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 Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]

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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyMer 11 Fév 2015 - 0:34

Je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie. Je ne sais pas comment je vais survivre. Le monde est beaucoup trop hostile, et même si je suis partie avec toutes les cartes en main, joker y compris, à quoi ça sert au final ? ça sert à quoi, dites-moi, d'être riche et célèbre lorsqu'on a la sensation de ne plus exister, de n'être rien de plus qu'un pion sur un échiquier beaucoup trop grand ? C'est quoi aimer finalement, à part une démonstration d'égoïsme ? Parce que c'est vrai, c'est égoïste, on voudrait être l'exclusif de quelqu'un. Moi, ce soir là, je n'avais qu'une envie : devenir ton exclusive, Wade. Être la seule sur qui ton regard s'attarde, devenir l'objet de tes désirs et de tes fantasmes, mais aussi devenir ta fascination, ton essentielle. Je voulais que tu ne dormes plus à force de trop penser à moi. Parce que c'est ce que je ressens, maintenant que je suis partie. Je ne dors plus. Par contre je bois, beaucoup, toute la nuit, jusqu'à en être malade. Oui, boire, ça je sais le faire. Je sais m'abandonner suffisamment pour en oublier ce qui me pendait au nez depuis trop longtemps, le spectre terrible de la désillusion et de la honte. Oui bien sûr que j'ai honte quand le dixième verre de teq descend dans ma gorge et s'infiltre dans mes veines, bien sûr que j'ai honte quand le monde se met à tourner sans que je puisse le suivre et que je me mets à vomir, par dessus mon lit. Evidemment, que je me sens humiliée en dedans quand je m'échoue, la joue sur les draps, la bouche en proie à un terrible arrière goût de bile qui me prend aux tripes. Mais je ne peux pas faire autrement. L'alcool, c'est la seule chose qui me fait voir des éléphants roses et des poneys bleus. ça et la beuh. Parce que oui, j'en fume, et beaucoup, à la fenêtre le soir, entre deux verres d'alcool. La combinaison est dangereuse, mais elle a le mérite de me faire oublier momentanément les yeux chocolatés de Siegfried, son sourire plein de chaleur et ses cheveux en bataille, son odeur aussi, ses dents blanches et sa voix toute brûlante de l'accent d'été qu'il chérit, presque. Quand je ferme les yeux, ça reste derrière mes paupières, ce visage que je croyais sincère. Sauf que ça ne passe pas, je ne peux pas oublier. Même s'il a essayé de me retenir, j'ai attrapé mon sac et je suis partie. J'ai pris mes affaires, rendue folle par l'humiliation provoquée par la femme du Sud, celle qui a mis ce petit con au monde, ce pouilleux, ce SALE PAUVRE. Oui, j'y pense, oui, je décide de devenir une putain d'ordure, parce qu'il n'y a qu'une putain d'ordure pour te survivre, Siegfried, c'est le seul moyen. Mais sitôt que j'y pense, je pleure, toutes les larmes de mon corps. Et quand Kris me rejoint, j'ai déjà les yeux rouges d'avoir trop pensé à toi. Elle me cuisine, elle me demande si je vais bien en ce moment, si j'ai besoin d'une oreille attentive, de quelque chose, n'importe quoi. Moi je réponds que ça va, que je suis fatiguée. Que c'est le lycée qui me pompe mon énergie, voilà. Rien d'autre. Elle, je sais qu'elle ne me croit pas mais toutes ses questions s'écrasent silencieusement contre un mur de titane. Je ne peux pas me confier au sujet de Sieg, parce qu'il est un connard de RK, et les connards de RK, je ne suis pas sensée en être tombée amoureuse.

Je te déteste, tu le sais ça ? Je te déteste parce qu'il ne passe pas une journée sans que je te croise. Je ne sais pas si tu le fais exprès ou non, tout ce que je sais c'est que tu es là lorsque je me lève le matin, au détour d'un couloir ou dans la caféteria pour prendre un café, tu es là quand on a des cours commun, de lettres, ou de biologie. Tu es là et je vois bien à ton visage que tu es fatigué, je les sens bien, ces yeux qui se posent parfois sur moi. Mais il n'y a qu'un regard courroucé et furieux qui te répond, parce que non, je ne veux plus te voir. Je ne veux plus être seulement ce jouet, cet objet sexuel. Je pensais que peut être tu ne pensais pas cela, que sans doute tu m'aimais bien pour autre chose que ma petite poitrine parfaite et mes longues jambes, mes fesses rebondies. Mais à l'évidence, j'ai fait fausse route, pas vrai Siegfried ? Tu es comme les autres. Parfois j'aimerais être laide, si tu savais comme j'aimerais. Tu n'aurais sans doute jamais posé ton regard sur moi, certes, parce que les beaux garçons, ils aiment les belles filles. Mais la personne avec qui j'aurais choisi de passer un peu de temps m'aurait, avec certitude, aimée pour autre chose que mon physique de barbie pétasse. C'est sans conteste ce que je veux, être laide, quand je tire quelques vêtements hors de prix du placard pour les découper avec hargne aux ciseaux. En faire de la charpie, en pleurant. Et en buvant. Dans la journée je fais celle qui se fout totalement de tout. Quand je te croise je te jette le regard de la diva qui regarderait un crapaud plein de pustules. Si tu es dans les parages je m'arrange pour discuter avec un mec. Je ris un peu plus fort avec Kris quand tu passes à côté de moi dans le couloir. ça parait stupide à dire comme ça, mais tout ce que je fais, c'est un appel à l'aide, une façon de te hurler "TU ME MANQUES CONNARD". Si tu as le décodeur, tu devrais pouvoir le comprendre. Que je me sens seule et qu'il n'y a que ma fierté pour m'empêcher d'esquisser un pas vers toi. Ma fierté, qui me tient chaud même lorsqu'une main longue et fine se referme sur mon épaule après le cours de biologie, dans le couloir. Tu sais, ce cours où Porter t'a collé deux heures. Et où j'ai pouffé. Oui, pouffé. Bon, faut avouer que le toubib a de la répartie. Mais cette main, là, je ne l'aime pas. Parce qu'elle veut dire, "faut qu'on cause, petite" cette main que personne n'a le droit de toucher. Quand je me tourne je croise les grands yeux bruns de Porter, son visage un peu fatigué, ses ridules sous les yeux et ses cheveux en bataille qui lui donnent l'allure d'un bad boy du troisième âge. Il a l'air épuisé, Porter, du genre qui passe de petites nuits. Mais ce contact, je ne l'aime pas. Pas plus que le sourire triste qui lui fend un peu le visage en deux, en laissant des plis sur le coin de sa bouche.

"Un café et une clope, ça te branche ?"

O.O J'ai envie d'hurler. C'est un rancard ou... MAIS C'EST DEGUEULASSE. Je me lève, furieuse, prête à lui coller une race monumentale en le traitant de vieux dégueulasse, aussi taré que Siegfried tiens, mais lui il m'arrête tout de suite en levant une main, le regard aussi paniqué que le mien.

"En tout bien tout honneur ! Il faut que je te voie, et si ça pouvait éviter une convocation à l'infirmerie, on peut faire ça de façon plus agréable.

- ....
- Je te veux aucun mal, d'accord ?"


Je hoche la tête, méfiante. Je garde tout de même une distance de sécurité. Parce que bon, il n'est pas réputé pour se taper des étudiantes, Porter mais je me rappelle tout de même que Siegfried a percé la main de Trophime à cause de lui. Je me demande d'ailleurs bien ce qui se cache là dessous. Mais pour le moment je me contente de refuser poliment une clope qu'il me tend, dans l'arrière cour. Clope qu'il s'allume en me tendant un gobelet de café et en s'asseyant tranquillement sur les marches des escalierrs menant au parking. Moi, je reste debout parce que je me méfie quand même EH. Porter, j'ai pas eu l'occasion de lui parler autrement que le jour où il a examiné ma jambe. Et là il me cale un petit tête à tête pépère, c'est QUOI CE BORDEL ? Sauf qu'il a un voile devant les yeux, un voile du genre inconnu quand il tire sur sa clope en silence, avant de finalement parler, après avoir expiré la fumée cancérigène. Quand je pense que dans quelques temps je vais adorer ce type au point de me faire un sang d'encre pour lui à deux reprises. Pour le moment, j'ai dix huit ans et je ne le connais pas. Il m'impressionne, même. Et quand il lève les yeux vers moi je comprends bien que cette pause n'a strictement rien d'anodine.

"...En fait j'avais quelque chose à te demander."


Visiblement il hésite, et moi je penche un peu la tête, curieuse tout à coup. Bizarre. Il a l'air gêné, presque, lorsqu'il passe la main dans ses cheveux noirs pour les ébouriffer un peu plus, tirer de nouveau sur sa clope, avaler une gorgée de café. Moi j'attends qu'il refroidisse, le mien. Je ne bois que du café froid, en fait. C'est l'une de mes principales bizarreries, si on omet la principale : celle que je m'envoie de l'alcool comme un assoiffé boirait à même le puits d'eau au coeur d'une oasis. Mais bon. Moi j'écoute, et quand il finit par parler, je crois que ma main se serre un peu trop fort contre mon gobelet, parce que j'm'en renverse sur la main.

"En fait, je me demandais si tu avais des nouvelles de Siegfried."


Je fronce les sourcils. Quoi ? En fait je suis très surprise qu'il veuille me voir pour ça. Je m'attendais à des remontrances sur un prétendu alcoolisme dont je ne suis pas atteinte, mais non, pas du tout même. Alors je fais celle qui s'en fout.

"Non, j'en ai pas. Pourquoi ?

- Parce que j'en voudrais, et comme je sais que vous êtes assez proches...

- Ah bon, vous êtes devenu "Docteur Love" maintenant, vous ?"

Porter n'a pas l'air d'apprécier ma réplique, mais je m'en fous à vrai dire. Moi parler de Siegfried, ça ne m'intéresse pas, et encore moins de ses rapports avec le médecin scolaire qui ressemble à un gros gay avec sa coiffure d'adolescent en crise.

"Pas exactement, mais Sieg m'a assez parlé de toi pour que j'en déduise certaines chose. Mais c'est pas ça qui m'intéresse.
- Et moi qui pensais que ma vie sentimentale était votre sujet d'étude préféré...

- Je préfère étudier celle des escargots, franchement, c'est bien plus intéressant.
- Alors pourquoi me brancher sur Siegfried et moi ? Les gastéropodes n'attendent que vous.

- J'avoue que discuter avec eux serait moins usant pour mes nerfs aussi.
- Dans ce cas je peux m'en aller, n'est-ce pas ? Je pense qu'on s'est tout dit.

- Entre nous, Delacroix, vous comptez jouer les connes combien de temps avec moi ?

- Jusqu'à preuve du contraire, c'est pas moi qui joue les voyeuses sentimentales."

Il se met à rire ce con. C'est drôle comme ça change toutes ses expressions, tout à coup. Il perd dis ans seulement en souriant, ce type, et je me dis que quand même, pour un quadra, il a de jolis restes. Il n'y a personne d'autre que lui et moi dans la cour, et ce que je ne sais pas c'est que je me fais du souci pour rien. Porter, il veut vraiment me parler de Siegfried. Sauf que c'est moi qui mène la danse.

"Pourquoi vous voulez des infos sur Siegfried ? Vous n'avez qu'à les lui demander vous même.

- C'est un peu plus compliqué que ça."

....ça ça me blase.

"Ouvrir la bouche pour dire "ça va ?" c'est d'un compliqué...

- Alors pourquoi je ne te vois pas le faire justement ?"

MERDE. COINCEE.

"Si vous savez que je me suis disputée avec lui, je ne vois pas pourquoi vous me demandez de ses nouvelles.
- Parce que ça fait plusieurs semaines que tout ce que je récolte de Siegfried ce sont des cris. Et j'en ai marre."

Il a l'air fatigué, maintenant. Il change assez vite d'expression, c'est peut être pour ça qu'il a autant de rides, monsieur le coincé du cul. Mais ça me perturbe, je l'avoue. Il a l'air démuni, maintenant, avec ses grands yeux bruns qui regardent sans voir. Et il continue.

"C'est un petit gars extra, Sieg, et il m'en veut, peut être à juste titre.

- Vous avez fait quoi ?
- Je l'ai privé de la garde de mon fils. C'était peut être pas la meilleure chose à faire.

- Pourquoi ?
- ....Pour un prétexte à la con, mais c'était mon règlement et il ne l'a pas suivi. Peut être que s'il avait dit qu'il ne recommencerait pas, si j'avais eu cette assurance, on en serait pas arrivé là. Mais bon.
- Mais il a préféré tirer la gueule et jouer la provocation à fond.

- Oui. Enfin là n'est pas la question. Je voudrais seulement savoir si ça va à peu près dans sa vie, mis à part le fait que tu ne lui parles pas."

Je m'assois à côté de lui. Parce que Porter il ne parle JAMAIS. Absolument jamais et là je sais pas, il a une sorte de regain de conscience, on dirait, quand il me dit tout ça avec un air un peu malheureux. Je ne sais pas quelle relation il a avec Siegfried, tout ce que je sais c'est que ça ne me regarde pas, même si ça m'intrigue pas mal. En tout cas ils avaient l'air proche, la dernière fois que je les ai vus tous les deux discuter paisiblement à l'infirmerie. Alors je hausse les épaules.

"Je sais pas. Et à vrai dire je m'en fous.

- Vraiment ?"

Il me jette un regard inquisiteur auquel je réponds par un regard faussement blasé.

"Je sais pas ce que vous lui trouvez. C'est un macho, prétentieux, qui m'a prise pour un baisodrome sur pattes, alors qu'il aille bien ou non c'est le cadet de mes soucis.

- C'est vraiment ce que tu penses de lui ?
- Tiens, vous êtes de la police maintenant ?

- Non mais je sais pas, parce que je trouve ça intriguant, une Khi qui squatte le terrain de sport des RK au moment où il y a basket.
- ....
- Enfin moi, je dis ça, je dis rien.

- JE SAIS PAS COMMENT IL VA. C'est bon ?

- Oui oui, c'est dommage c'est tout. Et puis je ne pense pas du tout qu'il te prenne pour ce que tu crois, en fait.
- Vous dormez dans son pieu ?"


Là il pâlit, et je ne sais pas pourquoi. ça me fait ouvrir de grands yeux.

"Mais ça va pas la tête ?

- Ah ben chais pas, on dirait presque une dispute d'amoureux, entre vous deux.

- ...
- Et la main de Trophime, ça va, monsieur le médecin scolaire ?"


Porter est blanc comme un cachet d'aspirine, maintenant, et il tire un peu trop fort sur sa clope. Moi je crois que j'ai tapé dans quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Je ne sais pas trop ce qu'il pense, quand il écrase sa clope, qu'il m'adresse un sourire pincé.

"Je dois retourner bosser. Honnêtement, Miss Delacroix, tu devrais lui laisser une chance. Il est très con mais c'est un type bien."

Il s'en va, et moi je reste un peu conne. Le café est froid, à présent, et je le bois sans grande conviction, en regardant la silhouette de croque mort du médecin scolaire s'éloigner en direction de l'infirmerie. Qu'est ce que je suis supposée en penser, de tout ça ? C'était très bizarre, comme discussion. Vraiment bizarre. Je sais qu'il voulait me parler d'autre chose, mais cette autre chose, je n'en ai absolument aucune envie. D'en parler, en tout cas, non. Je réfléchis, longtemps. Je crois que je passe une heure sur les marches de l'escalier après son départ, en allumant clope sur clope. Je me demande ce que Porter peut apprécier chez Sieg. Une facette de lui que je ne connais pas peut être. Et que j'ai pas envie de découvrir. Mais si. Mais non. Mais si. MAIS NON. Et j'en reste là. Sur ces entrefaites, parce que je ne me vois pas véritablement poursuivre. Je suis triste, comme un petit canard sur le bord du chemin. Et je ne sais pas quoi faire. J'ai pas beaucoup de solution finalement, pour me sortir de la panade.

Les jours s'écoulent, dans le déni le plus total. Et les soirées sont longues, très longues. Le premier, il s'appelait Jared. Il est venu me brancher à la fin du cours de français, un Pi Sigma. Il m'a proposé un café, une clope, une discussion, et une nuit dans son plumar. J'ai pas eu besoin de boire. J'étais suffisamment déchaînée, j'avais assez la haine pour me défouler sur son corps et lui offrir une nuit qu'il n'est pas près d'oublier. Le deuxième, c'était Caleb. Un grand blond aux yeux bleus, je me souviens qu'une EI a minaudé qu'elle nous trouvait assez bien assortis. J'ai pas attendu le soir avec lui. On a discuté une heure, et j'ai fini dans sa piaule. Un très, très mauvais coup. Le troisième, c'était Tyson, un SM sans cervelle, mais avec une queue à faire damner un saint. Et puis John, Dimitri, Gareth, Yan, Michael, James. Je les ai enchaînés sans réfléchir, pour oublier, seulement oublier. L'un d'entre eux était un Rho Kappa. Et je l'avoue, j'ai fait moi même courir la rumeur pour que ce connard dorme "à la niche". Et aussi pour que Siegfried l'apprenne. Et je ne sais pas si c'est le cas, d'ailleurs. Lorsque je ne suis pas avec ces types, je suis avec Kris, qui me cuisine. Ou je passe des heures à la bibliothèque, même si ma fréquentation a considérablement rédui depuis le week end précédent. Les mots de Porter me restent dans la tête, et lorsque je le croise, il m'adresse toujours un petit sourire. Et un regard inquiet. Moi je fais genre que je ne le vois pas, ce regard, et ça me rassure. Parce qu'autrement, je crois que je peux péter une pile, sans rire. Je n'aurais pas de raison de vivre si je savais que je suis un sujet à inquiétude, parce qu'instable. Trop instable. Je me taille une réputation de Marie couche-toi là au près des mecs, en l'espace de seulement quatre jours. Mais ça m'est égal. Quand je suis dans les bras des autres, je ne pense pas à lui. Enfin pas trop. Ou moins. Ou justement c'est peut être m'imaginer que c'est lui qui me fait oublier que Caleb était un sacré mauvais coup au lit.

Et puis vient l'après midi, à la bibliothèque. Je dois le reconnaitre, j'ai fait flancher mes études un peu trop longtemps, et j'ai ramassé un dix à mon dernier devoir d'histoire. Et il faut croire que j'ai eu suffisamment matière à réfléchir. Alors je m'installe dès la fin du repas. Je n'ai presque touché à rien, l'estomac noué, parce que je l'ai vu dans la file d'attente. Je l'ai vu et ça m'a tordu le ventre. Un peu comme quand je décide de faire une "promenade" dans la journée, toujours au moment où les Rho Kappa font du sport. C'est juste pour prendre l'air. Ce n'est jamais pour le regarder du coin de l'oeil, courir, lui et sa mine fermée et ses yeux qui brillent un peu trop fort, son corps musculeux en mouvement que j'aimerais sentir beaucoup plus près de moi. Non, ce n'est pas pour ça que je vais me promener, c'est juste pour éviter d'être confinée dans ma chambre. C'est juste pour ne pas boire, pour ne pas regarder ces bouteilles qui me font de l'oeil tous les soirs, pour ne pas avoir envie d'oublier. Non, ce n'est pas pour lui que j'y vais. Et ce n'est pas à cause de son absence que je rentre dans l'internat, plus mal que je l'étais avant d'aller me promener. Parce qu'il est bien là, mais inaccessible. Beaucoup trop inaccessible. Cet après midi je décide de m'enfermer, pour centrer mon attention uniquement sur mon devoir d'histoire, celui que j'ai demandé en supplément au professeur pour rattraper ma note. Et celui d'anglais aussi, que Mr Drake m'a gentiment donné pour faire passer ma moyenne de 18 à 19, en me traitant de bourreau de travail. Oui, mais le travail me fait penser à autre chose qu'à des yeux trop sombres venus du Sud. Donc je me mets au boulot. La guerre de Sécession a quelque chose de passionnant, quand on veut penser à autre chose et qu'on y passe des heures. Oui, des heures. L'heure de la fermeture arrive, presque. Et moi je suis encore là. Parce que je ne veux pas aller dans ma chambre. Partout, mais pas dans ma chambre.

Une silhouette se découpe dans mon champ de vision, et une chaise est tirée à proximité de ma place. Juste à côté, en fait. C'est marrant mais je sais que c'est toi, sans même que je te voie en entier. J'ai cet espèce d'instinct, de reconnaitre le bruit de tes pas, et l'odeur de ta peau aussi, même si je n'ai pas encore eu l'occasion de la serrer suffisamment fort. Non, toi tu es bien là, à côté de moi et quand je relève les yeux pour te regarder, tu es silencieux. A prendre une grande inspiration. Temps dont je profite pour tourner la tête et t'ignorer le plus superbement du monde. Oui, parce que tu vois, c'est pas si simple. Non, c'est pas si simple.

« Ecoute… désolé pour samedi en fait… Je sais que tu aurais… Que tu aurais voulu une soirée plus… plus agréable. Mais si tu… non laisse moi parler. »


J'ai relevé la tête quand j'ai entendu ça. Pour te répondre "Oh mais non c'était fabuleux, j'adore me faire insulter par des mamans aigries et mal baisées. Et sinon ça va toi, la forme ?" mais le ton autoritaire qu'il prend me fait taire, et le fusiller du regard, simplement. J'ai pas envie de te parler, pas envie de te voir, et tu es près, bien trop près. Mais la litanie continue, et à vrai dire, elle ne fait que commencer.

« J’ai envie de te connaitre. Ma mère a beau t’avoir traité de… »


DE TRAINEE ESPECE DE GROS CON. Tu crois que j'ai oublié, t'as besoin de me rafraichir la mémoire ? Me barrer. Il faut que je me barre. J'attrape mon livre en me levant d'un bond, direction les allées, en silence. Tu n'es pas là. Si je ne te regarde pas, tu n'existes plus Siegfried. Ou du moins dans ma tête, c'est ce dont j'aimerais cruellement me convaincre, parce que ce n'est pas la vérité. Mais toi tu me suis, tes pas se coulent derrière les miens comme l'eau suivrait le lit de sa rivière. Et moi j'ai envie de t'ASSOMER AVEC MON DICTIONNAIRE.

« enfin… elle a beau t’avoir traité comme une moins que rien, elle n’avait pas à te dire tout ça. Parce que tu sais, je m’en fiche que tu viennes des beaux-quartiers parisiens et que t’es la progéniture d’un footballeur connu. Je sais que… ces mots t’ont fait du mal mais ne lui en veut pas »


Oh que si et si je la croise elle prend ma main dans la gueule, tu saisis l'objet du conflit ou bien ? Tire toi Sieg. Tire toi ou je vais t'en mettre une. Ta main se saisit de la mienne et j'essaye de me dégager, vraiment. Mais tu me tiens trop fermement pour ça, et je lutte peut être trop faiblement.

« Nous avons traversé tous les deux une épreuve difficile l’année dernière. Elle ne l’a pas supporté et heum… voilà le résultat… Elle n’avait pas à te parler comme ça, Héra. Elle ne te connait pas après tout… elle ne te voit pas comme moi je te vois. »


Comment tu me vois, Siegfried ? Je crois que j'ai les larmes qui me montent aux yeux parce que je repense à cette horrible soirée, celle où je me suis sentie plus bas que terre, humiliée sous tous les points. Alors non, je ne peux pas te croire. Je ne peux pas. Et pourtant tu continues, et moi ma main, elle tremble.

« … laisse moi une chance, juste une. T’as beau me voir comme un prédateur, moi je ne les vois même plus les autres filles… laisse moi t’approcher. Je ne te ferais jamais de mal moi. »


C'est déjà fait, tu ne comprends pas ? C'est déjà fait. Je ne crois pas à ce genre de promesses, et ce que j'ignore, c'est que je fais bien de ne pas y croire, parce qu'un jour, plus tard, tu vas me trahir à un moment crucial de ma vie. Et je crois que jusqu'à ma mort, je ne t'aurais pas entièrement pardonné cette trahison. Mais je crois que c'est cette dernière phrase qui me fait te regarder, des grosses larmes plein les yeux faisant couler mon mascara. Jared. Yan. James. Tous ces idiots qui ne m'auraient jamais dit ce que toi tu es capable de me dire.

« … tu me fais veiller tard. »

Tes lèvres se posent tout doucement sur ma main, et moi je ne suis plus capable de réfléchir, les plombs sautent et la tuyauterie aussi parce que je pleure, soudain, très fort, en me précipitant dans tes bras. Je ne t'ai jamais touché comme ça, ou seulement quand tu m'as portée, quand j'étais blessée. Mais là c'est autre chose. Là, j'ai besoin, beaucoup trop besoin de toi, et tu m'as manqué, beaucoup trop manqué pour que je supporte à nouveau ton absence. Alors tant pis si tu te moques de moi, tant pis si ça recommence, ça m'est égal du moment que tes bras me sont ouverts, je m'en fiche si je suis trop près et si je trempe ton t shirt, je m'en fiche parce que tout ce que je suis capable de dire c'est "ne me laisse pas toute seule ce soir" parce que si tu me laisses je ne me relèverais plus. Je ne peux plus le supporter. Je ne veux plus vivre dans le noir, dans l'ombre d'une bouteille d'alcool au pied de mon lit. Je veux être ton ombre portée à toi, ta raison de te lever le matin, je veux être ta chaleur dans la nuit comme la flamme vacillante d'une bougie un soir d'Hiver. Je veux être ton futur, et tant pis si je me casse la gueule, tant pis si ça s'effondre, parce que quand j'enroule mes bras autour de ta nuque en déposant mon nez dans ton cou trop chaud, je me dis que ce creux, là, j'aimerais qu'il soit le mien toute la vie. Toi tu me dis juste "Tu ne seras pas seule" et moi je me calme. Oui, j'y arrive, je me calme.

Parce que tu dors avec moi, le soir même, et je ne me doute pas que je vais passer un long moment entre tes bras, à me forcer à rester éveillée pour te regarder, incrédule face à la chance que j'ai de sentir ton avant bras sur ma taille, ton souffle régulier s'échouer contre ma peau. Quand je ferme les yeux, je le sais, que je t'aurais longtemps. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, je ne t'ai même pas encore embrassé, je sais seulement que je veux te garder. J'ignore comment. J'ignore qu'il y aura une promenade à cheval, un baiser sur la plage, j'ignore qu'on fera l'amour, ensuite, pour la première fois et que je rencontrerais le petit bonhomme qui te fait tant haïr ton prof de biologie, j'ignore que ça ira mieux ensuite et qu'il y aura des repas, des sourires, et que j'aurais enfin les réponses à mes questions. Tout ce que je pense c'est que ton corps souple de jeune homme, je ne veux jamais qu'il quitte mon lit.

Ni ma vie.
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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyMar 10 Fév 2015 - 17:37

Inviter une fille dans un appartement, lui offrir à boire et la complimenter sur sa tenue, voilà une chose inattendue. Les filles, elles aiment le sensationnel et l’inattendu. Les grandes dames, ce sont les grands restaurants qu’elles regardent avec ces yeux brillants de convoitise. Les reines, il n’y a que le faste qui retienne leur attention. Et lui, parviendra t-il à offrir à cette jeune femme tout ce dont elle désire à présent ?
Mais Héra, qu’aime-t-elle au juste ? Préfère-t-elle tenir la main d’un homme qui l’aime ou une carte bancaire blindée ? Quel serait son choix entre une balade à cheval sur la plage et un dîner dans un grand hôtel au milieu de célébrités ? Serait-elle prête à vivre la grande aventure dans un village reculé du Kenya ou n’y a-t-il que son grand et bel appartement parisien qui compte pour elle ? A première vue, ce sont les louboutins, et non les baskets. C’est aussi le vin rouge, le homard et les truffes à mille euros le gramme. Il y a aussi le marbre de la salle de bain, le grand écran ainsi que la piscine dans le salon. Ce dont ses yeux glacés semblent réclamer, ce sont ces choses si futiles mais agréables à la fois. Cette carapace qui s’habille de Chanel et d’Yves Saint Laurent semble si dure à percer. Ho bien sûr, il serait facile de prendre une perceuse et d’en creuser des trous de force pour en découvrir le fond. Mais la carapace se reformerait, toujours plus dure. Et le fond n’en serait que plus difficile à accéder.
Pourtant, elle se déride la déesse. Mieux que ça, un rire s’échappe de ses lèvres tandis qu’elle « attaque » le jeune homme qui la provoque d’un coup d’oreiller sur la tête. La glace fond, la neige se transforme en eau, elle coule sur la statue en marbre qui s’anime et qui se dote d’un éclat brillant. N’est ce pas cela la magie du rire ? Cette boule cachée dans les tripes qui explosent et qui fait trembler un corps contraint à rester immobile. Le son qui sort de ses lèvres à tout d’une musique que l’on aimerait écouter chaque jour, à chaque minutes, comme une chanson que l’on écouterait en boucle et qui deviendrait un hymne personnel. C’est un peu ça le phénomène qui se produit. Le garçon l’embête, la chatouille pour ensuite venir sentir la riposte fourbe de son adversaire. Pourtant, aucune rivalité ne vient les perturber. Les conflits entre confréries sont bien loin à présent. Siegfried a oublié son statut de chef de Connards Ambulants et que s’il est vu avec une Khi –la chef qui plus est -, la suite ne lui plaira pas. Mais qu’importe…
Parce que ses tripes elles se tordent, elles s’agitent dès que ses pensées sont orientées par la jolie blonde qui marche dans les couloirs. Plusieurs fois, il s’est surpris à regarder ce corps glacé évoluer à travers les couloirs. Et plusieurs fois, il s’est mis à espérer pouvoir faire fondre la glace de ses mains chaudes. Cela ferait une belle histoire de feu et de glace n’est-ce pas ?
Les rires partent bientôt mais les sourires restent. Le français se redresse et tandis qu’il enjambe le canapé, ses mains se posent déjà sur ses épaules. Ho il aurait pu l’enlacer légèrement et l’embrasser dans le cou. Mais quelque chose lui disait qu’il valait mieux ne pas se presser.
Les mots s’échangent. Tous deux cherchent des réponses quant à l’autre car aucun des deux n’a jamais tâter l’univers de l’autre. Siegfried n’a mis les pieds dans une maison de riche que lors de grandes vacances, et encore, c’était pour aller voir un père qui ne l’a jamais aimé. Cette maison énorme aux allures de château de banlieue l’a toujours mis mal à l’aise. Les sommes folles dépensées pour l’éducation de Zach lui a toujours paru comme inutile. La chambre dans lequel le gosse vivait était plus grande même que l’appartement dans lequel ils vivaient à Carcassonne, et tout ça pour quoi ? Pour finir dans une caisse en bois au fond d’un jardin de cailloux sinistre.
Il craignait à présent que sa non appartenance à ce monde ne ruine les chances pour lui de l’approcher et de la faire sienne. Mais si tel était le cas, elle lui aurait sans doute refuser ce rancard. Non, il faut continuer.
Ils parlent. D’abord de sport ? Non, pas vraiment. Cela le fait sourire qu’elle n’apprécie pas les activités physiques et qu’il aurait plus de chance avec une fille de sa confrérie ?
 
« Je suis allergique à toute forme de sport collectif en fait. A part la course il n'y a rien que j'aime. Désolée, tu aurais eu plus de chances avec une fille de ta confrérie. 
- Les filles de ma confrérie aiment le sport, en effet. Mais ce n’est pas un critère important pour moi, dit-il en glissant une main dans ses cheveux, moi j’aime ce qui est… hum… mystérieux.
 
Ils parlent. Et pendant qu’ils parlent, le jeune lion prend place à ses côtés, non sans glisser sa main sur sa nuque. La jeune femme ne broncha pas, et c’est tant mieux. Tous deux assis, ils parlaient. Chacun se livrait, malgré la différence sociale, malgré l’opposition des deux camps. Pendant qu’elle parlait, un léger sourire timide était apparut sur son visage. Ses yeux glacés s’étaient fais plus chauds et son allure moins haute. Elle devenait plus… naturelle. Moins… moins crispée. Parce que Héra, hé bien, c’est une jeune femme qui aime marcher la tête haute et larguer des remarques acerbes. Oui, celles qui cloue le bec à n’importe qui, même le plus solide. Ce soir-là, il n’y a plus de piques qui franchissent ses lèvres. Etait-ce un stratagème de défense ? Peut-être. Dans tous les cas, ce soir, elle n’en avait pas besoin.
Pendant qu’elle parlait de miami, Siegfried se rendit compte que leurs deux corps se rapprochaient mutuellement. Le parfum l’entêtait, et plus il s’approchait, moins ses neurones daignaient faire leur travail. Le jeune homme ne l’écoutait déjà plus. Seuls les mots « Byzance »,  « Miami » et « Paris » lui percutèrent l’esprit. Lui qui n’était pas un grand fana de géographie, hé bien, c’était preuve que non !
 
… tu sais que j’adore quand tu parles Héra ? J’avoue qu’à présent, je ne saisis pas le sens de tes paroles. Je ne sais pas pourquoi tu me parles de « mannequinat » ou encore d’ « études ». Les mots entrent par une oreille mais en ressort par une autre. Tes lèvres bougent et moi je les fixe. Elles m’ont l’air si fraiche qu’on aurait pu les prendre pour un fruit. Et ta voix… ! Parler français me manque. Notre langue me manque. Et jamais je n’aurais songé tomber amoureux d’une française, surtout ici. Je parle anglais couramment et je suis bien obliger d’employer la langue de shakespeare pour communiquer avec Ollie, Kyle et Aza. Ainsi que Mike et Soraya. Mais la langue française, ce trésor linguistique, je pense que je désespérais de la reparler un jour. Le son des mots me bercent, et je pense que c’est pour ça que mon visage s’avance vers le tien. Ma jambe frôle la tienne et ma main  est prête à se poser sur ton visage pour l’orienter vers le mien. En fait, elle s’est déjà posé sur ta joue… le pouce glisse légérement sur ta joue. Je ne sais comment elle est arrivée là, mais elle y est. Mes yeux se sont plantés dans les tiens. Le feu et la glace s’affrontent. J’ai l’air calme et serein mais je peux te promettre que le petit cœur enfermé dans ma poitrine tente de s’en arracher et d’attérir à tes pieds.
A toi de l’accepter ou de l’écraser de tes talons.
 
Siegfried avait posé sa main sur la joue d’Héra sans répondre à ses paroles. Cela aurait pu être mal interprêté. Mais à présent, le désir parlait d’abord et avant toute chose. Certes, son visage n’était pas encore assez proche. Mais il comptait bien gouter ce fruit là. Juste un baiser… juste ça. Le reste, cela pouvait prendre des mois, si elle le voulait.
Il aurait voulu continuer la discussion, lui dire que non, continue à étudier si tu aimes ça, fais comme bon te semble, les adultes sont bons qu’à emmerder le monde,… mais il se contenta d’avancer son visage de quelques milimètres…
 
Sonnerie. Il s’arrête et recule à regret, le visage un peu rougit par son audace.
 
« … ha… je vais ouvrir. »
 
Pas de pourboires pour toi ducon. Oui, c’est ce qu’il a décidé au moment où il ouvre la porte. Mec, tu n’auras aucun pourboire.
Mais voilà… à partir de ce moment là, Siegfried se dit que jamais il ne l’embrassera. Jamais l’occasion ne se présentera. Deux doigts, oui, il en était à deux doigts de l’a gouter. Mais sans doute que le destin n’est pas d’accord avec ses projets. Après tout, sa carte bancaire n’était pas aussi pleine que la sienne. Il aura beau fouiller ses poches, elles sont pleines de vide. Se moquait-elle de lui ? Il n’en savait rien et pour dire la vérité, sa tête se vide instantanément lorsque sa mère se jette dans ses bras. Il devrait l’embrasser, être heureux de la voir hum ? Il devrait l’inviter à boire un verre avec ces deux tourteraux qui se tournent autour depuis quelques semaines. Il n’a pas vu sa mère depuis un an, oui un an. Mais ce n’était pas comme si elle lui manquait, hm ? Il tourne la tête vers elle, elle qui s’avance vers eux. La surprise se lit sur son expression mais elle comprend tout de même que cette visite est impromptue. Il l’a voix ouvrir la bouche pour se présenter, comme on le fait d’habitude quand on est poli, mais déjà Miranda Wade recule et lui jette un regard mauvais. Elle l’a regardait comme un insecte. Un insecte dangereux… qu’il fallait écraser très rapidement. Siegfried ouvrit  la bouche pour stopper l’hémorragie mais non, bien sur ! Elle prit la parole la première, et tout s’enchaina.
D’abord la presse à scandale. Elle commence fort la mère hein. Vraiment fort. Mais elle ne s’arrête pas la et enchaine avec les chaussures. Puis le reste encore. Les mots crachent, ils blessent et dardent la jeune femme de soupçons terribles. Que vient-elle faire ici celle-là hein ? Ses yeux sombres accusent la belle jeune et riche héritière d’avoir été bien née, ELLE. Les bras croisés, elle fixe Héra d’un œil vénimeux et s’attend tout de même à un même retour. Mais elle eut un geste de recul lorsque la jeune blonde lui adressa un sourire brillant de bonne humeur et de joie. Siegfried vit sa mère froncer les sourcils.... mais lorsqu’il se tourna vers Héra, il ressentit un malaise immédiat : ses yeux avaient perdu cet éclat de vie qu’ils possédaient en entrant ici. La colère se lisait quand bien même elle arborait un sourire mille fois imprimé sur la couverture d’un magazine. Il sentait là l’envie de lui faire subir toutes les tortures médiévales les plus terribles, celles qui promettent une mort si lente que la douleur subsiste après le dernier soupir. L’envie de baisser le regard lui traversa l’esprit mais non. Pas cette fois… parce qu’il n’avait rien fait. Ses yeux chauds affrontèrent la glace : Non Héra. Ce qu’elle a dit ne tient qu’à elle. Je suis bien assez grand pour penser par moi-même. Je n’ai pas besoin d’un stupide magasine pour prétendre connaitre quelqu’un…
Mais les mots de sa mère lui revinrent à l’esprit. Trainée… t’envoyer en l’air avec une trainée. Ces paroles eurent davantage d’effets sur lui que sur elle. Avait-elle seulement compris ce qu’avait voulu dire sa mère par là ? Il n’en savait rien… peut-être… ou pas… ! Si Héra venait à le savoir et à le comprendre, c’en était fini. Il amorça un geste pour la retenir mais déjà sa voix claire et offusquée le coupa net :
 
« Ah, mais excuse moi Sieg, tu ne m’avais pas dit que ta mère avait pas pris l’option « politesse » à la naissance.
- Héra, s’il te plait, je… non mais où tu vas ?! »
 
Mais déjà la Khi Omicron attrape armes et bagages et s’apprête à prendre la porte. Ses chances de l’embrasser ou même d’avoir le droit de lui parler s’effrite entre ses mains. Impuissant, il ne sait que faire. Miranda Wade ne fait rien pour arranger la chose quand elle murmure : « Bon débarras ». Mais lorsqu’elle voit son fils suivre cette jeune femme, elle fronce les sourcils et amorce un geste pour le retenir par le bras, le jeune homme le retire, un air dégouté sur le visage. Elle comprends alors qu’elle est allée trop loin et qu’elle s’est trompée sur toute la ligne.
 
« Je vais vous laisser en famille hm ?
- Arrête Héra, elle ne sait plus ce qu’elle dit ou fait. » supplie-t-il en la suivant dans les escaliers. « Je t’en pris Héra, ne… »
Mais rien à faire. Cette petite mûle ne l’écoutait pas. Outragée par la mère dépossédée de son fils, elle pense sans doute qu’elle a affaire au bas-peuple, celui qui est trop crédule pour réfléchir avant de parler, celui qui lit des pages d’inepties pour s’occuper et oublier sa propre misère pour cracher sur celle des autres. Elle a bien raison, il y en a des comme ça. Partout. La mère de Siegfried par exemple… elle qui n’a plus d’enfant s’occupe autrement : la « lecture ».
Il croit sentir – et même entendre – des trémolos dans la voix de la blonde lorsqu’elle fulmina :
 
- … si c’est la génétique la connerie, je préfère rentrer chez moi ! »
 
Elle lui a adresser un dernier regard là, dans le vestibule. Ses cheveux sont en désordre autour de sa tête, et elle a le regard qui brille déjà. Pourquoi ? Sans doute que l’image qu’elle donne d’elle ne plait à personne. Quiconque lève les yeux vers elle la catégorise immédiatement dans la case « stars capricieuse ». L’est –elle vraiment ? Non, il était en était certain. Ho qu’il aimerait s’avancer vers elle, lui attraper la main et lui jurer que non, ce n’est pas une paire de sein qu’il voit ni un beau  cul à baiser ce soir qu’il voyait. Non ce n’était pas une la stupidité qui régnait dans une cervelle vide, bien cachée sous une touffe blonde, c’était bien plus que ça. Il admettait volontiers que sa beauté l’avait captivé en premier, mais par la suite, il y avait le reste. Tout le reste. Ce n’était pas qu’un physique, mais un ensemble… un tout. Un concept complet. Il ne pouvait même pas l’expliquer… il n’y avait pas de raison à vrai dire. Mais jamais il n’irait jusqu’à baiser avec et la jeter ensuite, surtout en sachant certaines choses.
 
« Héra, s’il te plait MERDE ! »
Mais déjà elle claqua la porte, laissant Siegfried au pied du mur, de l’autre côté de la porte. Planté comme un con devant la porte, il tenta tant bien que mal de garder son calme. Le plat de la main posée sur la vitre, il regarda la silhouette d’Héra devenir minuscule au fil des secondes qui défilaient. Chaque instant devenait une douleur plus grande et plus nette. Et plus le temps avançait, plus son poing se refermait jusqu’à serrer à rendre les phalanges blanches comme neige. Il sentait même ses ongles s’enfoncer dans sa peau. De légers tremblements le saisirent lorsqu’il entendit des pas derrière lui. Même si elle ne dit rien, Sieg savait que sa mère se tenait derrière lui. Les yeux fermés, la tête dirigée vers le bas, le jeune homme se força à ne pas la regarder. Mais lorsqu’elle arriva à son niveau, il lui jeta un coup d’œil… Miranda Wade baissa aussitôt les yeux, comme effrayée par cet éclat meurtrier qui scintillait dans ses yeux. Au fur et à mesure qu’elle s’approchait, il levait la tête et ne cessait de la regarder comme une bête sauvage, une bête prête à lui bondir dessus et lui arracher la gorge. Le coin de sa lèvre se haussa en un rictus méprisant.
 
« … ta vie est comment en France, maman, hm ? » murmure t-il, s’efforçant de garder un semblant de calme « Longue et monotone ? Tu souhaites… sans doute t’amuser alors… tu viens briser celle des autres… tu viens… bousiller ce que je construit depuis… depuis un moment… oui, c’est…
--Siegfried,...
- SORS DE MA VIE ! »
 
Le seul son de sa voix avait brisé les derniers grammes de calme qu’il possédait. Fiche. Le. Camp ! A ce moment précis, il a envie de l’étriper.. mais il décide de remonter les escaliers, tenaillé par la haine et la colère.
 
« Héra n’est pas une salope ! C’est une femme, tu m’entends ? Une femme ! Une vraie ! Et même si j’ai déjà fait un tour chez les putes, je ne traiterais jamais comme tel ! Toi par contre t’en es une ! Si j’en suis là aujourd’hui c’est à cause de Toi !
- Tu es injuste Siegfried !
- Moi ? Injuste ? Non, pas du tout non ! C’est ta faute ! Tout est de ta faute et ce depuis ma naissance ! Mais maintenant que je tente de construire ne serait-ce qu’un semblant d’existence, tu viens me le détruire… !
- Et c’est ça que tu appelles « construire » ? Jouer avec des filles capricieuses, toutes juste bonnes à lever la jambe alors que ton frère est...
Mais elle se tû lorsque son fils descendit les escaliers pour venir se planter devant elle, ses bras croisés, le regard terrible.
« - … ne mêle. Pas. Zach. A. Ca ! Je te l’interdit… même… je t’interdit même de prononcer son nom… ! Je m’en suis occupé pendant deux ans, sans votre aide… et voilà le résultat ! Maintenant… ! J’aimerais juste… j’aimerais juste… ! » Les mots ne voulaient pas sortir. Il ne savait pas comment s’exprimer devant elle, elle qui ne voulait pas comprendre. Elle qui n’avait pas essayer de guérir. « … Héra elle… elle me le fait oublier. Puis… puis Ollie aussi. Et… ho putain.. même Kyle a le don de m’aider, même s’il est injuste… ! Et Azraël… !
- Qui sont tous ces gens ? Demanda t-elle innocemment.
- Peu importe… tu ne comprendrais pas. Tous… eux, ils m’aident ! Ils sont là eux ! Et toi tu étais OU ? Nulle part ! Et un jour tu réapparais, comme ça ! Et tu fous le bordel ! Et maintenant… maintenant je te préviens, Bordel, si jamais Héra ne me parle plus, je te tiendrais pour responsable ! Et maintenant dégage, je t’ai assez vu !
 
Il lui jette encore un regard empli de colère… les larmes menacent de couler, mais non, il n’est pas une tafiole, hum. Les pleurs c’est pour les merdes. Il est capable, oui parfaitement capable de surmonter cette épreuve. Sa mère quant à elle, partit. Elle comprenait que ce soir, elle ne pourrait passer du temps avec son fils.
… parce que ce dernier s’est enfermé dans sa chambre, seul, en proie à une haine qui lui dévore les entrailles depuis des années.
Héra… reviens.
 
 
Lundi matin. Un bon moment de retrouvailles pour certains, un sentiment de fatigue pour d’autres. A peine levé, Siegfried pressentait déjà qu’il s’agirait d’une journée de merde bien comme il faut. Oui parfaitement. Déjà, panne de réveil… il n’avait pas dormi de la nuit.
Quand on lui demandait comment s’est passé son dimanche, son cœur se serrait d’un cran mais il trouvait tout de même l’effort de répondre que « oui, ça se passait. » même si ce n’était pas le cas. L’échec cuisant du samedi soir n’avait cessé de lui  hanter les secondes, les minutes et ces longues heures passées allongés sur son lit, le regard rivé au plafond. Il ne disait pas non plus qu’il avait fait un petit tour à Little Haiti pour acheter une petite dose de « calmant en clope ». Trois joints avaient rythmés cette longue journée durant laquelle il avait fait le point sur sa vie, une bien maussade activitée. Plus le temps passait, plus les erreurs s’accumulaient. Tout au long du jour, Ollie lui avait envoyer des textos. Mais emmuré dans sa peine et sa colère, il n’avait même pas daigné répondre. S’il avait trouvé la force d’y répondre, les mots qu’il aurait saisis sur l’écran n’auraient rien eu de sympathique. « T’es avec ton père hm ? Bah dis lui que ton imbécile de gardien s’est fait jeté par Delacroix, ça le fera marré… » « Va voir Azraël sur un toit et fous moi la paix. » « T’as que ça à foutre ? Sérieux va t’occuper, je suis sur que t’as d’autres gens à emmerder… »
Voilà… voilà pourquoi il n’avait pas répondu… la colère aurait parlé à sa place. Il tenait à tenir Ollie à l’écart de ses problèmes : C’était son rôle, s’occuper de lui, l’amuser et lui faire oublier quelques soucis. Mais ce rôle était difficile à tenir lorsque tout allait mal. Fort heureusement, Kyle ne l’appela pas pour lui refourguer Ollie, et ce pour des raisons idéologiques concernant la mauvaise « bouffe ». Ce qu’on ne dit pas, c’est que dans dix ans, il fera la même chose avec son propre fils. La bonne blague.
… la journée fut merdique. Plus le temps passait, plus le malaise augmentait. Croiser Héra dans les couloirs devenait difficile dans la mesure où il n’osait pas lui parler. Aussi, il l’a regarda de loin, ne se doutant pas qu’elle lui donnera quatre enfants merveilleux. De loin, elle demeurait belle à en mourir, mais il mourrait d’envie de l’approcher, de la toucher, bref de lui parler. Mais dans le fond, il savait que ce n’était pas une bonne idée. Pas encore.
 
 
Les cours défilèrent toute la matinée, mais la concentration du Rho Kappa s’étiola dès les trois premières minutes de la journée. L’échec cuisant de samedi soir ne cessait d’accaparer son esprit. Les mots, le regard et la fuite de la blonde suffisaient à détruire toute sa concentration, lui qui parvenait tout de même à participer aux cours depuis le début de l’année. Mais ce jour-là, lorsque le professeur de maths l’invita au tableau pour faire part de son raisonnement, il réalisa trop tard qu’il n’avait pas préparé l’exercice… le prof pinça les lèvres mais n’en fit pas grand cas. Habituellement, il faisait preuve de  plus de sérieux, mais passons. Il daigna ouvrir son livre de maths à la bonne page mais impossible de lire et de comprendre l’énoncé. Aussi, il détourna la tête et regarda deux équipes s’affronter sur le terrain de sport. Le cours ? Il écrivit quelques bribes sur ses feuilles et n’enregistra rien dans sa petite cervelle. Au bout d’un quart d’heure, sa concentration se désintégra et ce pour toute la journée.
Arrivé devant la salle de cours attribuée à Kyle, l’envie de sécher le prit… mais il s’était promis de travailler dur à partir de septembre afin de s’offrir un avenir meilleur. Mais malheureusement, les problèmes s’accumulèrent alors qu’un lourd sommeil le prit au cours de cette leçon de biologie animale. Plus de sexe ? Dommage Kyle, parce que c’est un peu ce qui m’intéresse en ce moment, hin, hin, c’est drôle n’est ce pas ? Coincé derrière, loin des autres et loin du cours, Siegfried n’écouta presque rien. Même, à force de penser, de ressasser les dernières évènements, ses nuits demeuraient incomplètes et pleines d’images conscientes désagréables. Alors oui, sa tête se nicha dans ses bras et hop que je dors durant le cours de Kyle. Tu ne m’écoutes pas ? Pourquoi je t’écouterais toi dans ce cas ? Va te faire… J’ai besoin de dormir, alors reste loin de moi si tu ne veux pas que je foute l’ambiance dans ton cours de merde…
 
… hé bien cela n’a pas louper. « On a du mal à dormir Wade ? » « Hummm… café steuplait » « Bien, très bien, avec une ou deux heures de colle ? » « Du sucre, je préfère le sucre. » Il commence, et ça continue. Qu’importe le public, les mots sortent mais l’adulte coupent cours et l’invite à le voir à la fin des cours. Il se pointe et le ton monte. « Je suis mort, c’est bon, je ne dérange personne. Quoi ? Comment ça tu me colles ? Je suis déjà collé pour les six semaines à venir. Colle moi un zéro. » Il répond, la colère se lit dans ses yeux. Il faut le comprendre… vu les horribles choses qui se sont dites dans l’entrée de l’appartement, Kyle avait toutes les raisons de lui en vouloir. Mais ce ressentiment était réciproque. Siegfried lâche la bombe « Va. Te. Faire. Mettre. Enfoiré ! ». L’insulte passe pas. Mais ce n’était pas non plus le moment de l’emmerder. Un regard furieux et il sort, ne voyant pas le regard blessé de Kyle. En d’autres circonstances, il aurait baisser la tête et se serait excusé. Mais pas aujourd’hui, pas maintenant, non… il ne s’agit que d’une mi-temps puisque tous deux se retrouvent plus tard et ils manquent de se foutrent sur la gueule. La colère prend le pas sur ses choix : contact physique. Kyle, il aime pas, et la réaction est violente. C’est moche à dire mais il parvient à prendre le dessus sur le jeune loup qui pensait être plus fort que lui.
Ils se quittent sur cette facheuse impression et s’ignorent le reste de la semaine. Siegfried continue son train de vie qui prend un tour plus monotone. Bordel que les soirées chez Kyle lui manquait… déjà la cuisine, ça c’est un point à ne pas négliger. Son régime alimentaire n’avait rien de fameux puisque la majorité de ses repas se prenaient à la cafeteria. Bien qu’il ne crachait pas sur cette cuisine, il faut avouer que la diététique wynwoodienne ne lui apportait pas autant de plaisir que les repas de Kyle. Et puis sa cuisine n’était qu’un élément parmi d’autres. Les discussions après qu’Ollie ne soit couché, ça c’était un moment agréable. Par moment, leurs  sujets dérivaient vers des tours plus personnels. Certes, le français devenait moins loquace… mais cela ne le gênait pas. Par moment, il avait plus la sensation de parler à un…. Un confident, voilà. Le genre de personne qui écoute sans juger, qui tend la main sans rien demander en retour. Bref… quelqu’un qui l’écoutait et qui ne demeurait pas inactif devant une profonde détresse.
… et l’avait-il remercié ? Non, loin de là. C’était des insultes à tout va qu’il lui avait craché à la figure comme s’il était la dernière des merdes. Un malaise remuait ses tripes dès qu’il se souvenait de ces bons moments passés dans cet appartement du centre-ville. Parce que dans le fond… Kyle aurait pu se contenter de lui refourguer Ollie de temps à autres sans chercher plus loin. Il aurait pu… le laisser dans sa merde, et ne rien faire. Ce genre de type avait autre chose à faire.
… malaise. Au cours de la semaine, malgré la colère devant une injustice finalement infime, il se surprit à vouloir faire le premier pas. Mais malheureusement, les rares entrevues passées avec Kyle se finissait mal.
 
… fort heureusement, Ollie restait la seule personne qui ne le blamaient pas.
… FAUX !
Lors l’une de leurs soirées permises par Cassandre, tous deux regardaient un programme sur la chaine des séries. L’ambiance demeurait maussade malgré les tentatives d’Ollie pour le faire sourire. Ho oui qu’il se forçait à rester de bonne humeur mais plus le temps passait, moins il n’avait de chance de retrouver Héra. Mais le sujet des « filles » restait un point polémique quand on discutait avec le marmot, ce gamin aussi jaloux qu’un siamois. Dès qu’il posait les yeux sur une fille, Ollie réagissait et bien entendu, le flirt se réduisait à un petit tas de cendres censé être une jolie passionnée. M’enfin ce soir là, le gamin ouvre la bouche et clame tout haut ce que d’autres pensent tout bas. « Comment va ton père ? » « Demande lui… fin si tu veux savoir, on sait exactement quand vous vous disputez puisque lorsqu’il entre il reste silencieux toute la soirée. » « Ho… » « Franchement t’es chiant ! Merde, tu pourrais pas t’excuser qu’on en finisse ? » « Oui, je… je ne sais pas vraiment. » « On dirait que je ne compte pas assez pour que tu le fasses ! » Coup dur. Il fronce les sourcils et détourne la tête. Le ton est donné, son comportement merdique saute aux yeux de tout le monde.
Et aussitôt, un instinct prend le dessus. Excuse toi… parce que le chieur ici c’est toi. Tu l’as ouverte et ta langue de vipère a mordu là où il ne faut pas. Va t’excuser parce que t’en as besoin pour une fois dans ta vie, d’avoir TORT. Ton orgueil de merde te fera perdre ce dont tu as toujours rêvé et qui est en passe de se construire. Alors bouge. Fais le pour toi. Pas pour Ollie, ou même Héra.
Pour toi. Parce que t’en meurs d’envie…
 
 
 
C’était trop long. Trois jours et demi, c’est déjà long mais quatre, quatre ! C’était tirer sur la corde raide ! Quatre jours qu’il avait frôlé le bonheur du bout des doigts avant d’avancer son visage vers le sien et de n’embrasser le vide, rien que le vide.
Il s’était réveiller en sursaut, étreint par une angoisse inconnue mais bien réelle. Les yeux grands ouverts, il avait eu un temps de retard avant de réaliser qu’il fixait les chiffres clignotants d’un réveil matin tonitruant. Le bruit lui vint aux oreilles et sa main tapota maladroitement cette chose immonde que même Satan lui-même n’aurait pas inventé. Assis sur son lit, le moral au trente-sixième dessous malgré la température extérieure, le français se prit à nouveau et comme tous les matins depuis deux semaines, la dure réalité de son infortune. Chaque jour apportait une mauvaise surprise dans son quotidien, le genre de petites choses qui prenaient des proportions énormes. En général, cela commence par une petite bouffe, que ce soit une pizza, du poulet en fine lamelle et même un libanais. Puis l’irruption d’une tierce personne pas vraiment prévue dans le programme de la soirée. Etrangement, dans les deux cas, il s’agissait d’un père ou d’une mère soucieux de sa progéniture. Cette irruption se suivait automatiquement du départ de cette personne, puis d’une autre. Puis il y avait les mots, les durs mots.
En ce là, Siegfried devait le reconnaitre, sa langue s’était déliée mais pas de la bonne manière. La colère, sa pire ennemie, le dépossédait de son libre arbitre et le forçait à débiter des pires atrocités que l’on puisse imaginer. Elle naissait dans son ventre à la moindre contrariété et remonter le long du conduit digestif pour atteindre sa gorge et vomir, oui voilà, vomir ses paroles sur les chaussures de celui qu’il considérait comme un adversaire. Une fois que c’est sorti, c’est sorti, on ne peut rien effacer, rien ravaler. Rien annuler. Mais était-ce pour autant fini ? Cette question eut pour effet de froncer ses sourcils. A peine avait-il prit un nouveau rythme que celui-ci se déréglait. Il avait eu le temps de construire, mais pas encore le temps de finir. A peine avait-il commencé que cela finissait déjà. Devait-il s’en aller, abandonner la partie et recommencer ailleurs ?
« Et pourquoi faire ? » Se dit-il « Autant passer sa vie tout seul de ville en ville, sans ports ni attaches. Tu te déglingues ? »
Siegfried se leva et attrapa ses nippes de la veille qu’il enfila. Rien d’aussi spécifique que celles d’Héra sans doute. Juste un jean noir et un vieux tee shirt Linkin Park qu’il ne voulait en aucun cas jeter. Alors qu’il l’enfilait, ses pensées s’orientèrent vers Elle. Comment choisissait-elle ses vêtements le matin ? En avait-elle beaucoup des tenues ? Sans doute, vu le fantastique pedigree qu’elle possédait. Mais comment un type comme lui pouvait-il prétendre lui plaire ? Avait-elle seulement apprécier ? Voilà que le doute l’étreignit. Comme chaque matin, l’échec cuisant lui revenait en mémoire, l’assenant d’horribles doutes et lui rappelant qu’elle au moins, elle avait du gout dans son apparence. C’était sur qu’elle au moins, elle ne connaitrait pas le cruel dilemme masculin universel : on se rase ou pas ? Il jeta un coup d’œil dans le miroir et  laissa ses doigts glisser sur la pilosité faciale. Depuis samedi, il fallait avouer que les poils avaient poussés. Peu, mais quand même. Devait-il… ? Ou pas ? Pourtant, sa main se dépose sur le rasoir et tranquillement, il jette un dernier regard à son reflet. Préférait-elle les hommes rasés ? Les poilus ? Les choubakas ? Les Daryls ? Plusieurs stades oui. Dans tous les cas, il savait – par expérience – que les femmes n’aimaient absolument PAS les imberbes.
« Et puis merde… ! » Soupira t-il en posant le rasoir à sa place « J’vais quand même pas me raser pour une meuf imbue d’elle-même… ! »
Et il sorti de la salle de bain non sans mettre un coup de brosse dans ses cheveux mi-longs. Un café, son sac et il sortit au grand air, sous la chaleur de Miami. Il n’était que huit heures mais déjà le malaise ressentit plus tôt se fit ressentir avec plus de force et d’ardeurs. Comme s’il devait accomplir quelque chose ce jour-là, quelque chose d’important, de vital mais dont il n’en connaissait pas l’intitulé. Ou peut-être que si… mais le courage lui manquait bien trop pour oser franchir un premier pas.
Alors il décida de faire la sourde oreille. Non, il ne pouvait pas faire le premier pas, pas possible, hein, hein, non, non, pas possible, hop. Cette nana devait être passée à autre chose, qu’il fasse de même. C’était juste une paire de sein qu’il n’aurait pas eu le loisir d’essayer un samedi soir et basta. Ce n’était qu’une paire de jambe incapable de courir tout droit. Elle n’était qu’une illusion qui lui avait fait croire que l’on pouvait être belle ET intelligente. Voilà, c’était ça. Il fallait l’oublier.
… et pourtant, lorsqu’il s’assied en cours de maths, il eut bien du mal à se retenir de la regarder elle. Oui Elle. Rien qu’Elle. Depuis lundi qu’il l’a regardait de loin, évoluer dans cette école comme une reine au milieu de ses sujets. Et plus il l’observait de loin, plus son désir de la rejoindre le taraudait. L’idée qu’elle puisse jeter son dévolu sur un autre type que lui allumait une âpre jalousie dans ses tripes. Ho peut-être pas tout de suite hein. Mais demain ? Après demain ? Dans une semaine ? Dans trois ans ? Aujourd’hui ! Rien que cette pensait l’agitait de l’intérieur. C’est le temps qui court, il est parti loin, le laissant derrière à la traine, incapable de prendre la BONNE décision, celle qui lui parait impossible. Pourtant, lorsqu’Héra lève la main pour répondre à une question, il se dit que jamais, non jamais il ne pourrait se passer de ses mots et de ses gestes doux.
Que faire, que faire…
L’aborder ? Non, elle le fuyait et, déchirure ou pas, elle lui flanquerait le pied entre les parties, du moins, c’est ce que son regard hurlait à chaque fois que ses yeux se croisaient. Certes, il se sentait détruit instantanément par ses rayons lasers intégrés mais le jeune fifrelin lui, n’avait strictement RIEN à se reprocher. Aussi, pas une fois il ne baissa les yeux et se contenta de la bruler ELLE sur place. Parce que parfois, c’était de la colère qu’il ressentait. Pourquoi ne lui avait-il pas laisser le temps de s’expliquer ? Ho mais ça, il verra plus tard. Il y avait plus urgent…
… parce qu’il l’a ressentait l’urgence. Elle était là, partout autour de lui, sous la forme de jeune éphèbes rasés, élégants et surtout, surtout très riche. La concurrence était partout : ici et là, en haut et en bas, à droite et à gauche… et la meilleure manière de détruire la concurrence, c’était évidemment de prendre les devants. Mais comment ?
… difficile de trouver. Installé sur le toit, grignotant un sandwich, son regard se posait sur elle de temps à autres. Elle était loin, trop loin, et cet éloignement se creusait de minutes en minutes. Il se voyait déjà condamné à la voir aux bras d’un autre mais curieusement, il balayait cette idée d’un revers de la main. Non, c’était lui qui l’a voulait. Il ne savait rien des intentions des autres : qui lui disait que tous ces types n’abuserait pas de son alcoolisme ?
 
… et pourquoi tu n’irais pas lui parler ? Bordel, tu as tellement fait plus ! Aborder une fille, même si elle est en colère contre toi, n’est pas bien difficile. Il faudra bien lui adresser la parole parce que tôt ou tard tu céderas à tes pulsions. Tous les jours elle défile dans les couloirs d’une salle à l’autre  en riant avec sa copine Kris. Et tous les jours tu l’as regardes de loin en te disant que voilà c’est fichu, jamais tu ne l’embrasseras cette reine des temps modernes. Et pourtant tu en rêves la nuit. Tu te sens mous et incapable de faire deux pas vers elle. Plus tu attends et plus cela sera difficile. Tu peux très bien arrêter ce petit manège et de faire le premier pas. Tu as beau retourner le problème dans tous les sens, tu sais très bien ce que tu veux. Tu le sais.
 
« Non, je ne veux pas me terrer dans ma chambre pendant trois semaines à attendre que le temps passe… » pensait-il sournoisement « Certains le feraient, mais pas moi. Ho ça non ! Il faut que je lui parle… mais avant tout il faut qu’elle m’écoute. Je veux la voir mais j’aimerais qu’elle me regarde. Et s’il faut que je me défende, il faut qu’elle m’écoute. »
 
Les tripes sens dessus dessous, c’est ainsi qu’il entra dans la bibliothèque. Il y avait des travailleurs. Un peu trop pour risquer une discussion avec une Khi. Elle-même était profondément enfoui dans un livre de maths, concentrée au possible. L’avait-elle vu ? Sans doute, parce qu’elle avait lever la tête vers lui… et deviner qu’il n’était pas là pour les milliers de volumes entreposés là. Non, parce que la bibliothèque, il n’y allait jamais. Pourquoi faire ? Il y a bien longtemps qu’il ne travaillait plus comme il le faisait en France. Non, c’était pour elle. Rien que pour elle.
Les bons élèves désertaient l’endroit au fil des heures. Seules quelques têtes brulées restaient dans le coin. Des Khi. Mais elle, elle restait isolée dans un coin. Et plus le temps passait plus l’heure de fermeture s’approchait. Assis de l’autre côté, Siegfried pesa une dernière fois le pour et le contre… et se décida à aller la voir. Il le souhaitait avec ardeur. Laisser passer une fille comme ça, c’était le pire des sacrilèges. Aussi, lorsqu’il s’assied à une chaise d’elle, il l’a regarda un moment. C’est parti mon grand. Il le faut. Tu dois  le faire. Parce que tu ne sais pas encore que tu passeras une belle et magnifique vie à ses côtés. Allez… courage. Il compta jusqu’à trois dans sa tête et se dit qu’autant en finir. Maintenant. Ou commencer, pourquoi pas ?
 
« Ecoute… désolé pour samedi en fait… » Chuchota t-il, les dents légérement serrés « Je sais que tu aurais… Que tu aurais voulu une soirée plus… plus agréable. Mais si tu… non laisse moi parler. » Il planta ses yeux dans les siens. Le chaud et le froid ne faisaient pas bon ménage mais il voulait parler. Il pesa ses mots et commença, plus hardi « J’ai envie de te connaitre. Ma mère a beau t’avoir traité de… » Le mot fut à peine évoqué qu’elle se leva sans rien dire, un livre à la main, et se dirigea vers une allée de la bibliothèque. Bon, c’est mal parti. Pourtant, il n’abandonna pas la partie et la suivit. Il continua.  « enfin… elle a beau t’avoir traité comme une moins que rien, elle n’avait pas à te dire tout ça. Parce que tu sais, je m’en fiche que tu viennes des beaux-quartiers parisiens et que t’es la progéniture d’un footballeur connu. Je sais que… ces mots t’ont fait du mal mais ne lui en veut pas » Sa main avait choper celle d’Héra tandis qu’elle posa le livre sur l’étagère. La jeune femme tenta sans doute d’enlever sa main mais les doigts de Sieg se refermèrent autour des siens. Il ne cessa pas. Non, pas du tout.  « Nous avons traversé tous les deux une épreuve difficile l’année dernière. Elle ne l’a pas supporté et heum… voilà le résultat… » Ses yeux se firent plus brillant encore lorsqu’il continua. « Elle n’avait pas à te parler comme ça, Héra. Elle ne te connait pas après tout… elle ne te voit pas comme moi je te vois. » Tandis qu’il se rapprochait, ses doigts glissèrent le long de son bras et fit de lents allers-retours sur sa peau d’ivoire. Elle sentait bon et l’a voir d’aussi prêt lui donnait presque le vertige. « … laisse moi une chance, juste une. T’as beau me voir comme un prédateur, moi je ne les vois même plus les autres filles… laisse moi t’approcher. Je ne te ferais jamais de mal moi. » Il voulut lui dire que oui, il savait qu’elle avait l’alcool dans le sang et qu’elle le prenait pour un ami fidèle qui l’attendait dans un placard. Non, il ne voulait plus que ce démon s’approche d’elle et lui fasse du mal. C’est lui qui devait partager ses draps et non une stupide bouteille qu’elle ouvrirait chaque soir en attendant les cruels songes. Mais ce n’était pas une bonne idée. Ils se connaissaient à peine après tout. Mais cela lui suffisait à ne pas commettre d’erreurs. Il se rapprocha davantage et glissa une main dans ses cheveux avec douceur. Non, il ne l’a ferait jamais souffrir. Pas volontairement en tout cas. Il réalisa alors qu’il était proche d’elle. Très proche. Trop ? Il n’y avait personne autour d’eux. Il l’a fixa tandis que sa main se posa sur son épaule… puis sur la nuque. Lance toi mon grand : parce que t’en meurs d’envie. Mais n’était-ce pas aller trop vite ? Il décida de ne rien faire et de continuer à la regarder… sa main descendit à nouveau le long de son bras et aussitôt, ses doigts s’entremêlèrent à nouveau avec les siens, avec légèreté. Il rajouta dans un bref murmure : « … tu me fais veiller tard. » Ho ça oui… il ne pensait qu’à elle, jour et nuit, les yeux perdus dans la nuit, incapable de dormir. Mais au moins, ces pensées lui étaient plus délicieuses que les autres, plus perverses, celles qui le terrifiaient depuis septembre. Il lui sourit gentiment et ramena jusqu’à ses lèvres sa fine main qu’il embrassa légèrement.
 
Tu fais partis de ces magnifiques songes éveillés qui me font veiller tard et qui chasse tous ces cauchemards.  
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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyVen 30 Jan 2015 - 11:25


Sieg il m'avait déjà tapé dans l'oeil, et ce depuis longtemps.

Parce que je sais pas. Il avait quelque chose dans son regard qui pouvait s'y méprendre avec de l'insolence, quelque chose dont j'étais un petit peu dingue, avouons le. Moi je suis comme les autres, j'aime les mauvais garçons. J'aime bien ceux qui ont un air un peu rebelle et Sieg, il a la panoplie complète. Il a le regard, les yeux chocolat et la peau un peu brunie par le soleil, un grand et beau sourire et des cheveux en bataille qui lui donnent un petit peu un air de jeune lion sur le retour. Oui, bien sûr qu'il me plait, bien sûr qu'il m'intéresse, et bien sûr que j'ai envie de le connaitre d'avantage. Peut être même de faire un bout de chemin avec lui. Sur le moment je ne me doute pas que ce bout de chemin sera long, et que je vais traverser des choses que je n'aurais jamais eu envie de vivre. Non, pour le moment je le regarde avec un sourire pendant qu'il panique, parce que ce qui est dans sa poëlle là, honnêtement ça avait l'air très bon, mais honnêtement je ne me forcerai pas à manger du charbon pour lui faire plaisir, vraiment pas. Moi j'ai un sourire en prenant mon verre de coca, en ignorant volontairement cette foutue bouteille parce que j'ai dit stop, j'ai dit que j'arrêtais, j'ai dit que je ne me laisserais plus tenter par ce genre de choses. Je ne suis pas faible au point de refuser d'avoir le contrôle de moi même. Je ne veux plus me réveiller avec un mal de tête infernal sans me souvenir de ce que j'ai fait la veille. Encore moins dans les bras d'un type dont je n'ai aucune idée du visage. Et dans ce genre de moments, on a vraiment de sacrées surprises. Alors je bois, avec un sourire en m'installant sur le canapé tandis qu'il me propose un libanais. Moi je hausse les épaules avec un petit sourire. De toute manière ce n'est pas vraiment pour manger que je suis venue ici. Je suis seulement venue parce que... hé bien je ne sais pas. Cela va peut être un peu vite, mais je suis heureuse de le voir, lui, je suis contente de passer un moment toute seule avec Sieg. J'ai passé un peu trop de temps à le regarder de loin, et pas assez à oser dépasser ma condition de jeune chef des Khi Omikron pour venir adresser la parole à monsieur le sportif, qui avait ainsi toutes les raisons du monde de m'envoyer promener, bien sûr.

Clairement, sa chute sur le canapé se termine en bataille rangée, parce que le coussin que je me mange sur la tête me décoiffe. "Eeeeh !" MA VENGEANCE SERA TERRIBLE. Alors je me jette sur lui en prenant soin de déposer le verre sur la table basse et je le chatouille, de toutes mes forces en laissant mes mains griffues courir sur sa peau alors qu'il rit et qu'il se débat en essayant d'attraper mes poignets. Seulement voilà, des batailles de chatouilles j'en ai déjà fait énormément avec Nicolas et je peux dire une chose, c'est que je suis assez entraînée pour être très forte à ce petit jeu. Alors je finis par le relâcher seulement quand il est tout rouge et hors d'haleine. Moi je suis bien un peu décoiffée, mais sur le moment je crois que ça n'a pas véritablement d'importance, parce qu'elle se fissure, mon armure de marbre, elle se fissure à son contact et toute idée d'apparence est saugrenue à présent. Oui, ça parait stupide mais au contact de Siegfried, je me sens suffisamment bien pour oublier quelques instants mon culte du physique et de la beauté. Je suis le miroir de moi même, une véritable petite poupée blonde aux yeux bleus, dont la beauté fait oublier un moment tout ce que cela cache : la peur, la haine, la déception, l'abandon. Et là, avec lui, je peux être sûre d'une chose : pour une fois, tout ce qui se cache sous mon armure disparait, momentanément, assez en tout cas pour que je ferme les yeux quand ses mains se posent sur ma nuque, et que ses pouces massent mon dos. Il a la voix grave, Siegfried, il a la voix chaude et le timbre du sud, un petit accent venu d'ailleurs, et retrouver ma langue natale est suffisamment plaisant pour que je profite de la moindre petite parcelle de tout ce qu'il me dit et ce qu'il me demande. Parce que oui, quelque part ça m'intéresse et oui, au contact de Siegfried je me sens assez bien pour blaguer, pour quitter l'apparence sévère dont je suis dotée. Et lui, qu'est-ce qu'il cache derrière ses sourires ? Un caractère sanguin ou calme ? Quelqu'un qui en a trop vu ou pas assez ? Je dirais qu'au vu de sa manière de se débrouiller dans la vie, il a dû en voir. Mais d'une façon totalement différente de moi, je présume.

« … alors… c’est comment la vie de château ? C’est vrai que les riches ont le petit doigt en l’air en bouffant du caviar à longueur de temps ?

- Non, c'est plus du genre beuverie au champagne à 1500 euros la bouteille.

- C’est marrant, parce que les pauvres aussi, mais avec de la bière bon marché. Et en rêvant de caviar. »

Si tu savais. Les gens qui survivent à peine ou qui vivotent dans le monde rêvent d'une vie de richesse, de faste et de luxe. Mais je crois que l'argent est la pire chose qui ait été inventé par l'homme. Il rend incroyablement mauvais, il rend égoïste, il donne envie d'en avoir plus. Les billets de banque, ça fait briller les yeux. Et les gens vraiment riches, ils le dépensent n'importe comment parce qu'ils en ont trop et ils ne savent pas quoi en faire. Je fais partie de ces gens là quand je sais que je reçois près de 5 000 dollars d'argent de poche par mois et que je change de tenue sans arrêt, parce que je ne supporte pas de porter deux fois les mêmes fringues, ou les mêmes pompes. Mais crois moi Sieg, des fois j'aimerais bien galérer un peu dans ma vie, savoir ce que je pourrais vivre en faisant attention à mon argent. Cela ferait sans doute de moi une personne plus simple. Enfin c'est ce que je pense quand je le regarde lui. Parce que je vois bien qu'il galère dans sa vie. Mais j'ai l'impression qu'il n'en est pas malheureux pour autant.

« … tu sais, au début, je ne savais pas que tu étais la fille d’un footballeur. Je l’ai appris plus tard. Je fais tout à l’envers en fait. En fait, je n’aime pas le foot. Je m’en fiche… je trouve ce sport débile en fait. Le Horseball, par contre,… j’aime beaucoup parce qu’en plus de la balle, tu dois gérer ton cheval et l’équipe toute entière. Le hand aussi, c’est bien, il y a une fille dans ma confrérie qui en fait, alors des fois on se fait des petits matches. »


Je reste silencieuse une minute, et puis je lui adresse un sourire un peu timide. La seule chose que je fais moi, c'est courir, seulement pour garder un semblant de forme. Le reste je n'aime pas en parler. Le sport ça a régi ma vie, ça a brisé ma relation avec mon père, tuée dans l'oeuf. Mon père à part son putain de foot, il n'y avait pas grand chose qui l'intéressait. Alors je réponds, d'une voix un peu plus petite sans doute.

"Je suis allergique à toute forme de sport collectif en fait. A part la course il n'y a rien que j'aime. Désolée, tu aurais eu plus de chances avec une fille de ta confrérie."


Je crois qu'il ne m'en veut pas parce que la discussion part sur autre chose. Pardonne moi Siegfried mais moi je préfère entraîner mon cerveau, c'est comme ça. Je préfère que les gens me voient comme une fille belle et cultivée, le combo parfait nan ? Toi je ne sais pas si tu aimes ton apparence, ou si le sport te permet d'oublier tes problèmes. Je sais seulement que chacun a sa manière de faire le deuil de son bonheur, en cherchant une catharcis. Si pour toi c'est le sport, alors cela me convient tout à fait.

« Alors… comme ça, tu es à Miami depuis juin. Seulement juin ? Tu aimes cette ville ? Avoue que.. la plage à volonté, il n’y a que ça de vrai. Tu aimerais retourner en France ou rester dans le coin ? Pour ma part, c’est déjà choisi. Je n’ai absolument plus envie d’y retourner avant dix ans. Ou douze.

- C'est pas Byzance, Miami mais c'est suffisamment loin de Paris pour que je m'y plaise. Si je pouvais ne pas retourner en France ça m'arrangerait, mais ma mère insiste pour que je revienne régulièrement aux vacances. Pour son image, tu vois. ça fait trois ans qu'elle me dit que je perds mon temps à faire mes études, que je devrais faire du mannequinat. Et toi, qu'est-ce qui t'a amené ici ? »

La sonnette nous tire d'une torpeur en cours de route, parce que mine de rien, hé bien, je m'étais rapprochée, moi, un peu, sur ce canapé. J'ai faim bien sûr, mais j'ai faim de chocolat moi, oui parfaitement, comme ses cheveux ou comme ses yeux rieurs. J'ai pas vraiment faim de libanais. Sauf que je sens bien que quelque chose ne va pas quand je ne le vois pas revenir. Et puis ça sent pas la bouffe fraiche, ça sent le cramé. Je fronce les sourcils en me levant et en avançant en direction de l'entrée. Je crois que c'est la pire erreur que j'aie pu faire ce soir. J'aurais mieux fait de rester cachée, en vérité. Parce que dans l'entrée, collée à Sieg il y a une femme aux cheveux blonds, petite et mince avec le regard plein de douleur. Oui, c'est ce qu'elle m'évoque, en tout cas, et l'air de famille n'est pas flagrant mais à sa manière de lui parler et de le toucher, je devine assez aisément qui cette femme est pour lui. Et je sens au regard de Siegfried que ce n'est pas vraiment une bonne chose. Moi j'avance, totalement inocemment, et alors que je m'apprête à sourire et à dire "Bonsoir, madame" ben... BEEEEN... Ses yeux me clouent sur place. Parce qu'elle était en train de parler à son fils mais elle s'est tue dès que je suis arrivée. Ahahah... ça va me plaire ça je crois bien. Elle me tend une main que je serre, avec une sorte de sourire crispé sur le visage. ça ça pue. Sans rire, pour moi ça pue.

« Mademoiselle Delacroix ? Si j’avais su que vous vous trouviez ici, j’aurais fait un effort de présentation. Alors, vous êtes en voyage ? Hé bien… quand on a vos moyens, on ne se prive de rien…

- Ahah... Euh... »


Il ne nous a pas présentés, j'en déduis que cette bonne femme lit la presse à scandale. Premier mauvais point pour elle, parce que je suis vue comme une petite fille riche qui a une vie parfaite. Plus récemment comme une salope aussi, parce qu'à Paris ils aimaient beaucoup me photographier au sortir des boites de nuit. Elle se penche, attrape une de mes chaussures et moi je vais m'ETOUFFER quand j'entends la suite, la vérité.

« Hummm… joli talon. Combien ça vaut tout ça. »


....Six cent cinquante sept dollars et quinze cents. Mais je ne dis rien, je la laisse faire, en jetant un regard tout simplement PANIQUE à Siegfried, qui ne bouge pas, qui ne dit rien, figé, se contentant simplement de regarder sa mère avec horreur. Bon. OK. J'ai fait des efforts toute la soirée, mais là je crois que c'est un peu la goutte d'eau, surtout quand j'entends ce qui vient après. Parce qu'il proteste quand même, faiblement mais il proteste.

« Maman, écoute, ce n’est pas le moment… »

« Je te dérange chéri… ho, vous étiez entrain de… Ho je vois. Désolé mon chéri, mais tu comprends, je viens de France et je…
- Tu…
- … M’enfin, si tu préfères t’envoyer en l’air avec une trainée. Enfin, quand on voit le père, on peut se dire que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. »


O.O. QUOI. Là ça monte, d'un seul coup, le sang qui me prend et me monte à la tête. Il ne fait qu'un tour quand j'adresse à la douce maman l'un de mes sourires de magazine, le plus faux possible et imaginable. Et que j'adresse aussi le même à Sieg. Et si mon sourire est éclatant, mes yeux sont actuellement en train de le tuer, de l'écarteler, de l'écorcher et de le rouler dans du gros sel.

"Ah, mais excuse moi Sieg tu ne m'avais pas dit que ta mère avait pas pris l'option "politesse" à la naissance."


J'attrape mes chaussures, ma veste, mon sac, très vite. Parce que voilà, c'est exactement ce que je ne voulais pas. L'image de moi est donnée, le ton aussi. Je suis donc une trainée. Parce que je suis blonde, riche, et que les magazines l'ont dit, c'est ça ? Je me fais violence pour garder un semblant de sang froid. Pleure pas Héra. C'est tout ce qu'ils attendent, ces gens là.

"Je vais vous laisser en famille hm ? Après tout si c'est génétique la connerie, je préfère rentrer chez moi."


J'enfile ma veste, et je file, comme une furie, direction la porte. ça a atteint un stade beaucoup trop lointain pour moi et autant dire que je n'ai aucune envie de donner suite à ce flirt envisageable, lorsque je mime un baiser avec la main, la jambe tendue en ouvrant la porte. Et en prenant une voix de GROSSE PETASSE.

"On s'appelle ?"


Et je claque la porte de toutes mes forces parce que je suis en colère, oui, en colère et je ne saurais dire si c'est de sa faute ou de celle de sa mère, tout ce que je peux dire à l'heure actuelle c'est que je ne désire voir ni l'un, ni l'autre. J'appelle un taxi deux rues plus loin, direction Wynwood. Direction ma chambre, direction mes bouteilles cachées partout, direction les verres que je descends, toute la soirée pour oublier les larmes brûlantes causées par l'humiliation qui coulent sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Une chose est certaine en tout cas, au sujet de cette entrevue : c'est que Wade, il m'oublie. C'est bien ce que je m'imaginais, au final. Un chat est un chat. Et un RK est un RK. Musclé, beau, mais con, égoïste, imbu de sa personne, narcissique, pervers et cruel. Voilà tout ce que tu es dans ma tête quand je m'effondre sur mon lit, toute habillée et les yeux rouges, Siegfried Wade.
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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyMar 30 Déc 2014 - 0:51

… une nordique.
Je ne vois que cette race à la peau blanche et pure comme un marbre travaillé par un grand sculpteur. Les cheveux sont lâchés et ne sont retenus par aucun lien. Ils se contentent d’orner ton visage fin, un peu comme une couronne le ferait.  Mais cela, tu n’en as pas besoin. Tes yeux sont d’un bleu glacial qui rappelle que tu n’as pas peur du froid, quand bien même  il lacère ton beau visage. Tu te montres parée, maquillée, et moi je me rappelle de ces deux tâches dans le bas de ton dos. Une tache qui me rappelle que l’apparence n’est rien ici-bas. Il y a toujours une fausse note qui altère la beauté parfaite. Et moi je trouve que c’est indispensable, car la perfection ennuie.
Que s’est-il passé dans ton existence Héra ? Parce que ces deux horribles taches font parties d’une parcelle de ton passé. Je ris de savoir que beaucoup ont du te juger pour ce que tu n’es pas. J’aime ton air et tes manières qui cachent sans doute un profond désarroi. Je ne me lasse pas de te regarder de loin… mais maintenant que tu es tout prêt de loin, j’ai envie de reculer, car tes yeux trop clairs m’embarrassent. Je ne suis plus aussi timide qu’auparavant. Mais certaines personnes ont le don de me perturber. Trop de force, trop de caractère. J’ai même  la sensation de ne plus rien être du tout. Je fais une remarque sur tes talons, et tu me réponds ceci :

« Je n’en ai pas retrouvé l’usage total mais que veux-tu, je suis une femme, une vraie, sans talon je me sens à poil. »

Tu es une femme, une vraie. Et si tu avais été un homme, j’aurais enchainé les remarques grivoises et vulgaires jusqu’à ce  que nous pissions de rire tellement j’en ai en stock ma jolie. Mais comme tu le dis si bien, tu es de l’autre genre et moi je sais comment me comporter avec vous. Par conséquent, je ne rebondit pas sur le fait d’être… « à poils. ». Manquerais-je de naturel ? Non, du moins, je ne pense pas. Je t’adresse simplement un sourire et je t’entraine dans l’appartement. Le salon t’es ouvert et à présent, je songe à me débarasser de cette bouteille de vin sans que tu ne saches que Kyle m’ait avoué ton petit secret. J’ai plusieurs idées mais l’une d’elle comporte un risque. Un énorme risque. Mais je veux bien le tenter.
La réponse est… ice tea. Je te réponds avec une voix rauque d’expert en vin autoritaire et hautain « Très bon choix, Madame. » et j’ouvre le frigo. Mes yeux se promènent dans les étagères mais je constate avec un énervement soudain que le dernier Ice tea a été avalé par Sarah. Bien. « Il n’y en a plus… hem… bon je te sert autre chose. Un bon coca par exemple. Il n’y a plus que cette cochonnerie américaine. » J’en prends deux, parce qu’il est hors de question que je bois un seul verre de vin devant la fille qui me plait. Je serre le coca dans nos verres et c’est là que je m’arrête sur tes lèvres glacées. Elles m’ont l’air d’être sculpté dans une pierre lisse et brillante. Rouge. Non, pas une pierre, plutôt un fruit frais et rafraichissant. Je meurs d’envie de m’avancer vers toi pour essayer. Tout de suite. Alors je fais un pas en avant mais je ne suis pas trop proche. Quel fruit ? Une fraise ? Une grenade ? Je n’en sais rien et je crois que le moment n’est pas encore venu pour le dire, pour la simple et bonne raison que…

« … ça brule. »

Je me retourne alors. Oui, c’est vrai, ça brule. Une horrible fumée noire s’élève hors de la casserole. Deux heures d’effort, de peur et de reprise en main. Deux heures de pure joie à  l’idée de montrer mes petits talents culinaires. Deux heures qui s’élèvent dans les airs, noires et suintantes comme un échec très cuisant. Le parfum épicée m’agresse les narines, me piquent les yeux et surtout, blesse mon orgueil. J’avais mis mes tripes dans ce repas – enfin façon de parler – et voilà qu’une maladresse de ma part brule tout ce travail comme un ignoble feu de forêt. Une déception ardente me remue les tripes, comme une main qui agrippe une poignée d’herbe et l’arrache d’un coup sec. C’est douloureux. Vraiment douloureux. J’ai ouvert la bouche en un grand a. Depuis combien de temps  j’ai cet air de poisson hors de l’eau ?
J’avais le même un jour d’évaluation. La prof de sport, une vieille incarnant une  autorité factice, nous avait évalué sur l’endurance. Nous devions courir 30 minutes sous un soleil de plomb. Comme à mon habitude, j’avais emmené ma bouteille d’eau et l’avait posé sur le banc. Soit. C’est un détail, mais retenez le bien car c’est important pour la suite. Je me suis lancé dans ces trentes minutes sans réchigner. Après tout le sport était mon élément. Dans cette course, toute la tension emmagasinée dans la journée s’écoulait de mon corps sous forme de sueur. Je tenait une allure correcte même si au bout d’un moment, mes jambes criaient au supplice. Lorsque la douleur tire dans mes mollets, je pense alors au numéro 47. Oui, ce numéro là. Le grand gagnant, celui qui réussit « la Longue Marche ». Lui et les 99 volontaires. Je n’ai pas à marcher très longtemps au milieu d’un champ de bataille couvert de cadavres. Je n’ai pas d’ampoules ni de crampes, juste la naissance d’un point de côté qui s’évanouira dans une vingtaine de minutes. Alors je peux tenir très longtemps comme ça. Il me suffit de penser à ces trois avertissements que Garraty obtient quelques fois au cours de la Longue Marche et à ceux qui n’auront pas la chance d’obtenir le grand prix. C’est une histoire terrible mais très moralisatrice sur la société d’aujoud’hui. J’ai couru très longtemps, et à la fin j’ai effectué assez de tour pour obtenir une note plus que correcte. Il ne me restait plus qu’une minute, et j’ai décidé de piquer un sprint, histoire de marquer le coup. Mais lorsque de loin, j’ai vu Levie, un type basané et aux cheveux noirs, boire ma bouteille d’eau, je suis devenu… fou. Levie, c’est le genre de gars qui pourrait se vider une bouteille d’eau sur le corps, comme dans les pubs. Il aurait pu le faire avec ma bouteille mais il s’est contenté d’en boire le contenu. Lui et son sourire flamboyant, il courait parmi les nanas de ma classe et les draguait sans complexe. Je l’enviait, ho ça oui. Il n’avait qu’à marcher devant un groupe de filles pour qu’elles arrêtent de parler. Mais de loin, je l’ai vu prendre ma bouteille et distribuer le reste aux autres. Alors au lieu de courir autour du terrain, je l’ai traversé et, pris d’une colère folle, j’ai saisi mon bien et je lui ai mis mon poing dans la gueule. Alors la suite est facile à imaginer. La prof est arrivée et nous a séparer en gueulant comme un putois. Evidemment, Levie a déformé l’histoire, puisque c’est le favori de madame. Et moi je me suis coltiné un zéro. Pour avoir traverser le terrain –donc tricherie – et pour avoir cogner Levie sans raison. Un zéro  après 29 minutes de course.  J’étais essoufflé mais ce qui m’a achevé c’était bien cette injustice.
L’effort n’est jamais récompensé. La preuve ici et maintenant. Pour un peu, je ressentirais presque les larmes escalader le long de mon corps jusqu’aux yeux et faire le saut de la foi et s’écraser par terre en un immense torrent de colère et de frustration. Mais un homme qui pleure, c’est moche. Une fille qui pleure aussi mais beaucoup moins. Alors je reste stoïque. Mais mon poing se referme sur lui-même et serre  fort. Bordel… il ne peux pas se passer une seule journée sans qu’une couille me tombe dessus. J’ai envie de gueuler. Merde quoi ! C’était du poulet. C’était une putain de marinade assez épicée pour t’envoyer au septième ciel. La main ne cesse de jouer avec mes tripes, les agiter, tirer dessus.
Je ne bouge pas. Je..
Je ne bouge pas. Je constate le désastre. Elle va partir, elle va s’en aller, elle va partir, se foutre de ma gueule. Bordel, c’est pas le genre de fille qui mange dans un macdo bon marché ! Ce n’est pas une bouseuse qui se contentera d’un soda et d’un truc surgelé. Cette nana a un gout de luxe que je n’ai jamais connu. Ce n’est pas pour rien que je me suis mis aux fourneaux. Elle va se casser. Ha non, elle éclate de rire. Ce  son aurait pu me plaire mais dans un autre contexte. Elle se moque de moi et je suis foutu, voilà. Quand une nana rit, c’est toujours pour deux raisons : soit elle se fout de ta gueule, soit elle est charmée. Et moi je  n’ai jamais vu de fille hilare devant un tel désastre. Et pourtant…
… ses longs doigts fins s’infiltre entre mes mèches bien coiffés, comme un peigne, et me les ébouriffe. Ils retombent autour de mes tempes comme à leurs habitudes. Je me laisse faire en souriant… étrangement, le repas aura beau cramé, ton sourire amusé balaye toute frustration –même si au fond cela restera en travers de ma gorge. Tes jolis doigts glissent le long de mes mèches et cela m’apaise, un peu comme un lion très grognon qui ronronne pendant qu’une gentille déesse lui caresse la crinière. Ho ho ho ho mes petites neurones se désintègrent. Puis tu sors ton portable… et tu proposes une pizza. Et là je réfléchis. « Crois moi, les pizza c’est très mauvais pour la santé et les relations humaines. Surtout les relations humaines. Heum… je te propose un libanais. C’est exotique et pas trop cher. Viens… installe toi. ». Ma main a saisi la tienne et t’encourage à t’asseoir sur le sofa. Je te ressers du coca avant que ton verre ne soit vide. J’attrape mon propre téléphone, je râle parce qu’il est un peu vieux et je compose le numéro du libanais. Je commande un peu de tout et je raccroche. Hop, zou.
… et je m’assois à ses côtés en enjambant le canapé. Mais ces trucs là sont mous et ma cheville plie un peu sur le côté. Je me sens perdre un peu l’équilibre… et je tombe sur le dos, les jambes sur tes cuisses… bon, je crois que niveau crédibilité, c’est mort… mais comme tu souris, je crois que je préfère encore sauver l’honneur en attrapant un des coussins et en te le tapant sur la tête. Tes doigts, eux, ils s’enfoncent dans mes côtes. Je lâche un grand « Outch ! Triple traitresse ! » mais ça me fait rire, alors on continue à viser là où ça fait « mal ». Mes mains attrapent tes poignets mais pas fort, aussi, tu t’échappes et tu continues à profiter de mon état de faiblesse. Bon, finalement, la soirée s’annonce bien. Libanais et chatouilles. Et… autre chose. Je fini par me relever et me mettre derrière toi. Mes deux mains se posent sur tes épaules et commencent à les masser, tout doucement. Les deux pouces font de petits ronds à l’emplacement de ta nuque. Cela me prend, comme ça. Et j’adore ça. Parce que cette peau marbré est juste lisse et douce, juste comme il le faut. Je meurs d’envie de me baisser et de déposer mes lèvres dans sa nuque mais cela serait déplacé.

« … alors… c’est comment la vie de château ? C’est vrai que les riches ont le petit doigt en l’air en bouffant du caviar à longueur de temps ?
"Non, c'est plus du genre beuverie au champagne à 1500 euros la bouteille. »
Je laisse un rire s’échapper et je réponds.
« C’est marrant, parce que les pauvres aussi, mais avec de la bière bon marché. Et en rêvant de caviar. »
Je me moque un peu, et je crois que elle aussi. Je ne lui pose aucune question sur sa famille. Parce que c’est pas vraiment l’affaire du jour. La famille, c’est délicat et désagréable. C’est un nid de problèmes et de larmes séchées sur de vieilles photos et de durs souvenirs. Pourtant, je ressens le désir de lui dire quelque chose d’important.
« … tu sais, au début, je ne savais pas que tu étais la fille d’un footballeur. Je l’ai appris plus tard. Je fais tout à l’envers en fait. En fait, je n’aime pas le foot. Je m’en fiche… je trouve ce sport débile en fait. Le Horseball, par contre,… j’aime beaucoup parce qu’en plus de la balle, tu dois gérer ton cheval et l’équipe toute entière. Le hand aussi, c’est bien, il y a une fille dans ma confrérie qui en fait, alors des fois on se fait des petits matches. »
Je suis embarassé. Alors je parle. Je commence à parler dans le vide, parce que le sport, elle doit s’en foutre. Alors mes mots se perdent dans le vide et je me tais. Je lui pose alors des questions sur elle…
« Alors… comme ça, tu es à Miami depuis juin. Seulement juin ? Tu aimes cette ville ? Avoue que.. la plage à volonté, il n’y a que ça de vrai. Tu aimerais retourner en France ou rester dans le coin ? Pour ma part, c’est déjà choisi. Je n’ai absolument plus envie d’y retourner  avant dix ans. Ou douze. »
On discute alors de tout et de rien. Puis la sonnette retentit. Je m’arrête au beau milieu d’une phrase… et au passage, j’attrape la bouteille de vin et je l’a pose dans un placard. Zou. J’ai faim, j’ai vraiment faim et je pense qu’elle aussi.

Honnêtement. J’ai ouvert la porte et j’étais à mille lieux d’imaginer ce qui allait s’ensuivre. Je ne pensais pas, non vraiment pas que la personne qui se présenterait à moi n’était pas un livreur, mais quelqu’un d’autre. Pour moi, j’étais ici, et elle, là bas, de l’autre côté de l’océan, à pourrir comme une pauvre plante verte délaissée. Cela aurait du m’inquiéter. J’aurais pu rentrer à la maison et que tout revienne à la normale. J’aurais pu faire cet effort, oui. Mais je ne l’ai pas fait, pensant naivement qu’elle ne resterait qu’une ombre, une simple présence dans mes lointains souvenirs, une entité appartenant au passé, dissimulée dans une vieille ville aux apparences médiévales. En quittant cette cité du passé pour la dernière fois, j’avais, sans le savoir tourné le dos à mon passé. J’avais connu une vie, une autre que celle que j’ai connu. Puis j’ai connu la liberté, l’émancipation. Les lois françaises ont reconnus ma capacités à m’assumer pleinement hors du pays car je travaillais et surtout, malgré une ou deux tentatives, j’ai refusé de revenir. Parce que mon quotidien aurait changé. Bien trop… je ne me voyais pas me balader dans ces rues du passé sans cette présence à mes côtés. J’aurais souhaiter que l’on grandisse ensemble. Alors j’ai commencé à vivre, vraiment, pour lui et pour moi.
… mais j’ai connu la mort et quelque part, ce que je vis depuis septembre est une profonde renaissance. Une main m’avait tiré de l’eau noire et puante du dueil pour me projeter vers l’avant. La renaissance. Mais pour une parfaite renaissance, je devais rester sur le présent, et non plus regarder par-dessus mon épaule. J’ai renoncé à Carcassonne et à son histoire médiévale. A moi de me construire et de réparer les derniers débris pour ensuite courir vers un futur épanouissant.
Mais elle a décidé de contraire.
J’ouvre la porte, porte-feuille en main, prêt à payer. Ma main actionne la poignée, je tire  la porte, le « bonjour » déjà sur les lèvres. Mais le visage du livreur – ou plutôt de la livreuse – me fait écarquillé les yeux. Je crois alors que je ne vois plus rien. Elle est  là devant moi, matérialisée et non plus brumeuse comme un cauchemar.

Elle porte une de ses robes qui lui arrivent en dessous du genou. Ce sont de simples vêtements mais cette simplicité l’a met en valeur. Du moins, dans le passé. Car à présent, ses vêtements flottent sur son corps amaigri. Deux tailles en moins. Je pense que c’est un signe avant-coureur, n’est ce pas ? Ses jambes… ou du moins ses pieds. Ils sont chaussés de vieille chaussure usés par de longues marches entre le lieu du travail et du domicile. Elle avait de jolies rondeurs ma mère. Rien de morbide, juste ici et là, de quoi donner du caractère à ses formes. Son visage ? Aucune insouciance, et aucun sourire. Juste une profonde tristesse qui habite ses traits et la lueur mourante dans ses yeux. Quant à ses cheveux, ils tombent tristement sur ses épaules en une tresse improvisée. Quelques mèches tombent devant ses yeux. Aucun ornement ne pare son corps.
Et moi je l’a regarde de bas en haut. Puis de haut en bas. Je n’ai pas le temps de dire un mot qu’elle saute dans mes bras, mais je suis trop stupéfait pour refermer les miens autour de sa taille. Je devrais être content de la voir, me dire que c’est parfait, je vais pouvoir montrer le début de mon œuvre floridien à ma mère, mais non. De difficiles évenements me reviennent et je me souviens alors pourquoi je lui en veux tellement. Elle me tient étroitement et je pense que c’était le pire moment. Merci maman, je suis en train de draguer une déesse… mais tu t’en fiches hein.
Je sens ma mère me lacher et me regarder de haut en bas. « … tu es devenu un beau jeune homme depuis l’année dernière… » Sa main remonte sur mon épaule et son regard noir et presque mort me fixe. « … ça t’a réussis on dirait. » J’ouvre les yeux, je ne comprend pas. Puis le plat de sa main me tapote la joue, comme on le ferait à un enfant.
… j’ai honte. Et puis elle me saisit le menton et tourne mon visage. « … tu devrais te raser. M’enfin, personne n’a pris la peine de te montrer comment on fait. Ce n’est pas grave. Et ces cheveux, Siegou, je t’ai pourtant dit de les couper. » Les choses ne peuvent être pire… je sais qu’elle  ne pense pas à mal, mais tout de même ! Je soupire et je tente de dire quelque chose, mais elle continue. « Est-ce  que ça va ? Il faut te ménager… on m’a prévenu pour le braquage et je crois qu’il faut songer à rentrer à la… » Mais elle s’interrompt. Son visage s’est tourné vers la blonde qui nous regardent. Ho putain…
Que penses tu vraiment Héra ?
J’ai honte.
Vraiment honte.
Ma mère sourit alors et se dirige vers elle et lui tend la main pour la serrer.

« Mademoiselle Delacroix ? Si j’avais su que vous vous trouviez ici, j’aurais fait un effort de présentation. Alors, vous êtes en voyage ? Hé bien… quand on a vos  moyens, on  ne se prive de rien… »  Je l’a vois se baisser et saisir un des louboutins qui s’est décroché du pied d’Héra. « Hummm… joli talon. Combien ça vaut tout ça. »
Je soupire alors. « Maman, écoute, ce n’est pas le moment… »
« Je te dérange chéri… ho, vous étiez entrain de… Ho je vois. Désolé mon chéri, mais tu comprends, je viens de France et je…
- Tu…
- … M’enfin, si tu préfères  t’envoyer en l’air avec une trainée. Enfin, quand on voit le père, on peut se dire que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. »

… comme je vous l’ai dit, j’ai tout fait pour faire de ce repas une réussite. J’ai tout fait. Mais des éléments ont décidé que je n’étais pas fait pour être heureux. Pas aujourd’hui en tout cas.
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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyDim 23 Nov 2014 - 22:09

Tu as le sourire, quand j’arrive, un sourire magnifique. C’est terriblement tentant, de te voir comme ça, ça me donne envie de t’enlacer tout de suite, comme j’en ai envie depuis des jours. Tu sais, parfois grâce à toi je peux l’oublier, momentanément, ne pas y penser, j’arrête de boire en me disant que tout n’est peut-être pas fichu, que j’ai encore une chance de connaitre autre chose. C’est grâce à toi alors que je te parle si peu, mais quand tes doigts glissent innocemment sur ma peau et dans mes cheveux lorsque je te croise, je me prends à dire que j’ai envie de t’essayer, toi, depuis que j’ai croisé ton regard dans les toilettes des filles, depuis que j’ai entendu ta voix française à l’accent du sud jurer comme un perdu sur Azraël je me dis que j’aimerais en savoir plus, beaucoup plus. Ce qui se cache sous cette apparence de garçon en colère, tantôt joyeux tantôt malheureux, quelqu’un qui est une énigme pour moi, qui aime pourtant me dire que je sais lire dans le regard des gens comme un livre ouvert. Je suis incapable de lire dans le tien, incapable de me dire ce que tu as dans la tête, pas moyen de trouver. Tu es une énigme, une énigme fascinante et c’est ce que je me dis quand j’entre dans l’appartement après que tu aies déposé tes lèvres sur ma main. Moi ça me fait sourire, un sourire tranquille parce que j’ai l’intention de passer une bonne soirée. J’entre, je te suis en direction de la cuisine, en observant les lieux d’un œil curieux. Il y a des bougies partout, une table superbe et quelque chose qui sent super bon en train de cuire. Et.. Et… Oh merde.

Pourquoi merde ? Non, ce n’est pas grave, pas grave du tout même, ça. Après tout il me suffit seulement de ne pas le regarder et de refuser. Je ne suis pas alcoolique, je le sais très bien, mais l’alcool avec moi a tendance à disparaître très vite quand je le bois, c’est tout. Et ce soir j’ai envie d’avoir toute ma tête pour te parler, au mieux je me mettrais une mine toute seule demain, et ça ira très bien. Il faut que je le fasse en tout cas. Ce n’est pas de l’alcoolisme, puisque ça me fait du bien, non ? Oui, c’est souvent que je me réveille à quatre pattes, le corps endolori, la joue trempée dans mon vomi, et que je me dégoûte moi-même. Tu la vois, Siegfried, cette jeune femme maquillée et pimpante, qui sent bon et qui est habillée tout en élégance de la tête aux pieds ? C’est la partie visible de l’iceberg, celle qui ne montre rien, qui ne laisse rien passer, celle qui te sourit gentiment avec les yeux brillants de bonne humeur, alors que toi tu me dis que je suis belle, que tu te moques gentiment et que moi ça me fait rire. Non, la vérité c’est que j’ai toujours mal mais qu’il n’était pas question que je mette des baskets pour un rencard comme celui-là. J’ai passé des heures à me préparer pour devenir une poupée de porcelaine, sans défauts, pour oublier que la veille j’ai bu, beaucoup trop bu et que j’ai dû attendre la nuit pour filer en catimini pour laver mes draps tachés, quand je me suis endormie dessus, à quelques milligrammes du coma. Mes murges sont de pire en pire. J’ai besoin de beaucoup, beaucoup d’alcool pour être bourrée mais mon foie ne le supporte plus et je finis trop souvent par terre. Je vais faire le plein de bouteilles deux fois par semaine parce que je les bois vite, tellement vite que pour aller ensuite jeter le verre, ce n’est pas une chose facile. Sauf quand tu es là parce que c’est une image de moi que je refuse de montrer, je ne veux pas m’avouer que je suis malade, que j’ai un problème, un vrai, celui qui me pousse à boire le soir pour dormir et à prendre des amphétamines le matin pour me réveiller, dépendante que je suis à tout ça, incapable de me dire qu’il y a autre chose, que c’est possible de vivre sans ça. Je croise ton regard et je me dis que tu pourrais, toi, peut-être m’aider mais je réfute bien vite cette idée. Tu n’as pas à m’aider, puisque je n’ai rien. Je ne veux pas que tu me donnes quelque chose dont je n’ai pas besoin. Ma cuisse me fait mal, il avait raison Porter, finalement, il avait raison et j’aurais dû mettre des converses, bordeldemerde. Mais je devais être parfaite. Pour mettre une bonne couche de lazure en carapace invisible, parce que si tu voyais ce qui se cache derrière, tu crois que tu me regarderais toujours de la même façon ? Non, je ne crois pas. Il l’a bien compris, le médecin parce que j’ai reçu quatre convocations dans son bureau, et j’ai pas foutu les pieds dans une seule parce que je ne veux pas qu’on me dise que j’ai un problème. Je n’ai pas de problème. Ma vie part simplement en lambeaux. Mais tout va bien.

« Je n’en ai pas retrouvé l’usage total mais que veux-tu, je suis une femme, une vraie, sans talons je me sens à poil. »

Et c’est vrai. Les talons, c’est ce qu’il y a de plus beau chez une femme. Une paire de chaussures peut mettre toute une silhouette en valeur ou la bousiller. Je choisis toujours mes talons avec soin parce que ça galbe les jambes à merveille, ça fait une silhouette parfaite, et ceux-ci, ce sont mes préférés, des escarpins noirs en cuir, tout ce qu’il y a de plus classique, mais les talons de quinze centimètres et la semelle rouge propre à Louboutin me rappelle que ça a du bon, aussi, d’avoir de l’argent pour se façonner un personnage plein de mépris, pour éloigner les gens. Sauf que toi je crois que tu ne te fais plus avoir. Ton regard se pose sur la table puis sur moi. Je n’y prête aucune attention. A aucun moment je ne devine que tu sais, que le médecin a rompu son serment de secret médical pour te le dire à toi, que je suis malade, que j’ai un problème et que sa source se trouve tranquillement enfermée dans cette bouteille. Je sais qu’il va finir par me choper, mais j’ai le sentiment que pour le moment il a des choses un peu plus importantes à penser. Tu me proposes à boire, des sodas, tu bafouilles et tu te répètes. Je ne capte toujours pas. De toute manière je ne toucherai pas à l’alcool si tu ne m’en proposes pas. Je sais me faire violence pour conserver ma dignité. Alors je souris, aimable, et je te dis « Un Ice Tea, merci beaucoup. »

…ça sent le cramé. Et je me mets à rigoler. Je ne sais pas que tu as galéré depuis une heure parce que la soirée a bien failli partir en drame complet, tu as suffisamment caché les preuves pour que je ne me doute de rien. En fait moi ça m’amuse, parce que c’est toujours quand on croit que tout va bien se passer, qu’on a tout prévu, que ça foire, c’est une règle universelle. Voilà pourquoi je n’ai plus jamais fêté mes anniversaires autrement que sous forme de fête improvisée. Je te regarde, longtemps moi aussi avec mon verre à la main, un sourire aux lèvres parce que toi tu bloques sur moi, je ne sais pas vraiment pourquoi. J’ai un bouton sur le nez ? Dis, tu crois que je m’en doute ? Que dans quelques années cette soirée sera encore dans nos têtes comme la pire qu’on aurait pu passer, et que par la suite cela n’arrivera plus jamais ? Je ne le sais pas, je ne me le dis pas, je ne sais pas non plus que ce qui me pousse dans tes bras c’est un besoin un peu irrationnel. Je crois encore que ce ne sont que des amours adolescentes d’une jeune fille de dix-huit ans qui voudrait oublier son passé, oublier qu’elle a été bafouée de toutes les façons possible et qui est tombée sous le charme un peu bêtement d’un beau joueur de basket de son lycée, français de surcroit. D’ailleurs c’est naturellement que la langue revient, lorsque nous sommes tous les deux. Alors je finis par croiser les bras avec un sourire un peu moqueur. Je ne me dis pas qu’on restera ensemble longtemps, très longtemps. Avec des hauts et des bas, mais ensemble quand même. Je ne me dis pas que dans quelques semaines ça va être scellé, tout ça.

« …ça brûle. »


Je crois que tu te réveilles à ce moment là quand tu te tournes et que moi j’éclate de rire, parce que pour le moment, si ce n’est qu’une histoire de bouffe cramée manger des pizzas, c’est possible aussi. Je me dis que tu n’as pas de chance, que c’est bien dommage. Et que ça avait l’air bon en plus. Je ne sais pas si c’est moi qui suis responsable de tout ça, mais bon. Ça me fait passer une main pour ébouriffer tes cheveux parce que toi, tu veux toujours faire le flambeur avec tes cheveux en arrière. Mais moi j’aime bien les flambeurs, surtout s’ils portent le nom d’un prince. Je les préfère encore avec un look de sauvageon. Si tu savais comme ça te change et comme ça te va bien quand tes cheveux sont en bataille. Alors je les secoue, juste comme ça par plaisir. Et puis je tire mon portable de ma poche, avec un clin d’œil, de bonne humeur parce que tu es là et que même si ce qu’il y a dans la poelle est en train de devenir immangeable, il en faudra un peu plus pour m’énerver.

« …Bon, pizza ? C’est le plan B ? »

Ça me ferait presque de la peine, parce que bon, finalement tu as fait des efforts, ça se voit. Alors je me penche en avant et je t’embrasse un peu sur la joue, pour te remercier d’avoir travaillé dur, même si ça a foiré.

« Tu sais, moi ça ne me dérange pas du tout. Ou sinon on fait autre chose, mais tous les deux. »

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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyJeu 20 Nov 2014 - 1:38

Cantonne-toi à ton rôle de médecin, parce que la température monte très vite. Ce n’est pas à cause du soleil ni de la chaleur, ou même du sport, mais une brève rougeur teinte ma peau hâlée. Ce mélange de couleur chaude doit juste être affreusement indigeste. Héra s’allonge, Kyle s’approche d’elle et lui demande de se déshabiller. Puis il se tourne vers moi. L’incompréhension doit se lire sur mon visage, parce qu’il me fait signe de me tourner. Mais pourquoi ? Oui, elle va enlever son futal et quoi ? Je ne ferais que voir ses mollets, c’est tout. Hey, je l’ai déjà vu toute nue Héra, hein. Ha oui mais personne ici n’est au courant que je me suis glissée dans les sanitaires des filles. Alors je me tourne de l’autre côté et j’attends. Bon-dieu. Cette fille a juste un corps parfait. Et c’est tellement frustrant de ne pas le voir une deuxième fois…
Bon dieu Kyle, si tu savais ce que j’ai vu sous cette douche. Je pensais comprendre ce que tu ressentais en étant avec Azraël. Après tout, j’ai vu défiler des filles dans mon plumard et j’en prenais soin en leur faisant la cuisine, des massages et pleins de petites choses que j’ai appris en Arizona. N’est ce pas ce que tu fais avec lui ?
Pas tout à fait, non. Il y a autre chose. Et ce quelque chose, je ne l’ai jamais ressenti. C’est énormément troublant. D’ailleurs, je le manifeste dans le bureau, assis, dos à vous. Adossé contre le dossier de la chaise, je m’amuse avec le zippo posé sur la table comme à chaque fois que je viens ici. Je l’ouvre, fais apparaitre la flamme puis je l’a regarde fixement. Je referme et je le rouvre. Je fais semblant d’ignorer ce qu’il se passe dans la pièce, mais mon entre-jambe lui, ce n’est pas vraiment son attention, m’voyez ? Mais je me contiens tout de même. Je prouve à l’instant même que l’homme peut penser avec sa tête et non avec sa bite. Il faut mieux parce que je n’ai pas vraiment envie d’être un homme primaire à ses yeux. Et la petite flamme apparait de nouveau. Je l’a regarde fixement, comme si je tentaits de lire mon avenir dans cette petite gerbe. Dis moi petite flamme : crois tu qu’un jour j’aurais un gosse avec la belle Khi ? On aurait du mal à choisir  le parrain entre Azraël, Ollie et Kyle, alors moi je dirais pour rigoler « Bah les trois en même temps. Suffit d’avoir des triplés. » Puis durant la première échographie, le verdict tombe. Triplés. On se regarde et on s’enlace, tout joyeux que nous sommes. Mais on dit rien aux autres, on organise un « baptême » à la maison et chacun d’eux arrive, persuadé de ne voir qu’un petit bout de toi et de moi. Quelle surprise en voyant les trois petites têtes. Nous aurons donc mené notre plaisanterie jusqu’au bout.
Et un cri. Pas celui de la mère qui accouche, non. Celui de la Héra du présent. Je pense trop vite moi, en fait. C’est ce zippo maléfique. Kyle, ton zippo est hanté.
Je souhaite me retourné, mais je me rattrape à temps. Je me suis retenu à temps. Ouf.
 
« … bon, visiblement ce n’est pas un claquage. Rhabillez vous. 
- Bah, c’est une bonne nouvelle ! »
 
… c’est spontané, je vous le jure sur la vie de mon cheval. Enfin, mon futur cheval. Ce n’est pas un claquage, non, pas du tout. Je souris un peu, je suis content pour toi. Je ne pense pas plus loin parce que le fait que tu sois en petite culotte dans la même pièce que moi, ça excite mon imagination et l’imagination est l’ennemie des neurones. Scientifiquement prouvé. Kyle pose une main sur mon épaule et moi je lève la tête vers lui, souriant doucement. Je repose le zippo sur le bureau et je m’installe en face, nonchalant, contre le dossier de ma chaise. Je m’efforce de ne SURTOUT pas la regarder. Et c’est stressant alors je reprend le briquet et je continue à m’amuser avec. C’est nerveux, tout simplement nerveux. Puis, le verdict. Je me sens con. Non, c’est tout sauf une bonne nouvelle.
 
« Déchirure musculaire. Autant dire que vous ne pourrez plus courir pendant un moment. Et il va vous falloir des béquilles. Et des anti-inflammatoires. Il faudra que vous revoie  une ou deux fois aussi. »
 
Je ne sais pas pourquoi il dit ça, mais moi je lui jette un coup d’œil. Elle avait l’air déçue. Et moi aussi je l’étais. Beaucoup. J’attendais les séances de basket avec une impatience presque enflammée. J’aurais voulu planifier une petite rencontre durant les vacances mais… non. La déception dut se voir sur ma gueule parce que voilà, je ne suis pas en Floride durant les vacances. Et je ne vois comment je pourrais la revoir avant novembre. Dîner avec elle ? Je ne sais pas, j’avoue ne pas oser me lancer. Je repose le zippo sur le bureau avant de me lever. Kyle nous congédie tous les deux. Echange de convenances. Je lui adresse un geste et un sourire amical, comme d’habitude, et je raccompagne la déesse à son cours de français. Arrivés, je constate qu’il y a peu de monde, mais du monde quand même. J’attend que personne ne nous regarde et je lui adresse un sourire et un baiser innocent sur la joue. Je respire ce parfum qui l’a recouvre. Mon regard doit sans doute s’allumer. Je lui souris et murmure doucement : « Repose toi bien… ne force pas sur ta jambe. Ca serait du gâchis. ». Sourire. Puis je recule d’un pas, deux pas. Je grave son visage dans mon esprit puis je pars. Pour tout le monde, j’aurais simplement aider une Khi à aller à l’infirmerie. Rien de plus. Je n’en dirais pas davantage.
Je pars mais quand je lis le texto de Kyle sur mon portable, je me dis que je ne suis pas tombé sur n’importe qui. Je ne comprends pas tout de suite alors je répond « Je peux (re) passer ? ». « Bien sur. » « Café, trois sucres, s’il te plait. » Et j’arrive dans l’infirmerie. On parle. Mais je ne te croie pas quand tu me dis qu’elle est alcoolique. Pourtant, tu es médecin, aussi tu as de l’expérience. Tu me vois hésiter puis tu m’encourages à aller de l’avant, mais sans jouer avec cette petite âme tout fragile. J’acquiesce. Mais Comment as-tu vu son alcoolisme ? « Ses mains. Elles tremblaient à cause du manque. » « Ho… je pensais que c’était autre chose. » « Ca peux pas être la drogue il y aurait d’autres symptôme. Mais elle prend peut-être des médicaments pour être en forme la journée. » Je ne répond pas tout de suite. Cela me jette un léger froid, j’avoue. Une alcoolique ! Oui mais personne n’est parfait. « Bon,bah… pas de vin au premier rencard. » Ho ça non. « Un repas entre français sans vin. Le comble. ». Tu souris un peu mais tu vois que je suis nerveux à l’idée de l’inviter à manger chez moi. « Sois naturel. ». Hum… je tenterais. Mais voilà,  je ne sais pas.
Pourtant je le veux. On échange encore quelques mots, comme on a l’habitude de le faire, puis tu me dis « Je te ramène Ollie ? » « Pas de souci. » Chaque soirée avec le gamin est un moment de plus vers ma guérison. Je pense moins à Zach qu’auparavant. Ho, je ne l’oublierais pas, pour sur. Mais c’est vers l’avenir que je dois marcher. Et vous deux, vous m’y aidez.
Mais j’ai fais une immense erreur. Une seule erreur. Ce n’est que le début d’une longue suite d’obstacle.
 
 
« Kyle, j’ai besoin de toi, ça urge, tu pourrais m’envoyer la recette de la Parmejana ? Please ? »
Je reste au milieu du couloir, le regard  fixé sur ce message que je n’envoie pas. C’est pourtant facile, après tout le tactile made in apple sont précis et sensible. Un peu trop justement. Allez, après tout, toi et moi, on s’entend bien. On aime Skyrim et on s’échange des livres, donc pourquoi ne pas me filer ta recette, hm ? Je t’ai donné celle de la tartuffade, alors tu me dois bien ça.
Et pourtant je ne le fis pas. Je n’avais pas encore compris que parfois, on ne peux rien faire tout seul. J’avais besoin d’aide mais je la dédaignais totalement. Non, je me débrouillerais tout seul. Je ne vois pas pourquoi je viendrais vers toi alors que tu m’as pris la seule et unique chose qui me permette d’avancer. Tu ne sais pas combien c’est important pour moi ? Non, visiblement pas. Mais ne t’en fais pas, je ne t’embêterais plus. Faudrait être cinglé pour demander ton aide. Tu as déjà tout ce qu’il te faut : ton fils et ton chéri, c’est tout ce qui t’importe. Je me débrouillerais seul.
 
J’ai mis du temps à l’inviter chez moi, mais ça y’est. On se quitte sur le pas de la bibliothèque et moi je retourne à mes chewing gum, le cœur plus léger encore. Je me dis que c’est peut-être le moment de revenir vers Kyle, mais mon orgueil m’en empêche. Non, allez, démerde toi. Et puis, si tu bouffes encore une fois de la Parmejana, tu vas pleurer et supplier Kyle de te reprendre comme gardien d’enfant. Hors, tu y tiens à ton amour propre. Oui, j’y tiens. Alors lorsque Cobb me dit de m’en aller, je le remercie et je m’en  vais.
Ce soir Héra vient chez moi et je l’attendrais de pied ferme. Cette soirée sera réussie quoiqu’il arrive. Et je pense qu’il faut commencer par l’estomac. Je ne sais pas ce qu’elle mange habituellement, mais ce que je vais lui préparer va tellement lui plaire qu’elle me reviendra tout naturellement. Cette pensée me fait sourire alors que j’entre dans l’hypermarché. Bon, très bien, alors… par où commencer ? Bon, entrée, plat, dessert ? Heu… non, trop classique. Je passe dans plusieurs rayons, et lorsque mes yeux se posent sur un ingrédient, une idée de plat s’impose. Mais bientôt il est évincé par un autre, puis un autre encore. Bon, calme toi. Commence par la viande. Oui, parfait. La viande. Je prend du bœuf en main et franchement, il n’y a rien  de très poétique dans ce gros tas de viande tout sanglant. Non, il me faut quelque chose de fin et d’élégant. C’est une princesse qui va diner chez moi, bordel de merde. Alors faisons un effort. Bien. Alors. De l’agneau ? La viande est tendre et douce, comme sa peau sans doute. As-t-elle bon gout ? Bon, elle sent bon, faut se l’avouer. Bon, l’agneau me semble parfait, mais alors que je prend la barquette, j’ai une vision très vorace d’une Héra sauvage qui dévore cet os avec ses petites dents pointues. Pas de couverts, pas de fourchettes, pas de serviettes, non rien que ses dents et ses ongles manucurés. Le message est clair, pas d’agneau car je vois mal Héra manger un os à main nue. Tiens, des émincés de poulets… pas d’os, fin et délicat. Comme toi. Bon, ne crois pas que je te vois comme un morceau de viande ma chère, c’est juste pour la comparaison. Allez hop, émincé de poulet. Puis pour l’accompagnement… frites ? Nan, c’est nul les frites. Autre chose. Rayon légumes. Tiens, pourquoi pas des haricots ? Bon, allez, on prend un kilo. Non 500g. Avec des tomates. Hum, de l’oignon. Ha non, y’en a à la maison. Alors, quoi d’autre ? Des poivrons évidemment. Oui. Parfait ! Je pèse le tout et zou à la caisse. Je salue la caissière que je connais parce que bon, il me fallait un job. Comme j’ai du temps à perdre, autant le mettre à profit. Et comme j’ai 10% sur mes achats, autant en profiter. J’emballe le tout, et je m’en vais vite, vite.
J’angoisse. Je pense au soir, je pense à Héra et j’ai la sensation que tout va partir en vrille, mais je m’accroche. Ce n’est pas pour rien que j’angoisse. Après tout, je lui ai demandé un rancard sans vraiment de raison. Enfin… si. Je veux la voir. Voilà tout. J’ai envie qu’elle soit en face de moi, assise, détendue. Je veux qu’elle me sourie. Pas besoin de montrer les dents, juste… un sourire. Parce que la dernière fois que je l’ai vu, que je lui ai parlé, ce n’était pas au moment le plus agréable qui soit. Alors ce soir, pas de blessures. Et si tu veux un petit massage, c’est gratuit.
Je souris en marchant. C’est juste parfait. Oui, parfait. Je porte les sacs et je rentre chez moi, bien décidé à me mettre au travail. Je porte les sacs, qui sont un peu lourds mais qu’importe. Ho bien entendu, je suis passé par  le rayon des boissons. Conscient que la jeune femme a des problèmes avec l’alcool, je pense qu’il serait préférable de ne pas faire entrer le loup dans la bergerie. Je lui proposerais autre chose, de bien meilleur. J’aurais souhaité une petite bouteille de vin, afin de nous retrouver entre français. Mais Kyle m’a bien précisé qu’il s’agissait d’une… d’une alcoolique. Et bien que j’aurais voulu – par pure PROVOCATION – lui désobéir, j’y renonçais bien vite. S’il s’avère qu’elle a un gout prononcé pour l’alcool, alors ne jouons pas sur ça. On ne joue pas avec la peur, ni la faiblesse. Je ne suis pas de ce type, et je ne compte pas le devenir. Pas du tout.
 
Le soir arrive. J’ai deux heures devant moi pour me rattraper. Légérement fatigué, je me suis allongé sur le canapé dès que j’ai mis les pieds dans le salon. Encore une fois, la nuit n’a pas été très agréable. Somnifère ? Ne parlons pas de sujet qui fâchent. Je me suis endormi comme une masse. De temps à autres, je me réveillais mais c’était pour mieux me rendormir par la suite. Aussi, deux heures avant, je me levais, reposé. Enfin presque. Je ne suis jamais reposé. Mais ce n’est pas le sujet maintenant. Je sors les légumes et je commence ma longue descente dans les enfers. A toi qui a espéré réussir. A toi qui a tout fait pour conquérir ta dame. Toi qui pensait peut-être la mettre dans ton lit mais qui s’est prit une baffe. Toi qui a mis trop de sel dans les épinards. Oui, toi, qui souhaite t’enterrer, de honte devant ta dame. Je comprends tout à fait ta douleur.
 
D’abord, j’ai préparé mes légumes. Bon, ils sont frais en apparence, je ne pense pas qu’un lombric hideux s’y cache. Je coupe mes émincés de poulet et je les fous dans la casserole. Tout va bien, je suis bon cuisinier. Je gère mon temps et je me coupe rarement. Enfin là j’ai battu un record. Sans doute la nervosité qui manie le couteau. Je sursaute une fois.  Deux fois. Voir même trois. Je me dis que Héra est assez dangereuse pour la santé et que si je continue à me couper comme ça, je vais finir le nez dans de la Gnole, histoire d’oublier la douleur.  Mais je continue et le repas se prépare. Je regarde l’heure et je suis dans les temps et même en avance. Je suis doué. Vraiment doué. Je souris parce que c’est la première fois que je suis en avance. C’est tellement rare. Alors comme toute la garniture est prête et que le poulet l’est aussi, je me fais la vaisselle et je dresse la table qui occupe le centre de la cuisine. Une nappe bleue foncée, des assiettes bleues de la même couleur, des couverts simples et des verres de vin. Non, pas de vin. Heum… des verres simple mais bien propres.
Puis le plus important. Des bougies. Et quand je dis BOUGIES, vous pouvez être surs qu’il y en a partout. Mais partout. Une cinquantaine. Je ne les allume pas tout de suite parce qu’il faut que je me prépare. Mais avant d’aller dans ma chambre, je regarde une dernière fois le décor. Avec ça, je sens que ça va le faire. Le trac s’envole et mon « moi » tout assuré revient. Je file dans ma chambre, devant ma penderie et je regarde ce que je pourrais mettre. Je ne sais pas trop quoi comme fringues me mettre. Surtout face à une pointure de la mode comme Héra. Bon, panique pas. J’ai bien un truc ou deux, comme la chemise rouge. Nan, pas rouge, c’est pas bon. Tiens, la verte là. Vert anglais. Sombre, élégant. Par-dessus, une veste sans manche toute noire. Pour ce qui est de mes poignets, juste un ou deux bracelets en cuir et la gourmette de Zach. Le pantalon, je le choisi noir aussi, parce que… parce que ce soir j’ai envie de mettre du noir. Nan, attend, pourquoi du noir, je préfère le jean lewis d’un bleu très très sombre. Celui là est parfait. Et puis je suis à l’aise. Je prend le tout et je file dans la salle de bain, prêt à prendre ma douche. J’y passe un quart d’heure sans savoir que Jey et Sarah sont rentré de leur journée et qu’ils ont trouvé la cuisine très à leur gout.
Jey et Sarah ne m’ont jamais vu avec une fille. Enfin si, Elena. Mais jamais je n’ai préparé de déjeuner comme ça. A vrai dire, je prépare souvent le repas du soir en prévision de leur arrivée et on se met à table tous les trois ensembles. Moi je suis dans la salle de bain et je passe un coup de brosse dans mes cheveux. Je ne met pas de gel mais je les garde en arrière. Mon visage se fait moins fatigué et plus assuré. Les vêtements passés, hop, je file dans la cuisine. Il me reste une demi heure et…
 
« MAIS QU’EST-CE QUE VOUS FAITES PUTAIN ? »
 
Jey et Sarah, assis à MA table, avec MES couverts, MES bougies et MES chances de plaire à la déesse du coin. Je vois rouge et franchement, j’ai du mal à me contenir. Les émincés de poulet sont dans leurs assiettes et ils mangent. Tout disparait dans leurS estomacs et moi, je commence à voir tout flou. Ca tangue. Merde. Non, non reprend toi. Jey se lève et il comprend.
 

« Ho merde, c’était pas pour…
- Ha non, c’était pas pour vous, pas du tout même.
- On est désolé…
- Attend on va… bon regarde il en reste. Enfin, c’est cru mais bon.
- Et… non mais le punch aussi ?
- … il est délicieux !
- Ha oui, très bien, tu choisi bien les boissons. Y’en a encore une bouteille, regarde.
- Et heureuse… »
 
Splatch. Je l’ai vu tombé par terre. Je suis voyant moi je pense. Le bruit a tinté à mes oreilles et Sarah s’en est voulu pendant des heures. Elle se pencha pour ramasser mais en bon gentleman que je suis, j’ai ramassé. Puis… un morceau de verre s’est glissé dans ma peau, super, youpi. Je gémis de douleur et mon regard se rive sur la montre. Je suis en retard. Je le sentais bien qu’il y allait se passer quelque chose. Je me relève. Les débrits vont dans la poubelle et je regarde la quantité restante. Bien, il en reste tout juste. Je regarde ces deux tourteraux et là je me dis qu’ils me doivent bien ça.
 
« Vous refaites la table telle qu’elle était. J’ai exactement UN QUART D’HEURE. Ensuite, vous partez pour la soirée. » j’avais pris une bande de gaze et, après avoir désinfecté la plaie, j’enroulais ma main dedans. Tremblant. Héra va arriver et la cuisine est dans un état… je soupire et je vois Jey s’activer. Bon, il s’occupe de la cuisine et moi je me remet à la cuisine. Je dois recouper les émincés de poulet et franchement c’est difficile. Ma main me fait mal et les morceaux ne ressemblent à rien. Tant pis, c’est de la bouffe.
Je suis énervé. Vraiment énervé. Les deux autres s’activent. Moi je leur demande ceci, et cela, et encore ça et ça. Je n’ai pas le temps de tout refaire. Aussi, Jey repose d’autres couverts mais je lui lance un regard exaspéré « Pas les assiettes de tous les jours. Relave les autres. » « Je peux pas, j’ai mis le lave vaisselle en route. » Restons CALME. « … d’autres assiettes ? » « Juste celles-ci… désolé. » « Pas grave, pas grave. Sarah, tu as nettoyé le sol ? » « Ouai. Bon on va te laisser avec ta dulcinée. » Oui merci. Bon, la cuisine a retrouver un semblant d’ordre. Enfin, dans ma tête par contre… je soupire. Jey revient et dit un truc, je ne comprends pas. Je fais un signe de la main et ils partent en ville, avec la bouffe amoureusement préparée dans leur estomac. J’aurais voulu enfiler ma main dans leurs estomacs pour récupérer le fruit de mon travail mais l’acide gastrique a sans doute déjà commencé le travail. Alors je me hâte. Je me coupe encore une fois et je fous un troisième pansement sur l’annulaire de ma main droite. Première blessure mais je te rassure petit annulaire : un jour tu tomberas et tu ne ressentiras plus rien.
 
… bon, la bouffe cuit. Et la sonnette retentit. Je sursaute et là, je panique. Ma main glisse dans mes cheveux, les remet en arrière, et putain, je fixe la porte et j’ai juste envie de me barrer en courant. A l’aide. Un deuxième coup de sonnette. Je regarde l’heure. En retard. En retard ? Pourquoi tu n’es pas venu plus tard encore ? Je maudis Sarah et Jey. Je les maudis tous les deux. Vous et les cinq générations qui défileront après vous. Bien. Alors.
Restons calme. Mais voilà, mon regard se pause sur ma main gauche. Et celle de droite. Celle de gauche a deux trois pansements sur les doigts et celle de droite a été pourfendue par un machin en verre. Et… c’est moche. Très moche. Bon. Mon gars. Lance toi. Lance toi !
 
J’ouvre la porte, avec mon sourire habituelle. Non, pas celui que j’utilise dans mon rôle de chef de connards. Non, celui que j’adresse aux gens que j’apprécie. Simple et apaisants. Durant un court instant, je t’admire, parce que tu es belle. Le costume de femme te va à ravir. Il te donne un air professionnel que j’admire vraiment beaucoup. Tu n’es pas femme à te laisser imposer. Non, c’est toi qui impose. Je m’approche donc de toi. Tu me parles. Et j’oublie vite toutes les conneries qui viennent de se passer. Tout ce qui importe est notre moment à deux, ici et maintenant. Je ne veux pas penser au passé, ni à l’avenir. Seulement au temps présent. Alors je m’avance vers toi et ma main blessée par une bataille sans merci, saisit la tienne.
 

« L’essentiel est que tu sois là. » Je t’embrasse sur tes doigts sans te quitter des yeux. Ho mon dieu c’est f-f-f-froid. Mais je tiens bon. J’ai certes peur de ton regard glacial, mais je suis un grand garçon. Je vais te montrer qu’aucun autre homme que moi ne mérite cette créature que je vois. Je t’attire donc à l’intérieur. Ce n’est pas un palai mais c’est confortable. Je t’invite donc dans la cuisine, sans lâcher ta main. « Tu es magnifique… et… je vois que tu as retrouvé l’usage de tes talons. » Petite blague. Je te montre la table, elle est bien mise bien que j’aurais préféré les assiettes BLEUS et pas les grises. Enfin, il y a toujours les fleurs dessus. Les deux roses entrelacées. Oui bon, j’aime bien les vieux classiques. Et bon ma déco de table est réussie non ? Les couleurs vont quand même bien ensemble. Bleues et grises. Les roses rouges.
Et le vin qui trône sur la table. Le vin. Oui une bouteille de bourgogne qui sort de la petite réserve de Jey et qui prend place au milieu de la table. Mon sang ne fait qu’un tour. Le vin. Les choses ne peuvent pas aller plus mal. Je te jette un regard, mais je ne montre pas que cette bouteille de vin est peut-être ton ennemie. Je reste alors pétrifié devant la table.
Et je me dis que si quelque chose se passe à cause de cette fichue bouteille, elle choisira l’impact sur la tête de Jey. Deux choix. Soit je te fais boire et je te viole. Soit je te fais boire comme si je ne savais pas que t’es accro à la gnole. Soit je bouge la bouteille et elle tombe par terre. Oui mais voilà, cette putain de bouteille, je veux y gouter depuis un petit moment et Jey l’a gardait pour lui. Alors franchement, je suis partagé. Vraiment partagé.
Réagis.
 
« … que veux tu boire Héra ? » Je me mets devant toi et je te demande comme si la bouteille de vin n’existait pas. Je crois que je mange de naturel. « J’ai du... canada Dry » Amateur. « Du coca » Sagoin « Du ice tea » Hum y’a de l’idée. « Du Canada Dry » Tu te répètes « De l’eau » Ringard. « Fanta ? » … t’es con. Mais au moins, tu attires son regard en lui faisant oublier la bouteille de vin. Pitié, ignore la bouteille de vin. Bon dieu, il faut que je me débarasse de la bouteille de vin. Il le faut. Et surtout, ho grand surtout…
 
Il faut que j’arrête de regarder tes lèvres. Parce que je les fixe et je me rend pas compte que le plat est entrain de cramer.
 
Rien de ce que j’avais prévu n’a eu lieu. Les catastrophes se sont enchainées les unes après les autres et je crois que ce n’est pas fini.
Plus tard, je réaliserais sans doute que seul, on arrive à rien. C’est une malédiction. Oui, je suis un type superstitieux. Mais je pense qu’on peut appeler ça une malédiction car toutes ces petites merdes qui ne cessent de se multiplier, elles ont un antidote. Et cet antidote,  je le connais. J’ai le choix d’agir ou de répéter mes erreurs.
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Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] Empty
MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptySam 8 Nov 2014 - 23:15

La douleur est insupportable. C’est le seul truc auquel je pense tout de suite. Parce que normalement, un claquage ne devrait pas me faire aussi mal. Là, si, et c’est de pire en pire. Toi tu me portes et moi je reste là les yeux fermés, le nez confortablement posé dans ton cou parce qu’il n’y a rien de meilleur à mes yeux que l’odeur d’un homme quand il me plait. Et toi tu es du genre à me plaire vraiment, même si je me refuse à l’avouer. Les mains enroulées autour de ton cou je me laisse balloter, tranquillement, j’en oublierai presque que je souffre le martyr et que cette cuisse va finir par me tuer. Mais je me dis que tant pis, ce n’est pas grave, c’est sans doute le rêve de beaucoup de femmes de mourir dans les bras d’un homme. Moi je me laisse trimballer, et je grognerais presque quand on finit par atteindre l’infirmerie. Le médecin, Porter, il nous regarde entrer avec un sourire amusé. Il y a un échange de regards entre eux deux, mais moi je préfère l’ignorer histoire de ne pas trop me demander ce qu’il y a entre ces deux là. Après tout les rumeurs ne se crééent pas pour rien. Il n’y a pas de fumée sans feu. Qu’est-ce qu’il cache, ce grand type brun avec ses cheveux en bataille et sa collection de bracelets aux bras ? C’est hygiénique, ça, seulement ? Je me dis qu’il vaut mieux que je ne me pose pas trop de questions. Je me contente seulement de me laisser poser sur la chaise, au supplice. Ne pleure pas, Héra, ne pleure pas, t’es pas de ce genre là, pas de ces nanas là. Siegfried salue le médecin avec beaucoup de familiarité, et ça fait marrer le grand type. Ben merde alors. Je suis dans une autre dimension ou quoi ? Le toubib se contente de reposer un dossier sur lequel il travaillait pour répondre.

« Si t’avais la moitié de mon boulot, tu serais déjà mort de fatigue. Bonjour mademoiselle. »


Je réponds à son salut par un hochement de tête, parce que j’ai les dents tellement serrées que je ne me vois pas vraiment dire autre chose. J’ai mal, en fait, ça ne se voit pas assez ? Oui je sais, j’ai un peu trop tendance à me répéter. Mais même toi, Siegfried, tu passes après parce que c’est de pire en pire. Ça me brûle à l’intérieur, j’ai envie de hurler de frustration. Et alors que le médecin s’approche, toi tu ouvres des yeux ronds comme des balles de tennis en t’asseyant à côté de moi. Oh tiens ? Bizarre ça. Je ne fais même pas attention à l’oubli de mon sac. Pourtant j’ai des trésors là dedans. Mon portefeuille Guess, mes lunettes de soleil, ma montre Cartier, du maquillage, beaucoup, mon portable, mes cigarettes et une photographie de Nicolas, planquée dans un ourlet. Je ne dirais jamais que mon frère me manque, pourtant c’est le cas. Il est un peu sauvage, mon frangin, et je l’aime beaucoup avec ses yeux maquillés, ses cheveux qu’il teint en noir et ses t shirts de rock. Le souci c’est que je ne le vois plus. Il a quitté l’appartement de ma mère et la maison de mon père, au profit d’une vie de bohème en banlieue parisienne. Mon frère il vit comme les gens des années 70-80, il écoute des vinyles avec ses potes en fumant des joints, en répétant de la musique violente dans un garage désaffecté appartenant au père d’un de ses amis. Il ne demande plus d’argent ni à mon père, ni à ma mère. En fait il se prétend orphelin. Il n’y a qu’avec moi qu’il a gardé contact. Mon frère, il gagne sa croûte en bossant comme serveur dans un restaurant. Le jour il bosse, le soir il joue, c’est sa vie et c’est quelque chose qui m’a toujours attirée, et à la fois terrorisée. Parce que ma mère m’a appris ce que c’était, le matérialisme et j’aurais peut-être un peu de mal à en passer. J’aime peut-être un peu trop les choses pour les jeter, pour tout mettre de côté et vivre une autre vie. C’est pour ça que je compatis un peu pour toi, Siegfried, quand j’entends « pas les moyens ». Moi je n’ai jamais eu « pas les moyens » il suffisait que je claque des doigts pour avoir tout ce que je voulais, et finalement ça ne m’a pas vraiment rendue heureuse, au contraire. Parce que je me suis fabriqué un corps de porcelaine, tout pimpant et tout beau, avec des fringues choisies au motif et au tissus près chaque matin, un maquillage étalé très minutieusement et juste ce qu’il faut de parfum, j’ai appris à courir en talons aiguilles de quinze centimètres de haut, appris à avoir le port altier et la démarche fière. J’ai appris à regarder les gens droit dans les yeux pour leur faire peur, à les baisser lorsque je trouve plus fort que moi. J’ai appris tout ça pour ne pas avoir à souffrir d’une quelconque manière, et pourtant il y a toujours un truc qui perce ma carapace, c’est con et c’est infime en plus. Seulement une vieille ennemie qui vient parfois me rendre visite, le soir. Elle s’infiltre sur le côté inoccupé de mon lit et vient me sussurer des choses à l’oreille, des choses qui me font me lever d’un bond pour me jeter sur mon armoire et descendre un quart d’une bouteille de vodka pure avant de m’effondrer, complètement sèche, dans mon lit pour scier du bois jusqu’à six heures du matin. Elle est une ennemie terrifiante qui a transformé ce réconfort en addiction. Elle est cruelle et elle est récurrente, surtout. Curieusement, elle commence à partir depuis que je fais des tours de terrain pour te regarder, Siegfried. Cette vieille ennemie, cependant, je sais qu’elle va finir par revenir. Elle revient toujours.

La Solitude.

Aujourd’hui elle me quitte un peu parce que depuis un moment que je te regarde, je ne t’avais jamais parlé. Aujourd’hui si, même si c’est au prix d’une douleur insupportable. Ça me fait un peu sourire quand tu te tires en courant chercher quelque chose, et je ne sais pas encore quoi. Entretemps, le médecin se penche vers moi, tout sourire effacé. Il est curieux, ce type, avec ses grosses cernes, ses t shirts à manches longues alors qu’il fait très chaud. Il est curieux, à regarder par la fenêtre quand les RK sortent de sport. Il est bizarre, parce qu’il me touche pour examiner ma cuisse mais il évite consciencieusement tout autre frôlement. J’avoue qu’il est intriguant, ce type. Mais pourquoi êtes vous la raison d’une baston entre Siegfried et Trophime ? Pas la moindre idée. Et je ne vais pas chercher à le savoir tout de suite, ça ne me regarde pas tant que ça. Pour ne pas dire pas du tout. Je le laisse me manipuler avec précaution, et puis un bruit de course me ramène un peu ailleurs. Tu rentres, essoufflé, avec… MON LONGCHAMP PUTAIN. Tu le poses à côté de moi et moi j’ouvre des yeux ronds, parce que… Parce que tu as oublié mon sac, ducon. Je m’apprête à te dire un truc, acéré du genre « la prochaine fois pense à ton cerveau » mais je préfère dire "c'est pas grave. Merci d'être allé le récupérer." parce que quand même. Tu m’as juste portée pour aller à l’infirmerie, il vaut mieux que je la ferme. Je te suis assez redevable. Et puis cette manie que tu as de fuir mes yeux, comme un gosse qui a honte. C’est assez rigolo, ou en tout cas moi ça me fait rire, vraiment rire. Je pouffe alors que le médecin regarde ma cuisse et que, sans que je le voie, il t’adresse un sourire narquois. Moi je me dis qu’un petit verre serait le bienvenu. Je suis sûre que ça calmerait ma douleur, non ? J’y pense, et mes mains se mettent à trembler. Ah, merde. Bon, tant pis. J’essaie de les planquer mais les yeux du médecin sont déjà dessus. Il fait mine de ne rien remarquer, ou peut-être qu’il pense que c’est du stress, parce que la main de Siegfried vient de se poser. Marrant ça. Il la retire dès qu’il se rend compte que le bureau est transparent, mais ça a suffi pour faire trembler mes mains un peu plus. Idiot. Le médecin observe, regarde et me demande de retirer mon futal. Ah euh… Oui mais… Je rougis un peu, et finalement il fait signe à Siegfried de se tourner pour ne pas me voir les cuisses nues. Enfin, en culotte surtout. J’enlève mon jogging et le toubib masse ça. Et moi je pousse un cri de douleur. SAGOUIN !

« …Bon, visiblement ce n’est pas un claquage. Rhabillez-vous. »


Je remets mon pantalon tant bien que mal, et je reste assise sur la table d’auscultation. Bras croisés. Porter pose une main sur l’épaule de Siegfried pour lui indiquer qu’il peut se tourner de nouveau. Il s’assoit à son bureau et nous on le regarde, on attend le verdict, peut-être un chouia fébriles. Enfin moi en tout cas. Parce que si c’est pas un claquage c’est…

« Déchirure musculaire. Autant dire que vous ne pourrez plus courir pendant un moment. Et il va vous falloir des béquilles. Et des anti inflammatoires. Il faudra que je vous revoie une ou deux fois aussi. »


Mais ça c’est pas pour ta déchirure, jeune fille, c’est pour tout autre chose. C’est parce que tu as une araignée au plafond. Les tremblements aux mains, c’est un symptôme flagrant de quelqu’un qui est en manque. En manque de quelque chose, et après un examen plus poussé, c’est pas compliqué à voir que tu es alcoolique. Il va falloir que j’en parle à Sieg. Parce que s’il a vraiment choisi cette belle demoiselle il va devoir comprendre qu’il ne faudra pas jouer avec elle. C’est beau, cette carapace de cristal, mais dedans c’est liquide et ça fuit, tu comprends gamin ? Avant de vous laisser sortir avec une ordonnance, je vous jette un regard appuyé. Et je vous regarde sortir, j’envoie un SMS. « Attention Sieg. Je ne prétends pas tout savoir mais je pense que cette fille est alcoolique. Regarde ses mains pour le savoir. Pas de bêtises. »

**********

La fin de journée s’est bien passée. Toi tu m’as amenée à mon cours de français avant de partir, en me faisant un sourire et un bisou volé sur la joue. Ça m’a faite un peu rosir dans la salle, je n’ai pas voulu le montrer, par chance. Les jours se sont égrénés, ensuite, et toi tu te contentais de saluts aimables et souriants quand tu me croisais, avec mes béquilles. Impossible de porter des talons, j’ai dû tourner aux converses. Je ne sais pas ce qui est le pire. Tourner aux converses ou me ridiculiser avec ce truc qui me fait ressembler à un Dr House féminin. En tout cas ça me fait sacrément rager, il n’y a pas de doute. Toute la semaine je travaille d’arrache pied. Je ne peux même pas aller courir. Alors je bois de plus en plus. Pour me retrouver raide morte chaque soir. Et personne ne voit ça parce que tout le monde s’en fout. Quelque part ça m’arrange. Parce qu’au moins on me fout la paix, non ? Voilà, c’est ce que je me dis pour être tranquillisée. On me fout la paix. Le samedi vient et je continue le rituel : du boulot toute la matinée. La surprise vient de toi, et de ton invitation à dîner chez toi le soir même. Porter vient tout juste de m’autoriser à ne plus utiliser la béquille, même si je n’ai toujours pas droit aux talons hauts. Et cette nouvelle la m’enchante. Alors je dis oui, même si au départ je veux faire la circonspecte. Mais le baiser sur la joue veut tout dire, non ? Je suis contente de venir. Je suis contente que tu m’invites, contente que tu sois avec moi, et que ce soit chez toi. C’est suffisamment personnel pour que j’y accorde de l’intérêt. Et que je me méfie aussi, parce que « chez toi » ya « ta piaule » et tu peux rêver pour qu’on mette le couvert, mon grand. Même si cette simple pensée me donne soudainement très chaud.

Je passe une heure et demie avant de trouver une belle tenue. J’opte pour un costume de femme en coton, noir et blanc, tout simple et sans bijoux. Un jean foncé pour aller avec, et… Et mes Louboutin porte bonheur, peu importe si le talon est un peu haut pour ma cuisse. Porter ne viendra pas m’engueuler chez Siegfried de toute façon. A l’heure dire, j’appelle un taxi. J’essaie de ne pas être ni en avance, ni trop en retard, seulement le quart d’heure de courtoisie. J’atteins un quartier de Miami que je ne connais pas, mais tu m’as donné le numéro de l’immeuble et l’étage sur lequel je dois sonner à l’interphone. Il faut que je reste calme, okay ? Je suis toute préparée, un trait d’Eye liner au dessus des yeux, un rouge à lèvres très discret. Rien qui laisse présumer que j’ai passé en tout et pour tout TROIS HEURES à la préparation de ma tenue, de mon maquillage et de mes cheveux, bien raides et lisses sur le côté de ma tête. Non, ou du moins j’espère que ça ne se voit pas trop. Tu m’ouvres la porte et je monte la cage d’escalier. Voilà, ce coup ci on y est. Je sonne. Très nerveuse. Parce que ça n’a rien à voir avec une blessure à la cuisse, ce coup-ci.

En revanche ça a tout d'un rencard. Et je souris, un peu sur le côté en remettant mes cheveux en place, quand tu ouvres la porte.

"Salut... Excuse les dix minutes de retard, mon taxi s'est perdu."
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Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] Empty
MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyDim 2 Nov 2014 - 21:53

« Je ne m’inquiète pas bien pour toi, t’es un chasseur, tu n’auras pas de mal à en trouver une autre. Mais moi je n’ai rien d’une proie. »
 
Le regard qu’elle lui lance est intransigeant. Un frisson lui parcoure l’échine alors que ses yeux glacés ne le quittent pas d’une semelle. Sa bouche a formé ces mots. Siegfried se laisse alors happé par ces deux iris colériques, bien qu’il ait beaucoup de mal. Autant affronter un basilic du regard : ses yeux mortels vous foudroient. Mais lui, il se sent comme pétrifié. Car après une seconde d’hésitation, le jeune homme consent enfin à tourner la tête vers elle, alors qu’il préférait fuir ce regard. Il se surprend à sourire un peu et à fuir de nouveau. Sans doute la crainte qu’elle ne lise tout le désir qu’il ressent pour elle.
Elle a parlé. Mais les mots qu’elle prononce ne lui plaisent pas. Encore une fois, il regarde par terre, non sans afficher un rictus que l’on pouvait prendre pour… pour fier ? Il faut dire qu’il l’est quelque part. Comment réaliser que beaucoup de filles n’était pas indifférent à son charme ? Il ne savait d’où venait ce « talent » mais il était dommage de ne pas en profiter. Mais malgré ce charme, il n’était pas satisfait…
 
… parce que je ne t’impressionne pas en fait, je te dégoute. Tu me prends pour un enfoiré qui prend et qui jette. Je ne suis pas ainsi. Toutes ces filles ne recherchaient pas une véritable histoire, mis à part Elena. Aucune n’a jamais chercher à me revoir, car nous avons convenu dans l’immédiat qu’entre nous, il n’y aurait que le sexe. On parlait de choses et d’autres puis nos visages se rapprochaient pour ensuite se réunir. Parler, ça saoule. Puis leur existence ne m’intéressait pas. Tout ce qui m’intéressait, c’était de les faire taire. Elles se laissaient faire, chacune d’elles. Allongées dans mon lit, par terre ou encore accrochées à mon bureau, elles gémissaient toutes. Moi, je tirai mon coup, comme le parfait animal assoiffé que je suis. Il m’en fallait plus. Toujours plus… Si elles parlaient trop, je les embrassai. Leur vie n’avait rien d’intéressant. Je voulais leur corps et je pense qu’elles aussi. Pour elles, j’étais un garçon comme les autres. Elles ne devinaient pas ce qu’il se passait dans mon existence. Personne ne savait. Ce n’était pas des choses vraiment folichonnes à connaitre.
Mais malgré mon désintérêt total, jamais, je ne leur faisait de mal. Mes mains glissaient sur leur peau, je les embrassais presque amoureusement. Je leur donnais l’illusion que jamais, je n’avais prise de filles comme je les avais pris elles. C’était plus fort que moi. Quelque part, je pensais tomber amoureux de chaque fille qui passait sous ma couette mais c’était faux. Nous passions des nuits, ou des après-midi ensemble, là, sous nos couvertures. Flirt. Acte. Flirt. Et parfois re-acte. Je les trouvais jolies, attirantes et sensationnelles. Mais jamais je ne les trouvais belles. Aucune n’attirait mon regard plus de trois secondes. Aucune ne me donnèrent le même plaisir qu’Elena par exemple.
Elena avait cette insolence qui me faisait craquer. Je me souviens parfaitement de ce moment dans l’ascenseur. Nous avons « joué » d’abord, puis, comme elle me plaisait et que je ne l’avais touché que dans le noir, j’ai voulu reproduire la même chose mais dans la lumière. Encore une fois, j’ai apprécié. Alors, nous sortions le week end, le soir, parfois on allait manger autre part qu’à la cafétéria du lycée. J’aimais m’afficher avec elle, parce qu’elle est tout simplement magnifique. Puis, nous nous ressemblons légérement avec nos envies de libertés en tout genre. Dans les couloirs, je surgissais derrière elle en l’embrassant dans le cou avant de me rendre en cours. Puis, elle, elle  me sautait dessus également. Alors nous commencions à nous exciter… et on courait se cacher dans un endroit isolé de l’école. Je pense que nous nous sommes considéré comme un couple mais seulement un court instant car voilà, la voice hein. J’ai bien tenté de plaidé en ma faveur en lui jurant que je n’avais plus vu Fawn depuis le braquage. Mais elle n’a jamais voulu me croire. Aussi, je recommençais ma chasse.
Mais au fond, je n’ai jamais, jamais oublié Héra. Je pense que c’est pour ça que je jette mon dévolu sur les blondes généralement. Je l’ai vu dans ce couloir. Ses jambes parfaites, ses cheveux lissés, soignés, son corps magnifique. Je me suis senti pouilleux à l’instant même où je l’ai vu, elle, toute de Dior vêtue. Elle est trop bien pour moi. Voilà pourquoi j’ai presque honte de mon comportement avec les autres. Pensait-elle que je ne la voulais que pour ses jolies fesses ? Et si c’était  le cas… ? Non, il y a quelque chose en plus. Un truc qu’aucune autre ne pourra jamais aborder. Ce vernis lisse qui dissimule quelque chose de lourd. Ces deux tâches. Parce que tu as beau avoir l’air d’une déesse, tu n’en es pas moins une humaine. Tu as des doutes à propos de moi, n’est ce pas ?
J’ai envie de te dire que si, tu es une proie. Quand je te regarde, c’est une biche que je vois. Mais  pas n’importe quelle biche. Il y a toujours une proie considérée comme telle mais dont la chasse est interdite. Quiconque tente de la chasser s’en mordrait les doigts. Tu choisis toi-même ton chasseur. Tu choisis celui qui ne te chassera pas pour te tuer mais… pour t’apprivoiser. J’en meurs d’envie de t’attraper pour te montrer que je ne te traiterais pas comme les autres. Mais j’attends que tu ne viennes vers moi, de toi-même.
Finalement, non. Tu n’es pas une proie, parce que te faire du mal serait passible d’un châtiment divin. J’attendrais patiemment… même si je meurs d’envie de t’embrasser, ici et maintenant.
 
« Tu sais… heum… » Commença-t-il. Mais les mots se perdaient. Il n’osait rien dire. Certes, il n’y aurait qu’à claquer des doigts pour que son lit soit occupé ce soir. Mais non. Il n’en avait pas envie. Il faut dire qu’il n’en avait plus touché depuis qu’Elena l’avait plaquée. En apparence, il devait s’envoyer en l’air tous les soirs mais personne ne savait que trois soirs (ou quatre, cela dépendait) par semaine, il voyait Ollie. Pas question de draguer dans ce cas. Déjà parce que le gamin détestait qu’on se détourne de lui et surtout parce que lui-même n’avait d’attention que pour lui. D’ailleurs, avant que Kyle – ou Cassandre- ne vienne sonner chez lui, les draps étaient changées, immédiatement. Ils mettaient ceux qui étaient propres car généralement, Ollie occupait son propre lit, depuis le début. Plus tard, le gamin lui avait demandé s’il dormait et bien sûr, où. Dans le hamac dehors. Le canapé. Ou d’autres endroits. Il ne dormait jamais dans un lit. Pas tout seul en tout cas. Il sourit doucement en pensant à toutes ces choses… « … je sais attendre. Et… je n’arrive plus à en voir d’autres. »
 
Vient le moment où sa douleur se fait trop forte. Infirmerie, tout de suite. Le chemin ne se fait pas comme une marche de santé. Son visage se tord par la douleur que lui inflige sa jambe. Par deux fois, il manque de l’attraper pour mieux la porter mais défier une déesse n’est jamais bon pour l’intégrité physique. Siegfried s’accorde à son rythme. Même si cela prend la journée, il finira par l’y emmener. Un claquage, c’est anodin, mais pas agréable. Malgré ces traits durs, maltraités par la douleur, elle demeure telle qu’elle est dans son esprit : divine. Elle n’abandonne pas, malgré quelques soupirs de douleurs et des gémissements rauques. Il murmure à son oreille de tenir bon. Encore un petit effort. Encore un… sa main la tient fermement autour de sa taille pour ne pas la faire tomber.
Mais bientôt, la jambe tremble. C’est l’indice numéro un de la crise de nerf imminente. Alors, comme il n’y a personne et que l’essentiel des élèves se trouvent à la cafet ou en classe, il l’a pose doucement sur un banc et prend place à ses côtés. Le sac de la jeune fille suit le mouvement. Le français détourne la tête, tant bien que mal, car il faut l’avouer, même décoiffée et le visage presque larmoyant, elle est magnifique. Sa main, un peu bavarde et friponne se glisse dans son dos, puis remonte jusqu’à  la nuque. Ils parlent. Et  contre toute attente, elle affiche un sourire fragile sans rejeter sa main. Un tremblement étouffé. Siegfried se rapproche d’elle de deux ou trois millimètres, espérant qu’il n’envahisse pas trop son espace personnel.
Une émotion semble l’a  tenailler, le genre d’émotion incontrôlable lorsque tout va mal. Il ne dit rien, la laissant se calmer.
 
« Je suis… juste trop conne. Je me suis mal échauffée. »
 
Il ne répond pas mais se contente de glisser ses doigts dans ses cheveux, comme il meurt d’envie de le faire depuis cinq bonnes minutes. - Hey, laisser un corps de fille sublime s’appuyer sur vous, on verra la  tentation vous bouffer. -
 
Tes cheveux sont… ils sont doux. C’est la première chose que je constate. Je les remets doucement en arrière, mèche par mèches car ils te tombent dans la figure. La fureur de tout à l’heure te les as fait dresser sur la tête. C’est dommage, le look sauvageon ne te va pas du tout. Regarde, il suffit de les remettre en arrière afin d’accentuer la finesse de tes traits. Et hop, deux ou trois coups de doigts et tu es de nouveau coiffée. Enfin presque. Non, je continue de te caresser les cheveux, lentement. Parce que j’aime ça. Je peux voir ton visage de plus prêt et cela me plait. J’aime leur couleur uniforme avec quelques nuances. On dirait  parfois de l’or blanc. Non, peut-être de l’argent. Dans tous les cas, tu es faites, non pas de chair et de sang, mais de métaux précieux.
J’arrête, car cela t’embête, je crois. J’attends que tu réagisses, mais ton mollet altère la douceur de ton visage. Egoistement, cela  me rend presque heureux, car sans ce claquage, je n’aurais peut-être pas eu le cran de venir vers toi. Ou peut-être si ? Je ne sais pas. L’envie serait devenue trop forte, alors oui, j’aurais encore attendu, mais longtemps, très longtemps. Jusqu’à ce qu’un autre me dépasse  et décoche la première flèche. Alors le destin a voulu  être clément avec moi. Mais d’une manière bien cruelle. Dans tous les cas, je ne regrette pas d’avoir fait ce match aujourd’hui. Le basket, je m’en fiche. Je n’y jouais que pour te voir. Mais à présent, je suis dans l’équipe. Semble-t-il que je me démerde bien. Je n’ai déjà pas assez de temps, vois-tu. Mais pour toi, je suis capable de déranger tout mon emploi du temps.
Tu pleures encore un peu. Je les vois tes larmes, même si tu les caches. Alors je m’approche de toi et je glisse mes doigts sur ta joue pour les essuyer un peu. Je m’approche davantage et pour une fois, je laisse tes yeux glacer les miens. J’ose enfin affronter tes yeux, mais c’est sans doute que ta puissance s’est affaiblie. Je pense que je n’ai aucune forme de courage en moi. Je me trouve lâche. Mais je te souris un peu. Encore une fois. J’aimerais avancer mon visage vers le tien. Mais même larmoyante, une lueur me prévient que je ne dois pas jouer avec ça. Alors je me contente de te caresser la joue avec mon pouce et de te murmurer « Ne dis pas ça. »
 
Il gardait sa main sur sa joue et l’a regardait, un sourire rêveur aux lèvres. Magnifique. Puis vient le moment où ils entament la dernière ligne droite. Elle parle, histoire de changer de sujet.
 
« Je ne pensais pas que tu montais à cheval.
- Il faut dire que l’option équitation n’est pas encore à Wynwood. J’en fais depuis… depuis longtemps déjà. Enfin, j’ai commencé à en faire en cinquième, puis en quatrième,… mais ma mère n’avait pas les moyens . J’ai continué dans un ranch. En Arizona… »
 
Il haussa les épaules, non sans la soutenir. Il n’avait pas réalisé qu’il avait laissé un pan de son passé s’effilocher. Mais malgré la richesse d’Héra et du prestige de son nom, il n’avait pas honte. Mentir n’était pas dans son sang. Puis, la vérité finirait par sortir, tôt ou tard. Et puis… l’Arizona restait un des meilleurs souvenirs de toute sa vie.
Il parle trop. Elle a mal. Il renonce à lui demander une nouvelle fois s’il pouvait la porter. Mais contre toute attente, elle murmure doucement, comme un peu honteuse de cet aveu. Intérieurement, le carnaval de Rio débute dans sa tête. C’est juste… parfait. Il fait un effort surhumain d’acquiescer sans sourire comme un idiot, mais le cœur y est.
 
« Je crois… que j’aimerais bien que tu me portes, finalement. »
 
Il ne répond pas. Du tout. Non, il se concentre pour ne pas hurler de joie. Ses bras sont déjà autour du cou, sans même attendre sa réponse. Légère comme une plume, elle se retrouve dans ses bras et se love tendrement contre lui. Irrésistiblement, il l’a laisse faire et l’embrasse légèrement sur la tempe. Sa peau est humide à cause de la sueur, mais il s’en fiche. Il marche alors vers l’infirmerie. La jeune fille reste dans ses bras. Silencieuse, on l’a croirait endormit. Il ne put voir son visage mais il le devinait plus détendu qu’auparavant.
Le chemin lui paru court. Il n’y a que les bonnes choses qui ont une fin. Arrivé devant la porte, il demanda à la Khi d’ouvrir la porte, ce qu’elle fit, après avoir toquer. Kyle était bien entendu dans son bureau. D’ailleurs, il l’attendait de pied ferme celui-là. Il s’attendait déjà à la question « Mais pourquoi tu ne l’as pas ramené plus tôt ? ». Mais c’était rhétorique comme demande. Non, il ne parla pas. Enfin si.
 
« Salut Kyle. Je te ramène du travail, arrête de glander. »
 
Siegfried s’approcha de la chaise et laissa Héra s’asseoir sur la chaise devant le bureau en verre. Evidemment, Kyle lui lança un regard entendu qu’il tenta d’ignorer. Arrête de te foutre de ma gueule, bon dieu… ! Mais il se contenta de sourire. Juste un peu. Non, pas de sourire victorieux, ça ne le ferait pas. A la place, il prend la chaise d’a côté, résistant à l’envie de poser sa main sur sa cuisse. Mais voilà, le sudiste est du genre pudique en relation amoureuse. Oui, je vous le jure. Mais à peine eut-il posé ses fesses sur sa chaise qu’il ressentit soudain une mauvaise sensation. Il a oublié un truc. Ouai. Un énorme. Il fixe Héra un moment et se hurle à lui-même « Eh merde… ». Il se lève et sort de la pièce. « Je reviens… ». Décontract. Parce qu’une fois qu’il est hors de vue du médecin et de la patiente, il court jusqu’au bout du couloir. Le sac putain. Le sac ! Et franchement, avec tout ce que les nanas trimballent avec elles, il doit y en avoir un trésor. Même Monte Cristo n’en a pas autant. Alors il espère vraiment, du fond de son âme que personne ne l’a pris, parce que la déesse castratrice ne laissera pas passer ça. Deuxième couloir. Faites qu’il y soit encore. Faites qu’il y soit encore. Ses jambes tremblent un peu. Son esprit l’engueule, parce que c’est un IDIOT. Oublier le sac d’une fille, mais vraiment t’assure pas. Les autres ne te font pas cet effet-là. Le gentleman perd un peu de sa superbe là. Mais ouf, il retrouve les affaires d’Héra là où il les as laissés. Et déjà une envie furieuse l’étreint. Fouiller. Oui, ce n’est pas la tentation la plus noble. De toute manière, aucune tentation n’est noble. A entendre les bonne convenances, il ne faut pas être curieux. C’est un mauvais défaut. Vilain. Parce que cette curiosité, légèrement malsaine, l’a déjà tenaillé, quelques semaines auparavant. Ce voyeurisme ne lui ressemblait pas. Et puis ce n’est pas correct. Alors avant de commettre l’irréparable, il prend ces  affaires et revient dans l’infirmerie.
 
« Désolé, j’ai oublié tes affaires… » dit-il en appuyant son regard sur Kyle.
 
Alors regarde bien mes yeux maintenant. On. Ne. Ris. Pas. Okay ? Tu rigoles une fois, je t’écorche vif. A côté, la blessure de la main d’Azraël, paraitra aussi infime qu’une petite irritation, alors pas d’allusions. Pas de remarques. Pas de questions débiles. Rien. Que. Dalle. Parce que je suis sur le point d’accéder au nirvana. J’ai fait le premier pas et maintenant, il me reste une immense montagne à gravir alors… motus et bouche cousue.
Il pose le sac d’Héra aux pieds de sa propriétaire et tandis qu’il lui adresse un sourire, il voit par la fenêtre… l’endroit exacte où il était. Ho. Le voyeur… il espionne maintenant ? Ouai, voilà, c’est ça. Bref, pas de commentaires.
 
« Bon, hé bien Héra. Va falloir te soigner. T’en fais pas, va. C’est pas si… heum. Grave. M’enfin, c’est pas mon travail. » dit-il en posant la glace sur le bureau de Kyle. Il mourrait d'envie de la rassurer. Lui dire que s'il le fallait, il l'a porterait d'une salle à l'autre, mais voilà, voilà. Pas d'amourette entre RK et KO. 
Il se rendit compte que sa main s'était posée sur la jambe d'Héra. Automatisme, que voulez vous. Il ne sait pas mentir et PIRE, ses sentiments se laisse voir à travers la transparence du bureau en verre de Kyle. Une légère rougeur apparait sur son visage et sa main se retire. A regret. Honteusement, mais à regret.
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Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] Empty
MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyJeu 30 Oct 2014 - 22:30

Toi tu me regardes, quand je parle de ta réputation. Je m’attendais à tout. De la surprise, de la colère, n’importe quoi… Mais certainement pas à ce que tu te foutes ouvertement de ma gueule en éclatant d’un grand rire. Tu pars dans un grand rire qui te cloue les côtes et te force à te pencher en avant. Et moi j’ouvre de grands yeux. Parce que ce sourire… Ce sourire. Magnifique, sublime, enchanteur. Je ne peux pas dire mieux. Il n’y a rien de plus joli qu’un homme qui rit. C’est assez rare, de voir un rire franc et joyeux se dessiner sur le visage de quelqu’un. Toi en tout cas je t’ai vu en palette de couleurs. Du rire à la fureur, comme cette journée où tu as décidé de transformer Trophime en punching ball. Cette colère m’avait fascinée. Absolument fascinée parce que j’ai été incapable de gérer ça, incapable de me détacher de tes yeux bruns brûlants, éclairés par la lumière artificielle des toilettes pour filles. Tu avais l’air de vouloir tuer ton regard. Et moi je t’ai regardé, fixée sur ton image, incapable de prononcer un seul mot, incapable de partir aussi. Parce que ça avait quelque chose de superbe toute cette rage dans ton regard de jeune homme. Et moi je me suis laissée embarquer, un peu comme une débile, une débile sans cervelle. Et toi tu finis par te calmer, et je t’écoute, silencieuse, me répondre. Oui c’est vrai que ça paraît bizarre, mais après tout Samy n’est pas forcément la meilleure informatrice qui soit. Personne ne sait vraiment pourquoi tu t’es battu avec Azraël, tout ce que les gens savent c’est que ça avait un rapport avec le type qui semble dormir dans son infirmerie tant il y passe du temps. Je l’ai vu il y a trois semaines, fumer une cigarette dans la cour. Maigre à faire peur, le regard vide, effrayant. Cet homme doit être profondément malheureux. Et je ne sais pas ce qui te lie à lui, c’est très étrange.

« Faudrait t’emmener à l’infirmerie. Le soleil tape très fort, on dirait. C’est mauvais pour tout le monde, même pour les KO. »


Oui peut-être, mais en attendant c’est suspect, non ? Enfin, au moins un petit peu. Parce que ce n’est pas habituel pour deux membres de la même confrérie de se battre. J’imagine qu’il y a eu des représailles manifestes par l’ancien chef. Quelque part ça me ferait presque plaisir. En parlant de soleil… Je commence à avoir sérieusement mal à la cuisse. Cette fois ci c’est sûr, ce n’est pas un claquage. La glace ne fait plus effet, et je commence à avoir vraiment, VRAIMENT mal. J’en ai plus qu’assez. Il faut que j’aille me soigner ça commence sérieusement à urger. Toi tu pinces les lèvres quand je parle de ce que tu as fait à Azraël, et moi je m’interroge. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? J’ai toujours eu la curiosité de savoir ce qui avait pu te motiver à te livrer à ce genre de batailles. Tu es du genre violent ? ça devrait m’inquiéter. En vérité ça me fascine absolument. Je ne sais pas pourquoi tu me fais ce genre d’effet. Mais tout ce que je sais c’est que je dois me méfier. Je sais ce que ça fait. Je sais comment on souffre quand quelqu’un se moque de nous. Et je ne veux plus jamais avoir à vivre ça. Toi tu te tais un instant, tu hésites, et moi j’attends, curieuse. Alors, comment connais-tu mon prénom ? Quelque part ça m’intrigue, parce qu’il n’y a aucune raison que tu me connaisse. Je suis chef de ma confrérie certes, mais ce n’est qu’un mot sur un morceau de papier. Je ne vois pas d’intérêt à connaitre mon nom et pourtant tu l’as répété deux fois. J’ouvre grand les esgourdes. Et toi tu me réponds, avec un haussement d’épaules.

« Je l’ai demandé à quelqu’un. C’est tout. Je te voyais beaucoup alors… je voulais mettre un nom sur ton visage. »


…Et merde. Je suis cramée sur dix générations. Oui pas étonnant que tu me voies beaucoup. A cause d’un regard meurtrier face au miroir des toilettes des filles, j’ai troqué la course dans les parcs contre un footing d’une heure à l’intérieur du terrain de sport. Pour toi. Ça parait complètement idiot. J’ai l’impression de redevenir une pauvre adolescente écervelée, une jeune fille qui court après un garçon qu’elle ne connait même pas. Je regarde, c’est tout, je regarde, où est le mal après tout ? Je ne fais rien de mal. Je ne te cours pas après, d’accord ? JE NE TE COURS PAS APRES. Et toi tu te penches dans ma direction, et tu ajoutes sur le ton de la conversation :

« Tu sais, en ce moment, je n’ai de relation avec personne. Ni même avec le médecin scolaire. »

Je suis médusée. Eh ben mon cochon tu n’y vas pas quatre chemins, visiblement hein. Moi je te regarde avec des yeux ronds. Ça veut dire quoi ça ? Moi je reste muette deux minutes, le temps que tu prends pour envoyer un sms. Et moi je me retrouve un peu conne. Un peu beaucoup conne même, parce que je ne sais pas quoi répondre à ça. Je pourrais me jeter sur toi tout de suite et te violer, tu vois ? C’est le premier truc qui me passe par la tête. Mais il est absolument hors de question que je me fasse avoir une deuxième fois, hors de question. Tu crois que je ne la vois pas la horde de pétasses avec qui tu traines sans arrêt ? Tu crois que je suis idiote et que je vais me laisser avoir comme elles, pour être un nouveau trophée de chasse ? Va te faire foutre. Je me renfrogne. D’abord, parce que tu m’énerves, tu me dragues ouvertement comme tu le ferais avec n’importe quelle poule, et je sais que je vaux mieux que ça. Et pour couronner le tout j’ai mal. Très mal à la cuisse au point que ça commence vraiment à me brûler. Alors je me redresse, de nouveau agacée. Ne me drague pas. Tu ne coucheras pas avec moi aussi facilement. J’ai eu Seyton comme ça, mais c’était une erreur, tu vois ? Une erreur que je ne ferai pas deux fois, tu peux me croire mon grand.

« Je ne m’inquiète pas bien pour toi, t’es un chasseur, tu n’auras pas de mal à en trouver une autre. »


Je me tourne vers toi pour te forcer à me regarder. Mes yeux te lancent un éclat sévère. Ne joue pas. Pas avec moi. Pas de ça, okay ? Tu te calmes. Et tu m’accompagnes gentiment, on se dit au revoir et on en parle plus, d’accord mon chou ? Je refuse que tu m’aies. Je refuse de céder à une tentation beaucoup trop flagrante. Je refuse de tomber dans tes bras comme toutes ces filles avec qui tu t’envoies en l’air pour mieux les lâcher ensuite. Je te fusille. Histoire d’être claire.

« Mais moi je n’ai rien d’une proie. »


Un bref silence s’installe, et puis toi tu finis par reprendre la parole, histoire de passer à autre chose. Je dois rester calme. Après tout j’ai besoin de ton aide, hm ? Et puis j’ai mis les choses au clair. A voir si tu aimes les défis. Mais crois moi je suis très difficile à avoir, quand je m’y mets. Je peux faire de ta vie un enfer, mon chou.

« Continuons à parler en marchant. Je t’emmène à l’infirmerie. La glace fond, il fait trop chaud et… tu as l’air d’avoir trop mal. Allez viens. »


Je te laisse faire. Après tout j’ai besoin d’aide, il faut l’avouer. Ta main passe sur ma taille, mon bras s’enroule autour de ton épaule. Et je marche en boitillant. Je grimace, sur le trajet. Parce que pour le coup je pense que je me suis vraiment faite mal. Je vais aller à l’infirmerie pour la première fois, sympathique, hein ? Toi tu proposes de me porter, je fais « non » de la tête. J’ai besoin d’assistance, mais j’ai mes limites. Je ne veux pas passer pour une faible femme, d’accord ? Je fais même l’effort de ne pas grimacer trop fort. Tu portes mon sac, en bon gentleman et je comprends que tu ne lâcheras pas l’affaire malgré ce que j’ai dit. Quelque part ça me flatte. Imperceptiblement je resserre un peu mon étreinte. Tu sens la transpiration, tu es un peu poisseux de ton cours de basket mais je m’en fous. J’adore voir tes cheveux qui se balancent au rythme de la marche et ton regard qui est fixé, là, droit devant toi.

Au bout d’un moment ma jambe se met à trembler et tu choisis de m’assoir sur un banc, aux deux tiers du chemin vers l’infirmerie. J’en aurais presque les larmes aux yeux de douleur. Je m’assois presque avec soulagement sur le banc et je pousse un très long soupir. Je suis vraiment une pauvre conne. Débile sans déconner. D’habitude je m’échauffe mais là visiblement j’étais trop empressée à l’idée de te revoir, et voilà ce que ça coûte de faire la maline, et de courir seulement pour capter un regard. Je me maudis intérieurement. PUTAIN DE PUTAIN DE PUTAIN DE MERDE. Toi tu me regardes, le bras toujours sur mon épaule. Hmpf. Bon, allez, tu peux rester va. C’est un contact bien trop agréable pour que je ne te laisse pas faire. Et puis après tout je suis convalescente donc je mérite bien un peu d’aide, non ? Qu’en penses-tu ?

« Tu sais… ce genre de petit accident, c’est douloureux, mais ça passe. J’ai déjà chuté d’un cheval. C’est… c’est moche. »


Je suis décoiffée, et moche mais toi ça n’a pas l’air de te déranger, puisque ta main part de mon dos et remonte lentement jusqu’à ma nuque dans un geste très sensuel. Je te laisse faire, parce que le frisson que ça provoque m’empêche de penser à autre chose .J’ai un pauvre sourire en te répondant. J’ai les larmes qui me montent aux yeux. NON NE PLEURE PAS PAUVRE DEBILE. Allez. Respire, garde ton calme ma cocotte, tout va bien. Mais les larmes me montent aux yeux.

« Je suis… Juste trop conne. Je me suis mal échauffée. »


Oui c’est moche, effectivement. Le contact de ta main me rassure. Et ça me fait oublier un peu la douleur, mais seulement un peu. Parce que j’ai quand même quelque larmes qui coulent sur mes joues mais que je cache pour ne pas que tu les voies. Je ne veux pas te paraitre faible, ni fragile, la vie m’a pas fait de gros cadeaux certes, mais j’ai toujours su garder la tête haute. Alors j’attends dix bonnes minutes puis je me redresse. Je me relève en prenant appui sur toi. Et j’essuie ces putains de larmes du coin de la main pour que tu ne les voies pas. Et la marche reprend.

« Je ne pensais pas que tu montais à cheval. »


Tu n’as pas la tête du type qui aime ça. Toi tu fais plutôt flambeur de base qui aime le basket et les belles nanas. Tu es vraiment intriguant. Et spécial. C’est peut-être ça que j’ai ressenti dès le départ. L’envie de creuser ton personnage. Alors je me radoucis, j’ai beaucoup trop mal.

« Je crois… Que j’aimerais bien que tu me portes, finalement. »


Alors tes bras s’enroulent autour de moi et toi tu me soulèves, une main dans mon dos une autre sur mes genoux. Et moi, je passe mes bras autour de ton cou, je fais ta nuque prisonnière de mes mains. Le trajet me soulage déjà un peu plus. Et ça me donne une excellente excuse pour lover mon visage dans ton cou. Tu sens bon. C’est le premier truc auquel je pense, tu sens vraiment très bon. Moi, je reste là, contre toi, sans bouger avec seulement ton odeur en fond. Je me presse contre toi et toi tu toques à la porte de l’infirmerie. Un « entrez » résonne dans la pièce, derrière la salle d’attente. Il n’y a personne. C’est le soulagement. Toi tu entres, silencieux, tu salue le médecin qui te sourit. Tiens, je ne l’avais jamais vu sourire celui-là. ça fait très bizarre. Tu me déposes sur une chaise, face au bureau de verre de Mr Porter qui s’approche de moi. Et qui jette un regard très équivoque à Siegfried. Je ne sais pas ce qu’ils mijotent ces deux-là. Quelle relation avez-vous, tous les deux ?

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Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] Empty
MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyDim 26 Oct 2014 - 2:17

Je ne savais ni comment, ni pourquoi, mais cette fille me regardait d’un étrange regard que j’avais du mal à soutenir. Au fil de l’échange, la chaleur du soleil se faisait plus ardente. L’air devenait plus lourd et la peau de mes mains, pourtant si sèche, devenait d’une moiteur inhabituelle. Apercevait-elle le faible frémissement qui agitait le bout de mes ongles ? Moi je le sentais et l’impression que mes mains tremblaient comme d’un manque, me hantait. Si je pouvais glisser mes doigts dans tes cheveux blonds et les remettre en arrière, ma jolie ! Ces mèches cachent ton beau visage mi-colérique, mi… je ne sais pas. Que se passe t-il dans ces yeux ? Pourquoi ais-je l’impression de ne pas comprendre ce qu’il se passe dans ton regard enneigé ? Ta voix est chevrotante, c’est étrange. Et pourtant tu me regardes aussi froidement que d’habitude. C’est dur ce que je lis dans ceux deux iris clairs. J’ai envie de savoir pourquoi il y a tant de dureté, ce n’est pas un hasard. Je sais que si je touche ton visage, mes doigts ne frôleront pas une pierre dure et insensible, mais une peau douce et fragile. Que caches tu ? Je sais que tu dissimules des choses. Ton vernis n’est qu’apparent mais il est si agréable de se perdre en contemplation. Honnêtement, Héra, crois tu vraiment qu’il n’y a que tes fesses qui m’intéressent ? Au départ, je croyais que oui. Parce que tes seins sont magnifiques et je suis parfois trop con pour regarder ce qu’il se passe au dessus. Alors je te regardais de loin, comme un voyeur, persuadé d’une lassitude qui ne viendra jamais. Parce que j’ai continué à t’observer de loin. Cette grâce qui anime tes jambes lorsque tu te déplaces, cet air empreint d’une fierté difficile à porter, ces lèvres serrées que tu gardes closes la plupart du temps. Toutes ces petites choses, je les ais remarquées au fil du  temps. J’aime te regarder, te donner des noms – car je ne l’ai su que plus tard – et… puis… m’insinuer dans ton intimité. Je ne suis pas de ce genre, mais il a bien fallut que ce désir devienne maladif, jusqu’à te suivre dans un endroit où je n’ai pas ma place. Je pense que mes proches ont sentis que quelque chose –quelqu’un ?- agissait sur moi.
 
Un soir, chez Kyle.  J’aime ces petites soirées avec lui et son fils. C’est devenu mes proches, la petite famille que je n’aurais sans doute jamais, la tribu avec lesquels je dévore à nouveau les épisodes de Games of Thrones. Alors autant dire que je suis « là ». Bien présent. Lorsqu’Ollie commence à somnoler, je passe un bras autour de ses épaules afin qu’il se blottit confortablement contre moi. Puis une remarque de Kyle, qui me fait sourire. Alors je réponds, parce que de toute manière, je ne suis JAMAIS d’accord avec lui. Non, Cercey n’est pas l’exemple de la femme qui réussit, NON. C’est une pute, okay ? Elle n’a rien de loyal comme chez les Starck. Et en fin de soirée, le gosse baille un peu. C’est le moment de dormir, alors il l’accompagne dans sa chambre et reste avec lui un long moment. Surtout au début… pour… prévenir les cauchemars. Des discussion entre frères, qui n’appartiennent qu’à nous.
Mais non, pas ce soir. Je suis absent, totalement absent. Je parle peu, et ce n’est pas la première  fois. Non que je m’ennuie, mais mon esprit se parasite d’images étrangement sensuelles. J’ai du mal à rester attentif à la discussion de Kyle, après qu’Ollie soit  couché. C’est énervant ! Ces pensées me bourdonnent comme des mouches. Elles tournent autour de moi, me tourmentent, m’exaspèrent ! Je souhaite répondre à Kyle mais mes mots attérissent à côté. Il me regarde, presque stupéfait de mon absence. As-t-il remarqué mon silence pendant les épisodes ? Non, il est trop fasciné. Je réalise que je pensais à cette chose que j’avais fait en cours de journée. Jamais, je ne l’aurais fais, jamais ! J’ai la sensation d’avoir fait du sale, et pourtant ces images me poursuivent encore.
Match de basket terminé. C’était là, ce jour-là, et ces visions sont encore très claires dans ma tête (et autre part, m’voyez.). Je prenais mon temps, contrairement à d’habitude. Je faisais l’épuisé, celui qui avait trop couru sur le terrain après un ballon. Je trainais des pieds. Je refusais aussi un petit verre entre potes après l’entrainement. Mes excuses étaient bidons en plus… « non je dois bosser. » « non, faut que j’aille quelque part. » « non, je sens le fauve, alors douche immédiatement. ». Alors je restais seul dans les vestiaires jusqu’à ce que tout le monde soit partit. Et là, ça à commencé. Je t’avais vu courir sur le terrain, là-bas. Et moi je paradais comme un coq, fier de ses passes à ses coéquipiens. Je faisais le beau comme je ne l’ai jamais fait. J’espérais que tu me regarde parce que moi je te regardes. Et je t’ai déjà vu.
J’ai entendu ta voix lorsque ta personne est passée devant la porte des vestiaires des hommes. Je me suis redressée  immédiatement et j’ai entendu la porte des sanitaires filles s’ouvrir et se fermer. Prenais tu ta douche ? Etait-tu toute seule ? Oui, car c’était un moment où il y avait peu de monde, voir personnes. Seulement ceux qui aspirent à la solitude comme moi. Peut-être toi ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que j’ai pris un énorme risque en entrant dans les vestiaires. Je pouvais être discret. Mais peu importe les conséquences, je voulais le voir. Te voir toi. Et je n’étais pas déçu. Il n’y avait personne dans ces douches à part toi et moi, mais je ne pense pas que tu l’as su.
Tu étais cachée dans une des cabines et la porte était entrouverte. Une maladresse de ta part sans doute mais peu importe, puisque j’ai eu un aperçu de ton corps parfait. Parfait ? Je n’ai pas remarqué immédiatement ces deux tâches parce que j’avais un œil sur ton visage que je ne voyais qu’à demi. Enfin, la dureté s’était évaporée. Enfin je pouvais voir que tu n’avais pas que cette dureté dans tes yeux… c’est sous un jour nouveau mais furtif que je t’ai aperçu. Je ne sais pourquoi, mais  j’ai apprécié cet aspect méconnaissable de ta personnalité apparente. L’eau coulait sur cette magnifique statut aux allures de représentations de déesse grecque. J’en ai vu de semblable lors d’une visite au Louvre, à Paris. Les voyages scolaires ont toujours cet aspect barbant. Mais moi j’avoue que je me suis déjà masturbé sur la statue – pas grecque cependant – d’une déesse de je ne sais quoi, au bord d’un ruisseau, le regard fixé sur l’horizon, la posture sensuelle et détendue. Sa  poitrine à demi-découverte n’avait pas fini de hanter mes nuits de jeune pubère en mal d’expériences sexuelles. J’ai imaginé que toutes les filles avaient des seins aussi réguliers que cette statue, mais quand Margau m’a montré les siens, j’ai eu… un pincement au cœur. Déçu. Les statues ne vivent que dans les rêves et ne s’animent que dans les fantasmes. Les filles, les vraies, elles en ont des touts petits avec des mamelons affreusement difformes et parfois très gros. Affreux. Je me rabattais sur cette statue dont l’air mélancolique me faisait penser à une triste femme, méditer sur le sens de son existence, assise au bord d’un lac. Ses cheveux courts tombaient lassement sur ses épaules que je mourrais d’envie de masser. Certes, elle n’était pas coiffée mais cela ne l’a rendait que plus sauvage. Et là, en me rappelant de cette statue, on y trouvait un air de… d’Héra.
Je te vois te savonner sous cette douche, dos à moi. Je sais que je ne peux pas rester plus de trois  minutes. Sait-on jamais, quelqu’un viendra et me trouvera entrain d’admirer tes courbes parfaites. Ton visage Héra, c’est ton visage que je veux voir.  Tes cheveux courts sont en arrière. Tes mains les savonnent avec langueur. Personne ne te regarde, tu peux te laisser aller. Ton visage n’a plus besoin d’être dur. Tes pieds ne sont plus haussés par des talons aiguilles et aucun vêtement ne dissimulent ta peau. Aussi, je peux nettement voir que le marbre le plus parfait peut-être abimé. Ces deux tâches sombres là… qu’est ce ? Ton vernis s’efface.
Et tu n’en es que plus belle, Héra.
Oui je pensais à toutes ces choses, vautré dans ce canapé. Je n’avais que ça en tête et ca me rendait fou. Aussi, lorsqu’Ollie se rendit au lit, je retrouvais Kyle et je disais que moi aussi j’étais épuisé. Ce n’était pas dans mes habitudes et j’espérais que le médecin ne s’en vexerait pas.
 
Ce souvenir demeure sans doute comme l’un des plus érotiques de ma vie. Jusqu’à cet instant. Tu m’avoues où tu as bien pu entendre mon prénom.  Et je ne suis pas déçu. « Tu as une sacré réputation. » Je souris avec une fierté mal dissimulée. C’est en partie du fait que jamais dans ma vie je n’avais autant vécut. Mais aussi parce que… tu m’as vu. Mais dans quelles circonstances ? « Tu tabasses les membres de ta propre confréries, tu dragues tout ce qui porte des mamelles… » Heum, bon… finalement, je ne suis pas aussi fier de moi en fait. Quoi, quelle est cette image que je donnais de moi en fait ? Bon, il fallait avouer que le jour où j’ai cogné Azraël, ce n’’était vraiment, vraiment pas de gaieté de cœur, bien au contraire. C’était les souvenirs en éveil et un désir difficile à avouer de… de me venger. Passé l’orage, je me sentais mieux. Mais c’était tout. Elle continue. « … et j’ai même entendu dire que tu avais une relation avec le.. » Ho... « … médecin… » putain. « … scolaire. »
 
J’ai la même  réaction que lorsqu’Azraël m’accusa de… heum…  - c’est difficile à utiliser cet expression mais allons’y, coucher avec Kyle. –. J’éclate de rire. C’est bizarre de se dire ça. Relation avec le médecin. Autant m’accuser d’un genre d’inceste monstrueux.
Je n’arrive plus à m’arrêter. Parce que la situation est plus que loufoque. D’où venait cette rumeur ? Qui l’avait lancé ? Ce devait être la Voice, encore une fois. Putain de Voice à la con. Mais au moins, cela a le mérite de me faire rigoler. N’oublions pas que c’était pour cette raison qu’Aza et moi, nous nous sommes jetées dessus. Et que j’ai appris ce secret honteux. Enfin bref. Je baisse la tête et je regarde autre part. Pas dans la direction de l’infirmerie, sinon je hurle –de rire-. Non, sérieux ? Même toi tu commences ! Je te jette un regard vraiment amusé. Tu es sérieuse ? Tu as de l’humour. Et j’espère que tu ne prends pas ce rire trop mal. Parce que j’ai  plus l’air de quelqu’un qui en entend une bonne de blague et qui se promet de le raconter à ses potes. Maintenant j’en ris, même si au fond de moi, ce souvenir m’est encore très cuisant.
Je me calme et je te regarde, souriant.
 
« Faudrait t’emmener à l’infirmerie. Le soleil tape très fort, on dirait. C’est mauvais pour tout le monde, même pour les KO. »
 
Je souris, puis tu me demandes, naturelle.
 

« Et toi ? Comment tu connais mon prénom ? Parce que je suis du genre discrète moi, je n’enfonce jamais ma fourchette dans la main de quelqu’un. »
 
J’ai une brève hésitation. Puis un pincement aux lèvres. J’ai un peu honte qu’elle ait pu me voir dans un tel état. Je n’étais pas moi-même après tout. Cette journée… ! Quelle journée bon dieu… ! Ce n’était que l’expression d’un « moi » profondément enfuit et qui ne demandait qu’à sortir une seule et unique fois, histoire de se dégourdir les pattes. Je ne voulais pas le frapper, vraiment pas. Mais Azraël m’avais mis le feu, sans savoir que cela ne me ferait pas du bien. J’ai répondu à ses attaques, chose dont j’ai honte, tellement honte !  Et toi, tu m’as vu dans le réfectoire alors que je hurlais des insanités dans un anglais mélangé de français et de Catallan. Tu m’as vu poignardé sa main à l’aide d’une fourchette. Tu m’as vu avec des yeux fous, persuadée que je n’étais qu’un cinglé de plus dans une longue liste déjà établies. Mais tu as tord… car je n’aime pas la souffrance. Ni l’a donné, ni la recevoir. Je l’ai vu de près et je ne souhaite à personne de la subir. J’aimerais pouvoir te dire combien je regrette. Mais… c’est du passé, alors n’y pensons plus.
Je souris un peu et j’hausse les épaules, sans vraiment faire gaffe à mes paroles.
 
« Je l’ai demandé à quelqu’un. C’est tout.  Je te voyais beaucoup alors… je voulais mettre un nom sur ton visage. »
 
J’ai envie d’être sincère. Je murmure bas, mais je me sens bête. C’est une raison tellement ridicule ! Oui, c’est tout. Parce que je ne vois pas d’autres explications à te donner. T’es la chef des Khi, je le sais. Tu es aussi la fille de Guillaume Delacroix. Je m’en fiche, parce que le foot, c’est pas mon truc même si je connais ce footballeur. Mais… mais rien. Je ne sais pas comment l’expliquer. C’est sorti comme ça. Je rajoute tout de même d’un ton badin.
 
« Tu sais, en ce moment, je n’ai de relation avec personne. Ni même avec le médecin scolaire. »
 
Je te regarde avec intensité. Mais je baisse mes yeux car les tiens me font… me font trop d’effet. J’ai l’impression de voir plus bas que ton regard mais c’est faux. C’est ta gorge que je mate et que j’ai envie de toucher pour voir si ce n’est pas du verre. J’aimerais relever tes yeux  mais ce n’est pas facile car imagine que tu aperçois toute cette palette de sentiments que je cache dans mes iris, comme un secret inavouable ? Je m’en voudrais, j’aurais honte. Peut-être devinerait-tu que je t’ai vu nue sous une douche, à glisser tes mains sur un corps vulnérable. Tu m’en voudrais, car tes deux tâches là, ça se voit que ce n’est pas des tâches de naissance. Je ne sais pas ce que c’est, mais j’ai senti que tu n’étais pas uniquement la fille de Guillaume Delacroix. Tu es autre chose. Et entendre parler français me rappelle combien ma langue est belle est pas uniquement traitresse.
Je finis par baisser les yeux et envoyer un texto, cela m’occupera. Hum. Je lis le texto de Kyle. Lire entre les lignes ? Bon dieu.
 
J’ose même pas la regarder dans les yeux.
Je me sens minable, minable, minable, MINABLE avec un grand M tu vois ? Comme dans M&M. Minable et Moche.
 
Mais je n’en laisse rien paraitre. Comme lorsque je tentais de dérider Ollie dès le début. Je me sentais con mais le gamin ne l’a jamais vu. Mais peu importe. J’envoie le texto et je range mon portable. Il faut que je l’emmène à l’infirmerie. Je viens de voir une étrange grimace sur son visage. Sans doute que la poche de glace ne suffit pas. Non, il te faut des soins supplémentaires et malheureusement, je ne peux pas me permettre de rappeler Marcus et lui ordonner de me ramener un exemplaire des diplômes de Kyle. Pour faire genre. Je ne suis pas médecin. Je n’ai que de brèves bases sur les réactions à voir lorsqu’un sportif se casse la figure mais c’est tout. Alors,… alors je souris un peu et je te demande d’une voix basse :
 
« Continuons à parler en marchant. Je t’emmène à l’infirmerie. La glace fond, il fait trop chaud et… tu as l’air d’avoir trop mal. Allez viens. »
 
Elle se laisse faire. Ma main enlace sa taille à nouveau et l’aide à se soutenir comme auparavant. Son bras passe autour de mon cou et je me réjouis à nouveau d’une telle proximité. Je la sens collée à moi. Je lui jette un coup d’œil et murmure avec une envie mal dissimulée.
 

« Mon invitation tient toujours : Si tu as trop mal je peux te porter. » Je l’a laisse choisir, et nous prenons la direction de l’infirmerie. Je voyais déjà son regard moqueur au médécin. Et j’espérais pour son intégrité physique qu’il ne fasse aucun commentaire. Je te donne du boulot, alors tu le fais et chut.
Dans la foulée, j’ai passé le sac de mademoiselle sur mon épaule. Je suis un gentleman moi. Nul besoin d’alourdir son fardeau. Et puis, j’ai envie d’effacer cette image du parfait sauvage de son esprit. Quel dommage qu’elle m’ait vu dans cet état là. Finalement, se défouler n’a pas que des bons côtés.
Nous marchons. Le chemin vers l’infirmerie est très long. Je ne pensais pas qu’il faudrait autant de temps avant d’y arriver. Il faut, pour rejoindre cet endroit, entrer dans le bâtiment principal et pour ce faire, c’est tout un détour. Comme si les choses étaient trop compliquées pour faire simple. Alors, pour ne pas la fatiguer, je la laisse faire des pauses, parce que mine de rien, ce genre d’accident, c’est douloureux. Elle soupire, gémit, râle parfois. Mais je la laisse faire. Elle pourrait m’insulter de tous les noms, cela ne m’empêchera pas de la déposer sur le lit de l’infirmerie. Mais cette fois, c’est trop douloureux. Alors je la laisse se poser sur un des bancs d’un couloir. Encore un effort.
Il n’y a personne aux alentours. Personne pour me voir. Je reste assis à côté d’elle et je l’admire, encore et toujours. J’aimerais parler, dire un truc, mais quoi ? Je sais. Je pose ma main sur son épaule en murmurant un « Hey… » et elle tourne sa tête vers moi. Je reste con. En fait, je mate ses lèvres. Je rêve d’y déposer les miennes, là, maintenant, tout de suite. Mon visage s’approche doucement mais je me retiens. C’est physique, purement physique. Ce sentiment vient de quelque part, mais d’où ?
Ma main s’attarde sur son épaule et disparait derrière son dos. Je me surpris à glisser mes doigts sur sa peau, derrière et murmurer un bref :
 
« Tu sais… ce genre de petit accident, c’est douloureux, mais ça passe. » Hésitation. « J’ai déjà chuté d’un cheval. C’est… c’est moche. » Ma main reste dans son dos et remonte vers la nuque. J’ai envie de passer un bras autour de ses épaules et la ramener tout contre moi. Parce que tu as mal. Ta jambe te fait mal. TU as envie de hurler tellement c’est douloureux. Mais je ne fais rien. Je tourne la tête vers toi et je te regarde. Ton visage, encore et encore. Tes cheveux ne sont plus aussi bien coiffés qu’avant. Ils tombent devant tes yeux, ce qui te donne un air un peu sauvageonne.
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Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] Empty
MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyMer 22 Oct 2014 - 23:08

« Marcus est un idiot de bas étage… il me gonflait, et toi aussi. J’en ai fais mon affaire, la preuve. J’ai fais exactement ce que tu voulais : je l’ai envoyé se faire foutre. Et puis, ça fait un moment que je voulais l’envoyer à la niche. Ce n’était… qu’un simple prétexte. »

Je ne sais pas ce que c’est que cette histoire de niche. Je ne comprends pas très bien à vrai dire, mais tout ce que je sais c’est que ça m’agace parce que je suis une Khi, et que les Khi quand on les baise on va à la « niche ». On nous prend donc pour des pestiférés. Je sais que ma confrérie n’a pas beaucoup de succès. Je sais aussi que c’est à moi de redorer le blason, maintenant, et c’est très, très loin de me rassurer. Parce que je ne sais pas si je serai capable de tenir tête à une confrérie adverse composée de gens suffisants et bêtes, et malgré ce que tu dis le prétexte, ben je ne le digère pas tout simplement. Je tire sur ma clope un peu nerveusement, un peu trop peut-être parce qu’elle se finit trop vite. Alors j’en rallume une autre. Je voudrais seulement que tu dégages. Je VEUX QUE TU TE BARRES. Parce que je ne veux ni de la pitié, ni du mépris, je ne veux rien de toi, je n’attends rien, je n’espère rien. Ou du moins est-ce ce que je crois quand je te regarde, parce que je veux te mépriser de toutes mes forces après la phrase que tu as sorti à ton pote Marcus, là. Tous des décérébrés. Je HAIS les Rho Kappa. Je hais Trevor Seyton, je hais ce Marcus inconnu, je hais tous les types qui ont ri de moi quand je suis tombée, effondrée de douleur et je te hais toi parce que tu en es le chef, et c’est interdit pour toi de me parler pas vrai ? Toi tu tournes la tête, tu regardes un peu ailleurs avant d’envoyer un texto. Ah, c’est ça ? C’est ça pas vrai ? Sûrement une autre fille que tu as repéré, hein ? Je te vois venir, tu sais. T’es comme les autres, tu veux me baiser parce que j’ai une jolie poitrine, des fesses fermes grâce à la course et un visage assez sympa à regarder. Toi tu ne vois rien derrière, t’es comme ce gros connard de Seyton qui m’a faite boire, qui m’a donné envie de me vomir dessus en sortant du lit de ce putain de love hôtel, parce que j’avais besoin de sauter quelqu’un et qu’au final ma farce a eu un goût doux-amer. Parce que je ne me suis pas respectée moi-même. Quelque part je me déteste. Parce que j’ai été idiote, et orgueilleuse.

Je me sens encore plus idiote maintenant parce que même si je suis furieuse ton regard me dévore, tes yeux, là, qui ne me regardent plus ça me rend folle. J’aimerais que tu continues à me détailler plus longtemps, même si j’ai conscience que c’est juste physique, tout ça, ça ne veut rien dire absolument rien, que tu m’auras une nuit pour mieux m’oublier ensuite. Sauf que moi je ne pourrais pas. A cause de tes yeux. A cause de ton corps élancé, à cause de tes rires et de ton visage de tombeur, tu en as parfaitement conscience pas vrai ? ça me défrise, ça m’énerve, ça me gonfle alors je maintiens une mine boudeuse, je fais la gueule parce que je te veux alors que je sais que je ne dois pas, parce que je vais m’en bouffer les doigts, parce que je vais en souffrir. T’es comme les autres, tu ne fais pas partie de cette confrérie pour rien, t’es comme les autres. Un sale con. Un putain de gros sale et horrible con. C’est tout ce qui peut vous définir vous les Rho Kappa, des types qui ont foutu leurs neurones dans leurs muscles et qui sont donc, en conséquences, de jolis mômes sans cerveau. Tu es sans conteste le plus beau de la bande. Mais tu es peut-être aussi le plus débile. Pourquoi je suis toujours attirée par les consanguins, moi ? Je ne sais pas, et ça me débecte. Tu te mets derrière moi, assis sur les gradins et moi ça me soulage un peu comme ça tu ne vois pas comme j’ai envie de te bouffer du regard. OUF. Respire Héra.

ET COMMENT RESPIRER ? Non je crois vraiment que j’ai oublié comment on fait quand je sens ton souffle chaud à mon oreille, quand je sens tes doigts toucher une mèche de mes cheveux pour la ramener derrière mes oreilles. Toi je te tourne le dos, et heureusement parce que je suis toute rouge putain, une vraie adolescente et c’est MAL. Mal de me laisser avoir par une phrase prononcée, murmurée contre mon oreille, par ton timbre grave et chaud du sud, je me déteste ET TOI AUSSI JE TE DETESTE PUTAIN. Tu me rends faible. Je ne veux pas être faible, jamais.

« Tu es un peu tendue là… tu cours depuis combien de temps au fait ? Une petite heure. C’est chiant de courir non ? …Tu as chaud là non ?

- Ou… Ouais un peu.

NON EN VRAI JE CREVE DE CHAUD, DEGAGE. C’est le premier truc que je pense, parce que ce n’est pas le soleil qui me fait transpirer tout de suite, tu vois ? Pas le soleil, c’est toi, toi et ta voix, toi et tes doigts qui me frôlent, tu joues avec moi comme un chat avec une souris, seulement tu vois ? Je suis déjà entre tes pattes et j’essaye de m’échapper. Laisses-moi m’enfuir. Tu es comme les autres, tu me désires, un peu comme un trophée mais ce n’est pas ça que je cherche, pas ça, je ne veux pas. Moi tout ce que je veux c’est un peu plus, quelqu’un qui m’aime. Pour ce que j’ai dans ma cervelle et pas uniquement pour mes dents bien alignées, pour mon sens de la répartie et non pour mes fesses ou mes seins. Mais toi tu ne connais pas cet aspect de moi, tu ne connais que mon regard sévère et mon joli corps et tu me dragues, ouvertement. J’ai envie de m’énerver mais tu vois, le problème c’est que ça marche parce que t’as pas eu beaucoup à faire pour que je t’appartienne, Siegfried Wade, pas beaucoup, seulement un regard brûlant dans la glace, un regard piquant dans les toilettes des filles et quelques mots de haine jetés de ta voix grave pour que je comprenne que cette voix, j’aurais aimé l’écouter plus souvent, peut-être au creux de mon oreille en fond sonore d’ébats langoureux, dans ma chambre d’internat. NON. Ne pense pas à ça Héra, n’y pense pas. Parce que c’est tout ce qu’il veut, c’est tout ce dont il veut profiter, de ton corps et ça ne doit pas se passer comme ça. Si tu veux m’avoir il va falloir que t’en chies un peu, tu vois ? Même beaucoup. Parce que même si tu m’attires, même si j’ai envie de te répondre, non, je ne le ferai pas, parce que je ne suis pas aussi simple à obtenir qu’on peut le croire, quoi que te dira Seyton, quoi que peuvent te dire les hommes. J’ai repoussé l’Australien, Zacc en début d’année, parce que je ne suis pas une pute, j’en suis pas une, on pourra dire ce qu’on veut. Et parce que ce n’est pas ça que je veux avec toi, Wade. Pas du tout ça même.

. « … je meurs d’envie de te faire un massage à l’eau de source, mais j’ai peur de m’en prendre une. Héra. »

…clairement je ne t’en mettrais pas une, mais je ne veux pas. Je me tourne pour te regarder mais je garde le silence, un peu plus calme. Tu sors ça à combien de filles par jour, Siegfried ? Arrêtes ça immédiatement. Parce que ça marche, parce que c’est la première fois que tu me parles et j’ai un peu la trouille, beaucoup même. Parce que parfois, la nuit, je sens la pression de mes mains sur ton corps, je sens tout ce que ça implique, je vois ton sourire se dessiner près du mien, tes lèvres me murmurer des choses dont je ne me souviens plus le matin venu. Mais des choses que je n’ai absolument pas envie d’oublier. Et ça… je sais que c’est pas ton délire. T’es connu comme le loup blanc à Wynwood, l’un des Rho Kappa qui pêche au filet et pas à la ligne, tu vois ? Tu collectionnes les bombes dans ton plumar comme un philatéliste collectionnerait ses putains de timbres, et moi je ne veux pas être une pièce supplémentaire à ton trophée. Mon regard croise le tien. Et je te jette un regard sévère. Non. Tu ne m’auras pas. Tu pourras tendre tous les pièges que tu veux, tu ne pourras jamais m’avoir comme ça, parce que je vais résister, mon grand, crois-moi je vais résister.

« D’ailleurs… on ne s’est jamais parlé, si ? Tu connais mon prénom. »


J’ai un petit sourire en coin. C’est une question piège mais dans mon cas la réponse est toute fixée déjà. Est-ce que tu peux en dire autant ?

« Tu as une sacrée réputation. Tu tabasses les membres de ta propre confrérie, tu dragues tout ce qui porte des mamelles et j’ai même entendu dire que tu avais une relation avec le médecin scolaire. »


Tu sais, le type pour qui apparemment tu as enfoncé ta fourchette dans la main d’un garçon à tête de rat, un Rho Kappa lui aussi. Normalement tu n’as pas le droit de faire ça si ? Les confréries, c’est une grande famille, on y touche pas. Et toi pourtant tu l’as fait quand même, pourquoi ? Tu sais, ton regard, je ne peux pas l’oublier. Tu as des yeux qui brûlent. Des yeux tellement expressifs. Ils m’évoquent un coucher de soleil, parfois un incendie. J’essaie de les regarder des fois, mais c’est dur lorsque ton regard n’est pas posé sur moi. On pourrait lire dans ces yeux. Même si j’ai du mal à décoder parfois, et c’est un peu ce qui m’inquiète. Parce que je ne sais pas à quoi tu joues. Il y a ta peau aussi, magnifique, bronzée aux couleurs chaudes du soleil, ta voix qui sussure, un timbre du sud et ton corps, ton corps taillé pour la course, tout en muscle et en finesse que je regarde sans retenue lorsque tu as le dos tourné. Tu es omniprésent et pourtant je ne sais strictement rien de toi, absolument rien, je ne sais pas si tu es riche ou pauvre, pourquoi tu es ici, ce que tu veux faire dans ta vie, quel genre de famille tu as eu, je ne sais rien, tu n’es ni un ennemi ni un ami seulement un être étrange qui déambule dans mon esprit quand vient le soir et que je m’allonge, un verre de vodka dans la main, pour m’endormir d’un sommeil sans rêves. C’est toi que je vois derrière mes paupières. Ça me tend de penser à tout ça, je suis tendue parce que je me sens vulnérable. J’ai besoin d’un verre. Ça y est, ça me reprend. L’effet du manque se fait ressentir, cruellement et j’ai les mains qui se mettent à trembler. Je prie pour que ça ne se voit pas. Parce que je ne suis pas alcoolique, juste fatiguée et ça me remet un peu d’aplomb, c’est tout. Je n’ai pas de problème particulier, d’accord ? Tout va bien, je vais très bien, je me sens parfaitement d’aplomb, hm ? Je me tourne à nouveau vers toi parce que j’adore te regarder, même si tu es derrière moi. Et je me sens déjà un peu plus calme. Beaucoup plus calme même je dirais. Ça fait du bien de se reposer un peu hein ? J’appuie un peu la glace sur ma cuisse. Ça fait vraiment très mal. Je crois que ce n’est pas seulement un claquage mais une déchirure. Si c’est le cas je suis bonne pour boiter pendant deux bonnes semaines. Et pas question de porter des talons aiguilles. Ça m’énerve rien que d’y penser. Non faut pas que ça soit ça. Pense à autre chose. Pense à autre chose Héra, ne t’énerve pas. Regarde ses yeux. Il me semble qu’en regardant ses yeux je peux rapidement me calmer. Peut-être un peu trop rapidement. C’est une fascination que je ne m’explique pas. Est-ce qu’elles ont ressenti ça les autres filles ? Ta blonde, elle ressent ça elle aussi ? Même si je ne la vois plus. Je préfère ne pas tirer de plans sur la comète. Cette fille. Je ne la connais pas, mais je ne l’aime pas, c’est aussi simple que ça.

« Et toi ? Comment tu connais mon prénom ? Parce que je suis du genre discrète moi, je n’enfonce jamais ma fourchette dans la main de quelqu’un. »


Comment tu sais comment je m’appelle ? Quelle renommée as-tu pu me donner ? Je suis du genre passe partout moi. Qui aurait pu te parler de moi ? Ce gros con de Seyton ? Probable. Parce que je ne vois personne d’autre. Pourquoi tu connais mon prénom ? Je t’intéresse, peut-être. Ferme-la, Héra, juste ferma la parce que tu es ridicule, absolument ridicule. J’attrape la bouteille que tu m’as passée sur la cuisse. Et j’en bois trois longues gorgées, pour effacer la sécheresse qui colle ma bouche depuis que tu es arrivé. Tu m’énerves, Siegfried, parce que si tu me tentes trop je vais craquer. Et je ne veux absolument pas le faire, tu comprends ?

*******

Je regarde par la fenêtre. Comme c’est mignon. Le texto de Siegfried me fait rire alors que j’étudie mes ordonnances dans mon bureau. Castrer hein ? Oui, tu sais ce que c’est maintenant, Cassandre me faisait le même effet. Aza a tendance, lui aussi, quand il me regarde un peu trop. Je tapote un SMS à mon tour en regardant de nouveau. Visiblement la jeune fille s’est calmée, elle boit une gorgée d’eau et lui parle. Allez, courage moussaillon, tu vas peut-être réussir à mettre dans ton lit une jeune fille magnifique. Parce que la petite Delacroix, c’est une belle jeune femme, on ne peut pas le nier. Un bouton de rose. Un peu trop belle pour toi, peut-être, tu vois ce genre de femme ça sort avec des mannequins. Mais il faut l’avouer, tu te débrouilles bien.

« Dur hein ? Mais essaie de lire entre les lignes. Observe la façon dont elle te regarde. »


En fait je suis loin tu vois. Mais je sais qu’elle te bouffe des yeux. Rien qu’à voir comme son cou est tendu pour t’écouter parler.
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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyLun 20 Oct 2014 - 23:37

Sa main s’est posée sur sa cuisse tandis que l’autre appose la bouteille d’eau contre sa peau fine et délicate. Cette proximité le faisait frissonner, mais c’est sans compter cet air sévère qui dardait le jeune homme de toute part. « Même quand elle a mal, cette fille ne perd pas la face. Elle est forte. » Pensa-t-il, fasciné. Il lui parle en un français chaud, elle lui répond avec des mots froids comme de la glace. . « Merci. Par contre tes potes là, ils vont se faire foutre. Ils m'approchent pas. ». « Non, non ! » répond-t-il, amusé. « Ne t’en fais pas pour ça… » Il baisse les yeux, comme électrisé par ses yeux bleus si froids. Elle s’est fermée comme une huître… mais au moment où le froid se répand dans ce claquage, elle semble légèrement s’ouvrir. Un soupire s’échappe de ses lèvres. Siegfried eut du mal à ne pas l’imaginer toute nue. Garde la tête froide. Fais comme si elle n’est qu’une blonde parmi d’autres. Ce n’est qu’une blondasse superficielle comme Jennifer Wilson. Oui, comme Jennifer. Elle t’a rejeté, alors toi tu l’ignores, comme si elle n’était qu’une simple brique : Rien de plus, rien de moins que toutes celles qui constituent ce grand mur que tu regardes. T’as juste envie d’en prendre une et de l’a lancé à la prochaine bouffonne qui osera déverser une bouteille d’eau sur ta tête.
Faire comme si, faire comme si ! C’est facile de se dire ça ! Surtout quand le médecin scolaire jette un coup d’œil curieux vers le terrain de sport pour constater que le français a fini par saisir une opportunité qu’il n’osait pas réclamer.
Siegfried n’échange plus de regard avec Héra. Il prend peur : si elle lisait le désir qu’il ressentait à l’instant pour elle, que dirait-elle ? Sans doute une connerie, une moquerie, n’importe quoi. Bref, plutôt s’occuper de sa cuisse, plutôt que tenter le diable. Ces choses là devaient aller en douceur. Et bon, elle avait d’autres choses à penser sans doute, sa cuisse en premier. Il se surprend vouloir la caresser cette cuisse mais ses attentions ne seraient-elles pas mal interprêtées ? Si. Elles sont tellement belles ces jambes. Longue. Fine. Toutes les filles qu’il voit défiler dans Wynwood ont ces jambes là, les Eta iota en première. Soignées, belles, douces. Celles de Jennifer Wilson par exemple : il adorait les regarder quand ils faisaient du jogging ensemble, mais ce n’était qu’une simple œuvre que l’on regardait les premiers instants et que l’on oubliait une fois le plaisir fâné. Celles d’Héra avaient quelque chose en plus qui émanait d’elles pendant que la digne propriétaire marchait dans  les couloirs de l’école. Cette manière de marcher, comme si l’école lui appartenait, comme si personne ne pouvait la déloger de son trône, comme si… comme si quelqu’un se retrouverait foudroyait s’il osait lever les yeux sur elle pour la dévisager de trop prêt !
 
Je m’en rappelle de la première fois que je t’ai vu. C’était il y a plus longtemps qu’un mois. La rentrée sans doute, mais tu n’étais encore qu’une ombre. Je n’avais pas encore découvert l’ampleur du plaisir que tu m’offrais. Depuis combien de temps as-tu quitté notre patrie raffinée pour ces bouseux ? Tu devais être là l’an dernier… mais je ne pouvais pas encore t’avoir vu, car les cours, l’année dernière, je les désertais. Aussi, je ne sais pas que tu es à peine arrivée en juin car moi, ce qui se passait à l’école, je n’en avais rien à foutre. J’avais fait une demande pour entrer chez les Rho Kappa sans vraiment y croire, persuadé que je resterais une type sans importance toute ma vie. Mais voilà, en Amérique, il n’y a que les gagnants qui percent. Les pauvres choisissent d’être pauvres, alors ils sont laissés pour compte. Je pensais encore en faire partie lorsque je fus accepté dans cette confrérie. C’est sans doute la seule et unique opportunité qui s’était offerte à  moi, sans quoi je raserais les murs à l’heure qu’il est.
Je ne sais pas comment, mais ma timidité a fondu comme neige au soleil. J’ai commencé à aller vers les filles. Je les invitais. Je les regardais. Je leur parlai. Et je leur souriait. Je ne sais pas comment je les regarde mais je pense qu’elles apprécient, car elles rougissent. Alors je suis confiant. Beaucoup d’entre elles sont passés dans mes couettes – que je change quand Ollie vient dormir, question de principe. – et une fois la friandise avalée, elles n’ont plus aucun gout, alors je les laisse partir pour aller vers d’autres. Je suis devenu… un tombeur ? On me dit que je le suis. C’est comme une seconde nature. Je joue de mes origines à moitié languedociennes pour les attirer. Peau hâlée, regard brulant, accent ardent. Ca a fonctionner une première fois avec Jennifer Wilson, alors pourquoi pas d’autres ? Elle a été une première, mais pas la dernière. J’ai passé l’été sur la plage et dans les bars pour me faire la main, mais nul besoin d’entrainement. Une seconde nature m’a hâppée. Au fond, je n’ai jamais été timide, parce que je sens que « quelqu’un » m’a donné ce don là, plaire aux filles et les charmer. Un italien parait-il. C’est ce que mon « père » m’a hurlé en me foutant une deuxième baffe qu’il dédiait à ce « sale rital de mes couilles ». C’est cliché je le sais bien, mais ça vient peut-être de là.
Je pensais ne plus être timide, mais c’est sans compte ta présence à toi, là dans ce long couloir jalonné de casiers. Je venais chercher hâtivement mes affaires de maths à une minute de l’horaire. En retard, pour pas changer. Ca emmerde mes proches mais bon, je suis toujours ralentit. J’avais à peine fermé la porte de mon casier que j’ai entendu le claquement de hauts talons retentir sur le sol. Pure curiosité, je tournais la tête et je t’ai vu là, marchant droit devant toi, l’œil fixé sur un objectif que personne ne voyait. Je n’ai pas immédiatement aperçu ton visage. Ta démarche a suffit à détruire ma confiance en moi. Je n’ai pas osé regarder à qui appartenait ces deux jambes superbes. Je savais seulement que la fille en question devait être sacrément belle. Tu marches comme un mannequin. Mais des mannequins il y en a tellement… ! Je n’en connais pas les noms et je m’en fiche : elles sont justes bonnes sur un podium et une fois disparue, on en oublie le visage. Mais toi non. Tu es… la seule parmi d’autres figures de la mode qu’on n’oublie pas car si des mannequins, il y en a des dizaines et des milliers, y’en aura toujours qu’une seule pour personnifier la beauté elle-même.
J’ai osé lever la tête, mais tes yeux m’ont, semblent-ils, foudroyés d’un éclair bleu. Tu m’es apparu très proche et pourtant insaisissable. Je me suis surpris à baisser les yeux comme « avant ». Tu m’as intimidé. Alors j’ai pris mes affaires et je me suis barré, te laissant croire que je ne voulais aucunement que tu m’approches. T’es une Khi, je le sais, alors dégage. C’est ce qu’on penserait en me voyant fuir comme ça, mais la vérité est toute autre. Je ne pense pas que tu m’ais aperçut mais moi je t’ai vu.
 
Il ose. Elle lui répond. Mais quand elle dit « qu’elle va marcher », il ne peux s’empêcher d’être déçu. Il n’en montre rien car il a ce quelque chose du Pi Sigma qui ne montre rien de ses véritables sentiments.
Il se dit qu’il aurait pu faire partie de cette confrérie mais mis à part faire le beau dans un miroir, il ne voyait pas en quoi faire partie de cette assemblée de beau gosse était reluisant. La beauté, on ne l’acquiert pas en se mattant dans un miroir, mon gars, mais en travaillant son corps. Le sport lui insufflait sa musculature modérée et son endurance. C’était toute une philosophie de vie. Pas de clopes. Peu d’alcool –Seulement un verre de vin aux repas et une fête arrosée d’alcool par semaine-, pas d’excès. Parce que chez les pi sygmla, y’a de l’alcool à profusion. Rien que d’entendre le petit Paytah : il parait qu’on a pas le droit de boire du jus de fruit lors des fêtes ? Sérieusement ? Et s’il a envie de boire une bouteille de jus de pomme hein ? Franchement, le con qui a osé sortir une telle ânerie comme quoi les meufs  aiment les mecs bourrés, c’est vraiment un crétin intersidéral. Non, l’alcool ne fait pas tout. Non, la drogue n’est pas une solution. Chez les Rho Kappa, nul besoin d’en faire trop. Il y a déjà le corps et un état d’esprit singulier. Ils sont sportifs et ça, ça plait aux filles. Parce que franchement, essayez de courir après avoir bu dix littres de bière ou en fumant trois paquets par jour. Vous suffoquerez aux premiers efforts. Avant même d’avoir terminé votre premier tour de stade, vos jambes s’arrêtent, criant au supplice. Et tout ça pour quoi ? Pour l’alcool… et la clope. Et ça c’est censé plaire aux filles ? Non, non, le corps en pleine santé, ça c’est de la sécurité. Et le sien, à part quelques soirées arrosées, rien à signaler.
Nul besoin d’être un stupide Pi Sygma pour dissimuler ses sentiments de déception. Mais déjà elle continua. Siegfried sourit doucement à son adresse. « Mais je vais avoir besoin d’un coup de main. Merci Siegfried. ». Par-fait. D’ailleurs, il ne fit pas le surpris lorsqu’il entendit son prénom dans la bouche d’Héra. Juste amusé. Tu connais mon nom, et moi, je connais le tien. Cela le réchauffe… mais il se dit que son pétage de plomb d’il y a quelques temps, n’y est pas pour rien. Il ne se fait pas d’illusion et la laisse mettre son bras autour de son épaule. Son bras à lui passe autour de sa taille et l’aide à marcher. Leurs corps sont accolés ensemble. Il sentirait pratiquement son cœur battre. Sentait-elle le sien qui battait fort, fort, fort ? Il s’emballe de contentement car ils sont si proches. Et il a chaud aussi, chaud de savoir qu’elle acceptait son aide. Il pourrait matter son superbe décolleté mais il ne le fait pas. Par respect et sans doute par peur d’être jugé sévérement. Son autre main s’est posée sur son poignet qui repose sur son épaule et qui s’agrippe, comme si elle avait peur de tomber. Il s’adapte à son rythme et l’aide à monter quelques marches de l’escalier jusqu’à ses affaires. Il fait tout pour ne pas abimer... un peu comme une figurine en résine, fragile et douce. Sa bouche ne parle pas car bon, il n’ose pas parler. Pas oser parler ? Quel étrange sentiment il retrouve… la timidité ? Non, l’embarras car la crainte qu’elle ne devine que sa présence lui fait des guilis dans son bas-ventre lui tenaille l’estomac.
Elle se pose, alors qu’il prend soin à ne pas la lacher trop tôt. Assise, elle semble aller mieux. Il aimerait engager la discussion, mais que dire, que faire pour ne pas l’embêter ? Il n’en sait rien. De toute manière, Marcus revient avec la glace. Enfin. Le chef des Rho Kappa se tourne vers lui et lâche un « C’est bien mon chien. Obéissant. ». Marcus grogne mais ne répond pas. Il se contente de regarder la jeune fille et de lui tendre la glace. Mais elle lève les yeux et montre les dents.
 
« J’en veux pas de ta glace gros con. TIRE TOI ! » crache t-elle. Sa main balaye celle qui lui propose la glace. Siegfried regarde l’échange et devine que les insultes proférées il y a un petit instant l’ont sans doute blessées. Il y avait de quoi. Il se sentait pris entre deux chaises. Il ne voulait pas choisir entre la fille et sa confrérie. Autant se saisir des deux. Oui, les deux. Marcus réplique, la voix pleine de sous-entendus qui ne plaisent guère au chef de confrérie, présent à ses côtés. Se tailler une place de chef est difficile, surtout lorsque le chef en question n’est pas encore considéré comme tel.
 

« « Ecoute moi bien la tête d'ampoule, c'est pas pour toi que je le fais. ça serait que de moi je te baiserais et tu crèverais après, promis. »
Ho. Voyez vous cela. Le jeune français lève la tête vers lui et se levait au fil de ses paroles. La jeune fille portait encore ses lunettes de soleil. Mais Siegfried savait que son regard glacial menaçait de transformer ce type en vulgaire iceberg pour le tailler en glaçon en forme de cafard. Ouai voilà. T’es un cafard. Pour eux deux, tu n’es rien de plus. Siegfried lui jette un regard brûlant de colère et répond à la place de sa jeune amie :
 
« « Ho, tu veux baiser une Khi Omikronne. Bravo, puceau, je te félicite. T’sais bien que c’est interdit ça. Alors pour la peine, tu passeras la nuit A LA NICHE. Allez dégage. » Sa voix se fait ardente. Il ne quitte pas le type des yeux. En apparence, ce n’est qu’une règle qu’il applique sans réfléchir, à la manière d’un Emeric qui abuse de sa supériorité. Mais au fond, le but est tout autre. D’ailleurs, un frisson le parcoure lorsqu’il lache le « A la niche ! ». Que c’est bon le pouvoir. Lui, n’a jamais eu à faire la niche. Et en voir d’autres là bas lui donnait une dose de… de… d’excitation. Car lui, il n’ira jamais là bas. Puis, c’est une manière de prendre la défense d’Héra, bien que ses paroles puissent être mal prises sur le coup. Marcus tente de lui répondre mais la voix de Siegfried retentit assez fort pour que les autres Rho Kappa l'entende bien « DEUX nuits à la niche si tu ouvres ton claque merde encore une fois. » Les autres rigolent. Parce que la nuit de la niche, c’est pas hyper agréable pour soi. Mais sur les autres, c’est juste excellent. Chez les Rho Kappa, la formation est difficile. Il faut laisser toute fierté de côté car la vie, cette pourriture, cette salope des bas-fonds de l’existence, prend un malin plaisir à vous surprendre et vous humilier avec un plaisir malsain. A cela, une solution : jeter la fierté et rester humble. Les coups seront moins fort et avancer paraitra plus facile. Pas le temps de se vexer. Y’en a déjà pas assez pour construire quelque chose de bien, alors le perdre en boudant dans son coin, merde alors.
Ils se marrent. Encore. Et Marcus part non sans jeter un regard assassin à la jeune Khi Omicron et traiter  son mentor de « Gros con. ». A cela, il sourit. Oui, c’est un gros con, et alors ? Il sent une main furieuse lui arracher la glace des mains. Hum… ce geste brutal signifie sans doute que tu  n’es pas contente, hm ? Le jeune homme se tourne vers elle, un air surpris sur le visage. Sans doute qu’il ne s’attendait pas à cette colère de la jeune fille. Mais si, il s’y attendait un peu. Mais ce qu’elle ne devine pas, c’est que cette lueur glaciale qui apparait lorsque ses longs doigts fins arrachent ses lunettes de soleil pour laisser apparaitre ses deux iris, ces deux iris là, oui, les deux qu’il commence à regarder, comme fasciné, hé bien, c’est de ça qu’il est surpris. Il se laisse happer.
« Interdit » hein ? On a quoi les Khi, dis-moi ? Un cerveau ? ça vous fait si peur que ça l’intelligence ? »
 
Il ne répond pas, il reste juste debout comme un con, à la regarder. Ses yeux colériques le fixent lui. Un sentiment de vertige  lui prend les tripes. Il était obligé de la regarder, il ne pouvait s’en défaire de ce regard. On aurait dit qu’elle lui jetait des couteaux pour mieux le crever. Elle continue de proférer sa colère attisée par la douleur et sans doute, la rancune contre un crétin de Rho Kappa comme lui. Il y avait de quoi. Mais… au  moins elle lui parlait. Elle était là, devant lui et elle parlait, s’adressait à lui.
Qu’il aurait voulu lui dire à quel point elle se trompait. Qu’il ne méprisait aucun Khi, mais qu’il se contentait de faire ce que d’autres RK faisaient. Pour entrer dans ce moule et ne plus se faire jeter. Trey l’avait déjà féliciter à ce sujet. Mais au fond, il n’avait rien contre les KO. Bien au contraire… un cerveau, c’était utile, surtout si l’on met un tas de muscle à côté. Elle continue.
 
« Et dis moi, Trey Seyton il a pris combien de nuits de « niche » pour avoir enfreint la règle hein ?! VOUS ME FAITES CHIER. »
 
Il s’est assis à ses côtés et s’était sentit baisser les yeux. Rien, aucune agressivité de sa part ne répondit à cette violence soudaine. Non, plus l’étonnement. Trey avait couché avec un Khi ? Ho… avec… avec elle ? Et il n’était pas au courant. Non, bien sur, sinon le RK se serait pris une belle petite soirée  dans une petite niche, avec un petit collier autour de son petit cou, relié à une petite chaine. Hé bien…
Il ouvrit  la bouche répondre, mais se tut. Il ne savait pas quoi dire. Un air embêté arrangea ses traits pourtant  si détendus. Il ne voulait pas enfoncer le clou davantage. Et puis, ils étaient seuls. De loin, on pouvait certes les reconnaitre, mais voilà, il ne faisait que lui parler. Personne ne lui tomberait dessus. Siegfried soupira et regarda autre part. Il répondit simplement :
 
« Marcus est un idiot de bas étage… il me gonflait, et toi aussi. J’en ai fais mon affaire, la preuve. J’ai fais exactement ce que tu voulais : je l’ai envoyé se faire foutre. Et puis, ça fait un moment que je voulais l’envoyer à la niche. Ce n’était… qu’un simple prétexte. »
 
Oui, un simple prétexte. Et il voulait lui montrer son autorité. « Là, vois-tu comme je sais commander ? Je suis chef. Mais quand je vois tes yeux, je pense que je pourrais t’obéir au doigt et à l’œil. ». Il fuit son regard. Il n’ose pas affronter ses yeux de glace. Il détourne la tête, cela lui donne un air rêveur.  Puis, il n’ose pas la souiller de ses yeux de pouilleux. La situation d’Héra lui revient en tête. Qu’est ce qu’un idiot comme lui ferait avec une fille pareille ? Putain, elle devait avoir du fric à claquer. Son père devait sans doute la présenter à toutes les caméras d’un air fier. Regardez, c’est ma fille, et le premier connard qui l’a touche, j’en fais mon affaire. Elle est belle car elle a mon sang. Regardez ces yeux, regardez ces jambes !
Non, il ne l’a regarde pas. Il se contente de prendre son portable, l’air de rien, comme si les paroles de la jeune fille ne l’atteignaient pas. Un texto de Kyle. Le contenu le fait rougir de plaisir et d’embarras. Prendre son courage à deux mains ? Ha ha ha. Il sourit un peu et répond immédiatement.
 
On dirait qu’elle va me castrer.
Elle est impressionnante.
 
Ceci faisant, il parla enfin. Sa voix ne laissait rien transparaitre, du moins, il l’espérait. Il voulait racheter son crédit auprès d’elle. Lui dire qu’elle se trompait sur toute la ligne. Lui montrer qu’il n’y avait pas que ses  seins dans son champ de vision. Il mourrait d’envie de lever les  yeux vers elle et lui parler. Lui dire qu’elle était magnifique, même en jogging et que tout ceux qui l’accablent d’insultes sexistes ne sont que des idiots aveugles. Mais il n’ose pas, bien au contraire.
Elle fume une clope, tire dessus, le regard fulminant. Certains seraient partis, mais lui il reste. Il veut rester. Il recule d’un pas devant son « VOUS ME FAITES CHIER » tonitruant mais reste avec elle. Mieux, pour qu’elle ne remarque pas son air fasciné, il s’est levé, soupirant et s’était assis une rangée au dessus d’elle. Là, comme ça, elle ne verra rien. Elle souhaite sans doute rester toute seule mais c’est pas possible. Vu l’état de sa jambe… il se promit de l’accompagner à l’infirmerie. Mais voilà, le regard moqueur de Kyle  et ses boutades risquées ne l’encouragent pas vraiment. Plus tard, plus tard. Pour le moment, il faut déjà lui donner envie à la jeune fille de le suivre jusque là.
Il se penche à son oreille et commence à lui murmurer, un sourire amusé aux lèvres. Il a une idée et franchement, il serait bête de ne rien tenter. Allez…elle est là, juste là et il fait l’effarouché.
 
« Tu es un peu tendue là… tu cours depuis combien de temps au fait ? Une petite heure. C’est chiant de courir non ? » D’une main presque hésitante, il remet une mèche blonde derrière l’oreille de la jeune femme, car les événements l’ont un peu décoiffé. Il sourit doucement, oubliant qu’un peu plus bas, il y a une poitrine qu’il aurait volontiers mater si la fille n’en valait pas la peine. « Tu as chaud là non ? ». Il y a une bouteille d’eau qu’il aimerait ouvrir pour en glisser quelques gouttes sur sa peau mais il n’ose guère aller de l’avant. Pas comme avec les autres. Une voix amusée. « … je meurs d’envie de te faire un massage à l’eau de source, mais j’ai peur de m’en prendre une. Héra. »
 
Il adorait prononcer prénom. Il avait l’impression de dire un mot inconnu  au commun des mortels, une formule qui le projetait dans un état proche de la transe. Ce prénom divin.. il aimait l’utiliser comme ça, pour rien.
 
« D’ailleurs… on ne s’est jamais parlé, si ? Tu connais mon prénom. »
 
Pas d’étonnement dans sa voix. Ce n’est qu’un moyen tranquille d’engager la conversation. Elle aura beau crier contre cet imbécile de Rho Kappa, il restera inébranlable. La colère n’est qu’un feu que seul le calme peut éteindre. Il sourit un peu, toujours derrière elle. Alors, comment ces deux jeunes ont-ils fait pour connaitre leurs prénoms sans n’avoir jamais parler ? Il garde ses mains chez lui bien qu’il meure d’envie de l’a toucher. Non, pas encore.
Ta peau… elle est blanche. Mais je veux voir les autres couleurs que tu dissimules.
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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptySam 18 Oct 2014 - 0:30

Salope et autre pute. Voilà les noms qu’on décide de me donner. Je me retourne pour fusiller ces connards du regard et leur faire un petit doigt d’honneur. Toi, t’as le dos tourné, tu ne le vois pas. Tu ne te retournes que lorsque moi-même je décide de me reconcentrer sur ma cuisse douloureuse, impuissante. je HAIS les Rho Kappa. Parce que ces sales types sont des persécuteurs. Parce que oui ils me trouvent bonne. EH LES MECS. Je vous rappelle qu’un de vos type m’a prise pour une Eta Iota, hein. Et je l’ai tellement baisé. Il a pas eu l’air de s’en plaindre hm ? Alors quoi vous êtes jaloux ? J’ai envie de me lever pour leur mettre une calotte. Il n’y a rien de plus humiliant que ça : se faire insulter par de gros beaufs quand on est incapables de faire quelque chose. Parce que si je m’étais levée les mecs, vous auriez pleuré vos mères, paroles. Parce qu’en matière de répartie je suis vraiment bonne. Mais la douleur me bloque, elle me fait monter les larmes aux yeux. Putain. De merde. Je suis trop conne. Je m’échauffe toujours d’habitude. C’est de TA FAUTE. Toi le joli brun à l’accent du Sud, filiforme et magnifique, c’est de ta faute, parce que j’ai manifesté un peu trop d’intérêt pour ta jolie petite gueule plutôt que pour mon entraînement. Je me sens tellement débile. Voilà, ça me servira de leçon. Tu ne peux pas toucher à l’interdit, Héra, même si cet interdit a un regard fascinant. Même si tu l’as croisé, ce regard, avant de partir courir, là à l’entrée du terrain au milieu de la foule. Tu aurais pu lui dire quelque chose, même un « salut » mais non, parce qu’il est parti un peu trop précipitamment avec ces gros couillons de Rho Kappa. J’ai. Les. Boules. Voilà. Et j’aurais volontiers pleuré sur le sol trop dur si une voix n’avait pas retenti dans ma langue natale, tout près de moi. Une voix chaude. Comme le soleil. L’accent du sud, ça ne peut pas me tromper. J’aurais envoyé se faire foutre n’importe qui qui aurait osé s’approcher de moi dans cet été. Surtout un Rho Kappa. Mais là dans l’instant présent, je suis prise de mutisme. Comme à chaque fois que j’entends le son de ta voix retentir dans les couloirs, même si c’est en anglais. Moi je m’en fous parce que je l’entends, tu vois, je l’entends, et ça me fait un peu sourire, même si tu es avec des cons, même si tu es avec la blonde. D’ailleurs je ne te vois plus avec. Mais ça n’a pas d’importance. Pour l’instant, ta voix elle me ferait presque oublier la douleur. Et puis, du français, enfin du français au milieu de tous ces américains que je ne supporte plus. Hé, tu viens me sauver, dis ?

« Ce langage ne te convient pas vraiment… »

Je redresse la tête. Oh putain. OH PUTAIN. Il est là. Juste à côté de moi. En fait, Siegfried Wade n’a jamais été aussi près de moi que depuis notre première « rencontre » : son pétage de câble dans les toilettes. Il me surplombe, debout, avec une bouteille dans la main. Wouaouh. Nom de nom. Je le regarde fixement pendant de longues secondes, muette, totalement muette. Ça n’a pas l’air de le déranger des masses parce qu’il se penche vers moi et me parle de nouveau. Moi je ne réponds pas, je ne réponds juste pas. Bon, déjà parce que j’ai mal, ensuite parce que je suis de très mauvaise humeur, enfin parce qu’il a beau être en tenue de sport, ce mec est CANON ou je ne m’y connais pas. Et encore, canon c’est pas top comme description. Il est beau, voilà. Je dis rarement d’un homme qu’il est beau. Je peux dire « mignon » « craquant » « motocultable » mais pas souvent « beau ». Parce qu’il m’est très difficile de trouver quelqu’un beau déjà. Vraiment beau. Sans rien à redire. Lui il me cloue, juste avec les yeux il me cloue, et je suis obligée de rendre mon regard un peu plus sévère pour ne pas me retrouver conne, juste conne à le regarder comme une vulgaire adolescente aux hormones tellement débordantes que ça leur sort par le nez sous forme de sang. Je vaux mieux que ça. Alors pour me calmer, je me dis que t’es un Rho Kappa. Toi aussi tu aurais pu rigoler. Pourquoi tu ne l’as pas fait je sais pas. Mais tu ne l’as pas fait. Tu ne l’as pas fait et moi je te remercie, intérieurement parce que même mes yeux ne me trahissent pas. Toi tu reprends la parole, visiblement ignorant que là dans mon bide ça joue au yoyo et que si ma main elle est aussi crispée sur ma cuisse ce n’est pas UNIQUEMENT parce que j’ai mal, tu vois mon grand ?

« C’est tout ce que j’ai pour le moment. Un des idiots du groupe est allé chercher de la glace à l’infirmerie. Laisse-moi faire. »

Le contact de la bouteille froide me fait immédiatement du bien. Je soupire de soulagement. « Merci. Par contre tes potes là, ils vont se faire foutre. Ils m'approchent pas. » ils se prennent le pochon de glace dans la gueule s’ils s’approchent, promis je le leur fais bouffer. Je soupire de contentement. La douleur s’estompe un petit peu, mais pas suffisamment. Mais je m’en fiche, je m’en fiche parce que ta main elle a seulement frôlé ma cuisse. Et tes yeux. Arrête de me regarder. Arrête. Je soutiens ton regard même si j’ai toutes les peines du monde à le faire. Mes yeux sévères te laissent comprendre que tu ne dois pas profiter de la situation. Aussi beau que tu puisses êtres. Tu es un con de sportif, un con de sportif, comme Trey, un putain de con de sportif. Je ne peux pas te faire confiance. Je décide à l’instant de rester méfiante. Je ne dois pas me faire avoir. Parce que tu vois je suis un truc en cristal, moi. Je soigne toute mon apparence au milimètre pour ne pas montrer ce qu’il y a à l’intérieur, la vraie jeune fille que je suis sous ce corps parfait, sous la couche de maquillage, sous ces dos nu que je ne porte jamais pour ne pas montrer les deux marques rondes, marrons, que j’ai dans le dos. Mon père c’est le seul cadeau qu’il m’a offert, un jour de Whisky. J’appelais ça comme ça. Quand je venais chez lui pour quelques jours, il enchaînait les jours de Whisky. Il se mettait devant la télévision, souvent devant du football et il buvait. Il vidait la bouteille de Jack en une soirée, et il se mettait à dormir. Moi ? Moi j’allais me coucher souvent sans manger lorsque la femme de ménage n’était pas là. Les pétasses de mon père n’ont toujours affiché à mon égard qu’un mépris évident, c’est pas elles qui m’auraient fait à manger. Après tout j’étais la fille d’une mannequin, de l’ex-femme de leur « mec ». Et pire encore pour elles, j’étais jolie. Il en changeait toutes les semaines. Elles me détestaient toutes, et je le leur rendait bien. Moi j’avais dix ans, le chagrin sur les prunelles. Mon frère seize, et il faisait le mur chaque soir pour s’enfuir des griffes d’une famille qu’il ne supportait plus. Je l’ai tant supplié de m’emmener. Il ne l’a jamais fait. « Va te coucher Héra. Là où je vais, les petites filles n’ont pas leur place. Je reviendrai pas trop tard. » il rentrait vers minuit. Et il s’allongeait à côté de moi, dans mon petit lit jusqu’à ce que je m’endorme. Il sentait la clope, et autre chose. La beuh. Je ne savais pas ce que c’était à l’époque. Tu sentais juste mauvais mais je m’en foutais parce que tu prenais ma petite tête blonde dans tes bras et je m’endormais automatiquement. Le soir où je reçus les crampons dans le dos, j’ai cru que vous alliez vous entretuer. C’est la bonne qui a appelé la police. Et c’est mon père qui s’est fait péter la gueule par son propre fils. Ça n’a pas fait de bruit dans les journeaux. Mon père avait assez de contacts pour couvrir cette humiliation.

Le pire ? C’est que ma mère ne demanda pas la garde exclusive. Elle voulait quand même son temps libre. Elle nous laissait avec un alcoolique qui se foutait de nous. Mais elle ? C’était exactement pareil.

La richesse ça ne veut rien démontrer, tu vois ? J’aurais préféré avoir moins d’argent, mais des parents qui m’aiment, et qui m’auraient appris la valeur de chaque chose. Moi je claque le fric sans compter, sans même regarder le montant, ce que je veux je l’ai. Tout simplement. J’ai longtemps pris les hommes comme ça. Sauf que toi je te veux. Et je me fais violence pour ne pas lutter et t’avoir. Tu es dangereux, pour moi, toxique parce que ça me chamboule, parce qu’avant je courrais dans les parcs pour ne pas voir la sale gueule des RK, mais toi tu fais exception. Tes yeux bruns me fixent, mais fuient parfois mon regard, et je ne sais pas bien pourquoi. Parce que j’ai toujours eu la mine un peu sévère, peut-être. C’est ma protection, ma défense. Tu sais ce que c’est, être une femme, Siegfried ? C’est ne pas pouvoir s’habiller comme on veut, raser les murs la nuit quand on veut rentrer chez soi, c’est devoir refuser au moins dix invitations plus ou moins édulcorées à baiser. Etre une femme c’est devoir subir le regard des hommes. Voilà pourquoi mes yeux indiquent un refus catégorique, même quand quelqu’un m’intéresse. Toi, tu me fascines et c’est ça qui me fait peur. Je ne veux pas tomber dans ce genre de spirales, j’ai assez de problèmes pour ça. L’alcool, les médicaments, mes études et Kris qui me lâche, parfois pour traîner avec un type bizarre aux grands yeux noirs. Celui qui s’est battu avec toi apparemment. L’ennui c’est que je suis tiraillée tu vois. Parce que ta voix elle murmure, c’est une mélopée descendante, des mains elles sont puissantes, ton corps musculeux à cause du sport. Tu sais que je te regarde à la dérobée toute la journée ? Parce que tes yeux brûlants ils ne m’ont jamais quittée. Je me réveille parfois avec leur ombre derrière mes paupières, parce que maintenant je rêve de toi et c’est tellement ridicule que j’efface tout ça de ma mémoire pour la journée. La sensation brève de tes mains sur ma peau. Je préfère oublier ça parce que je ne t’ai jamais parlé jusqu’à maintenant, je ne te connais pas et on ne devrait pas échanger comme ça. C’est de la fascination enfantine, c’est tout. Parce que j’adore ton sourire. Il y a beaucoup de choses que j’adore. Ton air un peu mélancolique quand tu es assis sur les gradins tout seul alors que je cours, pour attendre tes potes. Je pense que c’est ça. Que c’est pour ça que tu es tout seul, un besoin de t’isoler non ? Moi quand je cours ça me fait tout oublier. Ça me fait oublier les difficultés, ça me fait oublier que je n’ai pas de nouvelles de mon frère depuis deux mois. Ça me fait oublier que je vis ma vie n’importe comment et que je pourrais crever très vite si je continue à picoler ce que j’ai picolé, tu vois ? Et les mélanges c’est pas bon mais j’en fais tout le temps, pour dormir. Pour oublier que je ne devrais pas être la chef de ma confrérie, je ne devrais juste pas en fait. Je n’ai ma place nulle part ici. Je ne suis sportive que pour mon corps. Je ne supporte pas les filles superficielles et sans cervelle même si j’en ai le physique. Ces écolos végétaliens me font bien rigoler, les cons. Je n’ai aucun talent artistique. Il me restait les Khi. Pour prouver que j’avais de la valeur autrement. Mais même là dedans j’ai échoué. Et il n’y a personne pour me sortir de là, tu comprends ? ça se fend si vite, une coquille. Et je refuse que tu continues à mettre des coups de pied dedans malgré toi. Je voudrais que tu partes. C’est tellement plus simple quand je te regarde de loin. Tu n’es qu’un fantasme. Là, c’est du concret, du beaucoup trop concret. Je ne veux pas avoir affaire avec un type qui a tout le profil de mon ennemi juré. Trop fascinant, et trop gentil aussi quand sa main se pose avec douceur sur ma cuisse pour appliquer l’eau froide sur le claquage. Et puis tu reprends la parole.
« Hem… si tu veux, je peux te porter jusqu’au gradin au lieu de rester ici, sous ce soleil de plomb. Qu’en penses-tu Héra ?

- Je vais marcher, mais je vais avoir besoin d’un coup de main. Merci Siegfried. »

Je ne sais pas comment tu connais mon nom amis moi aussi je connais le tien, vois-tu ? Je passe un bras sur ton épaule et cahin caha, je fais quelques pas douloureux en direction des gradins. M’assoir c’est un soulagement. Et oui, oui oui je connais ton nom et je ne te dirai pas comment si toi tu ne me le dis pas. Hé, pas mal pour une fille de footballeur hein ? C’est un peu le comble pour moi de me faire un claquage en courant. Mais bon il y a une chose que j’ai hérité dans ses gènes : je simule très bien. Il y a un moment de silence alors que la bouteille reste posée sur ma cuisse. Moi j’attends la glace en fait. Et elle arrive à grand pas, portée par l’un des types qui s’est ouvertement payé ma gueule au moment où je suis tombée. Il s’approche, en roulant des mécaniques, il me jette un regard suffisant. Je repousse la main tendue, furieuse. Enculé, casses-toi.

« J’en veux pas de ta glace, gros con. TIRE TOI. »

Mais le mec il me regarde comme si j’étais un insecte sur un pare brise, à écrabouiller. Il mate mes seins aussi, l’évidence est frappante. Oui, j’ai un débardeur décolleté, gros connard, est-ce que ça te donne pour autant le droit de mater, espèce de PUTAIN DE GROS PORC ? Non, t’as aucun droit mais toi tu te renfrognes et tu répliques, visiblement très agacé qu’une Khi te tienne tête. C’est bien mec, tu es parfaitement bien rentré dans le moule de l’enculé de RK de bas étage. DEGAGE TA SALE GUEULE DE CONNARD.

« Ecoute moi bien la tête d'ampoule, c'est pas pour toi que je le fais. ça serait que de moi je te baiserais et tu crèverais après, promis. »

QUOI ? Fils de pute. Je fais mine de me lever pour t’en coller une mais ma cuisse tremble et je retombe, un peu comme une merde. J’ouvre la bouche pour dégager un flot d’insultes histoire que tu rentres chez toi habillé au chaud pour l’hiver, avec tous les accessoires, t’inquiète, mais toi tu ricanes, pauvre mec tu ricanes, en te payant ma gueule parce que je suis incapable de me lever et j’ai envie de te foutre mon talon aiguille dans l’œil. NOM DE DIEU. Je préfèrerais être moche, si tu savais, ça m’éviterait ce genre de commentaires. Vous vous en foutez de ce que j’ai dans la tronche, hein ? Vous vous en foutez. Vous c’est mon corps qui vous intéresse. J’ai envie de vous massacrer, seulement de vous massacrer. Mais une voix retentit. Siegfried, assis à côté de moi, regarde son camarade froidement.

« Ho, tu veux baiser une Khi Omikronne. Bravo, puceau, je te félicite. T’sais bien que c’est interdit ça. Alors pour la peine, tu passeras la nuit A LA NICHE. Allez dégage. »


QUOI ? Je te jette un regard furibard. Je ne prends pas tout de suite conscience que tu prends ma défense. J'ai juste entendu « baiser » « khi omikronne » « interdit ». Et niche aussi. Le mec ouvre la bouche pour répliquer mais Siegfried le devance en lui coupant la parole. « DEUX nuits à la niche si tu ouvres ton claque merde encore une fois. » Le type fait demi tour non sans m’avoir adressé un regard venimeux et avoir marmonné « gros con. » en direction du jeune homme. Ah, bien joué capitaine. Je fronce les sourcils et je t’arrache la glace des mains. Furieuse. Tu vois, je ne m’étais pas trompée. Sous tes airs de jeune homme attendrissant, beau et surtout à l’écoute, t’es juste un putain d’enfoiré sans cervelle qui « a l’interdiction de baiser des Khi Omikron ». Non, là ce coup ci j’ai les nerfs. Vous vous prenez pour qui bande de fils de pute ? Je reprends la discussion mais dans un bon français parisien, et avec l’accent s’il vous plaît.

« « Interdit » hein ? On a quoi les Khi, dis-moi ? Un cerveau ? ça vous fait si peur que ça l’intelligence ? »

Gros con, t’es comme les autres toi, il n’y a qu’à voir les filles avec lesquelles tu t’affichais, des gonzesses sans cervelles que tu as jetées, ou qui sont parties en voyant qu’elles pouvaient passer un doigt par ton oreille, et le faire ressortir par l’autre sans rencontrer de matière entre les deux hein ? Je fouille dans mon sac à la recherche d’une clope. JOURNEE DE MERDE. Je savais que j’aurais dû me mettre une murge dans ma chambre au lieu de revenir ici. Je suis seulement une pauvre nana trop naïve, tu vois ? J’ai un sourire narquois, parce que là ça me démange, tout simplement.

« Et dis moi, Trey Seyton il a pris combien de nuits de « niche » pour avoir enfreint la règle hein ?! VOUS ME FAITES CHIER. »

Si je pouvais je me lèverais et je me casserais mais je ne peux pas bouger pour le moment alors je me contente de me retourner, et de faire la gueule. Je savais que ça allait arriver ce genre de trucs. Interdit hein. Interdit. PAUVRE MEC VA. Non là pour le coup j’ai la haine. Je tire sur ma clope. Casses-toi. C’est bon, tu ne vaux pas mieux que les autres.

****

« Monsieur, il me faudrait de la glace pour une conn… Une fille qui s’est blessée sur le terrain de sport.

- Hm. Qu’est-ce qu’elle s’est fait exactement ?

- Un claquage je crois.
- Bouge pas. »

Je me penche et je sors une poche de gel glacé d’un congélateur prévu à cet effet. Une fille hein ? Il n’y a pas beaucoup de filles qui courent à cette heure ci. Je jette un coup d’œil par la fenêtre. De là où je suis, je peux voir le terrain, pas trop loin. Il y a une jeune blonde sur les gradins. Je ne peux pas trop voir sa silhouette, mais pour l’avoir vue courir assez souvent, je sais qui c’est. La petite Delacroix. Et à côté ? AHAHAH. Bingo. Ça me fait sourire parce je l’aurais parié. T’as envoyé un larbin faire le boulot à ta place pour chouchouter cette petite. Et aussi pour ne pas avoir à subir mon regard moqueur. C’était prévisible à dix kilomètres. Je tends l’objet au jeune homme qui n’a pas l’air ravi de faire le boulot de son chef de confrérie. Petit con. Oui, c’est gratuit. Au milieu des Rho Kappa, je n’en aime que deux véritablement. Il y en a un qui doit être en train de sécher, pour changer. L’autre presse un objet sur la cuisse de la fille en attendant que la glace arrive. Bien joué. Lorsque le jeune homme s’en va, je tire mon portable de ma poche. Et j’envoie un sms, c’est plus fort que moi. Bravo Sieg, bonne pioche. Ce claquage c’était peut-être un gros coup de bol.

Alors, Dom Juan, tu t’es décidé à prendre ton courage à deux mains ? Félicitations.
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MessageSujet: Re: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyVen 17 Oct 2014 - 14:29


 Les songes.
Ces fameux songes qui le terrifiaient depuis maintenant plus d’un mois. Ils s’étaient calmés, certes, mais « l’affaire Azraël » provoqua de nouvelles peurs nocturnes. 
Les songes. Ces songes qui font peur.
Ils s’insinuent dans le quotidien sécurisant et s’emparent de la méfiance endormie par ce sentiment de sécurité que l’on ressent lorsqu’on se pose dans le canapé ou que l’on fait sa vaisselle après avoir mangé. Ils viennent lorsque l’on est seul dans un cadre pourtant si familier. On ne se méfie pas lorsque la main droite frotte l’assiette tenue dans la main gauche. C’est un geste simple et quotidien. L’estomac plein a calmé la faim ressentit lors des derniers instants du cours de mathématiques. Le soleil brille encore mais devient d’un rouge sang lorsqu’il franchit l’horizon. La nuit avance et le jour recule. C’est dans l’ordre des choses de rentrer chez soi et se reposer. La porte  que l’on ferme sur la rue n’est qu’un rempart contre les ombres vicieuses menaçant d’envahir un doux foyer. Home. Sweet. Home. Ces doux mots qui provoquent un sentiment de confort et de sécurité. Ces trois mots censés rassurer un Siegfried apeuré par de récents événements. Des mots creux qui ne veulent plus rien dire car ce soir, comme tous les autres soirs, les ténèbres envahissent de lourds délires oniriques.
Rien ne peut se passer. C’est le moment de la vaisselle, la dernière corvée avant de pouvoir s’allonger dans le canapé et d’allumer la console. L’eau chaude caresse ses mains qui s’activent sur les ustensiles de cuisine à présent propres. Maintenant que tout est nettoyé, c’est le moment de se replonger dans les déboires de l’enfant de dragon parcourant tout Tamriel pour résoudre les mystères des dragons. Les talents d’archery ont presque atteint le niveau 100. Encore un peu d’effort et le talent d’archery n’aura plus aucun secret pour lui.
Les yeux se ferment. Non, courage. Encore un peu. Vise quelques bestioles de loin. Le mode furtif augmente plus vite le niveau d’archery. Non, les yeux se ferment. Bon, faisons une pause. La manette posée sur la table, elle attend d’être reprise en main. Malheureusement pour elle, la partie est terminée car Siegfried, endormit par les nuits courtes peuplés de cauchemar, a cédé à la fatigue.
Malgré la peur qui l’étreint au réveil, le corps réclame un peu de repos. Allongé dans le canapé, il somnole, espérant qu’enfin les rêves l’épargnent pour cette fois. La musique de Bordeciel le berce doucement. C’est un son agréable et paisible qui ne présage en aucun cas du son terrible de cette voix susurrante et vicieuse au possible qui siffle dans l’oreille de Siegfried. Il sent ses yeux s’ouvrir sur le coup de la peur et, tandis qu’il tente de se débarrasser du poids lourd qui l’écrase, une main- non deux !- s’empare de ses deux poignets tremblants pour l’immobiliser. Sans réfléchir, il tire sur ses poignets, pour se défendre, le repousser, le cogner ! Mais la poigne est forte et tout ce qu’il récolte est un sentiment d’impuissance. Il ouvre la bouche mais une autre main se plaque sur ses lèvres. Pas de cris, rien. Mais son corps, saisis par la peur et la crainte d’être tué une nouvelle fois, se soulève, glisse sous le poids lourd de l’homme qui le terrifie tant. Aucun son ne sort de sa bouche… Il lève alors la tête et regarde le « visage » de l’homme. Rien, pas de visage. Pas d’expression rien du tout, juste… deux yeux terribles qui le dardent. Siegfried serre les poings et se rend compte que les mains qui le tiennent, sont remplacées par des cordes qui serrent, qui serrent, de plus en plus impossible à rompre. Un grognement sourd tente de s’échapper de ses lèvres mais rien ne sort. L’homme le fixe avec des yeux avide de sang et de larmes. Comment as-t-il pour rentrer chez lui ? Comment as-tu fais pour t’échapper de ta cellule ? Pourquoi est-tu revenu ? Laisse-moi tranquille !
Mais il se penche au dessus de lui, près de son oreille, et tandis qu’une fine lame se promène sur sa peau déjà meurtrie, une voix de serpent siffle à son oreille, comme un avertissement.
 
Si je m’en sors crois moi… je ferais tout pour te retrouver, fils de pute, je sais où t’habites !
 
Non ! Ses jambes sont de plomb. Son corps aussi. Puis un éclair d’argent brille dans la nuit. Une lame que deux mains tiennent dans la pénombre et qui fuse à toute vitesse en plein dans son…
         Cri –A-t-il vraiment crié ?- et sursaut. Il s’est réveillé dans son lit, postré dans un coin du lit. La sueur a déposé une fine pellicule sur sa peau durant ce songe terrible. Personne ici. Personne qui retient ses mains tels des liens de chairs et de force. Il se redresse en tremblant et d’un geste mécanique, essuie ses yeux humides. Lorsqu’il pose son pied par terre, il le sent tremblant au contact du sol. Une porte s’ouvre et il se lève, se retourne et fixe le nouvel arrivant. Ce n’est pas un rêve ! Quelqu’un est entré dans la maison et va vraiment l’assassiner !
- Tout va bien ?
Voix de Jey. Ce n’est que lui.
« Je t’ai entendu crier. 
- R-Rien. Tout va bien…
- Très bien… »
Jey le regarde, inquiet, mais hausse les épaules et sort de la chambre. Tout va bien pour Siegfried. Ce dernier se recouche en se dissimulant dans les couvertures. 4 heures du matin. Si au moins c’était le matin, mais non. Un risque de se rendormir et de rencontrer cette âme plus noire que tout dans ses rêves. Pitié… faites que cela s’arrête. C’est épuisant de dormir puis de se réveillé ainsi. Chaque soir, il luttait contre le sommeil jusqu’à les une heure ou deux heures du matin pour céder et se réveiller trois quatre heures plus tard. Ce n’était pas des nuits ça. Si seulement il pouvait s’endormir sans ces horribles rêves. Ho mais c’était possible bien evidemment. Il fallait simplement demander au médecin le plus proche. Et lui donner ce qu’il attend depuis maintenant un bon moment. Le dossier médical. Oui. Ce dossier médical qui relatait ses rares séjours – mais Ô combien intenses- à l’hôpital. Ces feuillets qui trahirait son triste crime. Ces rapports insensibles, témoin d’un échec cuisant et d’une perte douloureuse.
Il reposait dans son bureau, bien dissimulé dans l’ordre de ses affaires de classe, entre le cahier d’histoire géo et le classeur de littérature anglaise et américaine. Il le pensait mieux ici qu’entre les mains de Kyle mais à force de passer des nuits de plus en plus courtes, il songeait davantage à céder enfin à ses demandes de plus en plus pressantes. « Tu es obligé de me rendre ce dossier Siegfried. Je serais capable de te faire virer du lycée rien que pour ça. Fouiller dans les affaires de l’infirmerie n’est pas permis, vois tu ? » « Je te le rendrais, ne t’en fais pas. Mais pas de suite. » « Et quand alors ? » « Bientôt, bientôt. ». Triste tentative pour retarder l’échéance. Mais le médecin n’est pas con lui. Non. Patient, mais pas bête pour un iota. C’est ainsi qu’il y a quelques jours, lorsque Siegfried est venu le supplier de lui donner des somnifères, l’anglais a profité de cette faiblesse pour réclamer le dossier. « Dossier contre cachets. Ca me parait honnête. ». Le français, furieux d’être mis au pied du mur, sortit en claquant la porte, épuisé. Si c’est ça, il faudra résister à la pression et tenir le coup en attendant que les cauchemars ne cessent. Le constat n’est guère affriolant puisqu’ils deviennent de pire en pire.
Cette pensée lui tord l’estomac. Allongé sur le dos, il tente tant bien que mal d’échapper à l’emprise du « monstre » qui n’hésiterait pas à exécuter ses menaces oniriques. Le français soupire, heurté à un cruel dilemme dont l’issue irait en la faveur de l’infirmier. « Putain d’enfoiré… tu sais très bien que je suis épuisé. Tu penses que tu m’auras à l’usure, hé bien soit, tu as raison : Tu le sais que je vais te le donner ce dossier de merde. Et qu’est-ce que tu vas y trouver, hm ? Des preuves vers l’ineluctable vérité. Tu vas tout lire et deviner ce qu’il s’est passé. Pourquoi penses tu que je te cache cela ? Une fois que tu l’auras lu, tu… »
Interruption. La pensée même l’insupporte.
« Que penseras tu de moi ? Me confieras tu encore Ollie après coup ? J’ai des doutes. Et actuellement, c’est de vous deux dont j’ai le plus besoin. C’est viscéral. Alors… alors je ne sais pas. Mais il le faut bien. Il me faut des cachets parce que l’angoisse me gagne toujours plus sans que je ne puisse l’arrêter. Certes, éveillé, elle sera toujours là, moins forte jour à après jour, mais elle est reste. Mais il faut que je dorme car je finirais par perdre la raison. Je suis épuisé. Donne moi ces cachets. »
Il a gagné…
 
Dans la journée, il se rend à l’infirmerie et, enfin, Kyle obtient ce qu’il veut. Il lui tend mais à peine eut-il amorcé un geste pour le prendre que Siegfried le met hors de sa portée. Ses cernes se sont agrandis et ses yeux trahissent clairement l’état de son sommeil. « Tu ne lis rien avant novembre. Tu le prends, mais tu ne le lis pas. Ou mieux. Tu peux le faire mais fais semblant de ne rien savoir, si t’y parvient. Je le fais parce que je suis épuisé. Je ne tiens plus, c’est trop difficile. Alors donne moi ces somnifères… » Cela ressemble vraiment à une supplique. L’homme le fixe et va chercher quelque chose dans son armoire qu’il finit par lui tendre. « Cadeau. » Siegfried prend la boite et la regarde. Une boite pleine de nuits complètes, enfin… il a un soupir de soulagement. S’il n’avait pas peur d’un retour de manivelle brutal, il l’aurait enlacé avec force mais vu les réactions irrationnelles de Kyle pour le moindre contact physique, il se contente d’un bref « Merci. ». M’enfin… si Kyle lui en fout une assez forte dans la tronche pour l’assommer, cela remplacerait vite les cachets. Mais c’est un peu douloureux tout de même.
« Tu restes un peu ? » demande le médecin. « Hum… ». Oui, une hésitation. Parce qu’en ce moment Kyle est curieux. Pire, il est clairvoyant. Son expérience lui permet de remarquer certaines petites choses chez le jeune français dont il n’a absolument pas conscience. Ces questions tombent à n’importe quel moment : les fois où il reste manger par exemple et que la discussion embraye sur les matches de basket. Parce que maintenant que les blessures se sont refermées pour de bon, il peut reprendre le sport. Courir après un ballon avec une côte fêlée, c’est pas bon pour la santééééé… ! Et bon, il s’entraine à faire une nouvelle passe afin de marquer un panier. C’est la stupeur lorsqu’il entend un « Ha oui, j’ai vu comment tu fais. Pas mal pour impressionner les filles… ». Regard circonspect. Quoi ? Le français fronce les sourcils, pensant qu’il se fait des idées puis hausse les épaules et renchérit un peu. « Bah ouai, le basket, c’est fait pour ça aussi. ». Bon, il se fait des idées. Mais voilà, les matches deviennent de plus en plus fréquents. Lui qui n’apprécie ce sport que par petite dose, il y va de plus en plus. Et le Kyle en profite pour rajouter : « C’est devenu un lieu de rendez-vous ce terrain, dis-moi… » « Je ne vois absolument pas ce que tu veux dire. » « A d’autres. ».
Puis la bibliothèque. C’est pas un lieu qu’il fréquente en général. Pas du tout même. Mais il y a tellement de livres et de connaissances à acquérir dans ce monde. Pourquoi ne pas profiter de cette terre sainte intellectuelle ? « Ah. C’est sur que t’as la tête de quelqu’un qui aime se cultiver. ». Brève rougeur. Non, je ne rougis pas, il fait chaud c’est tout, d’accord ? Hmm, hmm.
Il rumine. C’est simple, il est agaçant. Aussi, lors de l’une des pauses café, tous deux discutent de choses et d’autres et alors que Siegfried tourne la tête vers le terrain de basket, il clos la conversation avec un « Il va falloir que j’y aille. Le match va commencer. » « Je croyais que ce n’est qu’à Une heure ? Il est Midi et quart, tu sais pas lire l’heure ? ». Silence. Okay, là c’en est trop. Ce naif de français rétorque un peu trop vivement que « non, aujourd’hui, ils commencent plus tôt et puis il faut qu’il aille vérifier dans les vestiaires que truc et machin ont… » « Ho s’il te plait Sieg. Pas à moi ! ». Okay, bon, d’accord.
Oui alors, tous ces petits moments là, où l’anglais titille un peu ce petit cachottier de français, découlent d’un je-ne-sais-quoi qui perturbe de plus en plus le quotidien du jeune homme. Il ne sait pas pourquoi, il ne sait pas pour quelle raison.
Mais ELLE l’obsède. Oui. ELLE.
 
Elle. Cette perfection. Celle qui fait vibrer l’air d’une hormone à faire pâlir de jalousie une rangée de filles orgueilleuse. Siegfried ne connait pas son prénom mais il pense à un nom de déesse. « Quelle bombe.. » souffle certains garçons sur son passage. Mais non, pas lui. Le français n’aime pas ce genre d’appellation. Sensible à deux langues maternelles chaudes et raffinées, il préfère la qualifier de « courtisane ». Ce mot que l’on  utilise pour les prostituées de rang social élevé, Siegfried lui en donne une autre valeur : la courtisane, c’est bien cette jolie femme que les hommes approchent pour sa beauté non ? Après tout, cette fille-là, on pourrait la confondre avec une pute, puisqu’elle est jolie. Une jolie femme, par définition, c’est une pute.
Non, le terme  « courtisane », ne la qualifie pas bien, malgré son physique d’Eta Iota. En est-elle une ? Peut-être, peut-être pas. Mais il faut avouer qu’elle a tout pour attirer le regard de Siegfried, lui qui a un faible pour les blondes. Plus encore que celles qu’il a déjà approché, les cheveux de l’inconnue semblent absorber le soleil presque comme s’il en était l’essence. Fins et si doux en apparence, l’envie d’y plonger ses doigts le titillent. Droits. Lisses. Légers comme des plumes. Sont-ils aussi chauds qu’ils ne le paraissent ? Sans doute. Dans tous les cas, ils doivent être plus chaud que ces yeux bleus si froids. Si… francs. Et autoritaires. Très autoritaires. Ils vous défient de lui adresser la parole, ne serait-ce qu’une seule fois, sans avoir demandé l’autorisation. Son regard dissuaderait quiconque de l’aborder. Elle n’a pas le temps car sa démarche est rapide, bien qu’hypnotisante. Son allure fière le brule sur place. Il aimerait la regarder plus longuement mais la perspective d’être glacée par deux saphirs gelés l’en dissuade. C’est une dame. Non, une reine intransigeante comme Didon, la souveraine qui gouverna si bien Carthage qu’elle fut aimée de tout son peuple.
Siegfried n’est pas homme à se laisser intimidé par une fille. En théorie. Afin d’éviter de montrer à tous le contraire de cette théorie, il regarde autre part et fait mine de ne pas la remarquer comme s’il ne s’agissait que d’une illusion et qu’elle n’avait aucune raison d’exister ici-bas.
Ta place n’est pas ici-bas, mais bien sur l’Olympe.
En fait, je cherche trop loin. Tu es une divinité, tout simplement.
Une divinité dont le vernis est bien trop brillant pour être réel. Ta perfection n’est qu’un rideau…
 
« Mais pourquoi elle t’a tapé dans l’œil alors que, visiblement, tu ne l’as connais même pas ? » « Elle est blonde ? » « Aborde là » « … non. » « Pourquoi ? » « T’es de la police ? » « Tu parles de tes conquêtes normalement, dragueur de pacotille » « … quand je te posais des questions, tu ne me répondais même pas ! ».
Et ils continuaient. A chaque réponse évasive, Siegfried s’enfonce en pensant dissiper les doutes mais pour quelqu’un d’aussi amoureux, il est aisé de retrouver le même mal éprouvé. Il suffit d’avoir été atteint d’une maladie quelconque pour en reconnaitre des symptômes chez les autres, même si ces derniers ne sont conscients de rien du tout.
« Tu m’agaces » dit-il en prenant ses affaires. « Je sais. » répond Kyle, moqueur. Siegfried sort de l’infirmerie, réalisant à peine que le vieux a raison. Amoureux ? Il n’en savait rien, mais il y avait bien une raison pour laquelle il ne parlait pas de cette fille. Tout simplement parce que depuis une semaine, il fait des rêves, mais d’un tout autre type. Des rêves si perturbants qu’il bien soin de les cacher. A moins qu’il n’y ait des télépathes dans l’école, personne ne s’en doutait. Pas même Kyle. Du moins, il l’espérait parce que pour lui-même, c’en était à rougir comme une écrevisse lorsqu’il y repensait dans la journée. Mais à quoi rêvait-il donc ?
A ce regard sévère oui. Ces deux yeux clairs comme la banquise de l’Alaska prêts à le geler sur place comme un vulgaire bout de viande à congeler. Cet air de femme d’affaire qui émasculerait une armée de gladiateur à elle toute seule. Ces yeux qui imposent une espèce de respect. « Demande d’autorisation à vous regarder, capitaine. » « Autorisation rejetée, pouilleux. ». Et ce regard, c’est pratiquement en rêve qu’il l’a déjà rencontré. Les pilules cédées par Kyle ont un effet bénéfique sur son sommeil. Le soir où il avala la première, Siegfried se sentit effondré dans les minutes qui suivirent. Douze heures de pur repos. Un sommeil sans rêve, du moins presque. Car le Sieg a si bien dormi au petit matin, qu’il referme les yeux immédiatement, bien reposé. C’est juste fantastique. Le corps le remercie par un sentiment de repos complet, ce dont il n’a plus gouté depuis des semaines. Son esprit commence à naviguer, petit à petit, puis une brève chaleur se réveille sur son bas-ventre. Voilà un bout de temps qu’il n’a plus pris plaisir, puisqu’Elena, son ex, a préféré partir, persuadée que ce type n’est qu’un enfoiré. Hey, la Fawn veux plus me voir. Y’a plus d’actualité là putain. Bref. Plus d’Eléna. Mais il peut très bien recourir à ses besoins tous seul. Par conséquent, sa main posée sur le bas-ventre, glisse à l’intérieur du caleçon, et au contact, il réalise que son érection matinale avait le mérite d’être évidente. Comme il était passé pro à la discrétion, ses doigts commencèrent le massage de haut en bas.
Et son esprit commence à s’imaginer de langoureux scénario avec une blonde aux yeux bleus –puisque ces espèces rares sont celles qui le charment le plus- Une blonde assise sur lui, à califourchon en le fixant d’un œil sévère. Elle continue, tandis que sa propre main continue ces mouvements répétitifs et de moins en moins retenus. Les images deviennent de plus en plus clair et lorsqu’il sent l’éjaculation, il réalise que ce n’est pas n’importe regard qu’il a imaginé dans fantasme.
Il a bien imaginer cette fille là sur lui ? Bon dieu… un embarras colora ses yeux comme si la fille en question saurait dans l’immédiat qu’un gars comme lui ait osé l’imaginer elle dans une posture aussi dégradante. N’empêche… il ne se retint pas de recommencer. Mieux, il l’imaginait bien la dominer de toute sa hauteur. Hé oui, c’est un homme, il en a le droit. D’accord ? Très bien.
 
Fuck.
Il se réveille en sursaut. Un horrible sursaut désagréable, mais cette fois-ci, ce n’est pas « l’homme en noir » cauchemardesque dont il rêve non. Les somnifères lui mènent la vie dure. Mais autre chose d’encore moins agréable. En y repensant, Siegfried se cacha sous les couvertures, espérant du fond de lui que personne ne saura jamais ça ! C’est trop embarrassant, trop dégradant pour qu’il parvienne à l’avouer à une oreille attentivement perverse. Et la goutte d’eau déborde lorsque sa main vérifie à taton que son corps n’a rien concrétiser. Ha si. Finalement, il y aura plus qu’une « goutte d’eau » si vous voyez ce que je veux dire. Parce que son sexe, là, il est rempli, gorgée de désir et de honte à lui en faire mal putain. Mais y’a quoi dans ces putains de somnifères de MERDE ? Du viagra ? Non, impossible, Kyle, lui ferait jamais un coup pareil, il est trop coincé pour ça. Et du viagra dans une école, c’est pas le top, surtout pour un type de 43 ans qui s’envoie en l’air avec le gosse de 20 qui partage sa chambre. Sa carrière serait ruinée.
Revenons ’en à ce cauchemar – Oui, pour le moment, c’est un cauchemar. Malgré l’évidence même d’un plaisir refoulé qui se dresse entre ses jambes.-. C’était clair. Précis et si embarassant qu’il tenta de fuir les images. Mais à vouloir fuir, on se fait poursuivre. Et voilà, toute une journée où il se força à se pencher sur les cours. S’il laissait son esprit divaguer, il craignait que cela ne se voie, ici-bas. Bon dieu… ! Et il y parvient. Il est le premier à passer au tableau pour résoudre les maths. Même la prof est stupéfaite mais contente. Elle le regarde un peu trop insistante aussi… hey… y’a un problème ? Quoi ? J’ai une érection ? C’EST PAS VRAI ! Non pas d’érection. Siegfried a fini son raisonnement devant toute la classe. La trigonométrie c’est son truc de toute manière et la prof le félicite. C’est bien, il aura au moins pensé à autre chose que…
Il y a penser.
Arrêtez avec ces images, c’est tellement malsain qu’il en pleurerait de douleur si c’était possible. Mais ça serait nier l’évidence du plaisir ressentit. Non, il ne faut plus y penser. Vous rendez-vous compte de ce qu’il se passerait s’il analysait plus en profondeur ? Ca serait une catastrophe.
Et maintenant que le fantasme s’installe dans son esprit, il sera dur de l’en ôter toute la semaine. Le lendemain, lorsque la prof de maths lui redemande de faire un exercice, il s’excute de mauvaise grâce et se trompe sur toute la ligne. Bah, qu’est ce qu’il se passe ? Hier, tu as fait un travail parfait et aujourd’hui, plus rien. J’ai pas envie, c’est tout. Bon bah tant pis…
Le rêve revient, revient au galop et plus il s’impose, plus Siegfried le rejette et puis il le rejette et plus il lui colle à la peau. Ces grands yeux autoritaires, cette bouche qui formule des ordres claquants, cette main qui empoigne ses cheveux mi-longs un peu trop durement… non, arrête, t’es en cours… il faudrait que tu arrêtes d’y penser. Va au basket, allez. Non pas au basket, c’est un piège ! M’enfin, admet que depuis que ton regard se promène sur les coureurs, t’es plus amène de te rendre au terrain que les autres fois hein. Bon, allez cours de sport, montre-moi que t’es impatient. Un membre de l’équipe le rejoint et mange avec lui et pour arracher ses pensées de ces rêves envahisseurs, Siegfried lui pose la question qui fait parler n’importe quel orgueilleux pendant très longtemps : « T’as baisé qui dernièrement ? ».
Malheureusement, ce n’est pas une bonne idée parce que… ces trucs qu’il raconte là, c’est juste immonde et dégueulasse. Mec, je mange des épinards là et ces épinards en boite qui me font déjà gerber. Je dois faire un effort surhumain pour ne pas me frapper la tête contre la table, en hurlant combien il est difficile pour un français de bouffer de la merde après avoir connu la cuisine du sud et la parmejana de Kyle. D’ailleurs, l’envie subite d’en manger une ICI et MAINTENANT, commença à le titiller. Il n’irait pas jusqu’à se lever, courir comme un dératé et débarquer dans son bureau en braillant « FAIS MOI DE LA PARMEJANA ; ». Mais l’envie se faisait sentir. Beaucoup.
Et puis merde, parle, parle. Le français capitule et pose sa fourchette. Même si c’était de l’ambroisie dans son assiette, il n’en aurait pas mangé. A la place, il lève les yeux et voit une grande fille, la déesse, qui vient jeter tout son éclat dans cet endroit bondé. Et la regarder trop longtemps éveillerait trop les soupçons. Cependant, il se lève, entrainant avec lui l’autre lapin là, et passe devant elle, faisant un effort pour ne pas la regarder trop longtemps. Il lève pourtant les yeux pour l’a regardé au moment où elle-même lève la tête. Oubliant toute méfiance, il l’a fixe l’espace d’une mili-seconde, électrisé par ce regard si sévère et touchant à la fois. Il ressent l’envie de lui sourire mais il craint déjà la façon dont elle le prendrait. Aussi, Siegfried part précipitamment, comme si cet échange ne signifiait rien pour lui.
Pourtant, il espérait qu’une fois de plus, elle vienne au terrain, courir. L’a regarder était un véritable régale à tel point qu’une fois, il refusa de jouer, préférant « regarder le match ». Il ne suivit rien de l’échange de ballon, préférant promener ses yeux sur le terrain d’à côté. Dans la plus complète des discrétions bien entendu. M’enfin, même cette discrétion quasiment militaire n’empêcherait pas Kyle de remarquer ses petits airs pensifs et ses rougissements lorsque l’on parlait de « terrain de sport » et « blonde qui court ».D’ailleurs, il continue… encore et toujours. Le pire fut sans doute ce soir là lorsque le jeune homme lui prêta le Skyrim qu’il avait envie d’essayer. Avant de jouer, Siegfried lui donna un aperçu de la partie créée recemment. La semaine dernière. Une nordique blonde aux yeux bleus. « Tiens donc, la belle Héra Delacroix serait-elle une nordique ? Hé bien, quel caractère elle a. Y’avait quatre ou cinq soldats impériaux et elle les a tous foutus par terre. Tu aimes les autoritaires, avoue le. »
Stupeur et tremblement. Siegfried relève la tête, frissonne et lui jette un regard dégouté, celui d’un homme qui aime dominer et qui ne se laisserait pas faire par une femmellette. Il rétorque un « C’est pas vrai ! », Kyle rigole et comprend – encore une fois- que le Siegfried là, il en cache des trucs. Silence amusé et il commence une nouvelle partie (qui dure une petite heure durant laquelle Kyle ne le tourmente plus. La rougeur de Siegfried et son air gêné lui suffit pour comprendre qu’il ne reste pas indifférent au charme d’une française.
 
D’ailleurs, Delacroix. C’est un nom qui lui avait dit quelque chose dès lors qu’il s’enquit de l’identité de la jeune fille. Delacroix. Héra Delacroix. Le prénom était celui d’une déesse. Mais Delacroix ? Le nom avait été lu quelque part, il y a longtemps. Il a même été « vu », mais où ? Delacroix… Delacroix… il sait qu’il connait ce nom. Mais n’étant plus en France depuis un long moment, les stars locales ne lui disaient plus rien. Etait-ce seulement en France et pas autre part ? Bon, ça suffit. Il saisit de son portable et tape « Delacroix » sur Google.
Illumination.
Mais bon sang, mais c’est bien sur ! Guillaume Delacroix ! Evidemment ! Le joueur de renommée mondiale. Footballeur, célèbre pour son statut dans le milieu. Siegfried n’appréciait pas trop le foot. La seule fois où il tenait un ballon entre les mains était durant les parties d’Horse-ball à l’écurie. Sinon, bah les histoires de ballon, très peu pour lui. Non, ce nom de Guillaume Delacroix était sans doute venu dans les vestiaires au collège. Les garçons de son âge aimait le foot alors les noms de joueurs et débat autour du foot fusaient dans les douches et vestiaires.
Alors cette fille était la fille de Guillaume Delacroix ? Quel parti il avait visé… étrangement, depuis quelques temps, Siegfried se sentait attiré par cette sphère dorée où seuls les riches entraient. Rien qu’à voir son arrivée dans l’appartement de Kyle la première fois. Ce n’était pas un terrier qu’il habitait mais un appartement au centre-ville. Grand, beau, confortable. Et assez d’oseille pour payer cent dollars la soirée où Ollie venait chez lui. C’était pas un millionnaire mais Siegfried ne connaissait pas l’aisance ni la facilité d’entrer dans un magasin et de s’offrir ce qu’il souhaite. La preuve en est, à chaque billet donné par Kyle, il le mettait de côté, s’empêchant de dilapider ces économies à gauche et à droite. L’argent entrée devait servir une fois et utilement. Mais tout de même, il entrait de plus en plus dans un univers où l’argent devenait plus facile à avoir. L’ambition commençait à poindre dans son esprit. Comment pouvait-il faire pour gagner de l’argent ? Il n’en savait trop rien. Ou peut-être que si.
 
Ainsi donc, elle est riche et connue pour être la fille de Guillaume Delacroix et d’un mannequin. Existence dorée. Se réveiller le matin en sachant qu’elle aurait assez d’argent pour s’acheter ce qu’elle souhaite. Une immense liberté que des gens comme lui ne connaissait pas. Compter les pièces, il savait ce que c’était. Avant de s’offrir une figurine, c’est qu’il avait du multiplier les mercredis soirs avec les marmots hein. Supporter les silences obstinés de Zach. Faire l’éducateur à seulement 14 ans. Bref, le travail, encore le travail. Une brève vague de mépris à l’égard de la fille le traversa soudain, comme avec Kyle, lorsqu’il le jugea une première fois. Tout cet argent lui avait donné le vertige et rendait son jugement moins juste. Non, riche ou pas, cela ne changeait rien. Regardez Kyle, il avait beau donné l’impression de s’évanouir à la première allusion olé-olé, il n’en était pas moins un ami, triplé d’un confident et d’une figure protectrice. L’aurait-il deviné en rentrant chez lui que ce type allait tenter de l’aider dans son deuil ? Non, pourtant, il appréciait parler de son frère de temps en temps, même si le souvenir demeurait douloureux. Riche, peut-être. Mais pas odieux, ni étroit d’esprit pour autant.
Héra suivait peut-être le même modèle.
Etait-elle vraiment cette poupée en porcelaine qu’elle donnait l’impression de paraitre ? Le vernis de sa peau parfaite n’allait-il pas craquer à l’instant même où il posera ses doigts dessus ? Kyle portait un pull noir tous les jours pour  dissimuler ses blessures. Elle, elle n’en portait pas parce qu’aucune éraflure ne fissurait cette silhouette en huit. Rien n’altérait cette élégance à la française créée pour tapisser les murs des champs Elysée. Mais voilà, tout le monde  a des blessures et tout le monde les dissimulent à leur manière quitte à crever de chaud les jours de canicule. Lui-même avait sa propre technique. Il savait comment sourire en société et passer du bon temps pour oublier les cauchemars. Il savait aussi qui aller voir pour se sentir enfin lui-même. Les journées avec Ollie par exemple : il lui suffisait d’y penser pour effacer pour un temps les affreuses douleurs de l’âme. Remplacer ce qu’on avait perdu paraissait bien cruel mais nécessaire pour avancer, ou du moins, s’en donner l’illusion. C’était suffisant pour dissimuler ses souffrances. Mieux, les détruire.
Et toi Héra ? Que caches-tu comme blessures ? Parce que malgré tout, cette perfection cache ses secrets.
 
Une nouvelle journée et un nouveau match. Elle est là, elle court. Lui aussi, mais après un ballon. Il n’est pas le meilleur mais ces cours ont au moins le mérite de le dépenser et d’imposer son  nouveau statut de chef des Rho Kappa. Il se doit de rester présent pour la confrérie et de multiplier ses actes de présence. Il ne savait pas s’il avait la même prestance qu’Emeric, l’ancien chef, mais ce dernier lui offrait ses petits conseils comme des cookies faits-maisons. Le germanique avait l’allure de chef et le caractère pour cela. Trey et lui s’étaient mis d’accord pour le « couronner » de son nouveau titre mais à aucun moment il aurait pensé que son baptême se passerait de cette manière-là. Une question lui avait brulé les lèvres mais la réponse était venue d’elle-même. Trey ne pouvait pas reprendre le flambeau pour la simple et bonne raison que son mentor changeait de voie, de pays et de continent. Pas pour le moment, mais c’est tout comme. La bonne nouvelle avait rapidement été remplacée par un sentiment de perte et d’angoisse. A cela s’ajoutait le poids d’une confrérie sur ses épaules. Une confrérie qui lui avait tant donner et qu’il ressentait de préserver de l’oubli et du mépris. Beaucoup de gens le verraient comme un nouvel Emeric. Un tyran ? Peut-être. Dans tous les cas, il avait accepté sa tâche. La peur au ventre. Et ce pour lui-même et pour Trey.
 
Le ballon passe de joueurs en joueurs. Il suit le mouvement, faisant attention à ne pas trop tenter le diable. Parce que c’est son truc de tenter des passes suicidaires à chaque fois.
D’ailleurs, une fois, une seule et unique fois, cette passe « hasardeuse » lui avait fait marquer un panier. Bloqué par quatre adversaire, le français avait cherché à passer la balle à l’un de ses coéquipiers. Soit. Personne ne pouvait recevoir le ballon sans qu’un adversaire ne l’attrape. C’était foutu… pourtant, il était dos au panier à quatre mètres cinquante. Une passe à l’envers serait profondément risqué mais au moins il aurait essayer. Alors il avait ignoré les appels désespérés d’un équipier et avait passé la balle par-dessus la tête. Oui, parfaitement, et le ballon avait glissé dans le panier. Comme ça ! Oui ! Pas mal hein ?
Son jeu n’avait rien de professionnel mais son audace avait le mérite d’être récompensé parfois. Toutefois, cela rendait la partie plus facile pour l’équipe adversaire. Les autres le suppliaient donc de rester humble et de ne pas trop faire le mariole, mais que voulez vous. Héra était là ce jour-là. Avait-elle vue cette passe ? Il se surprit à espérer que oui.
Revenons à aujourd’hui. La partie est mal engagée. Il n’a pas envie de jouer, mais de s’asseoir et regarder là bas. Elle court, comme à son habitude. Son haut noir et moulant dessine une poitrine parfaite. Et  cette façon de tenir le coup en courant un long moment. Bordel de…
La balle passa devant le nez. Merde ! Il se coltina un regard furax du chef d’équipe et se promit de se concentrer jusqu’à la fin. Mais cela n’a rien de facile de se concentrer lorsque l’objet de fantasmes durs à accepter court sur le terrain d’à côté. Il le faut bien, alors Siegfried prend le ballon, et accompagne son équipe jusqu’à la victoire. Du moins essaye. Il n’est pas là, il est ailleurs, là-bas, en train de courir avec elle. Et c’est difficile. Alors c’est avec un grand soulagement qu’ils se dirigèrent vers les vestiaires.
Mais la vie, cette grosse blague, provoqua un petit événement très utile pour son avenir. Ha Fortune, douce Fortune, que tu aimes jeter des gens dans des bras hasardeux !
 
« PUTAIN DE BORDEL DE CHIOTTE A LA CON ! »
 
Jurons français. Il se retourne et regarde dans la première direction à laquelle il pense. Delacroix. Elle jure dans un français qu’il connait bien, celui de la native, celui qu’il n’a plus entendu depuis des mois. Le français de celle qui s’est cassé la figure. La langue, la première qui sort de ses lèvres en sentant une douleur inattendue. Siegfried sent une étreinte dans son bas-ventre. Des rires moqueurs s’élèvent, car voilà, elle s’est cassée la gueule et y’a rien de plus drôle, pas vrai ? Puis des insultes et des moqueries « Hey la blondasse, retourne à tes bouquins et apprend à courir par la même occasion !! » « Tes  seins sont trop lourds ? T’arrives plus à courir bouffonne ? » « T’as la bonne position ! Reste à quatre pattes que je vienne par  derrière salope ! ».
« Silence ! » Le chef des Rho Kappa a parlésoupire et leur jette un regard blasé. Qu’ils ferment leur gueule putain. « J’ai la migraine alors fermez là, okay ? Bien. Toi là, va chercher de la glace à l’infirmerie. »  « T’es fou ! C’est une Khi ! » « Et alors ? Nous sommes des gens civilisés, Marcus. Pas des animaux. Alors t’es gentil, tu fais ton devoir de pucelle et tu vas chercher de la glace. » « Mais c’est une Khi ! » « Je sais bordel. » Il soupire. Comment faire pour aider cette fille sans éveiller des soupçons. Ho. Il sait… « Mais pourquoi ne pas endormir leur méfiance. Suffit d’être… amical. C’est tout. Faisons une trêve avec les Khi… pour mieux les baiser ensuite. » Ces idiots marchent, evidemment. S’ils découvrent le pot aux roses, c’est foutu pour son statut de chef. Mais allez donc, il gagnera du temps par la suite. Marcus se barre vite fait et Siegfried prend la direction de la jeune femme non sans attraper une des bouteilles d’eau froide dans la glacière. Il craint grandement son regard autoritaire mais c’est une occasion en or. Un autre Rho Kappa l’accompagne mais il lui fait comprendre d’un regard que NON, c’est à lui de le faire. A lui seul.
Il franchit le portillon et s’approche de la silhouette qui tremble d’une douleur certes pas grave, mais vraiment pas la bienvenue. Sans plus attendre, il répond dans la même langue. Son accent chaud vient du sud et rende la question plus chaleureuse qu’il ne le voudrait.
 
« Ce langage ne te convient pas vraiment… » murmure t-il en s’approchant d’elle. Bien vite, il se met à sa hauteur et localise bien vite l’endroit qui lui fait mal. Une crampe. Hum, visiblement, c’est la cuisse puisque sa main s’est crispée dessus, par réflexe. Siegfried lui montre la bouteille froide et lui dit simplement « C’est tout ce que j’ai pour le moment. Un des idiots du groupe est allé chercher de la glace à l’infirmerie. Laisse-moi faire. » Il pose la bouteille contre la cuisse. Ce n’est pas vraiment efficace mais la bouteille est encore suffisamment froide pour faire office de glace. Il ne résiste pas à l’envie d’attarder de frôler sa peau au passage mais l’idée de s’en prendre une et de réveiller la colère divine le retient. Il hésite puis murmure plus bas, embarrassé par sa propre audace… « Hem… si tu veux, je peux te porter jusqu’au gradin au lieu de rester ici, sous ce soleil de plomb. Qu’en penses-tu Héra ? »
 
Le prénom s’échappe de ses lèvres mais il ne réalise pas vraiment qu’il vient de se trahir. Non, pour le moment, il relève les yeux et admire son visage, malgré les larmes.
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MessageSujet: Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥]   Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard. [Sieg ♥] EmptyLun 13 Oct 2014 - 17:05

Promotion.

Voilà, c’était à peu près la première et seule chose de la journée à laquelle pensait Héra Delacroix depuis sa toute récente nomination en tant que chef de sa confrérie. Oui, chef. Et c’était totalement inattendu. Pour des raisons inconnues Marie avait laissé sa place à son adjointe, convaincue qu’elle était que la belle blonde ferait du beau travail. Oui, sans doute, Héra en était capable, quelque part, malgré les mensonges et le stress, elle en était capable. Elle faisait honneur à sa confrérie un peu comme elle le pouvait, après tout. En travaillant d’arrache-pied, en ramenant les meilleures notes de sa classe. Sans nul doute sa manière à elle de prouver sa valeur. Oui, mais il y avait quelque chose dans ce tableau qui ne collait pas, quelque chose qui faisait dire à la jeune fille qu’il n’y avait pas de raisons valable pour qu’elle prenne ce poste. Aucune raison en fait, parce qu’elle ne le méritait pas. Depuis la rentrée, elle vivait, quelque part, sa vie en cinémascope. Un peu comme si elle n’était pas vraiment présente, là. en se disant que tout ça c’était du flan, quelque part, et après tout, c’était un peu flippant cette histoire de poste, non ? Et si elle faisait mal son boulot ? Et si les autres étudiants se mettaient à la détester ? Héra n’avait rien, physiquement, du Khi Omikron classique, avec le kit lunettes et fringues de ringard. Héra, elle soignait son apparence au milimètre, de la pointe de ses cheveux au bout de ses doigts de pied, chaque pore de sa peau semblait façonné pour la rendre désirable, sexy, bref, tout ce qui avait un trait, de près ou de loin à une Eta Iota. Le reste c’était dans sa tête. La richesse de sa famille lui donnait un confort certain, en plus d’une prime de la part de sa mère si jamais elle ramenait une bonne note ; ce qui lui permettait de s’offrir à peu près tout ce qu’elle voulait, en écumant outrageusement les grands magasins de luxe de la ville. Parce qu’Héra, avant tout, herchait à oublier à quel point sa vie était fade, faite de choses inutiles, qui n’avaient ni début ni fin, bref, aucun sens et aucune ligne de conduite, aucun projet. Elle ne savait même pas ce qu’elle ferait de sa vie plus tard. Tout son quotidien avait beau être préparé et géré au millimètre, ne laissant aucune place à l’imprévu, Héra savait intuitivement qu’un truc allait lui tomber sur le coin de la gueule prochainement, une mauvaise surprise. Et voilà, PAF, c’est servi, tout beau tout chaud. Héra Delacroix, la miss ratée, vous allez devenir chef de votre confrérie. C’est un honneur, vraiment. Oui, un honneur parce que vous allez représenter votre confrérie, vous allez avoir un véritable poids sur les décisions prises au lycée. Les confréries ont ce pouvoir. Le pouvoir de changer les choses, de faire pression sur le conseil d’administration. Et soudain, là, dans sa chambre, alors qu’elle s’apprêtait à lacer ses baskets pour aller courir, Héra prit soudainement conscience que cette nomination allait apporter un lot de responsabilités toutes nouvelles. Et donc l’impossibilité de se détendre. Déjà qu’elle avait difficilement le temps… Là cela risquait d’être compliqué. Très compliqué. Et par-dessus tout… Par-dessus tout elle ne pourrait plus faire ce qu’elle faisait, là, actuellement. Regarder. Seulement regarder. Est-ce que c’était mal ? Aux yeux de beaucoup, oui, c’était mal, même carrément mauvais, malsain. Mais Héra avait du mal à respecter les règles. A suivre des lignes de conduites autres que les siennes, SES objectifs. Et il en était devenu un, un peu malgré lui. Et malgré elle, aussi. Seulement celui de capter un regard, même si cela n’avait aucune incidence sur la suite. Juste un regard, est-ce que c’était mal ? Oh oui, et ça le serait longtemps. Redescends sur terre, ma belle, que crois-tu pouvoir faire ? Tu n’es pas aussi libre que tu le crois. Ici, tu n’es même pas majeure. Elle secoua la tête pour effacer ce genre de pensées parasites. Non, elle ne devait pas se laisser aller. Son regard alla jusqu’à la porte du placard, là, dans sa chambre d’internat. Elle buvait, toujours, mais moins, seulement un verre le matin et un le soir, seulement ça pour se sortir un peu de la monotonie, et aussi pour dormir, le soir, oui, dormir pare que sans ça elle avait toujours autant de mal. La jeune femme soupira, se leva et ouvrit le placard pour en sortir une bouteille pleine à moitié de téquila. Elle en avala deux grandes gorgées, ragaillardie, soudain, par la chaleur de l’alcool qui glissa en direction de son estomac. Et de son foie, sans doute déjà complètement pulvérisé, au vu des doses qu’elle s’était envoyée durant l’été, pour oublier la solitude. Il y avait moins de solitude, maintenant. Il y avait Carry, il y avait Kris, aussi, surtout Kris. Et Arsène, parfois, mais ils étaient si différents, tous les deux, si différents. Où est-ce que ça mènerait après tout ? Mais le soir, dans cette chambre, il n’y avait plus qu’elle, Héra et sa solitude, Héra et l’alcool dont l’envie se faisait de plus en plus fort à mesure qu’elle diminuait les doses dans un sevrage forcé. Pourquoi maintenant ? Il fallait qu’elle lutte, tout simplement. Il fallait qu’elle lutte contre une addiction dont elle ne pouvait plus se passer. Qu’elle lutte pour sa survie, quelque part.

Elle rangea la bouteille à son emplacement habituel et verrouilla le tout. Le pion n’avait jamais trouvé les bouteilles. Il ne cherchait pas au bon endroit, et puis Héra était une femme qui présentait bien. Au moment de l’inspection il n’y passait pas trois heures. Il aurait dû. Parce qu’il aurait trouvé une bouteille dans un placard, cinq dans un trou de plancher, sous le lit, deux dans l’armoire. Et une petite plaquette de médicaments dans le tiroir de sa table de nuit, qu’elle prenait compulsivement lorsque le moment était venu de se doper pour travailler, plus dur, toujours plus dur. Il n’y avait pas de solutions. C’était cela ou la dépression, et la dépression, il en était absolument hors de question. Héra avait toujours tenu à rester maîtresse de ses émotions. Et, alors qu’elle perdait pied, trainée ostensiblement vers le bas, la jeune fille parvenait tout de même à se convaincre que le monde dans lequel elle vivait était parfait et qu’il ne fallait pas le changer. Que tout allait pour le mieux, elle la première. Un tissus de mensonges pour oublier l’angoisse, la peur de décevoir, la peur d’être stupide, l’impression d’évoluer dans du coton, tous les jours. Même si ça, avouons-le, c’était avant « l’affaire des toilettes pour filles ».

On en parla longtemps dans les toilettes des filles, de la mésaventure qui poussa Azraël Trophime et Siegfried Wade à se mettre sur la gueule toute la journée au lycée. Héra était là lorsque Siegfried planta la fourchette dans la main d’Azraël. Elle était là lorsque plus tard ils se battirent en plein milieu du couloir, dans l’après-midi. Et surtout, elle était là au moment où « ce putain de connard ! » dixit les autres femelles du poulailler, entra dans les toilettes des filles, hébété et furieux, absolument furieux, la gueule de travers, le nez en sang. Héra était déjà dans les chiottes à ce moment-là, accompagnée d’une jeune femme qui toisa le RK sans vergogne en grognant. Grognements qui cessèrent vite lorsqu’elle croisa le regard de l’inconnu. Des yeux fous. Qui sentaient la violence. La vengeance, la peur, aussi, sans doute. Il était couvert de sang. Si la jeune fille qui l’accompagnait se tira presque en courant, Héra resta là, une minute, presque fascinée par l’expression carrément flippante du jeune homme dont elle ignorait le nom. Mais il était français. Il était français parce qu’entre deux gémissements de douleur, alors qu’il passait de l’eau sur son visage, elle put distinguer nettement un « Trophime, je vais te tuer… » murmuré pour lui-même, presque masqué par le bruit de l’écoulement de l’eau. Mais Siegfried était ailleurs. Bien trop loin pour qu’il la voie. Elle, en revanche, elle resta un moment sans voix, avant de quitter les lieux sans dire bonjour ni merde, sans demander s’il avait besoin de quelque chose, seulement les joues rougies par… Par quoi d’ailleurs ? Merde Héra. EH. T’es plus une adolescente boutonneuse. Et vu l’expression furieuse de ce type, il ne valait mieux pas trop s’en approcher si on voulait éviter les ennuis. Oui, certes, ne pas lui parler, ne pas le voir, d’accord. Héra apprit plus tard que lui et le type qui l’avait tabassé s’étaient retrouvés d’abord à l’infirmerie puis au conseil de discipline. Les nouvelles allaient bon train au lycée. Des papotages dans les toilettes des filles qu’elle écoutait avec une délectation non feinte. Hé bien, quoi ? Héra écoutait, oui, c’était un peu comme ouvrir un magazine people, on a honte de l’acheter, on fait de son mieux pour ne pas se faire griller avec mais quand on l’ouvre, c’est que du bonheur, ces prêchi-préchas. Alors Héra avait posé des questions. Elle apprit que le jeune homme s’appelait Siegfried Wade, l’autre, Azraël. Tiens, le nom du chat dans les Schtroumpf. Ses parents avaient sans doute beaucoup d’humour. On lui raconta une histoire abracadabrante. Samy lui raconta que Siegfried avait une relation avec le médecin scolaire. Elle buvait un café lorsqu’elle raconta ça et Héra manqua de m’étouffer. Hein ? Le type en noir là, qui fume comme un pompier et qui tire la gueule à longueur de journée ?

« Samy, tu dis n’importe quoi.

- Je te jure meuf ! J’étais dans le couloir quand Azraël a vendu la mèche. Il a demandé à Siegfried combien Porter le payait pour passer sur son canapé.

- Tu as vraiment entendu ça ?
- Oui. Ça a rendu Siegfried complètement fou, et c’est là qu’ils ont fini à l’infirmerie. Tu connais les RK… azraël doit être homophobe, comme Trevor. C’est dégueulasse, non ?
- …
- ça ne m’étonne pas trop, de toute façon. Le médecin scolaire, il a vraiment la tronche du pervers de base. Je suis jamais rassurée quand je tombe malade, j’espère toujours tomber sur l’infirmière. »

Des rumeurs, encore des rumeurs évacuées par la voix et transmises de bouche à oreille. On adorait les cancans ici. Héra aimait ça aussi, du moment que ce n’était pas d’elle dont on parlait. L’histoire avec Shane n’avait pas trop fait de vagues. Du moins, pas suffisamment pour qu’elle s’en inquiète. Et comme attirée par un aimant invisible, Héra s’était mise à penser à cette histoire, dominée, presque vaincue par le regard de ce jeune homme à qui elle n’avait jamais parlé. C’était un Rho Kappa. Donc un ennemi, par définition. Un type qu’elle ne connaissait pas. Mais ces yeux… Elle aurait du mal à les oublier. Parce que ça faisait un mois, cette histoire et depuis un mois elle s’adonnait à une pratique qui était assez facilement condamnable par sa confrérie. Si auparavant elle allait courir dans les parcs, là c’était révolu. Parce qu’un matin elle avait décidé de partir courir sur le terrain de sport. Chaussures, jogging, musique et tout le tralala, à neuf heures du matin. Ce matin-là, les Rho Kappa dominaient une partie du terrain pour s’entraîner au basket. Et Héra l’avait revu, ce jeune homme. Elle avait couru, oui, mais parfois son regard glissait, sans forcément qu’elle le veuille, pour le détailler. Pourquoi ? La jeune femme n’en avait aucune idée. Elle courut une bonne heure avant de prendre une pause clope, là, sur les gradins. Le cours des RK touchait quasiment à sa fin. Et elle ? Elle, elle attendit que les autres s’en aillent pour quitter les lieux à son tour. La jeune fille revint trois jours par semaine, en guettant l’arrivée de la classe en cours de sport. Ce manège dura un mois, un mois durant lequel elle ralentit, progressivement sa consommation d’alcool. Pour avoir les idées claires, pour le regarder. Ce n’est pas mal de seulement le regarder, si ? Où était le mal ? Après tout elle ne lui parlait pas – elle n’oserait jamais - et il ne la remarquait pas. Du moins c’était ce qu’elle pensait. Héra n’oublia jamais les yeux brûlants de Siegfried Wade. C’était devenu sa nouvelle obsession. Excessive dans tout ce qu’elle aimait faire, étudier, courir, là, le regarder était devenu une nouvelle motivation. Une motivation qui faisait très plaisir aux yeux, alors pourquoi s’en priver ? Pour plusieurs raisons. Parce qu’elle faisait partie d’une confrérie ennemie. Parce qu’elle avait déjà touché les RK du doigt en baisant avec Trevor, et qu’elle savait pertinemment qu’il représentait parfaitement l’image des Rho Kappa. Une belle bande de gros cons. Et ce mec… Ce mec, malgré ses yeux, malgré ses cheveux longs et ses expressions adorables, il ne devait pas faire exception à la règle. Il fallait être sacrément con pour se battre avec un type de sa confrérie toute une journée, non ? Alors pourquoi s’en faire ? Elle n’avait rien à craindre. Ce type c’était juste… Juste un fantasme, inavoué sans doute. Et puis il était en couple ce type. Avec une Sigma Mu, Elena. Oui, les rumeurs allaient bon train et Héra était avide de questions au sujet de Siegfried. Elle les croisa plusieurs fois, au détour d’un couloir, au self, dans le parc, et Héra détournait les yeux, à la fois gênée et furieuse. Ce type avait un sourire… Magnifique. Magnifique et inaccessible. C’était peut-être le fait qu’il soit aussi impossible à avoir qui poussa Héra à venir courir sur le terrain de sport pour le regarder, entre deux foulées légères, jouer au basket, courir lui aussi ou faire une partie de football américain.

Vendredi, donc. Une heure de l’après midi. La jeune femme n’a presque rien mangé, elle a bu deux verres de téquila quasiment à jeun. Mais elle s’en fout pas mal. Parce qu’elle sait parfaitement qu’il lui en faut bien plus, maintenant, pour être raide. Se bourrer la gueule commence à lui coûter cher. Héra attrape son sac de sport et sort. Elle a horreur de sortir en tenue mais elle n’aime pas non plus se changer dans les vestiaires du terrain de sport. Ça sent trop la testostérone. Les filles sportives sont relativement rares dans la confrérie. Héra opte, donc, pour enfiler son jogging et un débardeur pour aller courir, et mettre ses vêtements de rechange (ce qui incluait donc un haut moulant noir, un jean blanc et une paire de louboutin, sans compter la trousse de maquillage). Et hop, marche avec la clope au bec, direction le terrain de sport. A treize heures, ils ont basket le vendredi. Ça va paraitre trop suspect. La chef des Kho Omikron qui mate ostensiblement un type qu’elle ne connait pas, à qui elle n’a jamais parlé. Mais Héra se fout de ce que les autres pensent. Pour le moment, tout ce qu’elle sait c’est que ce contact lui fait du bien. Elle sait que ce qu’elle fait l’empêche de boire trop, lui donne un semblant d’espoir. Héra, c’est une fille perdue, ballotée, beaucoup trop ballotée par une famille qui l’exhibait comme un trophée sans regarder ce qu’il y avait vraiment à l’intérieur. Elle se souvient soudainement du visage sévère de sa mère avant des cocktails, qui l’examinait sous toutes les coutures, cette pauvre gamine de six ans, attifée et maquillée comme une foutue princesses, tout cela pour que les autres mannequins crient « ooooh ! Elle est teeeellement mignonne ! » et qu’elles regrettent que le concours de jeunes miss n’existe pas en France. Héra, elle a remercié le ciel pour cela. Sinon elle n’aurait sans doute jamais pu échapper aux frasques d’une mère qui voulait vendre son image.

Nicolas n’a jamais eu ses problèmes, songe-t-elle. Il est né homme. Son père voulait en faire un sportif. Oh oui, un garçon pour assurer la continuité de la lignée « Guillaume Delacroix » le footballeur de renommée mondiale qui enchaîne les matches dans l’équipe de France et au Barça. Ça lui donnait envie de gerber. Son père, il n’aimait sa fille que lorsque les écrans de télévision étaient là. Dans le cas contraire, il la refilait à une nounou pour aller s’occuper de l’entraînement de son grand frère. Il ne lui accorda véritablement de l’intérêt une fois, seulement une fois. Pour lui balancer ses crampons dans le dos. Les deux taches près de son bassin peuvent encore en témoigner. Voilà ce que c’était, la vie de famille chez les Delacroix. L’apparence. Seulement l’apparence d’une vie de famille rayonnante de bonheur, derrière les photographes et les caméras. On forçait la petite à sourire. Même si elle avait pleuré une minute auparavant. Héra était devenue une experte en faux sourires, depuis. Parce qu’elle ne sut jamais vraiment avant Arsène ce que c’était, sourire pour de vrai.

Ils sont là. Comme prévu. Héra enfile ses lunettes de soleil, une casquette blanche, ses écouteurs et jette un œil, derrière ses lunettes, aux jeunes garçons qui courent sous le soleil après une balle rouge. Elle le reconnait du premier coup d’œil. Son regard brûle toujours, il a toujours brûlé. Dis-moi, ta copine, elle le voit le feu dans tes yeux ? Est-ce qu’elle comprend ta langue ? Comme d’habitude, elle est soudainement prise d’une envie quasi violente d’aller à sa rencontre pour lui parler. Mais elle se ravise, rapidement. Non, il ne faut pas. De toute façon tu lui dirais quoi ? Il n’y a aucune manière d’aborder cet inconnu. Et puis pourquoi tu le ferais ? TU NE LE CONNAIS PAS. Mais c’est physique, juste physique. Parce que… Parce que toute cette sauvagerie dans son regard, elle te fait penser à la tienne, de sauvagerie, que tu refoules depuis des années, Héra. Non ?

La jeune femme secoue la tête avant de se mettre à courir. Une piste de rock se lance et elle oublie un moment qu’il y a un jeune homme aux cheveux mi longs qui court, lui aussi, pour mettre un panier. Elle le regarde à la dérobée, les yeux dissimulés sous ses lunettes de soleil pendant qu’elle enchaîne les tours de la piste de course. Eux, ils sont de l’autre côté de la grille. Séparés seulement par un petit portail en grillage du terrain d’athlétisme où Héra court à en perdre haleine pendant une bonne heure. Elle sait que son nouveau statut ne lui permettra pas de revenir. Elle voulait seulement le regarder une dernière fois. C’est un peu risible, non ? Oui, ça l’est. C’est encore plus risible quand une douleur lui scinde soudainement la cuisse en lui faisant poser un genou à terre. De l’autre côté du terrain, les RK s’apprêtent à rentrer dans les vestiaires. Héra se penche en avant. Un claquage. Elle ne s’est pas assez échauffée. Un PUTAIN de claquage. La douleur est atroce et la force à s’assoir, à retirer ses lunettes de soleil, la rage au cœur. Et voilà, comment s’en sortir maintenant ? Son portable est sur les gradins. Et il y a vingt bons mètres. Elle ne va pas les faire en rampant, si ?! Désespérée, atterrée par le poids de la douleur et de la rage, elle ne fait pas attention à l’ombre qui grandit derrière elle tandis qu’elle jure en français à grand coup de « putain de chiottes, de putain de merde ! FAIS CHIER BORDEL ! »
Une larme de douleur roule sur sa joue. Il y a des rires de l’autre côté du stade. Riez bande de connards, on verra qui de nous a ses examens à la fin de l’année, ou non.

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