« Les chanceux sont ceux qui arrivent à tout ; les malchanceux, ceux à qui tout arrive. » [ Libre .w. ]

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H-J : désolée pour l'attente. °w°

Violette se releva avec l'aide de Shin. Elle le remercia d'une petite voix. Puis se présenta. Elle avait les joues rouges. Elle n'arrivait pas à se rendre compte qu'elle venait de tomber dès son arrivée. Devant deux personnes qu'elle ne connaissait même pas. Elle savait à quelle point elle était maladroite, mais à ce point là, c'étais presque inimaginable. Elle serra gentillement la main du jeune garçon. Puis se tourna vers la fille. Celle-ci balbutia quelque chose. Et elle ironisa quelque peu en luidisant qu'elle avait fait une belle arrivée.

_C'est vrai, je trouve aussi.

Dit-elle avec un sourire jaune. Elle n'avait aucune envie de rigoler alors qu'elle venait de se relever du sol dur et froid.

A son tour, Violette posa la main sur la poignée de la porte. Elle était fermée. Elle soupira. Finalement, sa première heure dans ce nouveau lycée se passait vraiment mal. Elle se tourna vers les deux personnes.

_Bon... Alors on fait comment maintenant?

Violette ramassa ses valises et soupira encore. Et c'est alors qu'une valise qui apparement était mal fermée, s'ouvrit et toutes ses affaires s'étalèrent sur le sol. Violette leva les yeux au ciel. Et se baissa pour ramasser ses habits. Et pas n'importe lesquels. Sa lingerie fine. Violette soupira. Elle imaginai déjà la réaction qu'aurait la jeune fille brune.

_Désolée pour mes réactions, je ne veux pas sembler mal polie. Mais j'ai passé vraiment une horrible journée.

Elle rangea toutes ses affaires dans sa valise à nouveau. Puis la ferma, complètement cette fois-ci. Elle se releva, posa une valise au sol. Et s'assit dessus. Elle demanda aux inconnus comment pouvaient-ils faire pour pénetrer dans le lycée. Un vent frisquet se fit sentir. Violette ferma sa veste en cuir et passa une mèche de cheveux derrière son oreille. A nouveau, elle soupira. Elle ne voulait qu'une chose, entrer dans sa chambre, et se coucher sur son lit. Paisiblement.

*Une horrible journée, vraiment...*

Fallait-il attendre que quelqu'un vienne les chercher? Ou bien y avait-il une autre entrée?

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Elle déposa à son tour la main sur la poignet, histoire de vérifier que la porte était bien fermé. Ce n'était pas qu'elle ne faisait pas confiance au jeune homme mais mieux valait voir par soi même. Elle se recula d'un pas d'un air interrogatif, dans un pensionnat si important le secrétariat aurait dû être ouvert malgré cette heure avancée de la soirée. À croire que si ça continuait elle allait devoir dormir dans le hall. Elle reporta son regard sur le garçon, taille moyenne, des yeux bruns foncés tout comme ses cheveux. On pouvait clairement distinguer des origines, Asie de l'Est probablement car il est vrai dire que entre la Chine, le Japon et la Corée on ne voit pas de grandes différences physiques. Il me sourit à son tour avant de finir par se présenter:

- Shin, lui lâcha t-il simplement.

De quoi confirmer ses précédentes hypothèse, un nom pas commun tout comme elle. Il est vrai que des femmes qui s'appellent Opium ça ne court pas les rues, et biensûr ca lui portait préjudice puisque les gens s'imaginait toujours que rien que part son prénom elle était droguée de naissance, foutaise ...
Il ajouta simplement serait préférable de faire le tour du batîment pour croiser peut être une autre entrée furtive. Elle esquissa de nouveau un demi sourire comme pour lui montrer son accord, mais c'est alors qu'ils s'apprétaient à s'en aller qu'une limousine noire vint se garer tout près de l'entrée. Shin se tourna vers Opium t déclara d'une voix énergique en fixant la porte :

- On devrait aller le voir, ça sert à rien qu'il monte les escaliers pour rien !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le jeune homme ramassa ses affaires, jeta son sac sur son dos et, en se relevant rapidement pour trottiner jusqu'à la porte, Opium le suivit en lâchant sa bagage qui tomba par terre, tout les deux à l'assaut du nouvel arrivant on se serait cru dans une série américaine. Elle s'approcha doucement des escaliers, c'est à dire qu'avec la nuit qui approchait on voyait de moins en moins. C'est la qu'une jeune femme venait tout juste de s'écrouler nageant littéralement dans ses bagages. Opium ne pu s'empêcher de rire à la vue de cette chute, non pas qu'elle veuille se moquer mais il fallait avouer qu'une si belle cascade méritait applaudissement. Elle arriva à côté du garçon en se mordant les lèvres pour ne pas retomber dans un autre fou rire:

- Ça va ? demanda t-il gentiment.

Dom Juan venait de se réincarner en Shin! Opium aventura son regard au dessus de l'épaule du jeune homme et regarda la jeune femme.

" Techniquement elle doit être horriblement gênée parce que juste pour justifier elle vient de se prendre la gamelle la plus mémorable que je n'ai jamais vu ! " s'exclama t-elle.

Elle lui tendit la main en rajoutant:

" Belle arrivée ... "

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Avec tous ces gens sur terre qui se croient dignes d'écrire des livres, il devait bien en avoir au moins un, au fin fond du dépotoir littéraire qui s'intitulerait « Se sortir des situations agaçantes avec diplomatie ». Il devait en avoir plusieurs, même. Tous ceux accrochés aux étagères des grandes surfaces au rayon livre et où toutes les ménagères se pressent, piaillant les mérites du nouveau livre de Samuel Huntinghton, Leslie Larson ou encore ces bibles du bien être. Il n'affectionnait pas particulièrement la lecture, encore moins l'écriture. On ne l'avait pas élevé dans ce but et il ne lui était pas venu à l'idée de se faire sa propre culture générale. Toujours était-il qu'il n'avait plus qu'à faire demi tour. Rester ici ne lui servait plus à rien.
Il appuya une dernière fois sans vraiment de conviction sur la poignée lorsque la porte par laquelle il était entré émit un grincement. L'espoir que quelqu'un l'ait entendu et vienne lui ouvrir s'évanouit dès l'instant où ses yeux se posèrent sur les valises de la jeune fille qui venait d'entrer. Une nouvelle, comme lui. Une jeune fille aux traits fins avec de longs cheveux brins, un visage plutôt pâle et un air un peu blasé. Elle s'approcha de lui avec assurance avant de lâcher un profond soupir.

- Si on a pas le choix, je vais devoir casser la porte.

Je ? Il esquissa un léger sourire. Une fille qui veut casser une porte. Non, sa réaction n'avait rien de misogyne, c'était la manière qu'avait cette jeune fille aux apparence pourtant frêles à coté de lui de résoudre les problèmes. Et puis il s'attendait aussi de la part d'une de ses gosses de riches comme lui, un peu plus de retenue. On ne pouvait nier qu'elle manquait effroyablement de tact et s'avancer comme ça vers un inconnu en lui proposant de défoncer la porte contrastait avec l'apparence angélique de la jeune fille.
Elle ne lui laissa même pas le temps de placer une éventuelle réponse et se présenta sur un même ton en laissant entendre qu'elle avait l'habitude des sanctions. Une fois de plus, cette déclaration lui tira un sourire. Elle ne contrôlait pas ce qu'elle disait contrairement à lui et cela faisait d'elle une proie facile. Il n'allait néanmoins pas se faire d'ennemis le premier jour et honorerait son audace en répondant lui aussi avec un sourire.

- Shin. lâcha t-il simplement. Mais comme à chaque fois qu'il prononçait son nom, il lui semblait bien trop court et aujourd'hui, il s'obligea à ajouter quelque chose afin de diminuer cette impression.
Je pense qu'on devrait faire le tour du bâtiment, doit bien y avoir une autre entrée.

Il était préférable de sourire pour la mettre en confiance et paraître sympathique. Il avait une réputation à se faire et son expérience lui avait apprit qu'aboyer sur les gens n'était pas très efficace. Il pensait entamer une conversation avec cette jeune fille, Opium ( drôle de nom soit dit en passant. Parents inventifs, cyniques ou dépendants ? ) en lui demandant d'où elle venait, quelle âge avait elle et tout ce genre de choses lorsqu'il remarqua une longue limousine qui s'éloignait. Un nouvel arrivant n'allait pas tarder à faire son entrée. Il se tourna alors soudainement vers la jeune fille et déclara d'une voix énergique en fixant la porte :

- On devrait aller le voir, ça sert à rien qu'il monte les escaliers pour rien !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le jeune homme ramassa ses affaires, jeta son sac sur son dos et, en se relevant rapidement pour trottiner jusqu'à la porte, il fini d'enfiler son costume d'acteur. Arrivé sur le seuil, il ouvrit doucement la porte et détourna son regard d'Opuim pour détailler malgré la pénombre la silhouette élancée d'une jeune fille croulant sous les bagages. Elle venait d'entamer l'ascension périlleuse du long escalier qui menait au hall. Mais avant qu'il n'ait pu s'avancer pour lui dire que ça ne servait à rien de se fatiguer, il la vit trébucher sur un obstacle invisible et s'écraser dans les escaliers parmi ses affaires.
À cet instant, il y eu un moment d'hésitation dans la tête du garçon. Hésitation entre jouer le jeu et accourir à sa rescousse, en bon chevalier servant ou éclater de rire. La première solution était plus convenable. Il jeta donc son sac à terre et couru pour aider la jeune fille qui devait être toute rouge dans le noir, à se relever.

- Ça va ? s'inquiéta t-il à la perfection.

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Dans sa longue limousine noire, Violette contemplait le paysage. Elle était nostalgique. Il fallait dire "au revoir" au luxe et à sa vie de jeune fille aisée et se mettre dans la peau d'une lycéenne. Non pas qu'elle n'en avait pas envie. Il fallait juste qu'elle trouve le courage d'affronter des visages inconnus. Mais bien sûr, cela n'allait pas être un problème. Violette se faisait facilement des amis. C'était une fille extrêmement sociable. A ses côtés se trouvait sa valise rose couverte de divers autocollants, elle posa ses yeux sur celle-ci.

*J'espère que je n'ais rien oublié...*

Oh oui elle l'esperait. Ce serait catastrophique d'oublier ne serait-ce qu'un seul objet. Tout avait de l'importance aux yeux de Violette. Tout est capital, tout est indispensable, rien n'est pas nécessaire. Elle croisa ses jambes, et remarqua une tache sur son pantalon.

_Non! C'est pas vrai!
_Que se passe-t-il mademoiselle?
_Rien M.Braunt.

M.Braunt était le conducteur de Violette. Il l'emmenais où celle-ci voulait avec sa limousine, quelque soit l'heure, l'endroit et la destination. Violette aimait beaucoup M.Braunt, il étais gentil, attentionné et très intelligent. Il a beau être agée, il s'intéresse à tout ce qui l'entoure. On peut le qualifier d'une curiosité maladive. Violette changea de pantalon, elle voulait faire une entrée parfaite. Et rien, ni même une misérable tache n'allait lui gâcher son but. Une fois changée, Violette reprit sa contemplation du paysage.

_Vous êtes bien silencieuse mademoiselle.
_Je me dit seulement que la maison va me manquer.
_Ne vous inquiétez pas. Nous allons tous nous occuper d'elle. Et quand vous reviendrez, elle sera inchangée.
_Je vous fait extrêmement confiance. Je sais pertinament que vous aller faire de votre mieux.
_Nous sommes arrivés, mademoiselle.

M.Braunt sortit de la voiture et enleva les autres valises de Violette du coffre et les lui donna.

_Merci bien.
_Je vous souhaite bonne chance mademoiselle. Vous allez nous manquer._Vous allez me manquer également. Au revoir M.Braunt, passez le bonjour à tout le monde.

Violette aurait put verser une larme en pensant à tout ses employés avec lesquels elle s'étais liée d'amitié, mais elle avait hâte de voir ce que lui réservait le lycée. Une chose est sûre, ça la changera des cours domestiques. Elle serra la main de M.Braunt, et le vit s'éloigner. Violette se tourna alors vers le campus majestueux qui s'étirait sous ses yeux. Et vit ensuite deux personnes devant la porte d'entrée. Elle décida de les rejoindre, et embrocha donc toutes ses valises. Mais trébucha sur une marche laissant tomber ses valises et toutes ses affaires.

*Tu parles d'une entrée parfaite...*

Elle n'avait qu'une envie : mourrir.

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Les adieux déchirants très peu pour moi ...

Un dernier regard, un dernier sourire, Opium prit sa valise en main, elle détestait les adieux, elle savait qu'elle ne revérait pas de si tôt l'Angleterre. Elle allait s'installer autre part, sans aucunes attentes de ce nouveau pays, pourvu qu'il soit différent de ce qu'elle ai jamais connu. Rien ne la retenait plus, depuis la mort d'Ashley elle n'avait plus envie de rien. Un vide s'était installé dans sa tête, son refuge c'était les sourires, la seule chose qui lui faisait oublier c'était de sortir. Des balades continuelles et répétitives dans ce jardin qui n'en été plus un. La précision presque maladive d'une pelouse tondu aux ciseaux. Elle était née une cuillère en argent dans la bouche et bien qu'elle ai toujours voulut la retirer elle n'y arrivait pas.

Elle prit Julia en pleur dans ses bras, repenser que jusqu'à ses onze ans elle avait été son unique moyen de communication à Oxford, une femme de chambre qui été destiné à mieux que de s'occuper de mioches ingrats, elle valait mieux que ça mais il avait fallut que la maison Delorbeby ai besoin d'elle pour ruiner sa vie. Elle se recula en prenant sa tête dans ses mains, après tout ce n'est qu'un au revoir, un au revoir de longues dates qui durerait sûrement plus longtemps que tout. Elle jeta un regard foudroyant à ses parents, pour une fois ils étaient présent, une expression de dégoût entoura son visage, après toutes ses années elle n'avait même plus le courage de faire face. Une limousine noir vint se garer au devant d'elle, elle sourit d'un air moqueur, le ridicule ne tue pas après tout, ce qui comptait pour les Delorbebys c'était bel et bien de défendre leurs réputations et cela passait par l'image qu'on donne de sa fille, aux détriments d'un peu de considération.

* Pitoyable, je n'avais pas besoin de ça; pensa t-elle

Un chauffeur déchargea ses valises, Opium ne voulait pas pleurer, pas devant ses parents et s'il y avait bien une chose dont elle se défendait c'était le chagrin, la tristesse c'était pour les faibles, pour ceux qui n'ont que ça à faire de s'appitoyer. Elle s'immersa dans la voiture une gourmette à la main. La gourmette d'Ashley qu'elle avait eu le droit de garder, le seul héritage sentimental digne de ce nom. Un souvenir douloureux d'une époque de sa misérable vie qui allait se clôre. Le moteur démarra, elle fit signe au conducteur de partir. Elle esquissa un dernier sourire à Julia et posa une main contre sa vitre. Une pression retint son ventre, c'était finit ...

" Mademoiselle ! Mademoiselle nous sommes arrivés. "

Opium sursauta devant les paroles d'une hôtesse de l'air mécontente. Elle se frotta les yeux et se leva. Ca y est, elle était en Amérique. Elle ouvrit son gilet et descendit de l'avion. Un soleil étincellant brillait, elle cligna des yeux plusieurs fois. Le climat était tout à fait différent, elle qui n'était déjà pas bien frileuse trouvait à la rigueur qu'il faisait trop chaud. Elle sortit de sa poche sa carte d'identité, et attendit. Un homme ne tarda pas à venir la chercher. L'aéroport grouillait de monde, ce fut presque impossible de se frayer un chemin dans tout ce chantier. Elle arriva au parking accompagné de son garde du corps, il l'a fit entrer dans la voiture. Elle s'attacha, elle ignore véritablement combien de temps dura le trajet mais ça lui parraissait des plus longs, les embouteillages dès son arrivée ça ne présageait rien de bon.

Il était près de vingt heure trente lorsqu'elle arriva au pensionnat, elle congédia son agent en prétextant qu'elle pouvait porter ses valises seule. Elle s'avança dans le hall, un jeune homme était déjà la. Lui aussi semblait nouveau, elle s'approcha. Le garçon tentait en vin d'ouvrir la poignée de porte du hall mais celle ci était fermé. Elle posa sa valise en soupirant.

" Si on a pas le choix je vais devoir casser la porte ! " Elle le regarda . " Mais je ne veux pas commencer les sanctions dès mon premier jour, moi c'est Opium ... "

Elle sourit, en espérant qu'il soit assez sociable pour se présenter à son tour.

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Les passagers en provenance de Berlin sont priés de se présenter ...

Un brouhaha incessant. Des éclats de voix qui se cognent contre le haut plafond, indissociables des autres. Roulements de valises, annonces automatiques, panneau d'affichages lumineux, dans toutes les langues. Une odeur peu appétissante de pain grillé emplissait les narines des voyageurs affamés. L'imposante horloge en haut du panneau informatique indiquant les différents vols et leurs provenance affichait déjà dix-neuf heures trente cinq. Le sol carrelé s'effaçait sous les pas rapides du jeune homme. Malgré les cinq heures d'avion qu'il venait de subir, il tirait énergiquement sa valise, slalomant avec l'aisance des habitués entre les passagers pressés. L'aéroport international de Miami n'avait rien d'extraordinaire, de son point de vue. Celui de Los Angeles était plus grand. Machinalement, il passa la main dans la poche de sa veste et ses doigts trouvèrent automatiquement la touche destinée à changer de chanson. Bientôt, il arriverai dans le hall d'entrée, traverserai le parking et monterai dans la voiture qui l'attendait mais avant de perdre ce qui lui restait de liberté, il s'arrêta devant un distributeur de boisson avant de sortir de sa poche magique un billet de un dollar froissé qu'il glissa dans la fente, priant n'importe qui pour que le robot accepte le bout de papier. Ce jour là, la chance était avec lui, aussi, il récupéra en se baissant une cannette de Coca. Il n'aimait pas particulièrement cette boisson, à vrai dire mais le rouge de la canette lui plaisait. Il avait toujours aimé cette couleur. C'était peut être idiot de choisir ce qu'il allait boire en fonction d'un emballage qu'il allait jeter mais il avait toujours aimé le rouge et de toute façon, dans la vie, tout fonctionne comme ça. On choisi souvent quelqu'un en fonction de son apparence, puisque c'est ce qui est le plus visible. Le paradoxe c'est que cette apparence, on peut vite la jeter tandis que le liquide qu'elle contient, on est obligé de le boire.

Votre attention s'il vous plait...

Oh mais ta gueule. Il augmenta le volume de son Ipod et s'enferma dans la musique et n'entendit pas le "pshiit" de la cannette quand il l'ouvrit. Il reprit machinalement sa route vers la sortie de l'aeroport. Il avait insisté pour qu'on l'attende à l'extérieur puisqu'il ne supportait que très mal la présence des agents de son père qui affichaient un sourire à moitié gêné avant de détourner les yeux. Ils ne faisaient que rabaisser leur condition déjà si misérable par rapport à lui. Lorsqu'il aperçu donc l'homme en costume foncé qui l'attendait devant les portes, il poussa un soupir agacé. Il n'avait maintenant guère d'autre choix que de se diriger vers lui et le suivre sagement mais il lui restait une possibilité distrayante. Jouer l'enfant capricieux avait toujours été amusant.

- Je pensais vous avoir dit d'attendre dehors, cracha t-il froidement.

Il l'avait interrompu alors qu'il s'apprêtait à réciter les salutations distinguées qu'on lui avait apprit à dire en sa présence. Pendant une fraction de seconde, le jeune homme pu remarquer avec satisfaction son air déconfit mais, à son grand désespoir, il se reprit vite, s'excusant d'abord puis expliquant qu'il suivait les recommandations de son père qui avait ordonné de ne pas laisser le fils seul durant le trajet. L'argument était infaillible. Il ne restait plus qu'à afficher un air odieux et s'enfermer à l'arrière de la voiture dans un mutisme pensif tout le long du trajet.
Pendant les bandes blanches du périphérique défilaient sous les roues de l'Audi R8, Shin ressassait l'ensemble des démarches administratives qu'il devrait faire le lendemain. Il serait vingt-heure trente passé lorsqu'il arriverait au pensionnat dans lequel il serait contraint de passer l'année. Il allait s'ennuyer, là bas. Une petite vie monotone de pot de fleur, gé-nial. Enfin...

- Monsieur ?
- Hun ?
- Nous sommes arrivés.

Lorsque le moteur vrombit de nouveau et que la voiture s'éloigna lentement, Shin se retrouva seul, en face d'une énorme bâtisse. Il emprunta le long escalier le pierre passant sous une arche qui, manifestement, devait s'ouvrir sur un grand hall. Vide. Normal, son portable dans le poche de sa veste indiquait déjà vingt heure dix. Petit soucis, comment était-il censé savoir où aller ? Pas de panneau indiquant les salles, pas de petit écriteau « S'adresser à Mr Bidule », rien. Il ne restait plus qu'à ouvrir la porte en face de lui et déambuler dans les couloirs de cet immense bâtiment jusqu'à trouver quelqu'un qui pourrait lui indiquer quoi faire. Bon, c'est vrai, ça changeait un peu de son quotidien mais il faudrait faire avec. Il traversa donc le hall, posa la main sur la poignet froide de la porte...

- Ha ah. La blague.

Fermée. Si il résumait la situation il se trouvait à plus trois mile sept cent cinquante kilomètres de chez lui, paumé dans un internat où personne ne le connaissait, enfermé dans le hall. Il laissa tomber son sac par terre et s'acharna sur la porte. Sans résultat. Super.