Loin de tout { Trevor

► Ce qu’il attendait finit par arriver : April reprit ses esprits et le repoussa avec force… avant de lui étaler sa main dans la figure. Putain, il n’y croyait pas ! Elle venait de lui en coller une ! Cette garce le provoquait et…! Il était furieux, ne nous mentons pas. Furieux qu’elle ose se moquer de lui. Bon, d’accord, elle le faisait tout le temps. Mais là, ce n’était pas pareil. Le Rho Kappa venait de se prendre un vent monumental, et ça faisait mal à son égo. « Tu me fais quoi, là ? » eut-elle le culot de dire. Il lui lança un regard noir, à la fois déçu et plein de désir, mais ne répondit pas à sa question. Leurs yeux lancèrent des éclairs pendant quelques secondes. Immobiles tous les deux, ils se défièrent du regard… et elle se jeta à nouveau sur lui. Décidément, il ne comprendrait jamais les femmes. Mais qu’importe, ce n’était pas le moment de penser à ça.
Le jeune homme se laissa faire, même si sa fierté lui dictait de faire pareil qu’April un instant plus tôt, pour se venger. Mais son corps fut le plus fort, sur le coup. Son envie domina totalement ses pensées, et il répondit à son baiser avec fougue. Comme quoi, quand on dit que les hommes ont une bite à la place du cerveau, ce n’est pas 100% erroné.
Leurs langues se mêlèrent, avides. Elles entamèrent un ballet sensuel, fougueux, terriblement excitant. Quiconque oserait prétendre qu’un baiser n’est pas un préliminaire digne de ce nom se verrait rembarrer par Trevor. Rien de tel, selon lui, pour faire monter l’excitation, que deux langues qui se lient et se délient à en perdre la raison. Surtout que la simple idée d’imaginer cette même langue sur une autre partie de son corps, inutile de préciser laquelle, suffisait à rendre son pantalon bien trop étroit pour l’engin qu’il contenait. April le surprit à lui grimper sur les genoux, sans cesser de l’embrasser. Il ne l’aurait pas imaginée si aventureuse. A califourchon sur ses genoux, seuls les tissus de leurs vêtements séparaient encore leurs deux corps qui s’aimantaient visiblement. Cette position suggestive renforça cette envie qu’avait Trevor d’arracher tous les vêtements d’April, un à un. La libérer de son carquois pour l’honorer dignement… Découvrir son corps, le couvrir de baisers, le prendre avec délicatesse d’abord, et enchainer de plus en plus vite, en rythme avec les battements de son cœur… Il ne savait plus où donner de la tête. Les mains fines qui caressaient ses cheveux le rendaient fou, l’ondulation de ce bassin contre ses cuisses lui faisait tourner la tête, la douce hargne de cette langue le faisait grimper au rideau.
Avec la Khi Omikron, toutes ses peurs disparaissaient. Les questions qu’il s’était jadis posées, dans les bras de Riley, s’évaporaient comme neige au soleil. Tout était simple, guidé par l’envie, par le désir. Rien de plus, rien de moins. Juste une bestialité électrique, captivante, enivrante. Le brun glissa ses propres mains contre les fesses de la demoiselle et l’attira à lui, pour combler encore un peu ce qui séparait l’union de leurs corps. Il redoubla d’ardeur dans ses baisers, allant même jusqu’à lui mordiller la lèvre inférieure. Après de longues secondes à s’embrasser, il n’y tint plus. Ses mains, baladeuses, saisirent la blouse de la jeune femme et imprimèrent une pression vers le haut, pour l’inviter à l’ôter et à découvrir ses charmes à la vue du jeune homme.

Provoquer. Voilà l'un des passe-temps favori d'April. Pousser l'autre dans ses retranchements pour mieux le descendre par le suite. Ou plutôt pour lui montrer que c'est elle, qui est plus forte. Ce genre de situation amuse la jeune femme. Mieux encore, ça l'excite, la stimule. Ça lui donne ce sentiment de tout contrôler, ce sentiment de supériorité qu'elle aime tant.

Et encore plus lorsqu'il s'agit de Trevor. Ce mec était spécial. Il pouvait amuser April, tout comme il pouvait l'énerver, l'agacer ou ... l'exciter ? Haha, n’exagérons rien. On parlait de Trevor, là.

Lorsqu'elle lui dit qu'elle demandait à voir, le jeune homme se montra hésitant. Légèrement perdu. Elle était entrain de le déstabiliser, et ça, elle adorait. Elle en redemandait. Encore et encore. Comme une morte de faim, un monstre avide de nourriture. Oui, elle était un monstre. Et oui, elle était avide de conflits, de ces discussions trop animées. De ces disputes. En particulier avec le garçon qui se trouvait à ses cotés. Au final, elle aimait vraiment passer du temps avec lui.

Mais ça, il ne le saurait jamais. Du moins, pas de la bouche de la jeune anglaise. Plutôt boire toute l'eau des toilettes. Elle continua de le défier, pressée de voir jusqu'où ses couilles le mèneraient-il. Si, comme il le disait, il en avait.

Mais il semblait s'être reprit. Les provocations d'April avaient fonctionné.

« Comme ça »

Soudainement, et à la grandissime surprise de la jeune femme, Trevor se jeta sur ses lèvres et l'embrassa. April ne bougea pas. Elle resta là, laissant Trevor l'embrasser. Pour une surprise, c'en était une ! Elle ne savait comment réagir, et la surprise qui l'avait envahit l'empêcha tout d'abord de réagir.

Elle était censé faire quoi ? Répondre à son baiser ? L'envoyer chier, lui dire que c'est qu'un connard puis le jeter par dessus le toit ? Toutes ces idées lui traversèrent l'esprit. Mais elle n'opta pour aucune. Elle était bien trop sur le cul. Impuissante. Elle mit quelques fractions de secondes à comprendre ce qui était entrain de se passer. Elle était sur le toit, avec Trevor. Jusque là, rien d'anormal. Sauf que Trevor venait de se jeter sur elle, et l'embrassait désormais langoureusement.

Se réveillant subitement, la jeune femme s'arracha aux mains de son compagnon. Puis, elle lui asséna une claque phénoménale.

« Tu me fais quoi là ?! » tonna-t-elle.

Elle venait de se reculer légèrement, et fixait Trevor dans les yeux. Celui-ci la fixait également, un air étrange sur le visage. Un air qu'April ne lui avait jamais vu. Décidément, il lui en réservait des surprises.

Elle resta immobile, comme figée.

Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Et cette fois, ce fut autour d'April de se jeter sur son "ami". Leurs lèvres se joignirent dans un baiser fougueux. Visiblement, la londonienne n'avait pas conscience de ce qu'elle faisait. Ou peut-être que si. Elle ouvrit légèrement la bouche, et sa langue se mêla à celle de Trevor. Ce dernier venait de poser une main sur la hanche de la jeune femme, et l'autre derrière sa nuque.

Leurs langues continuaient de s'entrelacer, comme si elles dansaient ensemble. Une danse fougueuse. Sauvage. Mais ô combien plaisante. Excitante.

Prise dans l'excitation, la Khi Omikron passa ses deux main derrière la nuque du jeune homme, et caressa ses cheveux courts au passage. Elle se surprenait à aimer ça. Elle aimait l'embrasser. Elle aimait qu'il l'embrasse de la sorte. L'aimait-elle pour autant ? Sûrement pas. Mais la tension, qui était montée à un niveau encore jamais atteint, commençait à redescendre, lentement.

Jamais la jeune femme n'aurait imaginé qu'une chose pareil puisse produire. Elle n'avait jamais souhaité que ça arrive, et pourtant, là, maintenant, tout de suite, elle aimait ça. Et en redemandait.

Rapidement, April se leva, sans quitter Trevor, sans mettre un terme à ce baiser fou. Ne comprenant pas trop ce qui lui arrivait, elle s'assit sur lui, à califourchon, ses deux bras sur les épaules musclées du jeune homme, ses mains derrière sa nuque.

Elle continuait de l'embrasser fougueusement, sans se demander où tout ça les mènerait. Nul part, probablement. Mais peu importait. Ça faisait parti de la philosophie de Wheeler, vivre l'instant présent sans se soucier des conséquences. Et apparemment, elle ne se souciait absolument pas de ce qui pouvait découdre d'une telle situation. Tout comme lui.

Elle passa ses mains dans le dos musclé de Trevor. Elle aimait le toucher, elle aimait ce contact.
Mais pour combien de temps ?

► April le fixait, visiblement intéressée par la tournure que prenaient les évènements. Ce n'est pas que lui, ça ne l'intéressait pas, au contraire... C'était surtout qu'il avait la salle impression que la jeune fille se foutait de lui. Après tout, il la connaissait assez bien pour savoir que c'était un de ses passe-temps préférés. Et, comme pour confirmer ce qu'il pensait, elle éclata de rire. Le brun était déjà prêt à laisser tomber l'affaire et à se casser quand elle ajouta : " Je demande à voir. " sur un air de défi. Il écrasa sa cigarette sur le sol, à sa droite. De toute façon, elle s'était consumée entre ses doigts sans qu'il n'y prenne garde. " Tu me laisserais te le prouver ? " hésita-t-il quand même. Certes, April était bizarre, mais à ce point-là...? Tre' l'imaginait plutôt avec un type un peu torturé. Un goth', ou quelque chose comme ça. Du coup, l'impression qu'elle se foutait de lui revenait, persistante. Elle tourna son visage moqueur vers le parc, qui s'étendait sous leurs pieds. Son observation sembla durer des heures au jeune sportif, qui en avait un peu marre de mariner. Quand enfin elle se ré-intéressa à lui, ce fut pour lui lâcher un " Et comment tu comptes t'y prendre, monsieur le gros malin ? " provoquant, avant de lancer son joint vers la poubelle. Celui-ci atterrit à côté, mais April s'en foutait. Elle fixait son compagnon avec intensité.

" Comme ça. "

Les lèvres du brun s'emparèrent de celles de la Khi Omikron avant même qu'elle n'ait eu le temps de dire ouf. Il glissa sa main gauche contre la hanche de la brunette et l'attira à lui, sans cesser de l'embrasser. De sa main droite, il lui saisit la nuque, de manière à mieux maitriser la situation. D'abord douces et timides, ses caresses labiales se firent plus téméraires. Il sentait que la jeune fille ne résistait pas vraiment, peut-être parce qu'elle était trop surprise. Mais probablement pas autant que lui. Jamais il n'aurait pu se douter qu'un jour, il se retrouverait à embrasser son petit fantôme du toit. April ! Comment avait-elle fait pour le déstabiliser de la sorte ? Quand il se rendit compte qu'il avait envie d'elle, ce fut le sommet. Trevor glissa sa langue entre ses lèvres et caressa avec une certaine avidité celles de la jeune fille. Il avait envie qu'elle le laisse pénétrer cette barrière, qu'elle entrouvre la bouche et mêle sa langue à la sienne. Il voulait qu'elle réponde à son baiser, même si au fond de lui, il attendait avec appréhension... et excitation, le moment où elle le jetterait. Saurait-il le supporter ? Le brun en doutait fortement. Plus maintenant qu'il était lancé.

Trevor amusait April. Tout comme cette situation. Elle l'aimait bien, au final. Bon, il était assez agaçant avec sa gueule d'ange, son corps parfait et ses répliques cinglantes, mais c'était tout ce qu'elle aimait.

Il avait du caractère lui au moins. Et il sortait de la masse. Pas comme tous ces bouffons stéréotypés.

Mais April avait le sentiment que la situation était entrain de changer. La tension montait d'une manière exponentielle et bizarrement, elle en redemandait. Lorsqu'elle le nargua, elle vit une fossette apparaître sur les joues du jeune homme. Apparemment, lui aussi appréciait ce virement de situation. Parfait.

À la grande surprise de la khi, Trevor ne fit pas preuve d'autant de tact que précédemment. Premièrement car il ne réagit pas tout de suite. Et il ne répondit pas non plus. April décela une légère hésitation chez son "ami". Apparemment, elle l'avait fait douter. Tout comme lui l'avait fait douter quelques minutes auparavant. La jeune femme trouvait ça étrange.

Il paraissait moins sur de lui. Il finit tout de même par lui répondre, mais trop tard pour cela paraisse naturel, et ça, April le comprit très bien. C'était une fille intelligente, elle percevait facilement le doute dans le regard des gens.

« Tu veux que je te prouve le contraire ? »

April releva la tête, et fixa Trevor dans les yeux. Puis, elle se mit à rire. Lui prouver le contraire, vraiment ? Elle se demandait à quoi il pensait et comment il comptait s'y prendre. Il voulait vraiment entrer sur ce terrain-là ? Pas de problèmes. Bien au contraire.

« Je demande à voir » dit-elle avec un air de défi.

La tension continuait de grimper, encore et encore. Mais April ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Elle voulait voir ce qu'il avait dans le ventre, le garçon. Ou dans le froc.

S'il voulait jouer au plus malin, il était mal servit avec April. Elle qui voulait toujours avoir le dernier mot. En toutes circonstances. C'était un peu sa marque de fabrique. Sa philosophie. Être plus forte que l'autre, quoi qu'il arrive. Elle ne pouvait pas se permettre de baisser sa garde comme elle l'avait si brièvement fait un peu plus tôt. Surtout pas face à Trevor.

April quitta enfin le jeune homme des yeux et son regard se tourna vers le magnifique parc de Wynwood qui s'étendait sous ses yeux. Elle aimait cette sensation de se sentir en hauteur, au dessus de tout le monde, avec une vue pareil. Ça lui donnait un sentiment de supériorité.

Elle se retourna à nouveau vers son convive et dit, mi-amusée, mi-provocante.

« Et comment tu comptes t'y prendre, monsieur le gros malin ? »

Elle jeta son cul de joint qui finit au sol. Elle avait visé la poubelle. Tant pis, c'était pas un mégot qui allait bouleverser l’écho-système et détruire l'environnement. Et ce lycée pourrit embauchait suffisamment de larbins pour que tout soit nickel.

Elle continuait de fixer Trevor. Elle avait hâte de voir comment il allait réagir à ces provocations. Irait-il plus loin, encore et toujours ? Elle demandait à voir.

Et au fond d'elle, elle l'espérait.

► Il la faisait rire à gorge déployée. Le petit adage se glissa dans son esprit : " Femme qui rit... " April, à moitié dans son lit ? L'idée même était, en soi, ridicule. April, c'était April... Okay, ils se taquinaient, tous les deux. Okay, une certaine tension régnait. Mais de là à l'imaginer nue... Euh, il y avait, comment dire ? Un monde. Du moins, c'est ce qu'il croyait... Parce qu'elle ne réagit absolument pas comme il s'y attendait à sa dernière remarque. Plutôt que de lui envoyer une vanne bien acide à la figure, la jeune femme resta un instant silencieuse. Puis, trop tard pour que ça soit vraiment naturel, elle haussa un sourcil, dédaigneuse, et lança un " Qui sait ? " qui laissa Trevor perplexe. C'était quoi, ce plan...? Elle plaisantait toujours, là, où...? Plus le temps passait, et plus le jeune sportif se faisait une raison : les femmes étaient bien trop difficiles à comprendre pour qu'il continue à essayer. Comme il ne répondait rien, elle enchaina. A croire qu'elle n'aimait pas le silence, en présence du brun. " Encore faudrait-il que tu aies les couilles. Et ça, ça m'a l'air moins sur... " marmonna-t-elle dans sa barbe.

Un sourire dessina une fossette au creux de la joue du jeune homme. Il avait cet air de dire " On parie ? ". La situation l'amusait, mais la légère hésitation de la Khi quelques instants plus tôt le faisait maintenant hésiter. A l'instar d'April, donc... il lança sa réplique après un temps de décalage trop long pour paraitre naturel. " Tu veux que je te prouve le contraire ? " La situation était... tendue. L'électricité dans l'air nettement palpable. Comme si le Ciel les prévenait que quelque chose allait se produire, sans qu'ils sachent vraiment quoi. La proximité qu'il avait créée pour déconner avec la jeune femme un instant plus tôt avait à présent quelque chose d'oppressant. A la fois stressant, et à la fois... excitant ?

April regardait Trevor, le fixait. Elle l'écoutait la narguer, avec son faux-air de dragueur. Il était quand même canon, et son attitude de séducteur était plutôt légitime. Seulement, le problème c'était qu'April était persuadée que ce n'était qu'une image que le Rho Kappa donnait. Cette assurance quand il parle, quand il se déplace. Tout était calculé. April le savait. Et elle comptait bien le tester.

Dire de voir ce qu'il avait dans le froc, le garçon. Voir si c'était un homme, un vrai, et pas une de ses tapettes refoulées. La jeune femme n'avait aucune idée de comment Trevor pourrait réagir si elle lui faisait des avances. Fallait dire qu'il cachait bien son jeu. Mais soit.

Jouons.

Tirant nonchalamment une taff sur son joint, et prenant soin de bien cracher la fumée dans le visage du jeune homme, April le nargua sur les pouffiasses qui supportaient son équipe de foot, et plus particulièrement Trevor. Elle adorait ça, le provoquer. Elle adorait le voir s'emballer, lui répondre du tac au tac. Bien qu'il fallait reconnaître que Trevor savait remarquablement bien garder son calme. Mais cela durerait-il longtemps ?

À la provocation de la Khi, le jeune homme fit un léger sourire, puis se tourna vers elle.

« Aucune. Je me réserve pour les petites poupées dans ton genre. »

April laissa échapper un rire. Un rire franc. Quoi qu'un peu exagéré. Haha, apparemment, il était joueur. Il n'avait pas peur, non plus. April n'était pas du genre à prendre les choses à la légère. Ni à dire les choses à la légère. C'était un peu ça, sa vie. Aucunes limites. Pourquoi s'en imposer ?

La tension commençait à monter. La londonienne en était ravie. Comme si ça l'excitait. Une douce excitation qui monte, petit à petit, qui se répand dans tout le corps. C'était léger, infime. April se nourrissait de cette exaltation. C'était ça qu'elle préférait quand elle était avec Trevor. Cette rivalité, cette tension qui croît. Ce défi, celui de pousser l'autre à aller encore plus loin. Toujours plus loin.

Avec lui, elle se sentait presque sur un pied d'égalité. C'était rare. Pas comme avec la majorité des autres personnes. Vous savez, celles qui n'en valent pas la peine. Cette bande de moutons, fière de son ignorance et du mépris qu'elle devrait inspirer. Ni Trevor, ni April ne faisaient parti de ces gens-là. Enfin, selon la jeune femme. Trevor était intelligent, c'était sur. Plus que ça, il était perspicace, lucide. Il avait aussi bien cerné April qu'elle l'avait fait pour lui.

Cette dernière, tourna la tête vers lui. Elle affichait un sourire moqueur. Moqueur, mais perplexe également.

« Tu m'en diras tant. Alors comme ça, je suis une VIP de monsieur le capitaine de l'équipe de foot ? »

Elle explosa de rire. Lorsqu'elle fut calmée, elle songea à ce qu'il lui avait répondu. Selon lui, il n'en avait serré aucune. Il venait de lui faire un clin d’œil. Mentait-il ? April plissa les yeux d'un air penseur. Devait-elle le prendre au sérieux ?

C'était assez improbable que le capitaine de l'équipe de foot du lycée ne se soit pas tapé ne serait-ce qu'une seule cheerleader. C'était un paradoxe, pour un lycée comme Wynwood. Pour un stupide lycée américain. Avec ses stupides traditions. April détestait ça : l'équipe de foot du lycée, l'équipe de cheerleaders en chaleurs qui supportent chaque match, secouant vulgairement leurs culs et ses ridicules pompons.

Mais après tout, c'était peut-être vrai. Trevor était plus subtile que ça. Probablement, même. Et tant mieux.

« Je suis sûr que ça te plairait, hm ? » dit ce dernier, tandis qu'il se rapprocha subitement d'April, glissant sur les fesses.

Tout d'abord, la jeune femme ne réagit pas. Songeuse, elle se demanda comment pouvait-elle réagir. Du moins, comment pouvait-elle cacher que, contre toutes attentes, elle commençait à ressentir un certain embarras. C'était étrange, elle ne connaissait plus cette sensation. Celle de ne plus se sentir totalement à son aise. Celle qui nous donne le sentiment d'être faible ou en infériorité. Elle détestait ce sentiment. Pire, elle le haïssait.

Et elle devait absolument se reprendre en main. Ce qu'elle fit. Bien qu'elle devait reconnaître que oui, ça lui plairait. Une fois, comme ça. En passant. Elle leva les yeux vers Trevor, surélevant un sourcil par rapport à l'autre, et avec un air de défi, elle ajouta :

« Qui sait ? »

Mouais. C'était un peu évasif, comme réponse. Pas assez spontanée. April commençait à payer sa gêne. Mais en aucun cas, Trevor ne devait avoir l'impression de prendre le pas sur la jeune femme. Car ce n'était pas le cas. Enfin, pas vraiment. Fidèle à elle-même et souhaitant également se rassurer, il fallait qu'elle en rajoute.

« Encore faudrait-il que tu aies les couilles, dit-elle. Et ça, ça m'a l'air moins sur ... »

Elle avait dit la dernière phrase dans un marmonnement. Mais un marmonnement suffisamment fort pour que Trevor l'entende. En même temps, c'était le but. Le provoquer. En faite, ils s'incitaient mutuellement. Ils s'incitaient à aller toujours plus loin.

Mais jusqu'où iront-ils ?

Trevor saisit une mèche des longs cheveux bruns d'April. Cette dernière releva les yeux et d'un coup assez sec, retira sa chevelure de la main du jeune homme. Elle tenait à garder ces limites. Elle n'était pas une fille facile. Loin de là. Et elle ne se laissait pas faire. Jamais.

C'était elle qui menait la danse. Elle était l'instigatrice. Si il devait se passer quelque chose, que ce soit avec Trevor ou avec un autre, que ce soit sur ce toit, ce soir, ou ailleurs, ce serait elle qui l'aurait décidé.

► April sembla hésiter entre s'étouffer et éclater de rire. Finalement, elle fit les deux. Trevor l'observait, mi-vexé, mi-amusé. C'est vrai que le simple fait d'imaginer la jeune femme vêtue de la tenue des Cheerleaders et sautillant partout avec des pompons, ça prêtait à rire. Mais bon, un fou-rire aussi long... ça lui donnait un peu l'impression d'être un crétin. Oh, c'est ce qu'elle devait penser de lui, après tout. Il s'en moquait. Enfin... il essayait. " Hahahaha, donc tu penses que je rêve de toi, la nuit ? Parles pour toi l'ami ! N'oublie pas que c'est toi qui est venu me rejoindre ici. Ça veut dire ce que ça veut dire. Mais je te comprends. Ça doit être blasant de se retrouver entouré de pouffiasses groupies. Je trouve ça pathétique. " lâcha-t-elle avec dédain. Le brun était plutôt d'accord avec elle. Le problème, c'est que plusieurs de ses amies faisaient partie des Cheer's, et l'idée même de les trouver nulles ou d'avoir pitié d'elles le répugnait. Il ne répondit rien, tout en tirant pensivement sur sa cigarette. Il réfléchissait. Certes, c'était rare, mais ça lui arrivait de le faire. Un silence gêné s'installa, et la Khi finit par le briser. " Enfin, tu dois trouver ça excitant toi, toutes ces catins qui crient ton nom comme des chiennes. T'en as serré combien pour l'instant ? Haha. " le questionna-t-elle l'air de rien. Un sourire révéla une fossette sur la joue du brun, qui tourna la tête vers sa compagne du toit. April l'amusait. Son attitude, sa façon de parler, de s'énerver en quelques secondes, ses sautes d'humeur, son humour noir... " Aucune. Je me réserve pour les petites poupées dans ton genre. " plaisanta-t-il, avant de lui faire un clin d'oeil à son tour. Il n'y avait pas qu'elle qui savait faire des sous-entendus sexuels à la con, hé ! Il aimait bien jouer les gros pervers, en compagnie de la brunette. A tel point qu'elle devait être à milles lieux de s'imaginer la vérité. La vérité ? Hé bien... Trevor ne mentait pas quand il disait qu'il n'en avait serré aucune. Mais... pas que les cheerleaders. Aucune tout court. Le Rho Kappa était encore puceau, et avait 18 ans. Mais ça, pas question de le lui avouer. Plutôt crever. Il poursuivit donc son petit manège. " Je suis sûr que ça te plairait, hm ? " taquina-t-il, tout en s'approchant d'elle en glissant ses fesses sur le sol. En même temps, il saisit une mèche de cheveux bruns et fit mine de jouer avec entre ses doigts. C'était un jeu... mais une certaine tension régnait. Étrange... et intéressant. Avec elle, il donnait l'impression d'être un de ces mecs crâneurs trop sûrs d'eux, mais en réalité, quand il ne jouait pas, c'était loin d'être le cas.

Trevor connaissait bien April, apparemment. Avec elle, une simple petite remarque déplacée et c'est toute discussion qui pouvait partir en sucette. Elle était comme ça, impulsive, spontanée. Elle réagissait toujours au quart de tour. C'était un peu sa marque de fabrique. Et Trevor ne se lassait pas de lui faire des remarques "déplacées". Il aimait la confrontation, visiblement, et ce n'est pas la jeune femme qui allait s'en plaindre. Elle adorait également le conflit, surtout avec le Rho Kappa. Il l'énervait souvent avec sa belle gueule, son corps parfait et son air suffisant. April détestait être "prise" de haut, et elle n'était pas du genre à se laisser faire. Comme lorsqu'il lui posa la question des poussins. La khi se contente de le remballer vite fait, puis lui souffla la fumée de son joint dans la gueule. Bien évidemment, elle attendait de voir la réaction du jeune homme et ce dernier semblait ne pas trop apprécier, même s'il essayait tant bien que mal de le cacher. Trevor reprit la parole et dit que pour elle, il aurait toujours des vannes comme ça, à lui sortir. April ne réagit pas. C'était une drôle de relation qu'avaient les deux étudiants : April aimait bien Trevor, et elle était persuadée que c'était réciproque. Mais en plus de ça, elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était un sacré canon. Mais plutôt crever que de le reconnaître vraiment. Et puis, elle ne portait jamais de réelles importances au physique. Au contraire, elle estimait souvent que les belles gueules étaient réservés aux beaux/belles gosses sans cervelles.

Lorsqu'elle le taquina à propos de l'équipe, Trevor ne perdit pas son temps pour riposter. Exactement comme April l'avait souhaité. Décidément, il était plus prévisible qu'elle l'avait pensé.

« Mon cul, c'est moi qui te manque, depuis que je suis dans l'équipe. Je sais que tu ne rêves que d'une chose, la nuit : venir m'encourager avec les pétasses des Cheerleaders, au bord du terrain. Tu rêves de crier mon nom dans une petite jupe plissée, avoue ? »

April s'étouffa en tirant une taff sur son joint, ses yeux se mirent à lui piquer. Quoi ?! Il était sérieux là ? Une fois calmée, la jeune femme se tourna à nouveau vers lui, les yeux grands ouverts et éclata de rire. D'un rire franc, et communicatif. Un rire de défoncée, aussi. Alors, c'est ainsi qu'il l'imaginait ? En bimbo superficielle, en pétasse nympho, en groupie surexcitée ? Ces pensées continuèrent à faire rire April. Il lui fallut quelques secondes pour se calmer et elle releva les yeux pour croiser ceux de Trevor, qui semblait incrédule devant une telle réaction. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle venait d'attraper un fou-rire mais soit. Elle sourit une nouvelle fois à son convive et ajouta enfin :

« Hahahaha, donc tu penses que je rêve de toi, la nuit ? Parles pour toi l'ami ! N'oublie pas que c'est toi qui est venu me rejoindre ici. Ça veut dire ce que ça veut dire, lui dit-elle en lui faisait un léger clin d’œil. Mais je te comprends. Ça doit être blasant de se retrouver entouré de pouffiasses groupies. Je trouve ça pathétique. »

April se tût enfin. Et réfléchit à un truc : elle, trouvait ça pathétique, cette équipe de foot, puis l'équipe de pétasses nympho supportant avec ardeur les beaux footballeurs ... Mais Trevor ne devait pas trouver ça pathétique. En tout cas, moins qu'elle. C'était un homme comme un autre. Avec ses faiblesses. Il était normalement constitué, il devait trouver ça excitant ce groupe de catins au bord de son terrain de foot, criant son nom. Mais April ne pouvait s'empêcher de trouver ça pitoyable ... Comme si ça la dérangeait que Trevor puisse ... Bref. Elle détestait ce genre de blanc. Vous savez, lorsque personne ne parle et que personne n'est résolu à parler. Elle prit donc la parole :

« Enfin, tu dois trouver ça excitant toi, toutes ces catins qui crient ton nom comme des chiennes. T'en as serré combien pour l'instant ? haha »

Bon c'était un peu vulgaire ce qu'elle venait de dire, et sa question était des plus déplacée. Mais c'était April. Dans toute sa splendeur.

► Elle lui tendit son briquet, hautaine, l'air visiblement satisfaite de l'aider, ce qui faisait de Trevor un petit être misérable et redevable aux yeux de la jeune femme. Du moins, c'est ce qu'il s'imagina qu'elle pensait. Il lui posa la question des poussins, et vit tout de suite que ça l'énervait. April réagit, comme d'habitude, au quart de tour. Trop facile. " Hahaha très drôle, l'ami. T'en as d'autres, des comme ça ? " siffla-t-elle, avant de lui souffler la fumée de son joint à la gueule. Il détestait qu'elle fasse ça, parce que lui-même ne se droguait pas, et cette petite odeur... pimentée... de barbecue... C'était juste trop dur. Ça lui donnait faim, bordel. Bien entendu, il ne se gênait jamais pour l'engueuler pour son comportement puéril. Ah... ça lui allait bien, de dire ça. Lui qui buvait et fumait la clope comme un turc. M'enfin, pour le principe, il aimait bien l'engueuler. Mais aussi parce qu'il savait que ça lui prenait le chou. Il serra la mâchoire. " Pour toi, toujours. " répondit-il. Elle enchaina presque immédiatement. " Alors, toi et Cannonballs avez fini de courir bêtement derrière votre ba-balle ? Je te manquais trop, c'est ça ? " le taquina-t-elle.

Les Cannonballs... Depuis quelques temps, l'équipe prenait une sacrée ampleur, ce qui n'était pas pour déplaire au brun. Il se sentait un peu mal à l'aise par rapport à ça, d'un côté, mais il avait remarqué que depuis qu'il avait repris l'équipe en main, avec Valentin, les filles se pavanaient devant lui. Surtout les cheerleaders. Donc, d'un autre côté, il en était satisfait. Un truc de fou. Du coup, il profita de cette vérité pour charrier April. Même si, avouons-le, ce n'était pas DU TOUT le style de la jeune femme de se la jouer Êta Iota stupide sur un terrain de foot. " Mon cul, c'est moi qui te manque, depuis que je suis dans l'équipe. Je sais que tu ne rêves que d'une chose, la nuit : venir m'encourager avec les pétasses des Cheerleaders, au bord du terrain. Tu rêves de crier mon nom dans une petite jupe plissée, avoue ? " fit-il. Ses yeux gris bleus étaient plongés dans ceux de la brune, attendant sa réaction. Il essayait de retenir son sourire taquin, pour paraitre plus sérieux, mais c'était difficile. Imaginer April dans une jupe plissée violette, c'était juste... hilarant ! Il tira sur sa clope, sans la lâcher une seconde du regard.

Trevor. Évidemment, c'était lui. Ça ne pouvait être que lui, puisqu'il était désormais l'un des seuls à oser s'aventurer sur le toit et à oser croiser le caractère de merde d'April. Cette dernière ne comprenait pas vraiment pourquoi, d'ailleurs. Peut-être parce que lui-même avait un caractère aussi pourrit. Bref, il n'y avait aucune explication rationnelle à ça, mais April l'aimait bien et il semblait que c'était un sentiment partagé par le jeune homme. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, April ne réagit pas vraiment. Aucun sourires, aucun signes de tête ou de la main. C'était ça l'amitié avec la jeune anglaise. Non seulement il fallait arriver à passer outre ses remarques mal-placées et son caractère de merde, il fallait aussi ne pas se décourager face à sa mauvaise volonté. Et ça, Trevor l'avait bien comprit. Il était coriace, le garçon. Mais April aimait ça. Elle aimait cette opposition. Trevor était un garçon haut-en-couleurs, et c'est probablement ça qui plaisait à la jeune femme. Elle détestait les personnes simples, les Mr. Tout-le-monde. Et selon elle, la majeure partie des étudiants de ce lycée étaient des Monsieur et Madame Tout-le-monde. Elle trouvait ces gens-là pathétiques et sans intérêts. Pour revenir à Trevor, ce dernier s'assit à la droite d'April, les pieds dans le vide. La khi eut une façon pour le moins étrange et agressive de saluer son ami, mais le jeune homme n'en parut pas choqué. Il savait à quoi s'attendre, visiblement.

« Je viens t'emmerder, quoi d'autre ?!

- Tss ... »

Ça, c'était April dans toute sa splendeur. Hautaine et indifférente. Elle n'aimait pas être prise de haut, mais au contraire, elle adorait ce sentiment de supériorité. C'était elle qui devait avoir le dernier mot, et elle seule. Tandis qu'April continuait à être (ou paraître) indifférente à l'arrivée de Trevor, elle vit ce dernier sortir une clope et chercher un briquet. Un léger sourire s'installa sur le visage doux mais froid d'April. Elle ignorait pourquoi, mais le voir ainsi perdre patience la mettait en joie. Elle, resta statique. Si il voulait du feu, il n'avait qu'à lui demander ... Ce qu'il fit peu de temps après :

« Putain. T'as pas du feu ? »

Tandis qu'elle lui tendit son briquet, April ne put retenir un léger ricanement. Trevor était un nerveux, tout comme elle. Un point commun parmi tant d'autres. De par ses attitudes de Je-sais-tout ou je-suis-le-meilleur, April en avait presque oublié que Trevor fumait également. Les deux étudiants fumaient, certes, mais pas au même "niveau". Contrairement à la jeune femme, Trevor, lui, n'était pas un drogué. D'ailleurs, April adorait son air outré lorsqu'il la voyait fumer ou sniffer. Il lui faisait souvent des remarques à ce sujet, mais bien sur, April s'en fichait totalement. Il n'était pas son père de toutes façons. Et heureusement pour lui.

« T'as tué combien de poussins, aujourd'hui ? »

April se retourna vers lui, le regard mi-exaspéré, mi-énervé. Ce genre de blague, c'était du Trevor tout craché. Un humour spéciale mélangé à une légère dose de provocation. Ça aussi, ça plaisait à April. Et elle comptait bien entrer dans le jeu.

« Hahaha très drôle, l'ami. T'en as d'autres, des comme ça ? »

Et comme elle n'aimait pas s'arrêter en si bon chemin, April tira une grande taff sur son joint et se débrouilla pour cracher la totalité de sa fumée dans le visage du jeune homme. Elle, adorait cette forte odeur d'herbe, mais elle doutait que ce soit la même pour Trevor. Elle attendit sa réaction avec impatience.

« Alors, toi et Cannonballs avaient finit de courir bêtement derrière votre ba-balle ? Je te manquais trop, c'est ça ? »

23 avril .12

.

► Lundi, ou la journée de merde par excellence. Trevor détestait cette transition entre week-end et reprise des cours que représentait le lundi. Tant et si bien qu'à la fin de cette journée, bien trop longue à son goût, le brun était de mauvais poil. Et généralement, quand c'était le cas, il n'y avait pas 36.000 choses à faire. Il pouvait, soit : dormir. Mais il était bien trop tôt pour ça. Boire. Idem. Manger. Dans une demi-heure, ça serait bon. Faire caca. En voilà, une bonne idée. Non, je plaisante. Enfin... Le brun fit tout de même un petit détour par sa chambre*, puis se rendit à la cafet'. Il dina seul, comme presque tous les jours, puis décida d'aller en griller une. L'effet bouffe, ça. Et pour ce faire, le mieux, c'était le toit. Il n'y avait jamais personne, parce que les étudiants étaient trop fainéants pour monter jusque là. Enfin, jamais personne... Trevor espérait que ce soir, ce ne serait pas le cas. Il avait envie de s'amuser un peu. De faire chier quelqu'un. Et pour ça, rien de mieux qu'April. Le fantôme du toit, comme il aimait à la considérer. Presque à chaque fois que le Rho Kappa allait y fumer, elle était là. Du coup, il se sentait moins seul. Surtout après une journée comme celle-ci. Et puis, elle était sympa. Et drôle, dans le sens où elle partait souvent au quart de tour à la moindre de ses remarques. Bref, il avait envie de la voir. C'est donc plein d'espoir qu'il monta les marches 4 à 4.

Le jeune homme poussa la porte en métal et fit quelques pas jusqu'à l'endroit où lui et April se retrouvaient souvent. Le soleil commençait à se coucher... La vue était jolie. Il la chercha des yeux. Bingo. Elle était là, lui tournant le dos, assise les pieds dans le vide. Un sourire naquit sur le visage du sportif, qui s'avança d'un pas assuré vers elle. Ses pas durent alerter la petite brune, qui fit volte-face en se tenant fermement à la rampe. Quand elle le vit, son visage n'affichait presque qu'aucune expression. " Ah, c'est toi ? Qu'est-ce que tu fous ici ? " fit-elle. Mon Dieu, quel enthousiasme. Sur le même ton, il répliqua. " Je viens t'emmerder, quoi d'autre ?! " puis s'assit, juste à la droite de la jeune femme. Parfois, il se demandait si elle appréciait sa présence ou si, au contraire, elle ne supportait pas de voir sa gueule. Normalement, ça lui était complètement égal. Voir il préférait se faire détester. Mais avec April... c'était pas pareil. Il sortit un paquet de sa poche, en tira une cigarette et la coinça entre ses lèvres. Ranger le paquet. Chercher un briquet. Ne pas trouver. S'énerver. Perdre patience. " Putain. T'as pas du feu ? " demanda-t-il alors à la brune. Une personne normale aurait enchainé en demandant à April comment elle allait, ou quelque chose comme ça. Mais pas Trevor. " T'as tué combien de poussins, aujourd'hui ? "

Chapter 1 __ Loin de tout ...

Le toit. Un endroit qu'April appréciait particulièrement. Ici au moins, personne ne venait la faire chier. Elle venait souvent ici, pour fumer sa clope, son pet', entres autres. Rares étaient les personnes qui venaient jusqu'ici. Et en général, quand celles-ci arrivaient devant une April exécrable et défoncée, elles fuyaient aussi tôt. La plupart des gens qui venaient ici ne venaient pas pour se défoncer mais plutôt pour baiser. Cela faisait bien rire April. Elle avait plus d'une fois surprit et dérangé des couples à la recherche d'intimité. Elle n'en avait rien à faire. Ils avait qu'à faire ça dans un lit, comme tout le monde. A force de traîner sur ce toit, de moins en moins de gens désireux de l'éviter venaient dans cet endroit. Elle pouvait enfin goûter à la tranquillité. Elle pouvait se fumer un pétard, se faire un rail si elle le voulait, il y avait peu de chances qu'elle soit dérangée. En même temps, elle n'avait que peu d'amis ici. Voir pas du tout. Et elle n'avait parlé de cet endroit à personne. Exceptée une personne, Trevor.

Contre toute-attentes, April l'aimait bien. Elle ne comprenait pas elle-même pourquoi étant donné qu'ils se prenaient toujours la tête lorsqu'ils se voyaient. Mais c'était plus amical qu'autre chose. Il avait le don pour l'énerver, tout comme elle. Elle détestait son coté trop conventionnel, ou son coté fils à papa qui a suivit le droit chemin. Ils étaient assez opposés à ce niveau-là. Lui était assez fermé d'esprit et April détestait ça. Elle devait profondément le choquer avec sa comportement un peu libertin, ses fringues déchirés et sa forte consommation de drogue et d'alcool. Elle n'en avait rien à foutre. Elle aimait ça, la confrontation. Elle aimait lui en imposer. Ce grand gaillard n'était pas sur aussi de lui qu'il en avait l'air, April en était persuadée. Il n'y avait qu'à regarder sa conduite avec les femmes. Pourtant, elle devait avouer qu'elle le trouvait canon, et que l'attirer dans son lit pour une nuit ne la gênerait absolument pas ...

Le soleil était entrain de se coucher, et tous les lampadaires du campus s'allumèrent en cœur. April jeta sa clope terminée par dessus la rambarde et estima qu'il était l'heure de son petit joint. Elle sortit une clope, une feuille, de la weed. Puis quelques roulements avec ses doigts, quelques coups de langues et le tour était joué. April se rapprocha du bord, s'installa ici, face à ce magnifique couché de soleil, les pieds dans le vide. Elle craqua son joint. Elle était bien là. Elle était seule. Mais plus pour longtemps, car quelqu'un venait de la rejoindre sur le toit. Miss Wheeler ne le remarqua pas tout de suite. Soudain, elle entendit un bruit de pas. Elle se retourna rapidement, tout en se tenant fort à la rambarde pour ne pas tomber. Lorsqu'elle leva les yeux, elle vit Trevor. Ah, c'était donc lui. Quand on parle du loup ...

« Ah, c'est toi ? Qu'est-ce que tu fous ici ? »