Une chute de livre et une fille enceinte ne font vraiment pas bon ménage [Ft Drake]

J’eu un petit sourire : décidément la vie de Drake était bien remplie ! Ce qui était sympa était quand même qu’il me dise qu’il viendrait s’il le pouvait. Au moins, ça pourrait décharger mon tuteur de quelques rendez-vous médicaux. Je lui en étais reconnaissante. Un médecin arriva et nous dit que je pouvais sortir. Je manquais de glousser lorsqu’il prit, visiblement, Drake pour le père de mon bébé et lui demanda d’être attentif au fait que je me repose bien jusqu’à la fin de la semaine.

-Ouais, j’ai pas envie de rester ici…, dis-je en réponse à sa dernière question. J’enchainai alors sur ce qu’il m’avait dit plus tôt : Et entre tes multiples activités tu trouves le temps de dormir ? C’est très gentil de ne pas refuser immédiatement. Je sais que c’est un peu « rapide »… C’est le genre de chose qu’on demanda à sa meilleure-amie mais je suis une fille bizarre : je n’ai pas encore mis mes amis au courant… En fait tu es le seul élève du lycée à savoir pour ma grossesse….

J’avais du mal à parler de ma grossesse et du fait que je le cachais. C’était bête mais je ne voyais comment exposer ma situation aux autres de la bande. J’avais peur de leur réaction. Et s’ils décidaient de me tourner le dos ? Je laissais Drake me reconduire dans la chambre pour que je me rhabille avant qu’il me remmène au lycée. Mon tuteur était passé par ma chambre et m’avait laissé des vêtements propres. Je jetais un regard à Drake pour qu’il sorte ou tourne le dos pour que je puisse me changer.

Angie lui demanda alors si cela le dérangeait de venir l'accompagner à ses rendez-vous médicaux. Il fût tout d'abord surprit par une telle demande, après tout, c'était quelque d'assez personnel, non? Mais il était aussi assez perplexe, en aurait-il le temps? Entre les entraînements, les matchs, le groupe et puis le Baby Sitting de la fille d'Eva, arriverait-il sincèrement à donner de la tête partout? Il préféra alors répondre franchement:

« Je t'avoue que j'ai un emploi du temps très serrés depuis peu.. Je joue au Football Américain de l'école, j'ai monté un groupe de Rock qu'il faut lancer et puis je me suis engagé auprès d'une maman pour garder sa petite fille de temps en temps... mais tu pourras toujours me prévenir à chaque fois et je verrai si je peux, d'accord? »

Il marqua une pause, espérant ne pas avoir déçu l'adolescente puis reprit:

« Ca ne sera peut-être pas tout le temps, mais si je peux t'accompagner de temps en temps ça me ferait plaisir. »

Il lui sourit faiblement puis fût malheureusement coupé par l'arrivée d'un médecin. Il venait vérifier que tout allait bien, donner des nouvelles et puis aussi, annoncer que finalement, la jeune femme pouvait sortir, mais qu'elle devait se reposer jusqu'à la fin de la semaine. Il demanda à Drake de bien vouloir être attentif à ça, le prenant sûrement pour le père du bébé. Drake accepta puis quand le médecin sortit, il lança:

« On décolle? »

Je ne savais que trop bien qu’il y aura des moments où je me sentirais faible. Depuis que je suis enceinte je me sens chaque jour plus faible et vulnérable. J’ai horreur de ça… Plus Drake parlait et plus je trouvais qu’on se ressemblait. D’accord, je n’ai jamais été accusée d’avoir déclenché l’incendie qui a tué ma mère mais j’ai vu ma mère mourir sous mes yeux quand j’avais 12 ans. Je baissais les yeux vers ma main : elle était prisonnière dans celle de Drake. Je n’aimais pas ce genre de démonstration d’affection en public mais avec Drake c’était différent, ça ne me dérangeait pas. En fait je laissais ma main dans les siennes, ça me rassurait. Avec lui, j’avais l’impression qu’avec lui je serais forte peu importe ce que je traverserais. Il me releva le menton et me dit que je serais une super maman. J’eu un petit sourire. C’était fou ce qu’il pouvait faire pour me rassurer. Je l’attirais dans mes bras pour lui faire câlin avant de le relâcher.

-C’est vraiment gentil de ta part… Je suis vraiment heureuse de te connaître., lui dis-je avec un sourire sincère. J’enchainais ensuite sur un sujet plus sérieux : Je sais ce que c’est de perdre ses parents. Je n’ai pas connu mon père, il n’a été qu’un homme de passage dans la vie de ma mère… Et j’ai vu ma mère mourir sous mes yeux quand j’avais 12 ans… C’est pas très joyeux comme sujet de discussion, n’est-ce pas ? Alors parlons d’autre chose ! Je voudrais savoir… Tu… Tu accepterais de venir avec moi quand je viendrais pour les échographies ? Ne pense pas que je te fais des avances… Tu viendrais avec moi en tant qu’ami…

J’espérais qu’il me dirai oui. Je n’aimais aller à ce genre de rendez-vous avec Derek, j’avais l’impression de le décevoir parfois. Et puis je préférais y aller avec quelqu’un de mon âge et surtout qui était moins débordé avec son boulot que Derek. Je n’aimais pas déranger mon tuteur et si je pouvais convaincre Drake de me faire cette minuscule faveur, je crois que ça soulagerait mon tuteur.

Faiblesse. Vivre pour les autres. Il connaissait bien. Il ne tarda alors pas à répondre à la jeune femme:

- Tu sais, y'aura toujours un moment dans ta vie, où tu te sentiras faible, vulnérable. Je suis passé par là aussi. Mes parents ont été tués et ma petite soeur a été kidnappée. C'est quelque chose d'horrible que je ne souhaite à personne au monde, mais le pire, ça a été que je n'ai pas pu assisté à leurs funérailles et tu sais pourquoi? Car on m'accusait de leur propre homicide. Alors je sais ce que c'est que de se sentir faible, vulnérable, sans force et sans moyen.

Drake venait d'avouer cela pour la première fois de sa vie. Ces mots si tranchants venaient de transpercer ses lèvres pour la première fois. Pourquoi en parler avec Angie? Il n'en savait rien, cette fille avait quelque chose de touchant, il voulait qu'elle se sente épaulé et non seule, surtout dans son état de future maman. Drake vivait pour les autres, tout en respectant ce qu'il était. Là, il ne pourrait pas trop en parler sinon il dévoilerait une partie de lui, une partie sombre, noire et secrète. Mais aussi, ses aveux pouvaient faire partir la jeune femme. Après tout, avouer que l'on a fait de la prison, que l'on a été accusé d'un double meurtre sème toujours la panique, la peur chez l'autre et elle pourrait très bien lui faire comprendre que non, elle ne souhaitait pas rester une minute de plus avec lui. Il comprendrait, c'était une réaction humaine. Simplement ça. L'adolescent avait la main d'Angie entre les siennes et il releva le menton de la jeune maman pour lui dire:

- Tu seras une chouette maman, ne t'en fais pas. Et tu veux savoir comment je le sais? Car tu es prête à tout pour sauver, protéger et garder ton bébé. Tu t'en sortiras très bien, il y aura des gens autour de toi pour t'épauler, t'aider, te ménager et prendre soin de toi, mais également du bébé une fois qu'il sera là.

L'adolescent sourit faiblement puis ajouta:

- Et si tu as besoin d'une chambre de bébé ou d'une nourrice, demande moi, c'est mon rayon ça. J'adore les enfants et je suis très bon bricoleur, je pourrai ajouter tout plein de gadgets à son lit!

Cette vision le fit alors sourire. Un sourire franc, charmeur, comme il savait si bien le faire ♥

C’est bête mais je n’avais jamais fais attention au fait que je vivais peut-être un peu trop pour les autres. Je faisais tellement attention à ne pas apparaître comme une faible que je ne vivais plus que pour les autres. « Je vis peut-être trop pour les autres mais j’ai horreur de la faiblesse. Je ne veux pas qu’on me voit comme une fille faible. J’ai vu ce qu la faiblesse faisait comme ravage et je ne veux pas revivre ça… Ma phobie de la faiblesse me fait peut-être vivre pour les autres mais je préfère cette vie à celle que j’avais avant. », déclarai-je au jeune homme. Il m’emmena dans le hall. Je ne voulais pas parler, je ne voulais pas lui raconter ma vie et tout ce qui m’avais fait détester la faiblesse. J’eu un petit sourire triste alors qu’il me disait que c’était normal de vouloir garder ce qui nous restait de l’être que l’on avait aimé de tout son cœur. Je n’étais pas sûre que je puisse offrir une super vie à mon bébé. Mais avec l’aide de mon tuteur, ça devrait aller et mon bébé ne manquera de rien.

-J’espère juste que je ne ferai pas les mêmes erreurs que ma mère. Je voudrais vraiment pouvoir lui offrir tout ce qu’il lui faudra mais j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à lui donner une bonne vie… J’aurais tellement voulu l’élever avec son père mais… Il en aura un ou plutôt il trouvera une figure paternelle dans mon tuteur…, lâchai-je d’un coup. J’ajoutai ensuite : Tu sais, c’est vraiment sympa que tu sois resté avec moi. Je ne crois pas que quelqu’un d’autre l’aurait fait. D’ailleurs, tu me fais un peu penser à mon tuteur….

Pourquoi avais-je dis ça ? C’était stupide mais je l’avais fait ! Enfin, tout ce que je faisais n’était pas totalement stupide, c’était déjà ça. Oui, c’était normal d’avoir peur de ne pas assurer son rôle de mère alors qu’on avait 17 ans et qu’on était célibataire. Malgré tout, j’avais envie de pleurer en pensant au bébé que j’avais perdu cette après-midi.

Spoiler:

Ils étaient enfin sortis de la chambre, Drake avait besoin de se dégourdir un peu les jambes. Après seulement quelques mètres, l'adolescente commença à le menacer, ce qui le fit sourire. Elle, ce petit bout de femme qui ne lui arrivait qu'aux épaules et qui en plus, était enceinte, voulait faire de sa vie un Enfer? Mais c'était déjà le cas et depuis bientôt dix ans en plus. Il préféra ne rien dire tout de suite puis répondis calmement:

- Tu vis pour les autres?

En effet, ne pas assumer qui on était par simple peur du regard des autres, il ne connaissait pas. Non, car malgré sa différence, lui, n'avait jamais cessé de clamer haut et fort qui il était et comment il l'était. Il ne parlait presque pas, il était franc et parfois à la limite du Politiquement correct? Et alors, il ne changerait certainement pas pour les autres, plutôt crever que de rentrer de force dans un moule préfabriqué par une clique d'adolescents en chaleur et boutonnés. Non. Il préférait rester lui-même, même s'il devait vivre seul et justement, au fond, c'est ce qu'il voudrait. Il était solitaire donc il se fichait pas mal qu'on le montre du doigt et qu'on l'abandonne pour le restant de ses jours, ça lui ferait même plus plaisir qu'autre chose!

Ils déambulaient dans les couloirs, arrivant alors à un ascenseur, ils fit en sorte de descendre afin de rejoindre le Hall d'entrée qui était un peu plus accueillant et s'ils le voulaient, ils pourraient aller se promener dans le parc de l'hôpital aussi. Quand elle expliqua un peu pourquoi elle avait gardé les bébés, Drake l'écoutait attentivement. Il ne trouvait pas ça totalement con, enfin, il pouvait le comprendre. Si on lui avait permis de garder une partie de sa soeur avant qu'elle ne se fasse enlever, il l'aurait fait. Ô grand Dieu que oui il l'aurait fait et sans se poser de question. Il arrêta alors le fauteuil en bloquant les roues, puis s'installa en face, sur une banquette, près d'un centre rempli de plantes et fleurs en tous genre. Il regarda l'adolescente qui avait l'air triste et lui répondit:

- J'aurai fais la même chose. Tu n'as pas à te sentir mal, c'est une réaction humaine (et égoïste aussi mais humaine). Alors maintenant ce qui compte, c'est que ce bébé ait une super vie et qu'il ne manque de rien.

Après ses neuf ans, il avait vécu seul avec sa grand-mère donc il savait qu'une famille monoparentale n'était pas toujours simple, mais il savait aussi qu'il y avait beaucoup plus de complicité et d'amour. En tout cas, on osait le montrer alors qu'en famille, c'est toujours différent, mais pas forcément moins fort, en tout cas pour lui, ça n'avait pas été moins fort.

Je ne disais rien pour l’instant mais j’étais franchement heureuse que Drake ne me pose pas de questions. Les gens avaient tendance à poser beaucoup trop de questions et ce n’était certainement pas en m’assommant de questions que j’allais commencer à parler. Drake semblait être un peu comme moi, il ne parlait pas beaucoup, ne demandait presque rien… Le confident parfait, le genre de garçons que j’appréciais. Il me proposa d’aller me promener dans l’hôpital. Je n’eu même pas le temps de lui répondre qu’il était déjà allé chercher un fauteuil roulant. Bon, il n’y avait pas vraiment de choix : on allait faire une balade. Avec l’aide du jeune homme, je m’installais dans le fauteuil. Avant de sortir de la chambre, je lui dis d’une voix faible :

-Tu sais, tu es la seule personne du lycée à savoir pour ma grossesse… Et si tu le répètes, ce dont je doute, je te jure que je ferais de ta vie un véritable enfer… J’ai aucune envie qu’on me prenne pour une pauvre et faible ado en cloque…. La dernière phrase fut prononcée avec un peu plus de mordant.

C’était sûr, maintenant il connaissait ma haine de la faiblesse. Nous sortîmes de la chambre. Drake me dirigeait dans les couloirs. Je détestais les hôpitaux à un point incroyable : c’était de la misère et de la faiblesse concentrée. J’en avais horreur. Dire que mon tuteur bossait ici… En fait, c’était peut-être ce qui lui avait plu chez moi : ma faiblesse, mes failles… D’ailleurs il me sembla le voir, au loin dans un couloir mais peut-être n’était-ce pas lui, il n’était certainement pas le seul métis afro-américain dans cet hôpital ! Je triturais nerveusement mes cheveux. De temps à autre, je posais ma main sur mon ventre. Je pensais à l’enfant que je venais de perdre et j’imaginais comment il aurait pu être… Je sentais les larmes me monter aux yeux. Il fallait que j’arrête de penser à ce qu’il s’était passé. Et finalement, ça éclata :

-Je n’aurais jamais dû garder ces bébés uniquement parce que c’était tout ce qu’il me restait de mon ex… C’est stupide mais je n’ai pas avorté parce que c’était tout ce qu’il me restait de mon petit-copain de l’époque lorsqu’il a déménagé. C’était une belle erreur de ma part…, murmurais-je avant de dire : Je crois… Je crois que j’ai besoin d’extérioriser, d’en parler alors ne m’en veut pas de te parler de mes problèmes ou de ma vie…

En fait, il fallait peut-être que je me taise parce que je trouvais que tout ce que je disais été tout à fait débile et inutile.

Drake ne se sentit pas trop géné quand elle lui parla des questions qu'il devait sûrement se poser, mais il n'en n'était pas plus à l'aise pour autant. Il garda un moment le silence, avant d'étirer sa jambe sur le sol et de soupirer en laissant dire:

- Ca ne me regarde pas, je ne vois pas pourquoi j'irai te demander ça

Et c'était vrai, qu'est-ce qu'il en avait à fiche de savoir comment elle était tombé enceinte? Pourquoi est-ce qu'elle se retrouvait à présent seule? Le gars ne devait pas avoir grand chose dans le futal et il l'avait laissé tomber en apprenant la nouvelle, voilà tout, non? Après tout, c'était ça dans la majorité des cas concernant les mères adolescentes. Qu'est-ce que ça changerait de savoir? Rien du tout, il serait toujours dans cette chambre, avec elle, elle serait dans le même état et puis voilà, donc non, ça ne sert à rien d'évoquer le passé si ça ne peut pas arranger la situation présente et celle à venir. En tout cas du point de vue de Drake. Ce dernier finit par se lever en tappant fort dans ses mains et il prit la parole:

- Ca ne te dit pas d'aller se balader un peu dans l'hôpital?

Le temps commençait à se faire long et une petite promenade leur ferait le plus grand bien! Drake alla donc chercher un fauteuil roulant dans le couloir et vint le déposer près du lit afin d'aider la jeune femme à s'y asseoir, elle ne pouvait pas trop bouger, en tout cas, ce n'était pas réellement conseillé vue sa situation!

Drake me sourit. Il semblait s’inquiéter. C’était fou qu’il s’inquiète pour moi alors qu’on ne se connaissait presque pas. J’écoutais Drake lorsqu’il me dit qu’il préférait que j’appelle mon tuteur. Je récupérai mon téléphone portable dans la poche de mon jeans. De toute façon, j’étais sûre que Derek était déjà au courant, une de ses collègues avait dû le mettre au courant. Bien sûr j’en eu rapidement la confirmation mais mon tuteur ne s’était pas inquiété plus que ça. En fait, il aurait préféré qu’il n’y ai pas d’autre bébé. Lorsque j’eu raccroché, je souris à Drake. Je supposais qu’il était content maintenant. Je lui demandais ensuite la télécommande. Je zappais. Il n’y avait rien à la télé ! J’éteignais la télé et reposais la télécommande sur la table à côté du lit. Une infirmière arriva et nous proposa deux plateaux repas. Oh ! C’est vrai qu’il se faisait tard ! L’infirmière en question était une amie de mon tuteur et elle ne manqua pas de me dire :

-Ne t’inquiète pas Angela, c’est un plateau végétarien !

Je levais les yeux au ciel. Pourquoi fallait-il qu’elle soit toujours comme ça ? Dès qu’elle fut sortie je m’empressais d’expliquer à Drake :

-Derek, mon tuteur, est infirmier dans cet hôpital et je connais pas mal d’infirmière ici., j’enchaînais ensuite sur un autre sujet : Ne te gêne pas si tu as une question à me poser. Je pari que tu te demande comment ça se fait que je suis célibataire et enceinte, non ? Je suis peut-être paranoïaque mais c’est le genre de question qu’on pose toujours à une fille dans mon cas….

Effectivement, il y avait quelque chose de bizarre avec Drake : je parlais comme si je le connaissais depuis des années. Je souris encore au jeune homme alors qu’une quantité de questions me vint à l’esprit. J’aurais aimé en savoir plus sur mon sauveur mais il semblait ne pas être quelqu’un de très bavard, il me ressemblait un peu, il parlait très peu.

Je lui souris alors faiblement, alors qu'elle se mettait à manger, je pris mon café et alla m'asseoir sur sur le siège au bout du lit. Je ne savais pas trop quoi lui dire, elle m'annonça qu'elle n'avait personne sur qui compter, mis à part son tuteur. Je m'inquiétais un peu alors. Elle allait devenir une mère célibataire? Elle semblait si jeune, savait-elle résonnablement ce que ça voulait dire? Elever un enfant seule, à cet âge là, s'était quelque chose de vraiment difficile ! Où était le père? Ca, il aurait bien aimé le savoir, non mais qu'est-ce qu'il avait dans la tête celui-là? Encore un petit con qui n'avait rien dans le crâne probablement !
Drake bu un peu de son café avant de lancer:

- Je préfèrerai que tu appelles ton Tuteur, s'il te plaît.

Ce n'était pas normal de ne pas vouloir le prévenir, il se devait de l'appeler. Car Drake aurait aimé que sa fille réagisse ainsi et encore plus si cette dernière est enceinte ! Drake la laissa alors répondre, puis il commença à regarder dehors. La soirée tombait faiblement, doucement et les couleurs étaient belles. Il y avait quelques nuages, comme si le temps était à la pluie, mais bon.. IL ne pouvait pas toujours faire beau, pas vrai?
L'adolescent vit alors la télécommande posée non loin, il la saisit sur ordre de l'adolescente et alluma la télé, bon, il préférait le silence, mais la jeune femme était la Reine ici et ce qu'elle désirait, il l'éxécuterait ! Ou presque.. Drake termina alors son café tandis qu'une infirmière arriva pour leur proposer deux plateaux repas. Ah oui! Pas de refus!

Il acquiesça à ma question. J’étais plutôt contente parce que dans le cas contraire j’aurais pleuré en lui expliquant. Il me demanda si je voulais prévenir quelqu’un. Un parent ? Ma mère était morte, mon père… Bha je ne le connaissais pas et je ne voulais pas le connaître. Derek ? Non, je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi, ça irait bien. Logan ? Non, ce n’était même pas la peine de l’appeler. De toutes façons, il était loin de moi, il avait probablement une nouvelle petite-amie. Il se fichait très certainement de la santé de ses… Non, de son enfant ou de son ex. Je chassais une larme et répondit à Drake :

-Non… Il n’y a personne à prévenir. D’ailleurs, je n’ai ni parents ni petit-ami… Et mon tuteur sera au courant bien assez tôt.

Je ne savais même pas pourquoi je lui parlais de ça. Pourquoi lui avais-je dit que je n’avais ni parents ni petit-ami ? Certes, c’était la vérité mais il n’avait pas à le savoir ! Sa main vint se poser sur la mienne avant de me demander si je voulais manger quelque chose. J’acquiesçais. Je n’avais pas vraiment faim mais j’éprouvais le besoin de manger. Drake sorti et revint quelques minutes après avec un paquet d’Oreo, un chocolat chaud et un café. Il donna le paquet d’Oreo. Bon, ce n’était pas mes gâteaux préférés mais bon, je me fichais bien de ce que je mangeais pour le moment. J’avais juste besoin de manger comme pour étouffer ma tristesse. Je levais mon regard vers Drake.

-C’est vraiment gentil ce que tu fais et ce que tu as fait pour moi. C’est… J’ai pas l’habitude des gens gentils…, murmurais-je en attrapant la main de Drake.

C’est fou ce que j’avais envie de me retrouver dans les bras de quelqu’un (En l’occurrence ceux de Drake) et de pleurer tout mon soûl. J’attrapais l’une de mes mèches et commença à l’entortiller autour de mon index. C’était vraiment étrange que je me sente tant en confiance avec Drake alors que je le connaissais à peine… Je crois que cette étrange confiance que j’avais envers lui tenait beaucoup au fait qu’il me faisait penser à Derek qui était la seule personne à qui je faisais confiance.

Drake avait effectivement tout entendu. L'adolescente avait en réalité deux bébés. Des jumeaux. Et elle venait d'en perdre un. Drake ne pouvait pas imaginer ce qu'était une pareille douleur, il était un homme. Il ne connaîtrait jamais l'état d'une grossesse du point de vue féminin, bien qu'il avait vu à quoi ça ressemblait avec sa mère. Le jeune homme s'était adossé au mur, face au lit d'Angie et attendait que les médecins sortent. Ce qui finit par enfin arriver. Angie s'éffondra en larmes. Que pouvait-il faire? Il aurait voulu s'asseoir près du lit pour lui caresser le dos, lui donner un peu de réconfort, mais est-ce que c'était vraiment sa place? Après tout, ils ne se connaissaient pas, mais une chose était sûr, il ne la laisserait pas seule.
Il s'approcha alors et leva son visage vers l'adolescente quand elle lui demanda s'il avait tout entendu. Il hocha simplement la tête pour affirmer ce fait. Oh oui, il avait tout entendu.. L'adolescent s'approcha alors du lit et, tirant le fauteuil, il s'assit dessus, près de l'adolescente, il lui demanda alors:

- Il y a quelqu'un que tu souhaites prévenir? Un parent, un petit ami, un ami?

Après tout, ces bébés n'étaient pas venu tout seul et la plupart des étudiants de leur âge avait encore leurs parents de vivants, ils n'étaient pas tous comme lui, orphelins. Il posa alors sa main sur celle de l'adolescente, pour la réconforter à sa manière. Puis il se leva et lui demanda:

- Tu as faim? Tu veux manger quelque chose? Tu veux une boisson chaude?

Rien de tel, il fallait essayer de la distraire le temps que ses proches arrivent. Il ne la laisserait pas toute seule dans un tel état, ça semblait évident. L'adolescent avait mal au coeur pour elle. Angie lui signala alors qu'elle avait un peu faim et soif. Il lui sourit alors doucement et lui dit qu'il allait chercher quelque chose dans la boutique de l'hôpital. Il sortit donc de la chambre et traversa les couloirs afin de trouver le stand. Il finit par le trouver et prit un paquet d'Oreo ainsi qu'un chocolat chaud et un café. Il paya le Gus puis reprit la direction de la chambre d'Angie. Il espérait vraiment qu'elle avait quelqu'un pour s'occuper d'elle. Un proche, qui que ce soit quoi.

Je n’avais pas fini de parler que Drake était déjà parti chercher quelqu’un. J’étais infiniment reconnaissante envers Drake qui m’aidait alors qu’on ne se connaissait pas. Ouais, je restais bloquée sur ça mais ça me semblait si incroyable d’aider quelqu’un qu’on ne connaissait pas. Quand je vis mon sauveur arriver avec un médecin, je me sentis sauvée. Je me retrouvais dans les bras du jeune homme et ce fut à ce moment que je sombrais dans l’inconscience. Je m’étais efforcée de restait éveillée pendant que Drake était absent mais maintenant que j’étais entre les mains d’un spécialiste.

Je me réveillais entre une demi-heure et une heure plus tard. Je portais une de ces horribles tuniques fendues d’hôpital. Ma tunique et mon jeans étaient posés sur le dossier d’une chaise. Dès que je fus réveillée, une infirmière appela le médecin et permis à Drake de venir. Tiens, il était resté en dehors de la salle. Le médecin arriva le premier, il avait le visage grave. Il me regarda, il devait se dire que j’étais bien jeune pour être enceinte ou que je devais faire partie de ses ados qui ne savent rien à la contraception et au sexe. J’avais peur et j’étais persuadée d’avoir perdu mon bébé. Ma respiration était saccadée à l’instar des battements de mon cœur.

-Mademoiselle Adkins, vous avez fait une fausse couche… Chose étonnante, vous n’avez perdu qu’un seul bébé…
-Attendez, attendez… Un seul bébé ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?
-Vous attendiez des jumeaux. Le choc a fait se « décrocher » un seul des bébés. Le sang que vous avez perdu est l’une des conséquences de ce « décrochage »… Je ne vais pas vous cacher que votre grossesse est une grossesse à risque comme pour beaucoup d’adolescentes de votre âge… On va vous garder en observation mais vous pourrez sortir ce soir, normalement.

Le médecin quitta ma chambre. Dès qu’il eu passé le pas de la porte, j’éclatais en sanglot. J’ignorais totalement que j’attendais des jumeaux. Certes, en perdre un était moins douloureux que de perdre les deux cependant, je ne pouvais m’empêcher de pleurer ce petit être que j’aurais voulu voir en vie. Je ne l’avais jamais vu et pourtant je l’aimais. Maintenant, il me manquait horriblement. Je caressais mon ventre une nouvelle fois mais cette fois-ci je me dis que je devrais faire doublement attention au bébé qui me restait. Désormais, c’était vraiment la seule chose qui me restait de Logan, le père de mes bébés… Enfin de mon bébé. Au bout de quelques minutes, j’essuyai mes yeux et séchais mes larmes. J’inspirai et expirai profondément. Il fallait aller de l’avant pour moi et pour mon bébé. Cependant je gardais une boule dans ma gorge, une boule de sanglot qui aurait du mal à disparaître. Ce ne fut qu’à ce moment que je remarquais la présence de Drake dans ma chambre. Je ne savais même pas s’il avait entendu ce qu’avait dit le médecin.

-Tu… Tu as entendu ce que m’a dit le médecin ?, demandais-je d’une voix où l’on sentait poindre les sanglots que je retenais difficilement.

Angie venait de se plaindre que la douleur s'accentuait gravement et surtout, Drake vit le sang qui commençait à s'étendre sur le tissu de son jeans. Merde. Elle n'avait pas finit sa requête pour aller chercher un médecin, qu'il était déjà partit en chercher un. Les couloirs étaient rempli d'infirmières mais pas de médecin! Drake se mit alors à courir au travers des patients et des infirmières pour en trouver un et par bonheur, l'un d'eux sortit d'une chambre à un moment donné. Drake s'approcha à toute allure de lui et lui demanda alors, essoufflé et un peu inquiet :

- Mon amie est enceinte, elle perd du sang, elle a reçu un coup sur son ventre, venez la voir, elle souffre et est très inquiète. S'il vous plaît.

Le médecin semblait comme embêté, il devait sûrement voir d'autres patients avant Angie, mais sous le stress du jeune homme et son impatience, le médecin finit par accepter de le suivre au trot jusqu'à la salle d'attente. Angie grimaçait en se tenant le ventre, le sang s'étendait toujours. Ca faisait vraiment mal au coeur pour elle, elle semblait attaché à son bébé... Drake espérait au fond de lui que l'issue de cette journée ne serait pas une mort prématurée. Il souleva alors la jeune femme en la prenant dans ses bras, quand le médecin la fit passer en urgences devant tout le monde. Il prit la direction d'une salle d'examen et demanda alors à Drake de la déposer sur le lit pour qu'il puisse l'observer. Drake s'éxecuta et bientôt, le médecin demanda de l'aide, du matériel et aussi, que le jeune homme quitte la chambre, ce qu'il comprit et ce qu'il fit. Il alla donc dans le couloir. Restant debout, tendu à la rambarde du couloir, il attendait. Bien qu'il ne conaissait pas cette femme, ce moment était stressant et Drake, bien que fort et sûr de lui, pouvait difficilement cacher cette inquiétude, même si ça y'est, la pression retombait. Les médecins s'occupaient d'elle à présent, tout ne pouvait que bien aller non?...

Peu à peu je me détendais. Néanmoins, je souffrais toujours. J’avais un mal de chien. C’était affreux. Je serrais les dents pour ne pas pleurer. Je me demandais si Drake comprenait mon état mental, ma panique concernant la santé de mon bébé. Après tout, il me semblait que toutes les mères s’inquiétaient de la santé de leur bébé. Je me laissais aller, fermais les yeux et tentais d’oublier ma douleur. Je les rouvrais lorsque la voiture s’arrêta devant l’hôpital. Il me demanda si ça allait mieux. J’aurais aimé lui dire que je n’avais plus aussi mal mais c’était faux, ça allait de moins en moins bien. Je lui fit un signe négatif de la tête en précisant : C’est de pire en pire. Il me reprit sur son dos. Nous pénétrâmes dans l’hôpital. C’est fou ce qu’il y avait comme monde. Drake alla à l’accueil où la femme nous indiqua quel couloir prendre. Dans cette salle d’attente, il restait un siège de libre. Drake alla m’y installer. Il me demanda bientôt si ça allait mieux mais la réponse restait négative.

-Rhaaa… J’en peux plus, c’est fou ce que ça fait mal !

Je relevais ma tunique et caressais mon ventre. Ce fut à ce moment que je vis ce petit truc qui n’allait pas : il y avait un peu de sang sur mon jeans, c’était vraiment trois fois rien juste 4 ou 5 petites taches mais c’en fut assez pour que je panique encore plus. J’attrapais la main de Drake et lui dis gravement :

-Il faut que tu ailles chercher le médecin, il y a quelque chose de pas normal du tout…

Plus je regardais mon jeans et plus je me sentais faible. Il ne fallait pas que je tombe dans les vapes, il fallait que je me ressaisisse. Je m’efforçais de rester calme, de respirer profondément. Je ne faisais pas attention aux femmes qui me regardaient certaines avec un regard dégoûté, d’autre avec un regard compatissant et d’autre encore avec un regard qui montrait bien qu’elles fichaient royalement de ce qu’il se passait dans la salle tant qu’on ne leur volait pas leur tour. Des larmes roulaient sur mes joues tandis que je songeais à l’éventualité de faire une fausse-couche à ce moment-là, l’éventualité de perdre mon bébé ce jour-là. Je ne voulais pas le perdre. Non, je voulais le mettre au monde ce bébé mais je ne pouvais pas décider des accidents de la vie.

Nous étions installé à bord de ma BMW noire. La capote était relevée ce qui nous protégerait du vent. J'allumais le contact et la musique s'enclancha alors. Surprenant, pourquoi ma radio se mettait-elle en route toute seule? Surtout que je ne l'allumais jamais, n'aimant pas spécialement ça. Mais bon, Angie avait l'air plus détendue avec cette musique joyeuse, je la laissa donc et entreprit ma manœuvre afin de sortir du Parking. Je pris alors la direction de Miami. Nous devions traverser toute la ville afin de rejoindre l'hôpital qui se trouvait, pas très loin de chez moi d'ailleurs, à la sortie de Miami. La voiture semblait glisser sur la route et qu'est-ce que j'aimais ça mon Dieu. J'adorais cette liberté, pouvoir rouler encore et encore, sans jamais m'arrêter... Angie avait l'air bien plus déstressée que tout à l'heure, tant mieux. Elle avait toujours la main sur son ventre et ça ne se voyait pas tellement qu'elle attendait un enfant, ça ne devait vraiment pas faire longtemps et c'était bien plus fragile à cette période de la grossesse d'ailleurs ! Je me souvenais alors de la grossesse de ma maman, mon père et elle étaient bien plus inquiets que la normale étant donné qu'il s'agissait de leur premier enfant. Je n'avais d'ailleurs jamais compris pourquoi ils s'inquiétaient autant, mais bon.. c'était sans doute l'appréhension du premier enfant, enfin, enfant naturel plutôt. Nous roulions toujours doucement, en direction de l'hôpital, gardant un silence que j'appréciais grandement. Angie avait l'air calme, donc tout allait bien. Après de longues minutes, nous arrivâmes enfin au centre hospitalier de Miami, il y avait pas mal de monde, malheureusement. Je réussis à trouver une place assez proche de l'entrée, j'avais de la chance !
Je descendis le premier, allant chercher l'adolescente, je lui demanda si elle pouvait marcher, elle me signala que la douleur dans son bas-ventre s'était accentuée. Merde. Je lui proposa alors à nouveau mon dos, fermant la portière et verrouillant la voiture, j'avançais vers les portes de l'hôpital. Il y avait des enfants qui attendaient déjà là, des personnes de tout âge, certains avec des membres en sang, d'autres en larmes, certains allongé sur des sièges. Il y avait vraiment beaucoup de monde. Merde, il faudrait attendre et Drake n'aimait pas spécialement attendre dans un hôpital. Il ne trouva pas de place assise pour y déposer Angie, il la garda donc sur son dos, se déplaçant dans les couloirs, il alla alors à l'accueil. Signalant alors:

- Bonjour, mon amie est enceinte et ressent des douleurs au niveau du foetus. Dans quel service doit-on aller?

L'infirmière me montra alors un couloir à prendre, je lui fis un signe de tête et transporta la jeune femme jusqu'à l'endroit indiqué. Il y avait une petite salle d'attente qui semblait aussi pleine que l'autre. Mais il restait un siège de libre. J'entrais et déposais la jeune femme près de ce dernier. Restant debout à côté d'elle, je lui demanda alors si la douleur s'était amoindrie ou non.

Ce garçon était plutôt gentil… Non, il était tout simplement gentil avec moi. Il sécha mes larmes de ce même geste protecteur que seul mon tuteur avait envers moi. Il se présenta : il s’appelait Drake. Je lui aurais bien répondu mais pour le moment j’étais incapable de parler. Ma douleur me contraignait au silence. Lorsque j’eu tenté de me lever, Drake me soutint en me tenant par le bras. Il me donna son livre et s’accroupi devant moi. Qu’est-ce qu’il voulait que je fasse ? Je compris bien vite qu’il voulait que je monte sur son dos. Manque de chance, je n’étais pas la fille la plus légère du lycée ! Sur son dos, nous descendions les escaliers pour arriver dans l’espace principal de la bibliothèque. Là-bas, il m’asseya sur la table et tendit son sac où il avait rangé ses affaires. Il me reprit sur son dos et je laissais mon sac dans la bibliothèque. Je vis le bibliothécaire récupérer mon sac et mettre sous son bureau. Bon, c’est tout j’irais le récupérer plus tard.

Drake m’emmena à sa voiture, dans le parking. Il ouvrit la portière côté passager et me déposa délicatement sur le siège. Lorsqu’il eu prit place derrière le volant, je pris la parole, ma douleur ne me coupant plus la parole.

-Merci, c’est vraiment gentil de ta part de m’être venu en aide. Et je m’appelle Angela mais appelles-moi Angie, lui répondis-je enfin.

Je bouclais la ceinture de sécurité et posais encore ma main sur mon ventre. Ca devrait pas être humain de s’inquiéter autant pour quelqu’un autre que soi. Pourtant, je m’inquiétais énormément pour mon bébé et Drake s’était un peu inquiété pour moi. Je jetais un regard à Drake. Il paraissait être ce genre d’homme sur lequel on pouvait compter en toute occasion. En fait, il me faisait un peu penser à Derek. Drake ne me faisait pas penser à mon tuteur sur le plan physique mais son plan de son attitude : ils avaient un peu la même attitude solide, franche et assurée. J’aimais bien ce genre de personne et étrangement, j’appréciais déjà Drake alors que l’on ne s’était pas parlé.

Cette jeune femme semblait vraiment paniquée, elle pleurait et ça me faisait mal au coeur de la voir dans un tel état, sincèrement. J'étais asociale oui, mais j'aimais les gens, j'aimais prendre soin d'eux malgré tout, en silence, dans l'ombre, sans jamais me confronter à eux. Je passa alors mon doigt sous ses yeux pour sécher ses larmes, je ne souriais toujours pas. Je la regardais et je pris alors enfin la parole:

- Je m'appelle Drake et toi?

Je n'avais pas relevé sa réplique m'annonçant sa grossesse. Elle semblait déjà tellement apeurée à l'idée qu'il arrive quelque chose à son bébé, que je n'allais pas lui faire de remarque à ce sujet là. Je la trouvais jeune, bien trop jeune pour être maman, c'était un fait. Mais bon, chacun à la vie qu'il mène et on ne fait pas toujours ce que l'on voudrait. Il faut composer avec ce que la vie a fait de nous et ce qu'elle nous donne. Beaucoup de choses arrivent lorsque l'on ne s'y attend pas, il suffit juste de relever la tête et de continuer à avancer, malgré tout... En se soutenant, en trouvant du réconfort dans des choses simples et saines. L'adolescente avait voulu se redresser pour prendre la direction de la sortie de la bibliothèque. Je n'allais pas la laisser toute seule dans cet état de panique, surtout si elle est enceinte ! Je me redressa alors automatiquement quand elle essaya de tenir sur ses jambes et je la saisi doucement par le bras, elle semblait fébrile. Je me baissa alors pour prendre mon livre posé au sol et le lui donna. Après quoi, je m'accroupis légèrement devant elle, afin qu'elle grimpe sur mon dos. Je lui lança alors en même temps:

- Je ne vais pas te laisser toute seule dans cet état. Je t'emmène à l'hôpital.

Ils quittèrent alors l'étage sous les yeux surpris de tout le monde ici présent. Drake s'avança vers la table où était situées ses affaires et déposa la jeune femme sur la table, afin de ranger son ordinateur et ses livres dans son sac. Il le tendit à l'adolescente et la reprit sur son dos afin de quitter la bibliothèque pour marcher vers le Parking où sa voiture y était garée.

Je regardais mon sauveur comme si c’était un ange tombé des cieux. C’était inouï de voir que quelqu’un que je ne connaissais absolument pas venait m’aider. Je me laissais faire par le garçon alors qu’il me faisait m’asseoir sur le tabouret qu’il venait de remettre debout. Je tenais à peine dessus. Il me demanda si ça allait. Bha non, mon grand ça va pas ! Je gardais ma main sur mon ventre. J’étais terrorisée et si je l’avais perdu ou qu’à cause de ça il ne soit pas normal ? Je ravalais mes larmes et relevais les yeux vers le jeune homme.

-Non… Ca ne va pas… Je… Je… Je suis enceinte et je viens de me prendre des livres juste à l’endroit où est censé se trouver mon fœtus… Faut que j’aille voir un médecin…, murmurais-je avant de fondre en larmes.

Je cachais mon visage dans mes mains. J’avais honte. Pourquoi je pleurais comme ça ? C’était tellement mieux de ne pas pleurer, de se faire passer pour quelqu’un de froid, de dur, de fort. Je tentais de me relever. Il fallait que je parte et que je trouve le moyen d’aller à l’hôpital. Malheureusement, mes jambes ne me portaient plus et je m’affalais sur le tabouret. J’essayais vainement d’essuyer mes larmes mais elles ne cessaient de couler. Impossible d’arrêter de pleurer. Je n’avais pas autant pleuré à la mort de ma mère. C’était fou ce que le petit être que je portais pouvais me faire ressentir. Je ne savais plus quoi faire, j’étais un peu perdue. Attendez... Je lui avais dit que j'étais enceinte? J'avais osé lui dire que j'étais enceinte?! C'était bon, mon petit secret était grillé. J'espérais que le jeune homme n'en parlerait pas. Je ne voulais pas que les autres élèves du lycée soit courant de ma grossesse. Déjà que un élève c'était déjà un de trop alors si tout le lycée était au courant avant la date fatidique où je ne pourrais plus rien cacher, je serais obligée de changer de lycée.

The weight of the world, will give you the strength to go...

Depuis son arrivée, il y a quelques jours maintenant, Drake avait une quantité astronomique de devoirs à rendre, à faire etc.. Et oui, il fallait qu'il rattrape certains devoirs importants pour valider son année ici. Il avait donc pas mal de travail, c'était certain, mais étant un grand bosseur, cela ne le dérangeait pas. Il adorait étudier, c'était de ces moments où le calme, le silence et l'étude étaient de mises, autrement dit, presque tout ce qu'il aimait le plus au monde. Nous étions mercredi après-midi, Drake se rendait à la Bibliothèque de l'école, afin de pouvoir travailler calmement. Il avait son sac rempli et venait tout juste de quitter la cafétéria de l'école. Il avait bien mangé et c'était bon pour la suite de sa journée ! Il arriva à la bibliothèque et passa devant le registre pour le signer. Il ne faisait pas très beau aujourd'hui, tant mieux, il n'aurait pas envie d'aller courir comme ça. Drake s'avança donc dans le lieu, il y avait pas mal de personne qui étaient venu travailler également. Il s'installa à une table et ouvrit son sac pour en sortir son ordinateur et ses livres. Il commença à regarder les sujets de ses devoirs. Science. Ouais, il commencerait par celui-ci. L'adolescent alla donc sur son ordinateur pour ouvrir le traitement de texte, n'aimait pas l'outil Internet, il prit sa feuille et alla chercher dans le rayon des Sciences, ce qu'il lui fallait. Ca se trouvait à l'étage, il grimpa alors rapidement les marches de l'escaliers et arriva sur la Mezzanine, il regarda par dessus, son ordinateur était toujours là, très bien. Il chercha alors le rayon des sciences et finit par le trouver, il chercha alors des livres sur le sujet dont il avait besoin et alors qu'il venait de le prendre en mains, il entendit un bruit sourd et un petit gémissement. Il contourna le rayon et tomba sur une jeune femme qui était tombée au sol, près d'un tabouret. Elle n'avait pas l'air de prendre sa chute à la rigolade, posant sa main sur son ventre à un près plat, elle avait l'air d'avoir mal, s'était-elle blessée? Drake n'en attendit pas moins et s'avança vers elle, posant son livre près de son corps, il la saisit par le dos afin de l'aider à se relever. Il remit le tabouret debout et la fit s'asseoir dessus, il lui demanda alors:

- Ca va?

Vous avez déjà vécu ce moment de votre vie où vous vous sentez trop petit pour ce que vous voulez faire ? Moi, je ne l’avais jamais vécu jusqu’à aujourd’hui. J’avais des devoirs à faire et ces devoirs nécessitaient de faire des recherches. Vêtue d’un jeans, d’une tunique à motifs ethniques et d’une paire de ballerines, je me dirigeais dans les couloirs jusqu’à la bibliothèque, mon sac se balançant à mon épaule. Je m’installais à une table, un peu en-dehors des autres. Je posais mon sac à la table puis arpentais les rayons. Je connaissais mal cette bibliothèque si bien que j’eu quelques difficultés à trouver ce que je cherchais. Bien sûr il fallu que l’un des ouvrages qui m’intéressais se trouve beaucoup trop en hauteur pour moi. Bon… Il me fallait une échelle ou un tabouret. Tient ! Il y avait un tabouret juste à côté. Je le déplaçais et grimpais dessus… Mince entre trop petite quoique… En fait, il me manquait quelques centimètres. Je me mis sur la pointe des pieds et sentis le tabouret vaciller mais bien sûr je n’en eu rien à faire. Je tirais sur le lourd volume qui vint enfin mais il ne vint pas tout seul.

Le tabouret tomba avec moi dessus tandis que des ouvrages dégringolaient sur moi. Oh non ! L’un des épais volumes tomba pile à l’endroit où se situait mon fœtus. Non ! Je ne voulais pas le perdre ! J’avais mal autant physiquement que moralement. Je ne voulais pas perdre ce petit être qui était blotti dans mon ventre. J’avais du mal à respirer tant j’avais mal. Je voulais pleurer. Je me tournais difficilement. Il n’y avait personne… Génial ! Il fallait que j’aie besoin d’aide quand personne ne regardait !

Bientôt, j’entendis des pas résonner non loin de moi. C’était un garçon. Maintenant, je me fichais bien que tout le monde sache que j’étais enceinte, seule la santé de mon futur bébé était importante à mes yeux. Ce fut à ce moment que des larmes roulèrent sur mes joues. C’était la première fois depuis bien longtemps que je pleurais devant quelqu’un autre que Derek, mon tuteur.