« Je dégueule sur la facilité des sentiments. » (Elena.)

Invité

Hm, bon, ok. Par contre, tu essaies ta robe, aussi, hein ? J'ai le droit de voir la mariée habillée avant le mariage, moi.

J’acquiesçai. Bien sûr que j'allai essayer ma robe aussi. Elle me souri et m'entraîna avec elle vers les cabines d'essayages. Elle alla se changer en première. Je savais que cette robe serait faite pour elle. Certainement un peu grande, mais ça ne se verrait pas énormément. J'étais persuadée qu'elle serait magnifique à l'intérieur. Même avec ses pulls trop grands elle était magnifique quand même. Le temps qu'elle se changeait, je regardais les alentours. Des femmes rentraient dans ce magasin, mais étaient beaucoup plus vieilles que moi. Était-ce trop tôt pour me marier ? Était-je prête ? Toutes ces questions tambourinaient ma tête telle une fanfare ambulante, et bruyante. Je passai une main sur mon ventre. Est-ce-que j'étais aussi prête pour assumer un enfant ? Est-ce-que Pollo et moi étions prêts à l'assumer ? Je savais qu'elle serait la petite fille la plus comblée amoureusement de ses deux parents, mais je me demandais bien aussi si tout ça n'était pas un peu trop précipité. Et puis, pourquoi toutes ces questions, bordel ? J'aimais Pollo, et il m'aimait aussi malgré tout ce qui s'était passé. J'aimais déjà mon enfant, et il l'aimait aussi. Quoi de plus beau que de prouver notre à deux reprises ? Nous serions un couple parfait. J'en étais certaine de ça aussi. Ça ne pouvait pas en être autrement.

Les dames donc, me regardait. Elle devait se demander ce qu'une fille aussi jeune foutait ici.
« Bah tu veux faire quoi dans un magasin de robe de mariés, connasses ? »
Héhé, pauvres femmes. Elle n'épouse pas l'homme parfait, puisqu'il est à moi ♥ Elle devrait être déçues. Enfin. L'une était horrible. Je me demandai bien QUI l'épouserait. Un aveugle, sûrement... Il y avait aussi un couple de vieux. Tout ce petit monde était magnifique, presque fascinant. Ouais, euh. Non. La seule qui me fascinait à présent, c'était Elsa. Elle venait de sortir de la cabine, rayonnante. Elle était un peu cernée, ses longues jambes avaient l'air de pouvoir de briser comme une allumette, mais elle était vraiment ravissante. Toute rouge, elle me demande :

Hm, alors ..?

J'écarquille les yeux, fais un graaaaaaaaand sourire, et lui réponds :

Waw. Rien à dire. T'es trop belle. On l'a prend !

Je la pousse dans la cabine, la forçant à se rhabiller. Je ferme le rideau énergiquement. Et attends patiemment son retour. J'avais été prisée par mon élan de bonheur. Elsa était vraiment belle. Et alors qu'elle devait encore se changer, je passai la tête entre le rideau blanc ivoire et le mur, et lui dit :

Au fait, excuse moi de te presser comme ça haha, mais t'étais tellement parfaite que je voyais pas sur quoi batailler ! Par contre, t'as intérêt de dormir un peu plus !

Je lui fis un grand sourire. Je savais qu'elle serait gênée. Elle avait plaquée la robe contre elle pour cacher ses parties dites intimes. Je sortis ma tête, toute rigolante. J'aimais bien la taquiner ♥

Invité

Elena n'a pas le temps de me répondre; une nana du magasin vient nous voir pour savoir si elle peut nous renseigner. Je déteste cette façon qu'on les vendeuses de venir aborder les clients. Elles vous sautent dessus, avec leur parfum entêtant, voulant absolument vous vendre quelque chose ou prix le plus cher. Elles sont surmaquillées, et peroxydées. Bref, je les adore. Elena lui explique la situation, le mariage, tout ça. La nana nous laisse regarder. Ouf. Enfin une pas trop collante. On se dirige dans les rayons, et on regarde. A chaque fois qu'elle choisit quelque chose, c'est exactement à l'opposé de ce que je m'imaginais. Ca me fait sourire intérieurement, parce que je m'y attendais. Je regarde des trucs de mon côté, distraitement. Trop court, trop coloré, trop de frou-frous, de noeuds, de paillettes, trop décolleté...

Et c'est alors qu'Elena m'entraîne avec elle sans trop que je ne m'y attende. Elle me montre une magnifique et longue robe blanche sur un mannequin, le truc genre à la fois très simple et classe. Comme Elena, quoi. Un chapeau, des gants. Ce n'est pas du tout ce que j'imaginais pour elle à la base. Mais devant cette robe... Je n'arrive plus à voir Elena dans une autre. C'est LA robe. Elle et moi étions parfaitement subjuguée, alors, on décide d'un commun accord que ça serait celle-là. Apollo allait avoir de la chance de s'unir pour la vie avec une si belle mariée. C'est d'ailleurs ce que je réponds, dans un petit sourire.

« Il va en avoir de la chance, Apollo. »

Bon. Maintenant, c'était à mon tour, et je savais que je n'allais pas y échapper. Je commence déjà avoir un peu mal au ventre. J'avais peur qu'elle choisisse quelque chose qui ne me plaisait pas, mais bon, je voulais lui faire plaisir quand même. Je fouillai parmi les rayons, sans vraiment regarder. J'entends Elena m'appeler. Je tourne la tête vers elle. Elle me montre une robe. Bustier, blanche. Un noeud, du tulle, des pois noirs... C'est plutôt sobre. Mais... c'est court. Un peu. Bon. Pour faire plaisir à Elena.

« Hm, bon, ok. Par contre, tu essaies ta robe, aussi, hein ? J'ai le droit de voir la mariée habillée avant le mariage, moi. »

Je lui souris, et l'entraîne avec moi vers les cabines d'essayage. Bon, je m'y colle en première. J'entre dans une cabine, la robe sous mon bras. Je me regarde dans la glace. Toute maigre, toute pale. Hm. Toute cernée, aussi. Heureusement que le maquillage existe. Enfin, ça sera Elena qui s'occupera de ça. Je sais pas me maquiller, moi. Bon. Je me déshabille, puis enfile la robe. Elle est un poil trop grande, mais je préfère. Je me regarde à nouveau dans le miroir. Et là, le choc. Ca me fait super bizarre. On voit mes jambes toutes maigres, et toutes longues. J'entends Elena qui m'appelle. J'ai pas le temps de m'attarder sur les détails. Je sors, timide. Je suis pieds nus, j'aurais l'air con, avec mes converses. Je me sens rougir devant Elena. Je passe une main nerveuse dans mes cheveux.

« Hm, alors ..? »

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Nous entrâmes dans une boutique qui s'appelait Pronuptia. De magnifiques robes étaient entreposées partout. Celles de la vitrine étaient magnifiques. Je n'étais jamais rentrée dans un magasin de la sorte. Mais je me rendis compte que cela me plaisait. Je savais surtout que je porterais cette robe pour l'homme que j'aime. Il fallait qu'elle lui plaise. Il fallait qu'elle me plaise. Il fallait surtout que je lui plaise. Elsa prit ma main. Elle était toujours froide, tandis que la mienne chaude. Une dame vient nous voir, et nous demandes ce qu'elle peut faire pour nous. Je répondis que j'allai me marier, et qu'il me fallait donc une robe, ainsi que pour la témoin, qui se trouvait à côté de moi, désignant Elsa de la main. Elle nous dit qu'elle nous laissait regarder toutes les collections. Je lui souris, et entraîna ma meilleure amie avec moi pour regarder. J'imaginais ma robe, longue, elle traînerait par terre. Elle aurait un bustier, avec quelques plis. Je l'imaginais déjà dans ma tête. Quelques regards par-ci, par-là avec quelques discussions avec Elsa, pour décider. Puis, dans le fond de la salle, sur un mannequin, une robe. Elle était munie de gants, et d'un chapeau. C'était une robe trapèze couleur ivoire avec un décolleté droit. Elle avait un long buste drapé et bouillonné, accompagné d’un grand nœud sur une belle jupe en tulle plumetis.

Spoiler:

J'entraînais Elsa avec moi, qui devait commencer en avoir marre de moi et de mes « non, j'aime pas trop ».

Waa. T'en dis quoi de celle-là..?

Je restai émerveillée devant la beauté de cette robe. Pourtant ce n'était qu'une robe. Mais elle répondait à toutes mes attentes. Elle était simple, et classe. Un unique collier était sur le mannequin, qui était très joli. Le tout était très harmonieux. Je crois que j'avais trouvé ma robe. Le prix ne me dérangeait pas, j'étais riche. Je ne pris même pas le temps de le regarder. Après qu'Elsa m'ai répondu, et que nous ayons conclu avec la vendeuse que je prendrais cette robe, je regardai les alentours, et une autre robe attira mon regard. Elle serait parfaite, elle aussi. Mais pour Elsa. Je la voyais parfaite à l'intérieur. C'était une robe ivoire et noire en tulle fin avec un décolleté droit. La poitrine était finement drapée et soulignée par un gros grain noir avec un nœud et un long pans.

Elsa...

Je l'entendis murmurer son « Mmh ? » et poursuivait.

Tu voudrais bien porter, ça ? Pour moi. Je suis sûre qu'elle t'ira à ravir. ♥

Spoiler:

Je ne lui en voudrais pas si elle me répondait non. Mais j'y tenais.

Invité

Je sors du lycée, la main toute chaude d'Elena dans la mienne. Suite à ma dernière réplique, elle me lance que de toutes façons, je n'ai pas le choix. C'est bien ce que je viens de lui dire. Je soupire gentiment, un peu anxieuse à l'idée de ce qu'Elena va me faire porter. Une robe à tous les coups. J'aime pas les robes. Je déteste ça. Ca vile, c'est court, c'est léger. On voit mes jambes, mes bras, trop maigres. On peut deviner mes hanches trop démarquées aussi. Ca s'enlève trop facilement, ça colle trop à la peau. Et puis, c'est pas mon style. Enfin bon, vous aurez compris que je n'aime pas ça du tout. Je suis hyper mal à l'aise dedans. En plus, ça coûte cher. Et on peut pas dire que je roule sur l'or. Bref. Je déambule dans les rues de Miami avec ma meilleure amie, la guidant. C'était Apollo qui m'avait conseillée de l'emmener à Pronuptia. Je suis partie y faire un tour, pour jeter un oeil. Il y avait de très jolis modèles. Des trucs pas trop fantaisistes mais pas trop sobres non plus. Des trucs qui iraient bien à Elena.

Je l'imaginais déjà dans une belle robe blanche célébrer le plus beau jour de sa vie, après la proche naissance de son enfant, je suppose. On fait encore quelques mètres et on y arrive. La devanture du magasin expose les plus beaux modèles - les plus chers aussi. J'entraîne Elena avec moi à l'intérieur, réel paradis de la robe de mariée. Il y en a de toutes les formes, de toutes les tailles, et de toutes les couleurs. Des originales et des classiques. Pour Elena, je ne verrais pas un truc trop long. Une robe plutôt bombée en bas, qui lui arriverait au dessous des genoux, et en haut, un espèce ce de bustier avec des petites paillettes. Je voudrais que sa robe souligne son ventre qui sera légèrement plus rebondi. Qu'on puisse bien voir la vie qui grandit en elle. Histoire que la crevette fasse parti de la fête. Et aussi joli collier avec des perles. Peut-être que je devrais lui donner celui de ma mère..? Qu'est- ce que j'en ferai, moi ? Enfin. Pour les chaussures, je ne sais pas. Un truc pas trop haut et pas trop serré pour pas qu'elle ait mal aux pieds. Des petites ballerines à talon, ça serait bien.

Enfin, telle que je connais Elena, son idée sera totalement différente de la mienne, à tous les coup. C'est pour ça que je ne lui en fais pas part. Après tout c'est son mariage. C'est à elle de choisir. Et je suis certaine qu'elle fera le bon choix. C'est pourquoi je prends doucement sa main brûlante dans la mienne.

« Tu as tout l'après-midi pour choisir. On s'occupe seulement de toi. Tu as des idées, un peu ? »

Invité

Mon amie se leva et me tendit sa main. Pourquoi se levait-on ? Elsa avait le don de faire des choses pour changer de sujet sans qu'on se pose de questions. Ou tout simplement, pour pas qu'elle réponde aux questions.

Bref. Ca ira. Aller, viens. On va à Pronuptia voir pour ta robe avant que tu ne puisses plus mettre quoique ce soit sous risque d'exploser.

Son ton était gentil, je souris. Mais en même temps elle avait raison. Je saisie sa main, qui était froide, voire glacée au choix. La mienne était chaude, même plutôt brûlante. Comme si j'étais un peu l'été et elle l'hiver... La lumière, la nuit, toutes ces choses qui ont une opposition. Car elle et moi étions une opposition. Nous n'avions pas beaucoup de points communs, pas la même façon de penser, de faire les choses tout ça, mais ça ne nous empêchait pas d'être de très bonnes amies. Comme quoi la différence n'est pas une aversion à l'amitié.

Et aussi pour me trouver quelque chose de potable pour ton mariage. Je suis ton témoin, tout de même. Je déteste ça, mais je n'ai pas le choix...

Nous sortîmes de l'enceinte du lycée. Nous marchâmes, je la suivais. Je ne savais pas vraiment où se trouvait ce magasin, donc je ne pouvais que la suivre. Pour ce qui était de sa tenue, oui, oui, elle porterait une ROBE.

T'façon, t'as pas le choix.

Mon ton était gentil, mais aussi sérieux. Je savais qu'Elsa n'aimait pas porter des robes, et pourtant, elle était si belle dedans. Du coup, je voulais la voir en robe, pour mon mariage. Et en même temps, elle ne pourrait pas se présenter avec son jean trop grand, ses t-shirt larges et ses pulls trop grands aussi. A croire que rien n'était à sa taille.

Invité

Elena s'approcha de moi et entama un petit monologue :

« Pourquoi tu veux oublier ? Pourquoi vouloir que tout soit comme avant ? Change les choses. Change ta vie. Essaye de nouvelles choses. Moi, je suis presque sûre que tu veux vraiment savoir si tu en es amoureuse. C'est sans doute quelque chose de nouveau pour toi, et tu ne sais pas vraiment comment t'y prendre avec ce sentiment. Mais n'oublie pas ta soirée avec Chase. N'oublie pas non plus les baisers que vous avez échangés. Même si ça ne va jamais plus loin. Même si vous ne sortez pas ensemble par la suite. Simplement, vois les choses d'un autre côté. Je suis presque sûre que tu es amoureuse de lui, puisque ça te préoccupes. »

Je soupirai légèrement. Elle devenait sage, Elena. La grossesse la changeait. Vraiment. Je savais qu'elle ferait une mère parfaite. Que son gosse serait heureux. C'était sûr. La famille Tässäon serait une famille heureuse, malgré les problèmes et les aléas de la vie. Je le savais. J'avais hâte de voir ça. Vraiment. En tous cas, je me contentai de répondre un simple « Hm. ». Moi, je verrai bien. Quoiqu'il arrive. Je ferai tout pour que Chase soit heureux. Avec ou sans moi. C'était ça, le truc important. J'espérai aussi que ça ne changeait rien à notre amitié. Enfin. Je me levai et tendis une main à Elena.

« Bref. Ca ira. Aller, viens. On va à Pronuptia voir pour ta robe avant que tu ne puisses plus mettre quoique ce soit sous risque d'exploser. », lui dis-je, gentiment.

Elle me sourit et prit ma main, gentiment. La sienne était toute chaude, et la mienne glacée. Comme d'habitude. Je glissai, doucement :

« Et aussi pour me trouver quelque chose de potable pour ton mariage. Je suis ton témoin, tout de même. Je déteste ça, mais je n'ai pas le choix... », soupire-je, légèrement.

Je l'emmenai avec moi, sortant du lycée. Heureusement que le centre-ville n'était pas loin. Parce que la chaleur était vraiment trop étouffante. Vivement l'automne.

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Comme je l'avais prévu, elle se mit à rougir tel une tomate. Et comme pour faire si de rien n'était, elle soupira et passa sa main dans ses cheveux, lasse. Elle me dit qu'elle n'en savait rien. Et cette fois, elle m'appelle Lena. Mon diminutif. Tout le monde m'appelle comme ça, sauf elle. Elsa est certainement la seule personne qui m'appelle couramment Elena. Mais quand le besoin se fait ressentir, le "e" passe à la trappe et ça veut tout dire. Elle avait certainement besoin de savoir. Elle devait savoir si elle l'aimait vraiment. Et j'étais presque certaine qu'elle voulait oublier ce qu'il s'était passé pour pouvoir arrêter d'avoir mal au ventre, et que sa tête arrête de traîner dans tous les sens pour savoir ce qu'elle ressentait vraiment pour Chase.

Et je crois que je préfère ne pas savoir. Oublier ce qu'il s'est passé. Pour que tout soit comme avant.

Je me rapprochai un peu d'elle, et entamait certainement un long monologue. Ou du moins, j'exprimais ce que je pensais.

Pourquoi tu veux oublier ? Pourquoi vouloir que tout soit comme avant ? Change les choses. Change ta vie. Essaye de nouvelles choses. Moi, je suis presque sûre que tu veux vraiment savoir si tu en es amoureuse. C'est sans doute quelque chose de nouveau pour toi, et tu ne sais pas vraiment comment t'y prendre avec ce sentiment. Mais n'oublie pas ta soirée avec Chase. N'oublie pas non plus les baisers que vous avez échangés. Même si ça ne va jamais plus loin. Même si vous ne sortez pas ensemble par la suite. Simplement, vois les choses d'un autre côté. Je suis presque sûre que tu es amoureuse de lui, puisque ça te préoccupes.

Je glissais un petit clin d'oeil. J'étais sûre de moi. Puis, le fait d'être enceinte m'assagit.

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Je suis mal à l'aise. En plus, il fait chaud. C'est nul. Et dans ma tête, c'est le gros bouillon de sentiments. Tout se mélange, plus rien n'est clair. J'aimerai qu'en un simple claquement de doigts, tous mes doutes disparaissent. Elena, elle, elle continue de me regarder le sourire aux lèvres. Je la sens vraiment contente pour moi. Et ça me gêne encore plus. Parce qu'elle va certainement être déçue, au final. Et je sens qu'elle meurt d'envie de me poser la question. Cette question que je refuse de me poser. Cette question à laquelle je ne sais pas répondre, de toutes façons. Elle me fait mal au ventre, cette question.

Et Elena commence à me faire mariner, pour être sûre que j'y répondrai. J'espère au fond de moi que c'est pas ça qu'elle va me demander. Elle sourit toujours. Et moi, je commence à paniquer un peu. Parce que je ne saurais pas quoi à répondre. Je ne veux pas mentir à Elena. Mais je ne veux pas qu'elle soit déçue, aussi. Elle laisse couler deux minutes, avant de formuler son interrogation, clairement. "Dis, t'es amoureuse de Chase ?". Bingo. Je passe du rose pâle au rouge tomate, et elle, elle sourit. Son sourire de femme enceinte adorable qui aime parfois me mettre mal à l'aise. Je soupire, et passe une main nerveuse dans mes cheveux.

J'en sais rien. J'en sais absolument rien, moi. Chase et moi, on est ami d'enfance à la base. Et peut-être que c'est ce qu'on est censé rester. Et puis, c'est peut-être simplement l'excitation, la nouveauté, ce sentiment qui me tord le ventre. Pas de l'amour. Mais... Si c'était simplement ça, alors, pourquoi est-ce qu'on est si mal à l'aise, maintenant ? Ce n'était pas rien, ce qu'il s'est passé, ce soir là. Ni lui, ni moi, ne pouvons le nier. C'était fort. Et ça me fait peur. Et au final, je ne sais toujours pas quels sont mes sentiments à l'égard de mon ami d'enfance.

« J'en sais rien, Lena... »

Je m'aperçois que je l'ai appelée par son diminutif. C'est rare, quand je fais ça. Mais c'est souvent dans les moments où je suis le plus démunie. Où j'ai vraiment besoin d'aide.

« Et je crois que je préfère ne pas savoir. Oublier ce qu'il s'est passé. Pour que tout soit comme avant. »

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Je savais qu'elle était sans doute mal à l'aise. Mes réactions, mes questions avaient le don de la foutre mal. Sans doute parce que moi, je m'emportait un peu pour rien, j'étais émotive, et que j'ai besoin de dire tout ce que je ressens et je n'ai pas vraiment de mal à le faire. Elle, si. C'est en balbutiant qu'elle me dit de ne pas m'emporter. Elle m'expliqua que c'était le soir, qu'elle était malade, dans l'eau. Elle termina en me disant que Chase avait encore quelques soucis a réglé avec Sacha. Ah oui, celui avec qui j'avais préparé le bal des anarchistes. Qui avait plutôt mal fini à ce qui paraît. En même temps, une fête instaurée par des rebelles, ça ne peut pas se finir bien, ou se passer sans qu'il n'y ai une bagarre. Je me rappellerais toujours d'Eris qui s'était faite tapée. Tabassée serait le mot plus exact. Puis Pollo qui la raccompagne dans sa chambre, et dieu sait ce qu'il s'est passé ensuite. Même s'il m'a tout avouée. Et je lui avais tout pardonné. Je me demandais comment j'avais pu faire ce que j'avais fait dans le passé, et tout laisser couler cette fois. Peut-être que j'avais trop été traumatisée par ça. L'énervement me pousse à faire des choses pas possible. Heureusement que j'étais de nature assez calme... Pour finir elle se tapota légèrement la tête à l'aide de son poing. Je lui souris. N'empêche, une question était présente dans mon esprit. Je savais que ça la foutrais encore plus mal qu'une de mes réactions émotives extra embarrassantes. Et fallait que je la pose cette question, fallait qu'elle sorte, fallait qu'elle réponde, je sais pas ce qu'il fallait exactement, mais je savais qu'elle méditerait sans doute un peu avant de répondre, que faudrait qu'elle se prépare en quelques sortes. Fallait aussi que je sois directe, pour pas qu'elle évite la question, ou qu'elle fasse genre qu'elle a pas compris.

J'ai une question.

J'attendis un petit peu, qu'elle fasse signe qu'elle m'écoutait. Je savais que j'aurais pu la poser directement, qu'elle m'aurait écoutée. Mais au moins là, elle portait toute son attention sur moi. Je fis un petit sourire, pour que ça passe mieux, et je me mis à parler.

Dis moi, t'es amoureuse de Chase ?

Je voyais déjà dans ma tête son visage rougir. Deuxième petit sourire. Elle allait me prendre pour une sadique.

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Je déteste dire ce que je ressens. C'est absolument horrible pour moi. Et lorsqu'on me force, c'est encore pire. J'ai envie de balancer mon poing dans la figure de celui qui veut que je me fasse violence par rapport à ça. Alors vous savez quoi ? Je vous emmerde. Je vous emmerde tous. Tous autant que vous êtes. Que vous pouvez être. Ce que je ressens ne vous regarde pas. Vous me gonflez la rate à vouloir tout savoir. Franchement, allez vous faire voir. Je ne dirais rien sur ce que je ressens. Surtout lorsque il s'agit d'amour. Parce c'est à MOI. Ça m'APPARTIENT. Et je me contrefous de ce que vous pouvez penser de tout ça. Parce que je vous emmerde profondément. Je sais, je suis vulgaire. Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien vous foutre, bordel de merde ? Je fais ma vie. J'ai besoin de personne. Parce qu'un jour, on sera forcément tout seul, seul avec soi-même. Et vous allez bien être forcé de garder vos émotions pour vous.

Personne ne sera pour vous consoler. C'est tout. On peut faire ce qu'on veut dans la vie. Arrêtez de croire que tout est impossible. Foutez-vous un balai dans le cul, vous verrez. C'est possible aussi. Si tu veux quelque chose, fais tout pour l'avoir. Quitte à marcher sur les autres. Parce que nous sommes tous hypocrites. Parce que c'est chacun pour soi. Parce que quoi qu'on dise, on est seul. Mais si tu tiens vraiment à une personne. Alors fais tout pour la garder près de toi. Fais tout. Même ce que tu crois impossible. Fous-toi de ce qu'il se passe autour de toi. Vis, bordel. Vis tout simplement. Surpasse, démène-toi. Mais ne chiale pas. Parce que c'est la preuve que tu abandonnes tout. T'as pleuré à la naissance et tu sauras pourquoi un jour ou l'autre. Mais c'est pas une raison pour te laisser abattre. Bats toi pour vivre. Même si tu dois en crever. Parce que crever parce qu'on a vécu et qu'on a voulu vivre, c'est la meilleure façon de réussir sa vie.

C'est peut-être pour ça que nous sommes tous nés. Parce qu'on a quelque chose à faire. Apporter du bonheur. Pardonner. Donner la vie aussi. Aimer. Tout ça, ça fait souffrir. Mais en même temps, sur le moment, t'es heureux d'avoir fait ça. Y'as pas de définition du bonheur. C'est à toi de la faire. Ta propre définition. Ta propre voix. Ta propre vie. Et inculquer ça, à ta descendance. C'est ça, la vie. Donner des choses à plus petit que soit. Pour les aider à ne pas trop se casser la gueule en apprenant à marcher. On est tous humain. On ressent tous quelque chose à un moment donné. On est tous pareil. Avec quelque chose de différent qui nous rend unique. La façon de voir la vie. De voir les choses. Un point de vue. Et c'est ça, qui est excellent. Essayer de trouver la personne qui aurait le point de vue le plus proche du vôtre. C'est comme chercher Charlie. Tu finis toujours par le trouver. Même si tu mets des heures. Des années. Des décennies.

Bref. C'est pour les raisons expliquées au tout début que je me sens si mal à l'aise en ce moment mais que j'essaie au maximum d'être à l'aise. Parce que je dis ce que je ressens. C'est un peu comme si je me foutais au milieu du parc où je suis assise et que je me foutais à poil. Voilà, c'est ça. Je me sens à poil. Et la réaction d'Elena fut celle à laquelle je m'attendais. C'est à dire une réaction explosive. Accompagnée d'un énorme sourire. Et la question à laquelle je m'attendais aussi. Je rougis malgré moi. Con. Je sentais qu'Elena était plus qu'heureuse. Je soupire discrètement. Explication sur ce que je ressens. On est en dessous du zéro. Ça va durer un moment.

« Ecoute, Elena, t'emballes pas, c'est... c'est pas aussi simple que ça y paraît... Disons que... c'était le soir... On était dans la flotte... J'étais malade... Et puis, le cadre, tout ça... Bref, voilà, quoi... », balbutiai-je. « Et puis, Chase a encore des soucis à régler, son histoire avec Sacha... Et puis... c'est confus... là-dedans... », terminai-je, en tapotant légèrement ma tête avec mon poing, le regard vide.

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Un silence s'était installé. Il n'était pas lourd, pas désagréable, comme si nous nous étions pour l'instant tout dit, ou tout simplement car l'une d'entre nous savait qu'elle prendrait la parole. Pour le moment, je ne voyais pas quoi dire. Quoi faire. Je préférais écouter le vent, le silence. Ca me faisait quand même plaisir de voir Elsa. Elle était comme qui dirait une de mes sources de joie, de sourire, de rire. Elle brisa le silence, commençant par dire mon prénom entier, et un pronom personnel, à savoir je. Je relevais la tête vers elle, intéressée par ce qu'elle voulait me dire. Je me demandais si elle voulait me faire un compliment, ou me dire quelque chose d'important mais qu'elle savait pas comment s'y prendre. Elsa a du mal à exprimer ce qu'elle ressens. Elle est handicapée des sentiments. Mais ça ne me dérange pas, je la connais comme ça. Toutes nos différences renforcent notre amitié, j'ai l'impression. Ma tête toujours relevée, je continue de la scruter en attendant une suite.

C'est très courageux de ta part, ce que tu as fait. Ton choix de garder le gosse.

Elle soupire. Je lui sourit. Je n'avais pas été toute seule dans ce choix. Si l'enfant n'avait pas été de Pollo, je pense que je ne l'aurais pas gardé... Je me rappelle alors qu'elle aussi avait connu ça, le choix de garde ou pas. Sauf qu'elle plusieurs raison ne devait pas lui donner envie de garder le gosse. Mon sourire étant la seule réponse que j'avais trouvé à donner, elle soupira une seconde fois et reparla.

Elena, tu sais, avec Chase... Je...

Chase ? Pourquoi me parlait-elle de lui ? Je le connaissais à travers la guitare. Je ne lui avais jamais parlé, mais je savais que lui était très proche d'Elsa. Nouveau court silence, nouveau soupire, nouveau regard intéressé. Un oui interrogatif voulu sortir de ma bouche, mais Elsa prit la parole avant moi, se raclant la gorge.

Il y a quelques jours, on s'est embrassés. A plusieurs reprises. Dans la même soirée.

Son ton était toujours pareil. Bah un brin plus aigu ou plus grave sur une syllabe particulière, non. Tout avait été dit de la même manière. Mais... Embrasser ? Chase ? J'étais... Contente pour elle. En fait, j'avais toujours un peu espéré qu'elle trouve quelqu'un qui puisse la toucher sans qu'elle fasse des sursauts, qui la mettrait en confiance, qui fasse en sorte qu'elle se sente bien, qu'elle soit heureuse. Je m'approchai d'elle dans un gros, énorme, gigantesque sourire de bonheur et lui posai juste une question. Sachant qu'elle serait gênée si ma réaction devenait un peu trop... Extravagante !

Et maintenant ? Vous êtes ensemble !?

Ma voix exprimait bonheur, et tout ce qui pouvait s'en suivre !

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Elena baisse sa tête vers moi. Puis sur son ventre. Elle semblait réfléchir. Pendant ce temps, je l'observais encore et toujours. Je le trouve courageuse, quand même. D'avoir garder le gosse. Bon, elle a Apollo, avec elle. Et heureusement. Mais si elle avait voulu le garder sans savoir qui était le père ou quoi que ce soit d'autre, je l'aurais épaulée. Parce que c'est Elena. C'est ma deuxième famille. Ma vraie famille. Je ferai tout pour elle. Après tout, on m'appelle pas Superwoman pour rien. Et là, je pense à Superman. Aka Chase. Je dois en parler à Elena. Il faut que je le fasse. Même si c'est jamais trop évident pour moi de parler de ce que je ressens et de ce qu'il se passe de mon côté. Elena a assez de soucis comme ça, aussi. D'ailleurs, elle répond à ma question. J'avais carrément oublié que je lui en avais posé une. Elle ne sait pas vraiment. Quatre mois, environ.

Déjà. Quatre mois. Je soupire. Chase m'obsède. C'est horrible. Depuis cette journée, cette soirée, cette baignade. Ces baisers. J'effleure mes lèvres machinalement. God... Je perds complètement les pédales. Putain, dans quoi est-ce qu'on s'est foutu, bordel... Pourquoi j'ai cédé à cette stupide tentation de mes fesses... On en serait pas là, aujourd'hui. Mais bizarrement, le lendemain, lorsque l'on s'est réveillé dans mon lit, l'ambiance était... agréable. Pas de gêne. Sauf pour moi, bien sûr. Un bisou sur le front, un sourire, et il est parti. Comme si on s'était mis d'accord. Qu'on devrait mieux oublier ce qu'il s'est passé. On ne s'est pas revu depuis. C'est peut-être mieux ainsi. Mais... je ne sais pas vraiment quoi penser quand même. Tout était tellement clair dans ma tête. Et une stupide pulsion est venue tout foutre en l'air. Ou alors c'était inévitable ? J'en sais plus rien.

Je dois en parler à Elena. Il faut qu'elle sache. Je me lance hésitante :

« Elena, je... », commençai-je. Seulement, ça ne voulait pas sortir. Ca restait bloqué au fond de ma gorge. Peut-être ne valait-il mieux pas... Elle s'emballerait certainement, seulement... Ni lui, ni moi ne savons quelle est la signification des baisers échangés cette nuit là. Et puis, Chase a toujours des histoires à régler avec Sacha. Je ne peux pas m'avancer. M'avancer sur quoi, d'ailleurs ? Rien n'a été promis. C'était simplement... quelque chose de fort. D'inexplicable, pour l'instant. On verra pour plus tard. Je continuai donc, sur une autre lancée :

« C'est très courageux de ta part, ce que tu as fait. Ton choix de garder le gosse. »

Je soupire, et laisse le temps passer, le temps qu'elle réponde quelque chose si elle veut. Je soupire. Allez, ça ne va pas me tuer de parler. Nouveau soupir.

« Elena, tu sais, avec Chase... Je... », hésitai-je. Bon, tu vas parler, oui ? Je me racle la gorge. « Il y a quelques jours, on s'est embrassés. A plusieurs reprises. Dans la même soirée. »

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Ma meilleure amie se passa une main dans ses cheveux. Un geste qu'elle répétait sans cesse. Ce geste était lasse. Elle me dit que ça allait, sur un ton presque détaché. Je l'avais sortie de ses pensées, et après sa réponse plus un mot d'aucune de nous deux. Un petit silence communément appelé "blanc". Je levai ma tête vers le ciel, pour bien sentir le vent contre ma peau, qui balaya mes cheveux. La chaleur devenait un peu pesante mais rien de désagréable pour moi. Certainement qu'Elsa crevait de chaud.

Ça fait combien de mois, là ?

Je baissai la tête vers elle, et la baissa ensuite vers mon ventre. Je n'avais aucune idée d'à combien de mois j'en étais. Ça me rappelait l'un des rares moments de complicité avec ma mère, quand elle était enceinte. Ca faisait que quelques mois, mais mon père était parti quelques jours pour son boulot. Elle regardait la télévision, et je m'étais allongée à côté d'elle, la main sur son ventre. Il bougeait. Aurélien bougeait frénétiquement dès que j'avais posé ma main sur le ventre de mère. J'avais tourné la tête vers ma mère le regard ébahi, en lui disant qu'il avait bougé, et je lui avais demandé depuis combien de temps elle été enceinte. Elle m'avait répondue, mot pour mot : "Boh, je sais pas vraiment en fait. Je sais que je suis enceinte, c'est déjà le principal. Je pense que savoir à combien de mois on en est sert à pas grand chose. L'accouchement viendra, quand il devra venir." Je m'en rappelais comme si c'était hier. Je lui avais sourit et m'étais reposée sur elle, ma main allant directement au même endroit que quelques minutes plus tôt. Je sortis de mes pensées et répondis à Elsa dans un sourire.

Hm.. Je sais pas. Haha ! Environ quatre mois, je pense...

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Je regarde le bout de mes converses, distraitement. Les vacances vont bientôt arriver. Retour à Londres. A la "maison". J'en ai des frissons rien que d'y penser. Bon, Chase sera là, aussi. Mais, j'ai peur de le revoir. Mon paternel. Je suis flippée. Je m'imagine déjà à Londres devant le vieil immeuble en briques rouges. Je repasse devant le jardin d'enfants, devant l'école, le collège. Je revois les boutiques où j'achetai mes CDs des Pistols. Après avoir monté les escaliers de l'immeuble, je me vois il y a quelques années accroupie dans la cage d'escaliers à faire des puzzles, quand j'avais les cheveux longs.

Je me souviens de la grande porte d'entrée dont la peinture d'effritait. Le salon avec les vieux meubles Ikea, et la petite cuisine qui y était adjacente. Le long couloir avec la chambre de mon paternel, la salle de bain et ma chambre, à moi. Le vieux cliclac, le bureau, la commode, les posters aux murs, la table de chevet, et les souvenirs. Je suis sûre que quand je reviendrai tout sera à la même place.

Elena me sort du flot décousu de mes pensées en me disant qu'elle n'est pas trop malade et qu'elle n'a rien décidé avec Apollo, concernant le mariage. Elle prenait un ton neutre, et un air sérieux. C'est mauvais ça. Soit elle voulait me dire un truc important, soit quelque chose n'allait pas. Ou les deux. Elle me dit que je n'ai pas répondu à sa question. J'aurais dû m'y attendre. Je passe une main dans mes cheveux, lasse.

« Ah. Ça va. »

Silence.

« Ça fait combien de mois, là ? »

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Elsa me sourit. Mais face à ma question, elle reste muette. Muette comme une tombe, même pas son "Et toi ?" habituel. Elle me regarda, puis posa ses mains tout le temps froides sur sa nuque. Certainement histoire de se rafraîchir un peu.

T'as pas trop de vomissements, ce genre de trucs ? Je sais que c'est un peu la galère...

Je la regarde sarcastiquement. Les sourcils relevés, dans le blanc des yeux, mais étrangement sérieuse. Pas complètement, évidemment, je ne suis jamais réellement sérieuse. Vite, elle enchaîne sur où on en est avec Pollo pour les préparatifs du mariage, si on s'en sort, et elle me rappelle qu'il faut qu'elle aille avec moi à Pronuptia. C'est vrai, en effet. Il faut qu'on y aille. Enfin, nous n'avions toujours pas de date précise, pas de liste d'invités, rien, nothing, que dalle. Ca me rassurait. Je n'aimais pas faire les choses subitement, comme ça. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Sauf que là, c'était quand même les préparatifs d'un mariage. Celui de Pollo et moi. Ca changeait tout. Mais bon, fallait voir ça ensemble. Je ne pouvais pas prendre de décisions comme ça, seule.

Pas trop de vomissements pour l'instant. Et avec Pollo, on a encore rien décidés.

Mon ton était neutre. Non pas que je n'étais pas contente ni rien. Mais je voulais faire ma sérieuse l'espace de quelques temps, même si au fond, je crevais d'envie de rigoler. Je continuai, toujours sur mon ton neutre.

T'as pas répondu à ma question.

[ Désolée, merdique. ]

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Suite à ma première phrase, Elena sourit à nouveau. Décidément. J'observe discrètement son ventre un peu arrondi. Ca me fait plaisir pour elle. Vraiment. Mais au fond de moi, la culpabilité prend de la place petit à petit. Elle s'infiltre dans mes veines telle un venin. J'y réfléchis sérieusement. Ca me tourmente. Comme d'habitude. Et plus j'observais la future mariée, plus je me voyais, il y a quelques mois. Je me voyais en train de bosser comme une dingue pour pouvoir me payer certains trucs, et fuir mon père par la même occasion. Je soupire, refoulant les souvenirs douloureux.

Elena me répond qu'elle le savait et que j'étais Superwoman. Je souris en entendant ça. A la base, c'est Chase qui est Superman. Et comme on est souvent ensemble et qu'on se connaît depuis une dizaine d'années si on compte pas la coupure, il a finit par m'appeler Superwoman. Et ce surnom s'est rapidement répandu. Elena rit légèrement avant de s'appuyer sur ses bras posés au sol, derrière elle. Je la vois mettre croiser ses jambes en tailleur avant que je ne profite de la légère brise qui souffle sur nos visages. Puis, je lui demande de quoi elle veut parler, et si le gosse va bien. J'ai pas pu l'accompagner à l’échographie, la dernière fois.

Je la vois me sourire avant de répondre. Elle me dit que bébé se porte bien, qu'elle ne bouge pas trop. J'ignore sa deuxième question. Je la regarde sourire. Décidément, elle pourrait m'hypnotiser, aujourd'hui. Je pose mes mains glacées sur ma nuque pour me rafraîchir. Je la regarde et lui demande :

« T'as pas trop de vomissements, ce genre de trucs ? Je sais que c'est un peu la galère... »

Je me tais. Je cherche un truc à dire. C'est bon, j'ai trouvé.

« Et avec Apollo, vous en êtes où au niveau des préparatifs et tout ? Vous vous en sortez ? D'ailleurs, ça me fait penser qu'il m'a demandé de t'emmener à Pronuptia, je crois. »

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Ma question était débile. Je connaissais déjà la réponse. Elle me dirait qu'elle est tout le temps prête. Et je sais ce qu'elle pense. Je la connais. Elle dit qu'elle doit être prête. A chaque instant. D'ailleurs, la réponse fut exactement ce que je pensais qu'elle allait être.

Tu sais bien que je suis toujours prête.

Je fis un petit sourire. Enfin, des sourires, j'en fais tout le temps depuis que je suis enceinte. A croire que sentir la vie grandir dans mon ventre me rempli de joie. Une joie pure et simple. Clair comme de l'eau de roche. Une légère brise caressa nos visages. Le mien étant radieux à côté de celui d'Elsa, fatigué. Je me demandai quand est-ce-qu-elle irait mieux, physiquement. Elle devenait limite anorexique. Et même si elle ne voulait jamais m'inquiéter, il y a des choses qui ne trompe pas. Et ça en faisait partit. Je pensais lui en toucher deux mots durant cet après-midi, mais pas maintenant, avant fallait la convaincre de porter une robe.

Bien sûr que je le sais. Parce que tu es Superwoman !

Je riais doucement, posant mes mains au sol vers l'arrière, mes jambes croisées en mode tailleur. Elle avait eu l'air de bien profiter de cette légère brise fraîche. Elle n'aimait pas l'été, la chaleur tout ça. Le soleil. Je ne la comprenais pas vraiment sur ce point-là. Peut-être qu'elle avait été un vampire dans une vie antérieur... Et moi sans doute que j'y avais été trop exposé pour penser ça. Elle passa sa main dans ses cheveux, et me demanda :

Par quoi est-ce qu'on commence ? La crevette va bien ?

Ce qui était bien avec Elsa, c'est qu'on avait jamais à vraiment choisir un sujet avant de parler. Du moins, il n'y avait jamais réellement de blanc. On avait toujours quelque chose à se raconter, à se demander. Du coup, je ne répondis rien à sa première question. Un sujet se lancerait tout seul, qui en entraînerait un autre, puis un autre. Puis on parlerait pendant des heures sur cette pelouse verte dans ce parc ! Je lui souris une énième fois, et lui répondis :

Bah pour ce qui est de la crevette, elle a l'air d'aller bien. Elle bouge pas trop encore, j'peux dormir mes nuits haha ! Et toi, tu vas bien ?

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Elena sourit à ma remarque. Un sourire radieux. Éblouissant. Un sourire maternel. Un sourire qui transmet tellement de choses à la fois. C'est étrange. Comme si Elena, la rockeuse invétérée, celle qui a commis beaucoup de choses dans sa vie, était pure. Tout simplement. Une toile blanche. Sans tache. Seulement de la lumière. Aucune ombre. En fait, Elena avait l'air d'être aussi pure, aussi neutre, aussi parfaite que l'enfant qui grandissait au chaud, dans son ventre. Parce que c'est ça, un bébé. Ca ne sait pas ce qui est bien ou mal. C'est d'une pureté de cristal. C'est fragile. Ca rend heureux et ça fait peur à la fois. Ca nous rend fébrile.

Elena me répondit qu'elle était prête et me retourna la question. Elle n'avait pas besoin de la poser. J'étais toujours prête si Elena avait besoin de parler. Je devais être prête. J'étais toujours disponible. Je pourrais être en train de crever sur un lit d'hôpital, si Elena avait besoin de moi, envie de parler ou quoique ce soit, je volerai à son secours. Tout ça parce que je suis... Superwoman, bien entendu. Bref. Elena me sourit toujours, avec son sourire de femme enceinte. Je me contente de répondre :

« Tu sais bien que je suis toujours prête. »

Une légère brise balaie nos visages. Je ferme les yeux pour pouvoir mieux apprécier sa fraîcheur. La chaleur m'étouffe. Je la hais. Les gens qui me connaissent un temps soit peu, savent à quel point je peux détester l'été et tout ce qui s'y rapporte. Bon, ok, j'aurais pu choisir mieux que Miami dans ce cas là, mais j'avais pas vraiment le choix. Je soupire, tentant de ne pas me souvenir de mes affreux souvenirs. Je passe une main dans mes cheveux et tourne mon regard vers Elena qui a ses deux mains posées sur son ventre. Je lui demande :

« Par quoi est-ce qu'on commence ? La crevette va bien ? »

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Le bal était fini depuis quelques jours. J'étais pas restée jusqu'à la fin, nous étions partis avec Pollo. Eris lui avait demandé de partir, ce qu'il avait fait. Enfin, apparemment tout est fini entre eux. Seulement, ça m'étonnerait que toute cette histoire nous lâche comme ça, d'un coup, d'un seul. Cette histoire nous suivrait. Tout le temps. Ou du moins, pendant un moment. Malheureusement. Je devrais faire avec, nous devrons faire avec. Mais bon, je savais, du moins j'étais certaine, que nous réussiront à passer tout ça.

J'avais croisé Elsa ce matin, et je lui avais demandé si on pouvait se voir l'après-midi au parc. Pour parler robes, et tout ça. Parler mariage, quoi. Pollo m'avait envoyé un sms pour que j'aille faire un tour à Pro.. Pronulia.. Pronuptia. Ouais, Pronuptia, pour aller voir bah, des robes de mariées. J'voulais y aller avec Elsa, et je voulais aussi qu'elle porte une robe. Je savais qu'elle n'aimait pas ça, alors je voulais absolument qu'elle en porte une. Un de mes plus beaux cadeaux de mariage sûrement (♥) Je passai mon temps à penser à ce moment là. D'ailleurs, je pensais que j'avais justement acheté aucune bague pour Pollo, et qu'il serait peut-être temps que j'y réfléchisse avec soin... Même si je n'avais aucune idée de ce que je pourrais acheter. Au pire, j'irais avec Elsa, elle m'aidera.

Je devais bientôt partir pour le parc, là où j'avais donné rendez-vous avec Elsa. Je m'habillai d'un t-shirt noir qui laissait entrevoir mon ventre rebondi ainsi que d'une chemise avec des teintes bleutées qui virent du clair au foncé formant des carreaux de tailles identiques et régulières. Je portais un mini short ainsi que mes Doc Martens noires. Celles que j'ai depuis le début de mon adolescence. Quand j'y réfléchis, ces chaussures m'ont suivies partout. Je les porte tous les jours, hiver comme été, printemps comme automne. Qu'il pleuve, qu'il vente, ou qu'il neige. En fait, ces chaussures sont le derniers cadeaux de mon père. Elles sont encore en bon état, malgré qu'elles soient un minimum usées par le temps. La poussière tout ça. Mais c'est mes chaussures. Elles sont un peu comme la partie qui me rattache à mon père. Quand je les porte, j'ai l'impression que je peux me relever en toutes circonstances, que je ne peux entre autre pas tomber. Ou du moins, que je pourrais toujours me relever. Toujours trouver une solution qui pourrait être la bonne, qui pourrait me sauver la mise, ou arranger les choses au plus.

Je partais en direction du parc dans lequel j'avais passé pas mal de temps. Billie m'avait raconté sa journée avec Pollo dans ce parc sur le pédalo avec ses biscuits. Sacré BE. Bref, je m'installai sous un arbre, voyant qu'Elsa n'était pas encore arrivée. Je ne l'attendrai sûrement pas longtemps, elle n'était pas le genre de personne qui laisse tomber un rendez-vous. Bon, faut dire aussi que ce rendez-vous était avec moi. De suite, ça change les choses, ça donne beaucoup plus envie d'y aller. Séance narcissisme terminée, je regarde au loin, les gens qui passent, qui jouent, qui rigolent. C'est fascinant. En fait, pas du tout. Mais c'était tout ce que je pouvais faire en attendant. Je passai une main sur mon ventre. Je sentais mon bébé qui s'agitait, qui donnait des coups de pieds, ou de mains sur mon ventre. Cette sensation me faisait toujours sourire. Elle ne faisait ni du mal, ni du bien. Sensation indescriptible.

Je sentis quelqu'un s'approcher de moi. C'était Elsa qui portait un débardeur rouge, qui laissait à tout le monde voir ses bras trop maigre. Elle s'accroupit près de moi, laissant tomber ses fesses à terre finalement, s'asseyant en tailleur les bras sur les jambes, me lançant un regard des plus fatigué. Elle n'était pas très bien encore physiquement apparemment.

Alors, prête pour des heures à parler de mariage, bébé, couches et compagnie ?

Je souris à la remarque. Sans vraiment lui faire part ce matin de ce que nous allions parler, elle le savait déjà. Elle me connaissait trop bien. Puis c'était prévisible aussi.

Tout à fait prête ! Et toi, tu l'es ?

Je me tournai vers elle, gaiement, un énorme sourire aux lèvres. Je n'arrêtai pas de sourire, de faire toutes les choses de la vie avec le sourire. Même les choses les plus chiantes sur lesquelles j'aurais soufflé avant. Maintenant, tout me paraissait beau. Sensation assez bizarre d'ailleurs. Je n'aimais pas trop ça. Voir la vie en rose.

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La facilités des sentiments. Putain, que je hais ce principe. Un sentiment. Ca te prend à la gorge, ça t'étreint, te serre jusqu'à l'étouffement. Tu peux en crever. Ca te serre tellement et que ça te traverse, t’émeut, t'ébranle. Ca fait petit à petit parti de toi. Et quand tu veux le faire partir, ça s'incruste. Encore. Plus profondément. Plus loin. Plus fort. Ca coule dans tes veines. Ca prend ton oxygène, ton énergie. T'auras beau essayé, il restera là, ce putain de sentiment. N'importe quel sentiment. La haine, la rage, le désespoir, l'amour, l'amitié, la tristesse. N'importe lequel. Tu peux rien faire contre. T'as l'impression que, plus tu débats, plus tu te noies dedans...

Bien sûr, tu peux le cacher. Certaines personnes y arrivent très bien. J'en suis le parfait exemple. Je nie. Je fais comme ci. Et quelque part, ça devient parti intégrante de moi. Ca me fait plus rien. Les sentiments qui me bouffent le coeur, je me contente de les ignorer. Ca aura beau me faire mal à en crever, je m'en fous. 'faut être fort dans la vie. T'as pas le choix. Ou tu te feras bouffer. Mais là, en fait, je tente d'ignorer par tout les moyens, cette facilité déconcertante qu'ont ces putains de sentiments à la con pour me ronger. Des sentiments que je déteste et que je veux pas ressentir. J'en ai pas besoin. J'en veux pas. Ce sentiment d'incertitude. Ce sentiment d'injustice.

L'injustice est omniprésente dans notre monde. C'est une chose qu'on ne pourra jamais abolir. Quoi qu'on puisse en dire. L'équilibre de notre monde repose sur ce principe. Toute chose a besoin de son contraire pour exister. L'ombre et la lumière. Le bien et le mal. La justice et l'injustice. Le monde est rude. La vie est difficile. Il faut se créer une place dans la société. Autrement dit, tu dois être hypocrite pour te faire des amis. Faire peur pour te faire respecter. Rabaisser pour gagner. Crever pour vivre. C'est injuste. Mais tu dois vivre avec. C'est tout.

Alors, si on est capable de ça, pourquoi est-ce qu'on est pas capable de repousser un putain de sentiment aussi facilement qu'il nous étreint ? Moi, ça me donne envie de gerber. Mais pourquoi l'incertitude ? Parce que Chase. Un truc qui me fait flipper. J'en crève de peur tellement je suis incertaine, paumée. Pourquoi l'injustice ? Parce que Elena et Apollo. Je suis contente pour eux, bien sûr. Très contente, même. Je veille sur Elena quand Apollo manque à son devoir. Je la rassure quand elle en a besoin. Je la console quand ses hormones lui font tourner la tête. Je tente de maintenir un équilibre dans ma vie. Le principe de l'équilibre dans la vie. Une putain d'équation à une inconnue dans chaque membre.

D'ailleurs, Elena et moi, on s'est croisé dans le couloir, ce matin. J'allais voir je sais plus quoi, et elle m'a chopé le bras. Son grand sourire de femme enceinte éclairait son visage, la rendant radieuse chaque jour un peu plus. Elle voulait qu'on se voit pour discuter du mariage, des robes, du gosses, et d'autre conneries du genre. Au parc. Je savais qu'elle aimait traîner là-bas. Juste après mangé, elle m'avait donné rendez-vous. Et quand l'heure arriva, elle était déjà là, assise, le dos appuyé contre le tronc d'un grand saule pleureur qui la mettait à l'ombre. Radieuse. Elle était simplement radieuse. Je le savais. La grossesse lui irait à merveille.

Elle habillée d'un short, par dessous son débardeur noir et sa chemise à carreaux bleus. Et ses éternelles Doc Martens noires. Son débardeur lui collait à la peau, on pouvait voir son ventre légèrement rebondi se dessiner. On pouvait clairement voir que la vie grandissait en elle. Qu'elle insufflait la vie. Chaque minute. Chaque seconde. A chaque fois qu'elle respirait. Qu'elle marchait. Qu'elle souriait. C'est ça, insuffler la vie. Ses cheveux d'ébène barraient son front. Je m'élançai vers elle, les mains dans les poches de mon jean trop grand.

Je portai un débardeur rouge, laissant voir mes bras trop fins. Mais il faisait trop chaud. Et je pouvais pas rester en pull et en tee-shirt éternellement. Surtout à Miami. Il faisait chaud comme c'était pas permis. Je passai une main dans mes cheveux et m'accroupis près d'elle, une fois arrivée à sa hauteur, pour finalement finir, les fesses à même le sol, les jambes croisées. Je posai mon regard fatigué sur elle, un faible brise balayant nos visage et faisant légèrement se soulever nos cheveux.

« Alors, prête pour des heures à parler de mariage, bébé, couches et compagnie ? »