C'est le début [ L I B R E ]

Comment une situation aussi embarrassante avait put lui arriver, il avait tellement honte ! Son cœur battait à cent à l’heure alors que tout son corps s’était paralysé. Ne sachant trop quoi dire, il restait là, debout, indécis, devant la jeune fille qu’il avait d’abord prit pour Taylor avant de se rendre compte de sa monumentale erreur. Il aurait bien maudit encore une fois tout les dieux de la Terre pour sa malchance et son sens de l’orientation déplorable mais ce n’était vraiment pas le moment. Il ne put cependant s’empêcher de repenser un instant à Calypso qu’il avait rencontré un peu plus tôt dans la semaine alors qu’elle sortait de sa douche. Il ne comprenait que maintenant ce que cela avait dut être pour elle. Il se sentait tellement mal alors qu’elle, elle avait dût endurer bien pire !
Respirant calmement, son cerveau, lancé à pleins régime, cherchait le moyen le plus digne possible de sortir de cette situation. La jeune fille en face de lui ne l’aidait pas vraiment, elle semblait retenir son rire avec beaucoup de difficultés.

- Pas de soucis. Il n'y a aucun problème, tu veux que je t'aide à trouver ta chambre ?

Elle avait parlé avec beaucoup de gentillesse ce qui ne fit qu’amplifier le sentiment de mal être d’Esteban. Il n’avait pas envie que cette fille, dont il ne connaissait rien, est pitié de lui. Merde, c’était un mec quand même ! Et les mecs n’ont pas besoin d’aide c’est bien connu. En plus, il était bien assez grand pour retrouver sa chambre tout seul, il lui suffisait de descendre un étage et il y serait, il n’était quand même pas bête au point de ne pas y arriver !
Il se serait taper la tête sur le mur, il s’énervait sur cette fille qui ne lui avait rien fait de mal et qui lui avait même proposait son aide gentiment, mais quel crétin ! Il fallait juste qu’il se calme et qu’il trouve enfin une solution. Mais pourquoi alors qu’il en avait tant besoin, son cerveau lui faisait si cruellement défaut ? C’était pourtant simple, deux choix s’offrait à lui : partir ou rester. La seule certitude qu’il avait encore c’est qu’il ne laisserait en aucun cas cette fille le ramener dans à sa chambre.

Bon récapitulons, partir, rester que faire ? D’un côté il avait très envie de dire à cette fille : « merci, mais non merci » avant de disparaitre pour retrouver sa chambre et son lit, sur lequel il s’affalerait pour oublier cet épisode déplorable et sa honte mais en même temps ... Il venait à peine d’affirmer mentalement qu’il était un homme, et ça c’était assurément un comportement de fillette ! On lui avait souvent dit que fuir les problèmes ne les résolvait pas et il était peut être temps qu’il respecte ce sage précepte.
Résigné, il soupira. S’appuyant contre la chambranle de la porte, Esteban glissa et finit par se retrouver assis par terre. Il passa paresseusement sa main dans ses cheveux pour les ébouriffer avant d’adresser à la jeune inconnue un sourire lasse.

- Ça te gène si je reste un peu ici ? J’aime bien cette chanson et je n’ai plus très envie de rentrer dans ma chambre tout de suite …

Parler lui faisait du bien et lui rendait son sourire. Son côté positif reprit petit à petit le dessus et il se dit que finalement ce n’était si dramatique, il avait la chance de rencontrer une nouvelle personne et ça c’était cool ! Après quelques minutes de silence, il explosa de rire, relâchant toute la tension retenue depuis son entrée dans la pièce. Reprenant son calme, il entreprit d’en apprendre un peu plus sur la jeune fille en face de lui.

- Quelle situation ridicule n’empêche ! Je n'ai jamais eu le sens de l'orientation. Au fait, je m’appelle Esteban et toi ?

Esteban se promenait sans but précis dans les couloirs de l’établissement. C’était une belle journée aujourd’hui, initialement il avait prévu de sortir prendre l’air, se balader dans le parc, écouter le chant des oiseaux et respirait de l’air frais. Mais au dernier moment il avait changé d’avis, il avait vraiment trop la flemme de sortir dehors. Il se retrouvait donc là, à marcher sans but, juste histoire de se dire qu’il ne s’était pas préparé à sortir pour rien. Au bout d’un quart d’heure il jugea qu’il s’était assez promené et entreprit de rentrer dans sa chambre. Observant les alentours, il dut vite se rendre à l’évidence, il était encore perdu. Ça commençait à bien faire ! C’était la troisième fois cette semaine, qu’es qui avait bien put faire au ciel pour qu’il le dote d’un si mauvais sens de l’orientation. Fouillant avec humeur les poches de son blouson, il grogna de mécontentement, il ne manquait plus que ça, il avait oublié le plan qu’il avait pris l’habitude de balader constamment sur lui. Bon il allait devoir dégoter une âme charitable qui le remettrait sur le bon chemin. Marchant au hasard des couloirs il finit par croiser un garçon sensiblement de son âge à qui il put demander son chemin. Le jeune homme serviable lui indiqua la route, ajoutant compatissant qu’il était normal de se perdre au début. Il acquiesça pour la forme, n’osant pas avouer à son sauveur qu’il était dans l’institut depuis deux bonnes semaines. Bref, l’incident passé il se dirigea en sifflotant vers la direction que l’étudiant lui avait indiquée.
Arrivant dans le couloir des chambres, il repéra la porte de la chambre 2, chambre qu’il partageait depuis quelques temps avec la charmante Taylor, celle-ci était ouverte et de la musique s’en échappait. Distraitement il se fit la réflexion qu’il lui semblait que les murs de ce couloir était bleu et que là il semblait plus vert mais il occulta vite fait ce détail. Entrant dans la chambre, il commença à raconter sa mésaventure à sa colocataire …

- Et Taylor tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé, je me suis encore perdu !

… Avant de se rendre compte qu’il se trouver dans une chambre inconnu, en face d’une inconnu, et qu’il n’avait pas une seule trace de Taylor en vue. Deux secondes lui suffirent pour comprendre la situation. Tout le monde sais que les chambres sont répartie par ordre d’arriver et « son sauveur » pas si sauveur que ça finalement avait dû penser qu’il était nouveau et l’avait du coup dirigé au deuxième étage, celui des nouveaux, ce qui expliqué les murs verts. Oups ! Sur le coup il se sentait un peu con. Il fallait qu’il s’explique … ou pas. S’il partait sans rien dire ça serait pas mal, non ? Bon peut être pas en fait. Un rire nerveux lui échappa pendant qu’il décoiffer tout aussi nerveusement ses cheveux. Et aller on se lance, se souvenant d’une expérience humiliante récente où il avait balbutié comme un crétin pendant près d’une minute, il prit le temps de réfléchir avant de parler. Une grande inspiration et c’est parti.

- Euh, je crois que je me suis encore perdu, désolé d’être rentré comme ça, je suis dans la chambre 2 moi aussi mais je crois que je me suis trompé d’étage …

Esteban adressa à la jeune fille un petit sourire, avant de se mordre la lèvre d’embarras, ça ce n’était vraiment pas la classe. Pour la troisième fois au moins de la journée il maudit le ciel pour son sens de l’orientation plus que déplorable.