Fix You | Drake &Hope

Drake ne semblait pas inquiet. Tant mieux ! Il s’activa à préparer je ne sais quel plan. Elle le suivit sans rechigner. Il savait gérer les choses, toutes. Il lui avait prouvé. Le jeune homme organisa une fausse mise en scène pour mettre du feu aux yeux des élèves qui venaient de rentrer. Des filles. Hopy baissa les yeux sur le sol. Elle ne voulait pas qu’on la reconnaisse. Pas par honte d’être avec Drake ! Non. Jamais ! Mais à cause de son état…. Elle n’était pas dupe. Certaines personnes s’étaient moquées d’elle récemment. Quand elle marchait dans les couloirs comme un fantôme. Seule.
La stratégie de Drake fonctionna à merveille. Les filles ne posèrent pas de questions et les deux jeunes purent partir tranquillement. En partant Drake lui annonça qu’il rentrait chez lui. Monsieur n’allait pas manger au self… Au moins, il avait une maison qui l’attendait lui. Hope s’attachait les cheveux tout en quittant le gymnase. Un léger silence s’installa entre les deux étudiants. En guise d’adieu, il lui déposa une bise sur la joue. A quoi s’attendait-elle ? Une poignée de main ? Après la soirée et la nuit qu’ils avaient passée… Une bise, c’était correcte. Les attentions qu’il lui portait étaient adorables. Il n’hésita pas à lui rappeler de garder contact si jamais besoin se faisait ressentir. Elle le savait. C’était ancré dans sa tête. Hope avait eu même de longues minutes pour y réfléchir cette nuit.

La radio ne s’était pas trompée. Le temps était beaucoup plus clément aujourd’hui. A croire que l’ambiance humide n’était vouée qu’à cette soirée unique. C’était bizarre… Un peu de magie sans doute. Hope était restée sur place avant de prendre la direction du lycée. Elle voulait passer dans sa chambre, prendre une douche, manger peut-être. Et puis elle irait en cours. Elle essaierait. Peut-être dans l’espoir d’y recroiser Drake, de lui offrir un sourire complice. Ou bien peut-être que lorsqu’elle s’effondrera sur son lit, elle ne pourrait plus bouger du matelas. Elle récupèrerait alors son sommeil, se réveillerait tard, son rythme sera alors complètement chamboulé pour le lendemain.
La blondinette allait bien voir ! Elle ne pouvait pas imaginer ce qui se produirait dans cinq minutes. Un astéroïde pouvait lui tomber sur la tête si elle faisait un pas alors…

Ses yeux se levèrent vers le ciel. Rien. Et c’est à ce moment précis que Drake lui demanda si elle était partante pour un diner avec lui. Sans avoir le temps de réfléchir, la demoiselle s’entendit répondre :

« Oui, pourquoi pas ! Tu m’envoies un texto pour me dire où on se retrouve…»

Elle lui avait même sourit ! Mais ? C’était un rencard ? Ou simplement un nouvel ami qui veut fortifier ce lien ? Ou bien… Des tas de questions virent à son esprit. Alors qu’elle marchait, le sac sur l’épaule, en direction de l’école. Devrait-elle s’habiller d’une certaine façon ? Quel type de tenue serait le plus raisonnable ? Le plus présentable ? Le plus normal ? Où voulait-il l’emmener ? Avait-il des intentions ? D’ailleurs pourquoi s’était-il mis derrière elle, les mains sur les hanches pour la mise en scène dans la salle de danse ? Pourquoi ne pas simplement lui prendre la main ? Qu’aurait dit Warren ? Aurait-il vu ça comme le secours qu’elle lui avait offert ? Etait-ce un schéma répétitif ? Pourquoi tout s’était brisé lorsqu’elle avait parlé après le frôlement de leurs lèvres ? Pourquoi Drake semblait-il l’avoir si mal pris ?

Et ça n’arrêta pas.

Quelqu'un voulait entrer dans salle de danse, Drake regarda la jeune femme et lui fit un signe de la main comme pour lui dire de ne pas s'inquiéter. Il lui prit son café et les posa sur le sol, il donna un coup de pied dans leurs affaires et prit Hope par la main pour la faire se lever. Il l'entraîna sur la piste et se positionna derrière elle, posant ses mains sur ses hanches, elle était dos à lui. C'est à ce moment que les gens entrèrent dans la pièce. Un groupe de filles, peut être les Cheerleaders? Drake et Hope les regardèrent et elles lancèrent en posant leurs sacs:

- On avait réservé la salle, vous avez finit?
- Ah oui, pas de soucis, on vous laisse la place!

Drake sourit à Hope et la fit avancer vers leurs sacs, chacun y rangea ses affaires alors que les demoiselles prenaient place dans le studio. Drake attendit Hope et ils quittèrent la salle de danse ensemble. Il lui lança alors d'une voix douce:

- Je vais rentrer chez moi..

Il laissa un blanc s'installer. Il la regardait, elle était vraiment très jolie. Après un long moment, ils s'approchèrent l'un de l'autre et là, il déposa un tendre baiser sur la joue de la demoiselle. Après quoi, il la salua en lui signalant qu'au moindre soucis, elle pourrait le joindre. Alors qu'il avançait vers le parking, son sac sur l'épaule, afin de rentrer chez lui, il se tourna pour l'appeler:

- Hey Hope! Ca te dirait qu'on dîne ensemble vendredi soir?

La nuit fut plutôt mouvementée. Un coup Hope avait froid et se serrait un peu plus contre le jeune homme. Un coup elle voulait bouger mais ne trouvait pas de positions plus confortables. Elle s’était même réveillée en sursaut à un moment sans savoir pourquoi. Ce fut au moment où le jour avait commencé à se lever, la blondinette avait chaud. Au point d’en être presque en sueur. A cause d’un cauchemar sans doute… Elle retira son haut naturellement, regarda le soleil se lever. Ses paupières finirent par se fermer à nouveau dans l’ambiance orangée d’un début de matinée. Ce fut une nuit longue et très peu reposante. Quand Hopy ouvrit les yeux, se fut pour contempler les petites particules de poussières qui régnaient sur le parquet. La lumière du jour les mettait en évidence. La belle resta là un moment avant de se relever. Elle battit plusieurs fois des paupières pour s’habituer à l’environnement éblouissant de la salle. Il faisait jour. Et cette fois-ci complètement. Hope enfila le t-shirt qu’elle avait abandonné dans la nuit. Drake n’était pas là. Il ne l’avait pas abandonnée puisque ses affaires étaient toujours présentes. Il était sans doute allé aux toilettes, ou bien chercher quelque chose dans sa voiture, passer un coup de fil… D’ailleurs, la jeune demoiselle alla vers son sac pour trouver son portable. La journée était bien entamée. Les cours avaient commencé. C’était étonnant qu’on ne les ait pas encore virés du bâtiment. Et ça ne tarderait sans doute pas. Après tout, si on lui tombait dessus, là, tout de suite… Elle devait avoir une mine affreuse ! Hope se tourna vers les miroirs. La réponse fut à la hauteur de ce qu’elle s’était imaginé. Des cheveux gonflés par l’eau et sans doute bourrés de nœuds. La peau pâle et les yeux légèrement rougis. Sa gorge était sèche et ses lèvres irritées. Elle ferait sans doute peur à la personne qui entrerait dans la pièce. On la prendrait pour une squatteuse avec son t-shirt trop grand et sa serviette étendue sur le sol.

Quand la porte s’ouvrit, la demoiselle sursauta. Elle scruta attentivement le visage qui allait apparaître. Drake. C’était simplement Drake. Il lui tendit un café qu’elle accepta volontiers. Il était encore un peu trop chaud pour être avaler. Elle attendrait un peu. La blondinette leva les yeux vers le jeune homme.

«C’est la deuxième fois que je te fais louper des cours… Je suis vraiment une mauvaise fréquentation ! »

Elle lui offrit un petit sourire. Ils feraient mieux de partir au plus vite avant que… Avant qu’un professeur n’arrive et ne leur demande des comptes… Hope ne croyait pas si bien dire ! La poignée de la porte tourna doucement. Mais personne ne semblait vouloir rentrer. Comme si elle leur laisser le temps de s’échapper en vitesse par la fenêtre. Comme si elle hésitait.
La jeune fille regarda Drake. Que faire ?

Et le matin sonna...

Drake fut réveillé par la lumière du jour et des bruits, des cris, à l'extérieur. Le jour était commencé depuis un petit moment, l'agitation régnait à Wynwood, même s'ils se trouvaient encore dans le gymnase. L'adolescente dormait toujours, sur le ventre et c'est à ce moment là qu'il vit qu'elle était à moitié nu, ses cheveux blonds en pagaille, elle était ravissante. Drake frotta ses yeux, il avait grand mal au dos. Le sol était vraiment loin d'être produit pour dormir dessus! Il se redressa et s'assit alors, passant sa main dans ses cheveux épais, il se grattait la tête en même temps. Il se leva et commença à s'étirer et à étendre son dos afin de faire passer la douleur, non, rien n'y ferait, il allait devoir attendre de se recoucher pour que ça passe. Il n'avait pas cessé de se réveiller, un coup trop froid, un coup trop chaud, un coup un de ses membres lui faisait mal.. bref, une nuit agitée et pas vraiment réparatrice. L'adolescent s'avança vers ses vêtements à présent secs et enfila son tee-shirt. Un magnifique soleil entrait dans la salle de danse ce matin. Il regarda l'heure de son téléphone, onze heures vingt sept. Il avait loupé tous ses cours de ce matin. Bon..

Il rangea alors ses affaires et les laissa la, ne prenant que son porte feuille, il sortit du Gymnase, croisant quelques personnes, il s'avançait vers un des bâtiments où il pourrait prendre des cafés. Il paya son dû et retourna de là où il venait. Il ne se souvenait pas bien de la soirée, étrange.. il se souvint juste qu'ils avaient dansé, qu'ils étaient sortit dehors, que leurs lèvres s'étaient frôlées et puis ensuite, ils avaient du s'endormirent sur le sol, comme ça... il n'était même pas sûr d'avoir correctement entendu ce qu'ils s'étaient dit avant de dormir, rêve ou réalité?...

Il revint dans le Gymnase et s'aperçu que l'adolescente venait tout juste de se réveiller, elle s'était juste assise. Il lui sourit alors faiblement et lui lança un petit "Bonjour" sympathique avant de venir lui tendre un des deux cafés fumants. La question du "tu as bien dormi?" pouvait être ejectée étant donné qu'il connaissait déjà la réponse...

Drake l’invita à se coller à lui, sous prétexte qu’elle serrait malade. Bon, elle pouvait se chercher toutes les excuses au monde, ça, elle ne pouvait pas le refuser. La musique fut coupée alors que le jeune homme passait son bras autour d’elle. Hope respira calmement. C’était bien mieux comme ça. Même si c’était loin du confort d’un lien. Le parquet était dur, il lui torturait le dos. Elle ne pensait pas réussir à fermer l’œil à cause de ça. Le jeune homme lui lança qu’au moins, ce soir, elle ne serait pas seule. C’était bel et bien vrai. Cette réalité était plutôt rassurante. La blondinette redoutait le jour où on viendrait lui annoncer l’arrivée d’un nouveau colocataire. On lui demanderait alors si elle connaissait la famille du jeune homme, pour les contacter et qu’ils viennent chercher ses affaires. Il n’en avait pas. Enfin si, elle. Hope Gibson. Elle ferma les yeux un instant. Elle ne voulait vraiment pas que l’on vienne chambouler sa chambre. Que quelqu’un dorme sur son lit. Qu’on dépose de nouveaux vêtements, une nouvelle odeur…
Drake lui conseilla de pivoter, pour qu’ils se mettent tous les deux sur le côté. Il avait le chic pour la tirer de ses idées noires. Elle obéit. C’était une position plutôt gênante pour deux personnes qui se connaissaient à peine. Mais Hopy n’y pensait pas vraiment. Elle ressentait simplement la chaleur du garçon. Il enroula son bras autour d’elle, la rapprochant un peu plus. Ils n’étaient qu’un cocon. Deux êtres se réchauffant. Encore un signe d’entraide. Même si elle avait l’impression d’être bien plus glacée que lui. Hope sentait le souffle du jeune homme dans sa nuque. Elle pouvait imaginer son corps contre le sien…

« Depuis que tu m’as ramassée dans ce couloir j’ai l’impression que tu ne me laisseras jamais seule…»

Le sommeil était tombé lourdement sur la demoiselle. Comme si, d’un coup, toute sa force s’évaporait. Il ne fallait pas qu’elle ferme les yeux ! Il ne fallait pas qu’elle ferme les yeux ! Sinon, il serait impossible de résister à l’attrait du sommeil. Trop tard.

« T’es incroyable…»

Ces mots se faisaient plus lents. Et finalement plus rien ne sortit. Une pente glissante l’entrainait dans les profondeurs de l’obscurité. Drake pouvait parler, elle ne l’entendait plus vraiment. Même la pluie s’était presque faite silencieuse.
Trop rapidement, Hope s’endormit. Sans lutter. Sans rien broncher. Juste le sommeil.

Drake comprit que la jeune femme se trouvait à côté de lui. Elle venait de le rejoindre, calmement, en silence. Il avait le bras (du côté de Hope) qui était derrière sa tête, sur ses cheveux. Le sol paraissait atrocement dur mais avec sa chance d'être un homme, il se réchauffait plutôt vite. L'adolescente venait de déposer sa serviette en guise de couverture, sur eux. Il laissa un léger "Merci" retentir, alors qu'il finit par l'écouter parler. Elle était donc de Londres? Une Européenne? C'était plutôt sympa ça! Drake avait toujours rêvé d'aller un jour en Europe, en faire le tour, voir l'Angleterre, la France bien sûr, l'Italie, l'Espagne, la Grèce... Il sourit faiblement puis entendit la jeune femme frémir. Elle devait être complètement gelée à l'entendre. Elle était recroquevillée sur elle même, à côté de lui. L'adolescent déplia alors son bras de dessous sa tête et invita la jeune femme à se coller contre lui, il n'hésita pas à lui lancer:

- Viens par là, tu vas tomber malade

Elle ne rechigna pas et vint se coller contre lui, elle était glacée, oh my God! Drake frémit légèrement à son contact. Il passa son bras autour d'elle pour la réchauffer un peu plus puis attrapa son téléphone pour couper la radio. La pluie commença alors à se calmer, leur laissant un peu de silence, le jeune homme sentit la fatigue l'envahir. Il lança alors à l'adolescente:

- Au moins pour cette nuit tu ne seras pas seule.

Il aurait voulu la questionner sur Londres, voir si elle venait bel et bien de là-bas, mais il n'en fit rien, il la laissait peut être explorer ce sujet d'elle-même, ne voulant pas la brusquer. Puis Drake lui proposa de se mettre sur le côté, il pourrait alors lui faire part plus facilement de sa chaleur, se collant contre son dos, il fit passer son bras autour d'elle. C'était sûrement dans cette position que la plupart des couples s'endormaient mais voilà, ils n'étaient pas un couple. Il ferma les yeux, écoutant la douce voix d'Hope, sentant le sommeil venait frapper contre son corps...

Drake lui dit qu’elle n’avait pas besoin de s’excuser avant de s’asseoir au sol. Il était torse nu. Il devait avoir froid. Il n’était pas le seul si c’était le cas ! Hope tremblait légèrement. Il faudrait qu’elle se change. Ça serait sans doute plus simple. Et moins risqué. Garder des vêtements mouillés sur soi est la pire des solutions. Le jeune homme avait fini par se coucher sur le parquet. La blondinette avait fini par quitter les yeux de son t-shirt pour le regarder. Son regard, adapté au noir, parvenait à distinguer les formes de son corps. C’était comme dans un film en noir et blanc. Tout avait une allure plus mystérieuse. Les ombres, les gestes, les formes…
Lentement les mains de la demoiselle prirent le bas du tissu qui la recouvrait et le remonta. L’atmosphère silencieuse était pesante. Il y avait du bruit mais pas de parole. Un type annonçait la météo. Demain il ferait un peu plus beau. La pluie battait les carreaux à un rythme qui ne variait pas. Le froissement des vêtements de la blondinette venait se rajouter à tout ça. Elle avait vu que Drake regardait le plafond mais ne savait pas si c’était toujours le cas. Par pudeur, elle aurait dû se retourner. Mais elle avait froid. Elle roula sa serviette en boule et s’approcha à quatre pattes du garçon. Elle se coucha là, juste à côté. Une distant d’un bras les séparait. Hopy s’était mise dans la même position que lui. Elle avait toujours froid, si ce n’est pas plus. La faute à son pantalon. Le retirer aurait sans doute été déplacé. Hopy se contenta de pivoter sur le côté. Elle observait le lycéen. Sa respiration calme, l’ombre de son nez, le contour de sa bouche. Il devait être encore plus glacé qu’elle. Alors, avec la plus grande lenteur qui lui ait été donnée, la blondinette se rapprocha. Juste à côté de Drake. Presque collée à lui. Elle enleva sa serviette de sous sa tête pour la déposer sur eux. Elle n’était pas mouillée. Enfin un petit peu à cause de sa chevelure, mais Hope se réserva se côté de l’essuie. Pour avoir également un oreiller, la demoiselle fit comme son nouvel ami. Elle se posa sur le sac. C’était rudimentaire, mais déjà ça. Une technique de survie veut que dans le froid, les corps se collent pour apporter une certaine chaleur à l’autre. Bon, tout aurait été plus simple, s’ils avaient regagné leurs chambres directement. Mais ce n’était pas pareil. C’était différent, ici. Comme si le plafond pouvait leur apporter une vision incroyable. Comme si la radio pourrait les bercer jusqu’à les endormir. Ensemble. Malgré tout. Pas de coussins à l’odeur d’un défunt. Pas de chambre bourrée de souvenir. Juste une nouvelle personne sur qui compter. Une personne qui pourrait comprendre.

« C'est toi que j'aime et ça ne changera jamais. »

C’était comme s’il venait de lui murmurer ces quelques mots à l’oreille. Warren. La voiture. Orlando. Le soleil. Une déclaration.

« Alors... dans ma tête c'était clair... Je ne devais plus m'attacher à personne. J'avais trop peur de perdre à nouveau. […]Tu m'as changé, tu m'as fait redevenir celui que j'étais et jamais je ne voudrais te perdre. J'en survivrai pas. […] C'est toi que j'aime et ça ne changera jamais. »

Il avait eu besoin d’elle. Elle l’avait sauvé. Elle l’avait fait revenir à la surface. Elle lui avait permis d’être ce qu’il était vraiment, au fond. Et si Drake faisait pareil. Et s’il était celui qui la ferait revivre. Qui lui ferait oublier l’image terrible qu’elle avait à chaque fois qu’elle fermait les yeux le soir…

« La pluie me manque. Les intempéries de Londres me manquaient, je m’en étais pas rendue compte mais c’est sûr maintenant. Je me souviens quand j’étais toute petite, je regardais l’eau s’écraser contre ma fenêtre. Je restais des heures et des heures. Mon père finissait par venir me chercher, il m’emmenait au lit. Mais je continuais de regarder la fenêtre. J’imaginais l’eau courir sur mon corps. Cette liberté qu’elle a. Elle peut débarquer n’importe quand. Elle dégage cette odeur magique, elle vous montre sa force comme sa douceur. Elle vous transperce. Elle vous amène un petit bout d’ailleurs. Londres me manque. »

Aucune idée du pourquoi ces paroles-ci étaient sorties de sa bouche. Elle n’y avait pas réfléchit à l’avance. Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle venait de ruiner sa couverture. Aucune réflexion. Son cerveau était déconnecté. Comme si le plafond avait réussi son but. Il l’avait ensorcelé. Ou bien était-ce encore à cause du regard de Drake. Lui et ses yeux… Comment arrivait-il à la faire sentir si sereine ?

Ils étaient revenu, un silence les envahissait, la musique passait, mais c'était comme si ça n'avait plus du tout le même sens, ni la même perceptilité. Drake était torse nu, il se rendit alors compte que non, il ne faisait plus vraiment chaud ici. Il avait sécher ses cheveux et son corps et avait disposé sa serviette et ses tee-shirt de façon à les faire sécher sur les barres de danse. Hope s'excusa pour l'avoir emmener dehors, ce n'était ça qui l'avait le plus perturbé. Non. Drake finit alors par répondre, d'une voix rassurante:

- Ne t'excuses pas pour ça, ce n'est rien

C'est vrai, ce n'était rien, un moment de folie passager, comme lors de leur petite danse en plein milieu de la salle, il n'y a pas pas moins d'une heure. Drake regarda l'heure d'ailleurs, il était bien tard, ils avaient cours demain, fallait-il qu'il rentre se coucher? Non, au fond, il savait très bien qu'il ne pourrait pas laisser l'adolescente toute seule ici, comme ça, surtout après ce qui s'était passé. Il finit alors par s'asseoir sur le sol et puis finit carrément par s'y allonger, la tête reposée sur son sac à dos, il voyait le plafond. Il faisait presque totalement noir, il n'y avait plus que la musique et le bruit de la pluie en bruit de fond. Plus personne ne parlait. Drake ne savait plus comment réagir. Il savait que s'il partait quand même, Hope n'aurait plus totalement confiance en lui.

Qu'est-ce qui avait dérapé? Qu'est-ce qui avait soudainement arrêté cette magie du à cette étrange soirée? Il ne le savait pas, le savait-elle? Aucune idée, il fallait peut être juste attendre? Attendre... laissez faire le temps... comme pour la douleur d'Hope. Oui c'était ça...

Crac. Bruit de verre qui explose au sol. La magie du moment venait de s’effriter en mille morceaux. Et c’était irréversible. La pluie tombait encore mais de façon moins incroyable. C’était devenu une simple pluie, froide, humide, violente. Il n’y avait plus rien d’incroyable dans cette action. Tout avait perdu de son charme. Les yeux de Drake n’avaient plus la même lueur. Il lui dit qu’elle n’avait pas à s’inquiéter. Que c’était juste accidentel. Elle le savait. Mais c’est tout cet univers qui la faisait vibrer. Cet univers désormais envolé. Le jeune homme s’était éloigné. Il tenait la porte du gymnase en attendant qu’elle rentre. Hope avait le souffle coupé, elle était glacée. Mais elle resta tout de même un instant sans bouger. Un pas. Ce n’est pas compliqué de faire un pas ! Pourtant ses pensées la bloquaient. Elle lui disait de reculer, de courir, de pleurer, de s’excuser, de pleurer, de courir, d’aller se coucher. Son cerveau allait bien trop vite. Ce fut une forte rafale de vent qui la poussa à entrer. Heureusement. Drake n’était plus le même. Une fois dans la salle, il reprit une serviette et en donna une à la blondinette. Cette dernière essora ses cheveux. Tremblante, Hopy préféra serrer ses bras contre sa poitrine. Sa tête rentra imperceptiblement dans ses épaules alors que son regard azur était fixé sur le garçon. Il enleva son deuxième t-shirt. Et resta ainsi.

Si elle réfléchissait bien, elle avait son sac de sport elle aussi. Elle l’avait vidé tout à l’heure. Elle s’en souvenait très bien. Elle avait réussit à en sortir une barre chocolaté. Il y avait dedans un t-shirt trop large et froissé, une serviette, des chaussons de danse, une vieille bouteille d’eau à moitié remplie et des tas de petites babioles utiles.

La musique continuait de passer à la radio. Tout à l’heure, dans sa folie, Hopy l’avait oublié. La radio et ses musiques qui ne conviennent jamais. La demoiselle prit son sac, qui était resté à un mètre de la porte. Elle revint lentement vers Drake. Il fallait qu’elle dise quelque chose. Il fallait qu’elle rompe ce silence gênant. Son sac retomba au sol. Elle s’accroupit, sorti la serviette et le t-shirt. Ce dernier passa d’une main à l’autre. Ses yeux étaient rivés sur lui quand elle lança :

« Désolée, de t’avoir emmené dehors. Je sais pas trop ce qui m’a pris.»

Ne pas le regarder, trop honteuse. Dans pas longtemps, Drake lui dirait qu’il allait partir. Elle resterait seule, avec son paquet de mouchoir. Elle revivrait chaque minute de cette soirée. Et peut-être qu’elle s’endormirait. Seule. Triste. Honteuse. Comme d’habitude…

Hope semblait totalement affolée par ce léger contact entre leurs lèvres. Etait-il à ce point repoussant? Peut-être, mais il fallait avouer que la situation était aussi légèrement glauque. Elle venait de perdre le garçon qu'elle aimait, apparemment follement et la situation pourrait démontrer que Drake profitait de cet instant de fragilité, ce qui était faux, mais bon. Drake essuya son visage de l'eau qui y coulait puis essaya de se faire entendre au dessus du bruit de l'eau, il tenta d'expliquer:

- Nous n'avons rien fait Hope, c'était un simple contact accidentel, ne te mets pas dans de tels états.

Il essaya de la rassurer mais la situation le mettait franchement mal à l'aise, ils n'avaient rien fait de mal et pourtant, il se sentait obligé d'excuser cet accident. Non, il n'avait pas à le faire et ne le ferait pas. Il pouvait comprendre qu'elle se mette dans un tel état suite au malheur qui venait de la frapper, mais c'en était aussi blessant pour le jeune homme, qui ne préféra rien dire. Il prit seulement la direction du gymnase et y entra, tenant la porte à la jeune femme, il attendit qu'elle veuille bien entrer à l'intérieur. Là, il prit la direction de la salle de danse, pourquoi ce moment devait-il être gâché? Il fallait peut être qu'il rentre chez lui à présent. Ils étaient tout les deux trempés. Drake prit alors une serviette dans son sac et en tendit une autre à Hope afin qu'elle puisse se sécher également. Passant la serviette sur ses cheveux, il ne tarda pas à retirer son maillot, il n'avait plus de rechange maintenant, il allait devoir rester en pantalon, super.

Ses bras s’étaient placés naturellement autour de la nuque de Drake. Elle était complètement trempée. Et lui aussi. C’était comme si un ouragan était en train d’ensevelir Miami. Hope avait froid. Elle était gelée. Ses cheveux lui collaient au visage, ses vêtements aussi. Mais elle n’était pas la seule. Progressivement elle se rendait compte de la folie qui l’avait menée ici. Aussi progressivement que sa descente vers le sol. Doucement. Lentement. Il n’y avait plus que lui. Son regard. Ce fameux regard. Elle ne pourrait dire combien de seconde s’écoulèrent. Ils étaient là, leurs visages étaient si proches… Leurs corps se touchaient. C’était comme s’ils s’unissaient pour faire face aux éléments. Plus rien n’existaient. Il n’y avait qu’eux. Eux et l’eau. Eux et le vent. Eux et la folie. Eux en un simple regard.

Drake vint délicatement retirer les mèches blondes qui lui obstruaient le visage. Ce geste fut aussi naturel que le sourire qui l’avait précédé. Le temps s’arrête. Malgré l’eau qui faisait barrage, Hope ne voyait que lui. Chaque passerelle de son visage, chaque trait, chaque pore, chaque mouvement de muscles. Doucement, elle se sentit redescendre sur Terre. Si lentement qu’elle pu sentir son corps glisser contre celui du jeune homme. Ça aurait pu être très sensuel. C’était sensuel. Terriblement. Leurs lèvres respirèrent le même air avant de venir se frôler. Une caresse. Douce et chaude caresse. Le cœur de la blondinette fit un bond. Comme s’il avait soudainement sursauté. Son cœur s’affolait, tendit que son cerveau cherchait à la faire revenir à la raison. Mais aucun ne parvint à faire quoi que ce soit.

Les pieds d’Hope étaient ancrés sur le sol, sa bouche était à moitié ouverte tandis que sa respiration tentait d’effacer les secousses qui la prenaient. La demoiselle tentait d’effacer le bourdon qui s’acculait dans ses oreilles. Le simple battement de son cœur, trop rapide.
Hopy contempla Drake un instant. Ses mains virent rejoindre celles de garçon. Elle les serra. Pas trop fort. Juste ce qui faut. Son contact était si réel… Tout aurait pu être une simple hallucination. Une histoire que ce serait créé son cerveau après être tombé dans les vapes. Là, elle ouvrirait les yeux, contemplerait Drake qui lui dit qu’elle lui a fait peur. La pluie aurait cessé de tomber. Tout aurait des allures moins irréelles.
Pourtant ses mains la tenaient toujours. Il respirait, il la regardait, il l’observait. Hope était perdue. Elle ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Elle se contenta de regarder le ciel. De tourner avec Drake.

« Je suis folle… Qu’est-ce qu’on fait là ? Qu’est ce qu’on a fait ? »

Question à laquelle, elle connaissait la réponse. Mais elle ne savait que faire. C’était le seul mot qu’elle avait pu tirer de son chapeau. Piètre magicienne !

►

La jeune femme l'avait entraîné dehors, sous la pluie et avait cru retrouver ses sens le temps de ce porté. Elle avait sûrement du avoir un peu peur, étant donné ses questions juste avant d'enfin se laisser aller. Drake n'avait pas bronché, il l'avait laissé faire, il l'attendait là, sous la pluie, il n'y voyait plus grand chose, mais il restait concentré. Il ne fallait absolument pas qu'il la loupe, non. Elle se mit alors à courir vers lui et à sauter, il plaça ses mains sous sa taille et la souleva, prenant appuie sur ses jambes et ses genoux, il tendit les bras autant qu'il le pu. C'était toujours très dur à faire ce genre de figure, tout était dans la force des bras et on ne peut pas dire par quel miracle, le porté fut réussi. Elle ne tomba pas et le risque n'apparut même pas. L'adolescent ne dit rien, l'eau coulait toujours sur lui, sur eux. Lentement, il commença à fléchir ses bras, elle passa ses bras autour de sa nuque et glissa son corps contre celui de l'adolescent. Leurs vêtements se frottèrent les uns aux autres, trempés. Les cheveux de l'adolescente vinrent tomber sur le visage de Drake, il avait les yeux à moitié fermé, mais il pu voir l'expression sur le visage d'Hope, elle semblait revivre et il ne pu s'empêcher de lui sourire. Un sourire discret mais totalement franc quand même. Il avait ses bras sous le fesses de l'adolescente et restèrent un long moment comme ça, à se regarder d'une façon fusionnelle, puis il réussit à libérer une de ses mains afin de venir retirer les cheveux de l'adolescente, pouvant l'admirer entièrement. Il ne voulait pas la brusquer, surtout pas maintenant, alors après un long moment, il la fit redescendre et c'est à cet instant que leurs deux visages, trop près, de frolèrent également. Plus précisément, leurs lèvres. Elles se frolèrent, se touchèrent même, cet instant fut lent et doux, quelque chose de tendre, naturel et de surprenant. Puis Hope se retrouva sur le sol, tenant sur ses pieds, face à Drake. La pluie tombait toujours sur eux, de façon torentielle, mais c'était un moment étrange, la pluie cachait l'environnement, l'école, les arbres, le ciel, il n'y avait plus rien mis à part eux deux. Juste eux deux. Juste elle & lui.

Bon ok, elle retirait tout ce qu’elle avait pu dire ou penser. Drake était doué. Le clou du spectacle ? Un salto arrière. Pourquoi les gars faisaient tous ça ? Enfin pas en général, juste ceux qu’elle côtoyait dans l’univers de la danse… Hope se souvenait de sa rencontre avec Wyatt. Un danseur. Il avait fait la même chose. Ce petit saut. La blondinette était incapable d’en faire autant. Bon, elle pouvait sauter et faire un grand écart ou bien un Y. Mais pas de figure si acrobatique. Peut-être qu’elle apprendrait un jour…
Sa bouche était à peine entrouverte. Ses yeux étaient béats. La demoiselle ne savait que dire. Elle qui pensait être tombée sur quelqu’un qui n’y connaissait rien. Elle s’était plantée. Il avait des connaissances et un charisme. Son sourire. Oui, ce sourire. C’était incroyable à regarder. Il aurait fait un bon professionnel, en plus d’être un bon ami.

« Essayons un porté, élances-toi, je te rattrape.»

Pardon ? Un quoi ? Un porté… Mais bien sûr ! Hopy n’était pas sûr du résultat. Elle arqua un sourcil en observant Drake. Ok, elle venait de dire qu’il était plus doué qu’il en avait l’air. Mais un porté ? Avec les risques que ça peut provoquer… Chute. Cheville foulée, voir cassée. Une simple erreur. Un mauvais placement de main. Un écart. Un manque de force. Une mauvaise impulsion... Il y avait beaucoup de choses qui entraient en jeu. C’était une confiance donnée au partenaire mais aussi à soi-même. Il fallait qu’elle réussisse à croire en ce qu’elle allait faire pour ensuite donner du crédit aux gestes du jeune homme.

« Tu en as déjà fait, au moins ? »

Elle ne le lâchait pas du regard. Le générique de la radio se fit entendre et rapidement une nouvelle chanson débuta. Aussitôt Hope reprit en secouant la tête.

« Ne réponds même pas, j’ai pas envie de savoir… »

Ça risquerait de lui foutre encore plus les jetons. Elle se recula tout en expliquant à voix haute ce qu’elle allait faire. Prendre une distance raisonnable, courir de façon à avoir de l’élan. Une, deux, trois, quatre foulées. Elle fléchirait les genoux et se propulserait du sol, les bras tendus. Bon. Tout le monde était au courant. S’il se passait quelque chose dans les prochaines minutes, ils pourraient savoir ce qui avait fauté. La demoiselle se retourna. Elle n’avait qu’à faire la diagonale de la salle, rapidement. Son pied droit glissa en avant, pointe en direction de Drake. Son bras droit en fit de même, alors que l’autre se relevait en arrière pour former un angle d’un peu plus de 90°. Le menton de la demoiselle se releva. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle était définitivement folle. Elle avait perdu la raison. Ou bien c’était cet ensorcellement qu’il avait fait avec ses yeux. Folle. Il fallait tout de même qu’elle parte. Bouger. Ce fut plus compliqué qu’elle ne le penser. Et… Un…Deux… Trois… Quatre… Quoi ? On devait partir à trois ? Cinq…. Tant pis… Six… Go ! Huit…. Et puis merde ! Elle fit un pas, puis un deuxième, puis un autre.

Hope s’arrêta d’un seul coup. Juste avant d’arriver devant Drake. Tant qu’à être folle. Autant réaliser un rêve, non ? Faire comme dans les films. Sortir de cette salle de danse, imaginer la plus belle des musiques romantiques. Quelque chose de lent au piano. Imaginer qu’elle le retrouver sur le quai d’une gare. Qu’il était parti. Qu’elle l’attendait. Bref. Tout oublier un instant.
La demoiselle attrapa la main du jeune homme et l’entraina avec elle. Elle couru. Elle partait vers l’extérieur. Un sourire enfantin s’affichait alors sur son visage. Elle perdait la raison. Une fois dehors elle se retourna vers Drake et lui lança :

« Reste là, tiens-toi prêt ! »

Sur ce, elle couru sous la pluie. Elle n’avait pas vraiment demandé son avis au lycéen et elle espérait sincèrement qu’il comprendrait. Elle avait perdu la raison et voulait s’échapper. Elle se retourna enfin, fit plusieurs tours sur elle-même, les bras grands ouverts, avant de revenir dans la position qu’elle avait dans la salle de danse, une minute plus tôt. Elle respira un grand coup et se mit à faire de longues foulées en direction du jeune homme. Il était devenu la seule chose qui existait dans le monde de la danseuse. Le seul point. Le soleil. Le centre de l’univers. La lumière à suivre.

Puis le porté fut réalisé. Parfait. Magique. Incroyable. Les paupières de la demoiselle battirent plusieurs fois pour chasser les gouttes d’eau qui ruisselaient sur son visage. Qu’est-ce que c’était bon ! Lentement, Drake la fit redescendre sur Terre. Sur la pointe des pieds, elle pu se retrouver en face du visage du garçon. Sa lumière.

La pub avait mit fin à leur petite boom organisée. Drake se dirigea alors vers son sac pour boire un peu d'eau puis fut dérangé par l'adolescente qui le demanda de lui montrer quelques mouvements. Il sourit un peu gêné puis commença quelques vagues mouvements de Break qu'on lui avait apprit à l'époque où il trainait dans les rues. Il fit quelques mouvements avec ses bras et ses jambes puis après ça, il enchaîna sur un salto arrière et s'arrêta là dessus, souriant et attendant qu'elle lui fasse une remarque. C'était obligé qu'elle allait le charrier. Car oui, aux premiers abords, on ne pourrait pas penser ça de Drake, mais il restait un jeune homme très ouvert malgré tout! Le jeune homme resta donc face à la jeune femme et finit par lui dire en se pinçant le nez:

- Essayons un porté, élances-toi, je te rattrape.

Allait-elle oser le faire? Après tout, ce genre d'accrobatie demandait beaucoup de confiance dans son partenaire, alors, en cette période de sa vie, oserait-elle le faire? Sans s'en rendre compte tout les deux, ils étaient en train de suivre le schéma d'une thérapie.. Des petits entraînements basés sur la confiance, sur les débats, sur une entente afin de construire quelque chose ou plutôt, de reconstruire quelque chose.. Drake devrait faire dans la psychologie, c'était certain, il avait un réel don naturel pour ça!

La soirée prenait une tournure inattendue. Une bonne tournure. Un peu de légèreté, ça ne fait de mal à personne. Surtout pas au cœur de la demoiselle. Elle parvint à effacer de sa mémoire la symbolique de la chanson. Jude. C’était le nom du premier amour de Warren. Elle se souvenait encore quand il lui avait demandé pourquoi elle n’était pas arrivée dans sa vie plus tôt. Trois ans plus tôt. Mais… Bref. Ne pensons pas à lui. Si elle recommençait, elle sentirait encore se vide en elle. Et c’était la dernière volonté de la blondinette. Alors Hope chanta. Elle alla même jusqu’à rire, légèrement, presque silencieusement, quand Drake accentua le côté rauque. Il avait vraiment un timbre intéressant. Il pouvait certainement jouer de toutes les nuances dans les graves. Il avait de la justesse. Et ils continuèrent ainsi, même quand une nouvelle mélodie commença. C’est fou les tubes que pouvait passer cette radio !

Drake se leva. Sans prévenir. Comme ça. Il lui tendit des mains. Et puis, évidemment, le rythme accéléra. Il n’était pas un incroyable danseur mais c’était trop à le voir bouger la tête de droite à gauche. Ses épaules tentaient de suivre la pulsation. C’était complètement tordant. Hope sautait d’un pied à l’autre, les genoux fléchis. Elle garda une des mains du jeune homme dans la sienne pour tourner sur elle-même. Un sourire commençait à s’installer sur son visage. Elle répétait de temps à autre certains mots de la chanson, mais préférait laisser ce rôle à Drake.

Puis comme toute bonne radio qui soit, il y eu la coupure pub. Une petite pause bien méritée. Ils venaient de se faire quatre chansons, soit presque vingt minutes. Le temps était soudainement passé rapidement. C’en était soulageant. Comme libérateur.

« Montre-moi tes mouvements un peu ? Je pense qu’on pourrait améliorer tout ça ! »

C’était un ton moqueur qui était sorti de la bouche de la demoiselle. Un ton léger. C’était la Hope qui charriait. Elle refaisait un peu surface. Elle montrait le bout de son nez. Tout ça à cause de Drake… Quel sort avait-il réussit à lui jeter ?

♪

La chanson qui passa ensuite fut encore plus triste que la première, mais pas moins belle. Hope se laissa aller à quelques notes pour enfin se remettre à chanter totalement. C'était une chanson triste et Drake fut surprit que la voix de l'adolescente ne flanche pas. Après cette magnifique chanson, ce fût un des plus grands classiques du dernier siècle : Hey Jude des Beatles. Aus premières notes de la chanson, Drake reconnu l'air et apparemment Hope aussi. Ce petit jeu était vraiment agréable, ça mettait presque de bonne humeur pour tout avouer. Drake voyait que la jeune femme commençait à se sentir un peu mieux. Elle commença à chanter sur le début de la chanson qui était plutôt calme, il vint alors chanter avec elle en duo puis quand la deuxième partie de la chanson commença, Drake se laissa aller à casser sa voix pour l'effet ROCK N' ROLL ce qui eu le don de faire presque rire la jeune femme. Enfin, elle riait légèrement, sûrement pour ne pas le froisser dans son orgueil, seulement Drake se fichait un peu de son orgueil pour être honnête. Il était tel quel, point barre. Sans chichis. Ils commencèrent alors à s'agiter légèrement, bougeant leurs bras au rythme de la musique et commençant à sourire même pour le jeune homme. Cette musique était d'une beauté rare, tellement enivrante, tellement joyeuse dans l'air et la mélodie, ça donnait envie de bouger dans tous les sens, sans réel mouvement ni rythme, juste balancer son corps au rythme presque sauvage de cette chanson absolument AUCUNEMENT vieillie par les années. Puis, ce fût le tour de cette musique de passer sur les ondes. Drake la reconnu immédiatement aussi et se mit à chanter le début, puis, avant que l'air ne devienne vraiment entraînant, il s'était levé, tendant la main vers Hope afin de l'entraîner sur le milieu de la piste de danse afin de se défouler un peu. Le noir régnait magistralement et le bruit de la pluie résonnait toujours, pourtant, on distinguait encore quelques ombres et bientôt, les deux jeunes gens étaient en train de nous faire un remix de Rock acrobatique raté. Haha. Hope se laissait aller et il était TRES SURPRENANT de voir Drake en faire autant, il ne remuait pas son popotin, mais bougeait la tête, le haut du corps tout en continuant à chanter. L'ambiance était au rendez-vous et c'était beau à voir. Un moment précis, inattendu, magique.


(HAHAHA j'adore trop, comment ça part xDD et au fait, j'ai créé les groupes sur tu sais quoi x) ♥)

the girl with the broken smile

Austin. Il venait d’Austin. Ville du Texas. Elle ne la connaissait pas vraiment, elle savait juste que c’était dans le même Etat, à un peu plus de trois heures de route de Dallas. Dallas. Le nom de la ville résonnait dans sa tête. Hope revoyait le trajet dans la voiture de Warren. Ils avaient été chez lui. Ils avaient beaucoup parlé, des choses importantes de la vie. De leur vie. De leur avenir. D’un possible mariage. D’une vieillesse faite à deux. La blondinette s’était même dit qu’elle irait bien y vivre. Elle aurait appris à monter à cheval. Le couple aurait construit une nouvelle maison sur le terrain du jeune homme. Il aurait enfin pu vivre chez lui.
Puis elle se remit en tête le retour. On ne peut pas s’octroyer une semaine de vacances sans qu’il y ait de conséquences ! Il fallait qu’ils rentrent au lycée. Et puis, il aurait fallu des explications. Ils en avaient prévu. Ils savaient pertinemment ce qu’ils allaient faire en arrivant. Ils ne se souciaient plus vraiment de ce qui pourrait se passer. Ils voulaient vivre ensemble. C’était tout. Ils voulaient profiter de chaque instant de la vie. Puis au retour… Un accident sur la route. Un bruit sourd. Du verre. Partout. Le sol et le ciel s’était mélangé. Le métal de la voiture s’était contracté autour des deux corps heureux. Ils s’étaient tenu la main. Puis. Trou noir.

Hopy aurait pu refaire ce filme inlassablement. Par chance, Drake la tira de sa rêverie. Il avait sortit les petites enceintes blanches et les avait branchées à son portable. Une chanson était en train de passer à la radio. La blondinette ne la connaissait pas du tout. Le jeune homme chanta les paroles. C’était comme s’il lui parlait. Elle l’écouta, attentivement. Elle se concentrait sur ses mots, sur la forme de sa bouche quand il les prononçait. Et il la prit contre lui. Il l’encerclait, d’un bras. Habituellement, une proximité soudaine peut faire sortir l’instinct de défense qui sommeille en vous. Mais Hope ne broncha pas. Elle ne cligna même pas des cils. Non. Elle avait confiance. Drake avait su lui démontrer de façon très claire, qu’il était la personne la plus qualifiée pour l’aider. Il était celui qui l’accompagnerait jusqu’à ce qu’elle aille mieux. Et peut-être plus. Et surtout, il le faisait sans arrières pensées.

Il la berçait. C’était comme un grand frère, un ami, un père, un protecteur. Il était là à essayer de lui faire penser à autre chose. Il n’avait pas une tête de chanteur. Il ne ressemblait pas au garçon qui monte sur une scène pour se lancer dans une musique enflammée. Quoi que, cette idée fit sourire Hopy.
La chanson changea. Celle-là, elle la connaissait ! Pourquoi est-ce que cette station de radio ne passait que des musiques douces, tristes, ou amoureuses ? De toute façon, la plupart des grandes chansons parlent d’une rupture ou d’une rencontre amoureuse.

La blondinette attendit la deuxième partit du premier couplet pour laisser sa voix envahir la salle de danse. Elle aurait rêvé d’avoir sa guitare et de passer une soirée comme ça. Il ne manquait qu’un bon feu de camp. Pas sûr que le parquet apprécie…

Drake fut presque content d'apprendre qu'elle n'étais pas originaire de Miami, ils avaient déjà ça en commun. Il sourit faiblement et finit par lui dire:

- Je vis ici depuis un peu moins de dix ans, mais je suis né à Austin, au Texas.

En disant ces derniers mots, il avait baissé la tête et tourné les yeux vers l'adolescente, il avait bien retenu le fait que Warren? était mort sur la route du trajet pour s'y rendre... Elle ferait alors le rapprochement et un tas de souvenirs reviendraient.. Le jeune homme arrêta alors un peu de parler, puis prit son téléphone et les enceintes de la jeune femme. Pourquoi vouloir mettre de la musique alors qu'il adorait le silence? Peut-être pour chanter parfois sur certaines chansons.. histoire qu'elle se sente à l'aise et qu'elle affronte concrètement certains souvenirs avec sa passion, en direct. La première musique qui passait à la radio fut du célèbre groupe Pearl Jam, Yellow Ledbetter. Cette chanson parle d'une rupture, d'un échapatoire, d'une fuite et surtout, d'une prise de conscience. Drake se laissa alors à chanter quelques phrases, de sa voix toujours grave et rauque. Il ne savait pas trop quoi dire, quoi faire, la pluie tombait toujours et est-ce qu'Hope était prête à se retrouver seule ce soir? Allaient-ils passer la soirée à parler et chanter et puis s'endormir là, comme deux ivrognes qui se coupent du monde le temps d'une soirée? IL ne manquait plus qu'une bouteille de vin et ça aurait été parfait. Drake, sans réellement se poser de question, passa son bras autour des épaules de l'adolescente pour la faire venir un peu plus contre lui, chantant toujours, il la vit en train de sourire, bon signe non?

Drake lui donna trois barres chocolatées. La blondinette en ouvrit une et croqua. Elle ne savait pas quoi dire de plus. Elle se contentait donc de manger et d’observer les faits et gestes du garçon. Celui-ci s’assit le long d’un mur. Elle ne tarda pas à l’imiter. Toujours en train de manger. Ça faisait un nouveau son dans la salle. Les deux jeunes ne disaient rien. Hopy se contentait de regarder droit devant elle et de faire bouger sa mâchoire. Le jeune homme brisa le silence. Est-ce qu’elle venait de Miami. Une simple question. Quelque chose de futile. Un truc pour faire la conversation. Mais il y avait tellement de sens pour Hope derrière ces quelques mots. D’où venait-elle ? Était-elle Hope Blackwood la sœur d’Heaven, fille d’une prostituée logée dans un quartier sensible de Los Angeles ? Ou bien Paige, l’anglaise débarquée avec son léger accent londonien ? Ou bien Lucy, la fille timide qui vient d’emménager en Virginie. Devait-elle encore cacher Pearl devant Drake ? Devait-elle se faire passer pour celle qu’elle n’est pas ? Trouver un mensonge et le mener jusqu’au bout était fatigant. Elle mangea rapidement une bougée, comme pour éviter le moment où elle devrait répondre. Mais plus les secondes passaient, plus le silence était pesant et louche. Alors, le plus tôt possible, Hope répondit :

« Non, du tout. Mais j’ai appris à connaître cette ville. »

Et hop. La vérité !

« Et toi ? »

Entendre quelqu’un parler. C’était sans doute mieux. Comme ça, elle n’aurait pas à se creuser la tête. Et puis elle sentait qu’elle aurait pu balancer n’importe quoi ce soir. Et si elle le faisait, elle risquait gros. Une couverture, des mois de préparation, et une soudaine liberté. Depuis qu’elle était devenue Hope, elle n’avait plus besoin de faire attention où elle mettait les pieds. Elle était certes une personne créée de toutes pièces. Mais qui irait vérifier ? A part être un espion. Ou quelqu’un de terriblement curieux… On pourrait peut-être remarquer que certains faits ne collent pas dans son histoire. Que son acte de naissance est falsifier et que les registres de la maternelle ne le recense pas. Mais personne de normal n’irait chercher aussi loin. Tout comme personne n’irait vérifier la tombe de Paige. Bref. Il fallait qu’elle arrête de penser et qu’elle se concentre sur Drake. Le beau Drake. Le gentil Drake. La personne la plus attentionnée qui soit dans ce lycée.

Elle avait faim, c'était bon signe. Drake s'accroupit alors pour chercher dans son sac des petits trucs à manger, bingo! Il avait des barres énergétiques suédoises au chocolat, qui aidait à prendre un peu de poids. Il lui en sortit donc trois et les lui tendis gentiment. Après quoi, il s'assit le long du mur, non loin de leurs sacs et étala ses jambes devant lui, la pluie tombait encore lourdement sur les vitres, la lumière se faisait rare voir inexistante. Drake prit donc son téléphone où régnait une application produisant de la lumière et le mit sur le sol, ça ne faisait pas grand chose mais bon... Après quoi, il regarda la jeune femme l'imiter. Le silence régnait dans la salle de danse et contre toute attente, c'est Drake qui le brisa avec cette question:

- Tu viens de Miami?

Drake avait-il envie de connaître encore plus l'adolescente? Apparemment oui, puisqu'il n'était pas du genre à poser un tas de question, quand il le faisait, c'était vraiment par envie. Non mais il fallait bien l'avouer, la jeune femme avait quelque chose qui touchait Drake, une réelle sensibilité et puis même, elle répondait très bien à sa façon d'être, de penser et d'agir, pour une fois. C'était une chose rare, le fait qu'il s'entende bien avec quelqu'un alors autant en profiter non? IL savait au fond de lui qu'ils pouvaient bien s'entendre, c'était déjà le cas, quelque chose les reliait. Quoi? Aucune idée, mais il y avait une connexion entre eux, depuis le jour où il l'avait relevé dans ce couloir. Il lui avait tendu une main, proposé une oreille attentive et une épaule pour pleurer et ça, ces gestes là plutôt, n'étaient jamais sans conséquences. Ils étaient proches, tout en ignorant beaucoup de choses sur l'un et l'autre. Mais ce n'était pas ça le plus important, non, aux yeux de Drake, ce qui comptait, c'était qu'il ait pu l'aider d'une façon ou d'une autre et ça, il continuerait à le faire. Hope avait un petit quelque chose de spécial, quelque chose qui attirait Drake, sans qu'il ne s'en rende encore compte et qui le faisait rester à ses côtés. Il se sentait bien avec elle, il n'avait pas besoin de faire d'efforts, pas besoin de combler les vides, elle le faisait pour lui, comme s'ils se complétaient l'un et l'autre en fait. Mais tout ça, dans l'ignorance, c'était comme si tout ça était naturel...

Drake s’écarta un peu. Il resta là à ne pas bouger huit secondes. Oui, elle les avait comptées. Pourquoi ? Simplement parce que… En fait, elle n’en avait aucune idée. Hope s’était tout d’un coup imaginée dans ses films. Vous savez ceux qui peuvent avoir un compte à rebours. Plus qu’une minute avant la fin du monde. Et il y a toujours ces moments où le temps ralentit. Et c’est dans ces moments où le temps est compté que les héros font une pause. Comme s’il n’y avait plus de problèmes soudainement. Dans ces films, une seconde de ce temps virtuel pourrait être multiplié par dix s’il était transposé dans la réalité. Bref. Tout ça pour dire qu’il la regarda huit seconde avant d’aller vers son sac. Hopy laissa tomber le sien au sol. Il s’écrasa, là, à ses pieds. Elle regardait attentive ce qui faisait le jeune homme. Il retira son t-shirt. Il s’était retourné. Comme par pudeur. C’était mignon.

«Me remercie pas, c'est normal, sauf que presque tout le monde semble l'avoir oublié..»

« Oui, c’est sans doute ça… Les gens vivent tous chacun dans leur coin. »

Ce monde est égoïste. Et il avait fallut qu’elle tombe sur une des rares personnes qui ne suit pas cette norme. Cette absurdité.

« Tu me donnes un peu de chocolat ? »

Histoire de ne pas retomber dans les pommes. De ne pas se refaire mal à la tête. Elle avait une bosse d’ailleurs. Elle avait peut-être saigné. Ce n’était pas important. Elle prévoyait de manger un peu et d’emporter Drake dans une danse. Si tout se passait normalement.

Elle voulait sentir que quelqu'un était là pour elle, que quelqu'un était là. Sentir sa présence à côté d'elle, son corps fort et chaud, sentir une odeur, entendre la respiration, sentir le poids d'un corps à côté d'elle pour la rassurer. Oui, c'était l'une des choses les plus rassurantes au monde, il fallait l'avouer, en tout cas pour les jeunes filles sûrement. Drake ne s'attendait pas trop à ce qu'elle vienne se blottir contre lui, mais il ne refusa pas cette étreinte. Il était trempé par la pluie et elle était collante d'un fil aspect de transpiration, elle semblait être chaude, mais glacé à la fois. Drake passa alors ses bras autour de la jeune femme, la retenant contre lui, la collant contre son corps. Il sentait qu'elle renforçait son étreinte à nouveau, il fit alors de même. Il avait le nez dans les cheveux de la jeune adolescente, ça sentait la fraise! C'était un parfum simple et en même temps totalement enivrant. Leur câlin dura un long moment, un long moment durant lequel l'adolescente acquiesça ses paroles et aussi, qu'elle le remercia. Elle n'avait pas besoin de le faire, vraiment pas. Drake finit par se recula d'un pas et constata que la jeune femme avait des traces d'eau sur elle. Rien de bien méchant, mais de toute façon, sentir le chien mouillé et avoir des fringues mouillés n'était pas le top, il s'avança alors vers son sac où se trouvait un tee shirt de rechange et enleva le sien, se tournant afin de ne pas heurter la jeune femme, il enfila son maillot de Football US des Cannonballs. Après quoi, il se tourna de nouveau vers Hope et lui répondit:

- Me remercie pas, c'est normal, sauf que presque tout le monde semble l'avoir oublié..

Sa main avait enfin trouvé la poignée de la porte. Elle était glaciale. Comme le regard dur du jeune homme. Hope le savait. Elle savait pertinemment qu’il trouverait les mots pour détruire chacune de ses phrases. Comment réussissait-il à faire ça ? Comment pouvait-il avoir tant de convictions et de foi ? Il avait cette confiance en elle. C’était horrible à dire mais il y croyait plus que la blondinette elle-même. Il la secouait. Il tentait de la réveiller. Est-ce que ça fonctionnait ? Certainement. Aucune idée. Tout ce que voulait faire Hopy c’était pleurer, encore. Ils avaient déjà parlé de la vie et du destin à leur première rencontre. Il avait réussit à la convaincre. Comment faisait-il pour qu’elle croie à tous ses mots ? Pour qu’elle boive chacune de ses phrases comme si c’était la vérité. Une vérité tombée du ciel. Un faisceau douloureux mais nécessaire qui s’abat sur elle. Violent. Dur. Brutal.

La demoiselle serrait plus fort la poignée métallique. Elle en aurait certainement la marque incrustée dans sa paume. Mais elle n’y prêtait pas attention. Hope se contentait de le regarder et d’empêcher des larmes de couler. Il continua. Et il parla de Warren. Drake ne le connaissait pas, mais il avait raison. Son texan aurait eu honte. Il l’aurait secouée. Il l’aurait prise par les épaules et l’aurait regardée droit dans les yeux. Il n’aurait sans doute rien dit mais son simple regard aurait suffit. Oui, il serait déçu. Oui, il voudrait qu’elle bouge. Mais elle se sentait paralysée sans lui. On l’avait privée d’oxygène. Et Drake était là, il tentait de la réanimer. Il lui faisait un bouche-à-bouche mental. Il ne restait que de choix à Hopy. Soit elle se laissait aller et refusait l’aide du garçon. Soit elle se battait. Il faudrait effacer toutes les parts d’obscurité qui avaient envahies son paysage. Il faudrait qu’elle oublie la présence des fantômes jusqu’à les oublier. Se serait sans doute un combat difficile. Mais il n’était pas perdu d’avance. Drake était de l’autre côté du champ de bataille. Il l’appelait. Il était là pour soigner ses blessures. Mais il était surtout présent pour honorer une victoire. Pas une défaite.

Prendre les armes. Accepter les problèmes. Faire des erreurs du passé une arme. A quoi servaient les mots dans ce genre de situation ? Que pouvait-elle répondre ? Toutes les phrases qu’elle tentait de construire ne tenaient pas la route. Elles n’étaient pas à la hauteur. En fait, la jeune fille ne savait pas comment exprimer ses pensées. Elle ne savait pas non plus comment agir.
Alors Hope se contenta de fixer ses yeux dans ceux de Drake. C’était un regard désespéré, perdu, vulnérable. Elle fit un pas et l’encercla de ses bras. Elle le serrait fort. La blondinette aurait été dans sa chambre, elle aurait récupéré ce fameux oreiller et serait restée en boule. Elle se serait blottie autour de lui. Mais elle n’était pas dans sa chambre. Non. Elle était ici, dans ce gymnase vide. La nuit était tombée, la pluie continuait de battre les carreaux des vitres. Elle avait besoin d’une présence. Hopy se collait donc au garçon. Sa tête était venue dans le creux des épaules de Drake. Ses yeux étaient fermés. Elle sentait son parfum léger, l’odeur de sa peau. Des mèches de cheveux venaient lui chatouiller le visage. Elle retenait ses larmes.

« Je sais. »

Elle resta là. Sans bouger. Elle était bien. Son cœur retrouvait progressivement un rythme normal. Ou presque. Elle avait envie de se laisser aller mais n’y parvenait pas. Son sac lui brûlait l’épaule.

« Merci. »

Merci d'être là. Merci de tout essayer. Merci d'être dur, brutal. Merci de dire la vérité. Merci d'ouvrir son cœur. Merci de vouloir la protéger. Merci de penser à son bien-être. Merci de savoir la regarder ainsi. Merci de la traiter comme ça. Merci d'essayer de la sauver. Merci d'être là, vraiment.
Sa voix était coupée. Drake n’avait peut-être même pas entendu. La pluie continuait. Il faisait froid. Drake était froid. Il était mouillé. Et elle, elle s’en foutait royalement. Elle se serrait contre lui. Elle le faisait peut-être même suffoquer. Ce n’était pas un oreiller après tout… Lui il respirait, Hope pouvait sentir son souffle chaud sur sa peau. Elle pouvait également distinguer chacune de ses inspirations, quand son torse se soulevait lentement.

« Tu es trempé…»

Comme une évidence. Pourquoi avait-elle dit ça ? Pour passer à autre chose ? Pour continuer à se préoccuper d’un autre ?

A sa première réplique, Drake eu envie de la secouer dans tous les sens pour la réveiller, pour lui ouvrir les yeux sur ce qu'elle disait. Elle était perdue et ça se ressentait dans ses propos, elle disait ne plus avoir la force de se battre, pourtant, elle continuait de le faire, dans la vie, se battre, appeler à l'aide, suivre les conseils, tout ce qu'elle disait n'avait aucun sens, elle se perdait dans ses paroles si bien que l'adolescent ne tarda pas à prendre la parole:

- Hope! Réveilles toi là! Ca suffit maintenant! Tu as le droit à tous les espoirs du monde! Ce n'est pas de ta faute ce qu'il s'est passé, tu m'entends? Tu n'as pas le droit de vie et de mort sur une personne, tu n'as aucun pouvoirs maléfiques, tu n'as pas non plus de malédiction, tu es humaine, tu es toi, tu es Hope et tu n'as simplement pas eu la chance, c'est malheureux à dire, mais c'est la vérité. Ce sont des stupides coïncidences tout ce qui a pu arriver, tu n'as rien à voir là dedans! Tu ne dois pas te sentir coupable et te le faire payer en ne désirant pas t'en sortir. Tu fais tout pour cela, alors chasses ses stupides pensées de ta tête, car ça ne te mènera nul part, mis à part à la fin d'un gouffre duquel tu ne ressortiras pas!

L'adolescent plongeait ses yeux clairs dans ceux de la jeunes femme, elle avait les yeux brillants, humides, comme si elle allait fondre en larmes. Il avait été trop dur? Tant pis, il était comme ça, c'était son genre de dire les choses sans pincettes, il fallait la réveiller, ce n'était plus possible de la laisser penser ce genre de choses. Et ça, il continuerait de le faire, toujours.
Hope s'en voulait d'être toujours en vie, mais penser ça était la pire des choses. Penser que l'on aurait mérité la mort à la place d'un autre, c'est une réaction normale et humaine quand c'est un de nos proche oui, mais c'était horrible de penser ça quand même. Elle s'en voulait tellement, elle était tellement persuadée d'être la fautive, Drake ne la lâchait pas du regard il prit alors la parole:

- Ne t'en veux pas d'être vivante à la place de ton ami, Hope. Il est partit oui, mais s'il te voyait tu crois qu'il serait fier de voir que la personne qu'il a aimé réagit pareil, crache sur la vie alors que lui, c'est elle qui lui a craché dessus? Tu crois que c'est un bel hommage pour sa mémoire? Non. Et même pour toi, c'est dégradant. Tu dois vivre, continuer à te battre et à affronter la vie et ses coups bas et ce, jusqu'à ce qu'ELLE décide d'en finir avec toi. Tu es à son service et c'est tout. Des choix, tu en auras des centaines à faire tout au long de ta vie, tu en feras toujours des mauvais comme aussi des bons, c'est bien de se rendre compte de ses erreurs et de tirer des conclusions de tout ça pour s'améiorer, mais ne te rends pas coupable de fautes auquelles tu n'y es pour rien. Ne t'en veux pas d'être en vie et profites justement de cette chance.

Drake fit une pause puis continua alors:

- Et ne t'en fais pas pour moi, vraiment pas. Alors oui, on peut mourir à tous moment, il pourra toujours se passer quelque chose qui fera que nos plans se modifieront mais est-ce que c'est une raison suffisante pour s'empêcher de les vivre et de les faire, ces choses là?

Elle était sur le bon chemin. Son sac sur l’épaule gauche, ses baskets enfilées en vitesse, Hope n’avait plus qu’à passer la porte. Il valait mieux arrêter cette soirée maintenant. Elle irait se coucher, regarderait le plafond de sa chambre, les yeux grands ouverts. Incapable de dormir, elle irait sur le matelas de Warren et serrerait son oreiller comme s’il était humain.
Drake l’empêcha d’ouvrir à nouveau la porte pour sortir. Il l’obligea à pivoter sur elle-même. Les seuls mots qui sortir de la bouche du jeune homme furent les paroles d’une chanson. Feeling good. Elle la connaissait également. Comment ne pas connaître ce monument de la chanson qu’avait fait Nina Simone ? Y avait eu de nombreuses reprises. Des biens et des moins bien. La demoiselle s’y était déjà essayée à une période. C’était lointain tout ça… C’était bizarre d’entendre à nouveau ses paroles. Hope les avait comme oubliées. De plus, elle n’avait pas imaginé que Drake puisse chanter. Il était dans une bonne tonalité, ne faisait pas de fausses notes. Il était juste.

A quoi bon résister ? Après un bref soupire, Hopy prononça la suite des paroles. C’était comme si on la forcer à entrer de force dans un bain bien chaud et mousseux. Un truc auquel on ne peut pas résister. Leurs deux voix emplirent la salle. Il y avait un léger écho et la pluie servait de fond sonore. C’était beau. Un duo réussit.
Ils avaient fait le tour des paroles. Le nuage, sur lequel Drake avait embarqué la demoiselle, se reposa doucement. Avec un sourire il lui dit que les malédictions n’existaient pas. Certes, ce n’était peut-être pas le mot qui convenait parfaitement. Mais Hope y croyait quand même. Elle vivait fiasco sur fiasco. Mais ce n’était jamais elle qui en payait le prix fort. C’était toujours celui qui prenait le risque de l’approcher.

« Si tu me laissais essayer? »

Pourquoi a-t-il dit ça ? Pourquoi veut-il ça ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi la fixait-il avec ses yeux là ? Il la paralysait. Elle ouvrit la bouche. Elle savait que tout ce qu’elle trouverait à lui répondre ne conviendrait pas. La blondinette avait la nette impression qu’il trouverait un contre argument à chacun de ses dires. Drake la contrerait, ne l’écouterait, ne prêterait pas attention à ses avertissements. Il était déterminé. Oui, c’était ce que son regard disait.

« On me l’a dit pleins de fois que je trouverai le bonheur. Et c’est arrivé. A chaque fois un bon chevalier venait me sortir de ma noyade. A chaque fois. Puis cette personne disparait. A chaque fois. Et donc je me retrouve seule… Et tu veux que ça recommence ? Que je ressorte encore la tête de l’eau ? Combien de temps ça va durer ? Combien ? Je veux y croire, mais j’ai bousillé tout mes espoirs ! C’est pas une coïncidence si je m’appelle « Hope » ! »

Elle s’emportait un peu trop. Les nerfs sans doute… La demoiselle faillit en dire trop. Mais elle se reprit. Ses paupières se fermèrent un instant pour souffler et enfin reprendre :

« Partir ? M’éloigner de Miami ? Je reviens d’un fabuleux voyage. Un magnifique voyage qui m’a menée au Texas. Un moment si inoubliable que j’en ai perdu la personne qui était la plus précieuse à mes yeux. Celui qui a tenté de m’aider, qui a essayé de me rendre heureuse... Comme ça, devant mes yeux, il est parti. Pour toujours. J’y étais. J’aurais pu mourir durant ce voyage ! Mais non… Non il faut que je sois en vie ! Il faut que je continue de vivre. Pour redresser la tête et faire semblant ? Pour attraper la main de quelqu’un, me sentir bien et détruire sa vie à lui aussi ! Mais bien sûr les malédictions n’existent pas… Je fais toujours les mauvais choix, les mauvais actes…»

Ne pas pleurer, ne pas pleurer. Ne pas s’énerver. Ne pas frapper. Ne pas tomber au sol. Ne pas crier. Se calme. Et surtout ne pas pleurer. Son cerveau tentait de retrouver un peu d’ordre. Il fallait surtout qu’elle efface ses tonnes d’images emmagasinées. Et puis partir, honteuse. Elle devait mettre la main sur cette foutue poignée !