First words, first steps {Libre}

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Partir, le plus discrètement possible, ne pas faire de vagues... Willow était certaine qu'elle s'était déjà faite remarquée par toutes les personnes présentes autour d'elle. Évidemment les livres ne l'attaqueront pas sournoisement, lui attrapant les chevilles en la faisant tomber lourdement au sol. Un scénario de film fantastique s'introduisit dans son esprit. Dans ce genre de film. Will' n'aurait jamais été celle qui criait dans tous les sens et qui mourrait en premier. Elle n'aurait pas non plus été celle à réfléchir pour trouver des plans ingénieux ou démasquer l'assassin. Non, la brunette aurait été celle qui se bat, qui fait face, qui court, qui coupe les fils des bombes sans le moindre mode d'emploi.
Ces histoires de livres la faisait dériver ! Elle commençait à penser à des histoires irréalistes. La demoiselle savait que les romans permettaient de s'évader, selon beaucoup de personne. Mais à quoi bon vouloir passer du temps enfermer, s'attachant à la volonté de partir loin ? Pourquoi ne pas vivre à l'intérieur de l'histoire ? Pourquoi ne pas s'inventer ses propres expériences, ses propres aventures ? Non, décidément Willow ne comprendrait pas.

L'étudiante qui était d'ailleurs en train de lire avant que la demoiselle du Michigan ne la dérange, avait dit quelques mots. Elle rangea les bouquins à leur place originelle. Elle s'excusa avant de lui demander si tout aller bien. Question que jusque là, Willy n'avait même pas pris la peine d'y réfléchir. Alors que dans certaines situations on ne ressent pas la douleur à cause de l’excitation et de l'adrénaline, dans ce cas ce n'était pas ça. La jeune fille n'avait rien. Et puis, même dans le pire des cas, une cicatrice en plus ne l'effrayait guère !

« J'en ai vu d'autre ! Et ne t'excuse pas, je n'ai pas fait attention où mes pieds me menait... Ne jamais se plonger dans sa musique quand on est dans une bibliothèque ! Je retiens la leçon ! Quoi que pas forcément ici, disons ne jamais fermer les yeux et murmurer des paroles dans un bâtiment vivant. En tout cas je ne voulais pas te déranger, hein ! »

Willow replaça une mèche brune qui était venue empiéter sur sa vision. La lectrice en face d'elle était plutôt mignonne. Pas vraiment le physique d'une intello. Mais qui d'autre venait ici ? A part en y étant forcé... Elle était l'opposé physique de Will', blonde au yeux bleu, une dizaine de centimètres en moins... La sportive ne savait quoi dire de plus et hésiter à partir comme ça. Que dire ? Cette fille semblait avoir des centres d’intérêt complètement différents des siens. Par curiosité, une question s'échappa des lèvres de Willy :

« Tu lisais quoi ? Thriller, poésie, récit romantique... ? »

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La jeune femme était plongée dans sa lecture. Un bouquin passionnant, qui lui permettait de s'évader un moment, loin, dans un monde où elle se sentait bien. Ici, tout était nouveau, elle ne connaissait personne. Retrouver les personnages de l'histoire dans laquelle elle baignait était un véritable soulagement. C'était peut-être étrange pour beaucoup de monde... Mais Juliette s'en fichait. Même si elle devait passer pour une folle aux yeux des autres. Tout ce qui comptait, c'était son univers familier, qui jamais ne la trahirait.

Les minutes passèrent, tranquillement. Pas un bruit ne dérangeait la lecture des étudiants présents dans la bibliothèque. On aurait dit que personne ne désirait troubler l'étrange quiétude qui régnait dans la salle. En même temps, c'était tant mieux ! Ainsi, Juliette était à l'aise, et ne se préoccupait pas des autres. Ici, elle se trouvait avec des gens de son espèce, des jeunes qui, comme elle, appréciait la lecture. Cependant, la jeune femme savait que rester cloîtrée dans un endroit plein de livres ne facilitait pas les rencontres multiples. Bien qu'elle aimait les personnes cultivées, il lui fallait du nouveau.

Ce qu'elle désirait secrètement arriva plus vite qu'elle ne le pensait. Juliette lisait toujours, ses yeux allant de gauche à droite, dévorant les mots les uns après les autres. Tout à coup, un léger bruit de chute la fit sortir de son histoire. Un peu troublée, l'adolescente regarda devant elle et sentit qu'il y avait du mouvement derrière elle, vers la droite.

« Ce sac doit être à toi, je suppose... J'espère que j'ai rien cassé ! » dit-elle, un peu embarrassée.

Elle se tourna et découvrit une jeune fille en train de se relever. Elle tenait dans sa main le sac en bandoulière de Juliette. Celle-ci la regarda un moment, occupée à ranger des livres qu'elle avait fait tomber, sûrement dans sa chute.

« Et ça... Ça, ça devait être ici... Désolée pour le bruit, hein ! Je ne voulais pas déranger quiconque dans sa lecture ! Je ferais mieux de chercher au plus vite la sortir en me faisait la plus discrète possible et surtout en évitant les pièges tordus qu'ont orchestré les livres pour moi !»

« Oh ! Attends, je vais t'aider. »

Elle retourna son livre et le déposa sur la table, afin de ne pas perdre la page. Juliette prit deux des livres que l'inconnue avait déposé et rangea les ouvrages à leur place d'origine.

« Je suis désolée, si tu es tombée, c'est de ma faute. J'aurais du déposer mon sac autre part. J'espère que tu n'as pas de mal ? »

La jeune femme qui était tombée ne semblait pas être friande de lecture. Son apparence laissait dire qu'elle était plutôt rebelle et vu la phrase qu'elle avait prononcé plus tôt... Mais en tout cas, elle n'avait pas l'air méchante.

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Elle alluma son Ipod. Selon Willow la découverte approfondie des lieux ne se ferait pas sans musique. Elle secoua légèrement la tête en rythme. Les couloirs s'étendaient dans tous les coins. Des casiers, des portes fermées, des lumières éteintes... La demoiselle essaya de visualiser l'endroit pendant les cours ou plutôt entre les cours. Des gens qui parlent, des groupes qui se dirigent d'un endroit à un autre, des couples s'embrassant, des amis discutant autour du distributeur d'eau ou de nourriture, des portes qui claquent, du bruit, des rires, des feuilles qui se froissent, des fragments de conversations. C'était dans cet univers invisible que Will' marchait. Ses pas étaient toujours coordonnés avec la pulsation de la musique, de temps à autre elle murmurait les paroles ou encore bougeait son bassin. Si quelqu'un la voyait à ce moment précis, il la prendrait pour une folle. Mais elle s'en fichait royalement. Elle s'éclatait, vivait au jour le jour et ne ressentait aucune pression vis à vis des regards des autres étudiants. Et puis c'était les vacances, personne ne trainait dans les couloirs à cette saison ! Il y avait que les nouveaux aussi fous qu'elle pour le faire...
Ses doigts glisser le long de la surface lisse et froide des murs, des portes, des casiers. Elle s'arrêta un instant devant un écrito indiquant que c'était l'entrée du laboratoire de chimie... Ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait voir ! Et après avoir appuyé sur la pognée, elle comprit que la salle était fermée à double tour. Rien que de voir un lettre métallique ce mot reflétant la science, Willow en avait des frissons dans le dos. La brune n'avait jamais été une très bonne élève. Sa meilleure moyenne résidait seulement dans le sport, suivit d'un peu plus loin par les langues. Mais ça s'arrêtait là. La jeune fille était de loin une femme d'action plutôt que de réflexion. Cela avait toujours été pour elle : le sport avant tout. Athlétisme, natation, tirs, basket et autre... Ses nombreuses activités empiétaient sur ses devoirs qui se retrouvaient souvent délaissés. Willow sourit en se souvenant d'une série qu'elle avait l'habitude de regarder chez elle. Une équipe de football américain. Des crétins qui payaient des intellos pour pouvoir avoir de bonnes notes, ne pas aller en cours et surtout pouvoir faire tous les soirs la fête. Elle n'allait pas jusqu'à penser que c'était le plan idéal mais elle aimait bien l'idée.

Willy marchait toujours, les musiques changeaient, les minutes défilaient. C'était sa chanson préférée ! La sportive ferma les yeux et se laissa emporter par la musique. Elle poussa une porte avec son dos, celle-ci fut miraculeusement non-verrouillée, elle tourna sur elle-même pour voir où elle était entrée et quand ses paupières se rouvrirent se fut avec un petit choc qu'elle vit tous les rayonnages de livres. La bibliothèque... Endroit qu'elle avait très peu fréquenter dans sa vie... Ses brèves apparitions dans celle de son ancien collège résidaient juste dans le fait qu'elle recherchait son meilleur ami. Alistair... C'est en pensant à lui qu'elle s'avança entre les livres. Cet endroit semblait aussi grand qu'une piscine olympique... Peut-être même plus si on comptait la hauteur et les endroits qu'elle n'arrivait pas à voir de là où elle était. Willow marchait, son doigt toujours en train de glisser sur ce qui était le plus proche d'elle. Ici, c'était les tranches inégales des livres. Une odeur de vieux parvenait aux narines de la jeune femme. Décidément elle ne comprenait pas pourquoi des personnes restaient si longtemps dans cet endroit alors qu'ils ne pouvaient ni faire de bruit, de gestes brusques... Le rythme rapide de la mélodie qui lui parvenait aux oreilles contrastait avec l'ambiance sombre et calme du lieux.

Alors qu'elle faisait le tour des rayonnages en lisant les noms des auteurs, Willow se prit les pieds dans quelque chose. Elle trébucha et faillit tomber face contre terre. Elle s'attrapa à la chose la plus solide qui lui tomba sous la main. Seulement ce fut plusieurs livres, qui s’effondrèrent en même temps qu'elle.
Étalée sur le bois ciré du parquet, Will' se retourna en enlevant d'un main son écouteur. Son regard sombre se posa sur l'arme du crime. Ou plutôt l'objet qui avait causé sa chute maladroite... Un sac en bandoulière qui avait sûrement du tomber au sol un peu plus tôt, sa chute passant inaperçue aux yeux de sa propriétaire. Chute beaucoup plus discrète que celle de Willow ! Au moins il y en a qui son chanceux !
L'étudiante ramassa le sac et se releva. Avec un sourire des plus aimables elle lança :

« Ce sac doit être à toi, je suppose... J'espère que j'ai rien cassé ! »

Willow éteint alors son mp3. Elle se baissa et récupéra les livres qu'elle avait fait tombé avec elle. Elle en fit une pile qu'elle posa sur la table. Willy se parla plus pour elle que pour le blonde assise devant la table de lecture... Cette fille devait probablement encore être trop absorbée par les lignes noirs de son roman...

« Et ça... Ça, ça devait être ici... Désolée pour le bruit, hein ! Je ne voulais pas déranger quiconque dans sa lecture ! Je ferais mieux de chercher au plus vite la sortir en me faisait la plus discrète possible et surtout en évitant les pièges tordus qu'ont orchestré les livres pour moi !»

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La familière odeur de vieux monta immédiatement aux narines de l'adolescente lorsque celle-ci franchit les portes de la bibliothèque. Prenant une grande inspiration, Juliette s'avança dans la pièce, ses yeux émeraude allant de droite à gauche. Etant toute nouvelle au lycée Wynwood, elle ne connaissait pas du tout l'établissement. Profitant d'une matinée de libre pour l'explorer, elle avait décidé de commencer par un endroit qu'elle appréciait particulièrement. Avide de connaissances et d'évasion, la jeune fille aimait passer du temps penchée sur un bouquin. D'ailleurs, où qu'elle aille, elle en avait toujours un dans son sac en bandoulière. Puis, il fallait bien passer le temps dans les transports en commun, sur le chemin du lycée.

L'adolescente regardait les rayons sur lesquels reposaient des centaines de livres. Était-il possible que quelqu'un les ait déjà tous lus ? Cette question idiote en tête, Juliette continua son chemin jusqu'aux tables de lecture. Quelques élèves y étaient installés, bavardant à voix basse pour ne pas perturber le silence perpétuel qui régnait dans la bibliothèque. S'avisant qu'elle était plantée comme un piquet au milieu de tout, la jeune fille prit place à une table libre et déposa son sac en bandoulière dessus. Avant de sortir son bouquin, elle prit le temps de regarder autour d'elle.

C'était étrange. Cette pièce était comme un sanctuaire pour Juliette. Celle-ci ne savait pas expliquer pourquoi mais lorsqu'elle se trouvait dans une bibliothèque, elle se sentait calme, en paix. Elle pouvait entendre vibrer les histoires contenues dans les livres et cela la faisait trembler d'impatience. En quête de nouveau, l'adolescente était prête à tout, quitte à dévorer jour et nuit des milliers de pages. C'était extrême mais pas autant que de se retrouver sur des montagnes russes ! Juliette n'était pas énormément extravertie et ce genre d'amusement ne lui disait rien. Non, ce qui lui plaisait, c'était plutôt la sérénité. Etre assise dans un parc à même le sol, au bord d'une rivière ou de la mer, et dans une bibliothèque...

Elle se demandait parfois d'où lui venait cette fascination pour la lecture. Non, cette obsession pour la lecture. Ses parents n'étaient pas très érudits et aussi loin que remontaient ses souvenirs, ses aïeuls non plus. Cela devait remonter à plus loin... A moins que Juliette fût en réalité adoptée. Elle en doutait fort, elle avait beaucoup trop de ressemblance avec sa famille. Il s'agissait alors d'un gêne égaré ou endommagé... En tout cas, ce trait de sa personnalité était unique. C'était pour cela que sa grande soeur, Jennsen, se moquait souvent d'elle. Une rate de bibliothèque, disait-elle. Elle finirait vieille fille, affirmait-elle. Malgré les paroles de son aînée, Juliette continuait de lire et cela lui faisait du bien.

Loin d'être coincée, la jeune fille savait s'amuser de certaines façons. A présent qu'elle avait seize ans, il était temps pour elle de devenir une jeune femme et de goûter à toutes les joies de la fin de l'adolescence. En venant à Miami, Juliette espérait que cela se réalise. Faire du shopping entre filles, rencontrer de beaux garçons, sortir en boîte, boire et faire la fête, profiter de sa jeunesse. La seule chose qu'elle désirait était de rester elle-même. Chose difficile quand on savait que la superficialité des jeunes prenait vite le dessus sur le naturel...

Sortant de ses pensées, Juliette sortit finalement son livre et l'ouvrit à la page retenue pas le marque-pages. Se retrouver ici lui permettrait de faire le vide et de se préparer à sa nouvelle vie. N'empêche, vivre seule dans un petit appartement, sans connaître rien ni personne de cette ville inconnue n'était pas facile...