Fly to leave. Leave to fly ~ ft. Trevor

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► Elle renifle, doucement. Ce n’est pas très féminin. Mais elle n’a jamais semblé féminine au jeune homme, alors ça ne le choque pas. Elle porte encore ce vieux tee-shirt vert qu’il lui voit tout le temps sur le dos. Trop grand pour elle, comme presque tous ses vêtements. On ne dirait pas, comme ça, mais Trevor est plutôt observateur. « Si tu veux parler du bordel dans la chambre, promis, je rangerai. » fait-elle, avant de passer une main dans ses cheveux bruns emmêlés. Il fronce un sourcil. Parler de ça ne leur prendrait que douze secondes. Du coup, ça ne l’intéresse pas. « Ton bordel ne me dérange pas. » réplique-t-il. Tiens, voilà. C’est déjà fini. Alors il passe à autre chose.
Enfin, il essaye. Parce qu’il n’est pas spécialement doué pour les relations sociales. Mais il fait des efforts pour ne pas être désagréable et manquer de tact. Il prend le temps de réfléchir. Deux secondes. Qui se transforment vite en deux minutes de silence gêné. Alors, il n’en peut plus. Il lâche le premier truc qui lui passe par la tête. « Toi non plus, tu n’arrives pas à dormir ? ». Okay, c’est un peu pourri. Mais c’est tout ce qu’il a trouvé à dire, parce que la situation s’y prête, parce qu’il préfère éviter de lui demander pourquoi elle pleure et parce que de toute façon, il ne connait pas vraiment Elsa. C’est peut-être le moment idéal pour réparer ça. Qui sait ? Un peu plus tôt dans la soirée, il postait sur son Twitter qu’une balade s’imposait. Voilà où elle l’aura mené… Il soupire, observe la ville qui s’étend sous leurs pieds. Tout est si calme que ça en est flippant. Mais peut-être est-ce juste parce que d’ici, ils n’arrivent pas à capter les bruits de la ville ?

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Parfois, je rêve.

Je rêve de voyages, de tours du monde, je rêve de découvertes et de nouveaux horizons. Je rêve qu'on jour, je parcourrai les routes des Etats-Unis, puis, celle d'Amérique du Sud, d'Afrique, d'Europe et d'Asie. Juste ça. Je rencontrerai des gens, et j'écrirai dans un livre chaque jour. Chaque ville, chaque paysage. Tout y sera décrit. Comme ça, je n'oublierai pas. Et puis, si un jour, je rencontre quelqu'un, que j'en ai assez de voyager, seule, et si j'ai peut-être un... un enfant. Et bien, je voudrais qu'il lise tout ce que j'aurai écrit. D'avoir un aperçu de ce que j'ai essayé de faire malgré mes emmerdes. De lire ce que c'est d'être libre, libre de tout, de rien, de la vie, de la mort, et de toutes les conventions qui nous entourent.

Je veux pouvoir vivre quelque chose d'incroyable. Pas seulement essayer de survivre. Je veux arrêter de survivre. Je veux arrêter tout ça.

Je veux arrêter d'être cette gamine là. Je veux passer à autre chose. Sortir un pied du drame. J'y remettrai certainement les deux dedans, de temps en temps, comme maintenant, mais j'y arriverai. Seule ou pas, j'y arriverai. Par mon unique volonté. 'faut juste que je me remette sur pieds, d'abord.

Tout ça me semble si loin.

Là, tout de suite. C'est très loin. Tellement loin. Une autre larme vient rouler sur ma joue. La nuit est tombée. Un raclement de gorge. Merde. Quelqu'un est ici. J'ai rien entendu. Raah, fait chier. On s'accroupit à côté de moi. Qui peut bien venir ici à cette heure, bordel ? Une voix. Elle s'excuse. C'est Trevor. Mon colocataire. On ne se parle que très rarement. J'essaie de ne pas trop l'envoyer bouler. Mais apparemment, le fait que je ne parle pas beaucoup ne le dérange pas plus que ça. ça a même l'air de l'arranger. Tant mieux quelque part. Il ne me pose pas de question, moi non plus. C'est un étranger, pour moi. Un étranger avec qui je vis presque H24.

Il dit qu'il peut s'en aller, si je veux. Mais qu'on peut aussi parler. Pathétique. Je suis juste pathétique. Le pire, c'est que j'ai même pas envie qu'il s'en aille. Mais ça m'écorcherait la bouche de le dire. Je renifle.

« Si tu veux parler du bordel dans la chambre, promis, je rangerai. », dis-je, en passant une main dans mes cheveux.

Je retiens mes lames au maximum. Fierté à la con.

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Fly to leave. Leave to fly ~ ft. Trevor Ch_82

Fly to leave. Leave to fly ~ ft. Trevor Hq_03

Fly to leave. Leave to fly ~ ft. Trevor Hq_07

Fly to leave. Leave to fly ~ ft. Trevor Ch_95

23 mai .12

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► Parce qu'il y a des soirs où rien ne va. Des soirs où les cauchemars vous hantent et tiennent vos yeux désespérément éveillés. La moindre petite ombre se mue en fantôme d'un passé qu'on préférerait oublier. Chaque son, chaque craquement, nous ramène des années en arrière. La nostalgie est là, insistante. Notre esprit retourne toujours vers ces moments sombres, ou heureux et à jamais perdus, auxquels on essaye désespérément de ne pas penser. Parce que ça fait mal. Parce que les souvenirs apportent avec eux les regrets. Le manque. Et cette foutue nostalgie. Du temps qui passe. Du temps perdu. Cette nuit, Trevor était allongé sur son lit, sans arriver à trouver le sommeil. Sa colocataire n'était pas là. Il l'avait vaguement entendue quitter son lit. Mais il n'avait rien dit. Ils ne se disaient jamais rien, ce qui favorisait leur cohabitation. C'était facile. Impersonnel. Il lui demandait de temps en temps comment elle allait. Elsa lui retournait la question sans même y répondre. Il allait bien. Toujours. Rien de plus, rien de moins.

Il y avait tellement de choses qui lui passaient en tête. Et Trevor n'arrivait pas à en tirer quelque chose de positif. Rien. Les bons moments lui manquaient. Les mauvais le hantaient, mais il n'arrivait pas à en tirer un petit quelque chose qui aurait pu être positif. Pas ce soir. Pas cette nuit. Une fois de plus, le brun se tourna sous ses couettes. En vain. Alors, il se leva. Il avait besoin de voir quelqu'un. De sortir de cette chambre. La seule personne susceptible d'être éveillée à cette heure était April. Ils n'étaient pas vraiment amis, mais Tre' l'appréciait. Cela suffirait. Et peut-être même succomberaient-ils tous les deux au remède miracle pour tout oublier. Il en avait besoin. Et tant pis si après, il se sentait encore plus vide. Le plus souvent, la Khi Omikron trainait sur le toit. Alors, il enfila un sweater à capuche, un short, et monta dans les étages. Jusqu'en haut, sur le toit. La porte grinça. Pratiquement tous les élèves connaissaient l'existence de cet endroit, mais très peu y venaient. Les yeux du garçon percèrent la pénombre et... bingo.

La longue chevelure brune d'April, à ce qu'il lui sembla. Elle ne fumait pas, ce qui étonna le jeune homme. Il haussa les épaules et approcha en silence. Ses pieds nus frôlaient le sol sans aucun bruit. C'était une sensation agréable. Pour ne pas faire peur à la jeune femme, il se racla la gorge exagérément. Il se laissa ensuite tomber à ses côtés et tourna la tête vers elle, prêt à lui demander pourquoi elle ne dormait pas. Sauf que ce n'était pas April. C'était Elsa. Sa colocataire. Ainsi, cette nuit, les démons de l'insomnie avaient choisis de hanter leur chambre en particulier. Il vit qu'elle pleurait. Pour une fois, il sentit qu'une conversation s'imposait. " Désolé, si je te dérange... " commença-t-il par dire. " Je pensais que c'était quelqu'un d'autre, de dos... " ajouta-t-il tout en haussant les épaules, comme pour s'excuser. " Si tu veux, j'm'en vais... mais on peut aussi parler. " s'empressa-t-il d'ajouter. L'espoir qu'elle accepte se ressentit un peu trop dans sa voix à son goût. Il avait horreur de l'admettre, mais sa solitude lui pesait un peu.

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Emprisonnée. Empoisonnée. Mais qu'importe.

La nuit apporte beaucoup de choses. Les conseils. Les souvenirs. La dépression. La tristesse. Mais aussi, les meilleures conversations. Les températures de ce mois de mai me convenaient parfaitement. Les nuits étaient froides. Et cela faisait longtemps que je ne m'étais pas rendue sur ce toit. Ce toit, qui m'a accueillie tant de fois, comme tant d'autres élèves. Son accès est interdit. Mais quelque part, c'est certainement fait pour que les étudiants du lycée puissent avoir un échappatoire.

Il fait nuit. Je suis montée sur le toit ce soir, car je me pose beaucoup de questions. Beaucoup trop de questions. Tee-shirt vert appartenant jadis à Chase, veste trop grande sur les épaules, jean et converses, je pousse la grande porte qui m'ouvre à l'infini. On peut apercevoir les derniers rayons du soleil qui meurent, au loin, à l'horizon. Je m'approche lentement de la barrière à l'autre bout de la surface bétonneuse, tremblante, sur mes jambes toutes maigres. Mes longs cheveux se baladent derrière mon dos, sous l'effet du vent. Je pose mes bras sur le métal dur et froid, je frissonne.

Je cherche des réponses.

Je me baisse, pose mes fesses sur le sol et laisse mes jambes pendre dans le vide. Je pose mon front contre les barres de la barrière, glacées. J'observe Miami à la dérobée. Et je me remémore ce qu'il s'est passé ici, depuis que je suis arrivée. Beaucoup de rencontres, c'est sûr. Des bonnes, comme des mauvaises. C'est fou, ce qu'il s'en passe des choses, en plus d'un an. Et pourtant, je suis revenue à la case départ. Seule. Tout simplement, seule. Des gens sont arrivés, puis sont repartis. Je ne sais pas où ils sont; ils sont partis sans dire au revoir. Tout le monde part un jour, pourtant. Mais alors, pourquoi ? Pourquoi est-ce que cela fait-il toujours aussi mal ?

Dante est parti. Puis, Chase est mort. Apollo est mort, et Elena s'est enfuie, avec son bébé. Warren est mort, lui aussi. On se croirait dans une tragédie. La mort, la fatalité habite les personnages. Ils en sont frappés, et ne peuvent faire face à leur destin. C'est tragique. Pour ça que ça s'appelle une tragédie. Il reste une personne. Eva. Que je n'ai pas revue depuis la mort d'Apollo. Je n'arrive pas à me décider à la voir. Je n'arrive pas à me décider à voir qui que ce soit. Je m'isole, deviens marginale. Je deviens aigrie. Comme une vieille, alors que je n'ai que dix-sept ans.

Dix-sept ans, un drame familial, un viol et une IVG.

C'est comme ça que pourrait se résumer ma vie. C'est malheureux... Douloureux.

Plic, ploc.

La nuit, le froid, ou la tristesse, je ne sais pas. En tout cas, je pleure, ce soir. Je pleure ce qui ne sont plus. Je pleure parce que décidément, non, je pense que je n'aurais jamais le droit au bonheur. Je pleure parce que, je n'obtiens jamais de réponse. Et ça, ça me fait peur. Les réponses.