous quelque chose en une personne. Un père, un frère, une mère, une sœur, un cousin, une cousine. Oui nous cherchons tous quelque chose. Je regardais la jeune fille face à moi. Je ne savais pas comment prendre ses dires, ses attentions, ses envies. Jamais elle ne m'avait adressé la parole simplement pour utiliser les politesses d'usages un simple bonjour. Voilà à quoi se réduisait notre "relation". La voir chez moi afin de me demander de l'aide me flattait quelque part, mais encore plus j'avais l'impression de ne pas être une simple connaissance. Je la rassurais tant mieux, si Jude venait à découvrir que j'arrivais à rassurer sa soeur il me croirait sans doute pas. Je souris à la jeune fille et je pris la parole.

- Oui bien sûr tu seras tenue au courant de tout ce que je fais. Tout est légal j'te rassure. Il faut simplement trouver des failles chez votre père. Il ne peut pas être un homme politique parfait.

Je ne disais pas que tous les hommes politiques étaient des crapules. Loin de moi cette idée farfelue, mais disons qu'on à tous quelque chose à cacher quand on devient quelqu'un de connu. Que ce soit politiquement parlant ou que sais-je encore. Je me perds dans mes propres pensées. Il n'est pas bon d'être déranger quand on est à peine levé. Enfin qu'importe après tout j'avais fait ma bonne action de la journée. Si cette situation pouvait être qualifié de bonne action. En fait pas vraiment non. C'était quelque chose de sérieux et il ne fallait pas tout prendre à la rigolade sinon cela nous retomberais dessus. Dans tous les cas il était hors de question que mon meilleur ami soit emmener derrière les barreaux. Si Jude devait tomber il ne tomberait certainement pas pour une histoire de Kidnapping puérile et futile. Un chantage bas de gamme. Jude n'était en rien dans les décisions de sa sœur et même s'il avait porter la main sur son père celui-ci l'avait entièrement mérité. Les preuves, il fallait juste qu'on rassemble des preuves suffisantes pour les faire tomber ou alors exercé un chantage. Quoique non le chantage était punis par la loi. C'était pas le moment de me faire arrêter.

- Écoutes Marissa, ce qu'il faut que tu fasses c'est écouter ton cœur et faire tes propres choix. Ne penses pas à Jude, il est assez grand pour faire lui même ses propres choix. Penses d'abord à toi et je soutiendrais tes sentiments et tes décisions. Il est vrai que nous avons un passé communs plus ou moins tumultueux. Mais je sais que Jude est ton frère, tu es sa petite sœur chérie et quoique tu penses je ne pourrais jamais te remplacer. Je suis sa meilleure amie, notre lien est peut être fort c'est même une certitude mais il ne dépassera jamais les liens du sang.

Je fis un clin d'oeil à la jeune fille. Et un sourire sincère.

Sa voix et son ton étaient tranchants. Comme une lame servait à guillotiner les fous qui oseraient se dresser sur son chemin. Là où beaucoup auraient du avoir peur, la jeune femme y trouva une sorte de réconfort certain. Oui, les mots qu'employaient Cassie, sa voix et sa détermination rassuraient l'adolescente qui venait de sécher ses larmes. Cassie avait peut-être raison? Leur père n'était peut-être pas si intouchable que ça? Et puis en plus, il n'en restait pas moins qu'un homme. Comme les autres. Et aux yeux de Dieu, son argent n'allait pas le faire grimper en tête de liste, oh que non. Il avait oublié tout ce qui était important dans une vie. Absolument tout. Alors il n'emporterait pas tout ça au Paradis, loin de là.

Marissa se sentit un peu rassurée, elle bu à nouveau un peu de jus d'orange, alors qu'elle sortit de son petit sac un paquet de mouchoir qu'elle utilisa rapidement. Essuyant ses larmes et mouchant son nez, elle souffla un bon coup et prit alors la parole:

- Ce que tu me dis me fait du bien Cassie.. Et.. je suis désolé que ça se soit passé comme ça entre nous durant tout ce temps.. tu es une fille bien. J'comprends pourquoi Jude te considère comme sa meilleure amie.

Marissa lui dessina un léger mais sincère sourire avant de tourner la tête pour regarder un peu autour d'elle. Le jardin était grand, somptueux et c'était vraiment agréable d'être assis là, à l'abris du vent, bercé par une douce brise. La jeune femme renifla alors un petit peu et prit à nouveau la parole:

- Je ne veux pas être mise à l'écart de cette affaire. Je crois que c'est mon tremplin pour grandir non? Alors je le prendrai. Je veux être informé de ce qu'il se passe, je veux avoir mon mot à dire en temps venu. Après tout, c'est ma faute si on en est arrivé là...

Une once de remord? De tristesse? Sans doute, car elle savait que son père était le principal coupable oui, mais il n'y avait pas que lui non. Peut-être était-elle trop jeune pour comprendre? Comprendre qu'il fallait travailler dur pour gagner sa vie et bien faire vivre sa famille? Et à présent, ses parents étaient tout seuls.. c'était se torturer que de culpabiliser ainsi oui, mais Marissa n'y pouvait rien...

Attendre quelque chose qui vient ou qui ne viendra pas. Attendre sans arrêt que la situation s'améliore, chaque jour espérer que le prochain sera meilleur. Essayer d'oublier le passé, l’annihiler complètement afin de ne plus souffrir. De ne plus être la victime terrorisée par le démon qui vous retient inlassablement au sol. Qui vous empêche d'avancer... L'incapacité à prendre son envol encore et toujours à cause d'un être malveillant pour Jude, pour Marissa et pour leur frère c'était leur père.

Homme imperturbable au regard froid. Fier et imposant il restait un homme politique après tout. Il devait rester impassible aux yeux des gens, ils ne devaient pas montrer sa part de sensibilité. Il me répugnait tout simplement. Je n'aimais pas ce genre de personnage. Il ne m'avait jamais vraiment adressé la parole, il me regardait toujours avec un air méprisable, pour lui j'embarquais son fils dans des situations plus ou moins périlleuses.

Il ferait mieux de se poser la question dans le sens contraire, qu'est ce qui pousse mon fils à faire tout ça? Son incapacité à montrer les réels sentiments qu'il éprouve à l'égard de ses enfants. Son incapacité à montre le moindre sentiment de reconnaissance ou de fierté. Qu'il remballe ses menaces puérils. Il ferait enfermé Jude en prison? Vraiment? Il ne savait vraiment pas à qui il avait à faire! Non mais il croyait réellement que j'allais le laisser faire sans bouger le petit doigts.

La jeune fille qui se trouvait face à moi se mit à pleurer. Elle pleurait pour la situation, elle n'allait pas bien. Je ne mis pas longtemps pour aller me placer devant elle. Je n'étais pas douée pour arrêter de faire pleurer les gens, mais je savais une chose quand ça n'allait pas bien la présence d'une personne était appréciée. Je la fis me regarder dans les yeux. Je pris la paroles après sa seconde réplique.

- Tu sais Marissa, Jude ne te laissera jamais tomber, tu es sa petite soeur, sa vie, sa prunelle de ses yeux. Il n'accepterait en aucun cas de te laisser retourner chez tes parents. Mais ton frère est têtu il veut tout arranger par lui même. Or dans une situation telle que celle-ci il ne peut pas. Il est en tort c'est un fait.

Je m'arrêta quelque seconde quand la jeune fille essuya ses larmes et repris la parole. Elle voulait fuir, rester seul, subvenir à ses besoins par ses propres moyens. Avait-t-elle seulement conscience que la vie n'était pas si simple? Se condamner à mort en ne voyant plus ses frères. Oui je comprenais tout à fait ce sentiment. Si je venais à perdre mon meilleur ami je ne pourrais jamais m'en remettre c'était une certitude. Je tendis le verre que je lui avait donné préalablement.

- Tu n'as pas besoin de fuir, de fuguer ou que sais-je encore. La situation n'est pas facile c'est plus que certain. Je n'peux évidemment pas te dire que je comprend ce que tu ressens parce que je n'ai jamais vraiment vécu quelque chose comme ça, mais je sais une chose. Ton père n'est pas si protéger que ça. Il n'est pas non plus un homme intouchable loin de là.

J'ancrais mes yeux dans ceux de ma vis à vis. Je lui offris un sourire que jamais je n'ai pu lui offrir.

- Tu crois réellement que je vais laisser ton père me prendre Jude? Ne t'en fais pas, j'ai de très bons avocats et j'ai les moyens d'engager un détective, un très bons détective même. Je pense que ton père va très vite retirer les menaces qu'il a pu proférer à l'égard de ton père. Pour le moment ne te prends pas la tête pour ça. Profites de ta vie d'adolescente. J'm'occupe de tout! Ne t'inquiète pas tu vas très vite voir que je ne plaisante jamais avec les gens que j'aime.

Je retournais à ma place et prit une gorgée de mon verre.

- Jude est mon meilleur ami et j'peux t'assurer que ton père aussi connu soit-t-il ne m'en privera pas. Qu'il soit président ou sénateur j'm'en contrefou royalement. Je pense juste que l'homme qui te sert de père ne sait pas ce que veut dire ce mot. Parce que s'il le savait vraiment, il n'aurait pas perdu ses enfants.

Énervée? Moi? Oh non pas du tout! En fait cette situation me mettait hors de moi. Comment pouvions-nous menacer ses propres enfants? Ça me dépassais et je haïssais plus que tout ce genre de personnage. Mon père n'était pas présent, mais jusqu'à preuve du contraire il a toujours été présent pour moi durant toute mon enfance. Jamais il ne pourrait me menacer et il sait très bien que je ne lui pardonnerais jamais.

Que fallait-il que je réponde à ça? Comment je vivais ce drame familial? Comment vivre une déchirure? Une cassure? Un danger? On a peur, on a constamment peur. Encore plus après les menaces de papa, c'était évident. Nous étions une famille. Même si nous ne partagions rien, nous avons vécu sous le même toît durant des années, le même sang coule dans nos veines à nous 5. Nous étions un cercle, un lien, une famille malgré tout ce qui pouvait se passer (ou non justement). Moi et mes frères étions plus proches que n'importe qui d'autre en ce monde. C'était nous trois. Les maillons de cette famille, les vestiges, ses trésors et ses survivants. Nous voguions à bord d'une épave qui n'attendait plus qu'un coup de vent pour sombrer. Les voiles étaient bien trop trouées pour nous faire avancer, il fallait se jeter à l'eau, nager jusqu'à l'épuisement pour atteindre le rivage le plus proche. Jude avait sauté le premier. Joshua avait suivit en partant pour New York. J'étais restée seule à bord. Avec aux commandes de cette épave, un capitaine fou et avide et un second complètement effacé. Nous allions couler, quand j'ai enfin sauté. J'ai rejoins mes frères, où plutôt Jude, qui est même venu me chercher alors que je commençais à fatiguer. Fatiguée par autant de nage, je me laissais aller sur les vagues, alors que le soleil m'alourdissait. Il m'avait soutenu, soigné mes plaies et à présent, c'était comme si nous ne formions plus qu'un. Un seul être, possédant deux têtes, deux corps, mais une seule âme.

Alors quoi répondre à Cassie? J'avais envie de laisser couler les larmes, me laisser aller, parce que c'était trop dur. Trop dur pour une adolescente de 16 ans, de se dire qu'elle avait coupé les ponts avec ses parents. C'était admettre une évidence : celle de leur incapacité. Elle le savait depuis longtemps, mais à présent, il fallait l'hurler fort et passer au dessus de ça pour faire son chemin. C'était admettre une chose terrible, avoir les couilles de l'admettre et de se battre pour avancer quand même, par soi-même. Beaucoup n'ont pas ce courage là, ils vivent dans le dénis, et puis un jour, ça explose.
Je n'avais pas forcément réagis sur le moment, mon frère était venu à ma rescousse, il m'avait embarqué et nous étions partit sous les menaces odieuses de notre père, mais non, je n'avais pas réalisé qu'à partir de ce moment, nous étions seuls. Nous allions devoir nous battre pour tout : nous loger, continuer l'école, pouvoir tout simplement vivre, ou plutôt survivre. Mais le pire, c'était de vivre avec cette culpabilité de mettre Jude dans la merde et aussi: la peur que papa mette à exécution ses menaces. Je ne pouvais pas faire comme s'il n'avait rien dit, je ne pouvais pas passer outre tout ça, non, j'aimais bien trop mon grand-frère pour faire ça.

- Ça ne va pas du tout Cassie... Papa a menacé de dénoncer Jude à la police, de nous tirer devant un Tribunal pour enlèvement. Je suis mineure, nous n'avons aucun droit. Même si mes parents n'ont rien fait pour nous, ils ont tous les droits sur moi et Joshua. Nous ne pouvons rien faire. Je ne sais plus quoi penser. Si je reste là-bas, je finirai pas ne plus réussir à tenir... et si je pars, c'est Jude qui risque la prison... et tu sais comme moi qu'avec son passé, c'est bien trop dangereux pour lui... il ira directement en prison...

Les larmes quittèrent alors mes yeux. Posant les coudes sur la table, j'enfonçais les paumes de mes mains dans le creux de mes yeux pour pleurer. Je me laissais aller devant elle, devant Cassie, cette fille que je n'aimais pas mais qui allait m'aider. Je croyais en elle, j'avais assisté à ça dans le passé, elle était de bons conseils envers mon frère, elle était comme la voix de la sagesse, j'avais besoin d'aide, je n'avais plus personne pour me confier de la sorte sur mon frère. Il y avait bien Dennis, mais ça n'avait rien à voir, il ne connaissait pas Jude comme moi. Comme elle. C'était comme un membre de la famille, elle savait ce qu'il fallait faire, je le savais et c'était pourquoi j'étais venu la voir, inconsciemment ou non.

- Je n'ai pas le droit de lui faire prendre ce risque, il est grand, il veut choisir par lui-même et est bien trop fier pour accepter un autre choix, mais c'est trop dangereux.. il a tout donné pour nous et voilà comment je le remercie... je ne veux pas foutre sa vie en l'air Cassie et j'ai peur pour lui. Parfois, je me dis que...

Je marqua une pause, essuyant mes yeux et essayant de reprendre mon calme:

- Qu'il vaudrait peut-être mieux que je retourne là-bas et que ça soit moi qui souffre à sa place ou alors.. que je parte. Que je quitte Miami. Sans ne rien dire à Jude ni aux parents. J'irai retrouver Joshua ou bien.. je partirai seule, à l'étranger... mais cette idée me fait peur, passer ma vie sans eux, c'est comme me condamner à mort...

Elle accepte gentiment le verre que je lui proposais. En même temps avec cette chaleur elle ne pouvait qu'accepter. Il était à peine midi et pourtant il faisait déjà une température supérieure à vingts cinq degrés. Un coup il faisait chaud, un coup il faisait froid. Le réchauffement climatique. Nous nous installions à l'extérieur sous le parasol, un peu d'ombre ne faisait pas d'mal. Je sortis une cigarette de mon paquet, je n'en proposais pas une à Marissa je savais qu'elle ne fumait pas. Je la glissa entre mes lèvres, j'en allumais l'extrémité et je tirais une grande bouffé de Nicotine sur celle ci attendant qu'elle me donne la raison de sa venue.

Je fus rapidement illuminé sur le pourquoi de sa venue. Par contre je me demandais pourquoi elle venait me voir. Disons qu'on n'avait jamais vraiment été proche toutes les deux. Plus nous étions loin l'une de l'autre mieux s'était. Pas que je ne l'appréciais pas, mais disons qu'une certain rivalité s'était dressé entre nous et ce depuis que je connaissais Jude. Elle m'en voulait sans doute quelque part d'être aussi proche de son frère. C'est sûr que notre relation à Jude et moi était quelque part bizarre pour toutes personnes extérieurs.

J'avais jamais rejeté en soi Marissa, mais disons juste que c'était personnelle. Une jalousie réciproque pour son frère et moi mon meilleur ami. Dans les deux sens nous étions toutes les deux très proches de Jude et cette jalousie n'avait fait que s'empirer avec le temps. Nos conversations se limitaient au politesse d'usage. Donc oui quelque part cela me perturbais quelque peu qu'elle vienne me voir moi, pour parler d'une sujet aussi important. Observant la jeune fille pas des plus à l'aise non plus je pris la parole.

- Oui Jude m'a un peu parlé de votre situation.

On était mal barré si commençais à faire des phrases plus ou moins courtes. Si elle venait me voir s'est qu'il y avait sans doute une raison. Laquelle je n'en savais strictement rien. Il fallait que je continue dans ma lancé, que je sache le pourquoi de sa visite. Il fallait que quelque part je la mette en confiance et évité à tout pris de creuser encore plus le fossé qui nous séparait toutes les deux. Si elle était venu me voir c'est qu'elle attendait sans doute une oreille attentive. Même si on ne se parlait pas trop, voire même jamais, cela restait tout de même la petite soeur de mon meilleur ami et si elle n'était pas bien c'était comme une sorte de devoir pour moi de la soulager de quelque chose.

Non je n'avais pas un élan d'affection ou quelque chose dans l'genre. Je ne sais pas, j'avais comme l'impression que je devais en quelque sorte la protéger, comme, comme une petite soeur. Je n'avais pas de frères et soeurs je ne savais donc pas vraiment ce que signifiait le lien fraternel qui unissait deux être du même sang. J'inspirais profondément écrasant ma cigarette dans le cendrier sur la table et je pris la parole.

- Tu vas bien toi par rapport à toute cette histoire?

Mes paroles pouvaient être considérés quelque part hypocrite, alors qu'au fond ce n'était pas du tout cela. En effet j'aimais Jude et j'aimais le savoir heureux et si sa soeur était malheureuse je sais qu'il ne ferait que s'inquiéter pour elle et ne pourrait pas par conséquent être heureux.

Cassie et moi. Comment vous décrire cela? On se ressemblait beaucoup sur certaines choses, c'était évident, mais on n'arrivait pas à se supporter. C'était un fait. Elle me volait mon frère et semblait m'en vouloir d'avoir le même sang que lui, alors qu'elle ne l'avait pas. En fait, je ne savais pas trop pourquoi on ne s'appréciait pas. Je savais pourquoi moi, je ne l'aimais pas oui, mais vis à vis d'elle, j'ignorais ce que j'avais fais de précis. Elle me dit bonjour et m'invita à entrer. J'étais jamais réellement entrée dans sa maison, je n'avais jamais été plus loin que l'entrée. Maintenant, nous étions dans la cuisine. Elle me proposa à boire et je ne pouvais qu'accepter, étant donné que j'avais marché du métro jusqu'à sa maison en plein soleil, j'avais très chaud. Elle me proposa du jus d'orange que j'acceptais avec plaisir, la remerciant poliment. Nous sommes ensuite passé sur la terrasse, à l'ombre d'un immense parasol. Je m'installais à table, alors qu'elle prenait place en face de moi, me dévisageant. Qu'est-ce que je faisais ici hein?

- Je pense que Jude a dû t'expliquer ce qu'il s'est passé avec papa, non?

En effet, cette fille et mon frère étaient copain comme cochon, chose qui m’insupportais. Dans les amis de mon frère, je n'appréciais que Duncan et Isabelle, voilà tout. Je n'aimais aucune de ses amies filles ni aucune de ses ex que j'avais pu connaître. Elles avaient toujours été du genre à nous éloigner, à se plaindre de notre relation fusionnelle ou alors de ma présence. Lorsque j'avais besoin de Jude et qu'il se trouvait avec elle, préférant venir me rejoindre et les laisser en plan. Elles ne supportaient pas. Je pouvais le comprendre oui, mais entre mon frère et moi, c'était une relation spéciale, seulement lui & moi pouvions la saisir.

Je me saisis alors de mon verre et en bus quelques gorgées, c'était bien frais, c'était bon, ça faisait du bien, vraiment. Cassie était une vieille amie de Jude, nous nous étions vu grandir, comme deux soeurs en fait, sauf que je ne la considérai pas du tout comme telle. Ca n'était pas ma soeur et elle ne le serait jamais. Je passais sur le caprice de mon frère parce que je l'aimais mais voilà tout. Enfin, j'avais beau dire ça, c'était chez elle que j'étais venu me réfugier après tout ça. Pourquoi? Pourquoi elle? J'en savais rien.. peut-être qu'au fond si, je cherchais l'image d'une grande soeur et de plus, c'était la personne la plus proche de mon frère après moi. En tout cas j'y croyais.

Une journée comme les autres se profilait devant moi, le réveil fut légèrement difficile, j'avais passé une nuit plus ou moins mouvementée, mais pas vraiment dans l'bon sens. Je n'avais pas réussit à faire une nuit complète sans être réveillé par des cauchemars plus ou moins troublants, sans vraiment comprendre leur sens. C'est donc en sueur que je me réveillais ce matin là. Les doux rayons du soleil filtraient à travers ma fenêtre.

Je me levais plutôt difficilement et rejoignis ma salle de bain afin de me détendre un minimum mais également effacé cette désagréable sensation qui prenait possession de mon être dans son entièreté. La respiration saccadé j'essayais de me rappeler ce qui avait bien pu me procurer ce sentiment plus ou moins étrange, mais rien, c'était l'flou totale dans mon esprit.

J'inspirais profondément et sortie de la douche. Je regardais mon réveil il était déjà plus de onze heures passés du matin. J'avais décidé d'ouvrir la piscine. Le soleil était déjà lourd et ce même s'il n'était pas encore midi. Nous n'étions pas à Miami pour rien. Enfilant un maillot de bain et une petite robe par dessus, je me dirigeais pour commencer dans la cuisine afin de prendre un petit quelque chose à manger et à boire.

Ma mère était sans doute partie à son atelier ce qui ne m'étonnerait pas du tout! J'ouvris la piscine. Je retirais ma robe et m'installait sur l'un des transat. Quand bizarrement j'entendis qu'on frappait à ma porte.

Étrange je n'attendais personne en particulier aujourd'hui. Peut être que c'était Jude qui décidais de faire une petite virée entre ami. Ça lui toquait de temps en temps. Quoique depuis cette histoire avec son père il n'était plus aussi imprévisible que ça. Il n'était pas vraiment très bien d'ailleurs. Je culpabilisais un peu de ne pas pouvoir lui remonter totalement le morale. J'essayais pourtant.

Enfin bref si je restais là à rêvasser la personne derrière la porte risquait d'attendre encore longtemps. Je me dirigeais jusqu'à l'entrée. Je ne pris pas la peine de regarder dans le judas, j'ouvris simplement la porte. Je fus surprise de la personne qui se trouvait derrière la porte. Si j'm'attendais à ça. Comme si j'étais victime d'une mauvais blague je cherchais Jude des yeux mais non il n'était pas là, seule sa soeur se trouvait sur le seuil de ma porte.

Légèrement perturbée pas sa présence je restais là comme une con à chercher le pourquoi du comment de cette initiative de sa part. Non pas que je n'aimais pas Marissa loin de là. Par contre une certaine jalousie c'était installée entre nous. J'étais trop proche de son frère pour elle et pour moi elle était également trop proche de mon meilleur ami.

M'enfin je revenais à la réalité, lui adressa un petit "bonjour" et la laissa entrer dans ma demeure. Je la fis me suivre jusqu'à la cuisine et lui demanda si elle voulait quelque chose à boire? Attendant une réponse de sa part j'enchaînais de suite par une question.

- Qu'est ce qu'il y a Marissa?

Bon okay il y avait d'autre phrase pour des entrées en matière. Mais bon on ne me referait pas.

Notre vie avait changée.

Cela allait bientôt faire une semaine que je n'étais pas retournée à la maison, que je n'avais pas vu les parents, que je n'avais pas de nouvelle d'eux. Nous n'avions reçu aucun coup de fil de la part d'un avocat, nous n'avions pas été ennuyé. Il n'y avait rien eu. Comme si ce qu'il s'était passé n'avait aucune importance, comme si ce qui s'était produit ne comptait pour personne. Comme si c'était futile et sans intérêt. En fait, ça faisait presque plus de mal de savoir que rien ne serait tenté pour me récupérer, qu'ils ne se battaient pas pour moi. Mais ça ne m'étonnait pas vraiment, papa avait sans doute dit ça pour me faire peur, pour me retenir, comme un dernier coup, une dernière manche. Ou bien il allait le faire d'ici peu? Il n'avait sûrement... pas de temps. Oui. A chaque fois c'était par manque de temps. Toutes ces années, tous ces anniversaires fêtés en retard, ces gâteaux et ces plats remis au four ou au frigo. Des spectacles d'école ou personne n'est assis sur les chaises "Chamberlain". C'était douloureux de se dire que c'était finit. Que toute cette vie d'avant, malgré son certain confort, n'en restait pas moins malheureuse. L'argent ne fait pas le bonheur et je crois que je n'ai jamais aussi bien saisi l'ampleur de cette phrase.
Je suis allongée dans mon lit. Nous sommes dimanche matin. Jude dort dans son lit, je l'entends. Ca me rassure, j'aime bien l'entendre. En fait, j'adore ça. Le fait qu'on ait prit une chambre ensemble à l'école me rend heureuse, car il est là, on est ensemble. Ca me rappelle une part de nous d'avant, mais en même temps, c'est comme me tenir la main pour avancer de nouveau. J'entends son souffle, parfois il ronfle, parfois il respire plus lentement. Je me concentre dessus, sans m'en rendre compte. Il me fait sourire.
Je souris, néanmoins l'heure est grave. Je suis perdue car même si papa n'a pas lancé de poursuites contre mon frère pour le moment, j'ai peur qu'il finisse par le faire, au moment où l'on ne s'y attendra pas. Alors j'ai réfléchie à plusieurs options. Je peux retourner vivre chez les parents, pour protéger Iude. Histoire de calmer le jeu, pendant encore deux ans et quand je pourrai partir, je le ferai.
Je peux sinon, faire une démarche d'émancipation, ce qui permettra sans doute de protéger un peu Jude au cas où un procès s'ouvre, les avocats verront que c'est mon choix, ma démarche, non?
Sinon, je peux partir. Seule. Loin.

C'est l'option qui me fait le plus peur, car je devrais partir loin, toute seule et que je ne verrai plus mes frères. Comme un suicide, comme une mort prématurée. Je n'en ai pas envie, mais je protégerai mon frère et c'est tout ce que je veux. Il a tellement fait pour nous que je ne peux pas me permettre qu'il paye pour tout ce qu'il a fait, enduré, supporté. C'est impensable.

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Jude dort encore quand je m'apprête à quitter la chambre. J'espère juste qu'il n'aura pas une envie de la voir aujourd'hui, car s'il me trouve là-bas, ça risque de mal se passer.
Je lui ai laissé un petit mot sur mon lit "Je suis partie voir Dennis, je t'aime ♥"
Merci Dennis, tu seras mon alibi pour aujourd'hui! Il va être 13 heures quand je me retrouve alors dans la cour de l'école. Je porte un jeans simple, des ballerines et un tee-shirt vert. Mon sac est posé sur mon épaule, retombant alors sur ma hanche inverse. J'ai une veste en laine au cas où. Mes cheveux sont détachés. Je marche en direction du métro. Je sais où elle vit, Jude y a été trop de fois pour que je ne le sache pas. Qui vais-je voir? Cassie.
La meilleure amie de Iude. Autrement dit, une fille que j'ai du mal à apprécier. Elle peut être gentille, adorable, drôle, intelligente, ou tout ce qu'elle veut, ça ne passe pas. Pourquoi? Car elle a une place importante dans la vie de mon frère, comme si elle m'avait volé une partie de mon rôle pour se l'approprier. Je ne l'aimais pas, mais aujourd'hui, j'avais besoin d'elle. Pourquoi? Car c'est sa meilleure amie, ils sont proches et qu'en ce moment, j'ai besoin de lui parler, car elle pourra être là pour lui après. Car c'est elle qui devra faire avancer sa barque, une fois que je me serai jetée à l'eau. Car c'est vers elle qu'il se tournera. Car c'est elle qui me remplacera une fois que je serai partie définitivement.

J'étais dans le métro, je pensais à tout ça et sans m'en rendre compte, je me mettais à pleurer. J'avais mon casque sur les oreilles, je me perdais dans la musique, dans mes souvenirs et mon imagination. Il nous fallait de l'aide. J'étais perdue, avais-je besoin de conseils? Désirais-je sincèrement partir?...
Je remontais à la surface, j'avais pas mal de mètres à faire avant d'atteindre sa maison. J'avais essuyé mes yeux, je ne pleurai plus, je soufflais fort pour me calmer. Rangeant mon casque dans mon sac, je replaça mes cheveux correctement avant d'ouvrir le portail et d'avancer vers la porte. Je toqua. Trois petits coups.