Wynwood University
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 [LIBRE] Douleurs fantômes.

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MessageSujet: Re: [LIBRE] Douleurs fantômes.   [LIBRE] Douleurs fantômes. EmptyLun 11 Juin 2012 - 15:18


    En fait, je te regarde.

    Tes yeux fermés, symbolisme, étrangeté, douceur. Lorsque ma main te touche, tu tressailles, ouvre tes yeux pleins de sommeil. Mais tu ne me vois pas. J’observe quelque chose de nouveau sur toi, quelque chose que je ne regarde que trop peu lorsque mes yeux te scrutent. C’est cette émotion étrange que je ne retrouve que parfois, un soir, un matin, sous le regard fermé de tes paupières closes. Tu ne me vois pas, mais mes rêves n’ont pour peuple que ton visage et ta voix, les tiens mon sourire, peut-être, je ne le devine pas. Parfois, tu me regarde. Et je me tais, seulement. Je me tais, et je te laisse faire quand, gênée, ton regard se plonge sur mon âme, seulement. Rien de plus. Tu me dis que je suis belle, mais je n’arrive toujours pas à te croire. Car je songe que seulement, tes yeux sont un voile de perfection au travers duquel tu n’arrives pas à passer. La Perfection. C’est toi. Pas moi. Mais si je te regarde, je ne vois qu’à travers le miroir la douceur flottante de tes mains, de ta bouche. Ce soir, tu ne me vois pas. Tu ne me regardes pas. Allongée, je songe, un instant, à toutes ces choses que je n’arrive pas à te dire. Que je garde pour moi, auxquelles je repense lorsque j’ouvre la boîte à trésors, seule, lorsque tes rêves ne sont que les émotions profondes de l’instant, que tu ne m’observe pas. Je me contente de ce moment caché, dans ton inconscience profonde, lorsque tu n’es plus avec moi, mais avec tes rêves. Je ne peux pas te dire les sentiments cachés, enfouis, dans la profondeur de mon innocence, dans l’espoir, dans la détente, de savoir que chaque jour que Dieu fera, sera auprès de toi, à cet endroit, seulement toi, et moi. Malgré les cris et les pleurs, malgré la haine et la colère, malgré le ressentiment, parfois, je ne vois que ce visage endormi qui ne comprend pas pourquoi ma main le caresse. Qui ne s’en rappelle pas, au matin, qui ne se souvient pas de cette démonstration de tendresse, cachée, enfouie, un petit secret que je ne partage qu’avec moi-même, les larmes aux yeux, en tête à tête avec un ange. En fait, je te regarde. Quand ton sourire n’est plus que le reflet invisible de ce bonheur que je connais depuis déjà longtemps, toujours, peut-être. Je ne sais pas ce qu’il m’arrive, ni pourquoi j’écris, pourquoi je pense, pourquoi je parle. Mon être tout entier est plongé dans ce bonheur immature d’une enfant qui a rencontré le prince charmant. Tu diras ce que tu désire de toi. Tu penseras ce que tu veux de tes réactions, de tes manières, de tes manies, manœuvres, jamais tu ne pourras te voir comme moi je te vois. Comme je t’ai toujours vu. Comme j’ai vu cette personne, là, sur le quai de la gare, qui m’a laissé miroiter ce doux rêve, cette douce sensation d’être une princesse, pour la première fois de ma vie. Je me suis sentie belle. Mais c’est toi, toi seul, qui me rends belle. Sans toi, il n’y a qu’une fille qui se perd dans un monde un peu trop grand pour elle. Tu es mon ombre, mon inconscient, ma moitié, mon rêve, celui qui me tient la main, qui sourit, qui s’agace puis pardonne, tu es celui qui fait de mes rêves un trésor, un charme, une douceur, un monde nouveau. Un plongeon dans la sincérité, dans un sentiment que personne ne comprend, car personne ne peut mettre un véritable nom dessus. Ce n’est pas de l’amour, de l’attachement, de la passion, ni de la tendresse. C’est un peu tout à la fois. C’est ces larmes qui perlent dans tes yeux quand, le casque vissé sur les oreilles, tu écoutes un chant, et que ton regard se porte sur la personne avec qui à présent, tu partages la vie. Quand il ouvre doucement les yeux, le temps d’un sourire, avant de replonger dans un sommeil profond. Ce seul sourire tendre. Me laisse comprendre que tu ne m’oubliera jamais, et qu’il n’en est qu’à moi de ne pas te trahir, te blesser, te faire de mal. Je t’aime. Comme je n’ai jamais aimé personne. Je t’aime, quand à travers tes yeux je vois ce reflet de moi, cette fille que tu as choisie. J’ai encore du mal à comprendre pourquoi. Pourquoi moi. Pourquoi moi seule, pourquoi une fille comme moi, tellement différente de toi. Pourquoi moi. J’aimerais tellement me montrer à la hauteur. Je voudrais te dire tout ça, mais je n’y arrive pas. Alors je me tais, et je te regarde. J’écris les seules choses qui peuvent entraver mon esprit.


    Ce soir tu ne me vois pas. Mais moi, je rêve.

    Encore et encore.

    Ta main serrée contre la mienne me donne un nouveau regain d'énergie, et je me prends à jouer le jeu de celle qui te redonnera espoir et confiance. N'aie pas peur, je ne suis pas un monstre. Seulement l'illusoire impression que tu peux être quelqu'un de meilleur. Ecoute moi.

    "Tu te rappelle de Kity ? C'est moi qui l'ai tuée, en voulant protéger ma fille. Pour accepter, je suis allée sur sa tombe. Et ça m'a fait du bien."

    La pluie joue le rôle de la consolatrice muette, qui m'efface de tous mes maux, et j'aimerais qu'elle fasse la même chose pour toi. Ne t'en fais pas. N'aie pas peur. Il y a encore des gens qui ont besoin de toi. Ce souvenir de Pollo, muet, me laisse entendre que quelqu'un a besoin de moi, et je vais l'aider.

    "Tu dois accepter leur perte, et aller de l'avant. Ton fils a besoin d'une mère joviale et heureuse. Sinon il souffrira de ton abandon. Va leur dire au revoir. C'est la seule chose à faire."

    Je te tourne vers le ciel noir, qui pleure avec nous. Arrête. Il est temps de tirer un trait sur le passé. Ne te laisse pas envahir. Tu dois être celle qui sera forte. Tu es bien plus que ce que tu crois être.

    "Je t'aiderai, s'il le faut."

    Oui, pour lui. Pour ton frère. J'aiderais cette soeur qui souffre. Une nouvelle occasion de rédemption. Je te le jure, je ne te ferai pas de mal, fais moi confiance. Ne lâche rien, n'abandonne pas. La vie vaut vraiment la peine d'être vécue.

    Encore, un espoir ténu de vivre.

    Si seulement c'était vrai, tout ça.



[pardon c'est court T.T mais j'ai tout perdu la première fois, je ferais mieux après.]
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MessageSujet: Re: [LIBRE] Douleurs fantômes.   [LIBRE] Douleurs fantômes. EmptySam 19 Mai 2012 - 16:14

J’admirais Eva, je l’admirais pour son courage et sa capacité à tourner la page. J’étais faible face à elle, je comprenais pourquoi Pollo avait aimé cette femme. Parce qu’elle était différente, elle était différente des autres. Elle était atypique et possédait quelque chose que les autres n’avaient pas. Que je n’avais pas. Je ne la connaissais pas, ou que très peu, la voix s’amusait souvent à la citer dans ses ramassis de conneries, mon frère m’avait parler aussi un peu d’elle. Je n’en savais pas plus, j’avais seulement su à mes dépens que c’était une jeune femme plus ou moins colérique et qui ne maîtrisait pas vraiment ses émotions. Cette histoire était une affaire classée.

Elle avait changé, elle ne ressemblait plus à la personne que j’avais croisé dans les couloirs du lycée. En même temps notre rencontre datait d’un peu moins d’un an, j’étais enceinte de quatre mois quand je l’avais rencontré et aujourd’hui Aaron avait six mois passés. Elle était loin la petite Heli qui parlait tout juste Anglais.

Une étrange sensation s’empare de mon être. Un frisson désagréable parcoure mon échine de par en par, une chair de poule saisit mon corps, je serre plus fort mon fils contre mon corps, mon cœur. Je regarde cet être incandescent Eva brille d’une lueur nouvelle, parfaite, imaginaire. Elle était différente cela ne faisait aucun doute. Mes yeux se ferment lentement, je m’avance vers cette aura rassurante. Une aura ardente, brûlante. J’avale ma salive légèrement mal à l’aise de la voir si proche et pourtant si loin. Mes yeux tombent sur son ventre rebondi. Je ne savais pas qu’elle était enceinte, mais après tout que savais-je sur cette fille? Pas grand-chose. La voix parlait d’elle c’est sûr mais qu’Est-ce qui était faux et vrai dans ses inepties?

Ses yeux se posent sur moi, des yeux qui dégageaient une certain empathie à mon égard. Oui elle devait me comprendre après tout elle avait perdu son amant, celui qu’elle aimera toujours. Pollo mon frère si tu nous regardes. Regardes comme elle a changer, regarde là me tendre la main. Sois fière de ta maîtresse, de celle que tu as aimé avec déraison. Que tu dois toujours aimé ou tu te trouves. J’espère que tu vas bien grand frère. J’espère que tout va mieux ou tu te trouves.

Avec une certaine réticence je m’avance vers celle qui me tend sa main. Celle qui ne te pleurera plus. Celle qui tourne une page si facilement sans même regarder en arrière. Regardes-moi, regardes comme je suis faible grand-frère. Tu n’es plus et te pleurer ne servira à rien, cela ne te ramènera pas, je le sais, mais la tristesse s’est emparée de mon être tout entier. Je n’arrive même plus à profité des petits bonheurs que la vie nous offre. Tu me manques grand frère, comme me manque Chase et comme Alfred me manque.

Je prends la main qu’elle me tend. Mes doigts serre la sienne. Je regarde sa fille, tellement mignonne. L’eau fait partie du décor, j’suis mouillée de la tête au pieds mais par rapport à ma tristesse ce n’est qu’un petit obstacle futile. Près de la rambarde, je regarde le vide qui m’attire irrésistiblement vers ce béton noir comme mon esprit, qui n’arrive même pas à trouvé une petite étincelle de chaleur. L’air est chaud, bien trop chaud pour la pluie qui l’accompagne. Elle est belle et radieuse. Elle est forte. Elle fixe un point invisible au loin comme si elle voyait autre chose. Mon regard suis le siens, je ne vois que des buildings à perte de vu. Le ciel est noir, l’eau rebondis sur les toits des immeubles. Le soleil n’est même pas là. Des bruits de voitures. Mais une petite note reste dans l’aire, la dernière note de sa chanson.

Sa voix me surprend, mais je ne le fais pas voir, ma main toujours dans la sienne, sa peau me brûle. Elle me fait voir à quel point je ne suis qu’un petit être faible. Mon âme est tellement petite contrairement à celle d’Eva. Je regarde toujours au loin ce qu’elle essaye de me faire voir. Mais rien je n’vois rien. Ses paroles sonnent comme un écho dans ma tête. Je réfléchis à ses dires. Mon fils me regarde puis regarde la femme qui me tient la main. Il sourit. Un sourire que je n’arrive même pas à lui rendre. Je devrais hurler? Crier mon désespoir et ma tristesse. Je veux bien mais comment faire quand notre voix c’est éteinte en même temps que la mort des êtres qui nous sont chers.

J’inspire profondément et expire bruyamment. Des larmes incontrôlées ruissellent le long de mes joues. Mais je réponds, je réponds à cette femme, à cette mère, à cette âme. La voix nouée.

- Je n’peux pas. Je ne peux pas tirer un trait sur le passé. Ils sont morts, mon grand frère est mort et mon meilleur ami aussi. C’est tellement dure. Je n’ai même pas l’courage d’aller sur leur tombe. Parce que cela voudrait dire que j’accepte, j’accepte qu’ils ne seront plus là pour moi.

Mes dires sont égoïstes. Et je me tais. Lâchant sa main je serre mon fils encore plus contre moi. Je pose mes lèvres sur son front. Tu ne connaîtras pas ton oncle petit ange, ni même ton père. Mais sache que je t’aime de tout mon être. Ne sois pas si faible plus tard. Sois fort et essaye de toujours voir le futur qui se dessine devant toi. Ne restes pas sur le passé, ni sur le présent comme ta mère peut le faire. Tu es beau mon ange, tu es radieux. Ne sois pas comme ta mère qui ne peux faire le deuil et tirer un trait sur le passé. Construis toi des souvenirs inoubliables.


Ps: Milles excuses pour le temps que j'ai mis à te répondre en espérant que ma réponse te conviendra.
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MessageSujet: Re: [LIBRE] Douleurs fantômes.   [LIBRE] Douleurs fantômes. EmptyDim 22 Avr 2012 - 17:30


    Il y avait trop longtemps. Beaucoup trop longtemps qu'une chose pareille ne m'était pas arrivée.

    Face aux nuages, face à ce temps, à ce monde qui joue contre moi, je me sens plus puissante que le plus fort des monstres. Je me sens renaître, comme un ciel nouveau. Comme si le temps s'était arrêté avec moi. Comme si je n'étais plus que seule au monde alors que tout commençait au fur et à mesure à se déteriorer dans ma vie. Comme un élastique qu'on avait tiré trop souvent, trop vite, trop fort, avait fini par éclater. Un élastique de vie, de joie, de grandeur et de douceur. Un élastique. Mon élastique. Avec lui, j'ai sauté dans les ravins, souvent. Sans jamais tomber. Mais là, c'était la dernière fois, la dernière, que je me laissais avoir de cette manière. La dernière fois que mes espoirs étaient brisés par une candeur nouvelle et pleine d'un espoir grandissant. Je ne suis plus une enfant. Je suis Eva. Enfin. Pour toujours et à jamais, je ne me laisserais plus jamais envahir par ce vide, par ce monde qui se joue de moi, qui se moque. Qui se méprend. Qui ne me laissera jamais en paix. J'en ai assez. Pollo, ne m'oublie pas. Un jour, je te rejoindrais, moi aussi, comme tous les autres. Lancelot, n'oublie pas à ton tour que je serais là, le jour où tu rendra ton dernier souffle de vie. Je tiens mes promesses. Et même si tu me hais, je serais là pour t'aider, et t'aimer jusqu'au bout. Ensuite, je t'oublierai, comme tu en as si peur, peur d'être laissé pour compte. Quelle importance. Moi, je ne bouge pas. Je suis constante. Je serais toujours constante, présente. Cette fois, tout change.

    Laissez moi vivre. Respirer. Aimer, détèster. Laissez moi avancer, reculer, stagner. Laissez moi mourir. Laissez moi rire, pleurer. Laissez moi être libre, libre de bouger, de chanter, de hurler. De hurler ce chant d'espoir, que nous partageons, toi, Princesse, et moi. L'eau coule sur ton imperméable, et tu regardes ta mère. Tu l'observe avec cette curiosité mordante d'enfant qui ne sait plus où elle se situe, dans la grande marche qu'est sa propre vie. Tu te cherches. Encore un peu. Mais tu n'as plus à le faire. Au péril de ma vie, je ferai de la tienne un paradis sur mesure.Un paradis fait de bonbons, d'arcs-en-ciels, d'ours en peluche, de jouets. Un paradis fait de cahier de classe bien rangés, de robe de princesse, de poupées, de dessins colorés. Un paradis fait de chaussures cloutées, de teinture noire, de maquillage sombre, de hardrock. Un paradis fait de jeunes hommes, de conquêtes et de pleurs, d'université, de travail, d'argent. Un paradis de ta propre vie, que je dessinerai selon tes critères, selon tes couleurs. Et alors que la pluie coule sur moi comme une cascade purifiante, tu grelotes. Je t'attrape dans mes bras, sans cesser de chanter, te serre, te berce. T'envoie dans un ciel nouveau, où les nuages n'existent plus. Dans un monde où tu n'es plus seule, où tu n'as pas vu de meurtres, de souffrance, de pleurs. Dans un monde où tu pourras cueillir des friandises dans les arbres, où même les lions pencheront leur tête pour que tu la caresse. Tout ça, je le ferai. Je ferai de ton existence le plus doux des paradis. Je te protègerai, au péril de ma vie. Je ne te laisserai plus souffrir. Je ne te permettrai plus de pleurer. Tes nuits seront faites d'animaux chantants. D'hommes magnifiques. De conquérants. De jeux et de rires. Et de ta mère, étrange et mystérieuse, dans l'ombre d'un arbre, observant ton bonheur, comme si cela suffisait à faire le sien.

    Je n'espère plus rien de la vie d'autre que ton sourire, figé dans une sincérité confuse, sur ton visage princier de beauté pâle.

    Alors que ma voix se coupe, dans une dernière note abandonnée, j'entends des pleurs à mes oreilles fines. Des pleurs de bébé. Des pleurs d'enfant qui a peut-être froid, ou faim. Alors, je me retourne. Observe, d'un oeil sans mesure, celle qui se tient devant moi, son bébé, bien protégé, près d'elle. Et mes souvenirs reviennent me hanter. Mais je ne les laisserai pas s'imposer à moi. Pas cette fois. Son murmure à mon oreille sonne comme une étrange musique. La musique de celle qui n'a plus mal. Qui ne craint plus rien. Qui ne t'empêchera pas de t'avancer vers moi. D'un geste ample, je tends la main. Il est temps d'enterrer le passé. Le tien en fait partie. Je sais ce que tu as traversé ; les choses se savent vite, ici. Mon ventre rond pèse un peu sur mon dos fragile. Je fais quelques pas, alors qu'une pluie diluvienne caresse ma peau, contact glacé contre mon corps. Je voudrais. Tellement te montrer, à toi aussi. Que malgré tout, la vie vaut la peine d'être vécue. Apollo. Tu serais si fier de moi, si tu avais pu me voir. Si tu avais pu m'entendre. Même la magie ne s'est pas évanouie. Je n'ai plus peur, je n'ai plus peur de te voir me sourire à travers les nuages. Où que tu sois, je sais que tu me vois. Je sais que c'est ta main sur mon corps, la caresse glacée du vent sur mon épiderme. Je sais que ce sont tes larmes, la pluie luttant contre ma résistance au froid. Ne pleure plus. Elles te rejoindront, elles aussi. Nous seront toutes là, pour toi. Rien que pour toi. Dans l'élan le plus magistral, le plus latent, le plus existentiel, nous sommes là. Pour te retrouver une dernière fois. N'oublie pas. Ne m'oublie pas. Où que tu sois, ne crois pas. N'espère rien. Car les espoirs sont pour ceux qui doutent. Je n'ai plus peur, je ne doute plus. Et à toi, sa soeur, j'ouvre mon coeur et tends la main. Attrape la tienne. T'entraine là où il pleut. Là où toute cachette est inutile.

    "Viens."


    Ton enfant est protégée, la mienne aussi. Il ne fait pas froid, mais chaud, trop chaud. N'aie pas peur, de te mouiller. N'aie pas peur de souffrir, car la souffrance est la maîtresse même du bonheur et de la consolation. N'aie pas peur de mourir, car la mort est un dernier tombeau vers un infini meilleur. N'aie pas peur de moi. Je n'étais qu'une âme brisée en milliers de morceau. Dont le miroir n'était que fait d'épines qui arrachaient ma peau lorsque je m'approchais pour me voir. Je n'étais qu'un miroir brisé par mon propre moi. Je voudrais que tu comprennes. Que tu voies. Alors rejoins moi. Un pas, puis deux, et te voici, près de moi, près de la rambarde. La pluie coule sur ton visage, sur tes cheveux, sur ton visage triste, fixe. Mais regarde. Regarde au loin. Le soleil. Caché. Le vois-tu ? L'odeur du vent. Celle de l'iode, de la mer, que l'on ne distingue plus au milieu de la pollution. La sens-tu ? Toutes ces choses que nous ne voyons plus, lorsque notre esprit, noir et insipide, se cache derrière les barreaux d'une prison que nous avions créée nous même. Regarde au loin. Et dis moi, si cette vie vaut la peine d'être vécue. Ma main dans la tienne, savoure cet instant, où les dernières notes de mon chant a résonné, encore et encore, dans le lointain. Un souffle délicat embaumé d'une pointe de détresse envolée. Envole-moi pour une fois. Montre moi. Que tout est possible, dans ce monde pourtant si triste. Le petit corps potelé de ma fille se serre contre mes vêtements mouillés. Je sens que pour elle également, un renouveau arrive enfin. Après des mois de chagrin. Le soleil se lèvera après la pluie. Et lorsque je parle, je ne raconte pas d'histoires. Seulement ce qui sort de ma bouche. Un ruisseau de mots, aussi forts les uns que les autres. Déboire immortelle.

    "Parfois, tourner une page, c'est aussi l'arracher. Le passé n'existe plus. Il suffit juste de hurler vers le ciel qu'on change. Tu devrais faire la même chose. C'est ça, se sentir vivant."


    Pour toujours et à jamais. J'oublierai jusqu'à ma naissance.
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MessageSujet: Re: [LIBRE] Douleurs fantômes.   [LIBRE] Douleurs fantômes. EmptyMar 17 Avr 2012 - 10:39

Allongé dans mon lit je guettais le réveil, mon fils ne tarderait pas à se réveiller et de réclamer son biberon. Il était réglé comme une horloge et moi aussi d’ailleurs. Enfin c’était vite dit disons plutôt je ne dormais pas vraiment sur mes deux oreilles. Quand l’insomnie nous tient on peut pas vraiment s’en débarrassé à moins d’avoir recours à des médicaments et j’étais contre ça. Mes yeux scrutaient le plafond blanc de ma chambre, j’inspirais profondément me tournant sur le côté. Rien que l’idée que je me faisait de ma journée, me déprimais.

Je m’étais enfermée rapidement dans un quotidien bien trop monotone. Rien ne venait égayer ma misérable vie, je n’arrivais même plus à m’enchanter d’un rien, d’un petit bonheur. Non, j’avais perdu le goût de la vie depuis qu’Alfred m’avait quitté, depuis qu’il m’avait fui. Depuis qu’il n’était plus là. Les quatre mois que j’avais passé avec lui restaient gravés dans ma mémoire, grâce à lui j’avais pu faire le deuil de Chase, mon meilleur ami. Le blond n’avait même pas pu voir mon fils, l’océan l’avait emmené dans son berceau et l’avait recraché sans lui laissé aucune chance.

J’avais énoncé deux problèmes, deux soucis mais comme le disait si bien le dicton jamais deux sans trois. Je ne pouvais bien évidemment pas passé à côté de ce stupide proverbe! Pollo, mon grand frère, la seule famille qu’il me restait autre que mon fils était mort. Il était mort seul!

Me complaisant dans mon stupide bonheur égoïste, je n’avais même pas remarqué que mon grand frère n’allait pas bien. Que cet abruti c’était réfugié dans la drogue pour quelles raisons? Pourquoi avoir fait ça grand frère? Pourquoi ne pas être venu me parler? Pourquoi ne pas être venu te confier à ta petite sœur? Toujours autant de questions sans réponses.

Ma putain de vie n’était qu’un eternel recommencement. Les pleures de mon fils me firent revenir à la réalité, laissant le temps de quelques minutes mes songes de côtés, mes pensées mélancoliques au placard. Je soulevais le tissu qui couvrait mon corps et me dirigeait dans la chambre d’Aaron. J’inspirais profondément et le prit dans mes bras, le berçant contre ma chair vêtu afin qu’il calme ses pleures ce qu’il fit rapidement.

Voilà c’était partie pour une nouvelle journée, une journée qui ressemblait toutes aux autres, une journée qui avait perdu le soleil, qui me renfermait un peu plus sur moi-même. Une intense mélancolie s’insinuait dans mon âme dès que la journée se terminait. Le jour je m’occupais d’Aaron, je peignait un sourire des plus faux sur mon visage d’ange. J’essayais de donner un maximum d’amour à mon fils le temps d’une journée, mais quand le soleil laissait place à la lune baignant la moitié du monde dans une obscurité déstabilisante, les fantômes du passé faisaient surface, pour me hanter, pour m’empêcher d’oublier. S’il n’y avait encore que le passé je pouvais faire avec, tout le monde faisait sa vie avec ses propres fantômes, ses propres souvenirs, ses propres blessures, mais en plus de ma lassante nostalgie, l’appréhension du futur me minait le morale.

J’avais peur de la réaction d’Aaron si je venais à lui dire la vérité quand il serait plus grand. Pollo me dirait sans doute que j’ai le temps d’y penser, mais ce n’était pas évident de penser comme mon frère. J’avais comme la sensation de sentir sa présence à mes côtés quand je n’allais pas vraiment bien. Mais c’était sans doute le fruit de mon imagination.

Mon attention revint à mon fils et je lui donnais son petit déjeuner, ce qu’il attendait avec impatience chaque matin quand il se levait. Je souris à mon fils essayant de lui faire sentir que je l’aimais bien plus que ma propre vie. Mais comprenait-t-il vraiment ce que j’essayais de lui faire passé par mes gestes, mes sourires. Il devait comprendre, car il avait comme un don, il savait quand sa maman n’allait pas vraiment bien et il savait également quand ça allait. Ma nervosité, ma langueur se répercutait malheureusement sur le petit être que mon fils était.

Je le changeais, je m’amusais avec lui, le faisait manger à midi et quand l’après midi débutait je le faisait dormir avant de partir en promenade. Aujourd’hui j’avais décidé d’aller faire un tour à Wynwood qui abritait les bons comme les mauvais moments que ce soit avec Pollo, Chase ou Alfred. Que je le veuille ou non le lycée de Miami resterait un endroit décisif pour ma vie. Je n’étais plus scolarisée mais les quelques mois que j’avais passé au sein de l’établissement suffisaient à eux seuls à décrire les meilleures moments de ma vie.

Je souris à cette constatation. Mon fils se réveilla je le fis goûter et je n'eu pas vraiment envie d'aller me promener toute. Remarquant mon trouble il ne dormit pas. La nuit commençait tout juste à tombé. Je me décidais donc d'aller me promener. Je ne prendrais la poussette aujourd’hui, le porte bébé suffira. Il fallait que j’aille dans une endroit bien précis aujourd’hui, je voulais passé au cimetière avant. Mais arrivé devant les grandes grilles du site, je dus faire marche arrière. Je n’étais pas encore prête pour aller voir mon frère ou Chase au cimetière. C’était au dessus de mes forces, parce que faire ce petit pas voulait dire que j’acceptais leurs disparitions prématurées.

Je me dirigeais donc vers le lycée, montant alors sur le toit, j’avais quelques souvenirs avec Chase sur ce toit. Je n’en avais aucun avec Pollo. J’inspirais profondément quand sans prévenir de son intervention le ciel se mit à déverser sa peine sur Miami. Quelque gouttes rebondirent sur le béton du toit avant que des cordes tombent, je m’abritais sous le seul endroit où je pouvais éviter de me faire mouiller avec mon fils. Bien caler contre mon corps, grâce à l’écharpe porte bébé. Mon manteau le protégeait un petit peu. La température venait de chuter considérablement à cause de la pluie. Attendant que cette averse cesse, je ne m’attendais pas une seule seconde à voir quelqu’un monter sur le toit du lycée.

En même temps tout était possible à Wynwood ou presque. J’entendis la porte en ferraille claquer ce qui me fit sursauter, je tremblotais face au froid et à l’eau gelée qui avait réussit à transpercer mes habits. Pauvre petit bout d’chou il devait avoir froid. Mes yeux virent des cheveux rouges écarlate, couleur de sang. Cette personne ne m’était pas inconnue, je la vis s’approcher de la balustrade, regarder au loin puis défaire son foulard blanc et de le laisser tomber au sol.

La pluie trempait la jeune fille, Eris Melody ou de son vrai nom Eva Esperanza. J’avais de mauvais souvenirs avec elle! Il est vrai qu’elle n’était pas des plus tendre avec moi la dernière fois que je l’avais aperçut. Elle était toujours aussi fière mais elle paraissait abattue par de longue chaîne qui la retenait au sol.

Le temps de quelques secondes, le temps que le foulard tombe au sol, elle avait changer. Cette fille était remarquable. Suffisait d’un rien pour que sa prestance se change. Alors que je ne m’y attendais pas elle se mit à chanter, repoussant toute cette haine cette tristesse qui l’a rendait prisonnière. Comme je pouvais la comprendre, mais comme j’étais faible face à elle.

J’avalais ma salive, sa voix me donnait la chair de poule, cette chanson aussi m’enlevais toutes les pensées qui m’assaillaient. Coupant la voix de la chanteuse Aaron se mit à pleurer. Pour quelles raisons? Je n’en savais rien, peut être était-ce la voix de cette démone qui l’avait transpercé. Je ne me cachais pas je m’abritais juste. La jeune fille élancé se tourna vers moi, je déglutis, la dernière fois que je l’avais vu elle m’avait plaqué contre le mur. Je vis quelque chose près d'elle une poussette avec une enfant à l'intérieur, une petite fille. Était-ce la sienne? Sans doute! Je pris la parole doucement, presque un chuchotement.

- Excuse-moi!


Ps: Désolée j'ai pas eu l'temps de me relire mais j'dois partir au travaille et j'ai une autre réponse à faire en plus. J'espère que mon post t'ira. Désolée j'viens tout juste de me rendre compte que s'était la nuit!
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MessageSujet: [LIBRE] Douleurs fantômes.   [LIBRE] Douleurs fantômes. EmptyMar 17 Avr 2012 - 2:37

    Départ.

    L'atroce sensation d'avoir manqué quelque chose d'important, d'avoir quitté un monde irréel, féérique, utopique. Quelque chose que je sentais du bout des doigts, que je pouvais toucher, un bonheur de chaque instant qui ne me quittait jamais. Je voulais tout arrêter et recommencer à zéro, mais quelque chose m'empêchait délibérément de vivre, de respirer un air un peu plus pur. Quelque chose qui s'appelait la perte. Le regret. L'abandon. Quelque chose que je ne pouvais plus me pardonner. Quelque chose qui est arrivé par ma seule faute. Allongée, là, immobile, je caressais machinalement les cheveux de la princesse douce et candide qui se tenait allongée dans mes bras, calme et tranquille. Cette enfant qui avait vu des horreurs que même un homme adulte ne devrait jamais voir. Sa mère, tirant une balle dans la tête d'un homme pour la protéger. Tout ce sang sur son visage, sur ses yeux. Ce sang qui n'était pas le sien. La souffrance. Sa mère, enfermée dans un parloir, à la merci du seul homme qu'elle n'a jamais aimé avec autant de ferveur. Avec autant d'addiction. Mon addiction. Mon seul bonheur avait quitté Miami pour partir, loin, trop sans doute. M'aurait-il donc un jour pardonné de tout ce que je lui avais fait vivre ? Sans doute jamais ne me pardonnerait-il le meurtre involontaire de la jeune fille qu'il avait aimé comme moi je l'aimais. Sans artifices. Sans limites. Sans contrefaçon. Je m'étais dévoilée à lui comme jamais je ne m'étais montrée à quelqu'un. Sous l'apparence de la femme forte mais blessée, celle qui aimait son enfant avec une force digne d'une lionne. Que j'étais. Une lionne. Une lionne qui avait été frappée un peu trop violemment. Mais qui protégeait son bébé au péril de sa propre vie. Voilà ce que j'avais fait. Et à présent... Rien. Plus rien. Plus rien que le chagrin mouvant d'une amitié envolée, désuée. Je ne voulais plus de cette vie. J'en avais assez de souffrir. Mais je n'avais plus le choix. Et puis quelque chose avait envahi mon esprit comme une vague. Je me souvins. Une semaine, ou deux peut-être. Non, un mois ou deux en fait. Je ne me rappelle plus. Je me rappelle seulement de ma souffrance. Quand tu m'as appelée, pour venir me voir. Tu m'invitais à prendre un café. Allais-tu enterrer la hache de guerre ? C'était ce que je croyais. Mais non.

    Lorsque nous nous sommes assis, tu as commencé à vanner. Gentiment. Sur ma tenue, sur mon maintien, mes cernes, les mains pleines de chocolat de ma fille, et j'en passe. Absolument pas affecté par la mort d'Apollo, tu as décidé de passer outre mon deuil, en riant de mes vêtements noirs. Vêtements d'ailleurs, que je ne portais jamais. Il m'avait faite rire. Je me sentais bien, pour la première fois depuis longtemps. Et les pitreries qu'il sortait à Sonata me faisaient mourir de rire. Mais lorsque le sujet arriva, je ne vis absolument rien venir.

    "Je repars en France."

    J'avais cru que tu riais. Alors j'ai éclaté de rire. Mais ton expression avait changé. Je connaissais ce visage. Il était la représentation alambiquée d'une lourdeur sérieuse, grave et tendue. J'aurais voulu que ce ne soit pas le cas, j'aurais voulu rire avec toi de cette bonne blague. Toi, m'abandonner ? Jamais tu n'aurais pu faire ça. Jamais tu n'aurais pu m'abandonner, moi, elle, lui, nous trois, livrés à nous-mêmes, seuls, dans cet endroit où nous avions besoin d'une épaule pour nous réconforter. Et pourtant, c'est bien ce que tu as fait. Tu nous a laissés à l'abandon. J'aurais tellement aimé que tu ries toi aussi, de bon coeur. Mais tu m'as fixé avec cet air étrange, et mon idéal s'est envolé comme une feuille morte. Dis-moi cependant que c'est faux. Mais lorsque je t'ai demandé si tu étais sérieux, tu as hoché la tête sans rien dire, croisant les bras, comme pour te cacher de moi, encore une fois. Ce sera notre dernière dispute. J'ai eu beau plaider. Parler, hurler, pleurer, tu n'avais pas le choix. Tu devais partir. Problèmes de famille, gros contrat avec une maison musicale, peu importe, je ne voulais pas savoir. Alors, tu m'as demandé de venir. J'ai hésité. Mais j'ai refusé. Vivre en France ? Non, pas avec lui. Nous ne pouvions pas faire semblant. Nous n'arrivions plus, à faire semblant. Même la tendresse, ne changeait pas ce qu'il m'avait fait, et ce que je lui avais infligé. J'avais tué Kity. Il m'avait envoyée en prison. Un lien s'était brisé. Le seul lien qui nous réunissait encore dormait profondément dans une masse liquide et terne, au finfond de mon ventre. Tu as hésité. Mais finalement, tu es parti, comme ça. En déposant un dernier baiser sur mes lèvres. Un baiser d'adieu, un baiser frais, doux, un baiser comme tu ne m'en avais jamais offert. Je t'ai regardé partir, toi, que j'avais aimé de toutes les fibres de mon âme. Sans dire un mot. En prenant ma fille dans mes bras, qui te réclamait. Mais je n'ai rien fait. Je n'ai pas pleuré. Pour ne pas l'effrayer. Je n'ai pas hurlé. Je l'ai seulement mise au lit, avant de serrer mon chien dans mes bras, laissant mes larmes humidifier son pelage noir et feu.

    Sans toi, les émotions d'aujourd'hui ne seraient que la peau morte des émotions d'autrefois.

    Pour toujours et à jamais, je ne verrais que l'ombre de toi, enfermée dans mon bocal de mélancolie. Pour l'heure, je ne suis pas seule, et je ne peux pas me morfondre. Je ne le peux plus. Je ne peux plus attendre des heures que l'interphone sonne, écoutant ta voix moqueuse comme le son d'un violon solo sur une partition de maître. Je me contente de préparer le café, les céréales. Je me contente de me rendre seule aux échographies. C'est un garçon. Le nom est déjà choisi. Tu sera Mateo. Comme cet enfant dont la vie a été ôtée, de la main d'une folle aux cheveux rouges, meurtrière, désuée, en colère. Comme l'attente désespérée d'un chant nouveau, d'une aube nouvelle. Ce matin, la pluie tape contre les carreaux de ma chambre. Ce bruit me réveille. Il sonne comme le glas tranchant de ma solitude. Un oiseau s'ébroue, fait une fête à mon réveil. Mais je ne suis pas Blanche Neige, et il ne viendra jamais se poser sur mon épaule en chantant pendant que je lave. Il ne viendra jamais, m'aider, comme il l'a fait avec Cendrillon. Il ne répondra jamais à ma complainte, comme il l'a fait avec Aurore. Je ne suis pas une princesse, je suis un démon. Les oiseaux sont tués, haïs par les démons. Je n'ai aucune chance. De me lever et d'espérer de voir un monde nouveau. Pour l'heure, je me tais, et j'observe. Les pas des gens en-dessous de ma fenêtre, en imperméable, silencieux, parapluie et moue dépitée. Je ne travaille plus, je me contente d'élever ma fille comme j'aurais aimée l'être ; Avec amour, sollicitude et patience. Présence. Je ne vois plus Ezio. Je ne vois plus Luke. Lui aussi, il est parti. Je ne vois plus personne. Je me contente de m'enfermer dans un trou noir duquel je voudrais pourtant sortir, irrémédiablement.

    Alors, la poussette, et hop, direction Wynwood. Comme si je voulais me débarrasser des anciens fantômes, et recommencer ma vie. Me morfondre, je n'en peux plus. Lorsque je franchis les portes du hall, je me sens oppressée par les esprits qui m'ont accompagnée dans mon épopée magnifique. Quelles sottises. Tant d'histoires. Tant de souffrances. C'est terminé à présent. Je vis une nouvelle vie, je vois mon étrangeté comme un jour nouveau. Je ne veux plus avoir mal. Je veux être quelqu'un d'autre. Alors, accompagnée de la Perle de mon existence, je monte les marches doucement, en direction du toît. La première fois. Pollo. Mon Pollo. Il est temps de faire mon deuil, à présent. Je n'ai pas de parapluie, et l'eau martèle mon corps, tandis que ma fille se cache derrière le tissu imperméable violet de sa protection. Car même si moi, je ne crains pas la maladie, ma douce doit être protégée, comme une mère protège son petit bébé. Je suis une lionne. Une lionne tendre et protectrice, je suis une lionne qui ne dort jamais trop loin de sa raison de vivre et de mourir. Je suis une lionne qui t'aime, Sonata, qui t'aime de tout son coeur et de toute son âme. Je suis une lionne qui ne vit que pour toi. Une lionne qui tuera ceux qui te voudront du mal. Je l'ai déjà fait. Je n'ai pas peur de recommencer.

    Tout recommencer.

    Appuyée à la balustrade, je regarde une dernière fois ce qui fut le premier instant important de ma vie, ici, à Wynwood. Ici, Pollo et moi avions fait l'amour, fumé des cigarettes, nous nous étions promis monts et merveilles, des promesses que nous ne pouvions plus tenir. Mais c'était fini, tout ça. Je détachais en un instant le foulard blanc couvrant mon cou frêle, inondé de pluie. Et le jetais en direction du sol. Ma voix s'éleva dans les airs, un chant que j'avais oublié, un chant que je n'aurais pas dû laisser de côté. Un chant en onomatopées inexplicables. Un chant traduisant ma douleur, et ma joie d'être libre, de ne plus être responsable de mes souffrances. Une vie nouvelle. Un départ nouveau. Pour quelque chose de beau, du moins l'espérais-je.

    Mon chant. Mon chant d'espérance.

    Des pas. Que je n'entends pas. Je laisse la pluie couler sur mon corps comme pour me laver de mon passé. Et je chante à pleine voix, ce chant qui m'a tant rapproché des autres. Pollo est tombé amoureux de ma voix. Lancelot aussi. Mes deux amours, mon chant vous rapprochait. Une dernière fois, je chante pour vous. Les bras écartés. Trempée. Laissant mon corps dégouliner. Laissant mon être se purifier. Où que vous soyez, entendez ma complainte. Celle d'une femme blessée, qui enterre sa haine d'elle-même. Qui enterre sa personnalité. Qui s'enterre contre le départ incongru de ma vie. Je m'appelle Eva Esperanza.

    Et par pitié, je n'attends que vous pour me rattraper.

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